Patrick Dewaere
Patrick Bourdeaux, dit Patrick Dewaere [patʁik dəvɛʁ][n 1] est un acteur français né le à Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord) et mort le dans le 14e arrondissement de Paris.
Pour les articles homonymes, voir Dewaere et Bourdeaux (homonymie).
Au départ enfant acteur parmi les « petits Maurin », il s'émancipe au sein de la troupe du café de la Gare puis est révélé au grand public avec Gérard Depardieu dans le film Les Valseuses en 1974, devenant une valeur montante du cinéma français, tournant pour différents réalisateurs comme Claude Miller, Yves Boisset, Jean-Jacques Annaud, André Téchiné, Alain Corneau, Henri Verneuil ou encore pour son ami Bertrand Blier.
Considéré comme un des acteurs les plus brillants de sa génération, son jeu se caractérise par un naturel, une exactitude et une vérité dans les expressions, dans les gestes et dans les attitudes proches de l’Actors Studio, inventives et généreuses, même si à la fin des années 1970 les critiques préfèrent alors les « rondeurs » et le jeu de son alter-ego professionnel, concurrent et ami Gérard Depardieu. Il est ainsi l'un des grands oubliés de la cérémonie des César, jamais récompensé, malgré une nomination comme meilleur acteur dans un second rôle et cinq nominations au César du meilleur acteur.
Alternant les drames, les comédies ou comédies dramatiques, les thrillers et les polars, il marque par ses apparitions dans F… comme Fairbanks (1976), Coup de tête (1979), Série noire (1979), Un mauvais fils (1980), Beau-père (1981), Hôtel des Amériques (1981) et Paradis pour tous (1982) ainsi que dans de grands succès publics — étant un temps plus populaire que Depardieu au box-office — tels que Adieu poulet (1975) avec Lino Ventura, Le Juge Fayard dit « le Shériff » (1977), La Clé sur la porte (1978) avec Annie Girardot, et Préparez vos mouchoirs (1978) où il retrouve Depardieu.
Il se suicide à l'âge de trente-cinq ans, après avoir joué dans trente-sept longs métrages et incarné une soixantaine de personnages différents au théâtre, au cinéma et à la télévision durant trente et un ans, ayant aussi composé plusieurs chansons pour Françoise Hardy ainsi que d'autres titres qu'il interprète lui-même et écrit la musique du film F… comme Fairbanks.
Il est le père de la scénariste Angèle Herry, issue de sa relation avec Miou-Miou, et de la comédienne Lola Dewaere.
Biographie
Enfance et débuts
Fils de la comédienne Mado Maurin et de père inconnu[alpha 1], Patrick Bourdeaux[n 2] fait très tôt partie d’une famille d'artistes, baptisée par le métier les « petits Maurin » comprenant ses frères Jean-Pierre Maurin (1941 – 1996), Yves-Marie Maurin (1944 – 2009) et Dominique Collignon-Maurin (), auxquels s’adjoignent ensuite Jean-François Vlérick () et sa sœur Marie-Véronique Maurin (), laquelle utilise le pseudonyme Marie Wiart depuis 1982[1]. Cette troupe familiale collabore à de nombreux films, téléfilms, feuilletons télévisés ainsi qu'à des représentations au théâtre et à la radio.
En 1946, séparée de son mari le baryton Pierre-Marie Bourdeaux, Mado Maurin est nommée directrice des théâtres municipaux de Saint-Brieuc et de Morlaix[alpha 2]. Le dimanche , Patrick vient au monde à Saint-Brieuc, où il ne restera que quelques mois avec sa mère avant de rejoindre la région parisienne. Pierre-Marie Bourdeaux accepte de prêter son nom bien que le couple soit séparé[alpha 1]. Après une rupture douloureuse, sa mère épouse Georges Collignon, déjà père de deux jeunes garçons[alpha 1]. Dès lors, la tribu de ce qui devient bientôt « les petits Maurin » est constituée[alpha 3]. Tous les enfants adoptent alors ce patronyme artistique qui facilite leur placement dans divers spectacles, pièces de théâtre, émissions de télévision, de radio et films de cinéma[alpha 4]. Les Maurin emménagent dès lors dans un grand appartement au 3e étage du 65, rue Sainte-Anne à Paris[alpha 5], où Patrick habite jusqu'en 1968[alpha 6].
Dirigée par l'énergique Mado, la famille baigne à la fois dans un univers de « saltimbanques » et dans une profonde foi catholique[alpha 7],[n 3]. Côté « professionnel », il fait ses débuts en 1950, âgé seulement de 3 ans, sur les planches du théâtre national de Chaillot dans Primerose de Robert de Flers, où sa mère tient aussi un rôle[alpha 9]. Les « petits Maurin » (Dewaere conservera le pseudonyme de Patrick Maurin jusqu’en 1967) vont dès lors se jalouser les rôles enfantins[alpha 4]. À cette époque, sans le savoir, l'enfant qui ne ressemble pas complètement à ses frères, déclare souvent malicieusement : « Moi, on m'a trouvé dans une poubelle[alpha 10] ! », car ses parents ont échafaudé alors sur ses origines un scénario vraisemblable mais mensonger, son père officiel étant à cette période Pierre-Marie Bourdeaux, qui l'a reconnu à sa naissance[alpha 11]. En 1954, un événement traumatisant survient : Patrick, alors âgé de sept ans et son grand frère Jean-Pierre partent se divertir à la foire de Gouvernes[alpha 12]. Dans un stand de tir, Patrick blesse malencontreusement le responsable de l'attraction qui passe juste devant lui au moment où il parvient, non sans mal, à tirer. Une volée de plombs atteint aux poumons l'homme qui s'effondre et est emmené, quelques minutes plus tard, en ambulance sous les yeux du garçon, particulièrement affecté par son geste malheureux. Mado Maurin raconte qu'il « en a été malade »[alpha 12].
À cette période, il est inscrit à l'école publique primaire de la rue de Louvois où il fait la connaissance de Francis Huster[2]. Dans le film Monsieur Fabre, il donne la réplique à une immense vedette de l'époque, Pierre Fresnay, aux côtés de ses frères Jean-Pierre et Yves-Marie. En , il joue son premier rôle important dans la pièce Procès de famille au théâtre de l'Œuvre. Le sujet est tragique : un petit garçon est déchiré entre trois couples qui se le disputent. Giflé par l'une des femmes et fou de douleur, il se suicide alors en se jetant dans une cage d'ascenseur. La même année, il joue Pepeniello, un enfant tiraillé entre deux familles, dans Misère et Noblesse, d'Eduardo Scarpetta, mise en scène par Jacques Fabbri à Paris, puis accompagne la troupe pour des représentations à l'étranger. Ces rôles éprouvants finissent par lui peser, d'autant qu'il faut parfois jouer jusque tard dans la nuit et qu'il doit reprendre chaque matin le chemin de l'école[alpha 13].
De récents témoignages[alpha 14], révèlent que l'enfant aurait subi des abus sexuels de la part d'un adulte, membre de sa famille[3]. Selon les mêmes témoignages, ces événements auraient contribué à forger sa personnalité, à la fois rebelle, fragile et tourmentée[alpha 15]. Durant cette période, il joue la comédie au théâtre et intervient dans différents films dont certains sont signés par des personnalités reconnues comme Marc Allégret, Gene Kelly ou encore Henri-Georges Clouzot. L'enfant est vif, jovial et turbulent, toujours prêt à en découdre avec l'autorité[alpha 4]. Ainsi, son frère Dominique relate que lors du tournage du film La Route joyeuse, l'acteur star et réalisateur américain Gene Kelly prend un caillou en pleine tête parce que Patrick, neuf ans, s'amuse alors à faire des ricochets. Pour les punir, on les enferme dans une chambre d'hôtel, qu'ils mettent à sac, en représailles[alpha 16].
En 1958, il se retrouve avec son frère Yves-Marie au Cirque d'Hiver pour jouer la comédie-spectacle Jimmy Boy et Davy Crocket où il monte à cheval et tire sur des indiens aux allures de cascadeurs et de clowns[réf. nécessaire]. Il se voit confier peu à peu des rôles de plus en plus importants[alpha 17]. Ainsi, le , à l'âge de 12 ans, il interprète en direct à la radio française le personnage de Jerry dans la pièce de Samuel Beckett Tous ceux qui tombent[s 1] aux côtés de Roger Blin[s 2]. En 1961, dans la série télévisée La Déesse d'or, il fait partie d'un quarteron de gamins prêts à toutes les aventures[réf. nécessaire].
Il est inscrit au cours Hattemer, une école privée de la rue de Londres[alpha 18] où il reçoit un enseignement personnalisé et alors considéré comme « moderne »[alpha 19]. Durant sa scolarité adolescente, il noue une relation sentimentale avec une jeune fille prénommée Dominique[alpha 18]. Dans son livre, Mado Maurin confie qu'à ses yeux, il est foncièrement « réservé, pur, honnête, droit… et entier ». Et de souligner combien il rêve alors de théâtre[alpha 18]. Durant les périodes de vacances, il continue à participer aussi à des émissions pour la télévision, notamment en où il joue le rôle d'un jeune candide à la découverte de notions scientifiques[s 3]. En 1962, il campe sur scène le rôle de l'Innocent dans l'adaptation de L'Arlésienne aux côtés de Joséphine Baker[s 4]. En 1963, il interprète la pièce, au titre symbolique, Fils de personne d’Henry de Montherlant au théâtre des Mathurins. L'histoire retrace la France sous l'Occupation allemande, la collaboration, les restrictions alimentaires mais aussi la séparation des familles et le sort cruel de certains enfants. Le , quelques jours après la dernière représentation et le jour de ses 17 ans, l'illustre auteur lui adresse un mot de félicitations[alpha 20].
Toujours en 1963, pour la pièce intitulée Les Yeux de dix-huit ans de Jean Schlumberger[4], il partage les planches avec Armand Mestral. L'histoire met en scène un industriel qui, sachant qu'il ne lui reste que quelques minutes à vivre, se place devant un grand miroir et revoit défiler les événements marquants de sa vie. Le tout jeune Patrick figure sa jeunesse et l'homme l'interpelle, lui faisant des reproches, démontrant combien il a trahi ses idéaux, ses rêves et ses espoirs en grandissant[alpha 21],[n 4].
Le , il tourne dans le cadre du Théâtre de la jeunesse, diffusé sur la première chaîne de l'ORTF, un téléfilm consacré à Marie Curie. Il y côtoie de futures vedettes comme Jacques Higelin, Sabine Haudepin ou encore Caroline Cellier[s 5]. La même année, lors de certaines représentations, dans les coulisses du théâtre Édouard-VII, l'adolescent subit une relation conflictuelle avec le metteur en scène Jean Le Poulain et Mado Maurin doit menacer d'avertir la presse si le départ de son fils n'est pas accepté[alpha 22].
Comme ses frères Jean-Pierre, Yves-Marie et Dominique, Patrick est inscrit au cours de Raymond Girard[5], professeur au Conservatoire censé les préparer pour le concours d'entrée. Au cours Girard, il rencontre Françoise Dorner âgée de 16 ans et comédienne en herbe, laquelle devient sa fiancée durant deux années[alpha 23],[alpha 24]. Mais alors que Jean-Pierre et Dominique sont reçus, Yves-Marie et lui sont recalés. Patrick racontera dans une ultime interview comment on lui apprend « comment jouer du théâtre classique », dans une posture qu'il estime ensuite « artificielle et décalée »[s 6]. Quelque peu découragé, Patrick décide alors de devenir réalisateur et metteur en scène et commence par passer son permis de conduire, indispensable pour être assistant, poste incontournable pour devenir réalisateur[s 6].
Jusqu'à ce qu'il abandonne le patronyme Maurin, le comédien participe aussi à de nombreuses émissions de la Radio Télévision Scolaire, à des films publicitaires pour diverses marques comme Nestlé (1954), pour les cours Eurélec permettant de fabriquer en kit des appareils et se former à l'électronique (1961) ou encore pour Esso avec le feuilleton radiophonique diffusé sur Radio Luxembourg L'Homme à la voiture rouge écrit par Yves Jamiaque, entre 1961 et 1963[alpha 25]. Concernant son enfance de « saltimbanque », il dévoile en 1981 une blessure : « Je n'étais pas doué du tout ; le moins doué de mes frères »[s 7]. Ils connaissent alors un certain succès et pas lui. Il avoue qu'il n'était « pas du tout à l'aise » et que cela représente « des souvenirs affreux, des cauchemars ». Il résume : « J'avais horreur d'être acteur quand j'étais enfant, donc j'étais très mauvais ». Il avoue aussi un blocage, probablement de la timidité[alpha 26]. De plus, il éprouve alors des difficultés à concilier l'ambiance de l'école avec celle des tournages[alpha 27]. Dès lors, il est résolu à ne pas faire ce métier-là[s 7]. Attiré par « les boutons et les lumières », appréciant les aspects techniques, il aurait aimé être pilote ou, toujours dans l'audiovisuel, cadreur ou encore ingénieur du son. « Plutôt derrière la caméra que devant », précise-t-il. En 1981, Dewaere déclarera qu'il a toujours eu envie de passer derrière la caméra et réaliser lui-même un film. Pour lui, le metteur en scène se sert de ses propres motivations ou désirs[s 8]. « J'ai fini par le faire [l'acteur] parce que c'était la seule chose que je savais faire ». Il affirme toutefois ne pas le regretter, bien que cela n'ait pas été un choix[s 7].
Différend familial
Après une trentaine de pièces de théâtre et de téléfilms à succès pour l’ORTF, bien que toujours mineur, la Majorité civile étant alors fixée à 21 ans, Patrick choisit de prendre du champ par rapport à sa famille, pour deux motifs. D’une part, il apprend à dix-sept ans en 1964 par la bouche de son frère Dominique, qu'il n'est pas l'enfant biologique de Pierre-Marie Bourdeaux et d'autre part, qu'il a été spolié d'un héritage et de ses cachets bien avant sa majorité[alpha 28],[6]. Bourdeaux est le premier époux de Mado Maurin et père de ses deux premiers enfants Jean-Pierre et Yves-Marie[alpha 28]. Georges Collignon son second époux est le père de Dominique, Jean-François et Marie-Véronique[réf. nécessaire]. Bien que Georges Collignon l'ait reconnu, Patrick est en réalité le fils naturel de l’artiste lyrique et chef d’orchestre Michel Têtard, mort en 1960 à l’âge de trente-cinq ans[alpha 29]. Cet artiste rejoint la troupe que dirigent Mado et Pierre-Marie Bourdeaux à la sortie de la guerre, en 1945 puis il noue une relation avec la comédienne[réf. nécessaire]. Dans sa biographie, Mado Maurin précise que les deux hommes abordent alors ensemble le principe d'un divorce et que dès lors, Bourdeaux la quitte[alpha 30]. Mais après quelques mois d'une passion dévorante, lorsqu'elle annonce à son amant sa grossesse, elle reçoit en retour un télégramme de rupture, celui-ci refusant de croire qu'il est le père de l'enfant[réf. nécessaire]. Dans une ultime interview, trois jours avant son suicide, Patrick Dewaere dévoile les méandres de son identité qu'il qualifie « de souche bretonne », son véritable père « ténor de métier » et son enfance en compétition parmi les autres « petits Maurin »[s 6]. Au sujet de sa décision de quitter la « tribu Maurin », il déclare que « c'est très difficile de passer d'enfant-acteur à acteur »[s 6].
La biographe Jean-Marc Loubier affirme qu'à la même période, Dewaere aurait été pratiquement dépossédé d’un héritage et de ses économies par sa mère[6]. Le jour de ses dix-sept ans, parce que sa mère l'empêche de téléphoner, il est pris d'une colère subite et la brutalise en la jetant par terre. Il est alors mis à la porte de la maison familiale et se réfugie dans une chambre de bonne. Toutefois, après deux mois de brouille, il se réconcilie avec Mado[alpha 31].
Un jeune acteur remarqué
En 1966, bien que figurant et non crédité au générique, il est remarqué par René Clément, le réalisateur de Paris brûle-t-il ?, pour son incarnation courageuse et physique d'un jeune résistant[réf. nécessaire]. Le réalisateur fera à nouveau appel à lui en 1971 dans La Maison sous les arbres pour camper une nouvelle fois comme figurant, le personnage d'un jeune homme rebelle, atypique et un peu anarchiste[réf. nécessaire]. Ses différends familiaux l’encouragent à adopter un pseudonyme, élaboré à partir du nom marital de son arrière-grand-mère maternelle qui étant veuve, s'est remariée avec un flamand nommé « De Vaëre », dont il remplacera par erreur le V par un W[alpha 27],[s 6],[n 5],[7].
Ainsi, le nom de Patrick de Waëre apparaît au générique de la mini-série Les Hauts de Hurlevent en 1964, avant d'adopter la graphie définitive sous laquelle il deviendra célèbre : Patrick Dewaere[n 6],[n 7].
Le public le remarque en 1967 dans le feuilleton télévisé Jean de la Tour Miracle, où il tient pour la première fois de sa carrière le rôle principal aux côtés de Jacques Balutin et de Ludmila Mikaël[réf. nécessaire]. Réalisé par Jean-Paul Carrère, ce feuilleton bénéficie d'un certain succès populaire[alpha 32]. Refusant d'être doublé, il effectue toutes ses cascades et monte à cheval avec assurance[alpha 33]. Le , après la diffusion de la série, il déclare à la revue Télé 7 jours : « Je veux faire peau neuve complètement et repartir à zéro. Mon passé, je ne le porte pas comme un panache mais je le traîne comme un boulet »[alpha 34]. Il quitte alors le domicile familial de la famille Maurin pour s'installer dans un appartement du 18e arrondissement de Paris, rue Ordener, en colocation avec un ami comédien du même âge, Jean-Jacques Ruysdaël qui se tue dans un accident automobile, quelques mois plus tard[alpha 6],[alpha 35]. À cette époque, il adopte la moustache pour vieillir son visage angélique, déclarant : « J'aimerais être laid et vilain. Je me dis qu'en buvant beaucoup, j'aurai des poches sous les yeux et peut-être un jour, une gueule intéressante »[alpha 6].
Premiers succès
Émancipé de la tutelle familiale à vingt-et-un ans[n 8], prenant de la distance avec son passé d'enfant comédien et sa foi catholique, il adopte une position libertaire et gagne sa vie comme déménageur en livrant des réfrigérateurs[alpha 36],[alpha 37].
Il profite aussi de la montée de la contestation étudiante pour rencontrer des acteurs alternatifs. De février à , il partage l'affiche avec Pierre Arditi dans Ma déchirure de Jean-Pierre Chabrol, mise en scène au théâtre de la Commune par Gabriel Garran[8]. Dans la distribution figure aussi Élisabeth Wiener qui vient de tourner un film sulfureux de Clouzot et avec laquelle il noue une relation amoureuse qui durera quelques mois[alpha 37]. N'hésitant pas à faire le coup de force, il participe aux événements de Mai 68 et se fait alors matraquer par un CRS[alpha 38].
Le théâtre de la Commune s'étant mis en grève par solidarité avec le mouvement, Dewaere rencontre lors des Journées du cinéma de Suresnes la comédienne-réalisatrice Sotha, qui partage alors sa vie avec Romain Bouteille[alpha 39],[9]. Durant l'occupation de la salle de cinéma Les 3 Luxembourg, ils nouent une relation passionnée et se marient, autant par défi que par jeu, le [alpha 40]. Les témoins, Rufus et une amie danseuse, Christine Haydar, jurent de garder le secret sur cette « union officielle »[alpha 41],[10]. Les jeunes mariés partent quelques semaines en Tchécoslovaquie, en plein Printemps de Prague, avant de rentrer à Paris pour intégrer le collectif réuni autour de Romain Bouteille, lequel pousse l'abnégation jusqu'à prêter son appartement aux nouveaux époux et participer activement aux travaux de construction de son premier café-théâtre, 18 rue d'Odessa dans le quartier du Montparnasse : le Café de la Gare[alpha 42],[9]. Patrick Dewaere y partage les planches avec Coluche, Henri Guybet, Martin Lamotte, Renaud et Sotha, sans oublier celle qui deviendra la passion de sa vie : Miou-Miou[alpha 43]. Il dira ironiquement à plusieurs reprises que « le Café de la Gare, ce n'est qu'une histoire de fesse »[s 9]. À cette époque, il n'a pas d'argent et la troupe l'invite à manger[réf. nécessaire]. Au bout de quelques mois, il vend sa voiture pour acheter à son tour à manger à toute l'équipe[s 9]. Chaque membre de la troupe sollicite aussi ses contacts et quelques « parrains » vont aider financièrement ces débuts difficiles, parmi lesquels Raymond Devos, Pierre Perret, Georges Moustaki, le professeur Choron, Cavanna, Jean Yanne, Jacques Brel, Dalida, Jean Ferrat ou encore Leny Escudero[alpha 44].
