Le Grand Bleu
Le Grand Bleu est un film franco-italo-américain coécrit, coproduit et réalisé par Luc Besson et sorti en 1988. Ce film générationnel est très librement inspiré des vies de Jacques Mayol et Enzo Maiorca, célèbres champions de plongée en apnée, ainsi que de la propre enfance de Luc Besson.
Pour les articles homonymes, voir Le Grand Bleu (homonymie).
Réalisation | Luc Besson |
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Scénario |
Luc Besson Robert Garland Marilyn Goldin Marc Perrier Jacques Mayol |
Musique | Éric Serra |
Acteurs principaux | |
Sociétés de production |
Les Films du loup Gaumont |
Pays d’origine |
France États-Unis Italie |
Genre | drame romantique |
Durée | 136 minutes |
Sortie | 1988 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
Le film fait l'ouverture du festival de Cannes 1988 où il reçoit un accueil assez glacial de la presse. Ayant reçu six nominations aux César (dont celui du meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur), il remporte le César de la meilleure musique et celui du meilleur son. Le film ressort dans une version longue director's cut en 1989.
Synopsis
En Grèce dans les années 1960, le jeune Français Jacques Mayol aime plonger. L'Italien Enzo Molinari[Note 1] en fait déjà son rival. À la suite d'un accident de plongée, le père de Jacques meurt et le jeune garçon quitte l'île.
Plus de 20 ans plus tard, Enzo n'a pas oublié Jacques et leur rivalité. L'Italien fait tout pour l'attirer au championnat du monde d'apnée No Limit à Taormine en Sicile. Entre temps, Jacques a rencontré la belle new-yorkaise Johana Baker au Pérou. Celle-ci tombe rapidement sous son charme et parvient à se faire envoyer en Sicile par son employeur.
Résumé
Sur une île grecque, en 1965, les amis de Jacques Mayol lui montrent une pièce d'or sous l'eau. Il se prépare à plonger mais Enzo, plus âgé de deux ans, est plus rapide. Le lendemain, le père de Jacques se noie lors d'une pêche en scaphandre.
En Sicile en 1988, Enzo est demandé en renfort pour sauver un plongeur coincé sous une épave. Il plonge dans l'eau sans respirateur et parvient à sauver le plongeur. Il demande ensuite à son frère Roberto de trouver Jacques. Au Pérou, Johana Baker — qui travaille pour une compagnie d'assurances — croise Jacques Mayol et, avec le Dr. Laurence, regarde une expérience quand Jacques plonge dans le lac glacé sans respirateur. La jeune femme lui apporte du café, Jacques revient plus tard lui offrir un cadeau afin de la remercier.
De retour en France, Enzo retrouve Jacques et le convie au championnat à Taormine. À New York, Johana découvre que l'appartement qu'elle partage avec sa colocataire a été cambriolé. Elle apprend par le docteur Laurence que Jacques est en Sicile et décide de s'y rendre.
Sur place, Enzo et Jacques se retrouvent à l'hôtel. Alors qu'ils bavardent à la terrasse d'un restaurant, Johana les trouve et ils sympathisent ensemble. Lors d'une soirée, les deux hommes décident de voir qui tient le plus longtemps sous l'eau. Ils finissent sur un brancard. Johana s'occupe de Jacques mais est énervée par leur attitude.
Le lendemain, Enzo se voit interdit de plonger par le médecin de la CMAS, en raison de son état de santé. Il ignore les conseils et parvient à battre le record. Un soir, le trio libère un dauphin malheureux dans le parc aquatique de Taormine. À l'entraînement d'apnée, Jacques plonge à plus de 110 mètres de profondeur. Dans la soirée, il entretient une liaison avec Johana avec qui il passe la nuit. En pleine nuit, il sort, plonge dans la mer et nage avec un dauphin jusqu'au petit matin. Johana comprend qu'il préfère passer du temps sous l'eau qu'être avec des femmes et décide de repartir à New York.
