Marcel Bluwal

Marcel Bluwal est un réalisateur et metteur en scène de théâtre français né le dans le 12e arrondissement de Paris[1]. Il a enseigné au Conservatoire national supérieur d'art dramatique de Paris de 1975 à 1980 et fait une grande partie de sa carrière à la télévision.

Marcel Bluwal
Marcel Bluwal chez lui à Paris en 2020.
Naissance
Paris (France)
Nationalité Française
Profession Réalisateur, metteur en scène
Films notables Dom Juan ou le Festin de Pierre (téléfilm, 1965)

Biographie

Né de parents juifs polonais, Henri Bluwal, directeur commercial, et Eda Kamieniecki[2], son père appartient au Bund (marxiste et sioniste)[3], Marcel Bluwal devient l'un des réalisateurs engagés de la télévision française. Dans son autobiographie Un Aller, il évoque son enfance et sa rencontre précoce avec le septième art. Il voue déjà une véritable passion pour la mise en scène des images animées. Les plus grands réalisateurs tels que Carl Theodor Dreyer (Vampyr - 1932) ou encore Jacques Feyder (La Piste du nord 1942) en sont les principaux inspirateurs.

À l'époque des grands bouleversements politiques, le jeune Marcel Bluwal découvre l'espoir du Front populaire, puis la montée brutale et soudaine de l'antisémitisme. Son adolescence est bouleversée par la Seconde Guerre mondiale en 1939 et l'occupation allemande. À la suite de la rafle du Vel D’Hiv en 1942, son professeur de piano cache le jeune Marcel et sa mère pendant près de vingt-sept mois dans une pièce close et étroite.

Après la libération de Paris, Bluwal est admis à l'École technique de la photo et du cinéma de la rue de Vaugirard. Quelques années plus tard, il fait son entrée à la télévision qu’il n’abandonnera pas, sauf pour quelques tentatives cinématographiques (Le Monte-charge en 1962, Carambolages en 1963, Le Plus Beau Pays du monde en 1999). Pour le petit écran, il débute avec la réalisation d’émissions enfantines jusqu’en 1953, année où il met en scène ses premières dramatiques en direct (Le Pèlerin…).

En 1960, il réalise le film télévisé La Surprise, qui remporte la palme d’Or du film de télévision au festival de Cannes. À cette époque, il signe avec Marcel Moussy un nouveau concept d’émission à caractère social, qui s'occupe de préoccupations concrètes : Et si c’était vous… Dans Le Figaro littéraire, Claude Mauriac déclare à propos de l’émission : « la vérité dans la simplicité » et André Bazin d’affirmer dans Radio, Ciné, Télévision : « L’un des trois ou quatre événements de la télévision française, depuis ses origines ».

Bluwal décide finalement d'affirmer son goût pour le baroque dans des films spécialement réalisés pour la télévision : On purge bébé de Georges Feydeau (1961) Le Mariage de Figaro de Beaumarchais (1961), Le Scieur de long, d’après sa propre pièce de théâtre (1963), Woyzeck de Georg Büchner (1963), Dom Juan ou le Festin de Pierre de Molière, considéré comme son chef-d’œuvre[réf. souhaitée] (1965), Le Jeu de l'amour et du hasard (1967) et La Double Inconstance (1968) de Marivaux, Beaumarchais ou Les 60 000 fusils (1966), inspiré de la vie du célèbre auteur… Bluwal adapte aussi par la suite deux autres grands auteurs classiques : Dostoïevski en 1969 (Les Frères Karamazov) et Victor Hugo en 1972 (Les Misérables).

En 1962, il lance le concept du feuilleton avec la série L'inspecteur Leclerc enquête, mais décroche le succès en 1967 grâce à la célèbre série fantaisiste Vidocq. Deux suites (Les Nouvelles Aventures de Vidocq) sont d’ailleurs créées en 1970 et en 1972. De 1973 à 1986, il réalise des drames au sein d’univers bourgeois tels que Antoine Bloyé (1973), Thérèse Humbert (1985) ou encore Music Hall (1985). Avec le film d’anticipation 1996, réalisé en 1987, Bluwal s’est parfaitement adapté au style de la télévision contemporaine. Ce polar orwellien tire un portrait au couteau de l'univers télévisuel.

Il travaille dans d'autres domaines : celui de la variété, avec des émissions comme La Boîte à sel (de 1956 à 1958), L’École des vedettes et Discorama (de 1959 à 1963), Tête Bêche (1966) ; pour des séries télévisées à caractère social comme Celles qui parlent, Vieillir au Soleil ; à l’opéra et au théâtre, pour la mise en scène : Don Juan revient de la guerre (1975), Les Femmes savantes de Molière, Don Quichotte de la Manche d'après Cervantès (1979), Don Giovanni, Cosi fan tutte, La Clémence de Titus de Mozart (1986)...

En 2008, après 13 ans d'absence à la télévision, Marcel Bluwal dirige la mini-série À droite toute consacrée à la montée de l’extrême droite en France durant les années 1935-1937 à travers la formation de la Cagoule, organisation clandestine qui fomentait le renversement de la république. Cette série de 200 minutes, diffusée sur France 3 en , a reçu le FIPA d’argent 2008 de la meilleure série, les FIPA d’or pour le prix d’interprétation masculine à Bernard-Pierre Donnadieu et à Antoine Duhamel pour la meilleure musique, ainsi que le prix du meilleur scénario à Marcel Bluwal et Jean-Claude Grumberg[4].