Le point commun de tous est alors « un état d'esprit de disponibilité »[n 9]. Dewaere doit alors désapprendre tout ce qui lui a été enseigné au théâtre classique, à la télévision et dans les films formatés dans lesquels il a joué jusqu'alors[s 6]. Il se fait violence mais il en apprécie aussitôt le lien direct et privilégié avec le public[réf. nécessaire]. Écrire ses textes, concevoir, créer et monter les décors, les costumes, représente pour lui, « une expérience formidable », une expérimentation pure, un véritable « fantasme d'acteur »[s 6]. Il apprend à établir un rapport qu'il définit comme « sain » avec le public, sans intermédiaire. « C'est là qu'on pourrait dire, que je me suis trouvé ! » explique-t-il[s 6]. Le succès du Café de la Gare permet alors d'attirer les décideurs du cinéma[alpha 46]. Dewaere déclare avoir commencé à réellement aimer son métier à partir de la période Café de la Gare, soit après déjà une quinzaine d'années de carrière[s 6]. Pour la première fois il entend rire le public, réagissant à son travail de comédien et il est alors interloqué et perd le fil du dialogue, avec dixit, « sa gueule de jeune premier trouduc », lui qui n'a jamais connu jusqu'alors un tel succès comique[s 7]. Il apprécie dès lors, la grande liberté de créer ce qu'il souhaite, sans se conformer aux formats conventionnels imposés par d'autres : « Ça a été primordial pour moi »[s 7] et il souligne combien cette équipe a représenté aussi une forme de famille pour lui, dont il entretient encore le lien : « On ne peut pas passer un an sans se voir »[alpha 47]. Il constate aussi que grâce à cette modeste scène, le rapport de force avec la profession s'inverse : le demandeur d'emploi devenant alors « offreur » de sa prestation et ceux qui doivent l'évaluer se déplaçant eux-mêmes pour le voir[s 6]. Durant cette période, il signe le scénario et les dialogues de différents sketchs, notamment avec Sotha[alpha 48]. La troupe accueille par la suite Gérard Lanvin, Gérard Depardieu, puis Bernard Le Coq, Thierry Lhermitte, Josiane Balasko, Anémone et Gérard Jugnot[11],[alpha 32].
En , Dewaere doit rejoindre l'armée pour faire son service militaire obligatoire[alpha 49]. Pour être réformé, il absorbe alors quantité de médicaments sous la surveillance de sa compagne Sotha et succombe presque à un empoisonnement[alpha 50]. Le médecin qui le suit lors de son hospitalisation diagnostique des « tendances à l'autolyse », ce qui signifie un net penchant pour les tentatives de suicide[alpha 51]. Désormais libéré des obligations militaires et pour gagner de l'argent et soutenir la tribu du Café de la Gare, Dewaere s'essaie au doublage, prêtant notamment sa voix à Dustin Hoffman dans Le Lauréat[n 10] ou à Jon Voight dans Macadam Cowboy sur le modèle de son frère Dominique Collignon-Maurin qui sera la voix française de Mark Hamill pour le personnage de Luke Skywalker dans Star Wars[alpha 52],[réf. nécessaire]. Patrick développe en parallèle sa passion pour la musique et la chanson[alpha 53]. Cette période il imagine les faire adapter par un ami québécois, « pour les sublimer » et projette d'écrire et produire une comédie musicale[s 6],[6]. Le , le Café de la Gare ouvre ses portes au public avec comme slogan : « C'est moche, c'est sale, c'est dans le vent ! »[alpha 54]. L'une des toutes premières pièces s'intitule Spectacle en or massif, elle est de et avec Romain Bouteille, Dewaere, Coluche, Sotha, Claude Mann, Henri Guybet et Miou-Miou[alpha 55]. À cette période, il vit avec Sotha dans un loft situé rue Lepic dans le 18e arrondissement et les jeunes « mariés clandestins », faute de faire un enfant et après avoir vu le film La Planète des singes, adoptent une guenon, à l'instar de Léo Ferré[alpha 56],[6]. Sotha précise que l'acteur observe alors l'animal et s'inspire de ses expressions, de ses mimiques et de ses gestes[6].
En 1971, il compose et interprète en duo avec Françoise Hardy, la chanson T'es pas poli lors d'une émission diffusée sur la Deuxième chaîne de l'ORTF et intitulée Duo inattendu qui fait l'objet d'un disque 45 tours[s 10],[12]. Le , il participe aussi à l'émission Les chemins de l'histoire diffusée sur la même chaîne, en récitant des extraits de deux chants patriotiques de Paul Déroulède[s 11]. Comme ses amis du Café de la Gare, il tourne également quelques publicités qui aident à financer le théâtre[alpha 51]. La même année, il participe à deux courts métrages avec la troupe du Café de la Gare et obtient un petit rôle de soldat volontaire de l'an II dans Les Mariés de l'an II de Jean-Paul Rappeneau. Rappeneau est venu au café-théâtre afin d'engager Coluche pour son film et propose alors à Dewaere de lui donner la réplique lors d'un bout d'essai mais finalement, il le retient et pas Coluche[alpha 57],[s 7]. Assistant sur le film, Luc Béraud relate une anecdote que Dewaere lui a confiée : lors du tournage, alors qu'il n'interprète qu'un tout petit rôle, il déclare avec malice à Jean-Paul Belmondo, l'acteur principal : « Fais gaffe à tes fesses ! Nous, on est derrière ; on va te faire tomber »[alpha 58].
À cette période, Coluche déclenche une bagarre générale dans la troupe du Café de la Gare, certains l'accusant de se servir indûment de leur travail pour ses propres sketches[alpha 59]. Il se fait renvoyer et part mener sa carrière en solo[alpha 60]. L'humoriste quitte également sa compagne, Miou-Miou, laquelle se rapproche progressivement de Patrick Dewaere alors que Sotha choisit de le quitter au tout début de l'année 1972[alpha 60]. En 1972, il est pressenti pour jouer un petit rôle de séducteur dans César et Rosalie mais Claude Sautet prend peur en constatant la fougue et la richesse du jeu de ce comédien qui selon lui, en donne trop[alpha 61]. La même année, Robert Enrico lui fait passer des essais pour Les Caïds mais il n'obtient pas le rôle attribué à son ami Patrick Bouchitey[alpha 62]. Ils partageront néanmoins l'affiche du film La Meilleure Façon de marcher en 1976 et élaboreront un projet de film intitulé On est pas des héros avec Dewaere dans le rôle principal et Bouchitey à la réalisation[alpha 63],[alpha 64]. Toujours en 1972, comme le révèle Claude Miller alors assistant du réalisateur Gérard Pirès, il participe au casting du film Elle court, elle court la banlieue, en compagnie de ses collègues et amis du Café de la Gare[alpha 65]. À la fin de la même année, il continue à courir le cachet et participe à une émission humoristique consacrée à et produite par Pierre Dac où il côtoie d'autres comédiens, parmi lesquels Grégory Ken, futur chanteur du duo Chagrin d'amour[s 12]. En 1973, il interprète l'un des rôles principaux d'un film totalement expérimental et d'expression poétique : Themroc de Claude Faraldo, aux côtés de Michel Piccoli et de ses comparses Romain Bouteille, Coluche, Henri Guybet et Miou-Miou[réf. nécessaire]. Bien que devenu culte parce que les dialogues n'exploitent aucune langue réelle et qu'une certaine improvisation y est flagrante, ce film ne recueille alors qu'un succès d'estime[alpha 66]. La même année, l'immeuble qui abrite le Café de la Gare devant être détruit, la salle est transférée au 41, rue du Temple dans le 4e arrondissement[13],[14]. Dès lors, l'esprit collectif et solidaire d'origine est quelque peu abandonné ainsi que les signatures collectives des pièces[alpha 67].
Révélation dans Les Valseuses
Avant Les Valseuses, Patrick Dewaere tourne Au long de rivière Fango, un film écrit et réalisé par Sotha et cofinancé par Coluche[alpha 68]. L'intrigue fait étrangement écho à la vie personnelle de l'acteur : elle traite du « mensonge par omission » concernant les origines parentales de l'un des héros, mettant en évidence la responsabilité de la mère, Mathilde, interprétée par Emmanuelle Riva[alpha 69]. S'il ne remporte pas un succès populaire à sa sortie en , ce « film de potes » (il regroupe les habitués du Café de la Gare, Romain Bouteille, Christine Dejoux et Rufus mais aussi des proches comme Élisabeth Wiener, Catherine Ringer ou Gérard Lanvin) procure de grandes satisfactions à l'acteur[alpha 68].
Dewaere tourne ensuite dans Les Valseuses de Bertrand Blier, aux côtés de Gérard Depardieu et Miou-Miou. Si Sotha est toujours son épouse officielle, il vit avec Miou-Miou une intense passion amoureuse[réf. nécessaire]. Le réalisateur hésite un temps à donner l'un des rôles principaux à Coluche mais grâce aux essais fulgurants qu'il tourne avec Dewaere, Blier décide de l'engager, persuadé de son talent et de son charisme pour le rôle[alpha 70]. Lorsque Miou-Miou lui annonce qu'il a obtenu le rôle des Valseuses, il prend conscience que sa vie va changer[alpha 71]. Pour toute l'équipe, « c'était le premier film important. […] Tout le monde mettait le paquet. Et c'était difficile à tenir », car l'ambiance sur les plateaux tourne au délire[s 7],[alpha 72]. Dewaere relate que Bertrand Blier a failli plusieurs fois « prendre ses valises et se casser du tournage »[alpha 72]. Il ajoute : « Gérard Depardieu qui venait de Châteauroux et qui avait fait de la prison, se sentait parfaitement dans son élément » : hors du tournage, son comportement restait le même que l'amusant voyou du film[s 7]. Le tournage est émaillé des quatre cents coups du duo Depardieu-Dewaere et doit même être prolongé de deux semaines par leur faute et leurs dérives[alpha 73]. Bertrand Blier est également témoin des déchirements passionnels que se livrent Miou-Miou et Dewaere : un soir, Dewaere défonce la porte de la chambre d'hôtel de Gérard Depardieu, persuadé à tort que Miou-Miou le trompe avec lui[alpha 74]. Cet épisode douloureux démontre l'hypersensibilité de Dewaere et un vif penchant pour les réactions à chaud[alpha 75]. L'acteur éprouve du mal à affronter les démons de ses origines incertaines et de son enfance abîmée et abusée ; le mensonge et la dissimulation représentant, pour lui, les ennemis absolus[alpha 76].
À sa sortie en , Les Valseuses est un succès populaire et commercial — 3 millions d'entrées en un an d'exploitation[15] —, voire un « phénomène de société », et révèle Dewaere, Depardieu et Miou-Miou au grand public[16]. De l'idylle avec Miou-Miou naît une fille, Angèle Herry, le [17].
Toujours avec Rufus, il entame alors le tournage du film Lily aime-moi, de juillet à août[18]. Huit ans avant le tournage d'Édith et Marcel de Claude Lelouch, Patrick Dewaere s'entraîne pour être crédible à l'écran comme boxeur[alpha 77]. Dewaere est réellement monté sur le ring pour une rencontre hors tournage le mais ayant fait match nul, ce qui l'énerve, il se sent obligé de refaire un nouveau combat avec le même boxeur professionnel[19],[alpha 78]. Le film traite également de la rupture et de l'amour perdu et Dewaere donne la réplique à Miou-Miou, alors sa compagne dans la vraie vie[20].
Si Depardieu bénéficie vite du succès des Valseuses, avec immédiatement un rôle dans Vincent, François, Paul... et les autres et des propositions de Bernardo Bertolucci et Marco Ferreri, Patrick Dewaere, lui, ne reçoit pas de propositions intéressantes[21]. Il accepte de jouer dans la comédie légère, mais bien payée, Catherine et Compagnie avec Jane Birkin, qui est un échec[alpha 61],[21],[réf. nécessaire].
Il incarne ensuite un petit flic vivant en Normandie, à Rouen, aux côtés de Lino Ventura (rôle que vient de refuser Alain Delon), bien qu'il ne porte pas dans son cœur les forces de l'ordre depuis mai 68 et qu'il éprouve des réticences envers les armes à feu à la suite de son accident de jeunesse[22],[alpha 79],[alpha 27],[alpha 79]. Adieu poulet de Pierre Granier-Deferre remporte un réel succès avec près de 2 millions d'entrées et lui permet d'obtenir un gros cachet[16],[alpha 79]. Le film lui vaut une nomination au César du meilleur acteur dans un second rôle lors de la première cérémonie, alors que Depardieu est nommé dans la catégorie « meilleur acteur » pour Sept Morts sur ordonnance[21]. Concernant le film, il estime que jouer un flic sympa lui pose problème[alpha 80]. Il éprouve alors envie d'interpréter des rôles de cape et d'épée[s 13]. Sa relation avec son partenaire à l'écran est très positive : Lino Ventura insiste même auprès de la production sur le fait qu'il ne soit pas cité seul en haut de l'affiche mais que la mention soit : « Lino Ventura et Patrick Dewaere dans Adieu poulet »[alpha 81]. Il profite de son succès pour s'acheter une voiture de luxe et loue un duplex dans le quartier Saint-Germain-des-Prés à Paris[alpha 82]. À cette période, Coluche s'installe dans une petite maison rue Gazan (14e arr.), où, après d'importants travaux de rénovation (il y fait même installer une piscine), il convie régulièrement ses amis, le dimanche soir étant tout spécialement réservé aux membres de la troupe du Café de la Gare, parmi lesquels Bouteille, Dewaere et Miou-Miou[alpha 83].
Dewaere et Miou-Miou partent en Italie pour tourner La Marche triomphale de Marco Bellocchio[alpha 84]. Le couple n'est alors plus en crise et le tournage se déroule sans accroc, même si Dewaere est toujours sous l'emprise de la drogue et qu'il juge finalement le film décevant[alpha 85]. À la suite de cette expérience, son nom est retenu pour une production italo-américaine pour laquelle Miou-Miou est engagée, Un génie, deux associés, une cloche, mais Dewaere refuse ce qu'il considère comme un navet[alpha 86]. Les relations du couple commencent alors à se déliter[alpha 87].
Dewaere enchaîne avec le premier long métrage d'un réalisateur débutant, jusque-là directeur de production de François Truffaut, Claude Miller : La Meilleure Façon de marcher[réf. nécessaire]. Il accepte le rôle dès la lecture du scénario, ce qui est alors inédit pour lui[s 14]. Luc Béraud, coscénariste du film, relate que le début de leur collaboration est chaotique : l'acteur le traite de « facho » parce qu'il a un tempérament de « gueulard », ce que Béraud reconnaît lui-même bien volontiers[alpha 88]. De plus, Dewaere a été choisi alors qu'à l'origine son ami Philippe Léotard aurait dû tenir le rôle mais le réalisateur ne s'aperçoit pas que l'acteur est en pleine dérive[23],[alpha 89]. Ce dernier vient de rencontrer par l'intermédiaire de Patrick Bouchitey, Barbara Anouilh, petite-fille du célèbre dramaturge[alpha 90]. Entre 1977 et 1978, elle l'entraîne du Festival du cinéma américain de Deauville aux soirées mondaines de la capitale mais aussi l'initie aux drogues dures[24],[25],[alpha 64].
Après le tournage de La Meilleure Façon de marcher, Bouchitey et lui se laissent aller à des excès nocturnes qui finissent par les impliquer dans un grave accident de voiture à Paris[alpha 40]. Dewaere s'en tire avec quelques contusions, Bouchitey est blessé et surtout l'accident a fait une victime, la conductrice de l'autre véhicule, un épisode dramatique qui marque encore un peu plus l'acteur, déjà éprouvé par l'accident de tir dont il a été responsable durant son enfance[alpha 91],[alpha 12].
Rupture avec Miou-Miou
À l’été 1975, quelques semaines après la sortie du film Lily aime-moi, Miou-Miou est choisie pour le tournage du film D’amour et d’eau fraîche et elle tente d'imposer à la production Dewaere pour camper le premier rôle masculin[alpha 86]. Mais le réalisateur Jean-Pierre Blanc refuse et préfère engager Julien Clerc qui, pourtant, n'a jamais fait de cinéma jusqu'alors[26]. Cette situation affecte le couple et, lorsque Miou-Miou confie la petite Angèle à ses beaux-parents sans en informer son compagnon, Dewaere réagit avec colère, un point de rupture dans leur relation[alpha 92]. Pour elle, cette séparation est une question de vie ou de mort[alpha 92]. Sur les plateaux, Miou-Miou, dont le couple est en crise, tombe sous le charme du chanteur, tout juste séparé de France Gall et décide, au cours d'une conversation téléphonique, de rompre avec Dewaere qui fait aussitôt le trajet depuis Paris pour « casser la gueule » du chanteur à son hôtel, lors du tournage à Évian[26],[alpha 93],[s 15],[n 11]. Cette situation rend particulièrement difficile le tournage de leur film suivant F… comme Fairbanks qui débute quelques semaines plus tard : les personnages incarnés par Miou-Miou et Dewaere s'aiment et se déchirent, à l’image des deux acteurs dans leur vie privée[27]. Second long-métrage de Dugowson avec une partie des mêmes acteurs principaux, ce tournage est éprouvant pour Miou-Miou et pour son ex compagnon[28]. Film à message social comme le précédent, F… comme Fairbanks traite à nouveau du chômage, comme fléau majeur de l'époque et exploite une nouvelle fois Dewaere en anti-héros « perdant »[alpha 94].
Son ami dessinateur et acteur Jean-Michel Folon révèle que le soir après le tournage, la toute petite Angèle doit tantôt repartir avec l'un ou l'autre de ses parents, ce qui est déchirant pour toute l'équipe[27]. Le drame personnel que vit alors Patrick Dewaere trouve son paroxysme dans l'une des scènes essentielles du film, lorsque le personnage surgit sur une scène de théâtre, interrompt la pièce où Miou-Miou joue devant le public et l'entraîne en coulisse, pour régler ses comptes[alpha 95]. Quelques instants avant de tourner ce long plan, Dewaere prévient le réalisateur qu'il est en mesure de ne faire qu'une seule prise, compte tenu de l'intensité dramatique de la séquence[27]. Lors de la scène, il hurle et se précipite à plusieurs reprises, la tête en avant contre une cloison, sans être doublé par un cascadeur[27]. Durant cette période noire, l'acteur se rend tout seul à la cathédrale Notre-Dame de Paris au milieu de la nuit pour prier[alpha 96].
Période faste
La Meilleure Façon de marcher permet à Dewaere d'obtenir la seule récompense de sa carrière partagée avec Patrick Bouchitey : l'Étoile de cristal du meilleur acteur en 1975[alpha 40]. Il est également nommé au César du meilleur acteur[21]. À cette période, l'acteur prévoit aussi un nouveau tournage en costumes d'époque sous l'égide de Romain Bouteille avec ses comparses du Café de la Gare, planifié pour le mois de et intitulé Yeomen sans colère, une satire de mai 68 transposée au Moyen Âge[alpha 97]. En dépit de leurs efforts, le projet ne se fera pas mais inspirera largement Coluche pour son film Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine, sorti l'année suivante et dans lequel on retrouve une partie de la troupe du Café de la Gare dont Sotha, Philippe Manesse, Gérard Lanvin et Martin Lamotte[s 16]. Clin d'œil à la désertion de l'acteur, totalement pris par ses nombreux tournages, le Café de la Gare monte à cette époque une pièce humoristique intitulée À nos chers disparus : Hommage à Patrick Dewaere avec Coluche, Gérard Avenrell, Miou-Miou, Henri Guybet, Jean-Michel Haas et Catherine Mitry[alpha 67]. Lors d'une interview au festival de Cannes 1976 pour défendre F… comme Fairbanks projeté hors sélection officielle, Dewaere précise que s'il n'aime pas les décorations, il apprécierait considérablement le fait de recevoir une distinction de la part de sa profession[s 17].
En 1976, il entame le tournage du film Le Juge Fayard dit « le Shériff », réalisé par Yves Boisset, dont l'histoire s'inspire de l'assassinat du juge François Renaud, survenu en [29]. Au cours de la préparation d'une séquence devant être réalisée au palais de justice d'Aix-en-Provence, Dewaere, contrarié par une interdiction de manger à l'intérieur de l'édifice, s'énerve contre le réalisateur qui entend le raisonner[alpha 98]. Devant toute l'équipe technique, l'acteur propose à Yves Boisset de se battre pour régler la question de manière virile puis après avoir échangé deux coups de poing, Dewaere se met à rire et déclare : « Au moins, maintenant, on est copains ! »[alpha 99]. La fin du tournage se déroule sans aucun accroc, l'acteur s'attachant à exécuter scrupuleusement tout ce que lui demandera le metteur en scène[alpha 100].