Sur une plateforme pétrolière, une capsule emmène Enzo, Jacques et un Belge à bord pour effectuer une mission en profondeur. Après cela, Jacques et Johana se retrouvent. Enzo devient ensuite champion du monde en descendant à 115 mètres, 4 minutes et 50 secondes en apnée. Jacques le bat avec 120 mètres.
La veille de la compétition, Johana veut parler d'avenir avec Jacques mais il ne semble pas partager son opinion. Le jour J, Enzo fait tout pour battre Jacques et va descendre le plus profond possible, quitte à y risquer sa vie. Le docteur Laurence veut arrêter la compétition car il estime que c'est trop dangereux mais Enzo refuse de l'écouter. Il reste plus longtemps et plus profond. Une fois remonté à la surface, l'Italien est mourant. Dans les bras de Jacques, Enzo demande à son ami de le laisser mourir au fond de la mer.
Dévasté par la mort de son ami, Jacques se mure dans le mutisme, alors que Johana apprend qu'elle est enceinte de lui. Elle va voir Jacques qui fait une petite crise, elle le suit et tente de le raisonner. Elle lui avoue sa grossesse mais il plonge quand même et — à la profondeur maximale qu'autorise la compétition — il quitte la lumière pour rejoindre un dauphin dans la noirceur des profondeurs.
Fiche technique
Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations mentionnées dans cette section peuvent être confirmées par la base de données IMDb.
- Titre original : Le Grand Bleu
- Titre international : The Big Blue
- Réalisation : Luc Besson
- Scénario : Luc Besson, Robert Garland, Marilyn Goldin et Marc Perrier, d'après une histoire de Luc Besson inspirée de la vie de Jacques Mayol
- Décors : Dan Weil
- Costumes : Magali Guidasci et Mimi Lempicka
- Photographie : Patrick Camboulive
- Son : François Gédigier
- Montage : Olivier Mauffroy (en)
- Musique : Éric Serra (version originale) et Bill Conti (version américaine)
- Directeur de la photographie : Carlo Varini
- Images sous-marines : Christian Pétron
- Production : Patrice Ledoux ; Luc Besson (coproduction)
- Sociétés de production : Les Films du Loup et Gaumont
- Sociétés de distribution : Gaumont (France), Weintraub Entertainment Group (États-Unis)
- Budget : 80 millions de francs[1] (estimation)
- Pays d'origine : France, États-Unis et Italie
- Langues originales : français, anglais et italien
- Format : couleur (Eastmancolor et séquence d'ouverture en noir et blanc) - 35 mm - 2,39:1 (format gonflé sur copies 70 mm ratio 2.20:1) - Dolby SR (35 mm) ou 70 mm 6-Track
- Genre : drame, romantique, sport
- Durée : 2 heures 16 minutes, 2 heures 48 minutes (version longue), 1 heures 58 minutes (version américaine)
- Dates de sortie[2] :
- Suisse : (Suisse romande)
- France : (festival de Cannes et sortie nationale simultanée) ; (version longue) ; (ressortie)
- États-Unis : (New York) ; (reprise)
Distribution
- Jean Reno : Enzo Molinari
- Jean-Marc Barr : Jacques Mayol
- Rosanna Arquette (VF : Julie Dassin)[Note 2] : Johana Baker
- Jean Bouise : l'oncle Louis
- Paul Shenar (VF : Jacques Frantz) : Dr. Laurence
- Marc Duret : Roberto Molinari
- Sergio Castellitto : Novelli
- Griffin Dunne : Duffy
- Andréas Voutsinas : le prêtre orthodoxe
- Valentina Vargas : Bonita
- Geoffrey Carey : le commanditaire de la recherche sous-marine du début du film
- Jacques Lévy : le médecin sur le bateau des Championnats du Monde
- Pierre Semmler : Franck
- Kimberly Beck : Sally
- Luc Besson : un plongeur durant le concours (caméo)
- Bruce Guerre-Berthelot : Jacques Mayol, jeune
- Gregory Forstner : Enzo Molinari, jeune
