François Mitterrand

François Mitterrand [fʁɑ̃swa mitɛʁɑ̃][n 1] , né le à Jarnac (Charente) et mort le à Paris, est un homme d'État français, président de la République du au .

« Mitterrand » redirige ici. Pour les autres significations, voir Mitterrand (homonymie).

Pour les autres membres de la famille, voir Famille Mitterrand.

François Mitterrand

François Mitterrand en 1983.
Fonctions
Président de la République française

(13 ans, 11 mois et 26 jours)
Élection 10 mai 1981
Réélection 8 mai 1988
Premier ministre Pierre Mauroy
Laurent Fabius
Jacques Chirac
Michel Rocard
Édith Cresson
Pierre Bérégovoy
Édouard Balladur
Prédécesseur Valéry Giscard d'Estaing
Successeur Jacques Chirac
Premier secrétaire du Parti socialiste

(9 ans, 7 mois et 8 jours)
Prédécesseur Alain Savary
Successeur Lionel Jospin
Président de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste

(2 ans, 10 mois et 28 jours)
Prédécesseur Création du parti
Successeur Disparition du parti
Président du conseil général de la Nièvre

(17 ans, 1 mois et 25 jours)
Élection
Prédécesseur Arsène Célestin-Fié
Successeur Noël Berrier
Député

(18 ans, 5 mois et 15 jours)
Élection
Réélection


Circonscription 3e de la Nièvre
Législature IIe, IIIe, IVe, Ve et VIe (Cinquième République)
Groupe politique SOC (1962-1967)
FGDS (1967-1973)
PSRG (1973-1978)
SOC (1978-1981)
Prédécesseur Jehan Faulquier
Successeur Bernard Bardin

(12 ans et 28 jours)
Élection
Réélection
Circonscription Nièvre
Législature Ire, IIe et IIIe (Quatrième République)
Groupe politique UDSR
Prédécesseur Roger Gillot
Successeur Jehan Faulquier
Sénateur

(3 ans, 7 mois et 17 jours)
Élection
Circonscription Nièvre
Groupe politique Gauche démocratique
Prédécesseur Jean Doussot
Successeur Daniel Benoist
Maire de Château-Chinon

(22 ans, 1 mois et 25 jours)
Prédécesseur Robert Mantin
Successeur René-Pierre Signé
Ministre d'État
Garde des Sceaux, ministre de la Justice

(1 an, 3 mois et 20 jours)
Président René Coty
Gouvernement Guy Mollet
Prédécesseur Robert Schuman
Successeur Édouard Corniglion-Molinier
Ministre de l'Intérieur

(7 mois et 17 jours)
Président René Coty
Gouvernement Pierre Mendès France
Prédécesseur Léon Martinaud-Déplat
Successeur Maurice Bourgès-Maunoury
Ministre d'État délégué au Conseil de l'Europe

(2 mois et 7 jours)
Président Vincent Auriol
Gouvernement Joseph Laniel I
Prédécesseur Pierre Pflimlin (indirectement)
Successeur Maurice Faure (indirectement)
Ministre d'État

(1 mois et 8 jours)
Président Vincent Auriol
Gouvernement Edgar Faure I
Ministre de la France d'Outre-mer

(11 mois et 28 jours)
Président Vincent Auriol
Gouvernement René Pleven I
Henri Queuille I
Prédécesseur Paul Coste-Floret
Successeur Louis Jacquinot
Ministre des Anciens Combattants et des Victimes de guerre

(7 mois et 25 jours)
Président Vincent Auriol
Gouvernement Robert Schuman I
Prédécesseur Daniel Mayer
Successeur André Maroselli

(8 mois et 29 jours)
Président Vincent Auriol
Gouvernement Paul Ramadier I
Prédécesseur Max Lejeune
Successeur Daniel Mayer
Biographie
Nom de naissance François Maurice Adrien Marie Mitterrand
Date de naissance
Lieu de naissance Jarnac (France)
Date de décès
Lieu de décès Paris 7e (France)
Nature du décès Cancer de la prostate
Nationalité Français
Parti politique UDSR (1945-1964)
CIR (1964-1971)
PS (1971-1996)
Conjoints Danielle Gouze
Enfants Pascal Mitterrand
Jean-Christophe Mitterrand
Gilbert Mitterrand
Mazarine Pingeot
Entourage Anne Pingeot (maîtresse)
Frédéric Mitterrand (neveu)
Diplômé de Université de Paris
École libre des sciences politiques
Profession Avocat
Éditeur de presse


Présidents de la République française

Avocat de formation, évadé de guerre, agent contractuel sous le régime de Vichy puis résistant, il s'engage en politique après la Seconde Guerre mondiale au sein de l'Union démocratique et socialiste de la Résistance. Député de 1946 à 1958, puis sénateur de 1959 à 1962 et à nouveau député de 1962 à 1981, il est onze fois ministre sous la IVe République, notamment ministre des Anciens Combattants et des Victimes de guerre, ministre de la France d'Outre-mer, ministre de l'Intérieur et garde des Sceaux, ministre de la Justice.

Défavorable au retour au pouvoir du général de Gaulle en 1958, il passe plus de vingt ans dans l'opposition. Le faux attentat de l'Observatoire menace pour un temps son ascension politique. Après avoir fondé son propre parti, la Convention des institutions républicaines, il est désigné candidat de l'union de la gauche en vue de l'élection présidentielle de 1965, qu'il perd au second tour face au président sortant, Charles de Gaulle. Devenu premier secrétaire du Parti socialiste en 1971, il est à nouveau le candidat de l'union de la gauche à la présidentielle de 1974, lors de laquelle il est battu au second tour par Valéry Giscard d'Estaing.

Candidat du Parti socialiste à l'élection présidentielle de 1981, il est élu au second tour face à Valéry Giscard d'Estaing. Premier chef d'État issu de la gauche sous la Ve République, il fait notamment voter l'abolition de la peine de mort et un certain nombre de mesures sociales inspirées du programme commun, puis décide du « tournant de la rigueur ». Il se présente en Européen convaincu, maintient la France dans l'alliance atlantique ainsi que la « Françafrique ». Avec la « doctrine Mitterrand », il s'engage à ne pas extrader les anciens terroristes d'extrême gauche. Après la défaite de la gauche aux élections législatives de 1986, il nomme Jacques Chirac à la tête du gouvernement, inaugurant la première cohabitation.

En 1988, il est réélu président de la République face à Jacques Chirac. Son second mandat est marqué par l'engagement militaire de la France dans la guerre du Golfe, par l'adoption du traité de Maastricht, par la deuxième cohabitation (avec Édouard Balladur), par le déclin de sa popularité, par des révélations sur son passé et son état de santé déclinant.

Seul président à avoir effectué deux septennats complets, François Mitterrand détient le record de longévité à la présidence de la République française. Atteint d'un cancer de la prostate diagnostiqué dès 1981, il meurt quelques mois après son départ de l'Élysée.

Situation personnelle

Enfance et études

François Maurice Adrien Marie Mitterrand est né le dans la ville charentaise de Jarnac, au sein d'une famille bourgeoise catholique et conservatrice. Son grand-père paternel était chef de gare à Jarnac, fils d'un éclusier du canal de BerryAudes dans le département de l'Allier), et un catholique pratiquant. Sa grand-mère paternelle était limousine, d'une famille de petits fonctionnaires originaires de Séreilhac près de Limoges. Son père Joseph, né à Limoges, était ingénieur de la Compagnie du Chemin de fer de Paris à Orléans puis, en 1919, s'installa à Jarnac pour reprendre la direction de la vinaigrerie de son beau-père, devenant plus tard président de la fédération nationale des syndicats de fabricants de vinaigre[1]. Sa mère, Yvonne Lorrain, issue d'une famille de tradition républicaine, était la fille de Jules Lorrain, producteur vinaigrier, négociant en vins et eaux de vie et conseiller municipal de Jarnac (et petit-neveu par alliance du ministre Léon Faucher). François est le cinquième d'une fratrie de huit enfants. Il a trois frères : Robert (1915-2002), polytechnicien, administrateur de sociétés ; Jacques (1918-2009), général d'armée aérienne ; Philippe (1921-1992), exploitant agricole et ancien maire de Saint-Simon en Charente, et quatre sœurs : Marie-Antoinette (1909-1999) épouse Fernand Ivaldi, puis Pierre de Renoult, puis Pierre Gabriel Signard ; Marie-Josèphe (1912-1997) épouse Charles, marquis de Corlieu, puis Jean Wegmann ; Colette (1914-2004), épouse du capitaine Pierre Landry ; et Geneviève (1919-2006), épouse d'Eugène Delachenal, polytechnicien et banquier.

François Mitterrand en 1933. Il porte l'uniforme de l'école Saint-Paul d'Angoulême, dont le blason s'orne de roses.

François est baptisé le en l'église Saint-Pierre de Jarnac[2]. Il grandit dans une famille fortunée, ayant l'électricité dès 1922. Il fréquente l'école privée Sainte-Marie de Jarnac avec son frère Robert jusqu'en 1925. Cette année-là, François entre comme pensionnaire au collège privé d'enseignement catholique Saint-Paul d'Angoulême pour entamer des études secondaires. Il se révèle excellent en histoire, en géographie, en latin et en philosophie, et prend goût pour la littérature ; il répugne aux mathématiques, à la physique et à l'anglais. Il devient membre de la JEC, structure étudiante de l'Action catholique. En 1933, un discours lui vaut de remporter le championnat de l'éloquence de son école ; il échoue au championnat régional[3].

Il est admissible au « premier bac » en classe de première, mais échoue à l'oral[4]. Il redouble, est admis et obtient son baccalauréat littéraire en 1934[3]. Il choisit de s'inscrire aux facultés des lettres et de droit de Paris. À son arrivée dans la capitale, il s'installe au 104, rue de Vaugirard, pension où se trouve un foyer de pères maristes, la Réunion des étudiants, où il se forme intellectuellement auprès de ses premiers amis, Claude Roy, Pierre Bénouville et André Bettencourt. Après une première année de droit, il s'inscrit parallèlement à l'École libre des sciences politiques, de laquelle il sort diplômé en juin 1937. La même année, il obtient un diplôme d'études supérieures de droit public avec mention bien, à la suite de l'obtention d'une licence en lettres l'année précédente[3],[5].

À partir de , François Mitterrand milite pendant plus d'un an aux Volontaires nationaux, mouvement de jeunesse de la droite nationaliste des Croix-de-Feu du colonel de La Rocque[6]. Porté par un courant très anticommuniste, il adhère à ce mouvement jusqu'à la dissolution des ligues factieuses[7]. Il participe aux manifestations contre « l'invasion métèque » en février 1935 puis à celles contre le professeur de droit Gaston Jèze, après la nomination de ce dernier comme conseiller juridique du Négus d'Éthiopie, en [8]. Il cultive par la suite des relations d'amitiés ou de famille avec des membres de la Cagoule, mais ces liens ne traduisent pas une connivence idéologique selon Henry Rousso et Pierre Péan[9].

Mitterrand, un temps critique littéraire, écrit sur la société contemporaine et la politique dans la Revue Montalembert et dans le quotidien L'Écho de Paris d'Henri de Kérillis, proche du Parti social français. Il y écrit notamment un article regrettant que le Quartier latin se soit laissé envahir par le « dehors ». « Désormais, le Quartier latin est ce complexe de couleurs et de sons si désaccordés qu'on a l'impression de retrouver cette tour de Babel à laquelle nous ne voulions pas croire[10]. » Il publie également, le , un compte rendu de la conférence donnée par Marcel Griaule sur l'Éthiopie, concluant notamment qu'« Il est toujours utile de connaître l'histoire de peuples si particuliers, et, en même temps, si pareils aux autres, car, au fond, ce n'est pas la couleur de la peau ou la forme des cheveux qui ont donné quelque valeur aux âmes[11]. » Il se serait aussi inquiété de l'expansionnisme nazi lors de l'Anschluss dans l'un de ses articles[12]. En 1937, il obtient son diplôme de l'École libre des sciences politiques[13] et s'inscrit pour le service militaire dans l'infanterie coloniale. Il y rencontre Georges Dayan (juif et socialiste) après l'avoir sauvé d'agressions d'antisémites de l'Action française et devient son meilleur ami[14]. Il passe le concours de l'École nationale de la Marine marchande en janvier 1938, où il se classe cinquième. Il décide de ne pas s'y inscrire ; il réussit le concours du rédactorat de la préfecture de la Seine, mais décline également[3]. En septembre, il est incorporé pour son service militaire dans le 23e régiment d'infanterie coloniale.