Selon Boisset, Patrick dissimule alors en réalité son hypersensibilité et sa très grande pudeur, par de constantes provocations, voire un comportement volontairement agressif, « parce que même pour un empire, il n'aurait pas voulu être tout simplement gentil »[alpha 99]. Au sujet de la très douloureuse rupture de Miou-Miou, Boisset raconte qu'une nuit à Saint-Étienne, de retour d'une réunion tardive avec le maire, il aperçoit sans oser le surprendre, Patrick Dewaere en train d'arracher des affiches de Julien Clerc, alors en tournée dans la même ville[alpha 101]. Après Le Juge Fayard dit « le Shériff », le réalisateur mesure à quel point ses rôles peuvent influencer la vie de cet acteur[alpha 102]. Il se jure alors de ne lui proposer que des personnages et des histoires positives, ce qu'il fera dans La Clé sur la porte (1977) ou encore Le Prix du danger (1983) tourné sans Dewaere[alpha 103].
À sa sortie, le film séduit un large public avec plus de 1,7 million d'entrées, ce qui constitue le second gros succès, pour l'acteur après Adieu poulet[30]. Avec les succès rapprochés d’Adieu poulet, La Meilleure Façon de marcher et du Shériff, Patrick Dewaere est vu comme prometteur par les producteurs, en passe de devenir un acteur populaire, alors que Depardieu, lui, enchaîne les échecs commerciaux des « films-événements à gros budget » : Barocco, 1900 et René la Canne[21]. Dewaere décide à ce moment-là de ne faire qu'un ou deux films par an[21]. Si Les Valseuses leur a donné la notoriété, Dewaere et Depardieu ne sont néanmoins pas adoubés par leurs aînés stars, tels que Jean-Paul Belmondo et Alain Delon, qui avaient eu, eux, lors de leur ascension le soutien de Jean Gabin, entre autres[31]. Marc Esposito va jusqu'à dire qu'« en voyant ces deux-là arriver, Belmondo et Delon ont tout verrouillé », d'où l'absence de films où ils partagent la vedette[31].
La Chambre de l'évêque, que Dewaere tourne au bord du lac Majeur, sous la direction de Dino Risi, maître de la comédie à l'italienne, avec Ugo Tognazzi et Ornella Muti comme partenaires, fait l'ouverture du festival de Cannes 1977[alpha 104]. Alors que le film est aussitôt descendu et sifflé pour sa piètre qualité, Dewaere choque en se désolidarisant de son propre film : « J'espère que ça ne marchera pas. S'ils avaient suivi le scénario, qui était génial, le film aurait probablement été génial. Je ne suis plus qu'un jeune trou-du-cul avec des yeux énamourés. Tout le film est sur Ugo Tognazzi et il n'a pas été à la hauteur de la couverture qu'il tire »[alpha 104].
Dewaere retrouve Luc Béraud sur La Meilleure Façon de marcher, dont il est à nouveau coscénariste. Les deux hommes partagent une maison à Aix-en-Provence et un lien se tisse entre eux qui inspire aux producteurs l'idée d'un remake de Fanfan la Tulipe avec Dewaere dans le rôle principal, Claude Miller à la réalisation, Béraud au scénario[alpha 88]. Peu avant, Miller réalise Dites-lui que je l'aime avec Gérard Depardieu, Patrick Dewaere ayant refusé de jouer les « seconds couteaux » avec « le gros » en vedette (comme il l'appelle alors), le rôle est revenu à Christian Clavier[alpha 105],[alpha 60]. Dewaere vit alors très mal que Claude Miller ne lui offre pas le rôle principal du film avec Miou-Miou en préférant Depardieu et relatant cet épisode, il ne peut s'empêcher de pleurer en présence de Marc Esposito[alpha 106]. Il enrage d'autant plus que Miller a pu monter son premier film, La Meilleure Façon de marcher, grâce à lui[31]. À cette période, Luc Béraud sollicite la production au sujet de son propre projet de long métrage pour lequel il souhaite Dewaere en rôle titre : Plein sud. Le film verra le jour en 1981 et l'implication de l'acteur pour celui-ci s'avérera déterminante[alpha 88].
Amitiés, rivalité et retrouvailles avec Depardieu
En plus de Coluche, Bertrand Blier ou encore Jean-Michel Folon, Dewaere entretient une relation d'amitié depuis le début des années 1970 avec celui que la profession considère comme son alter-ego, Gérard Depardieu[alpha 70]. Plusieurs réalisateurs et producteurs, pensent systématiquement à l'un ou l'autre durant cette période, comme s'ils étaient interchangeables[alpha 107]. Bertrand Blier estime toutefois que Dewaere est « suiveur » par rapport à Depardieu[28]. Le réalisateur Claude Sautet avouera ainsi avoir pensé embaucher Depardieu lors de l'écriture de Un mauvais fils mais qu'il a finalement renoncé, estimant « qu'il manque à Gérard, quelque chose d'angélique et d'enfantin »[alpha 108]. D'autre part, Dewaere aurait dû jouer initialement à la place de Depardieu dans Buffet froid de Bertrand Blier car à cette période, il a obtenu plus de succès en salle que son ami et les producteurs ont tenté de l'imposer, sans succès[28]. Dewaere ne parvient pas à cacher au journaliste Marc Esposito à chaque fois qu'il le rencontre, qu'il est obsédé par sa compétition avec Depardieu qu'il surnomme « le gros »[alpha 109]. De 1974 à 1979, Dewaere reste prioritaire devant Depardieu dans le choix des producteurs de films français car selon Marc Esposito, ils le trouvent « plus sympathique et plus beau que Depardieu, jugé trop bizarre, trop inquiétant. En 1980, la situation s'est brutalement inversée, à jamais »[alpha 109]. Avec humour, Depardieu déclare lors d'une interview : « Avec Dewaere, c'est bien et c'est pas cher. Avec Depardieu, c'est plus cher et c'est pas mieux »[alpha 61].
« Patrick avait aussi ce problème-là : il a beaucoup souffert de l'ombre gigantesque de Gérard. En fait, Gérard et lui n'étaient pas copains. Ils étaient plutôt comme deux frères. Les frères, souvent, ça ne s'entend pas bien. Entre eux deux, c'était le bras de fer en permanence. Ils étaient très jaloux l'un de l'autre mais, à une époque, ils se partageaient le marché, ils se téléphonaient : « Si tu ne le fais pas, je le fais ». »
— Bertrand Blier, années 1980[21].
« A l'époque, le choix, pour tous les metteurs en scène, c'était : Depardieu ou Dewaere. Quand Patrick se laissait aller, il avouait que son rêve, c'était être le premier… Selon les succès ou les échecs dont ils sortaient, leur cote changeait, tout le monde voulait l'un et pas l'autre, et six mois après, c'était l'inverse. Ils étaient comme les frères d'une mythologie grecque diabolique. »
— Alain Corneau, années 1980[21].
Lors d'un séjour à Dakar offert par un voyagiste et à l'invitation d'Yves Boisset, Patrick Dewaere fait la connaissance d'une jeune fille[alpha 7]. Une nouvelle fois, la drogue est l'un de leurs centres d'intérêt communs, d'autant plus qu'ils sont tous deux en période d'abstinence[alpha 110]. Cette brève relation est encore abîmée par une issue tragique : quelques mois plus tard cette jeune fille se suicide en se jetant d'une terrasse[alpha 111]. Pour se changer les idées et relever un nouveau défi personnel, Dewaere décide de traverser en solitaire, le Sahara à moto, mais les forces de l'ordre marocaines lui interdiront alors d'entreprendre sa traversée[alpha 112]. Boisset révèle également qu'à cette époque, il lui offre le roman quasi autobiographique de Jack London, Martin Eden, lequel devient dès lors son livre de chevet[32]. Le réalisateur estime qu'on peut voir en Martin Eden une vraie parenté avec Dewaere[alpha 113].
Pour Préparez vos mouchoirs (1978), son réalisateur et ami Bertrand Blier décide de réunir à nouveau le trio Dewaere, Depardieu et Miou-Miou mais cette dernière refuse, non pas en raison de sa rupture avec Dewaere mais parce que le rôle est particulièrement déshabillé et qu'elle ne souhaite plus exhiber sa nudité[alpha 114]. Blier confie alors le personnage féminin à Carole Laure[réf. nécessaire]. Le tournage se déroule beaucoup plus calmement que celui des Valseuses et Bertrand Blier avoue qu'une page est tournée car la folie des débuts a fait place à l'expérience professionnelle, surtout pour Depardieu qui a désormais son assistant personnel et son maquilleur[alpha 115],[28]. En France, le film qui réalise un score honorable avec 1,3 million d'entrées, bénéficie d'une estime favorable des critiques[16],[alpha 116].
Ambitions cinématographiques et musicales refrénées
Durant cette période[Laquelle ?], Dewaere reçoit une douzaine de propositions, dont notamment cinq projets qu'il retient[alpha 117],[alpha 118]. D'abord, un film intitulé Le Bourrin ou Le Hareng de Jean-Jacques Annaud écrit par Francis Veber, sur l'univers du football en province, qui deviendra Coup de tête, sorti en 1979[alpha 119]. Il doit aussi jouer dans Crimes obscurs en Extrême-Orient d'Yves Boisset, racontant l'assassinat du Pape par des agents de la CIA. Dewaere tourne des essais au Vatican en , réalisés en caméra légère avec une équipe réduite. Ce film doit être une production internationale avec Lauren Bacall et James Coburn contrôlée par des investisseurs suisses mais lesquels à terme, abandonnent le projet[alpha 120],[alpha 121]. Le réalisateur Maurice Dugowson demande son avis à Dewaere pour son film Au revoir... à lundi, qui comprend Miou-Miou et Carole Laure mais ni Dewaere ni son frère Jean-François n'y participent contrairement à ce qui est initialement prévu[alpha 120]. Il est également envisagé dans La Java de Claude Miller dont le scénario est provisoirement intitulé La Débandade, grosse production internationale avec Miou-Miou, un film d'époque en costumes traitant notamment du « Paris canaille » des années 1800 mais le long métrage ne se montera pas, principalement par manque de financements[alpha 122],[alpha 123].
Enfin, Patrick Dewaere est choisi pour partager l'affiche avec Pierre Richard dans un film populaire, Y'a pas de mai ! de Gérard Oury, comédie où il incarnerait un condamné à mort évadé traversant la France en grève en plein mai 68 avec son avocat, dans l'espoir d'obtenir la grâce présidentielle auprès du général de Gaulle[33]. Signe de son ascension, il reçoit pour la première fois une avance en s'engageant dans le projet, comme toutes les vedettes sur lesquelles des films sont bâtis[21]. Au départ séduit d'être choisi par un réalisateur et un acteur à succès, Dewaere est finalement déçu par le scénario et ne se voit pas tourner ce genre de film[21],[33]. Selon lui, la période de mai 68 est trop traitée sous forme de gags, un élément de comique qu'il qualifie de « cinéma de papa »[s 7]. Le réalisateur et le producteur Alain Poiré de la Gaumont s'opposent à la décision de l'acteur puis son agent Serge Rousseau parvient à négocier une sortie à l'amiable, amenant Dewaere à verser un dédommagement[33]. Le personnage de l'évadé est ensuite distribué à Victor Lanoux[33].
Avec ce dernier épisode, Dewaere commence à avoir la réputation de « casse-pieds »[alpha 124]. Le remboursement de l'avance et l'annulation de ses projets le poussent à tourner plus de deux films en 1978[33]. À cette période, l'acteur se lie avec une « femme-enfant », telle que la décrit Bertrand Blier mais sa relation passionnée et abîmée par la drogue avec sa nouvelle compagne, Elsa (de son vrai nom Élisabeth Chalier[n 12]), l'éloigne de la plupart de ses amis[alpha 121]. Initialement la compagne de son frère Jean-François, Elsa le rejoint avant le début du tournage de La Clé sur la porte d'Yves Boisset durant l'été 1978[alpha 125],[alpha 126]. Bertrand Blier avoue espérer que l'acteur la quittera, notamment durant la période du tournage du film car « il était incontestablement esclave de son amour pour elle. Pourtant, elle l'a maltraité, l'a beaucoup trompé »[alpha 127]. Cette situation ne freine pourtant pas sa carrière et la comédie La Clé sur la porte, où il partage l'affiche avec la populaire Annie Girardot, remporte un succès public, réunissant près de 2 millions d'entrées[16].
Le , lorsque plusieurs organismes publics intentent un procès à des cafés-théâtres parisiens dont le Café de la Gare pour des motifs administratifs, il fait partie des nombreux artistes qui viennent défendre et soutenir Romain Bouteille au tribunal[s 18],[28]. Il interpelle le président mais celui-ci lui répond : « Taisez-vous et asseyez-vous… Patrick Dewaere, connais pas ! »[alpha 128]. Il apparaît également en 1978 dans le film italien Le Grand Embouteillage, réunissant tous les grands comédiens européens du moment, dont également Depardieu et Miou-Miou dans une autre scène que la sienne[21].
Le réalisateur Jean-Jacques Annaud parvient à l'imposer à la Gaumont et Alain Poiré pour le film Coup de tête qui pourtant ne veulent pas en entendre parler et attendent Depardieu à la place[alpha 119]. Lors de la préparation du film en 1978, Patrick Dewaere, lassé de ce qu'il considère comme des échecs au cinéma, mise considérablement sur la chanson et sort son premier disque mais le 45 tours produit par Yves Simon ne reçoit pas un accueil très populaire et la critique est mitigée, y compris celle de ses proches et amis à l'exception notable des chanteurs et auteurs Nino Ferrer et Louis Chedid[alpha 129],[alpha 130],[alpha 131],[6]. Concernant le tournage de Coup de tête, le réalisateur relate qu'en 1978 l'acteur est agréable à diriger et qu'il ne subit alors aucun méfait de la drogue, sauf pour la toute dernière semaine du tournage[34]. Il précise pourtant : « Il vivait un cauchemar avec la femme avec laquelle il avait choisi de vivre »[34]. Concernant sa carrière, Dewaere pense alors que Gérard Depardieu rafle les meilleurs rôles et s'estime lui-même comme « un acteur de seconde classe »[34]. Au cours d'une scène essentielle du film où tous les protagonistes se retrouvent pour un banquet et que le héros du film doit réagir en force face à eux, le réalisateur dévoile que tous les acteurs présents étaient terrorisés par l'incroyable violence incarnée par Dewaere[34]. Lors du dernier jour de tournage du film, Dewaere épuisé et subissant les effets de la drogue, dort dans un coin du plateau, sur un banc[35]. Annaud demande alors à l'accessoiriste de déplacer son sac de couchage mais l'acteur se réveille en sursaut et il frappe au visage l'accessoiriste, dont une dent se brise, à la suite du choc[34]. Désespéré par son geste malheureux, Dewaere ne sait comment se faire pardonner[34]. À ce sujet, Annaud révèle que ce soir-là, toute l'équipe constate que « Patrick n'était pas dans son état normal. Et son comportement avait changé. C'était dramatique »[alpha 132].
Satisfaction, bien que très provisoire, pour Dewaere : Préparez vos mouchoirs reçoit l'Oscar du meilleur film en langue étrangère à Hollywood[réf. nécessaire]. Lors d'une interview à la radio en , il déclare hilare : « Ce matin j'étais très content en me réveillant mais plus je me réveille plus je m'aperçois que grâce à cet Oscar plus rien ne sera jamais plus comme avant pour moi ! »[s 19]. S'il ne pense pas que la récompense aura une réelle influence sur sa carrière, il estime cependant que « même si on n'est pas grand chose on peut continuer à l'être la tête haute »[s 19].
Série noire et descente aux enfers
Pour le film suivant, Série noire, Alain Corneau révèle que si l'acteur n'avait pas accepté le rôle, il aurait renoncé à monter le film[alpha 133]. Dewaere met toute son énergie et la force de son talent d'acteur dans ce film[alpha 134]. Il déclarera lors de sa dernière interview qu'il s'agit du long métrage qu'il aura eu le plus de plaisir à jouer[s 20]. L'acteur qui subit toujours une addiction à la drogue reste cependant toujours parfaitement lucide durant toute la durée du tournage et maîtrise son texte à la perfection[alpha 135]. Il perd 10 kg pour le rôle[21]. Pour l'une des scènes du film, il se précipite la tête la première et sans aucune protection contre le capot d'une voiture, refusant d'être doublé par un cascadeur[alpha 103]. Marie Trintignant témoigne : « Dans ce film, j'ai l'impression qu'on se jetait tous dans les scènes, dans les éléments, comme des animaux… C'était un film violent. Tout était violent ! »[alpha 136]. Myriam Boyer précise aussi combien le budget du film a été « maigre », avec une équipe très réduite[alpha 137]. Après une séquence forte où le personnage joué par Dewaere bat celui de Myriam Boyer, l'acteur révèle à sa partenaire qu'il a eu l'impression de frapper sa mère, comme pour régler ses comptes avec elle[alpha 138]. Myriam Boyer confirme qu'à cette époque Dewaere se sent obsessionnellement menacé par le succès grandissant de son alter-ego Gérard Depardieu[alpha 139]. Lors de la présentation hors compétition du film au festival de Cannes 1979, Dewaere se confie à plusieurs journalistes. L'acteur souligne le besoin d'évasion, de rêve, d'exotisme du personnage et il précise : « Ce n'est pas un salaud, c'est un mec tout à fait normal » et qu'il « est le maillon qui a craqué »[s 21]. L'acteur confirme qu'il est persuadé qu'il s'agit de son meilleur rôle[s 21]. Concernant la façon dont il perçoit son avenir personnel, il avoue lors d'une interview : « Je ne serai jamais vieux, moi. On devient vieux à partir du moment où on a peur du lendemain, c'est à ce moment-là qu'on devient vieux… J'essaierai de ne jamais avoir peur du lendemain »[s 22]. De fait, le film est diversement accueilli par la critique[alpha 140]. La déception de Dewaere est plus grande encore quand, un an plus tard, le film ne reçoit aucune récompense aux César, la même année où Miou-Miou en reçoit une, pour La Dérobade[alpha 141],[alpha 142].
Épuisé par Série noire, Dewaere s'octroie une longue pause de quinze mois[21]. Il n'accepte qu'un second rôle par amitié pour le jeune réalisateur Didier Haudepin[21], qui est parvenu non sans mal à monter son film Paco l'infaillible[alpha 143]. Dewaere part pour l'Espagne avec Elsa mais les démons de la drogue sont toujours présents et un soir, Haudepin retrouve l'acteur enfermé dans sa chambre[alpha 144]. En pleine crise, il a brisé une table en verre et un gros éclat s'est planté dans son artère fémorale[alpha 144]. Mais après une courte hospitalisation, l'acteur assume son rôle sans sourciller[réf. nécessaire]. Le film ne sortira en France qu'en , alors que le film est sorti en Espagne, pays coproducteur, en [36].
En , le chanteur et compositeur François Deguelt souhaite se lancer dans la production cinématographique[s 23]. Il achève un scénario intitulé Mourir à Brest, en confie la réalisation à Bernard Farrel et propose les rôles-titres à Lino Ventura et Patrick Dewaere qui en ont accepté le principe, mais le film ne se fera pas[s 23].
À Los Angeles, Dewaere voit la pièce de théâtre Les Enfants du silence et entreprend des démarches auprès de la William Morris Agency pour acheter les droits d'adaptation afin de la jouer en France[alpha 145]. Du fait des contraintes de temps nécessaires pour apprendre la langue des signes, indispensable afin de tenir le rôle principal masculin, il doit abandonner le projet[alpha 145].
Sotha qui a longtemps repoussé la formalité comme pour le protéger, accepte de divorcer, le [37]. Désormais, il peut s'unir officiellement à Elsa qui est enceinte, le couple étant alors sevré, du moins provisoirement, de la drogue[alpha 146]. La petite Lola naît trois semaines plus tard, le [réf. nécessaire].
Entre 1979 et 1981, l'acteur enchaîne sans aucune interruption, une dizaine de tournages. Afin de mieux figurer le personnage vulnérable qu'impose le rôle d'Un mauvais fils, Dewaere surprend Claude Sautet en venant à un rendez-vous préparatoire, sans la moustache qu'il arbore, pour se vieillir, depuis sa participation au Café de la Gare au tout début des années 1970[alpha 147]. Ce geste touche profondément le réalisateur[alpha 148]. Concernant le scénario du film, qui relate l'addiction à la drogue dont les personnages joués par Dewaere et Brigitte Fossey sont victimes et qui fait écho à l'épreuve endurée par l'acteur dans la vie réelle, il déclare : « Moi, je crois encore à mon âge qu'on peut parler de choses désespérantes et qu'il faut avoir le courage de les dire et [Sautet] est arrivé à un âge où il en a marre et il préfère que les choses se passent bien et que tout soit beau »[s 24].