- Claude Besson : le père de Jacques Mayol
- Alessandra Vazzoler : la mère d'Enzo
- Pierre-Alain de Garrigues : le super intendant
- Constantin Alexandrov : le gérant de Marineland
- Paul Herman : le chauffeur de taxi américain
Production
Genèse et développement
Le réalisateur Luc Besson a été très tôt « bercé » dans l'univers des apnéistes : fort du métier de ses parents (G.O. professeurs de plongée au Club Méditerranée), ce fils unique passe son enfance à sillonner les mers du globe (Yougoslavie, Grèce dont l'île d'Amorgos où sera tourné en grande partie son film), rêve de devenir delphinologue[3] et sera lui-même un temps moniteur de plongée[4]. Pendant les vacances de 1977, il travaille comme instructeur de plongée à Palinuro, village du Club Méditerranée de son cousin Stéphane, en Italie du Sud. Alors qu'il plonge avec une sinusite, il est victime d'un accident de plongée (un barotraumatisme) et doit être évacué vers l'hôpital à Marseille où le médecin lui annonce qu'il ne pourra plus faire de la plongée et brise son rêve d'être delphinologue (rêve illustré dans le film par le héros Jacques qui considère que les dauphins forment sa véritable famille et abandonne son amoureuse enceinte)[3]. De retour à Palinuro, il fait connaissance avec le cinéaste italien, Victor de Sanctis, qui présente au village le documentaire Jacques Mayol, l’homme dauphin, qui vient alors d'établir un record en apnée à moins 92 mètres. Bouleversé par cette projection, il souhaite raconter la vie du plongeur qu'il rencontre finalement en 1983 à Marseille[4].
Après Subway, Luc Besson écrit plusieurs ébauches du script. Il présente son travail à l'acteur américain Warren Beatty, qui est alors le compagnon d'Isabelle Adjani qu'il venait de diriger dans Subway[5]. Warren Beatty insiste pour produire le film alors que de son côté, Luc Besson est en discussion avec Gaumont. Warren Beatty suggère à Luc Besson de retravailler le script avec Marilyn Goldin[5]. À la suite d'un quiproquo avec l'agent d'Isabelle Adjani, Warren Beatty avait conclu un accord pour produire le film avec la Fox pour 500 000 dollars et il faudra de longues négociations pour rompre ce « contrat »[6]. Luc Besson collabore ensuite avec le scénariste américain Robert Garland pour améliorer son script[7]. Mais il n'est toujours pas satisfait des nouvelles versions. Patrice Ledoux — alors Directeur général de Gaumont — lui suggère alors de travailler avec Francis Veber comme script doctor. Ce dernier permettra de mieux structurer le scénario[8].
Jacques Mayol a servi de consultant. Lors de la présentation du film au festival de Cannes 1988, il expliquera qu'il n'a cependant pas directement participé au scénario (même s'il est crédité au générique). Jacques Mayol explique avoir suivi le développement du scénario sans trop s'en mêler[9].
En raison de l'imposant budget — 70 millions de francs (un record pour un film français à l'époque) —, la décision est prise de tourner en langue anglaise. Cela « refroidit » les investisseurs français, notamment les chaines de télévision. Mais Nicolas Seydoux, PDG de Gaumont, croit au film et cela permet de convaincre les financiers[8].
Distribution de rôles
Jean Reno, qui a tourné dans les deux précédents films du cinéaste, est le premier engagé[10].
Pour le rôle féminin principal, Luc Besson flashe sur Rosanna Arquette qu'il vient de voir dans Recherche Susan désespérément (1985) de Susan Seidelman. Malgré l'avis de son agent, l'actrice a alors envie de quitter Hollywood et rêve de passer plusieurs mois en Europe[11].