En , lors de l'engagement de la France dans la Seconde Guerre mondiale et terminant ses études d'avocat à Paris, il est envoyé sur la ligne Maginot avec le grade de sergent-chef, à proximité de Montmédy au 23e régiment d'infanterie coloniale 7e compagnie du capitaine Xavier Louis. En , quelques jours avant l'invasion allemande, il se fiance avec Marie-Louise Terrasse (future Catherine Langeais, elle rompt en pour épouser peu après un comte polonais)[15].

Fin , dans le train de prisonniers qui le conduit en Allemagne, François Mitterrand médite sur les causes du désastre, qu'en lecteur attentif de Jacques Bainville[n 2], il fait remonter à la Révolution française : « […] et je pensais que nous, les héritiers de 150 années d'erreurs, nous n'étions guère responsables »[16].

Familles

Pendant la Seconde Guerre mondiale, François Mitterrand rencontre une jeune résistante bourguignonne, Danielle Gouze, et l'épouse le 28 octobre 1944. Avec elle (présidente, de 1986 à 2011, de la fondation France Libertés fondée en 1986), il a eu trois fils : Pascal, né le 10 juillet 1945 et mort à deux mois et vingt jours, le 30 septembre 1945 ; Jean-Christophe, né le , qui a été conseiller aux affaires africaines du président Mitterrand ; Gilbert, né le , maire de Libourne (Gironde) de 1989 à 2011 et député de la Gironde entre 1981 et 2002.

D'une relation extra-conjugale avec Anne Pingeot, conservatrice de musée, François Mitterrand a eu une fille : Mazarine Pingeot, née le , à Avignon, qu'il reconnaît le devant notaire[17]. Après avoir obtenu son agrégation de philosophie, elle a commencé une carrière d'enseignante puis est devenue écrivaine et chroniqueuse de télévision.

Par ailleurs, Hravn Forsne, un militant politique suédois né en 1988, affirme, dans un entretien publié dans un journal suédois le 8 août 2014, être le fils biologique de François Mitterrand[18],[19]. Sa mère, la journaliste suédoise Christina Forsne, avait évoqué, dans un livre paru en 1997, la liaison qu'elle aurait eue avec l'ancien chef de l'État français[20],[21].

Relations avec le régime de Vichy et Résistance

À la suite de la déclaration de guerre du , François Mitterrand est mobilisé sur la ligne Maginot[22]. Le , en tant que sergent-chef, il est blessé à l'omoplate droite ; après avoir été soigné, il est fait prisonnier par les Allemands le 18 juin. Après dix-huit mois dans les stalags IX A de Ziegenhain-Trutzhain et IX C de Schaala et deux tentatives infructueuses, il s'évade en décembre 1941 et rentre en France[23].

Inaugurée par le maréchal Pétain à Vichy en 1942, l'une des « Maisons du prisonnier » lancées par Maurice Pinot, commissaire général au reclassement des prisonniers de guerre[24].

En janvier 1942, bien que recherché par les Allemands en tant qu'évadé, après un séjour chez les Levy-Despas à Saint-Tropez, il travaille à la Légion française des combattants et des volontaires de la révolution nationale en tant que contractuel du gouvernement de Vichy puis, à partir de juin, au Commissariat au reclassement des prisonniers de guerre, où il est chargé des relations avec la presse et où il favorisa la fourniture de faux papiers pour aider les évasions[25]. En juin 1942, il participe à des réunions au château de Montmaur, où sont jetées les premières bases de son réseau de Résistance[26]. C’est Antoine Mauduit, ancien prisonnier de guerre arrivé à Vichy en mai, qui fut à l’origine de ce rassemblement de Montmaur baptisé « la Chaîne », ouvert à des résistants de tendances et origines diverses[27].

Membres du Commissariat général au reclassement des prisonniers de guerre, François Mitterrand (à droite) et Marcel Barrois (au centre) sont reçus en audience par le maréchal Pétain le .

Le , François Mitterrand est reçu par le maréchal Pétain, avec plusieurs responsables du Comité d'entraide aux prisonniers rapatriés de l'Allier. Le , en représailles à l’invasion par les Alliés de l’Afrique du Nord trois jours plus tôt, les Allemands envahirent la zone libre : le mythe de Pétain, « le bouclier » protégeant la France, vola en éclats, seule « l'épée » (la Résistance) demeurait. Cet événement allait inciter Mitterrand à s’engager plus fermement dans la Résistance aux dépens du gouvernement de Vichy[28].

En janvier 1943, Mitterrand démissionne du Commissariat, à la suite du remplacement du vichysto-résistant Maurice Pinot par André Masson, un partisan de la collaboration. Il conserve cependant un poste à la tête des centres d'entraides. Il se met également en relation avec les Chantiers de jeunesse, une organisation de service national créée par Vichy après l’armistice, et avec les Compagnons de France, une association essentiellement destinée aux adolescents[28].

Au cours des réunions de février 1943 à Montmaur avec les membres de « la Chaîne »[29], Mitterrand fait valoir ses arguments donnant priorité aux anciens prisonniers, en l’occurrence empêcher leur récupération par Pierre Laval, s’opposant ainsi à Michel Cailliau (le neveu du général de Gaulle), partisan d’une lutte armée immédiate. Le conflit entre les deux hommes persista[30].

En février 1943, puis plus tard au printemps, il se rapproche de la puissante Organisation de résistance de l'armée (ORA), en cours de formation. Il commence à prendre Morland comme pseudonyme, nom emprunté à la station de métro Sully-Morland, technique utilisée par les cagoulards[31]. Il utilisera aussi les noms de code Purgon, Monnier, Laroche, capitaine François, Arnaud et Albre. Il cofonde le Rassemblement national des prisonniers de guerre avec Maurice Pinot financé par l'ORA.

Plusieurs membres du réseau Mitterrand-Pinot sont, en pratique, membres de l'ORA. François Mitterrand lui-même est considéré par le service Action de l'organisation comme un de ses membres. Plusieurs actions sont décidées en commun entre des dirigeants de l'ORA et des dirigeants du RNPG et exécutées par des militants des deux mouvements[32].

En mars 1943, Mitterrand rencontre Henri Frenay et le convainc de travailler avec lui. Grâce à Frenay, la Résistance intérieure soutient François Mitterrand contre Michel Cailliau[33]. Mitterrand se retrouve ainsi au cœur d’un réseau d’influence qui comprenait l’ORA, Maurice Pinot et ses partisans, les Chantiers, les Compagnons, et les centres d’entraide, tandis que Michel Cailliau, en rupture avec « la Chaîne » de Montmaur, lance son propre réseau appelé le Mouvement de résistance des prisonniers de guerre et des déportés (MRPGD)[34].

Cependant, la date du , lors de sa rencontre avec le gaulliste Philippe Dechartre, a été considérée comme le moment de sa rupture définitive avec ses anciens protecteurs de Vichy[réf. nécessaire]. Selon Philippe Dechartre, la rencontre du fut organisée, car : « il y avait trois mouvements [de Résistance :] […] le mouvement gaulliste, le mouvement communiste et un mouvement né des Centres d’entraide […] donc on m’a confié [à Philippe Dechartre] la mission de préparer ce qu’on appellerait ensuite la fusion [des trois mouvements]. »[35]

En février ou mars 1943, parrainé par deux anciens « cagoulards » (Gabriel Jeantet, membre du cabinet du maréchal Pétain, et Simon Arbellot), et après l'instruction de son dossier par Paul Racine, il est décoré de l'ordre de la Francisque[36],[37] par le maréchal Pétain : il est le récipiendaire no 2 202, délégué du Service national des prisonniers de guerre[38],[39]. Pour obtenir cette décoration, il a dû en faire la demande en remplissant un formulaire indiquant : « Je fais don de ma personne au maréchal Pétain, comme il a fait don de la sienne à la France. Je m'engage à servir ses disciples et à rester fidèle à sa personne et à son œuvre »[40].

Selon le socialiste Jean Pierre-Bloch, chef de la section non militaire du Bureau central de renseignements et d'action (BCRA) à l'époque, « c'était sur notre ordre que François Mitterrand était resté dans les services de prisonniers de Vichy. Lorsqu'il a été proposé pour la francisque, nous avons parfaitement été tenus au courant ; nous lui avions conseillé d'accepter cette « distinction » pour ne pas se dévoiler. »[41] Pour lui comme d'autres résistants qui travaillent pour Vichy, comme Bernard de Chalvron, Raymond Marcellin ou encore Maurice Couve de Murville, accepter cette distinction constitue une couverture idéale[42],[n 3].

L'activité du RNPG se déplace, au cours de l'année 1943, de la fourniture de faux papiers vers la fourniture de renseignements à la France libre. Selon Pierre de Bénouville, « François Mitterrand avait réussi à mettre sur pied un véritable réseau de renseignement dans les camps. Grâce aux prisonniers de guerre, nous avons pu prendre connaissance d'informations, parfois décisives, sur ce qui se passait derrière les frontières. » Philippe Dechartre a aussi confirmé l'importance du RNPG comme réseau de renseignement[45].

Le 10 juillet 1943, François Mitterrand et le militant communiste Piatzook sont les auteurs d'un coup d'éclat lors d'une grande réunion publique à Paris, salle Wagram, consacrée à la « relève » des prisonniers par les ouvriers. Au moment où André Masson flétrit la « trahison des gaullistes », François Mitterrand l'interpelle de la salle et lui dénie le droit de parler au nom des prisonniers de guerre, qualifiant la relève d'escroquerie. François Mitterrand n'est pas arrêté, sa fuite ayant été facilitée par Piatzook[46].

C'est au mois de novembre 1943 que François Mitterrand passe à la clandestinité, après que son appartement rue Nationale à Vichy a fait l'objet d'une descente de la Gestapo[4] qui perquisitionne son domicile en son absence et y interpelle deux membres du réseau Mitterrand-Pinot qui sont envoyés en déportation dont l'un, le logeur M. Renaud, ne reviendra pas[47],[48]. Un peu plus tard dans la journée, prévenue par un membre du réseau qui a pu s'échapper, l'épouse du colonel Pfister, dirigeant de l'Organisation de résistance de l'armée, repousse Mitterrand, de retour de Paris, dans le wagon dont il sort en gare de Vichy où la Gestapo l'attend[49].

En novembre 1943, il se rend clandestinement par avion le 15 à Londres[50],[51],[52] puis à Alger, où il rencontre le général de Gaulle[53], le général Giraud et Pierre Mendès France. La rencontre fut âpre, de Gaulle demande que les organisations de prisonniers fusionnent sous l'égide de MRPGD, seule condition pour recevoir matériel et argent. « Contre Caillau, Mitterrand va finir par l'emporter à l'issue de cette réunion de Montmaur. Au neveu du Général qui réclame un plan global de résistance, il réplique que « ce n'est pas le moment »[54].

Le , Henri Frenay écrit à Michel Cailliau qu'il se « porte personnellement garant » de François Mitterrand, et que le général de Gaulle partage son point de vue. Suivant Philippe Dechartre, c'est alors qu'il est toujours en Angleterre que le fonctionnaire vichyste Jean-Paul Martin, en accord avec René Bousquet, le fait prévenir des risques imminents d'arrestation qui pèsent sur lui à son retour, la Gestapo l'ayant repéré[55].

Parcours politique

Ascension et glissement vers la gauche (1944-1954)

Henri Frenay durant les années 1940.
Projet d'affiche pour le Mouvement national des prisonniers de guerre et déportés (MNPGD), 1945.

De retour en France, François Mitterrand participe au gouvernement des secrétaires généraux voulu par le général de Gaulle avant l'installation du gouvernement provisoire à Paris : à partir de , il dirige le Mouvement national des prisonniers de guerre et déportés (MNPGD) qui unifie tous les réseaux de résistance de prisonniers de guerre. En , il est nommé au sein du gouvernement provisoire secrétaire général aux Prisonniers, Déportés et Réfugiés (PDR), correspondant du ministre Henri Frenay dans l'attente de son retour de Londres[56]. En août 1944, Mitterrand participe à la libération de Paris, où il participe à la prise du Commissariat général aux prisonniers de guerre et refuse le poste de secrétaire général PDR lorsque Frenay prend la tête du ministère le 2 septembre[56]. Il est alors élu Président du MRPGD[56]. et, le , il épouse Danielle Gouze à l'église Saint-Séverin, avec Jean Munier, Roger-Patrice Pelat, Henri Frenay et Christine Gouze comme témoins[57].

À son poste de secrétaire général des Prisonniers et des Victimes de guerre, il intervient en faveur de l'écrivain Robert Gaillard, qu'il a connu en captivité[58].