Ce film s'inscrit dans une succession de longs métrages où les rôles négatifs s'additionnent, même pour certaines comédies[alpha 149]. Tantôt paumé, perdant, marginal, drogué, désespéré, paranoïaque, frustré, introspectif, violent, fantasque ou manipulateur, une majorité de films vont exploiter jusqu'à la fin, son énergie, ses fêlures et sa vulnérabilité intérieure, le plus marquant, son dernier, Paradis pour tous, mettant en scène un suicide prémonitoire[alpha 150],[alpha 151].
La même année, l'acteur est toutefois sollicité pour une comédie par Philippe de Broca : Psy. Le scénario est adapté d'une bande dessinée signée par Gérard Lauzier[38]. L'auteur est proche de la bande du Café de la Gare et Dewaere se sent en confiance[alpha 152]. Si les relations entre le réalisateur et l'acteur s'avèrent moins idylliques que prévu durant le tournage, ce dernier prend le temps entre les prises d'écouter les conseils d'Alexandre Mnouchkine, qui a déjà produit Adieu poulet cinq ans plus tôt[alpha 153],[alpha 154]. Mais Dewaere révèle que durant l'écriture du film, l'auteur du scénario Gérard Lauzier ne s'entend pas du tout avec le réalisateur Philippe de Broca, ce qui complique le tournage[réf. nécessaire]. « Je croyais qu'ils allaient s’additionner mais en fait, ils se sont soustraits », regrette-t-il[s 7].
Toujours en 1980, Dewaere refait un bref passage au Café de la Gare pour jouer Les robots ne sont pas méchants, « trilogie en deux parties » de et avec Sotha, ainsi qu'Odile Barbier, Arnold Boiseau, Romain Bouteille, Marie-Christine Descouard, Henri Guybet, Philippe Manesse, Patrice Minet, Jacki Sigaux et Dominique Vallée[alpha 155].
Boycott des médias, après l'« affaire de Nussac »
Alors que sa carrière prend de l’ampleur avec plusieurs grands rôles successifs (Coup de tête, Série noire et Un mauvais fils), une affaire privée va néanmoins valoir à Dewaere un véritable boycott de la part de la presse et des médias : il frappe d'un coup de poing Patrice de Nussac, un journaliste du Journal du dimanche qui a trahi sa promesse — faite en raison de liens d'amitié — de ne pas révéler son prochain mariage avec Elsa, prévu pour le [alpha 156],[n 13]. Le couple préférait avoir un mariage discret, sans les photographes de la presse[21]. Le jour de la parution de l'article, le couple demande à voir Nussac pour obtenir des explications[s 25]. Après un bref échange entre le journaliste et l'acteur, Elsa aurait rappelé à Nussac qu'elle a clairement exigé lors de l'entretien que l'article ne parle pas d'elle et le journaliste l'aurait alors traitée de menteuse[s 25]. Dewaere aurait alors immédiatement réagi en donnant un coup de poing au journaliste avant de partir[alpha 156].
Les médias lui font payer cher ce dérapage[alpha 158]. Ainsi, le présentateur du journal télévisé de 20 h d'Antenne 2, Daniel Bilalian s'offusque en direct : « Il s'agit d'un acte qu'on peut considérer comme scandaleux contre notre corporation »[s 26]. Dès lors, il n’est plus interviewé et la presse omet même son nom dans les articles sur Un mauvais fils, un exemple sans précédent en France : la presse refuse de citer son nom alors qu'il interprète le rôle-titre du film ou ne publie que ses initiales avec une connotation péjorative : « P. D. »[alpha 159],[alpha 160],[28],[alpha 161],[39]. Le , soit deux jours après l'affaire du coup de poing, lors de la projection de presse du film Un mauvais fils, le réalisateur Claude Sautet dévoile maladroitement aux journalistes que son premier choix a été Depardieu et que le scénario a été écrit pour lui, ce qui déclenche une réaction épidermique de Dewaere[alpha 162]. Au cours de la collation qui suit la projection, il insulte alors Sautet[réf. nécessaire]. L'acteur est alors en pleine période de dépression, de boycott et sous l'emprise de la drogue, ce qui lui fait perdre pied totalement[alpha 163]. Les producteurs éprouvent quant à eux quelques réticences à l’employer[alpha 164]. Cependant, malgré son sujet grave et le boycott de la presse, Un mauvais fils est un succès[21].
L'affaire du coup de poing se dénouera « à l'amiable » quelques mois plus tard, Nussac acceptant 75 000 francs, une forte somme pour l'époque[réf. nécessaire]. Pour autant, la justice poursuit l'acteur et il se voit condamné à un an d'emprisonnement avec sursis et 10 000 francs d'amende[s 27],[alpha 159]. Au sujet de la vindicte des médias contre lui, le réalisateur Jean-Jacques Annaud avoue en 2004 que la situation est alors grave et qu'elle affecte profondément Dewaere : « Ce rejet de la presse lui a énormément coûté »[34]. Concernant son image publique, il préfère penser que les spectateurs l'aiment[s 7]. Mais il déclare lors de la même interview : « On ne peut pas dire que ce soient les médias qui m'aient imposés ou la profession du cinéma »[s 7]. Selon lui, ce serait grâce à l'appréciation du public que le milieu du cinéma l'a fait travailler et non l'inverse[s 7]. Concernant les limites de la célébrité, il souligne : « Il y a des inconvénients énormes… mais c'est tellement rien à côté des avantages ! »[s 7]. Lors d'une interview, Dewaere déclare que « Le public ne se rend pas compte à quel point un article de presse peut avoir un impact terriblement violent sur la vie personnelle »[s 7]. Dewaere précise que ce type de journal dispose d'un budget pour tout procès en diffamation et ainsi, « ils peuvent écrire ce qu'ils veulent »[s 7]. Il reconnaît avoir fait justice lui-même, tout en insistant sur la douleur subie lors de cette publication : « Je me suis senti décapité quand il m'a fait ça »[s 7]. Il confirme qu'un contrat moral existe, consistant selon lui à offrir au public les détails sur son travail mais se refusant en revanche à livrer sa vie privée aux médias[s 7].
Le , l'acteur effectue une de ses rares apparitions médiatiques de cette période en participant sur France Inter à l'émission radio quotidienne en direct, Le Tribunal des flagrants délires[s 13]. Sous forme de procès humoristique, il s'agit de juger l'acteur, en pleine période où il est la cible de la presse et des médias, à la suite de l'« affaire du coup de poing ». Évoquant ses deux déclarations dans la presse au moment des faits qui lui sont reprochés (« Je suis la tolérance personnifiée » et « il y a une vérité par personne, par seconde, par moment »), il avoue à la fois avec ironie et agacement : « Je reconnais que j'aurais pas dû taper dessus. J'aurais dû juste… le disputer ! »[réf. nécessaire]. Au sujet de la violence qui transpire dans certains de ses films, il répond qu'il faut « se servir de ce qui existe et que le monde est extrêmement violent »[réf. nécessaire]. À la question sur le fait qu'il éprouve de la peur en sortant de chez lui, il répond par la négative et ajoute une phrase ambiguë : « Entre le moment où on naît et celui où on va mourir, il se passe des tas de choses. Il ne faut pas redouter de s'abîmer. Moi je crois que plus on s'abîme, plus on est beau. On ressemble à notre époque »[réf. nécessaire]. À la fin de l'émission, son confrère et ami Patrick Bouchitey intervient au titre du témoin en faveur de l'accusé. Il témoigne que Patrick Dewaere est « tout sauf violent. Il est sensible et avec beaucoup d'humour. Les gens ne savent pas combien il est courtois ». Bouchitey évoque aussi sa passion pour la musique en précisant qu'elle « n'est pas agressive ». Dewaere confirme alors : « Je serais plutôt blues »[s 13].
Derniers rôles
Après son passage à vide, Dewaere retrouve Luc Béraud pour leur projet maintes fois différé : Plein sud[alpha 88]. La distribution du film est prestigieuse (Jeanne Moreau, Pierre Dux ou encore Guy Marchand[n 14]) mais l'actrice principale Clio Goldsmith ne s'investit que très superficiellement sur le tournage, ce qui fait enrager le perfectionniste Dewaere[alpha 88]. Une nouvelle fois, le succès n'est pas au rendez-vous pour ce film qui réunit moins de 300 000 spectateurs[40]. Dewaere explique au sujet du film Plein sud avoir été considérablement déçu en voyant le résultat à l'écran, en dépit de son fort investissement personnel pour en défendre le sujet et même aider à en monter la production[s 7]. Selon lui, il aurait alors perdu tout crédit pour défendre à l'avenir un film auquel il tiendrait[s 7].
Dans Hôtel des Amériques d'André Téchiné en 1981, initialement intitulé Mexico Bar, il interprète une nouvelle fois le rôle d'un homme marginal et paumé, dans une histoire d'amour sans issue et avec le suicide en toile de fond[alpha 165],[alpha 166]. Téchiné reconnaît être profondément marqué a posteriori par le fait d'avoir écrit un tel rôle destructeur et suicidaire pour Dewaere : « Je l'ai poussé dans un abîme à travers ce film et ce personnage qui correspondaient sans doute à ses propres démons »[alpha 167]. Catherine Deneuve estime quant à elle qu'il ne joue pas mais qu'il vit réellement les rôles qu'il incarne ajoutant : « C'est l'un des rares acteurs qui m'aient vraiment fait pleurer »[alpha 168]. Pourtant, l'actrice et Dewaere ne connaissent pas de véritable osmose durant le tournage, la présence permanente d'Elsa et de la drogue, isolant ce dernier de l'équipe[alpha 169].
À cette époque il se dit « excommunié », « militant de rien » et n'a pas encore trouvé d'histoire à défendre[s 8]. Sur l'impact négatif que le pénible épisode du boycott a engendré, Dewaere persiste et signe : « Si c'était à refaire, je ferais exactement la même chose » car pour lui, l'objectif est atteint désormais : « Les journalistes ont un rapport beaucoup plus sain » avec lui[s 8]. Le rôle décisif suivant est celui de Beau-père dont le sujet est à la fois très controversé et dangereux pour son image publique : un trentenaire se voit séduit par une adolescente à peine sortie de l'enfance, la fille de son ex-compagne qui vient de mourir dans un accident de voiture[alpha 170]. Le rôle de l'adolescente est proposé à Sophie Marceau mais il revient finalement à une inconnue, Ariel Besse[s 28]. La photo évocatrice de l'affiche et le fait que dans le film, le réalisateur Bertrand Blier ne porte aucun jugement moral sur les protagonistes, déclenche de violentes critiques d'autant plus que le long métrage ne reçoit pas le succès escompté[alpha 171]. Une nouvelle déception professionnelle est en passe d'affecter l'acteur qui a tant soif de reconnaissance de ses pairs[alpha 172]. Le , lors de la 7e cérémonie des César, pour la sixième fois depuis 1976, Dewaere n'est pas récompensé, alors qu'il s'est pourtant énormément investi dans le rôle de Beau-père[n 15]. Après la soirée, il passe un moment avec son alter-ego et adversaire Gérard Depardieu au Fouquet's pour boire un verre avec celui qui a été récompensé l'année précédente pour Le Dernier Métro[alpha 173]. Plus tard, Jean-Jacques Annaud qui a réalisé l'année précédente Coup de tête et qui vient de recevoir un César pour La Guerre du feu, retrouve Dewaere qui s'effondre en sanglots dans ses bras[alpha 142].
Doutes et déceptions
Henri Verneuil parvient à imposer Patrick Dewaere dans une grande production populaire, Mille milliards de dollars, même si quelques réticences des médias subsistent, notamment lors de la promotion du film[alpha 174],[alpha 175]. Ainsi, le dans le 13 h de TF1, Yves Mourousi ne le laisse s'exprimer que quelques secondes sur une interview de plus de 9 minutes avec une partie de l'équipe du film, bien qu'il tienne le premier rôle[s 29]. Lors d'une autre interview, il défend l'univers cinématographique de Verneuil et souligne combien importe peu pour lui la génération ou l'âge des réalisateurs qu'il apprécie[s 7]. Il avoue avoir accepté le rôle de Mille milliards de dollars, uniquement pour le message que le film véhicule : il apprécie le cri d'alarme concernant les dérives des groupes financiers surpuissants et celles des médias ainsi que la manipulation de l'information[s 7].
Pour ce qui deviendra son ultime film, Paradis pour tous, Patrick Dewaere interprète le rôle d'un homme en perdition et à bout de forces qui se suicide en se jetant du haut de l'immeuble où il travaillait[réf. nécessaire]. Échappant miraculeusement à la mort, le cerveau du personnage est « flashé » grâce à un procédé médical révolutionnaire afin d'en éliminer toute pensée ou sentiment négatif pour mieux se réintégrer dans la société moderne[réf. nécessaire]. Ironie du sort, Dewaere retrouve une seconde fois à l'écran, son ami et compagnon d'ivresse Philippe Léotard après Le Juge Fayard dit « le Shériff »[réf. nécessaire]. Si Léotard arrive épuisé chaque matin par ses excès nocturnes, Dewaere qui s'est mis intensément au sport pour se préparer physiquement à son prochain film, Édith et Marcel, dans lequel il interprète le boxeur Marcel Cerdan, lui avoue avec un ton ironique : « Dans un an, tu auras tous mes rôles… Je serai mort »[alpha 151]. En , il confie à Marc Esposito : « Quand tu passes ta journée à faire des gestes de quelqu'un qui est triste, eh bien quand tu rentres chez toi, t'es pas drôle, mon vieux ! T'as pris le pli ! Quand tu fais cinq films de suite où tu joues un paumé, tu finis par être un paumé. Alors j'en ai marre ! »[alpha 176]. Ayant vu le film Série noire dont il a réservé les droits d'adaptation auprès de son auteur, le célèbre réalisateur et producteur américain Orson Welles remarque le talent de l'acteur[41]. Ainsi en 1982, il rencontre Orson Welles — des années après Paris brûle-t-il ?, où Welles est l'une des têtes d'affiche et lui simple figurant —, pour évoquer le projet d'un film où il jouerait un rôle important[6].
Claude Lelouch remarque Dewaere pour ses talents de boxeur dès 1974, lors d'un combat-exhibition où il fait match nul contre un boxeur émérite et retient son nom, ayant déjà en tête le projet d'un film sur la liaison entre Édith Piaf et Marcel Cerdan[alpha 78],[alpha 177]. Les séances d'entraînement de Dewaere pour entrer dans le rôle sont intenses et il perd 5 kilos en quelques jours pour atteindre les 72 kg[42],[s 6]. Parlant du scénario, Dewaere insiste sur l'aspect mystique et l'importance de Dieu pour les deux personnages principaux[réf. nécessaire]. À cette période, la personnalité de Patrick Dewaere change aussi : il est amaigri, il a perdu le sourire, il doute et a tendance à rechercher l'affection et l'écoute de quelques amis[27].
Le , soit trois jours avant son suicide, sa maison est cambriolée et de nombreux souvenirs personnels disparaissent dont de précieuses photos d'enfance et des vidéos familiales[alpha 178]. Le même jour, pour ce qui sera sa toute dernière interview de télévision, il laisse entrer une caméra à sa maison du 25 impasse du Moulin-Vert dans le 14e arrondissement de Paris, qu'il habite depuis 1980[s 6],[alpha 179]. Il dévoile que dans la vie, il éprouve quelques difficultés à jouer la comédie pour convaincre et à être hypocrite, notamment pour négocier[s 6]. Du fait que son métier consiste à mentir, quand il s'arrête de travailler, il se refuse à exploiter cette méthode[s 6]. Il souligne l'importance du théâtre pour son métier afin de rester en lien direct avec le public et combien ça lui manque, ce qu'il considère comme un véritable carburant[s 6]. Concernant sa notoriété et la part de vérité due au public par les vedettes, il estime qu'il convient de ne pas être artificiel, de ne pas sur-valoriser la vie des célébrités et de dédramatiser l'image de « star de cinéma »[s 6]. Il reconnaît qu'il ne dévoile pas tous ses jardins secrets aux médias, qu'il « se renferme », protégeant l'intimité des siens, pour éviter que sa femme et ses enfants « deviennent des objets publics »[s 6].
Suicide
« Trente-cinq ans… Tu te rends compte de la perte… Quelle époque de cons ! Le pauvre mec, il est mort à trente-cinq ans ! »
— Patrick Dewaere à propos de Wolfgang Amadeus Mozart dans Préparez vos mouchoirs (1978)[21].
En 1982, son épouse Elsa le quitte pour s'installer avec Coluche en Guadeloupe[alpha 180]. Son amie et ex-épouse Sotha, qui se prépare à partir en vacances, lui ouvre sa porte pour recueillir ses états d'âme[alpha 181]. Alors qu'elle lui annonce qu'elle attend elle aussi un enfant, il lui répond qu'il va se suicider, soulignant sa fatigue, ses ennuis d'argent et de drogue[alpha 156]. S'engage alors un long dialogue à l'issue duquel Sotha parvient à le raisonner, notamment en lui parlant de ses deux filles, Angèle et Lola[alpha 182].
Le matin du , Dewaere participe à des essais d'Édith et Marcel tournés en vidéo légère par Claude Lelouch au bois de Boulogne avec Évelyne Bouix qui joue le rôle d'Édith Piaf[réf. nécessaire]. Un événement étrange est alors relaté par l'actrice[42]. Alors qu'ils sont en barque au milieu d'un petit lac pour une séance photo, l'actrice se rend compte que parmi les rares visiteurs du bois, quelqu'un utilise un petit miroir pour jouer avec le reflet du soleil sur leur visage[42]. Déstabilisé, Dewaere dit à sa partenaire qu'il « ne faut pas faire cela parce que cela porte malheur » et il répète cette phrase sans arrêt à Évelyne Bouix[réf. nécessaire]. Lors de ces séances préparatoires, Dewaere exécute ce que demande Lelouch et ceux qui relatent plus tard ces instants déclarent que son visage affiche un étrange sourire[42]. Après ces quelques prises de vues, l'acteur déjeune avec le metteur en scène[alpha 183]. Claude Lelouch se souvient qu'au cours du repas, Dewaere s'isole quelques minutes pour téléphoner[42]. Après le repas, il est conduit en voiture par l'acteur Charles Gérard qui doit l'accompagner jusqu'à la salle d'entraînement de boxe mais Patrick Dewaere lui annonce qu'il veut repasser chez lui d'abord[43]. Il se rend donc à son domicile de l'impasse du Moulin-Vert ; il est alors environ 15 heures[alpha 184]. Peu après, il met fin à ses jours en se tirant une balle dans la bouche devant le miroir de sa chambre avec une carabine .22 Long Rifle offerte par Coluche[n 16],[alpha 185].
« Patrick était une flamme. Une flamme, c'est fragile et ça peut s'éteindre au moindre courant d'air. Et il y a eu un courant d'air… Et Patrick s'est éteint »
Vers seize heures, son employé de maison arrive et découvre, au premier étage, l'acteur couché en chien de fusil sur le sol de sa chambre[alpha 186]. Il n'a laissé aucun mot d’explication mais l'appel téléphonique passé entre midi et 14 h l’aurait bouleversé[alpha 156]. Selon sa fille Lola, le même jour, son père désespéré aurait vainement tenté de joindre son fournisseur de drogue[44]. Selon Mado Maurin, le coup de téléphone émanerait d’Elsa, laquelle lui aurait annoncé qu’il « ne reverrait plus jamais sa fille »[alpha 187]. Pour Yves Boisset, qui le rencontre huit jours avant son suicide, l'acteur subissait aussi une accumulation de problèmes : « histoires d'impôts, dettes énormes, ennuis de santé et certains aspects de sa vie privée qui lui étaient devenus insupportables »[alpha 188].
Le biographe Christophe Carrière met en évidence les blessures ou motivations les plus profondes qui l'auraient entraîné à commettre un suicide alors qu'il connaît enfin la gloire dans son métier d'acteur : son enfance meurtrie par différents abus y compris intimes par un adulte du cercle familial rapproché, la rupture avec Miou-Miou (qui était « son point d'ancrage »), le poids de ses rôles de perdants, jusqu'à la toute dernière fin de matinée où il a reçu l'appel téléphonique d'Elsa qui aurait déclenché son acte ultime[alpha 189],[45],[42]. Mado Maurin reconnaît qu'elle partage une part de responsabilité dans les souffrances de son fils, avec le compagnon qui l'a quittée et le père qui ne l'a jamais reconnu : « Pauvre petit enfant, il te faut pardonner à ce père qui t'a tué avant de te faire vivre. Par sa faute et par la mienne aussi, tu allais porter comme une blessure, tout au long de ta courte vie, le poids de cette carence… qui, peut-être, te fera mourir »[alpha 190]. En 2007, dans le documentaire Patrick Dewaere, le dernier jour diffusé sur France 2, sa fille Lola confirme elle-même que l'ultime conversation téléphonique entre ses deux parents aura été « un élément déclenchant » de son suicide[46].