Pour incarner Jacques Mayol, le premier choix de Luc Besson est Christophe Lambert, qu'il vient de diriger dans Subway, mais, ce dernier décline l'offre par peur d'être catalogué comme l'acteur des animaux : après avoir joué le rôle de l'homme-singe dans Greystoke, la légende de Tarzan, il ne veut pas incarner l'homme-poisson[12]. Luc Besson envisage alors Gérard Lanvin rencontré quelques années plus tôt. Hésitant, l'acteur préfère décliner[13]. Les Américains Mel Gibson et Mickey Rourke seront brièvement envisagés[14]. Désespéré à l'idée de trouver l'interprète du rôle, Luc Besson songera même un temps à tenir lui-même le rôle après une suggestion de Rosanna Arquette[15]. Finalement, à quelques semaines du début du tournage, il découvre lors d'auditions à Londres Jean-Marc Barr, alors inconnu du grand public[16],[17]. L'acteur a pour lui d'avoir un peu d'expérience dans le monde de la plongée et « une tête d'éternel adolescent au sourire figé », ce qui fait craquer la vingtaine de jeunes femmes de la Gaumont qui le découvrent lors du screen-test projeté par Besson[17].
Il s'agit du dernier film de l'acteur Paul Shenar, qui mourut l'année suivant la sortie du film. C'est également l'un des derniers films de Jean Bouise, lui aussi décédé en 1989, juste après le tournage de Nikita.
Le réalisateur du film, Luc Besson, fait une apparition dans le film, dans le rôle d'un plongeur. Par ailleurs, pour incarner Jaques Mayol jeune, il choisit son demi-frère Bruce (second fils de sa mère)[18]. Pour le rôle du père de Jacques, Luc Besson songe au rival de Jacques Mayol, Enzo Maiorca, mais ce dernier refuse tout contact avec la production. Le réalisateur-scénariste confie finalement le rôle à son père, Claude, qui possède une bonne expérience de la plongée[19].
Tournage
Jean Reno et Jean-Marc Barr s'entraineront énormément à plonger et à rester en apnée. Ils descenderont même jusqu'à une trentaine de mètres en se défiant régulièrement l'un l'autre. Jean Reno frôlera même la syncope[20],[9].
Deux caméras sous-marines sont spécifiquement construites dans le sud de la France avec les équipes de Christian Pétron[21]. Seule une sera prête pour le début du tournage, le [22]. Les prises de vues débutent sur la Côte d'Azur[20]. Quelques plans ont lieu à Marseille pour la séquence dans la capsule de la plateforme pétrolière[20]. Le tournage se poursuit en Sicile notamment à Taormine[23]. L'équipe remonte ensuite à Paris et sa banlieue (piscine municipale de Maisons-Laffitte et les studios d'Épinay)[24],[25],[20].
Des scènes sont ensuite tournées à New York[26]. Le tournage se poursuit en Grèce, notamment sur l'île d'Ios — où Luc Besson a passé une partie de son enfance — et sur d'autres îles des Cyclades comme Amorgos[18]. Après un bref retour sur la Côte d'Azur, une équipe réduite part pour les îles Vierges des États-Unis pour filmer des dauphins. Quelques plans seront également faits aux Bahamas[27]. Des scènes sont ensuite tournées au Pérou, notamment au Col de La Raya à 4 320 mètres d'altitude[28]. Des scènes sous-marines sont ensuite réalisées aux Maldives, en complément de plans tournés en Corse[29]. L'équipe se rend ensuite à Tignes pour les plans censés se dérouler sous la glace au Pérou. Le tournage se conclut dans une piscine de Val-d'Isère pour la scène où Jacques et Enzo boient du champagne sous l'eau. Le tournage aura ainsi duré près de neuf mois[30].
- Bahamas
- États-Unis
- France :
- Antibes, notamment dans le parc Marineland
- Corse, sur la bateau de plongée le "Bogata", pour les scènes subaquatiques
- Côte d'Azur, sur la bateau de plongée le "Bogata", autour de Port-Cros, pour les scènes subaquatiques
- Maisons-Laffitte
- Presqu'île de Giens
- Studios d'Épinay
- Tignes, lac du Chardonnet
- Val-d'Isère
- Grèce :
- Italie
- Maldives
- Pérou
- Un train au col de La Raya
Le tournage est une période particulière pour Luc Besson car il est marqué par la naissance de son premier enfant, Juliette le [32]. La petite fille subira plusieurs opérations et Luc Besson sera très préoccupé par son état durant la production du film. Pour ces raisons, Gaumont songera un temps à le faire remplacer par Jean-Jacques Beineix[18]. Le film est dédié à Juliette Besson.