En , François Mitterrand accompagne le général Lewis comme représentant de la France pour la libération des camps de Kaufering et de Dachau, à la demande du général de Gaulle[59]. C'est là, en compagnie de Pierre Bugeaud, qu'il découvre, « par un hasard providentiel »[60], Robert Antelme, mari de son amie Marguerite Duras, à l'agonie, atteint du typhus. Les mesures sanitaires interdisant de l'évacuer, il organise l'évasion de cet ancien membre de son réseau. Rétabli, celui-ci sera l'auteur d'un livre important sur la déportation : L'Espèce humaine[61].

En 1945, François Mitterrand et André Bettencourt apportent un témoignage en faveur du fondateur du groupe L'Oréal, mais aussi collaborateur et ancien financier de la Cagoule, Eugène Schueller[62]. François Mitterrand est alors brièvement engagé comme président-directeur général des Éditions du Rond-Point et directeur du magazine Votre Beauté appartenant au groupe fondé par Schueller[63].

En , François Mitterrand adhère à l'Union démocratique et socialiste de la Résistance (UDSR), qu'il préside ensuite de 1953 à 1965 et qui lui offre un premier laboratoire politique[64].

Candidat aux élections de la seconde Assemblée constituante, le , dans la 5e circonscription de la Seine, il ne recueille que 6 % des voix. Par la suite, François Mitterrand hésite entre s'implanter politiquement dans la Vienne ou dans la Nièvre[65]. Eugène Schueller le convainc alors de se présenter dans la Nièvre sous l'étiquette du Rassemblement des gauches républicaines[66]. Pour sa campagne, il bénéficie du soutien d'Edmond Barrachin et de financements du marquis de Roualle, patron du jambon Olida[67]. Avec l'aide du clergé et des notables nivernais, François Mitterrand est élu, le , député de la Nièvre, à la tête d'une liste « Unité et action républicaine », au programme anticommuniste. François Mitterrand abandonne alors ses fonctions aux éditions du Rond-Point.

François Mitterrand devient en 1947 l'un des plus jeunes ministres de France[68] avec le portefeuille des Anciens Combattants et des Victimes de guerre dans le gouvernement du socialiste Paul Ramadier. Dans les années qui suivent, il détient plusieurs portefeuilles ministériels, dont ceux de l'Information, de la France d'Outre-mer, et le ministère délégué au Conseil de l'Europe.

En , parmi 800 délégués (dont Konrad Adenauer, Léon Blum, Winston Churchill, Harold Macmillan, Paul-Henri Spaak et Altiero Spinelli), il participe au congrès de La Haye, à l'origine du Mouvement européen, auquel il adhère[69].

À l'issue des élections cantonales de 1949, il est élu conseiller général de la Nièvre dans le canton de Montsauche-les-Settons. Il est réélu en 1955, 1961, 1967, 1973 et 1979.

François Mitterrand, ministre des Anciens Combattants et des Victimes de guerre (février 1947).

En 1950, René Pleven le nomme ministre de l'Outre-Mer. Il est partisan de l'instauration d'une union franco-africaine où les territoires d'outre-mer jouiraient d'une autonomie négociée et librement consentie et s'efforce d'améliorer le sort des Africains, encore soumis à un régime très dur. Il est alors traité de « bradeur d'empire » : il s'attire dès cette époque une vive hostilité de la part des colons et du RPF, le parti gaulliste de l'époque, qui s'exprime notamment par la voix de Jacques Foccart, Édouard Frédéric-Dupont et Maurice Bayrou[70]. Missionné par René Pléven, il négocie avec Félix Houphouët-Boigny pour le convaincre de détacher son parti le Rassemblement démocratique africain du parti communiste auquel il est apparenté et détendre ainsi les rapports avec l'administration française[71]. Lors des élections législatives de 1951, le RDA présente une liste commune avec l'UDSR. Afin de consolider cette politique libérale, François Mitterrand relève le gouverneur Laurent Péchoux, qui avait été nommé par son prédécesseur Paul Coste-Floret pour démanteler le RDA. François Mitterrand s'aliène alors le MRP[72].

En août 1951, le Mouvement républicain populaire obtient de René Pleven que François Mitterrand quitte le ministère de l'Outre-Mer. Ne faisant plus partie du gouvernement, François Mitterrand, réélu à l'Assemblée le , devient président du groupe parlementaire et renforce son influence sur l'UDSR, et obtient l'élection, au poste de secrétaire général, d'un de ses partisans, Joseph Perrin. Pour autant, il conserve sa loyauté à René Pleven, resté président du Conseil[73].

En 1952, François Mitterrand devient ministre d'État sous le gouvernement d'Edgar Faure. Il prend en charge le dossier tunisien et esquisse un plan d'autonomie interne. Mais le gouvernement Faure est renversé six semaines seulement après sa formation. Les libéraux en matière coloniale (c'est-à-dire ceux qui refusent la répression systématique et prônent l'égalité des droits entre colons et colonisés, puis l'autonomie, voire l'indépendance si elle est réclamée avec force par la population et un interlocuteur crédible) sont provisoirement écartés du pouvoir[74].

Après la formation du gouvernement d'Antoine Pinay, François Mitterrand critique la participation systématique de l'UDSR aux gouvernements et demande un recentrage à gauche. Il dénonce à l'Assemblée la politique répressive du gouvernement et défend avec vigueur le droit des Tunisiens à l'autonomie[75].

En 1953, il devient ministre délégué au Conseil de l'Europe, mais démissionne rapidement en raison de son hostilité à la répression menée au Maroc et en Tunisie ; il préconise vis-à-vis de ces pays, ainsi que pour l'Indochine, une politique plus libérale. Il signe, avec des personnalités comme Albert Camus, Jean-Paul Sartre, Alain Savary ou Louis Vallon, le « manifeste France-Maghreb », demandant que « soient mis en œuvre tous les moyens légaux pour que les principes des droits de l'homme soient appliqués sans distinctions en Afrique du Nord »[76].

Le , il est élu président de l'UDSR par le comité directeur[77]. Il soutient alors une ligne libérale (mais déjà commune à cette époque) pour l'outre-mer : arrêt de la guerre d'Indochine, constitution d'un ensemble franco-africain, fédéral puis confédéral[78] (ce qui revient à accorder l'autonomie, voire l'indépendance-association aux territoires colonisés). Il publie au même moment Aux frontières de l'Union française. Indochine-Tunisie, préfacé par Pierre Mendès France. Il se prononce pour l'indépendance de l'Indochine (avec, si possible, une association) et pour une refonte des liens avec les pays africains : la défense, la monnaie et la politique étrangère doivent relever de l'Union française, avec une pleine association des Africains aux décisions ; les autres domaines doivent relever de l'autonomie des populations locales. Plus généralement, l'élection de François Mitterrand marque une évolution de l'UDSR vers des positions plus à gauche, cependant que le nouveau président du parti « se positionne dès lors pour atteindre l'hôtel Matignon »[79].

Dans la tourmente de la guerre d'Algérie (1954-1958)

En 1954, il est nommé ministre de l'Intérieur dans le gouvernement Pierre Mendès France, formé en juin, qui met fin à la guerre d'Indochine par les accords de Genève du 21 juillet et reconnaît l'autonomie interne de la Tunisie par le discours de Carthage du 31 juillet. François Mitterrand est alors opposé à l'indépendance de l'Algérie. Ses tentatives de muter le gouverneur général Léonard et le directeur de la mosquée de Paris, puis d'augmenter le SMIG d'Algérie, rencontrent l'hostilité des colons et de l'administration[80]. En septembre, il est l'objet de rumeurs malveillantes dans le cadre de l'affaire des fuites. Il s'avère que Mendès France a fait faire depuis deux mois une enquête discrète par son directeur de cabinet, André Pélabon, sur des fuites ayant eu lieu au Comité supérieur de la Défense nationale ; le président du Conseil n'en a informé ni son ministre de l'Intérieur ni son ministre de la Défense nationale[81],[82]. Deux hauts fonctionnaires seront condamnés pour trahison.

Du 19 au , il se rend en Algérie, où il rencontre une nette hostilité de la part des partisans de l'Algérie française[83].

Le 12 novembre de cette même année, à la tribune de l'Assemblée nationale, alors que les premiers conflits de la guerre d'Algérie éclatent, il déclare : « La rébellion algérienne ne peut trouver qu'une forme terminale : la guerre. », puis « L'Algérie, c'est la France. »[84]

En , le gouvernement annonce une forte augmentation des investissements sociaux en Algérie dans l'agriculture et l'éducation, et entend préparer « l'égalité des citoyens […] des chances égales à tous ceux, quelle que soit leur origine, qui naissent sur le sol algérien[85]. » François Mitterrand, ministre de l'Intérieur, autorise alors Germaine Tillion à mener une enquête dans la zone d'insurrection, afin, entre autres, de signaler les éventuelles exactions policières[86]. En accord avec le président du Conseil, il fusionne la police d'Alger avec celle de Paris. Les décrets du , qui mettent fin à l'autonomie de la police d'Algérie, contribuent à permettre la mutation de deux cents agents soupçonnés d'actes de torture ou de l'avoir encouragée. Parmi eux, le directeur des Renseignements généraux d'Alger[87]. Les députés conservateurs en matière coloniale critiquent fermement cette décision. D'après François Mitterrand, la suppression de ce « système détestable » est à l'origine de la chute du gouvernement Mendès France, un mois plus tard (lettre à Pierre Mendès France, )[88]. En tout état de cause, le sénateur Henri Borgeaud, porte-parole des pieds-noirs, avait ainsi menacé : « Si vous fusionnez les polices, nous voterons contre votre gouvernement[89]. »

François Mitterrand assiste Pierre Mendès France dans les négociations qui aboutissent à l'autonomie de la Tunisie et du Maroc.

L'Assemblée nationale ayant été une nouvelle fois dissoute, il mène campagne dans la Nièvre et conserve son siège lors des élections du . Un mois plus tard, il est nommé garde des Sceaux dans le gouvernement Guy Mollet. François Mitterrand participe aux travaux du gouvernement, qui accorde l'indépendance à la Tunisie et au Maroc, l'autonomie à l'Afrique noire. Sur la question algérienne, il critique fermement (en privé[90]) la dérive répressive qui suit l'échec de la tentative de libéralisation, en février 1956. Toutefois, c'est lui qui est chargé par le Conseil des ministres de défendre le projet de loi remettant les pouvoirs spéciaux à l'armée[91]. Il donne systématiquement son aval, en tant que garde des Sceaux, aux nombreuses sentences de mort prononcées par les tribunaux d'Alger contre des militants de la lutte pour l'indépendance, notamment Fernand Iveton, membre du Parti communiste algérien (PCA), guillotiné à Alger le . Sous son ministère, quarante-cinq militants algériens sont condamnés à mort de manière souvent expéditive[92] pour lesquels Mitterrand ne donne que sept avis favorables à la grâce, refusant de gracier dans 80 % des cas connus, six avis étant manquants[93]. Les témoins cités par son biographe Jean Lacouture décrivent un homme profondément hésitant. Cependant, au risque de s'exposer à l'accusation d'avoir couvert, voire encouragé des pratiques renouvelées de celles de la Gestapo et relevant pour le moins du crime de guerre, il reste au gouvernement, car il veut accéder à la présidence du Conseil, où ses pouvoirs seraient plus importants[94].

D'autre part, comme garde des Sceaux du gouvernement Guy Mollet (de février 1956 à juin 1957), en rédigeant et faisant adopter la loi de mars 1956 qui donnait tous pouvoirs aux militaires en matière de justice sur le sol algérien, François Mitterrand a créé les conditions légales de la torture en Algérie[95], dans le temps où Bourgès-Maunoury, son collègue au ministère de la Défense nationale, ferme partisan d'une solution militaire, faisait instituer[96] les techniques contre-insurrectionnelles inspirées par Lacheroy et Hogard qui permirent au général Massu, assisté du colonel Trinquier, de gagner la bataille d'Alger (janvier à octobre 1957)[97].

Dans un tout autre domaine, il fait adopter le statut de l'Agence France-Presse (AFP).

Après la démission de Guy Mollet, François Mitterrand refuse de participer à un gouvernement, à moins de le diriger. Il n'y parvient pas, bien que le président René Coty ait sérieusement envisagé de faire appel à lui.

Le , il refuse de voter la confiance à Charles de Gaulle, expliquant ainsi son vote :

« Lorsque, le , le général de Gaulle s'est présenté devant l'Assemblée consultative provisoire issue des combats de l'extérieur ou de la Résistance, il avait près de lui deux compagnons qui s'appelaient l'honneur et la patrie. Ses compagnons d'aujourd'hui, qu'il n'a sans doute pas choisis, mais qui l'ont suivi jusqu'ici, se nomment le coup de force et la sédition. […] En droit, le général de Gaulle tiendra ce soir ses pouvoirs de la représentation nationale ; en fait, il les détient déjà du coup de force[98]. »

En septembre 1958, il appelle à voter non au référendum sur la Constitution, qui est néanmoins adoptée à une très large majorité, puis promulguée le .