Ses obsèques sont célébrées à l'église Saint-Pierre de Montrouge (Paris 14e), le , en présence entre autres de Mado Maurin, Miou-Miou, Catherine Deneuve et André Téchiné[s 30]. Ses quatre frères portent son cercueil[alpha 191]. Coluche rentré en urgence de Guadeloupe refuse de s'y rendre, « pour ne pas transformer cette cérémonie en foire »[alpha 192]. Gérard Depardieu est quant à lui accaparé par le tournage de La Lune dans le caniveau de Jean-Jacques Beineix aux studios de Cinecittà et sa relation tendue avec le réalisateur ne lui permet pas d'oser demander deux jours de pause pour assister à l'enterrement[alpha 193]. Patrick Dewaere est inhumé au cimetière de Saint-Lambert-du-Lattay, au Maine-et-Loire, dans le caveau de sa belle-famille[47].
Près de six mois après sa mort, pour couper court aux rumeurs véhiculées par la presse selon lesquelles Patrick Dewaere aurait été drogué au moment de son suicide, Mado Maurin publie dans le magazine Ciné Revue du une copie des rapports d'autopsie de son fils attestant qu'il est alors parfaitement sain[alpha 194]. Claude Lelouch aurait obtenu de Dewaere qu'il arrête la drogue pour tourner dans son film[44]. Coluche sombre dans la dépression et les excès, ce qui l'amène vers des rôles dramatiques, à partir de Tchao Pantin (1983)[48]. Bertrand Blier raconte que durant quatre années après le suicide de Dewaere, Miou-Miou est restée profondément meurtrie par le geste de « l'homme de sa vie », passant deux nuits d'anniversaire de la date de sa mort avec l'actrice « sanglotant dans [ses] bras »[alpha 195]. Depardieu publie en 1988 une lettre posthume à Patrick Dewaere[49],[50].
Projets posthumes
Plusieurs projets imaginés pour Patrick Dewaere sont poursuivis sans lui et sortent les années suivantes[alpha 196],[alpha 118]. Ainsi, Marcel Cerdan Jr incarne finalement son père Marcel Cerdan dans Édith et Marcel (1983) de Claude Lelouch[51],[alpha 184]. Dans le trio qu'il doit former avec Coluche et Miou-Miou pour La Femme de mon pote (1983) de Bertrand Blier, il est remplacé par Thierry Lhermitte et Miou-Miou se désiste au profit d'Isabelle Huppert[51],[52]. Gérard Lanvin reprend le rôle principal au départ destiné à Dewaere dans Le Prix du danger (1983) d'Yves Boisset[51],[alpha 197].
Le rôle de Timar que Serge Gainsbourg pense confier à Dewaere pour son film Équateur dont le tournage doit se dérouler au Gabon en 1983, revient à Francis Huster[alpha 198],[53]. Bien avant la mort de l'acteur, Blier prévoit également de reformer le trio des Valseuses — Depardieu, Dewaere et Miou-Miou — pour un film dont le titre provisoire est « Rimmel »[alpha 199]. Tous les acteurs sont d'accord pour y participer et Bertrand Blier procèda à des essais concluants. Mais après la mort de Dewaere, il hésite longtemps entre plusieurs acteurs pour jouer le troisième rôle initialement dévolu : après avoir pensé à Bernard Giraudeau, Christophe Lambert, Jean-Pierre Bacri ou encore John Travolta parmi une trentaine d'acteurs, le rôle revient à Michel Blanc et le film finalement intitulé Tenue de soirée sort en 1986[alpha 200],[alpha 201].
Le réalisateur Jean Becker, qui a envisagé un temps de recruter Patrick Dewaere pour son film L'Été meurtrier, avec Isabelle Adjani confie finalement le rôle masculin principal à Alain Souchon[54],[55],[56]. Prévu pour l'année 1982, Ticket d'acier écrit par Bertrand Blier qui confie la réalisation de ce qui doit être son premier long métrage à Denys Granier-Deferre, son assistant sur Buffet froid et Beau-père.[pas clair] Dewaere doit y retrouver, Annie Girardot qui a déjà partagé plusieurs films avec lui, dont La Clé sur la porte et Le Grand Embouteillage, laquelle incarne une femme séduisante dans la plénitude de son âge[s 31].[pas clair] En parallèle, le réalisateur Denis Amar et ses coscénaristes Jean Curtelin et Jean-Pierre Bastid envisagent que Dewaere tourne le film L'Addition (1984) aux côtés de Richard Bohringer et Victoria Abril mais après sa mort, le rôle titre est repris par Richard Berry[alpha 202]. En 1989, Serge Gainsbourg révèle qu'il a déjà pensé précédemment à lui pour un long métrage devant réunir Isabelle Adjani, Jane Birkin et Dewaere et dont le titre aurait été Call-girl mais qui ne verra pas le jour[53].
Analyse de son travail d'acteur et personnalité
De l'enfant-acteur au jeune comédien déjà expérimenté
Enfant de la balle au théâtre, au cinéma, à la télévision et à la radio, il travaille depuis l'âge de quatre ans aux côtés de ses frères, entraîné par sa mère Mado Maurin qui a connu une carrière artistique comme concertiste et dans l'opérette depuis les années 1930[alpha 203]. Son ami acteur et réalisateur Yves Robert qui le rencontre à cette période estime que « sa famille éduquait les enfants pour être comédiens, qui les négociait très jeunes pour des rôles, qui leur apprenait ça comme on apprend des tours à des petits chiens savants »[alpha 204].
Mais l'enfant comédien n'apprécie pas cette période : « Lorsque j’étais enfant, je détestais jouer la comédie. Mes parents m’obligeaient en quelque sorte à monter sur les planches ou à apparaître à l’écran », confiera l’acteur à la sortie des Valseuses à Bertrand Blier en 1974[alpha 203]. Il multiplie pourtant les rôles forts et dramatiques dans des pièces ambitieuses. En 1964, il reçoit les félicitations de l'auteur Henry de Montherlant qui lui écrit au sujet du personnage qu'il incarne dans la pièce : « Je ne pourrai jamais plus évoquer Servais sans le voir avec votre visage et avec votre silhouette »[réf. nécessaire].
Durant son adolescence, il est stimulé par les défis physiques que représentent les films et séries d'action qu'il incarne[alpha 205]. Mais il doute cependant toujours de son talent et de la qualité de son interprétation[alpha 34].
Lors du tournage du film de 1966 Paris brûle-t-il ?, alors qu'il n'est que figurant et non crédité au générique, le réalisateur René Clément observe qu'il se jette tête la première de l'arrière d'un camion après avoir été mitraillé par les Allemands[alpha 206]. Son assistant Yves Boisset le découvre alors et estime qu'il joue ce personnage « comme si sa vie en dépendait »[alpha 207].
À l'adolescence, l'apprentissage des techniques audiovisuelles, l'expression musicale et le chant lui permettent d'acquérir d'autres expériences notamment pour maîtriser un contact plus direct avec le public[alpha 4]. Avec son frère Dominique Maurin, il écume le quartier Saint-Germain-des-Prés, les cafés, terrasses et la côte d'Azur[alpha 208]. Au piano, il s'entraîne à travailler dans des conditions difficiles, notamment pour l'association La roue tourne qui intervient lors des entractes au cinéma[alpha 209]. Ces différents moyens d'expression lui font prendre conscience petit à petit qu'il en apprécie la liberté, la simplicité et la force du lien direct qui se noue avec l'auditoire[alpha 210].
Nouvelle image, effacer le passé
Il abandonne le patronyme Maurin dès 1964 et quatre ans plus tard, il connaît pour la première fois son heure de succès populaire avec la diffusion d'une série d'aventures à la télévision, Jean de la Tour Miracle[alpha 33]. À cette époque, il estime qu'il subit « le plat du jour » imposé par les rites et usages conservateurs du métier[alpha 34]. Il déclarera en 1982 qu'il ne considère pas qu'il existe des familles d'acteurs car il se sent totalement différent et avoue être plutôt un acteur « orphelin »[alpha 211].
À cette période, le jeu du jeune homme semble suivre les traces d'un Douglas Fairbanks ou d'un Gérard Philipe, axé sur l'énergie positive, porté par l'image rassurante et dynamique d'un acteur sûr de lui et sans problèmes[réf. nécessaire]. Mais cette image ne correspond pas à la réalité et aux attentes de Dewaere[57]. Jean-Paul Carrère relate qu'il refuse d'être doublé pour ses scènes d'action de la série Jean de la Tour miracle et qu'il a même passé une nuit avec les cascadeurs en dormant dans la mangeoire d'une écurie pour prendre de la distance avec les autres acteurs : « Il était tout de fraîcheur, d'instinct mais quand il jouait il avait déjà une puissance dans le regard »[alpha 212].
Il accuse alors déjà dix-sept ans de carrière et il affiche dans sa chambre les photos du danseur Rudolf Noureev, de Jeanne Moreau qui vient de tourner pour des réalisateurs comme Luis Buñuel, John Frankenheimer, Louis Malle et Orson Welles, qu'il met aussi à l'honneur sur les murs de sa chambre[alpha 34]. Les quatre patronymes familiaux Maurin, Bourdeaux, Collignon et Têtard l'amènent à choisir son propre pseudonyme De Waëre qui signifie « Le Vrai » en vieux flamand ; il s'extrait ainsi de sa famille tout en restant quand même proche, par une acrobatie astucieuse : le nom du second mari d'une arrière-grand-mère maternelle un peu fantasque, autoritaire, bohème et libre pour son époque[alpha 213],[alpha 214].
Pour passer d'un visage lisse et angélique correspondant au personnage positif et rassurant du milieu des années 1960, à une « gueule » d'homme plus viril et accompli, Dewaere choisit de se faire pousser la moustache et tente d'abîmer sa figure en abusant du tabac, de l'alcool et des excès en tous genres[alpha 6].
À cette période, l'acteur découvre une troupe qui va bouleverser sa carrière artistique, à l'aube de mai 68. Il participe aux travaux du Café de la Gare, rue Odessa, à l'initiative de Romain Bouteille qui le qualifie alors de « gommeux » (joli garçon sans densité artistique) : « Il a un handicap terrible, son physique »[alpha 54],[alpha 49].
L'apprentissage est douloureux car les techniques conventionnelles apprises depuis l'enfance sont autant de tics à éliminer[alpha 215]. Pourtant, ses comparses, tout comme le public, apprécient son sens de l'autodérision, de l'improvisation et la grande palette de comédien qu'il déploie avec fougue et énergie, comme le relate Henri Guybet[alpha 216]. Il sait alors aussi réagir très vite et progresser : Romain Bouteille explique combien il a pu le trouver très mauvais dans un sketch, mais que quelques semaines plus tard, il le trouve génial[alpha 217].
Le comédien se sent alors stimulé et porté par cette troupe, cette équipe, cette tribu où l'esprit libertaire de l'époque lui convient parfaitement[alpha 59].
Vrai Dewaere et acteur vrai
Dans son livre publié en 2010, l'universitaire Rémi Fontanel décortique les mécanismes, les méthodes ou les techniques du travail de l'acteur au cinéma mais également l'impact artistique de son propre vécu, jusqu'au plus intime, sur son jeu d'acteur[alpha 218]. Maniant sa propre chorégraphie corporelle, exploitant un tempo et parfois des accélérations sur le principe d'une partition musicale, produisant des expressions intimes avec son regard et son visage, maîtrisant une gestuelle originale et dosant adroitement une intonation vocale avec des accents rappelant parfois la gouaille d'un Gavroche, Dewaere vit littéralement chaque rôle plus qu'il ne le joue avec distance et contrôle total comme d'autres acteurs le pratiquent généralement[alpha 219].
Fontanel estime tout d'abord que le déchirement sur les origines incertaines produisent des troubles identitaires chez l'individu, comme chez l'artiste Dewaere[alpha 220]. L'acteur vit ainsi une quasi fusion entre les traumatismes ou expériences marquantes de sa vie et les très nombreux échos présents dans les histoires qu'il incarne au théâtre ou à la télévision dans son enfance, puis à l'âge adulte, dans ses films[alpha 221]. Cela touche notamment à l'identité, à la liberté, à la violence, à l'injustice, au mensonge, aux rapports amoureux conflictuels, à la manipulation, au déséquilibre mental, à la drogue, à la mort brutale et au suicide[alpha 222].
Dewaere s'offre une certaine liberté à prix coûtant, en refusant les préjugés, la facilité et les compromissions d'un plan de carrière, non sans se mettre en danger[alpha 223]. Lors du tournage du film Le Juge Fayard dit « le Shériff », Yves Boisset observe l'acteur qui n'interprète pas le rôle mais l'incarne et le vit réellement tout en s'inquiétant pour lui de cette mise en danger[alpha 40]. Jusqu'au seuil de sa vie, il va exploiter jusqu'à l'épuisement, l'incarnation totale plutôt que le jeu distancé, tout particulièrement au cinéma[alpha 4]. Dewaere exprime lui-même combien les événements dramatiques d'une existence peuvent affecter un être humain aussi fragile et sensible que l'un de ses personnages, comme celui de F… comme Fairbanks[s 14].
Quelquefois, cet esprit libre l'amène à imposer son opinion : « Parfois, il est nécessaire de piéger le metteur en scène et d'autre fois, il convient de respecter scrupuleusement ses orientations »[s 24]. Concernant sa technique d'acteur, Dewaere confirme qu'il refuse de « faire semblant », qu'il vit littéralement les émotions du personnage et agit en fonction du rôle tout en réfutant en revanche, la notion d'improvisation. Il affirme un choix délibéré, une réflexion et une certaine préparation[s 14]. Explorant l'apparence des différents personnages incarnés par l'acteur, Rémi Fontanel décode une tendance à construire une certaine image récurrente : cheveu long en bataille, moustache et barbe naissante, habits flous et usés, parka ou vestes usagées, baskets ou modestes chaussures de ville, Dewaere entend ressembler à « monsieur Toutlemonde »[alpha 224],[alpha 225].
Intense travail inspiré de l'Actors Studio et influence sur Gérard Depardieu
Entre 1968 et 1973, alors qu'il poursuit sa métamorphose sur les planches, l'acteur est peu présent au cinéma sauf pour doubler quelques films américains, tout en s'inspirant à la fois du travail de Dustin Hoffman, d'Al Pacino ou de celui de Marlon Brando. Au sujet de ses « rêves d'enfant », en 1979 lors d'une interview, il avoue admirer les acteurs américains Marlon Brando et Dustin Hoffma] ainsi que les actrices Jane Fonda et Shelley Duvall[s 22]. Sur le travail d'acteur de Brando, il déclare qu'il ne fait rien et est génial, alors que Dustin Hoffman « en fait des tonnes » et il est tout autant efficace à l'écran[s 22]. Concernant les réalisateurs avec lesquels il rêve de travailler, il cite Martin Scorsese, Robert Altman et John Cassavetes[s 17].
En 1973, le film étrange et engagé Themroc marque symboliquement cette transformation[alpha 226]. La révélation pour le public, pour le métier et une partie de la critique sort en 1974 : Les Valseuses[alpha 107]. Mais les réactions sont parfois violentes face à ce nouveau genre cinématographique[alpha 227]. Pourtant, le succès populaire est au rendez-vous[58]. Concernant l'approche intellectuelle ou politique de son travail, Dewaere indique toutefois : « Je crois que le cinéma n'est pas révolutionnaire »[s 13]. Selon lui, le 7e art se développe alors en écho avec les préoccupations et le ressenti du public[s 8].
Cependant, si Dewaere s'intéresse à la méthode de l'Actors Studio, il n'en a retenu en pratique que l'importance de la concentration et de la préparation[alpha 228]. Si l'apparente spontanéité qui caractérise son jeu fait penser à de l'improvisation, ce n'est qu'une illusion car Dewaere travaille intensément au préalable ses effets, ses scènes et ses dialogues[alpha 228]. Toutefois, il ne revendique aucune méthode, aucune règle, aucune théorie ni aucune démarche intellectuelle[alpha 228]. Sa « non-méthode » repose ainsi sur l'incarnation la plus proche de la réalité, d'un rôle, d'une situation, d'une réaction face à un autre personnage ou un événement lors de chaque scène qu'il évalue préalablement et qu'il va doser selon la volonté du metteur en scène ou de ce qu'il estime indispensable[alpha 228]. Romain Bouteille synthétise ce phénomène en une formule : « C'est le personnage qu'il doit faire venir à lui et non l'inverse »[alpha 229]. Dans son livre, Rémi Fontanel parvient à démontrer qu'il ne s'agit pas d'improvisation mais d'une technique visant à puiser dans un catalogue de comportements, d'émotions et d'expressions vécues ou observées, enregistrées et mémorisées depuis deux ou trois décennies ; l'acteur ayant commencé extrêmement tôt à pratiquer son métier[alpha 230].
Le choc de la rencontre avec Gérard Depardieu fait mouche[alpha 231]. Pour mesurer le phénomène du duo, certains critiques ont du mal à identifier de qui provient l'expression la plus créative[alpha 232],[59]. En analysant les films antérieurs de Depardieu, on peut toutefois avoir une partie de la réponse, comme Sotha qui affirme : « Depardieu a été plus influencé par Patrick que le contraire » et elle précise que ce serait flagrant pour le film Préparez vos mouchoirs[alpha 233]. Concernant la relation avec Depardieu, il déclare éprouver une grande admiration pour son partenaire : « je n’ai aucune envie d’être en compétition avec un mec comme ça, parce que ça me gêne. Je l'aime beaucoup, alors si je sens qu’il y en a, ça me met dans une espèce de malaise terrible. Mais ce n’est pas moi et Gérard qui la faisons, la compétition, ce sont les gens autour »[57]. Comme son comparse aime alors à déclarer : « Dewaere, c'est bien et c'est pas cher. Depardieu, c'est plus cher et c'est pas mieux »[alpha 61]. Pour Éric Neuhoff, la comparaison est simple : « À l'un, les rondeurs, la grande gueule, la solidité. À l'autre, les moments de déprime, la fêlure, les rôles d'écorché vif. Dewaere fut un peu notre James Dean, fébrile, survolté — une grenade dégoupillée. »[32].
« Patrick, c'était l'acteur parfait. Il était très discipliné, très doux, très à l'écoute, il aimait bien travailler sur les mots, sur les intonations, il aimait bien refaire des prises. Il avait un tempérament inverse de celui de Gérard et ils formaient un tandem réellement inouï. C'était un phénomène à ma connaissance unique, en tout cas à ce point-là : dès qu'ils jouaient ensemble, ils ne faisaient plus qu'un. En perdant Patrick, on a aussi perdu le couple Depardieu-Dewaere. Ils auraient fatalement fait d'autres films ensemble, régulièrement… »
— Bertrand Blier, années 1980[21].
Analysant en détail le jeu d'acteur de Dewaere, l'universitaire Rémi Fontanel met en évidence les formules de langage et les intonations, échangées entre les deux protagonistes même si Dewaere est celui qui les emploie alors dans la vie, en dehors des plateaux : un accent particulier, un peu forcé avec une élocution vive comme venue des faubourgs, des milieux populaires[alpha 230]. Selon lui, Dewaere exploite plutôt une technique qu’il a acquise depuis sa prime enfance[60].
Pour son expression scénique, il s'inspire en particulier de Dustin Hoffman dont le fameux doigt levé, geste typiquement américain, est utilisé également par Al Pacino[alpha 234]. Dewaere est impressionné par le film Un après-midi de chien (1976)[57]. Le réalisateur Maurice Dugowson indique que ce ne sont pas des tics mais une création de mouvement, à chaque fois différente : « Il donne l’impression que c’est le texte qui est improvisé, alors que c’est le comportement qu’il invente lui-même qu’il l’est. Il n’est jamais figé, il est toujours inattendu. »[alpha 235]. Son idole absolue est Marcello Mastroianni, Sotha expliquant qu'« il essayait d’avoir cette inexpressivité très particulière de Mastroianni, ces yeux grands ouverts qui semblent regarder au-delà de l'objectif, au-delà du partenaire […] La tête de quelqu'un qui se regarde dans la glace — dixit Patrick — qui regarde sa propre image »[60].
Idéaux, méthodes et influences
Selon Rémi Fontanel, l'acteur « au miroir du cinéma » estime que le trouble généalogique de l'individu s'est déplacé sur les personnages que Patrick Dewaere a incarnés et sur la manière qu'il a employée pour les construire[alpha 234]. Il évoque également la quête perpétuelle d'une paternité recherchée[57]. Maurice Dugowson aurait vu en lui un nouveau Douglas Fairbanks mais la coïncidence ne s'établira jamais : initialement actif, exubérant et éclatant, il se transforme en une personne tourmentée, intériorisée et marquée « par le monde tant physiquement que psychologiquement »[57].