Engagement politique

Dans les années 1950, il fait partie des compagnons de route du Parti communiste français, auquel il adhère officiellement en 1970[5], et qu'il quitte en 1981[3]. Pendant toute cette période, le soutien du Parti lui est acquis. Ainsi au début des années soixante-dix, alors que son documentaire sur Rosa Luxemburg est interdit, Roland Leroy, membre du Bureau Politique du PC, responsable de la culture et député, intervient à l'Assemblée nationale pour protester contre cette interdiction[3].

Il participe toutes ces années en tant que représentant du syndicat des réalisateurs CGT à la commission d'homologation des réalisateurs.

Ces préoccupations politiques se retrouvent dans ses films. Il précise ainsi dans un entretien de 1972 : « Je traitais tous les conflits en espérant que pour le public, il en sortirait une exaltation révolutionnaire. » Au sujet des Misérables, réalisé en 1971, il dit encore avoir voulu « exalter le drame social, le soulèvement du peuple »[3].

Points de vue critiques

Marcel Bluwal est l’un des plus anciens réalisateurs de la télévision française. Sa filmographie regorge d'adaptations de pièces et de romans lyriques du répertoire. Bluwal en profite pour remettre en cause l'interprétation courante et figée des grands auteurs classiques. Il transforme finalement ses sujets en films très personnels. Dans une dédicace adressée à Jean d'Arcy, il écrit : « nous avions envie de faire de la télévision et de faire la télévision ».

Vie privée

D'une première union, il a deux enfants : Catherine et Laurent[2].

Il est marié en secondes noces avec Danièle Lebrun, ils ont une fille, Emmanuelle Bluwal.

Filmographie

Cinéma

Télévision

Cinéma

Télévision

Équipe de la version française de la pièce À torts et à raisons de Ronald Harwood, après la 100e représentation au théâtre Montparnasse, le 20 décembre 1999. Debouts, de gauche à droite : Marcel Bluwal, Fabrice Eberhard, Claude Brasseur, Michel Bouquet et François Feroleto; assises, de gauche à droite : Beata Nilska, Geno Lechner et Catherine Bluwal (costumière).

Théâtre

Notes et références

  1. Les gens du cinéma pour extrait de naissance.
  2. Who’s Who in France : dictionnaire biographique, Éditions Jacques Lafitte, .
  3. Les réalisateurs communistes à la télévision. L'engagement politique : ressource ou stigmate ?, Isabelle Coutant, Sociétés & Représentations, 2001/1 (n° 11), Publications de la Sorbonne
  4. À propos de son adhésion au parti communiste, Marcel Bluwal précise: « Je suis entré au parti communiste tard, en 1970, à l'âge de 45 ans (...) pour le changer de l'intérieur, comme "idéaliste", car je pensais qu'on pouvait faire quelque chose. J'avais tort. » (pour comprendre ses propos, il est nécessaire de les recontextualiser, par rapport à la situation au sein du parti communiste français, alors en phase de déclin. Archives de l'INA: « Document: Marcel Bluwal sur Don Juan (dans lequel il évoque son engagement politique en début d'entretien). Durée totale: 17 min 34 s, plage de l'extrait cité: de 53 s à 1 min 12 s. », sur ina.fr, (consulté le ).
  5. Arden de Farversham sur ina.fr
  6. Les Joueurs en VOD et DVD sur ina.fr
  7. On purge bébé sur ina.fr
  8. Le mariage de Figaro (ou la folle journée) en VOD et DVD sur ina.fr
  9. Les Indes noires - Le théâtre de la jeunesse sur ina.fr
  10. Dom Juan ou le Festin de Pierre sur ina.fr
  11. La double inconstance sur ina.fr
  12. « Les Frères Karamazov »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?) sur ina.fr
  13. Les Misérables sur ina.fr

Voir aussi

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Propos de Marcel Bluwal recueillis par Anonyme, « M. Bluwal. Réalisation », Téléciné no 121-122 spécial Télévision et Cinéma, Fédération des Loisirs et Culture Cinématographique (FLECC), Paris, 1965, (ISSN 0049-3287)
  • Un aller, Marcel Bluwal, Stock, Paris, 1974.
  • La Télévision des réalisateurs, Jacqueline Beaulieu, préface de Claude Santelli, Paris, INA-La Documentation française, p. 129-134.
  • Les 200 Téléastes, Christian-Marc Bosséno, Courbevoie : "CinémAction ; Condé-sur-Noireau : Corlet, 1989.
  • Les Fictions de la télévision française, Jean-Marc Doniak, Dixit, 1998.
  • Catherine Bernié-Boissard, Michel Boissard et Serge Velay, Petit dictionnaire des écrivains du Gard, Nîmes, Alcide, , 255 p. (ISBN 978-2-917743-07-2, présentation en ligne), p. 40-41
  • Isabelle Danel, Bluwal, pionnier de la télévision, Scrinéo, 2014 (ISBN 236740075X)
  • Myriam Tsikounas, Dimitri Vezyroglou, "Entretien avec Marcel Bluwal" Sociétés et Représentations, n°30, , pp. 245-257
  • François Jost, Myriam Tsikounas, "Entretien avec Marcel Bluwal" l'Appel du divertissement, Revue Télévision, n°4, , pp. 170-171

Liens externes

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