Dans la 3e circonscription de la Nièvre, François Mitterrand est battu aux élections législatives de 1958 rétablissant le scrutin uninominal à deux tours. Arrivé troisième au premier tour le , il se maintient face au socialiste Daniel Benoist, conseiller général du canton de Luzy, contribuant à faire élire le le candidat républicain indépendant Jehan Faulquier, conseiller général du canton de Corbigny[99].

Survie politique et premières tentatives d'union de la gauche (1959-1971)

François Mitterrand en 1959.

En mars 1959, il est élu maire de Château-Chinon (il le reste jusqu'à mai 1981) et, un mois plus tard, sénateur de la Nièvre. Il s'inscrit au groupe de la Gauche démocratique.

En octobre 1959, a lieu l'attentat simulé de l'Observatoire dans lequel François Mitterrand est mis en cause et qui le mène, après la levée de son immunité parlementaire[100], à être inculpé le 9 décembre pour outrage à magistrat au motif d'avoir caché à la justice ses rencontres avec Robert Pesquet[101] et après que, dans une nouvelle version qu'il donne au juge d’instruction, il révèle que Pesquet, devant participer directement à l'attentat, lui aurait suggéré un attentat manqué[102]. La loi d'amnistie de 1966 met fin à la procédure.

Il effectue en 1961 un voyage en Chine où il rencontre Mao Zedong.

Le , François Mitterrand est appelé à témoigner à décharge au procès du général Salan par Jean-Louis Tixier-Vignancour. Le témoignage de Mitterrand porta sur l'« affaire du bazooka », tentative d'assassinat perpétrée contre le général Salan le et qui avait fait un mort, le colonel Rodier. Mitterrand appuya la thèse de Salan à propos du complot gaulliste fomenté (plus ou moins indirectement, c'est selon) par Michel Debré (d'autres personnalités comme Roger Frey et Alain Griotteray furent aussi citées comme prenant aussi plus ou moins part au complot). Cette thèse du complot gaulliste fomenté directement par Debré fut reprise par Mitterrand dans un éditorial du Courrier de la Nièvre. Les auteurs et commanditaires de l'attentat, Philippe Castille, Michel Fechoz et René Kovacs notamment, avaient motivé leur action par la nécessité de remplacer le général Salan, considéré avec Pierre Mendès France comme le liquidateur de l'Indochine, par un général authentiquement favorable à l'Algérie française. Pour François Mitterrand, « Raoul Salan garde le droit de récuser certains de ses accusateurs qui, pour corriger la maladresse de l'avoir manqué, firent de lui plus tard son complice dans les événements de mai 1958 qui ramenèrent le général de Gaulle au pouvoir ». Une partie de la gauche s'en prit alors à Mitterrand, lui reprochant d'être intervenu dans un règlement de comptes au sein de la droite française, d'avoir été jusqu'à saluer Salan dans son box et d'avoir pris place au milieu de ses partisans.

Le , Mitterrand retrouve son siège de député de la Nièvre et abandonne celui de sénateur.

Lors du référendum de 1962 sur l'élection au suffrage universel du président de la République, il appelle à voter « non », alors que le « oui » l'emporte avec 62,25 % des suffrages exprimés.

En 1964, il devient président du conseil général de la Nièvre. Il prend la tête de la Convention des institutions républicaines (CIR) et publie Le Coup d'État permanent, qui renforce sa position d'opposant de gauche à Charles de Gaulle.

Conscient des divisions de la gauche et de la difficulté de se placer en chef de file (Paris égaré par ses intellectuels de gauche)[103], François Mitterrand décide de concentrer ses attaques contre l'image même du général de Gaulle, image renforcée, en particulier, par son célèbre appel du 18 Juin. En effet, François Mitterrand craignait que l'image de De Gaulle, bien ancrée dans l'opinion, réduise ses chances dans une élection au suffrage direct, même avec une gauche rénovée.

En outre, la séparation des pouvoirs et les domaines réservés prévus par la Constitution en cas de cohabitation conduisent François Mitterrand à radicaliser sa position.

D'où l'agressivité qu'il manifeste en 1964, il précise : « qu'il importe que l'opposition s'affirme sans accommodement. Il n'y a d'opposition qu'inconditionnelle dès lors qu'il s'agit de substituer un système de gouvernement à un autre. Retoucher, aménager, corriger le pouvoir absolu c'est déjà composer avec lui, c'est mimer l'opposition de Sa Majesté qui, autant que la majorité, participe au régime qui le soutient. »[104]

Candidature à l'élection présidentielle de 1965

En 1965, bien que représentant d'une petite formation politique (la CIR), il est le candidat unique de la gauche à l'élection présidentielle[105]. Il axe sa campagne sur le changement comme l'indique son slogan de campagne : « Un président jeune pour une France moderne ». Son résultat est inespéré (en seconde position avec 31,78 % des suffrages), tout comme celui du candidat centriste Jean Lecanuet (15 % des suffrages). François Mitterrand reçoit alors l'appui pour le second tour de toute la gauche, mais aussi de Jean Lecanuet, du conservateur modéré Paul Reynaud[106] et d'une partie de l'extrême droite : Jean-Louis Tixier-Vignancour et des partisans de l'OAS. Au soir du second tour, Mitterrand est battu avec le score de 44,80 % des suffrages contre 55,20 % au général de Gaulle[107].

Président de la Fédération de gauche (1965-1968)

François Mitterrand en 1968.

Fort de ce résultat (peu de gens pensaient initialement que de Gaulle pouvait être mis en ballottage), il prend la tête de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS), qui regroupe la gauche non communiste (essentiellement la SFIO, le Parti radical, la CIR et divers clubs). Il forme également le premier contre-gouvernement en France, en 1966, expérience qui ne dure qu'un an. Aux élections législatives de mars 1967, le scrutin uninominal à deux tours et la nouvelle disposition qui relève le seuil et élimine du second tour tous les candidats n'ayant pas obtenu au premier tour au moins 10 % des inscrits, favorisent la majorité sortante face à une opposition hétéroclite (PC, PS et centristes de Jacques Duhamel) et désunie. Mais avec 194 sièges, l'ensemble des partis de gauche (FGDS, Parti communiste) parvient à gagner 63 sièges, le Parti communiste restant la principale force de gauche avec 22,5 % des suffrages[108]. Néanmoins, la coalition gouvernementale est reconduite avec une majorité réduite à un seul siège à l'Assemblée nationale (247 sièges sur 487, dont 231 sièges en métropole). En Métropole, au premier tour, l'ensemble de la gauche (FGDS, PSU, PC) obtient même plus de voix que les seuls partis gouvernementaux gaullistes et giscardiens (46 % contre 42,6 %), alors que le Centre démocrate de Duhamel recule de trois points à 7 % des voix. Mais avec le taux exceptionnel en France de 38 % des suffrages (en hausse de deux points par rapport au précédent scrutin), l'Union pour la Ve République reste le premier parti de France[109].

Le , il déclare : « il convient dès maintenant de constater la vacance du pouvoir et d'organiser la succession. » Cette déclaration est faite la veille du départ du général de Gaulle, parti consulter le général Massu en Allemagne[110]. Il propose le nom de Mendès France pour former le gouvernement provisoire et annonce qu'il est candidat à la présidence de la République, au cas où une élection anticipée aurait lieu. De Gaulle a en effet annoncé qu'il organiserait un référendum, et qu'il démissionnerait si le « non » l'emportait (une idée à laquelle le général a finalement renoncé).

Le discours du 30 mai de De Gaulle réplique de façon sèche. Les élections législatives anticipées de juin 1968 se soldent par un raz-de-marée gaulliste (293 sièges pour la seule UNR et 61 sièges aux républicains indépendants) et une majorité à droite jamais vue depuis le Bloc national de 1919, alors que la gauche s'effondre de 194 à 91 députés. François Mitterrand parvient toutefois à sauver son siège de député.

En 1969, Mitterrand ne se présente pas à la présidence de la République, car il a perdu le soutien de Guy Mollet, qui refuse de lui accorder le soutien de la SFIO. La gauche, représentée par Gaston Defferre pour les socialistes, Jacques Duclos pour les communistes, et Michel Rocard pour le PSU, est éliminée du second tour de l'élection présidentielle, qui voit la victoire de Georges Pompidou face au centriste Alain Poher.

Premier secrétaire du Parti socialiste (1971-1981)

François Mitterrand en 1974.

Lors du congrès d'Épinay de 1971, la Convention des institutions républicaines se fond dans le Parti socialiste (créé en 1969 en remplacement de la SFIO). François Mitterrand est élu premier secrétaire du PS, avec l'appui de l'aile gauche du parti, le CERES mené par Jean-Pierre Chevènement, et celui de deux puissantes fédérations, celles du Nord de Pierre Mauroy et des Bouches-du-Rhône de Gaston Defferre. Comme l'a rapporté Pierre Mauroy dans ses Mémoires, François Mitterrand n'envisageait pas initialement de devenir premier secrétaire : cette tâche devait revenir au dirigeant du Nord, et François Mitterrand lui-même devait exercer un rôle comparable à celui de Léon Blum entre 1921 et 1938. Mais Augustin Laurent aurait réclamé que Pierre Mauroy fût son successeur à la mairie de Lille sans exercer de responsabilités nationales.

En juin 1972, il signe le Programme commun de gouvernement avec le Parti communiste de Georges Marchais et le Mouvement des radicaux de gauche de Robert Fabre.

Aux élections législatives de 1973, le Parti socialiste obtient presque autant de voix que le Parti communiste au premier tour et davantage au second[111], mettant fin à une supériorité qui remontait à 1946. Les élections cantonales qui ont lieu en septembre de la même année confirment cette évolution. Par ailleurs, le PSU chute de 4 à 2 % par rapport à 1968[112]. Au congrès du PS tenu à Grenoble la même année, la motion finale de François Mitterrand obtient 96 % des voix[113].

Le , le président de la République, Georges Pompidou, meurt des suites d'une longue maladie. François Mitterrand est désigné candidat du Parti socialiste le 8 avril, puis devient le candidat unique de la gauche. Le , lors du second tour de l'élection présidentielle, François Mitterrand perd face à Valéry Giscard d'Estaing, avec 49,19 % des voix au second tour[114].

Aux élections cantonales 1976 et aux élections municipales 1977, le PS devance nettement le PCF. En septembre 1977 a lieu la rupture de l'union de la gauche alors que les communistes, se sentant menacés, posaient de nouvelles conditions à l'actualisation du Programme commun.

À l'issue du second tour des élections législatives de 1978, la gauche, majoritaire au premier tour, est battue par la droite (UDF-RPR), qui obtient 291 sièges contre 200 à la gauche. Michel Rocard remet alors en cause François Mitterrand et la direction du Parti socialiste.

François Mitterrand tenant une réunion publique (Strasbourg, ).

En avril 1979, François Mitterrand s'allie avec le CERES de Jean-Pierre Chevènement contre Michel Rocard (la « deuxième gauche ») pour remporter le congrès de Metz du Parti socialiste.

Victoire à l’élection présidentielle de 1981

Au cours de l'année 1980, il annonce sa candidature à l'occasion d'une entrevue avec Luce Perrot pour la promotion de son Ici et maintenant[115]. Lors du congrès extraordinaire de Créteil, qui se déroule en janvier 1981, il est désigné candidat du PS avec 83,64 % des voix[116]. Il adopte les « 110 propositions pour la France » comme programme, recyclant bon nombre de propositions du Programme commun.

François Mitterrand lors d'un meeting de campagne, le .

Le , au premier tour de l'élection présidentielle, il recueille 25,85 % des voix, contre 28,32 % pour Valéry Giscard d'Estaing. Jacques Chirac obtient 18,00 % des suffrages et Georges Marchais 15,35 %.

Durant l'entre-deux-tours, François Mitterrand tire profit du ralliement des communistes à sa candidature et de la mauvaise campagne de Valéry Giscard d'Estaing[117]. Son élection est également facilitée par l'attitude de Jacques Chirac, qui se montre réticent à soutenir le président sortant[118]. Déclarant son intention de voter pour Valéry Giscard d'Estaing « à titre personnel », Jacques Chirac refuse de donner une consigne de vote, tandis que plusieurs permanences du RPR appellent leurs militants à voter en faveur du candidat socialiste[119],[120],[121]. En fait, dès 1980, un accord secret avait été trouvé, au domicile d'Édith Cresson, entre François Mitterrand et Jacques Chirac, ce dernier promettant de faire en sorte que son électorat se porte au second tour sur le candidat du PS, en espérant profiter du désenchantement de l'alternance[122],[123],[124],[125]. Alors que Jacques Chirac a toujours publiquement démenti l'existence d'un tel accord[126],[127],[128], François Mitterrand en a révélé l'existence à Valéry Giscard d'Estaing en décembre 1995, estimant que sans cet accord, avec 550 000 voix à la clé, il ne pouvait être élu[129]. Plusieurs personnalités politiques, dont Édith Cresson, confirment par la suite cet accord secret[122],[123],[129].