En , il dénonce le conformisme, l'aspect primaire et la vulgarité en France, d'un certain cinéma populaire et convenu[s 13]. Pour définir son propre jeu d'acteur, Dewaere précise que son travail s'articule selon deux méthodes complémentaires : il se dit à la fois extrêmement cérébral « cogitant les moindres détails toujours la veille pour la scène du lendemain », pouvant parfois même travailler une nuit entière, mais il sait aussi abandonner toute sa préparation et jouer une scène « à l'inspiration du moment »[s 7]. Il explique aussi qu'en tant qu'acteur, il doit « enregistrer » les événements de la vraie vie, pour enrichir ensuite sa pratique professionnelle[s 7]. En réponse à la question concernant l'actuelle maîtrise de son comportement face aux caméras de télévision et à son calme apparent, l'acteur révèle qu'il s'agit bien d'une façon de dissimuler une angoisse[s 7]. Au sujet des pirouettes et des traits d'humour pour masquer ce stress, il avoue que c'est du « bluff » »[s 7]. Il en profite pour dénoncer avec ironie certaines « ficelles » du métier d'acteur pour frimer lors d'un tournage devant les médias. Il ironise : « On me la fait pas à moi ! », tout en reconnaissant user lui-même de ces artifices[s 7].
Perception de la mise en scène
En 1981 lors d'une interview, pour évoquer ses attentes face au réalisateur, il compare la relation acteur-réalisateur à celle d'un couple marié : « le metteur en scène étant l'homme et l'acteur, la femme »[s 7]. Il souligne combien les acteurs ont besoin d'une considérable complicité, de la franchise et de la fidélité. Dewaere apprécie ce type de relations professionnelles[s 7]. Dès qu'il rencontre un réalisateur, il perçoit aussitôt s'il peut avoir confiance ou pas, « au feeling »[s 7]. Pour parfaire son métier, l'acteur dévoile qu'il apprécie particulièrement assister aux projections en salle de cinéma ; il précise que dès la préparation du tournage, il travaille son jeu avant de faire la scène, en imaginant les réactions du public, à l'instar des méthodes qu'il a apprises au café-théâtre[s 6]. Selon lui, le metteur en scène se sert de ses propres motivations ou désirs[s 8]. À la question « Qui auriez-vous aimé être ? », il répond aussitôt : Marlon Brando, selon lui, le meilleur acteur de tous les temps et dont le talent reste actuel[réf. nécessaire]. Les comédiens qui l'intéressent sont « ceux qui ont un discours, pas des machines à répéter un texte »[s 13].
Liberté, instinct et impact des rôles
Claude Miller estime qu'il est cérébral mais pas un intellectuel et qu'il réagit surtout à l'instinct[alpha 156]. Portant depuis l'enfance des dizaines de personnages différents incarnés ou observés auprès des autres comédiens, Dewaere exploite tour à tour une ou plusieurs facettes de chacun, composant, adaptant et ajustant au gré de chaque nouvelle mise en scène[alpha 229]. Lors d'une interview au sujet du film Plein sud, il déclare : « Heureusement que je suis acteur. Comme ça, je peux vivre à travers les films »[s 32]. À la question de savoir si l'on sort intact de tous ces rôles, il confirme par exemple que d'avoir joué des actes de meurtre sont des éléments qui subsistent en lui[s 32]. Pour lui, une très faible différence existe entre la vie et son implication dans un rôle. Il résume alors : « Oui, ça doit taper un petit peu le mental »[s 32].
Au sujet d'Hôtel des Amériques d'André Téchiné, Dewaere avoue s'en être remis pour la première fois de sa carrière totalement au réalisateur : « C'est la première fois que je me sens autant à poil dans un film […] On raconte la seule chose qui nous reste encore aujourd'hui, c'est-à-dire l'amour… Et il ne peut être que passionnel »[s 8]. Dans le film Série noire, chaque jour de tournage et chaque scène ont représenté pour lui « un tournant du film »[s 33].
Autocritique
En , l'acteur confie lors d'une interview que prétendre inventer complètement un personnage est prétentieux et qu'un comédien « n'est pas le bon dieu »[alpha 236]. Évoquant l'après-succès des Valseuses, Dewaere confirme qu'à certains moments, croyant que plus aucun film ne lui serait proposé et qu'il « ne ferait plus jamais de cinéma », il avoue avoir eu peur et qu'une certaine « boulimie » de tournage le prenne[s 7]. Pour expliquer le côté cyclique de son orientation professionnelle, Dewaere indique que la pression provient du fait qu'il veut toujours faire mieux que le film exceptionnel qu'il vient parfois de réussir, sans trouver forcément par la suite, de rôles à la même hauteur[s 7]. Voulant toujours progresser, il déclare qu'après un rôle superbe, « il faut un petit moment pour redescendre de là »[s 7]. Le lors du Festival de Cannes pour présenter Série noire, interrogé sur sa manière de jouer ressentie par certains comme violente, exaspérante et son supposé manque de sobriété, il répond : « Mais j'ai l'impression que je suis sobre, moi. J'essaye d'être sobre au maximum. Peut-être que ce n'est pas mon tempérament. J'aimerais bien jouer comme Marlon Brando. Il ne fait rien et il est fou. Mais j'aimerais bien jouer avec Dustin Hoffman, aussi. Il en fait beaucoup et qui est vraiment tellement vrai. Je ne sais pas. Je ne sais pas ce que je dois faire. Je fais toujours au mieux ! »[s 17].
Concernant les récompenses du métier, il se révèle à la fois ironique et dépité : « Moi, j'ai toujours raté tous mes examens. Je suis très habitué. Je n'ai jamais été choisi par un jury, jamais. »[s 22]. En pleine période de drogue, de dépression et de doutes, il confie à Jean-Jacques Annaud au moment où celui-ci a reçu un Oscar pour La Victoire en chantant et un premier César en 1981 pour La Guerre du feu, qu'il s'estime être nul[alpha 237]. Dewaere soutient combien pour les acteurs, il est essentiel de rester discret hors des écrans afin que le public soit plus efficacement convaincu par les rôles interprétés[s 6]. Concernant l'autocritique de sa filmographie, il ne distingue que quatre films. Premièrement, La Meilleure Façon de marcher, dont il salue la mise en scène aboutie et le sujet « tellement rare, tellement fort et actuel »[s 7]. Deuxièmement, Série noire pour lequel il explique qu'après avoir lu l'histoire en quelques heures, il a téléphoné à 4 h du matin à Alain Corneau pour lui dire : « Si jamais tu proposes ce scénario à un autre acteur, je te pète la gueule illico »[s 7]. Troisièmement, Un mauvais fils au sujet duquel il indique : « Sautet m'a fait découvrir une méthode de jeu que je ne connaissais pas : utiliser les expressions du visage et une réelle sobriété »[s 7]. Et quatrièmement, Beau-père de Bertrand Blier[s 7]. Bien que très critique avec lui-même, Dewaere revendique cependant chacun des films qu'il a tournés[s 6].
L'acteur vu par les réalisateurs
Dix ans après sa mort, Jean-Paul Carrère, le réalisateur de ses premiers rôles estime qu'il était plein de facettes et que, pour la série Jean de la Tour Miracle, il était capable de tout faire : « le pitre, le clown, le séducteur… Les combats à l'épée alternaient avec les scènes d'émotion. Il faisait tout avec une facilité déconcertante. C'était un être à part. Très attachant »[alpha 212],[alpha 238].
Au sujet du film Adieu poulet, pour évaluer sa générosité d'acteur et sa forte prise de risques dans le jeu, Pierre Granier-Deferre met l'acteur sur le même plan que deux actrices qui l'ont particulièrement étonné lors des tournages : Simone Signoret et Romy Schneider[alpha 239].
Selon Yves Boisset, « Patrick est probablement le plus grand acteur de sa génération »[alpha 195]. Pour le tournage du film Le Juge Fayard dit « le Shériff », Boisset déclare que, par orgueil, Dewaere est allé très loin dans la provocation, pour incarner encore plus intensément le héros du film[alpha 240]. Il insiste pour manger un sandwich dans l'enceinte du palais de justice d'Aix-en-Provence alors qu'on l'a formellement interdit aux techniciens[alpha 98]. Le réalisateur et lui échangent un coup de poing puis il tombe dans ses bras en riant aux éclats[alpha 101]. Boisset sait combien ses rôles avaient une influence sur lui et il se refuse à lui faire jouer des perdants, des personnages à la dérive : « Je lui avais dit qu'il était complètement fou de s'enfermer dans ces personnages-là. Il se perdait lui-même »[alpha 102].
Luc Béraud, qui le dirige dans Plein sud, salue sa générosité d'acteur : « Il savait son texte au rasoir et était perfectionniste »[alpha 89].
Pour Beau-père, Bertrand Blier estime que Dewaere est coréalisateur du film et selon lui, il intervient a contrario du film Les Valseuses, déployant une très grande délicatesse avec la très jeune actrice adolescente et qu'il se comporte comme un Gentilhomme[28].
Pour Claude Miller, « il est très positif, très battant, très meneur d'équipe » mais « il avait mauvais caractère, il était soupe au lait et cabochard » et « avait du mal à se détacher des personnages. Il n'était jamais aussi bien que quand il jouait »[alpha 241],[alpha 242],[alpha 243]. Au sujet du film La Meilleure Façon de marcher : « Par son incarnation, Patrick lui a apporté une marge trouble », enrichissant ainsi le personnage[alpha 244].
Alain Corneau indique que Dewaere est très à l'aise avec les contraintes techniques du tournage, comme les marques au sol et qu'il se prépare soigneusement à l'avance par une très grande discipline de travail[28].
Selon Alain Jessua, pour la méthode qui est la base de l'Actors Studio, les acteurs sont impliqués vingt-quatre heures sur vingt-quatre dans leur personnage : « Quand vous avez un acteur comme ça, quelque part, il vous pousse à aller plus loin. C'est ce que j'ai eu avec Patrick Dewaere sur Paradis pour tous. Les critiques et le public ne se rendent pas compte de la dangerosité de ce métier. »[62].
Le pensant injustement « bohème de nature », Claude Sautet est surpris par la discipline et la rigueur dont l'acteur fait preuve dans son travail[alpha 245]. Concernant sa fragilité qu'il découvre lors du tournage du film Un mauvais fils, le réalisateur déclare : « J'ai toujours eu l'impression qu'il recherchait un père »[alpha 246].
Maurice Dugowson estime en 1991 que l'acteur l'a poussé à s'ouvrir à de nouveaux horizons dans la mise en scène, toujours prêt à tout remettre en question en plein tournage[alpha 247]. « Il était prêt à chercher, à faire le tour des possibilités, à ne pas se contenter de ce qui était écrit, à ne pas faire de pléonasmes »[alpha 247]. Et de préciser : « Une scène qui devait être dure ou triste, il la jouait gaie et on se rendait compte que cela la rendait encore plus terrible »[alpha 247].
André Téchiné réalisateur d'Hôtel des Amériques dévoile en 2006 combien pour lui Dewaere est une énigme[alpha 248]. Il travaille consciencieusement son personnage, maîtrise parfaitement son texte avec un jeu « très construit, très réglé, presque trop ». Cette démarche déroute le réalisateur qui ne s'y attend pas du tout car il se fait alors une idée préconçue de l'acteur[alpha 249].
Henri Verneuil, habitué à la cinématographie classique des années 1950 à 1970, découvre en Dewaere un acteur rigoureux et précis qu'il décrit en 1991 : « Jusqu'à la dernière limite d'une nuance, il comprenait la scène et il jouait juste, dès la première prise. C'est un bonheur immense pour un metteur en scène »[réf. nécessaire]. Le réalisateur admire sa sensibilité, sa précision, sa façon de jouer avec la caméra tout en restant parfaitement naturel. Il fait partie des cinq ou six acteurs que Verneuil retient parmi la centaine de stars qu'il a dirigées[alpha 250].
Jean-Jacques Annaud ne tarit pas d'éloges concernant Dewaere, soulignant sa puissance de jeu et le prodige qu'il est alors capable de jouer deux partitions à la fois en incarnant un même rôle[34].
Le réalisateur Marcel Carné reconnaît en 1989 que « Patrick Dewaere était le meilleur de la génération précédente » et regrette de n'avoir pas pu tourner avec lui[63].
Une critique féroce ou passionnée durant sa carrière
Entre 1965 et l'année de sa mort en 1982, la critique, la presse et les médias ont parfois salué, tantôt descendu en flammes le travail de l'acteur[alpha 251]. Entre ceux qu'il énerve par son jeu d'acteur « qui en fait trop », sans doute en avance ou trop influencé par les méthodes américaines et ceux bien moins nombreux qui le trouvent génial, Dewaere traverse la Nouvelle Vague et l'avant-gardisme de mai 68, sans correspondre exactement aux canons de l'époque ; d'autant plus qu'il tourne à la fois des films à vocation populaire comme Adieu poulet, La Clé sur la porte ou Coup de tête et des films bien plus ambitieux comme Série noire, Beau-père ou encore Un mauvais fils[alpha 252],[alpha 223],[alpha 253]. Ses comparses et amis Depardieu, Coluche ou encore Philippe Léotard s'en sortent médiatiquement bien mieux que lui à la même période[alpha 254].
Le film qui le révèle, Les Valseuses, suscite des réactions violentes de certains critiques[58]. La critique d’Adieu poulet (1975) dans Le Point, qualifiant de « monstres sacrés » Dewaere autant que Lino Ventura, est flatteuse : « La rencontre Ventura-Dewaere restera dans les annales. Contre le vieux briscard, le poids coq tient crânement le coup : petit poulet deviendra grand »[64]. Sur La Meilleure Façon de marcher (1976), Jean de Baroncelli écrit dans Le Monde qu'« il faut dire pour être tout à fait dans le vrai, que le film doit aussi sa réussite beaucoup à ses deux principaux interprètes : Patrick Dewaere dans le rôle de grossier personnage est tout à fait remarquable comme à son habitude », et José-Maria Bescos de Pariscope, louant Patrick Bouchitey, juge que « celui-ci est dé-fi-ni-ti-ve-ment un Grand… Avec les trois D — Depardieu, Dutronc, Dewaere — là aussi la relève est fameuse »[65].
À propos de F… comme Fairbanks (1976), la critique dans Le Nouvel Observateur admire « Patrick Dewaere, qui réussit à être Errol Flynn, James Cagney et Clark Gable tout en restant lui-même, c'est-à-dire un fabuleux acteur », Jean de Baroncelli du Monde le trouve « costaud et vulnérable, drôle et pathétique, Patrick Dewaere incarne avec une remarquable aisance Fairbanks-le-cascadeur et Fairbanks-le-paumé » et France-Soir s'ébahit « il passe de la joie à la tristesse, de la fantaisie au chagrin, de la décontraction à l'angoisse avec un talent fou. C'est vraiment quelqu'un, Patrick Dewaere »[s 34],[66].
Sur l'interprétation de Dewaere dans Le Juge Fayard dit « le Shériff » (1977), Jean-Paul Grousset du Canard Enchaîné lance : « Félicitations au comédien Patrick Dewaere ; il est entré sans effort dans la peau du personnage. Une peau semblable à celle du juge Renaud, qui finit naguère par avoir la pègre lyonnaise »[alpha 255]. Henri Rabine de La Croix considère que dans La Marche triomphale (1977) « Les comédiens sont hélas !, terrifiants de vérité. Franco Nero et Patrick Dewaere sont superbes, c'est-à-dire à tuer. »[67]. À propos de Coup de tête (1979) Jean Rochereau dans La Croix commente : « Patrick Dewaere joue cela comme ce fut écrit, avec calme, décontraction, assurance et ce regard lointain des misanthropes qui ne haïssent même plus les hommes tellement ils les méprisent, tout en s'apitoyant sur eux » ; selon François Chalais dans Le Figaro Magazine, pour ce « ce petit film [qui] est un grand film », « Patrick Dewaere en est l'idéal interprète »[68].
Sur Série noire (1979), La Saison Cinématographique note qu'« alors on s'extasie volontiers sur la direction de l'acteur Patrick Dewaere. Joli numéro d'acteur à dire vrai car il n'est pas possible d'appeler autrement ce « one-man-show » qui en fait beaucoup, beaucoup trop en tout cas pour être de la mise en scène », et Jacques Siclier se déclare plus tard impressionné par « le jeu survolté, frénétique de Patrick Dewaere, un minable à la tête pleine de rêves (l'éblouissante séquence de début où il mime le personnage qu'il voudrait être). L'acteur est prodigieux jusqu'au malaise mais tous les interprètes sont, à son unisson, extraordinaires »[69].
Le boycott de la presse qu'il subit à la fin de l'année 1980 pour avoir frappé un journaliste, marque pour lui un tournant majeur[alpha 174]. Il reçoit certes quelques avis positifs — comme celui de La Saison Cinématographique à propos de Beau-père (1981) : « Patrick Dewaere, tendre, hésitant, parfois coléreux, paumé et lâche exemplaire, fait preuve d'une maîtrise, d'une sensibilité remarquables »[70] — mais, surtout, il énerve et est détesté par certains critiques comme Gérard Lefort, lequel publie des mots d'une grande violence dans Libération, le jour même de son suicide en : « Dewaere jouait la comédie comme une chaussette molle, trimbalant sa petite gueule de frappe teigneuse comme unique carte de visite » et qualifie de navets les films Le Juge Fayard dit « le Shériff », Un mauvais fils ou encore Beau-père[s 35].
Un acteur mieux reconnu après sa mort
« Aujourd'hui, il est unanimement respecté et aimé… Mais à sa mort, c'était loin d'être le cas. »
— Marc Esposito, 2019[alpha 256].
Au fil des années, à force de revoir à nouveau les téléfilms et films qu'il a interprété ou lors de rétrospectives, les critiques ont sensiblement évolué[alpha 256]. Il faut attendre dix ans après sa mort pour que la critique s'intéresse véritablement à Patrick Dewaere, notamment à la suite du film documentaire qui lui est consacré par Marc Esposito : « Je me suis dit que ce serait bien de faire quelque chose sur Patrick Dewaere, de montrer que c'était un grand acteur, exagérément oublié et qu'il méritait dans nos mémoires la place d'un Gérard Philipe ou d'un Monty Clift. […] Je crois que Dewaere est très en accord avec l'état d'esprit d'aujourd'hui. Il incarne bien cette espèce de romantisme un peu désespéré qu'on a retrouvé, ces dernières années, dans des films comme 37°2 le matin ou Le Grand Bleu »[28],[71].
Le quotidien Libération, longtemps après sa mort, revoit son analyse et encense l'acteur : Un mauvais fils qui pourtant est qualifié de médiocre par le critique, n'est, selon le même critique « regardable que grâce à Patrick Dewaere »[72]. En 2006, la revue littéraire Bordel estime que « Patrick Dewaere a incarné la « fureur de vivre » à la française et demeure un modèle pour les générations de jeunes comédiens qui lui ont succédé »[alpha 257]. Dans une analyse synthétique en 2010, Rémi Fontanel précise : « Entier, sans limite ni tabou, d'une grande inventivité, Patrick Dewaere figure « l'acteur total par excellence » »[alpha 223]. Dans Le Figaro en 2017, il est qualifié de « saltimbanque habité, fonceur, cabochard, qui ne jouait plus uniquement sur la beauté physique pour emporter les spectateurs » et « son engagement dans le travail est intense, sa présence physique éclate même dans les rôles les plus intérieurs et tourmentés »[73].
En 2017, dans L'Express au sujet du duo Dewaere-Depardieu de 1978 : « Ils ne jouent pas, ils sont, à la façon de l'Actors Studio, qu'incarnent alors Dustin Hoffman et Robert De Niro de l'autre côté de l'Atlantique »[31]. En 2018, pour une soirée hommage sur la chaîne Arte diffusant Série noire puis La Meilleure Façon de marcher, un critique écrit « Les deux films révèlent la violence, la force du jeu, la volonté de bouleverser les codes et un grand perfectionnisme. Patrick Dewaere bouscule et heurte par son jeu brutal et sa façon d’être qui renvoient à l’impuissance d’être soi-même »[74]. En 2019, selon la publication Revus et Corrigés pour le film Un mauvais fils : « Dewaere en état de grâce. Lorsque le couple Dewaere / Fossey est au plus bas, il explose et évoque à son tour sa solitude et sa marginalité dans une société à bout de souffle »[75]. Selon la jeune génération des critiques comme Léa André-Sarreau des Inrocks, en 2019 il est délicat de « cerner son jeu fougueux et cérébral inspiré de l'Actors Studio, une méthode qui participe à brouiller la frontière entre sa personnalité fragile et ses rôles borderline »[61]. Pour Série noire lors d'une rétrospective en 2019, le programme de l’événement explique que « Patrick Dewaere incarne jusqu’au vertige les délires d’un personnage au bord de la folie. Peut-être son plus grand rôle »[76].