Version d'Éric Serra
Sortie | 1988 |
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Enregistré |
Janvier 1988 |
Durée | 55:29 - 31:03 |
Genre |
Electro Synthétiseur |
Label | Virgin |
Critique |
Albums de Éric Serra
La bande originale du film a été saluée par les critiques. Partout en Europe, et particulièrement en France, elle obtient un très grand succès qui se répercuta également à l'échelle planétaire. Cette bande originale s'est vendue à plus de trois millions de copies dans le monde, dont deux millions en France. Cette bande originale contient la première interprétation vocale d'Éric Serra qu'il a composée avec Luc Besson, le titre de cette chanson est My Lady Blue. La bande originale remporte une Victoire et le César de la meilleure musique écrite pour un film en 1989, en plus d'avoir remporté le Grand Prix de la réalisation audio-visuelle de la SACEM la même année. L'album est certifié disque d'or, platine et diamant dans plusieurs pays.[réf. nécessaire]
La musique du film a été rejouée en direct par Éric Serra entouré de six musiciens lors d'un ciné-concert à La Seine musicale le et le , à l'occasion de l'anniversaire des 30 ans de la première présentation du film[33].
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Version de Bill Conti
Sortie |
1988 2004 (réédition) |
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Genre | musique de film |
Compositeur | Bill Conti |
Albums de Bill Conti
Le distributeur américain du film a voulu remplacer la musique d'Éric Serra par une autre. C'est Bill Conti qui se chargea donc de la musique de la version américaine du film[34].
- Liste des titres[35]
- Main Theme
- Call of the Deep
- Danger Below
- Caribbean
- Plans
- A Tender Moment
- Love in the Moonlight
- Don't Worry
- Interlude
- Sadness
- Love Theme
- Fun in the Sun
- The Dive
- Under the Sea
- The Next Day
- Playful Love
- Serious Love
- Love on the Piano
- Choral Love
- Back to the Sea
- Last Dive
- Finale
Accueil
Accueil critique
Le film avait dans un premier temps été mal accueilli par la critique pour scénario enfantin ou simpliste et son esthétique de clip vidéo, et en partie sifflé lors de la présentation au festival de Cannes 1988[4]. Luc Besson en gardera une certaine rancune ; Jean-Hugues Anglade, son acteur dans Subway, a d'ailleurs déclaré : « Dès Le Grand Bleu, Luc souffrait de ne pas être reconnu par la critique »[36]. Par ailleurs, il avouera en 2014 que sa fille Juliette avait de graves problèmes de santé au moment de la présentation du film à Cannes : « Le film était présenté à Cannes le 11 mai. Dix jours avant l’opération de Juliette, nous avions rendez-vous avec le chirurgien. Je le vois encore prendre son agenda, le feuilleter et nous dire : “Est-ce que le 11 mai ça vous va ?” Je n’ai pas osé dire non, c’était ma fille d’abord. Quand je lui ai raconté les raisons de mon angoisse, il a repoussé l'intervention de deux jours. Je me suis donc retrouvé à me faire flinguer avec Le Grand Bleu le 11 et, deux jours plus tard, je passais sept heures dans une salle d’attente pour savoir si ma fille allait survivre, être guérie. Le reste n’avait plus vraiment d’importance. Et curieusement, quand Juliette est allée mieux, le film s’est mis à marcher[37] ».
À sa sortie, le film a obtenu des critiques favorables, comme celle d'Iannis Katsahnias dans les Cahiers du cinéma qui écrit notamment : « Luc Besson ne prend pas le risque de vouloir en mettre plein la vue au spectateur. Il préfère varier le bleu (…), fabriquant un matelas profond sur lequel le spectateur pourra rêver »[38]. Robert Chazal de France-Soir remarque que « Tout est exceptionnel dans ce beau film »[38]. Dans Le Monde, Michel Braudeau pense que « Très beau, inclassable et déconcertant, le Grand Bleu se penche autant sur l'amour des dauphins que sur le vertige intérieur de son plongeur métaphysique »[38].