Au soir du , François Mitterrand est élu président de la République avec 51,76 % des suffrages exprimés contre 48,24 % à Valéry Giscard d'Estaing.

Premier septennat (1981-1988)

Le , le septennat du nouveau président s'ouvre par une cérémonie au Panthéon. Puis il nomme son premier gouvernement dirigé par Pierre Mauroy.

Le lendemain, il dissout l'Assemblée nationale. Les élections qui suivent, les 14 et , lui donnent la majorité absolue au Parlement. Un deuxième gouvernement de Pierre Mauroy fait entrer quatre ministres communistes. De nombreuses réformes sociales sont alors adoptées.

Sur le plan économique, le septennat est marqué dans un premier temps par une vague de nationalisations (loi du ) et par une politique de maîtrise de l'inflation, infléchie vers l'austérité à partir du « tournant de la rigueur », vu comme un passage à une « culture de gouvernement » par les partisans de la deuxième gauche.

Le septennat s'achève en 1988 sous la première cohabitation de la Ve République.

Gouvernements Mauroy
François Mitterrand et le président américain Reagan, en 1981.

Les deux premières années des gouvernements Mauroy se caractérisent par une série de mesures économiques à rebours des autres pays qui diminuent leurs dépenses publiques et par des relances keynésiennes qui fonctionnent mal.

Mesure phare du « programme commun de gouvernement » signé en 1972 entre le PS et le PCF, la loi du 13 février 1982 entraîne la nationalisation de banques (les 36 premières banques de dépôt, ainsi que Paribas et Suez) et de grands groupes industriels (Compagnie générale des eaux, Pechiney, Rhône-Poulenc, Saint-Gobain, Technicolor). Le gouvernement octroie une augmentation du SMIC de 10 %, des allocations familiales et logement de 25 %, handicapés de 20 %, procède à des mesures symboliques telles que la création de l'impôt sur les grandes fortunes (supprimé en 1987, rétabli en 1988 sous le nom d'ISF, impôt de solidarité sur la fortune). Suit une série de mesures touchant le travail telles que la semaine de 39 heures (durée légale du travail), la 5e semaine de congés payés, ainsi que des ordonnances sur le cumul emploi-retraite, le travail à temps partiel, et l'insertion professionnelle des jeunes de 16 à 18 ans. Le gouvernement accorde la retraite à 60 ans. Les lois Auroux sur le droit du travail transforment profondément les relations de travail en France. Enfin, la loi Quilliot modifie les droits et les devoirs des bailleurs et locataires.

Toutes ces mesures sont accompagnées par un premier blocage des prix, par la fin de l'indexation des salaires sur les prix[130] et par un durcissement du contrôle des changes.

La relance de l'économie et les lois sociales amènent le Premier ministre à décider une augmentation de 27,5 % des dépenses publiques. Il en résulte au cours de l'année 1982, le triplement du déficit budgétaire, un accroissement de la dette publique de 418 milliards à 617 milliards de francs, un déficit de la balance extérieure de 93,3 Mds de francs au lieu de 50,6 Mds, un important écart d'inflation avec les partenaires européens, la dette extérieure étant multipliée par quatre en 3 ans. Il apparut, après la chute du franc, la nécessité de trois dévaluations : , et [131].

Confronté à une forte hausse de la dette et à une importante dégradation des comptes publics intérieurs et extérieurs, le gouvernement doit changer de politique : c’est le « tournant de la rigueur ». La France doit alors traiter avec des partenaires commerciaux (États-Unis, Royaume-Uni, Canada) qui effectuent une « révolution conservatrice » en adoptant une vision économique plus libérale, proche de l'austérité[132].

Les gouvernements réalisent d'importantes réformes juridiques : suppression de la Cour de sûreté de l'État, abolition de la peine de mort, abrogation de la loi dite « anticasseurs », qui établissait notamment le principe d'une responsabilité pénale collective. Ils font adopter une loi d'amnistie, qui inclut les « délits homosexuels »[133].

Différentes mesures sont prises concernant la vie culturelle et les médias telles l'autorisation des radios locales privées et la première fête de la musique, créée par Jack Lang, ministre de la Culture. Est créée la Haute Autorité pour la communication audiovisuelle (ancêtre de l'actuel CSA).

Plusieurs mesures sociétales sont entérinées comme le passage de la majorité sexuelle à 15 ans pour tous, abolissant la distinction, introduite en 1942 et confirmée en 1945, dans l'âge de consentement entre rapports homosexuels et hétérosexuels[134]. Le mode de vie homosexuel cesse d'être une clause d'annulation du bail d'habitation[135].

Le gouvernement procède enfin à une régularisation des étrangers en situation irrégulière qui exercent un travail et peuvent le prouver.

La loi-cadre Defferre sur la décentralisation élève la région en une collectivité territoriale de plein exercice.

En matière d'éducation sont créées les zones d'éducation prioritaire (ZEP).

François Mitterrand met en place la cellule antiterroriste de l'Élysée dont le fonctionnement sera dévoilé par l'affaire des écoutes de l'Élysée.

La politique étrangère est marquée par le discours dit « de Cancún » prononcé à Mexico en marge de la conférence Nord-Sud de Cancún[136],[137], et la première visite d'un chef d'État français en Israël : le président Mitterrand prononce à la Knesset (parlement israélien) un discours dans lequel il déclare qu’il existe un « irréductible droit de vivre » pour Israël tout en appelant au respect des droits des Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie. Dans ses premiers vœux présidentiels, Mitterrand appelle à la gestion d'une Europe post-Yalta, un souhait qu’il réaffirme à plusieurs reprises[138].

  • 1983
    • Politique intérieure
      • Troisième gouvernement de Pierre Mauroy.
      • 1er plan de « rigueur » en mars (« tournant de la rigueur »).
      • Réforme de la loi Peyrefitte, dite Sécurité et Liberté.
      • Loi Roudy sur l'égalité salariale entre hommes et femmes dans les entreprises.
      • Loi sur l'indemnisation des victimes de crimes et délits.
      • Loi Le Pors portant droits et obligations des fonctionnaires. Les notions de « bonne moralité » et de « bonnes mœurs » sont supprimées du statut général des fonctionnaires[139].
    • Politique étrangère
      • Crise des euromissiles : soutien de François Mitterrand à l'installation de missiles Pershing 2 en Allemagne pour faire contrepoids aux missiles soviétiques. Discours du Bundestag sur l'équilibre des forces le  : « Seul l'équilibre des forces peut conduire à de bonnes relations avec les pays de l'Est, nos voisins et partenaires historiques. Mais le maintien de cet équilibre implique à mes yeux que des régions entières de l'Europe ne soient pas dépourvues de parade face à des armes nucléaires dirigées contre elles. » En octobre, à Bruxelles, il déclare : « Je suis moi aussi contre les euromissiles, seulement je constate que les pacifistes sont à l'ouest et les euromissiles à l'est. »
      • Août 1983, opération Manta renforçant l'intervention française au Tchad.
      • Attentat du Drakkar le à Beyrouth : 58 soldats français et 239 Marines américains sont tués. François Mitterrand se rend au Liban dès le lendemain.

Le changement de politique économique dit « tournant de la rigueur », sujet à débat, ne fut pas accepté par une partie de l'électorat de gauche. En , on ne compte plus en effet que 32 % de satisfaits, un record pour un président de la République de la Ve à l'époque. C'était pire encore pour Mauroy qui ne recueille plus que 28 %[140].

François Mitterrand en 1984.
  • 1984
    • Politique intérieure
      • Crise sidérurgique dans le Nord : plan de « modernisation ». Fermeture ou reconversion des anciennes mines de charbon, accélération du processus commencé dans les années 1960.
      • Élections européennes : percée du Front national, recul du PS à 20,75 % des voix, seulement 11,20 % au PC, la liste RPR-UDF recueille 43,02 % ; Le Monde titre « Grave échec de la gauche »[141].
      • Loi sur la formation professionnelle.
      • Abandon du projet de loi Savary sur l'enseignement à la suite des manifestations pour l'enseignement libre.
    • Politique étrangère et européenne
Gouvernement Fabius
  • -
    • Nouveau gouvernement de Laurent Fabius, fin de la participation des communistes au gouvernement.
    • Septembre 1984 : accord franco-libyen sur « l'évacuation totale et concomitante du Tchad » qui ne sera pas respecté par la Libye[142].
    • Libéralisation de l'audiovisuel, création des premières chaînes de télévision privées (dont Canal+).
    • Nouveau statut pour la Polynésie.
    • Novembre 1984 : début d'affrontements sanglants en Nouvelle-Calédonie.
    • 16 décembre 1984 : François Mitterrand déclare à la télévision ne pas vouloir faire usage de la « force injuste de la loi » en Nouvelle-Calédonie, vis-à-vis des partisans de l'indépendance[143].
    • Commémoration de la bataille de Verdun, où a lieu la célèbre poignée de main entre le président Mitterrand et le chancelier Helmut Kohl.

En , malgré la bonne cote de Laurent Fabius, celle du président Mitterrand selon l'IFOP n'est plus que de 28 % de satisfaits contre 55 % de mécontents[144].

  • 1985
    • Politique intérieure
      • Inauguration de la Géode au parc de la Villette à Paris.
      • Loi Montagne.
      • Instauration du mode de scrutin proportionnel aux élections législatives prévues l'année suivante.
      • Loi limitant le cumul des mandats.
      • Réforme du Code pénal.
      • Aux élections cantonales de , la gauche perd 10 départements et ne recueille plus que 41,10 % des suffrages. La droite contrôle 71 présidences de conseil généraux.
    • Politique étrangère et européenne
  • Janvier-
  • Signature de l'Acte unique européen.
Gouvernement Chirac
François Mitterrand et Jacques Chirac en 1986.
François Mitterrand et le chancelier fédéral allemand Kohl en 1987.
  • Mars-
    • L'union de la droite RPR-UDF-DVD remporte les élections législatives du avec 288 sièges, contre 215 au PS et seulement 35 au PC. Le Front national obtient 35 députés. Le PC n'obtient plus que 9,7 % des suffrages exprimés.
    • Le même jour, la droite emporte, largement cette fois, les élections régionales en emportant la majorité dans 20 régions sur 22 : le Nord et le Limousin.
    • Jacques Chirac forme un nouveau gouvernement : lors de sa formation, François Mitterrand s'oppose à la nomination de plusieurs personnalités (Jean Lecanuet et Étienne Dailly notamment)[145]. C'est la première cohabitation.
    • Promulgation de la loi supprimant l'autorisation administrative de licenciement.
    • 1er sommet de la francophonie.
    • Inauguration du musée d'Orsay.
    • Privatisations de banques et d'entreprises publiques.
    • Ordonnances du relatives à la liberté des prix et de la concurrence.
    • Vague d'attentats terroristes à l'automne 1986 commis par le réseau Fouad Ali Salah.
    • Manifestations étudiantes contre le « projet Devaquet » de réforme de l'Université.
  • 1987
    • Inauguration de l'Institut du monde arabe.
    • Arrestation des militants du groupe terroriste Action directe puis arrestations des membres du réseau Fouad Ali Salah.
    • Privatisation de TF1 et création de M6.
    • Rupture (provisoire) des relations diplomatiques avec l'Iran en juillet après le refus de l'ambassade iranienne de remettre aux autorités françaises, un interprète de l'ambassade d'Iran suspecté d'être impliqué dans la vague d'attentats terroristes.
    • Septembre 1987 : référendum en Nouvelle-Calédonie sur le maintien au sein de la République, boycotté par le FLNKS (98,3 % contre l'indépendance, 40 % d'abstention).
    • Célébrations du Millénaire capétien dans la basilique de Saint-Denis par François Mitterrand.
  • 1988
    • Inauguration de la pyramide du Louvre.
    • Loi sur le financement des campagnes électorales présidentielles et législatives, à la suite d'une proposition de François Mitterrand.
    •  : en Nouvelle-Calédonie, attaque de la gendarmerie de Fayaoué (île d'Ouvéa) par un commando canaque, tuant quatre gendarmes et prenant en otage les autres. Le , assaut de la grotte d'Ouvéa par la gendarmerie : 21 morts (deux militaires et dix-neuf indépendantistes calédoniens).

Second septennat (1988-1995)

Bien qu'il se sache atteint d'un cancer de la prostate depuis le [146], il annonce sa candidature pour un second septennat le au journal d'Antenne 2. L'information concernant ce cancer ne sera dévoilée que lors de son hospitalisation au Val-de-Grâce en .