L'acteur vu par les acteurs
De nombreux acteurs français des décennies suivant sa mort se réclament de Patrick Dewaere, notamment Jean-Hugues Anglade, Hippolyte Girardot, Rémi Martin, Vincent Cassel, Nicolas Duvauchelle, Jean-Paul Rouve et Vincent Lindon[alpha 258],[77]. Le biographe Christophe Carrière soutient que l'acteur s'en rapprochant le plus est Vincent Lindon[77]. En 2003, Jean-Paul Rouve dédie à Patrick Dewaere le César du meilleur espoir masculin qu'il reçoit pour Monsieur Batignole[alpha 258]. Son film Quand je serai petit (2012) est également fortement influencé par Dewaere[alpha 258]. Jean Dujardin est à la fois admiratif et effrayé par la performance autodestructrice de Dewaere dans Série noire[78].
Rapport au succès et box-office
Les chiffres du box-office exprimés ici sont des cumuls parfois établis sur des décennies d'exploitation. Ils ne reflètent pas forcément le succès du film à sa sortie.
Exprimant souvent un apparent rejet des conventions, des aspects commerciaux et des récompenses, Dewaere prête pourtant attention à son succès au box-office et à la reconnaissance du public[alpha 172]. Parmi ses succès les plus populaires au cinéma, Les Valseuses (1974) avec Depardieu et Miou-Miou obtient 5 726 031 entrées, soit de très loin, le premier et le plus grand score de toute sa carrière suivi d’Adieu poulet avec Lino Ventura, sorti un an plus tard, qui recueille 1 945 678 spectateurs[79],[80]. Dans sa période faste entre 1975 et 1980, l'acteur attire plus de spectateurs que son alter-ego et adversaire Depardieu, alors jugé moins beau et plus inquiétant que Dewaere par les producteurs[alpha 259]. Ainsi, il obtient avec La Clé sur la porte (1978), aux côtés d'Annie Girardot pour une comédie familiale et sociale, 1 893 290 entrées[79],[80]. L'année 1977 est majeure pour lui car il est aussi en vedette du film Le Juge Fayard dit « le Shériff » avec 1,7 million de spectateurs[80]. Le retour en duo avec Depardieu pour Préparez vos mouchoirs (1978) convainc 1 321 087 cinéphiles suivi du score de Beau-père (1981) avec 1 197 816 entrées mais dont le résultat commercial est ressenti comme une déception par Dewaere[80],[alpha 260]. Le film Mille milliards de dollars (1982) du réalisateur à succès Henri Verneuil obtient 1 190 673 spectateurs ressenti comme un semi-échec par rapport aux attentes de l'acteur[80],[alpha 261]. En dépit du boycott des médias qu'il subit, le film Un mauvais fils (1980), parvient à attirer 1 million de personnes mais c'est à l'époque le plus mauvais résultat commercial du réalisateur[79],[alpha 163].
La comédie Coup de tête (1979) engendre 902 144 entrées et Série noire (1979), malgré un thème noir et complexe, réussit à convaincre 892 658 cinéphiles[80],[79]. À cette période selon Myriam Boyer, il redoute l'insuccès et il est poursuivi par l'idée que tout peut s'arrêter professionnellement pour lui[alpha 139]. Dans l'ordre des entrées, on notera que la comédie Psy (1981), du pourtant populaire Philippe de Broca, obtient 641 332 spectateurs devance La Meilleure Façon de marcher (1976) avec 588 030 entrées[80]. Au bas du classement, son dernier film Paradis pour tous sorti durant l'été de sa mort en 1982 rassemble 558 557 entrées et le drame Hôtel des Amériques avec Catherine Deneuve sorti l'année précédente fait le faible score de 498 153 tickets[80]. Selon Marc Esposito, il subit sa cinquième déception en deux ans pour ce film[alpha 259].
F… comme Fairbanks (1976) plafonne à 458 557 entrées tout comme Lily aime-moi (1975) avec 397 561 spectateurs[80]. Ses autres films recueillent moins de 350 000 entrées avec dans l'ordre du plus élevé au plus faible : La Marche triomphale (1977)[81], la comédie légère Catherine et Compagnie (1975) avec Jane Birkin[réf. nécessaire], Plein sud (1981)[40] et le film devenu culte Themroc (1973)[alpha 262],[80].
Carrière
Sous le nom de Patrick Maurin
- 1950 : Primerose de Robert de Flers, théâtre national de Chaillot
- 1952 : Une maison de poupée d’Henrik Ibsen, Comédie-Caumartin
- 1953 : L'homme qui a perdu son ombre d’Adelbert von Chamisso, théâtre des Mathurins
- 1955 : Procès de famille de Diego Fabbri, mise en scène José Quaglio, théâtre de l'Œuvre
- 1956 : Misère et Noblesse d'Eduardo Scarpetta, mise en scène Jacques Fabbri, Alliance française
- 1958 : Jimmy Boy et Davy Crocket de Joseph Bouglione, Cirque d'Hiver
- 1959 : Le Vélo devant la porte d'après la pièce The Desperate Hours de Joseph Hayes, mise en scène Jean-Pierre Grenier, théâtre Marigny
- 1959 : Mon père avait raison de Sacha Guitry, mise en scène André Roussin, théâtre de la Madeleine
- 1961 : L'Auberge du Cheval-Blanc de Ralph Benatzky, théâtre du Châtelet
- 1962 : De doux dingues de Michel André, théâtre Édouard-VII
- 1962 : L'Arlésienne (Bizet) d’après Alphonse Daudet et Georges Bizet, Olympia et Opéra municipal de Marseille
- 1963 : Fils de personne d’Henry de Montherlant, théâtre des Mathurins
- 1963 : L'Embroc d’Henry de Montherlant, théâtre des Mathurins
- 1963 : La Ville dont le prince est un enfant d’Henry de Montherlant, théâtre des Mathurins
- 1964 : Le Marchand de cercueils d'Alexandre Pouchkine mise en scène de Jean-Paul Cisife, théâtre des Mathurins
- 1964 : Les Yeux de dix-huit ans de Jean Schlumberger, mise en scène de Jean-Paul Cisife, théâtre des Mathurins
- 1964 : Césaire ou la Puissance de l'esprit de Jean Schlumberger, mise en scène Jean-Paul Cisife, théâtre des Mathurins
- 1965 : Les Filles de Jean Marsan, mise en scène Jean Le Poulain, théâtre Édouard-VII
Sous le nom de Patrick Dewaere
- 1968 : Ma déchirure de Jean-Pierre Chabrol, mise en scène Gabriel Garran, théâtre de la Commune
- 1969 : Des boulons dans mon yaourt (collectif), Café de la Gare
- 1969 : Jaune devant, marron derrière (collectif), Café de la Gare
- 1970 : Les Semelles de la nuit (collectif), Café de la Gare
- 1970 : Et à la fin était le bang de René de Obaldia, mise en scène Michel de Ré, Festival de Vaison-la-Romaine
- 1971 : Le Soir des diplomates de et mise en scène Romain Bouteille, théâtre de Poche Montparnasse
- 1971 : Allume, j'étouffe de et mise en scène Romain Bouteille, théâtre des Ambassadeurs
- 1977 : Pitoyable mascarade (collectif), Café de la Gare
- 1980 : Roderick, les trois lois de la robotique (collectif), Café de la Gare
Sous le nom de Patrick Maurin
- 1951 : Monsieur Fabre d’Henri Diamant-Berger : Émile (non crédité au générique)
- 1955 : La Madelon de Jean Boyer : un enfant du village
- 1956 : En effeuillant la marguerite de Marc Allégret : un frère d'Agnès (non crédité au générique)
- 1956 : Je reviendrai à Kandara de Victor Vicas : le petit garçon
- 1957 : La Route joyeuse de Gene Kelly : un des enfants de la famille nombreuse
- 1957 : Les Espions d’Henri-Georges Clouzot : le petit Moinet
- 1958 : Mimi Pinson de Robert Darène : le jeune frère de Mimi
- 1966 : Paris brûle-t-il ? de René Clément : un jeune résistant (non crédité au générique)
Sous le nom de Patrick Dewaere
- 1969 : L'Innocente, court métrage d'Olivier Ricard
- 1970 : La Jeune Veuve, court métrage de Marc Vaziaga
- 1971 : La Maison sous les arbres de René Clément : le jeune homme à l’écharpe jaune (non crédité au générique)
- 1971 : La Vie sentimentale de Georges le tueur, court métrage de Daniel Berger
- 1971 : Les Mariés de l'an II de Jean-Paul Rappeneau : un volontaire
- 1972 : Belle, court métrage de Iouri Guerman
- 1973 : Themroc de Claude Faraldo : le maçon / un policier
- 1974 : Les Valseuses de Bertrand Blier : Pierrot
- 1975 : Lily aime-moi de Maurice Dugowson : Gaston, le boxeur dit « Johnny Cask »
- 1975 : Catherine et Compagnie de Michel Boisrond : François de Charnison
- 1975 : Au long de rivière Fango de Sotha : Sébastien
- 1975 : Gliscom Butrew, court métrage de Sotha : Bleed
- 1975 : Pas de problème ! de Georges Lautner : le barman
- 1975 : Adieu poulet de Pierre Granier-Deferre : l'inspecteur Lefèvre
- 1976 : La Meilleure Façon de marcher de Claude Miller : Marc
- 1976 : La Marche triomphale (Marcia trionfale) de Marco Bellocchio : le lieutenant Baio
- 1976 : F… comme Fairbanks de Maurice Dugowson : André Fragman dit « Fairbanks »[n 17]
- 1977 : Le Juge Fayard dit « le Shériff » d'Yves Boisset : le juge Jean-Marie Fayard
- 1977 : La Chambre de l'évêque (La stanza del vescovo) de Dino Risi : Marco Maffei
- 1978 : La Clé sur la porte d'Yves Boisset : Philippe
- 1978 : Préparez vos mouchoirs de Bertrand Blier : Stéphane
- 1979 : Le Grand Embouteillage (L'ingorgo) de Luigi Comencini : l’homme aux monologues
- 1979 : Coup de tête de Jean-Jacques Annaud : François Perrin
- 1979 : Série noire d’Alain Corneau : Franck Poupart
- 1979 : Paco l'infaillible de Didier Haudepin : Pocapena
- 1980 : Un mauvais fils de Claude Sautet : Bruno Calgagni
- 1980 : Psy de Philippe de Broca : Marc
- 1981 : Plein sud de Luc Béraud : Serge Laine
- 1981 : Les matous sont romantiques de Sotha : le voisin
- 1981 : Hôtel des Amériques d'André Téchiné : Gilles Tisserand
- 1981 : Beau-père de Bertrand Blier : Rémi Bachelier
- 1982 : Mille milliards de dollars d'Henri Verneuil : Paul Kerjean
- 1982 : Paradis pour tous d’Alain Jessua : Alain Durieux[n 18]
Sous le nom de Patrick Maurin
- 1952 : Les Quatre Éléments de Maurice Cazeneuve, téléfilm : Bruno[alpha 263]
- 1953 : Quand minuit sonne de Jacques-Gérard Cornu, téléfilm : un enfant[alpha 263]
- 1953 : Le Jouet merveilleux de Roger Iglésis, pièce télédiffusée : Jacques[alpha 263]
- 1954 : Une maison de poupée de Claude Loursais, pièce télédiffusée : un enfant
- 1957 : Le Drame des gosses de Roger Dathys, téléfilm dramatique : un enfant[alpha 263]
- 1957 : Tibère de René Wilmet, pièce télédiffusée : un enfant[alpha 263]
- 1957 : Si c'était vous ?, épisode Délinquance juvénile de Marcel Bluwal, série télévisée : Montel, jeune[alpha 263]
- 1958 : Misère et Noblesse de Marcel Bluwal d'après Eduardo Scarpetta : Pepeniello
- 1958 : Si c'était vous ? de Marcel Bluwal, série télévisée : Jeannot[alpha 263]
- 1958 : Les Guérisseurs de la planète de Roger Dathys, téléfilm : un garçon[alpha 263]
- 1959 : Notre Petite Ville de Marcel Bluwal d'après Thornton Wilder : Edouard[82].
- 1959 : Attention... Je pique ! de Michèle Angot, réalisé par Ange Casta : le marmiton
- 1959 : Tojuro et l'Amour d'Alain Trutat, pièce télévisée : Otaro[alpha 263]
- 1959 : Champi-tortu de Roger Dathys, téléfilm pour la jeunesse : un enfant[alpha 263]
- 1959 : La Malle volante de Marcel Cravenne, téléfilm pour la jeunesse : le petit garçon[alpha 263]
- 1959 : La Jeunesse de Rabelais d'Alain Trutat, téléfilm : le petit garçon[alpha 263]
- 1959 : J'ai un beau château d'Henri Soubeyran, téléfilm : l'enfant[alpha 263]
- 1960 : La Vie des autres d'Henri Soubeyran, téléfilm dramatique : Tressmayr fils[alpha 263]
- 1960 : Vanina d'Henri Soubeyran, téléfilm dramatique : Bernard[alpha 263]
- 1960 : L'Indésirable d'Henri Soubeyran, téléfilm historique : Henri VI[alpha 263]
- 1961 : La Déesse d'or, téléfilm de Robert Guez : Alain
- 1961 : Livre mon ami de Claude Santelli, théâtre jeunesse : un enfant[alpha 263]
- 1961 : Si vous voulez savoir d'André Calvin, pièce télévisée : un enfant[alpha 263]
- 1961 : En attendant demain de Gilbert Pineau, pièce télévisée : un jeune adolescent[alpha 263]
- 1961 : Les Mohicans de Paris de Pierre Christian Renard, série télévisée : Babolin[alpha 263]
- 1961 : Le Noël du petit cireur de Raoul Auclair, pièce télévisée : l'enfant[alpha 263]
- 1962 : L'Enfance de Jean-Jacques Rousseau d'Alain Barroux, téléfilm : Rousseau enfant[alpha 263]
- 1963 : Les Forêts en septembre d'Alain Barroux, téléfilm : Bernard[alpha 263]
- 1963 : La Croisade des enfants de Cécile Aubry, téléfilm : un enfant[alpha 263]
- 1964 : Mesdames, Messieurs…, pièce produite pour la télévision anglaise BBC : Alain[alpha 25]
- 1964 : Yann de Yannick Andréi, téléfilm : Yann[alpha 25]
- 1964 : L'Abonné de la ligne U, série de Yannick Andréi : le groom Jacques
- 1964 : Les Trois Coups, pièce produite pour la télévision anglaise BBC : Carlot
- 1965 : Marie Curie - Une certaine jeune fille (2e partie : « Le radium »), téléfilm de Pierre Badel : un jeune étudiant Montembœoeuf[alpha 25]
- 1966 : Un jour comme les autres (1re partie : « Au Moyen Âge : La maison de l'orfèvre ») : Phœbus[alpha 25].
- 1966 : Vive la vie de Joseph Drimal (saison 1 - épisodes 36 à 40) : Laurent
Sous le nom de Patrick Dewaere
- 1964 : Les Hauts de Hurlevent, téléfilm de Jean-Paul Carrère : Heathcliff jeune[83]
- 1967 : Jean de la Tour Miracle, téléfilm de Jean-Paul Carrère : Jean
- 1971 : Si j'étais vous, téléfilm d'Ange Casta : Camille
Radio
Tous ses rôles à la radio sont crédités sous le nom de « Patrick Maurin ».
- 1954 : Une maison de poupée de Claude Loursais, d’après Henrik Ibsen : un enfant (RTF).
- 1959 : Tous ceux qui tombent de Samuel Beckett (RTF)
- 1960 : Le Livre de la jungle, pour la RTF, d'après Rudyard Kipling adapté par Muse Dalbray[84].
- 1968 : Phœbus, le lion des Pyrénées, fiction historique radiophonique en 100 épisodes diffusée du au sur l'ORTF radio , d'après Rudyard Kipling adapté par Robert Arnaut[s 36].
Doublage
- 1961 : West Side Story de Robert Wise : Baby John (Eliot Feld)
- 1962 : Lutte sans merci (13 West Street) de Philip Leacock : Tommy (Mark Slade)
- 1965 : Furie sur le Nouveau-Mexique (Young Fury) de Christian Nyby : Sam (Dal Jenkins)
- 1967 : Le Lauréat (The Graduate) de Mike Nichols : Benjamin Braddock (Dustin Hoffman)
- 1967 : Hombre de Martin Ritt : Billy Lee Blake (Peter Laser)
- 1967 : Escalier interdit (Up the Down Staircase) de Robert Mulligan : Joe Ferone (Jeff Howard)
- 1967 : Le Retour des anges de l'enfer (Hells Angels on Wheels) de Richard Rush : Bull (Richard Anders)
- 1967 : Le Plus Heureux des milliardaires (The Happiest Millionaire) de Norman Tokar : Angie Buchanan Duke (John Davidson)
- 1968 : Il était une fois dans l'Ouest (C'era una volta il West) de Sergio Leone : Patrick McBain (Gaetano Santaniello)
- 1969 : Les parachutistes arrivent (The Gypsy Moths) de John Frankenheimer : Malcolm Webson (Scott Wilson)
- 1969 : Macadam Cowboy (Midnight Cowboy) de John Schlesinger : Joe Buck (Jon Voight)
- 1970 : La Cité de la violence (Città violenta) de Sergio Sollima : le jeune prisonnier (Ben Levy)
- 1971 : Marie Stuart, Reine d'Écosse (Mary, Queen of Scots) de Charles Jarrot : lord Henry Darnley (Timothy Dalton)
- 1972 : Ludwig : Le Crépuscule des dieux (Ludwig) de Luchino Visconti : le page Osterholzer (Helmut Stern)
- 1972 : La Dernière Maison sur la gauche (The Last House on the Left) de Wes Craven : Junior Stillo (Marc Sheffler)
- 1972 : Le Flingueur (The Mechanic) de Michael Winner : Steve McKenna (Jan-Michael Vincent)
- 1972 : Les flics ne dorment pas la nuit (The New Centurions) de Richard Fleischer : le policier Phillips (Burke Byrnes).
- 1973 : La dialectique peut-elle casser des briques ? de René Viénet (commentaire)
- 1973 : Odyssée sous la mer (The Neptune Factor) de Daniel Petrie : Dave Moulton (Mark Walker)
Pièces sonores
Entre 1953 et 1963, durant son enfance, Patrick Maurin parfois crédité Patrick Morin joue différents personnages dans des pièces sonores enregistrées et une série de disques principalement destinés au jeune public. La Bibliothèque nationale de France a réédité en numérique certains de ces disques, qu'elle met librement à disposition au public, notamment sur son site d'archives sonores.
- 1953 : Peter Pan, d'après J. M. Barrie et le film d'animation de Walt Disney[85].
- 1959 : Le Voyage vers la lune, d'après une idée de John Ronald[86].
- 1959 : L'Homme a des ailes, d'après une idée de John Ronald[86].
- 1960 : Dominique Savio, patron des adolescents de Schielé et Mouillard, musique originale d'Emile Delpierre[87].
- 1960 : Le Bracelet de vermeil de Serge Dalens, adapté et réalisé par Robert Prot et Henri Agogue[88]
- 1961 : L'Auberge des trois guépards, dans la collection « Signe de piste » de Mik Fondal alias Jean-Louis Foncine et Serge Dalens, adaptation et réalisation Pierre Marteville[89].
- 1961 : Prince Éric de Serge Dalens, adaptation et réalisation de Pierre Marteville[90].
- 1961 : Les Misérables : Marius et Cosette, d'après Victor Hugo, adaptation de Pierre Hiegel, réalisation Gérard Barbier[91].
- 1961 : La Bande des Ayacks de Jean-Louis Foncine, adaptation et réalisation de Robert Prot[92].
- 1962 : La Mission de Don Bosco / La vocation de Don Bosco de Suzanne Cornillac, musique originale d’Émile Delpierre[93].
- 1963 : Le Sapin et l'Oiseau de Noël de Monique Bermond, réalisé par Jacqueline Porel[94].
Compositions et/ou interprétations
- 1971 : compose et chante en duo avec Françoise Hardy, T’es pas poli (paroles de Sotha)[n 19].
- 1976 : signe la musique du film F… comme Fairbanks (une composition qu'il improvise au piano et sélectionnée par le réalisateur).
- 1978 : compose et enregistre deux titres sortis en 45 tours et produits par Yves Simon : L’Autre (paroles de Sotha) et Le Policier (paroles de Patrick Dewaere)[95].
