Roland Leroy
Roland Leroy est un homme politique et journaliste français, né le à Saint-Aubin-lès-Elbeuf (Seine-Maritime) et mort le à Clermont-l'Hérault (Hérault).
Pour les articles homonymes, voir Leroy.
Il est directeur du journal L'Humanité de 1974 à 1994.
Biographie
Né d'un père cheminot, proche de l'anarcho-syndicalisme, et d'une mère ouvrière du textile, Roland Leroy embrasse la même profession que son père en 1942[1]. Militant clandestin aux Jeunesses communistes de France en 1942, il est chargé de la diffusion de la propagande et accède en 1943 à la direction des Jeunesses communistes dans son département. Parallèlement, il entre dans la Résistance.
Entre 1945 et 1947, il exerce à nouveau son métier de cheminot tout en demeurant un militant fort actif du Parti communiste français. Il gravit ensuite les échelons : secrétaire fédéral de Seine-Maritime, membre du Comité central (1956-1994)[2], du Bureau politique (1964-1994) et du Secrétariat (1960-1979). Au mitan des années 1960, chargé de superviser l'Union des étudiants communistes, il participe à la « normalisation » de cette organisation sur la ligne de la direction du PCF, provoquant une hémorragie militante dans ce secteur et rendant inaudible l'UEC dans les universités avant les événements de Mai 68[3],[4].
En 1967, il est chargé par son parti, en remplacement d'Henri Krasucki, de la politique culturelle et des rapports avec les intellectuels[5]. Ami intime de Louis Aragon, il l’accompagne dans son travail de deuil à la suite du décès d’Elsa Triolet en 1970[6].
Au début des années 1970, bien qu'étant en désaccord avec l'idée même d'une union programmatique avec le PS, il anime le groupe chargé de rédiger le Programme commun[6]. Après plusieurs échecs aux élections cantonales et législatives, et un premier mandat de député de la Seine-Maritime de 1956 à 1958, il retrouve son siège à l'Assemblée de 1967 à 1981, puis de 1986 à 1988[7].
Sans doute en raison de mésentente avec Georges Marchais, Roland Leroy n'est pas reconduit au secrétariat de comité central lors du congrès du PCF de 1979, restant toutefois membre du bureau politique[5].
Lors de la fête de l'Humanité, en septembre 1981, quelques mois après la victoire électorale de François Mitterrand et de l’Union de la gauche, il est chargé du discours traditionnel et critique les concessions du gouvernement à ce qu’il appelle « les vaincus d’hier », c’est-à-dire la droite. Il marquait ainsi le scepticisme d’une partie de la direction du PCF sur la politique mise en œuvre.
Ses interventions publiques se font rares durant les années 2010. En 2011 il prononce l'éloge funèbre de son ami André Duroméa, ex-maire communiste du Havre[8],[9]. En 2012, à l'occasion du trentième anniversaire de la mort de Louis Aragon, il participe à un colloque au siège de L'Humanité avec Jean d'Ormesson, lui aussi admirateur de l'écrivain.
Le journaliste
Roland Leroy dirige l'Humanité de 1974 à 1994. Lors de la parution de L'Archipel du Goulag, il prend part en 1974 à la vaste campagne qui a pour but de stigmatiser Soljénitsyne[10]. Il dénonce notamment Le Nouvel Observateur, qui soutient le dissident, comme étant « à la pointe de l’entreprise antisoviétique et anticommuniste »[10].
Polémiste, il intervient dans l’émission Vendredi soir sur France Inter, où des journalistes débattent de l’actualité : Pierre Charpy (1919-1988) (La Lettre de la nation, RPR), Jean d'Ormesson (1925-2017) (Le Figaro), Claude Estier (1925-2016) (L'Unité, PS), Henri Amouroux (1920-2007) (giscardien).
Mort
Roland Leroy meurt le à son domicile de Clermont-l'Hérault à l'âge de 92 ans[8]. Il repose au cimetière du Père-Lachaise dans le tombeau du Comité national du PCF (97e division).
Famille
Roland Leroy est le père de la psychiatre Marianne Leroy[11].
Décoration
Ouvrages
- Roland Leroy (dir.) avec Pierre Clavilier et Valère Staraselski, Un siècle d’Humanité, 1904- 2004, éditions le cherche midi, 2004
- La Culture au présent, 1972, préf. de G. Marchais Texte très dense sur la conception de la culture par le PCF.
- La Quête du Bonheur, Grasset, 1995
Notes et références
- Marion d’Allard, « Roland Leroy se raconte sur France Culture », sur L'Humanité.,
- Il avait appartenu au comité central avant 1954 mais en avait été retiré à cette date puis réélu en 1956 au XIVe congrès tenu au Havre. Cf. L'Humanité, 8 juin 2001.
- Hervé Hamon, Patrick Rotman, Génération, t. 1, les années de rêve, Seuil, 1987, chapitre La lutte finale
- Philippe Robrieux, Notre génération communiste 1953-1968, Robert Laffont, 1977
- Claude Pennetier, « LEROY Roland, Eugène. Nom dans la clandestinité : Bob, Réli, Paillard, Dumas, Alain », sur maitron-en-ligne.univ-paris1.fr, 29 août 2012, dernière modification le 26 février 2019. (consulté le ).
- Stéphane Manchematin, « Roland Leroy », émission À voix nue sur France Culture, 18 juin 2012.
- « Roland Leroy », fiche sur assemblee-nationale.fr.
- « Ancien député communiste de la Seine-Maritime, Roland Leroy est décédé à l'âge de 92 ans », sur Paris Normandie, (consulté le ).
- Allocution de Roland Leroy lors de l'hommage à André Duroméa le 22 mars 2011 sur Dailymotion.
- François Hourmant, Le désenchantement des clercs : Figures de l'intellectuel dans l'après-mai 68, Presses universitaires de Rennes, coll. « Res publica », 1 mai 1997
- Voir sur cairn.info.
- Notice biographique, lesbiographies.com
Voir aussi
Bibliographie
Liens externes
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