Le , François Mitterrand arrive nettement en tête du premier tour de l'élection présidentielle avec 34,10 % des suffrages face à son Premier ministre et chef de la majorité Jacques Chirac (19,94 %)[147]. Le , François Mitterrand est réélu avec 54,02 % des voix[148].

Le second septennat de François Mitterrand est marqué par l'instauration du RMI et de la CSG, les célébrations du bicentenaire de la Révolution, la chute du mur de Berlin, la réunification allemande (pour laquelle il était réticent[149]), l'engagement dans la première guerre d'Irak, le référendum sur le traité de Maastricht, mais aussi par les affaires politiques, la maladie du président, la révélation publique de l'existence de sa fille adultérine Mazarine Pingeot (dont il a tenté de cacher l'existence, notamment en l'installant à Gordes[150]) et les polémiques sur ses activités et ses amitiés nouées dans les années 1930 puis sous le régime de Vichy[151].

Gouvernement Rocard
François Mitterrand à la réunion de Toronto du G7 en 1988.

Il nomme Premier ministre Michel Rocard, qu'il déteste et qu'il humiliera à plusieurs reprises[152],[n 4]. Après la dissolution de l'Assemblée nationale, les socialistes et apparentés remportent une majorité relative. Mais les communistes refusent une alliance gouvernementale. Les gouvernements socialistes sont ainsi contraints à un jeu de bascule entre le groupe communiste et les éléments modérés de l'opposition, surtout l'Union du centre. Michel Rocard utilise à plusieurs reprises l'article 49 alinéa 3 de la Constitution pour faire adopter ses réformes.

Gouvernement Cresson
François Mitterrand en 1988.

En , Michel Rocard est remplacé par Édith Cresson qui altère rapidement son image par des propos maladroits sur les Anglais (« des homosexuels »[153]) et les Japonais (« des fourmis »[153]). Sa remarque « La Bourse, j'en ai rien à cirer » effrite encore davantage sa crédibilité[153]. Elle cède la place dix mois plus tard à Pierre Bérégovoy.

Pour ce qui est de la politique étrangère, le pays est témoin de l'étape finale de la dislocation de l'URSS, dont l'épisode déterminant est le putsch de Moscou d’août 1991, lors duquel Mikhaïl Gorbatchev est séquestré. Le président Mitterrand déclare alors vouloir attendre les intentions des « nouveaux dirigeants » soviétiques et, afin de ménager les putschistes, refuse de rencontrer Boris Eltsine. Cette attitude initiale plutôt conciliante envers les putschistes fait controverse[154],[155],[156].

Gouvernement Bérégovoy

Le , Pierre Bérégovoy se donne la mort après que la presse a largement commenté le prêt dont il avait bénéficié de Patrice Pelat sans remboursement établi et pour acheter un appartement. Le , lors de ses obsèques, François Mitterrand déclare : « Toutes les explications du monde ne justifieront pas qu'on ait pu livrer aux chiens l'honneur d'un homme, et finalement sa vie », visant les médias en général.

Gouvernement Balladur
François Mitterrand, Philippe Séguin et Gilbert Baumet au palais de l'Élysée en 1992.

François Mitterrand, dont la cote personnelle ne dépasse pas 22 % de satisfaits (IFOP) alors que le PIB baisse de 0,8 %, ne peut empêcher la droite de remporter très largement les élections législatives en 1993 : le groupe socialiste et apparentés ne compte plus que 67 députés sur 577. Le président nomme alors Édouard Balladur à la tête du gouvernement : il va être son dernier Premier ministre.

Fin de mandat et retrait de la politique

François Mitterrand et Roland Dumas en 1994.

Durant les derniers mois de sa présidence, François Mitterrand, diminué par la maladie, est contraint de rester la plupart du temps allongé[158]. Ne se présentant pas à l'élection présidentielle de 1995, il pousse Jack Lang à briguer la présidence de la République et entretient des relations tendues avec le candidat du Parti socialiste, Lionel Jospin, qui se montre critique envers son passé et le bilan de sa présidence, en utilisant l'expression du « droit d'inventaire »[159]. Arrivé en tête au premier tour de l'élection présidentielle, Jospin est battu par Jacques Chirac au second tour le .

Le , le président élu, Jacques Chirac, et François Mitterrand, encore en fonction, célèbrent à Paris la victoire de 1945 et affichent une bonne entente. Pour la première fois deux présidents de la République française se retrouvent côte à côte dans ce genre de cérémonie. Le , deux heures avant sa passation de pouvoir avec Jacques Chirac, François Mitterrand prend le petit-déjeuner avec l'écrivain et académicien Jean d'Ormesson qui est ainsi la dernière personnalité reçue par Mitterrand à l'Élysée. Après un entretien privé, Jacques Chirac est officiellement investi et François Mitterrand lui transmet ses pouvoirs, au cours d'une cérémonie officielle au palais de l'Élysée. Après la passation de pouvoirs, François Mitterrand se rend au siège du Parti socialiste, rue de Solférino, où il prononce son dernier discours public.

Bilan de ses mandats présidentiels

François Mitterrand reste le seul président de la République française à avoir exercé deux septennats complets[160].

Du point de vue économique, sa présidence est marquée par la valorisation des minima sociaux (augmentation du salaire minimum interprofessionnel de croissance, création du revenu minimum d’insertion) et la création de l’impôt sur les grandes fortunes, remplacé depuis par l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF). Le début du premier septennat consacre également les nationalisations, suivies en du tournant de la rigueur puis des privatisations. Le chômage qui était en 1981 de 1,5 million de personnes (soit 6 % de la population) dépasse en les 3,1 millions de chômeurs (soit 11,3 % de la population)[161],[162],[163]. La dette publique suit cette tendance haussière puisqu’elle est multipliée par six : de 110,1 milliards d’euros en 1981 à 662,6 milliards en 1995[164].

Sur le plan international, François Mitterrand parachève la doctrine qui sera qualifiée de « gaullo-mitterrandisme ». Il défend la possession par la France de la bombe atomique française, que les Américains voulaient voir incluse dans les accords de dénucléarisation avec l'URSS. Il souhaite faire avancer l'Europe de la défense pour que l'OTAN, dirigée implicitement par les États-Unis, ne soit plus le protecteur de l'Europe[165]. François Mitterrand s'allie avec les États-Unis, notamment dans la guerre du Golfe, en faisant état d’« une logique de guerre » et envoyant un détachement de 9 500 soldats combattre l'Irak[154]. Henry Kissinger dit de lui qu'il a été « un très bon allié, le meilleur de tous les présidents français » pour son alignement sur Washington[166]. Peu avant d'achever son deuxième mandat, Mitterrand décrit les relations franco-américaines comme étant beaucoup plus belliqueuses qu'elles n'y paraissent : « La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre avec l’Amérique. Oui, une guerre permanente, une guerre vitale, une guerre économique, une guerre sans mort apparemment. Oui, ils sont très durs les Américains, ils sont voraces, ils veulent un pouvoir sans partage sur le monde. C’est une guerre inconnue, une guerre permanente […] et pourtant une guerre à mort »[167]. Sur le plan de l’Union européenne, les deux septennats sont marqués par la signature des accords de Schengen et du traité de Maastricht, qui ouvre la voie de l'adoption de l’euro. Il se montre hostile à la réunification de l’Allemagne[154].

François Mitterrand en 1988.

La société est aussi marquée avec l’abolition de la peine de mort, votée sous la houlette de Robert Badinter. L’âge légal de départ à la retraite est avancé à 60 ans, au lieu de 65 depuis 1910 et la cinquième semaine de congés payés est généralisée. Édith Cresson est la première femme en France à accéder au poste de Premier ministre. La libéralisation des mœurs se poursuit : l’article 331, alinéa 2 du Code pénal est abrogé, mettant un terme à la discrimination légale contre les homosexuels. Ce texte, hérité du maréchal Pétain, permettait de punir « d’un emprisonnement de six mois à trois ans et d‘une amende de 60 francs à 20 000 francs toute personne qui aura commis un acte impudique ou contre nature avec un individu "mineur" du même sexe » ; cette disposition n’existait pas pour les actes hétérosexuels.

Sur le plan politique, François Mitterrand fait accepter par la gauche les institutions de la Ve République, qu'elle critiquait jusqu’alors ainsi que les concepts de social-démocratie, de gauche de gouvernement. On assiste également à la pratique de la cohabitation avec un gouvernement de droite à deux reprises, sans difficulté majeure. Enfin, la Corse bénéficie d’un statut particulier.

Culturellement, la présidence de François Mitterrand voit comme mesure phare la libéralisation des ondes (développement de « radios libres »). Il met en œuvre une politique de Grands Travaux, tels que l'édification de certains monuments comme le nouveau musée du Louvre et sa pyramide, la construction de l'arche de la Défense, de l'opéra Bastille et l'inauguration de la Bibliothèque nationale de France.

Ses septennats sont également marqués par un grand nombre d'affaires : Rainbow Warrior, sang contaminé, Irlandais de Vincennes, écoutes de l'Élysée, Urba, Péchiney, ELF, Tapie, révélation de son amitié avec René Bousquet, suicides suspects de son ex-Premier ministre Pierre Bérégovoy et de son conseiller à l’Élysée François de Grossouvre, celui-ci dans les locaux du palais, etc.

Selon Danielle Mitterrand, son épouse, il aurait déclaré au sujet de ses renoncements : « Je n'ai pas le pouvoir d'affronter la Banque mondiale, le capitalisme, le néolibéralisme. J'ai gagné un gouvernement mais je n’ai pas le pouvoir »[168].

Après la présidence de la République

En retrait de la vie publique

En tant qu'ancien président de la République, il devient membre de droit du Conseil constitutionnel, mais refuse d'y siéger. Il se consacre dès lors principalement à la lecture, à l'écriture et effectue de nombreux déplacements (familiaux, politiques), bien qu'étant très affaibli. Il reçoit chez lui des hommes politiques comme Henri Emmanuelli, Michel Charasse, Michel Barnier, Édouard Balladur ou l'ancien président de la République Valéry Giscard d'Estaing, à qui il déclare que sa victoire de 1981 face à lui est due à la « trahison » du RPR et de Chirac.

Devant ses visiteurs, il désapprouve deux décisions prises par Jacques Chirac au début de son mandat : la reprise des essais nucléaires français et la reconnaissance de la responsabilité de la France dans la déportation vers l'Allemagne de Juifs français sous l'Occupation[169]. En privé, il critique également la montée en puissance de Lionel Jospin au sein du Parti socialiste[170]. Chirac affirme dans ses mémoires qu'il ne revit pas Mitterrand après son départ de l’Élysée, mais qu'ils se téléphonèrent régulièrement[réf. souhaitée].

François Mitterrand interprète pendant quelques secondes, en , son propre rôle dans le film à sketches Lumière et Compagnie, dans le segment de Régis Wargnier, un film documentaire réalisé par 41 réalisateurs[171]. Le mois suivant, il participe à un colloque d'anciens chefs d'État et de gouvernement organisé par l'ancien président des États-Unis George H. W. Bush à Colorado Springs.

Dégradation de son état de santé

Sépulture de la famille Mitterrand à Jarnac (Charente).

Le , il passe Noël à Assouan en Égypte. Ce voyage lui avait été fortement déconseillé en raison de son état de santé. Le , il passe le réveillon en famille dans sa propriété à Latche, dans les Landes. Le , il rentre à Paris pour effectuer des examens médicaux importants et subir un nouveau traitement. Son cerveau étant atteint par des métastases, il prend la décision de ne pratiquement plus s'alimenter pour accélérer la fin[172].

Mort, funérailles et hommages

François Mitterrand meurt le à l'âge de 79 ans des suites d'un cancer de la prostate, dans son appartement de fonction du 9 avenue Frédéric-Le-Play, dans le 7e arrondissement de Paris, immeuble où réside également Anne Pingeot. Des chefs d'État et des personnalités politiques se rendent très vite sur les lieux. L'hommage de la classe politique est unanime, y compris chez ses détracteurs, à l'exception notable d'Arlette Laguiller[173],[174],[175]. Jacques Chirac fit une déclaration le soir même, qui surprit beaucoup par sa bienveillance[176],[177],[178]. Sa mort est à la une de toute la presse, sauf Présent[179].

En avril 2012, deux journalistes, Laurent Léger et Denis Demonpion affirment que François Mitterrand « a vu un lundi, à sa demande expresse, son calvaire abrégé » : selon eux, « une injection lui fut administrée par voie intraveineuse[180] », l'historien Philip Short évoquant l'intervention du spécialiste de la lutte contre la douleur, le médecin Jean-Pierre Tarot[181]. Toutefois, les auteurs ne parlent pas d'euthanasie.