L'apnéiste Enzo Maiorca, dont le rôle est interprété par Jean Reno, n'apprécie pas le film et entame une procédure en diffamation contre Besson, ce qui bloque la diffusion du film en Italie pendant quatorze ans[39]. Le film est finalement distribué en 2002 dans une version abrégée. Parmi les scènes coupées, on trouve celle où Enzo Molinari se fait payer pour sauver la vie d'un homme en train de se noyer et le rôle caricatural de sa mère, la « mama » sicilienne cuisinant la « pasta » et très antipathique au premier abord[40],[37].
Box-office
Le Grand Bleu est un succès public considérable en France (9,2 millions de spectateurs français) et un échec ailleurs. L'exploitation en France rencontra un des plus gros succès de l'histoire du cinéma français, notamment auprès des adolescents. Le film fut projeté gonflé en 70 mm au Kinopanorama[41]. Le Grand Bleu est le meilleur film au box-office français en 1988[42]. Il est l'un des plus grands succès commerciaux de la décennie en France[43].
En , Luc Besson a pu sortir en salles une version longue de son film rallongée de 50 minutes de plus que l'originale tout en se permettant d'inscrire sur l'affiche l'accroche suivante : « N'y allez pas, ça dure trois heures ! »[44].
Pays | Nombre d'entrées |
---|---|
France | 9 195 742[45],[46] |
Allemagne | 875 956[47] |
États-Unis | 871 000[48] |
Espagne | 196 847[49] |
Québec | 142 108[50],[51] |
Corée du Sud | 114 353[52] |
Italie | 98 453[53] |
Danemark | 62 996[54] |
Suède | 49 198[55] |
Suisse | 21 971[56] |
Roumanie | 150[57] |
Total hors France | 2 433 032 entrées |
Total monde | 11 628 774 entrées |
Note : Liste non exhaustive[58].
Distinctions
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Récompenses
Nominations
Commentaires
Joséphine
Le dauphin Joséphine, héroïne du film, est mort à l'âge estimé de 32 ans[59], le , « des suites d'une maladie rénale associée à son âge très avancé ». Elle avait été capturée aux États-Unis en 1979 pour le parc marin d'Antibes. Joséphine s'était rendue célèbre en tournant « les scènes les plus techniquement difficiles » du film. C'est elle, notamment, qui vient chercher l'acteur Jean-Marc Barr dans les profondeurs de la mer dans la scène finale[60].
Le record
Le record de Jacques Mayol de 105 mètres établi en 1983 (120 mètres dans le film), considéré par les médecins dans le film comme une limite absolue, sera par la suite pulvérisé : en 2007, le record d'apnée no limit est poussé à 214 mètres par Herbert Nitsch.
Réactions de Jean-Marc Barr et Jacques Mayol
Luc Besson choisit l'acteur Jean-Marc Barr dans un but précis, « fabriquer une icône » et une nouvelle image du romantisme mais ce dernier rejette ce film qui l'a propulsé — selon ses propres mots — en « icône et objet de masturbation pour jeunes filles[61] ». En froid avec Besson, l'acteur n'a jamais vu le film en entier et a senti la nécessité de « détruire un peu le mythe du Grand Bleu[62] ».
Submergé par le succès du film qui s'écarte de la philosophie de Jacques Mayol[62], l'apnéiste qui s'est suicidé en 2001 a souffert plus que jamais de la solitude : « J’ai été témoin de la souffrance et de la frustration que lui a causé la popularité du film. Quand un être humain se voit dépossédé de son histoire et de la magie qu’il a créée, c’est une petite tragédie », explique Jean-Marc Barr[63].
Autres versions du film
- Version américaine
La version américaine du film comprend une fin différente des versions européenne et française. En effet, une scène a été rajoutée afin de rendre cette fin plus heureuse – le dauphin ramène Jacques à la surface[64]. D'autre part, une autre musique a été composée par Bill Conti pour remplacer la bande originale d'Éric Serra.