- 2006 : huit chansons inédites composées et interprétées par l'acteur sont éditées sur un CD accompagnant la biographie écrite par sa mère[96].
Distinctions
En 1975, Dewaere reçoit l'Étoile de cristal du meilleur acteur, ex-aequo avec Patrick Bouchitey pour La Meilleure Façon de marcher[97]. Cette « moitié de trophée » est l'unique récompense que la profession lui décernera.
Entre 1976 et 1982, l'Académie des arts et techniques du cinéma français nomme six fois l’acteur sans jamais lui attribuer un seul César du cinéma[98] :
- 1976 : nomination au César du meilleur acteur dans un second rôle pour Adieu poulet
- 1977 : nomination au César du meilleur acteur pour La Meilleure Façon de marcher
- 1978 : nomination au César du meilleur acteur pour Le Juge Fayard dit « le Shériff »
- 1980 : nomination au César du meilleur acteur pour Série noire
- 1981 : nomination au César du meilleur acteur pour Un mauvais fils
- 1982 : nomination au César du meilleur acteur pour Beau-père
Le , l'Oscar du meilleur film étranger est attribué à Préparez vos mouchoirs de Bertrand Blier, en raison notamment de l'interprétation de son couple vedette Dewaere-Depardieu. Le film connaît un succès d'estime à l'étranger mais n'attire que 1,3 million de spectateurs en France[99].
Hommages
Au cinéma
Dans le film La Science des rêves (2006) de Michel Gondry, le héros interprété par Gael García Bernal se métamorphose en Patrick Dewaere lors d'une scène et rejoue plusieurs scènes majeures du film Série noire[100]. Le titre de la bande musicale originale accompagnant cette séquence s'intitule Rêve Patrick Dewaere[réf. nécessaire].
En musique
- 1982 : Ami de Dewaere, Murray Head signe la chanson Shades of the Prison House dans l'album Shade et qui sera reprise comme bande originale du film Patrick Dewaere, réalisé par Marc Esposito, en 1992[101],[102],[103].
- 1983 : Louis Chedid évoque le souvenir de l'acteur dans sa chanson Les absents ont toujours tort[104].
- La même année, Catherine Lara lui rend également hommage, avec le titre T'es pas drôle[105].
- 1994 : Christian Décamps sur l'album Nu avec la chanson Impasse du Moulin Vert.
- 1996 : dans la chanson Nirvana de l'album Premières Consultations, Doc Gynéco écrit : « J’vais me foutre en l’air comme Patrick Dewaere ».
- 2002 : Renaud évoque Dewaere dans sa chanson Mon bistrot préféré sur l’album Boucan d’enfer.
- 2005 : Raphael lui rend hommage avec sa Chanson pour Patrick Dewaere sur l'album Caravane.
- 2017 : la formation pop-rock Dewaere est créée à Saint-Brieuc, dont le nom est choisi en hommage à l'acteur, né dans la même ville soixante-dix ans plus tôt.
Divers
- En , une unité de soins pour jeunes adultes suicidaires prend son nom, au Centre hospitalier spécialisé de Lierneux en Belgique[106].
- En 2008, le prix Patrick-Dewaere, destiné à récompenser les acteurs espoirs du cinéma français, est créé en remplacement du prix Jean-Gabin existant depuis 1980.
- Le , l’esplanade du théâtre de Verdure située dans le parc des promenades de Saint-Brieuc, sa ville natale, est baptisée esplanade Patrick-Dewaere, en présence de Mado Maurin, Jean-François Vlérick, Luc Béraud et Gilles Durieux notamment[107],[108],[109].
Vidéographie
Environ un tiers des films dans lesquels Patrick Dewaere est apparu comme acteur est édité en vidéo[alpha 14].
Un coffret hommage comprenant dix longs métrages et le documentaire de Bertrand Tessier, Patrick Dewaere, le dernier jour, a été plusieurs fois annoncé par l'éditeur Studiocanal, puis retardé[110]. Après divers problèmes de production et de droits, le coffret est édité en [111].
En 2002, le réalisateur et écrivain Alexandre Moix réalise Patrick Dewaere, l'enfant du siècle pour la chaine Planète+ et diffusé sur France Télévisions. Ce film de cinquante-deux minutes est composé de documents rares et inédits, notamment la dernière interview filmée de l'acteur trois jours avant son suicide[réf. nécessaire]. Le tout est appuyé par des propos drôles et émouvants d'Yves Boisset, Vincent Cassel, Jean-Paul Rouve, Jean-Jacques Annaud, Sotha, Serge Rousseau, Lola Dewaere sa deuxième fille, Ariel Besse, Bertrand Blier, Alain Jessua et Jean-Marc Loubier[réf. nécessaire]. En 2005, Alexandre Moix réalise également La Ballade de Fairbanks, un film de vingt-six minutes, accompagnant le film F... comme Fairbanks dans le coffret DVD[réf. nécessaire]. Il réalise aussi le film La Bande à Lily pour le coffret DVD du film Lily aime-moi[réf. nécessaire]. Alexandre Moix est aussi l'auteur des interviews de Alain Corneau et de Marie Trintignant pour le DVD du film Série Noire[réf. nécessaire].
De même, le film Plein sud aurait dû être édité le chez Gaumont Tristar mais, pour des raisons de distribution, sa sortie est plusieurs fois repoussée[n 20][réf. nécessaire]. Il sort finalement le mais dans une copie non restaurée[112]. Au printemps 2017, après des décennies d'absence, le film Au long de rivière Fango de Sotha ressort puis est édité en DVD en [113],[114].
Toutefois à ce jour, plusieurs films où il tient un rôle important n’ont jamais été édités en DVD : La Clé sur la porte d'Yves Boisset, Paco l'infaillible de Didier Haudepin et Catherine et Compagnie de Michel Boisrond[réf. nécessaire]. Également introuvable en vidéo, le film documentaire de Marc Esposito intitulé Patrick Dewaere, sorti en 1992[28]. Sur son blog officiel, Marc Esposito précise que son film n'a jamais été édité ni en VHS, ni en DVD et qu'il est très peu probable qu'il le soit un jour[115]. Pressés de présenter le film au Festival de Cannes 1992, les producteurs n'ont en effet pas négocié les droits vidéo[réf. nécessaire]. Il est toutefois parfois diffusé à la télévision sur les chaînes thématiques. Certains films enfin existent uniquement en version italienne ou sont disponibles en VHS d’occasion[réf. nécessaire].
Enfin, il est impossible de trouver deux films dans lesquels il est crédité sous le nom de Patrick Maurin, durant son enfance : La Route joyeuse et surtout Je reviendrai à Kandara, dans lequel il tient un rôle important[réf. nécessaire].
Côté télévision, à part L'Abonné de la ligne U et Jean de la Tour Miracle sortis respectivement en 2008 et 2009, les productions de la Radiodiffusion-télévision française ou l’ORTF dans lesquels Dewaere joue un premier rôle, sont longtemps restés inédites en DVD[réf. nécessaire]. Il reste cependant possible de visionner certains feuilletons, dramatiques et téléfilms via les archives en ligne de l’Institut national de l'audiovisuel[réf. nécessaire].
Notes et références
Notes
- Prononciation en français de France standardisé retranscrite selon la norme API.
- Nom figurant sur l’extrait d'acte de naissance no 117-1947, état-civil de Saint-Brieuc. Bourdeaux est le nom d’épouse de Mado Maurin, bien qu’à l’époque elle soit déjà séparée de son mari. Le patronyme du père officiel, Pierre-Marie Bourdeaux, est également publié par Mado Maurin dans Patrick Dewaere mon fils, ma vérité (Le Cherche midi, 2006), page 18
- Patrick accomplit sa communion solennelle en 1959, à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre de Paris[alpha 8].
- Pour Mado Maurin, cette fiction fait étrangement écho aux tout derniers instants de Dewaere, installé face à son miroir, juste avant son geste fatal[alpha 21]
- Le terme « de vaere » signifie en ancien dialecte flamand « le vrai » : Dictionnaire franco-flamand, 1765 sur Google Livres.
- Générique de fin des Hauts de Hurlevent réalisé par Jean-Paul Carrère (de 1 h 51 min 42 s à 1 h 51 min 47 s).
- Reproduction d'un autographe de Patrick Dewaere datant de 1968 dans Mado Maurin, Patricke Dewaere, mon fils, la vérité, op. cit., p. 126.
- Âge de la majorité civile en France jusqu'en .
- Romain Bouteille a initialement prévu de créer ce théâtre pour les amis avec lesquels il a travaillé précédemment au cabaret : Rufus, Victor Lanoux, Jacques Higelin et Jean-Pierre Sentier. Mais au bout de huit mois de travaux, Rufus proposa que ce soit ceux qui avaient mis la main à la pâte qui constituent la troupe du Café de la Gare[alpha 45].
- Aux côtés notamment de Rosy Varte, voix française d'Anne Bancroft.
- Miou-Miou et Julien Clerc ont plus tard une fille ensemble, Jeanne, en 1978.
- Élisabeth Malvina Chalier selon le nom d’épouse figurant sur l’acte de décès de l’acteur, no 208-1982 de l’état-civil de la mairie du 14e arrondissement de Paris.
- L'acteur est accompagné de deux photographes reporters, Patrick da Silva et Patrick Ditche. Pour forcer le journaliste à faire des excuses à Elsa, il l'immobilise et ordonne à sa compagne de donner une gifle à Nussac, ce qu'elle refuse. Il lui donne lui-même alors un coup de poing[alpha 157].
- À noter que, l'espace d'une scène, Mado Maurin partage l'un des rares moments à l'écran avec son fils.
- Il a notamment travaillé des heures au piano pour être synchrone avec la bande sonore du film alors que, musicien autodidacte, il ne sait pas lire une partition comme il le confie à Pierre Bouteiller sur France Inter.
- Légende de la photo à la Une du quotidien Centre Presse où on voit l'acteur figurant le rôle de Marcel Cerdan, face à Evelyne Bouix « Le test de la paraffine, permettant d'établir avec un maximum de certitude que la victime tenait l'arme entre les mains lors du coup de feu, a été pratiqué avec succès sur les mains du comédien. », quotidien Centre Presse, page 1, samedi 17/07/1982
- Également crédité comme co-compositeur de la musique avec Roland Vincent.
- Le film est sorti à titre posthume en août 1982, un mois après la mort de Patrick Dewaere. Le film lui est dédié.
- La face B du 45 tours, Let My Name Be Sorrow, paroles et musique de Bernard Estardy et Martine Habib, est interprétée par Françoise Hardy seule.
- À noter que le même distributeur a produit un film homonyme de Sébastien Lifshitz, sorti en salles le .
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- Carrière 2012, p. 201.
- Lesueur 1992, p. 209.
- Carrière 2012, p. 202.
- Carrière 2012, p. 191.
- Carrière 2012, p. 214.
- Esposito 2019, p. 213.
- Carrière 2012, p. 65.
- Carrière 2012, p. 229.
- Lesueur 1992, p. 181.
- Carrière 2012, p. 235.
- Carrière 2012, p. 147.
- Carrière 2012, p. 227.
- Carrière 2012, p. 233.
- Carrière 2012, p. 234.
- Tessier 2007, p. 12.
- Lesueur 1992, p. 230.
- Maurin 2006, p. 234.
- Carrière 2012, p. 236.
- Carrière 2017, p. 9, préface de Lola Dewaere.
- Maurin 2006, p. 22.
- Maurin 2006, p. 222.
- Tenaille 2006, p. 27.
- Esposito 2019, p. 50.
- Tenaille 2006, p. 115.
- Maurin 2006, p. 101.
- Loubier 2002, p. 189.
- Loubier 2002, p. 263-271.
- Carrière 2012, p. 230.
- Carrière 2012, p. 231.
- Esposito 2019, p. 400.
- Esposito 2019, p. 449.
- Loubier 2002, p. 315.
- Lesueur 1992, p. 10.
- Lesueur 1992, p. 15.
- Carrière 2012, p. 26.
- Maurin 2006, p. 95.
- Maurin 2006, p. 96.
- Lesueur 1992, p. 19.
- Carrière 2012, p. 95.
- Lesueur 1992, p. 20.
- Lesueur 1992, p. 23.
- Maurin 2006, p. 121.
- Fontanel 2010, p. 15.
- Lesueur 1992, p. 24.
- Lesueur 1992, p. 37.
- Maurin 2006, p. 138.
- Maurin 2006, p. 130.
- Fontanel 2010, p. 11.
- Fontanel 2010, p. 108.
- Fontanel 2011, p. 15.
- Fontanel 2010, p. 25.
- Fontanel 2010, p. 24.
- Fontanel 2010, p. 10.
- Fontanel 2010, p. 46.
- Fontanel 2010, p. 49.
- Lesueur 1992, p. 55.
- Carrière 2012, p. 57.
- Fontanel 2010, p. 60.
- Fontanel 2010, p. 61.
- Fontanel 2010, p. 16.
- Lesueur 1992, p. 63.
- Dureau 1985, p. 101.
- Maurin 2006, p. 147.
- Fontanel 2010, p. 89.
- Dureau 1985, p. 5.
- Loubier 2002, p. 107.
- Loubier 2002, p. 298.
- Maurin 2006, p. 122.
- Maurin 2006, p. 29.
- Carrière 2012, p. 109.
- Maurin 2006, p. 89.
- Maurin 2006, p. 93.
- Maurin 2006, p. 91.
- Maurin 2006, p. 94.
- Maurin 2006, p. 24.
- Maurin 2006, p. 25.
- Maurin 2006, p. 155.
- Maurin 2006, p. 188.
- Maurin 2006, p. 187.
- Maurin 2006, p. 253.
- Carrière 2012, p. 242.
- Carrière 2012, p. 14.
- Fontanel 2010, p. 17.
- Carrière 2012, p. 59.
- Jean-Paul Grousset, Le Canard enchaîné, cité in Dureau 1985, p. 118
- Esposito 2019, p. 214.
- Bordel n°6 2007.
- Carrière 2012.
- Esposito 2019, p. 212.
- Carrière 2012, p. 203.
- Carrière 2012, p. 215.
- Carrière 2012, p. 47.
- Loubier 2002, p. 316.
Annexes
Articles connexes
Ouvrages biographiques
- Alain Penso, Patrick Dewaere, Paris, éditions PAC, coll. « Tête d'affiches », (ISBN 978-2-35012-085-0)
- Mado Maurin, Parce que c'est vrai !, Paris, éditions MAME, coll. « Raisons de vivre », (ISBN 978-2-7289-0182-1)
- Christian Dureau, Patrick Dewaere, Paris, PAC, coll. « Ciné-Poche », (ISBN 978-2-85336-254-2)
- Véronique Lesueur, Patrick Dewaere, Paris, Presses de la Cité, (ISBN 978-2-258-03490-7)
- Mado Maurin, Patrick Dewaere, mon fils, cet inconnu, Paris, MAME, (ISBN 978-2-7289-0585-0)
- Jean-Marc Loubier, Patrick Dewaere, la frayeur de vivre, Paris, éditions Michel Lafon, , 326 p. (ISBN 978-2-84098-831-1)
- Mado Maurin, Patrick Dewaere, mon fils : La Vérité, Paris, Le Cherche midi, , 295 p. (ISBN 978-2-7491-0531-4)Mado Maurin collecte des témoignages sur la vie de son fils. Accompagné d'un CD audio avec 8 chansons inédites, écrites et interprétées par Patrick Dewaere.
- Bertrand Tessier, Patrick Dewaere : La Douleur de vivre, Paris, Albin Michel, , 96 p. (ISBN 978-2-226-15214-5)Livre-album avec des photos de films et des photos personnelles inédites. Préface inédite et manuscrite de Bertrand Blier.
- Stéphane Million (dir.), Bordel : Patrick Dewaere, vol. 6, Paris, Scal, , 272 p. (ISBN 978-2-35012-085-0, présentation en ligne) Numéro spécial de la revue littéraire Bordel en hommage à Patrick Dewaere dans lequel 22 écrivains et artistes parmi lesquels Jean Tulard, Bernie Bonvoisin, Jean-Paul Rouve, Jérôme Attal donnent leur vision romanesque de l’artiste.
- Rémi Fontanel (préf. Sotha), Patrick Dewaere, le funambule, Paris, Scope Éditions, , 122 p. (ISBN 978-2-912573-54-4 et 2-912573-54-8, présentation en ligne)Auteurs de plusieurs publications et conférences sur Patrick Dewaere, l'universitaire Rémi Fontanel lui consacre une « étude actorale », tentant d'expliquer l'influence de sa biographie dans ses personnages puis de détailler les caractéristiques techniques de son jeu d'acteur.
- Christophe Carrière, Patrick Dewaere : Une vie, Paris, Balland, , 250 p. (ISBN 978-2-35315-150-9, lire en ligne)
- Christophe Ernault, Miou-Miou et les Valseuses, collection Schnock N°7, Paris, La Tengo, , 175 p. (ISBN 978-2-35461-044-9)
- Tessa Ivascu, Un homme fatal, Paris, éditions eFEUILLES, , 33 p. (ISBN 979-10-92970-19-7)
- Tessa Ivascu, Deux paires d'as du cinéma : Depardieu - Dewaere, Nicholson : Travolta, Paris, eFEUILLES, , 99 p. (ASIN B00H6SAW7A)
- Enguerrand Guépy, Un Fauve, Monaco, éditions du Rocher, , 192 p. (ISBN 978-2-268-08492-3) — roman sur le dernier jour de l'acteur
- Christophe Carrière (préf. Lola Dewaere), Patrick Dewaere, l'écorché, Paris, Michel Lafon, , 237 p. (ISBN 978-2-7499-3256-9). Biographie où Christophe Carrière enquête notamment sur les raisons du suicide de Patrick Dewaere, alors qu'il connaît enfin la gloire dans son métier d'acteur.
- Julien Cola, Lettre à Patrick Dewaere, Paris, auto édition, , 131 p. (ISBN 978-1-0904-8068-2)
- Laurent-Frédéric Bollée (scénario) et Maran Hrachyan (dessin), Patrick Dewaere : À part ça, la vie est belle, Grenoble, Glénat, collection « 9 1/2 » (roman graphique), , 136 p. (ISBN 978-2-344-01704-3 et 9782344017043, présentation en ligne)
Ouvrages complémentaires
- Charles Joyon, Du café au théâtre : Voyage avec les baladins des petites scènes, L'Harmattan, coll. « Univers théâtral », , 640 p. (ISBN 2-296-34734-7, lire en ligne).
- Frank Tenaille, Coluche, même pas mort, éditions n°1, , 196 p. (ISBN 2-84612-357-8, lire en ligne).
- Sandro Cassati, Coluche : du rire aux larmes, City Éditions, , 234 p. (ISBN 978-2-35288-716-4 et 2-35288-716-X).
- Philippe Durant, Les Éléphants : « Blier, Carmet, Marielle, Rochefort et les autres… », Paris, Sonatine Éditions, , 228 p. (ISBN 978-2-35584-108-8).
- Marc Esposito, Mémoires d'un enfant du cinéma, Paris, Robert Laffont, , 552 p. (ISBN 978-2-221-23931-5).
Émissions et documentaires
- Marc Esposito, Patrick Dewaere, long-métrage, 1992.
- Film documentaire réalisé par Marc Esposito, journaliste à Première, à l’occasion du 10e anniversaire de la disparition de l'acteur, consistant en une collection de témoignages de certains de ses proches : Bertrand Blier, Alain Corneau, Miou-Miou, Claude Sautet, Sotha, etc.
- Alexandre Moix, Patrick Dewaere, l’enfant du siècle, France 2, 2003.
- Documentaire de 52 minutes, assemblant des documents rares et inédits, notamment la dernière interview filmée de l’acteur, trois jours avant son suicide, avec les commentaires drôles et émouvants d’Yves Boisset, Vincent Cassel, Jean-Paul Rouve, Jean-Jacques Annaud, Sotha, Serge Rousseau (son agent), Lola Dewaere (sa deuxième fille), Ariel Besse, Bertrand Blier, Alain Jessua et Jean-Marc Loubier (son biographe).
- Philippe Labro, Légende : Patrick Dewaere, l’écorché vif, France 3, 2005.
- Bertrand Tessier, Patrick Dewaere, le dernier jour, France 2, 2007.
- Parallèlement à la sortie de son livre-album Patrick Dewaere, la douleur de vivre (Albin Michel), Bertrand Tessier réalise Patrick Dewaere, le dernier jour, diffusé sur France 2 dans l’émission de Laurent Delahousse Un jour, une heure. Ce documentaire retrace les dernières heures de Patrick Dewaere avec des images de Claude Lelouch tournées le matin même de sa mort et les témoignages de proches Bertrand Blier, Yves Boisset, Claude Lelouch, Mado Maurin, Jean-François Vlérick, Sotha et Jean-Marc Loubier, son biographe.
Liens externes
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