Paris Match publie, le , un second numéro hommage avec une photographie, volée, de l'ancien président sur son lit de mort, accompagné de la mention : « Dans la chambre nue, un gisant pour l'histoire »[182],[183]. L'hebdomadaire charge la tâche à Pascal Rostain et Bruno Mouron, qui avaient révélé la fille cachée du président. L'hebdomadaire est condamné, mais refuse de dévoiler l'auteur du cliché[184]. Alors que près de 400 personnes se sont recueillies devant sa dépouille[185], trois personnes sont soupçonnées : Claude Azoulay, le photographe, Patrick Amory, un intime de la famille, et Ali Baddou, le compagnon de Mazarine Pingeot. Les accusations ont été importantes contre Azoulay, mais une enquête du journal Le Monde montre que ce serait Amory qui aurait pris la photographie le 9 janvier[186],[187]. Ses proches ne font pas preuve de rancune : Danielle Mitterrand fait plusieurs reportages pour le magazine la même année, tandis que la famille est satisfaite de la qualité du cliché[186] ; Mitterrand lui-même ne trouvait pas l'idée déplaisante[188],[184].

Ses obsèques, le , donneront l'occasion d'apercevoir côte à côte ses deux familles, officielle et officieuse. Une messe privée se déroule en l'église de Jarnac, Charente (durant cette cérémonie, son labrador nommé Baltique reste à l'extérieur de l'église, tenu en laisse par Michel Charasse). Une messe officielle se déroule au même moment en la cathédrale Notre-Dame de Paris célébrée par le cardinal Lustiger en présence de 61 chefs d'État et de gouvernement, dont Rainier III, Fidel Castro, Yasser Arafat, le Prince Charles, Helmut Kohl (ému), Al Gore, Boris Eltsine, Albert II[189]. Le est déclaré jour de deuil national[190].

François Mitterrand repose au cimetière de Jarnac, en Charente, dans le caveau familial. Il avait initialement décidé de se faire inhumer au sommet du mont Beuvray, mais avait dû y renoncer en 1995, face à la polémique suscitée par cette annonce[191].

Détail des mandats et fonctions

À la présidence de la République

Au gouvernement

FonctionGouvernementPériode
Secrétaire général aux PrisonniersCharles de Gaulledu 26 août au
Ministre des Anciens Combattants et des Victimes de guerrePaul Ramadierdu 22 janvier au
Ministre des Anciens Combattants et des Victimes de guerreRobert Schumandu au
Secrétaire d'État à l'InformationAndré Mariedu 26 juillet au
Secrétaire d'État à la vice-présidence du ConseilRobert Schumandu 5 au
Secrétaire d'État à la présidence du ConseilHenri Queuilledu au
Ministre de la France d'Outre-merRené Plevendu au
Ministre de la France d'Outre-merHenri Queuilledu 10 mars au
Ministre d'ÉtatEdgar Fauredu 20 janvier au
Ministre d'État délégué au Conseil de l'EuropeJoseph Lanieldu 28 juin au
Ministre de l'IntérieurPierre Mendès Francedu au
Ministre d'État, chargé de la JusticeGuy Molletdu au

À l’Assemblée nationale

Au Sénat

Au Sénat de la Communauté

Au niveau local

Au sein de partis politiques

Principales affaires et controverses

Attentat de l'Observatoire

L'attentat de l'Observatoire est un faux attentat mené contre François Mitterrand en 1959. Accusé de l'avoir commandité dans le but de regagner en visibilité auprès de l'opinion publique, François Mitterrand est inculpé pour « outrage à magistrat »[101], avant qu'une loi d'amnistie prise par le gouvernement Pompidou ne close les poursuites en 1966.

Affaire des Irlandais de Vincennes

Il s'agit du premier scandale politico-médiatique de l'ère Mitterrand : à la suite de l'attentat de la rue des Rosiers le , le président de la République installe un conseiller technique et une cellule antiterroriste à l’Élysée et en confie la direction au commandant du GIGN, Christian Prouteau. Le 29 août, l'Élysée annonce l'arrestation des coupables, trois Irlandais par ailleurs probablement affiliés à l'IRA, par des membres ou anciens membres du GIGN emmenés par Paul Barril. Les trois Irlandais sont relâchés neuf mois plus tard, car il est prouvé que ce sont les gendarmes qui ont apporté eux-mêmes des explosifs dans l'appartement de Vincennes, sur la foi du témoignage de Bernard Jégat, qui aurait reconnu un coupable d'après un portrait robot. C'est Jégat qui aurait transmis les armes que lui avait confiées Michael Plunkett (l'un des trois Irlandais, qui reconnaît en 2001 les avoir transmises) aux gendarmes. Seul Christian Prouteau a été mis en examen dans cette affaire en 1991. Tout d'abord condamné à quinze mois de prison avec sursis, il est blanchi quelques mois plus tard par la cour d'appel. Cependant, en août 1992, Paul Barril perd le procès en diffamation qu'il avait intenté contre Le Monde pour un article d'Edwy Plenel relatant son rôle dans cette affaire. Fait rarissime dans un jugement en diffamation, le tribunal de Paris estime alors que le journaliste a apporté la preuve de ses écrits et se prononce sur le fond en désignant le coupable : « L'opération des Irlandais n'a été de bout en bout qu'un montage réalisé par le capitaine Barril ». En outre, en 1992, le juge Madre, chargé d'examiner la plainte contre X déposée par l'avocat des trois Irlandais, découvre dans des malles de Christian Prouteau, cachées dans un box à Plaisir (Yvelines), une boîte d'archives consacrée aux Irlandais de Vincennes. Il s'agit de notes confidentielles adressées à François Mitterrand[192].

Accueil réservé à Georges Habache sur le territoire français

En 1992, l'hospitalisation en France de Georges Habache provoque de vives réactions dans le monde politique français, tandis que l'opposition nationale et Israël protestent contre l'accueil en France d'un « chef terroriste aussi cruel »[193].

Affaire des écoutes de l'Élysée

Entre 1983 et 1986, François Mitterrand fait écouter illégalement par la cellule antiterroriste de l'Élysée plusieurs dizaines de personnalités, notamment certaines bien informées sur sa vie privée[194]. L'écrivain Jean-Edern Hallier, le journaliste Edwy Plenel et l'actrice Carole Bouquet sont notamment placés sur écoute[195].

Affaire du Rainbow Warrior

D'après Le Monde du , François Mitterrand a donné son « autorisation personnelle » à l'amiral Pierre Lacoste, directeur général de la sécurité extérieure, pour faire couler le Rainbow Warrior, navire de l'organisation écologiste Greenpeace, qui protestait contre les essais nucléaires français.

Cancer caché

François Mitterrand apprend à la fin de l'année 1981 qu'il souffre d'un cancer de la prostate. Si la maladie se résorbe à partir de 1984, elle se réveille à nouveau en 1990. Ce cancer est gardé secret jusqu'à son opération chirurgicale en 1992, et la date réelle à laquelle il a appris l'existence de son cancer est révélée une dizaine de jours après sa mort en 1996 dans un livre de son ancien médecin, Claude Gubler, qui indique que le chef de l’État lui ordonnait de falsifier ses bulletins de santé[196].

Financement du PS et des campagnes présidentielles

En 1990, la mort de deux ouvriers d'un chantier de construction révèle un système de financement occulte du Parti socialiste mis en place en 1973. Le système reposait sur la facturation de prestations fictives, en contrepartie d'attributions de marchés publics. L'argent était reversé au PS et à des personnalités politiques et aurait financé les deux campagnes présidentielles de François Mitterrand. L'ancien trésorier du parti, Henri Emmanuelli, sera notamment condamné en 1997.

Implication dans la Françafrique

Quand François Mitterrand arrive au pouvoir, il continue le système de réseaux en Françafrique[197] avec Elf notamment. Le fils de Mitterrand, Jean-Christophe, a été impliqué, se connectant à une branche des réseaux Pasqua[198].

Elf financera aussi les campagnes présidentielles de Mitterrand, de 1965 jusqu'à sa victoire en 1981[199]. Dans les relations franco-africaines, l'immobilisme avait pris le dessus sur la novation. Ainsi, dans l'ouvrage intitulé Mitterrand l'Africain ?, l'essayiste congolais Gaspard-Hubert Lonsi Koko reste catégorique : « Si l’on admet l’hypothèse selon laquelle la continuité dans les relations franco-africaines tire son origine dans la vision mitterrandienne, alors on ne doit pas forcément être surpris de la fidélité de François Mitterrand à ses principes et convictions : à savoir aucune possibilité de relâchement des relations entre la France et l’Afrique – celles-ci devant maintenir les schémas du passé »[200].

Rapports avec l'extrême droite

Les relations entre François Mitterrand et l'extrême droite ont défrayé la chronique en particulier dans les années 1990, notamment avec la parution en 1994 du livre de Pierre Péan, Une jeunesse française, qui évoque la jeunesse du futur président durant les années 1930 et les années 1940, en revenant notamment sur sa relation avec René Bousquet. Avant lui, Franz-Olivier Giesbert, dans son livre François Mitterrand ou la tentation de l'histoire (1977) avait décrit, entre autres, le parcours de Mitterrand à l'époque de Vichy.

Plusieurs observateurs ont analysé que Mitterrand favorisa (« institutionnalisa » selon Edwy Plenel) le Front national dans les années 1980, afin de contrer le RPR et d'empêcher ainsi la défaite de la gauche aux élections de 1986. Il utilisa le moyen de la proportionnelle intégrale, une des 110 propositions de son programme électoral, appliquée dès 1985, au lendemain des élections cantonales ratées pour la gauche. Ce calcul est même assumé, y compris par le PS, le chef de l'État ayant déclaré préférer quelques députés FN que le retour de la droite[152],[201],[202].

Rôle dans l'exécution de condamnés à mort

Entre 1956 et 1957, François Mitterrand, en tant que garde des Sceaux, et contre l'avis de la majorité des autres membres du gouvernement (Pierre Mendès France, Alain Savary, Gaston Defferre), avalise personnellement l'exécution de 45 condamnés à mort pour terrorisme, dans le cadre de la guerre d'Algérie[203],[204] ; la culpabilité de certains de ces exécutés (Badèche ben Hamdi, Fernand Iveton) est aujourd'hui remise en cause[205].

Action lors du génocide au Rwanda

Le rôle du pouvoir français et notamment de François Mitterrand dans le génocide de 1994 a été longtemps controversé.

Les archives liées à cet événement (documents émanant de conseillers de l’Élysée ou comptes rendus de réunion) ont été progressivement rendues accessibles aux chercheurs, notamment par l'action du chercheur François Graner, physicien et directeur de recherche au CNRS, qui lance une bataille judiciaire pour avoir accès à l’intégralité des documents. Le Conseil d’État lui accorde finalement ce droit d'accès en juin 2020[206]. Pour François Graner, après analyses, des dirigeants français (et en particulier le président François Mitterrand) se sont rendus complices du génocide, même si la motivation qui les guidait n'était pas une intention génocidaire. Ils ont été informés de la situation, ont laissé faire des livraisons d'armes, ainsi que la constitution d'un gouvernement intérimaire dominé par des extrémistes hutus après la mort du président rwandais Juvénal Habyarimana. François Mitterrand considérait ce sujet comme étant dans son pré carré : aidé de son état-major particulier, il a pesé sur les actions de la France. Des ordres, dont la trace écrite a été retrouvée, ont également été donnés pour faciliter la fuite de responsables associés au génocide. Des zones d'ombre subsistent, telles que l'implication de la France ou de baroudeurs français dans l'assassinat du président Habyarimana[207],[208].

La commission française d’historiens sur le rôle de la France au Rwanda, ou « commission Duclert », mise en place par Emmanuel Macron, remet son rapport final le 26 mars 2021. Les conclusions sont similaires à celles de François Graner, même si cette commission refuse le terme de complicité de génocide : « La France est-elle pour autant complice du génocide des Tutsi ? Si l’on entend par là une volonté de s’associer à l’entreprise génocidaire, rien dans les archives consultées ne vient le démontrer. La France s’est néanmoins longtemps investie au côté d’un régime qui encourageait des massacres racistes. Elle est demeurée aveugle face à la préparation d’un génocide par les éléments les plus radicaux de ce régime. Elle a adopté un schéma binaire opposant d’une part l’ami hutu, incarné par le président Habyarimana, et de l’autre l’ennemi qualifié d’“ougando-tutsi” pour désigner le FPR. Au moment du génocide, elle a tardé à rompre avec le gouvernement intérimaire qui le réalisait et a continué à placer la menace du FPR au sommet de ses préoccupations. Elle a réagi tardivement avec l’opération Turquoise, qui a permis de sauver de nombreuses vies, mais non celles de la très grande majorité des Tutsi du Rwanda, exterminés dès les premières semaines du génocide. La recherche établit donc un ensemble de responsabilités, lourdes et accablantes. »[209]

Morts de Pierre Bérégovoy et François de Grossouvre

Pierre Bérégovoy, retrouvé mort en 1993.
François de Grossouvre, retrouvé mort à l'Élysée en 1994.