- Version longue (Director's cut)
En 1989, le film sort dans une version comportant 35 minutes supplémentaires. Tandis que la version d'origine se centre sur le championnat de plongée en apnée ainsi que sur la relation à la fois amicale et rivale entre Jacques et Enzo, le Director's Cut donne davantage d'importance à l'histoire d'amour entre Jacques et Johana, mettant Enzo un peu en recul. Cette version est ensuite éditée en VHS et en Laserdisc, puis en DVD en 2001 et en Blu-Ray en 2009.
Scènes supplémentaires par rapport à la première version :
- Johana passe la nuit à parler de Jacques à sa colocataire Carol dans leur appartement new yorkais. Elle précise notamment que Jacques est américain par sa mère.
- Lorsque Jacques va sur le balcon après avoir fait l'amour avec Johana, il aperçoit un dauphin puis plonge pour le rejoindre. Il tente de toucher le mammifère chaque fois que celui-ci fait un saut (reproduisant la célèbre photo ornant l'affiche du film). Johana arrive à son tour et attend que Jacques sorte de l'eau. Ce dernier met fin à sa baignade au petit matin. À ce moment-là, Johana lui affirme qu'elle va repartir à New York.
- Attristé par le départ de Johana, Jacques rend visite à Enzo qui a dormi avec une combinaison de plongée. L'italien propose au français de l'emmener sur une plate-forme pétrolière où Enzo a été appelé pour un travail. Arrivés sur place, les deux hommes embarquent dans une capsule sous-marine qui est larguée vers le fond. Une fois arrivée en profondeur, une surdose d'hélium entraîne un changement de voix des personnages. Puis Enzo donne un peu d'alcool à Jacques en faisant tremper son doigt dans la bouteille pour qu'il puisse ensuite le sucer. Les deux hommes deviennent ivres, enfilent des scaphandres, descendent dans l'eau puis se mettent à valser en chantant l'air du Beau Danube bleu.
- À New York, Johana se laisse aller au point de décevoir Carol. Par la suite, Duffy, qui a compris que Johana lui avait menti pour expliquer son séjour en Sicile, licencie la jeune femme mais lui souhaite bonne chance dans sa vie amoureuse.
- Johana téléphone à Jacques pour renouer le contact, réalisant qu'elle ne peut pas se passer de lui. La jeune américaine arrive à la gare de la Côte d'Azur où elle retrouve Jacques. Puis les deux tourtereaux s'installent à l'hôtel Carlton et passent une longue nuit d'amour. Durant ce moment, Jacques est victime d'hallucination.
- Lors du déjeuner, l'oncle Louis fait connaissance avec Johana.
- Pendant que l'oncle Louis se dispute avec le poissonnier du port à propos de la marchandise, Enzo arrive en bateau puis présente Bonita, sa nouvelle conquête.
- La scène de l'apéritif entre l'oncle Louis et Enzo a été non seulement déplacée (elle fut insérée après la victoire d'Enzo dans la version cinéma) mais aussi enrichie. Le champion italien se moque du vieil homme et de sa surdité. Par la suite, Jacques reçoit la visite du Dr Laurence et le présente à Enzo.
- Une cérémonie de remise de trophée en l'honneur d'Enzo dans laquelle Novelli fait un discours, précisant notamment qu'il serait dangereux de battre le record du champion. Pendant ce temps, Enzo fait signe à son frère de mettre des tranches de jambon dans un sandwich.
- Bonita rend visite à Johana pour lui annoncer qu'elle part. Elle lui remet une photo de sa petite fille, renforçant ainsi le désir de Johana d'avoir un enfant.
Erreurs
On peut relever deux faux-raccords dans le film[65] :
- Au début du film, Enzo prétend avoir atteint un record de 110 mètres en plongée en apnée. Plus tard, lorsque Jacques plonge la première fois lors du championnat, il récupère une étiquette indiquant 108 mètres, refait surface puis devient le nouveau champion alors que son record est inférieur à celui d'Enzo.
- Lorsque le plongeur aux cheveux longs plonge à son tour, il ne porte pas de pince-nez. Sur le plan suivant, on le voit descendre vers le fond avec un pince-nez bien en place sur ses narines.
- Lorsque Jacques replonge pour envoyer le corps d'Enzo mort au fond de la mer, on peut apercevoir sur le gros plan que la doublure de Jean Reno se bouche le nez.
Notes et références
Notes
- Nom inspiré d'Enzo Maiorca. Selon Luc Besson dans son autobiographie Enfant terrible, il n'a pas réussi à avoir l'accord du plongeur italien et a donc créé un personnage totalement fictif (p.400).
- Ne parlant pas le français, Rosanna Arquette est doublée par la comédienne Julie Dassin. Cette dernière lui impose tout de même un fort accent américain pour bien faire distinguer la nationalité du personnage.
Références
- (en) Business sur l’Internet Movie Database
- (en) Dates de sortie sur l’Internet Movie Database
- Luc Besson, L'Histoire du Grand Bleu, Intervista, , p. 47
- Antoine de Baecque, « Le « Grand Bleu », un film phénomène », sur Libération, (consulté le )
- Besson 2019, p. 389.
- Besson 2019, p. 393-394.
- Besson 2019, p. 400.
- Besson 2019, p. 403.
- Conférence de presse du film au festival de Cannes 1988. Vidéo de 40 minutes présente sur le 3e DVD du coffret 4 disques de l'édition 20e anniversaire du film (voir lien. Gaumont / Paramount Home Entertainment France, coffret sorti le
- Besson 2019, p. 399.
- Besson 2019, p. 401.
- « Christophe Lambert enfin méchant! », sur Le Parisien,
- Besson 2019, p. 402.
- (en) Trivia sur l’Internet Movie Database
- Besson 2019, p. 405.
- Besson 2019, p. 406.
- Geoffrey Le Guilcher, Luc Besson : l'homme qui voulait être aimé. La biographie non autorisée, Flammarion, , p. 107-108
- Besson 2019, p. 420.
- Besson 2019, p. 420.
- L'aventure du Grand bleu, making-of du film (95 minutes), réalisé par Patrick Alessandrin et présent sur le 3e DVD du coffret 4 disques de l'édition 20e anniversaire du film (voir lien. Gaumont / Paramount Home Entertainment France, coffret sorti le 28 novembre 2008
- Besson 2019, p. 390.
- Besson 2019, p. 410.
- Besson 2019, p. 420.
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- « La scène de retrouvailles entre Jacques et Enzo », sur FanTrippers (consulté le )
- Besson 2019, p. 420.
- Besson 2019, p. 426-428.
- Besson 2019, p. 431.
- Besson 2019, p. 434-435.
- Besson 2019, p. 435-437.
- (en) Filming locations sur l’Internet Movie Database
- Besson 2019, p. 413.
- « Boulogne-Billancourt : plongez dans le Grand Bleu à la Seine Musicale », sur leparisien.fr, (consulté le )
- « Trois questions à Eric Serra, compositeur du Grand bleu », sur L'Express, (consulté le )
- (en) Bill Conti - The Big Blue - Last.fm
- Luc Besson, le chasseur - Télérama
- « 11 histoires incroyables sur LE GRAND BLEU », sur Followatch, (consulté le )
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- (it) « Enzo Majorca a gagné, le grand bleu ne vient pas en Italie », sur Reppublica (consulté le ).
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- Geoffrey Le Guilcher, Luc Besson : l'homme qui voulait être aimé. La biographie non autorisée, Flammarion, , p. 108
- « "Le Grand Bleu" : les confidences de Jean-Marc Barr sur "le vrai Mayol" », sur lepoint.fr,
- Norine Raja, « Huit choses que vous ignorez encore sur « Le Grand Bleu » », sur vanityfair.fr,
- (en) Le grand bleu (1988) - Alternate versions - IMDb
- « Les (rares) ERREURS de Luc Besson - Faux raccord culte » sur YouTube.
Annexes
Documentation
Bibliographie
- Luc Besson, Enfant terrible, France, XO éditions, , 464 p. (ISBN 9782374481760, présentation en ligne)
Articles connexes
Liens externes
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