Mis en cause pour avoir accepté un prêt non remboursé de Roger-Patrice Pelat, ami intime et controversé du Président, Pierre Bérégovoy, se sentant abandonné et responsable de la défaite de la gauche aux élections législatives de 1993, se suicide le [210]. Aux obsèques de Bérégovoy, François Mitterrand stigmatise les médias, leur faisant porter la responsabilité du suicide, ce que dénoncent plusieurs publications[211],[212],[213],[214],[215],[216].

Ami proche de Mitterrand, parrain des Pingeot, François de Grossouvre, qui dispose d'un bureau à l'Élysée, éprouve une haine grandissante à l'égard de Mitterrand en raison de sa politique et du fait qu'il l'ait mis à l'écart de son entourage ; devenu paranoïaque, dépressif et parlant depuis plusieurs jours de se suicider, il est retrouvé mort à l'Élysée le après s'être tiré une balle dans la tête[152],[217],[218].

Traitement financier par l'État de sa fille adultérine

Mazarine Pingeot et sa mère Anne logent ainsi que François Mitterrand, à partir du printemps 1983, dans un appartement de fonction d'un immeuble affecté à la Présidence de la République du quai Branly (7e arrondissement de Paris) de plus de 250 m2, spécialement rénové pour l'occasion[219]. Pendant treize ans, huit « super-gendarmes », placés sous la direction de Christian Prouteau, veillent en permanence sur les deux femmes, qui passent également de nombreux week-ends dans le château de Souzy-la-Briche, résidence de villégiature de la République française mise à la disposition du Président jusqu'à 2007[220].

Décorations et titres honorifiques

En tant que président de la République française

Armoiries en tant que chevalier de l'ordre du Séraphin.

Europe

Afrique

Asie

  • Collier de l'ordre de Sikatuna, Philippines (11 juillet 1989)[230]

Amérique

Prix

En 1988, il est lauréat du prix International Charlemagne, avec Helmut Kohl.

Honneurs

Il obtient une multitude de doctorats honoris causa, dont 6 pendant ses 14 ans de mandat[231] :

Hommages

  • Le nom de François Mitterrand a été donné à de nombreux établissements publics (bibliothèques et médiathèques, centres culturels, écoles, amphithéâtres, auditoriums, centre hospitalier), voies de circulation (quais, rues, avenues, mails, boulevards, ponts, places et esplanades), ainsi que d'autres lieux (parcs, squares, jardins, gares, stations, etc.) Il existe également des statues et bustes à son effigie. En septembre 2020, 662 lieux sont baptisés du nom de l'ancien président (places, rues, etc.)[235].
  • En 1997, La Poste édite un timbre à son effigie[236].
Avenue François Mitterrand à Athis-Mons (Essonne).

Hommages musicaux

  • Une chanson de Barbara, Regarde, écrite le 13 mai 1981 (Un homme/Une rose à la main/A ouvert le chemin/Vers un autre demain) ;
  • Deux chansons de Renaud :
    • Tonton, portrait de l'homme Mitterrand à la fin de sa vie,
    • Baltique, qui rend hommage à Baltique, la chienne du président, qui fut interdite d'entrée lors de la cérémonie des obsèques à Jarnac et qui resta sur le parvis, tenue par Michel Charasse.

Informations complémentaires

Religion

Le président se déclara agnostique dans la tête, mais croyant dans le cœur. Il dit néanmoins pour l'organisation de ses obsèques une phrase ambiguë « Une messe est possible »[237],[238],[239],[240]. On cite aussi sa grande passion pour les cimetières[152].

Le président peut se définir comme mystique à travers la fameuse phrase prononcée lors de ses ultimes vœux présidentiels : « Je crois aux forces de l'esprit et je ne vous quitterai pas ». Interrogé sur sa croyance en l'existence de Dieu, il répond qu'il admet « l'idée d'un principe ordonnant toute chose, sans pour autant croire en une religion particulière ni verser dans le mysticisme »[241]. Il reste longuement les yeux clos, comme en prière, dans différents lieux sacrés comme la synagogue de la rue Copernic en 1982 et dans un temple shintoïste de Kyoto[241].

Selon son frère Robert, François Mitterrand s'est désintéressé de la foi catholique à partir de sa trentaine tout en conservant une réflexion dans le domaine du spirituel[242].

Rapport à la culture

François Mitterrand est reconnu comme un homme lettré, amoureux de la littérature et bibliophile assidu, y compris d'éditions rares, avec de nombreux écrivains parmi ses conseillers ou amis, certains même identifiés à droite. Des journalistes analysent également qu'il est un écrivain frustré, qui aurait pu pratiquer sa passion en cas d'échec en politique[243],[244],[245],[246],[247].

Il est cinéphile, citant parmi ses films fétiches Mort à Venise, Vivement dimanche !, Reds, Les Ailes du désir, Ragtime, Molière et Un petit carrousel de fête. Ses performances favorites sont Charles Laughton dans Les Révoltés du Bounty et Henry Fonda dans Guerre et Paix[248].

Pratique sportive

Il pratiqua le tennis[249] et le golf à partir de 1958[250], surtout à celui de Saint-Cloud, mais arrête la pratique de ce sport à partir de 1971, la jugeant incompatible avec son image affichée de « candidat des travailleurs » ; il reprend ce sport en 1985. Il est également grand amateur de cyclisme[251].

Emblème présidentiel

François Mitterrand fit créer son emblème personnel de président de la République en 1981. Il représente un arbre composé d'un chêne et d'un olivier, symboles de force et de paix. Cette création est l'œuvre du designer français Michel Disle[252].

Surnoms

  • « Tonton ». Surnom donné par le Canard enchaîné. Il viendrait pour certains d'un nom de code que François Mitterrand aurait eu pendant la Seconde Guerre mondiale, pour d'autres de l'irruption télévisuelle de son neveu Frédéric Mitterrand, que Roland Topor caricaturera dans son émission Téléchat. L'ancien conseiller en communication de François Mitterrand, Gérard Colé, explique dans son livre Le Conseiller du Prince que Tonton était le surnom donné au président par les agents chargés de sa sécurité personnelle, ce surnom a ensuite été diffusé dans le but de remplacer le surnom « le Vieux » qui était jusque-là généralement utilisé. Il fut repris ensuite par des sympathisants socialistes tels Renaud qui donna ce surnom pour titre d'une chanson consacrée au président. Dans son livre La parole de Dieu, le publicitaire Jacques Séguéla a prétendu que ce surnom venait du publicitaire lui-même, qui était chargé de la campagne publicitaire des élections de 1981. Ce surnom fut connu de l'opinion et essentiellement usité à partir et durant la période de la première cohabitation.
Kermitterrand, sa marionnette au Bébête show, d'après Kermit la grenouille, star du Muppet Show.
  • « Dieu ». Célèbre réplique du Bébête show : « Appelez-moi Dieu ! », par Kermitterrand. Selon Georges-Marc Benamou dans Le dernier Mitterrand, François Mitterrand avait suspendu une figurine de la marionnette Kermitterrand au robinet de la douche de son appartement privé du palais de l'Élysée.
  • « Florentin » ou « le Prince ». Ses amis lui donnent le surnom de « Florentin » en référence à l'art de l'esquive, illustré sous la Renaissance par des natifs de Florence comme Laurent le Magnifique ou Machiavel. Pour ses détracteurs, le surnom évoque plus l'intrigue et le cynisme politiques. L'inventeur de ce surnom semble avoir été François Mauriac, son ami fidèle et une de ses références littéraires.
  • « Le Sphinx »[253]. Les raisons de ce surnom, utilisé dès son appel de 1958 à refuser la Ve République[254], sont multiples : il peut s'agir de références au sphinx de Gizeh, à l'animal mythique (Mitterrand serait un homme insaisissable, dissimulant ses intentions, avec des confidences maîtrisées, voire des répliques cassantes)[255],[256], à ses grands travaux[254], au teint cireux de son visage[257].
  • « Rastignac », autre surnom de François Mauriac donné à François Mitterrand, il fait bien entendu référence au personnage Rastignac de Balzac, qui simple étudiant de province monte à Paris dans la volonté de parvenir au pouvoir et qui finit ministre.
  • « Mimi l'Amoroso » : à cause de sa prétendue relation amoureuse avec la chanteuse Dalida, qui l'avait soutenu durant la campagne présidentielle de 1981[258],[259].
  • « Le Vieux » : surnom donné au sein du PS, notamment par Jean-Luc Mélenchon, vraisemblablement en imitation de l'usage des trotskistes d'appeler ainsi Léon Trotski.
  • « L'Artiste » : surnom trouvé par Libération, au lendemain de sa réélection de 1988[260].
  • « Arsouille », « imposteur », « le prince des politichiens » : surnoms peu flatteurs utilisés par le général de Gaulle selon Alain Peyrefitte[261].

Résidences de François Mitterrand

Chiens de François Mitterrand

  • Baltique, labrador noir
  • Nil, labrador noir

Notes et références

Notes

  1. Prononciation en français de France retranscrite selon la norme API.
  2. Bainville est mort en 1936, avant la seconde Guerre mondiale, mais, dès 1920, dans son ouvrage, "Les Conséquences politiques de la paix", il critiquait le laisser-aller pacifiste des dirigeants français. De façon posthume, la suite des évènements lui a donné raison, bien avant la plupart de ses contemporains.
  3. Dans un ouvrage sur la franc-maçonnerie, les journalistes Ghislaine Ottenheimer et Renaud Lecadre affirment qu'à l'occasion d'une invitation à « plancher » devant l'atelier « L'Abbé Grégoire » de la Grande Loge de France, plusieurs années après la fin de la guerre, Mitterrand aurait été expulsé manu militari à la demande de Jean Pierre-Bloch qui n'aurait pas toléré la présence d'une personne décorée de la Francisque dans une loge[43]. Or Jean Pierre-Bloch dénonce la « calomnie » réitérée à ce sujet, en insistant sur le fait qu'il a lui-même recommandé à Mitterrand d'accepter cette décoration à l'époque[44].
  4. Les deux déclarations qui reviennent le plus sur son mépris de Rocard sont « Je vais le nommer puisque les Français semblent en vouloir […] Mais vous verrez, au bout de dix-huit mois, on verra au travers » et, lorsqu'on lui demanda qui est le mieux pour lui succéder, « Dans l'ordre : Balladur, Fabius, Chirac, mon chien, Rocard ».

Références

  1. Claude Lelièvre et Christian Nique, L'école des présidents. De Charles de Gaulle à François Mitterrand, Odile Jacob, , p. 223.
  2. Célébration en mémoire de François Mitterrand, à l'église de Jarnac, le 28 septembre 2013, sur le site de l'Institut François Mitterrand.
  3. Mitterrand, Robert, 1915-, Frère de quelqu'un, R. Laffont, (ISBN 2-221-04762-1 et 978-2-221-04762-0, OCLC 19127379, lire en ligne).
  4. Michel Winock, François Mitterrand, Gallimard, 2015, p. 57.
  5. « François Mitterrand » sur le site de l'Assemblée nationale.
  6. Jacques Bénet, camarade de chambrée de François Mitterrand, parle de trois ans à Patrick Rotman et Jean Lacouture pour leur livre François Mitterrand, le roman du pouvoir. Pierre Péan cite (dans Une jeunesse française, éd. Fayard, 1994, p. 23 à 35) la correspondance de F. Mitterrand, montrant que F. Mitterrand, arrivé à Paris à l'automne 1934, s'est engagé au plus tôt à l'hiver 1934-1935. Les Volontaires nationaux ont été dissous en juin 1936, et François Mitterrand n'a jamais pris sa carte au Parti social français, successeur des divers mouvements animés par La Rocque.
  7. Jean Lacouture, Patrick Rotman, Jacques Bénet, Mitterrand : le roman du pouvoir, Seuil, , p. 18.
  8. Il évoque cette période, dans un article de l'Écho de Paris du , comme « les glorieuses journées de mars », cité dans Une jeunesse française.
  9. Henry Rousso évoque dans Le Syndrome de Vichy, p. 365, ces liens personnels de François Mitterrand, ajoutant qu'ils sont « sans signification particulière » et que leur rappel est « une constante de l'extrême droite ». Pierre Péan démontre aussi qu'« inévitablement le futur président croise dans son entourage des cagoulards », tout en rejetant l'idée qu'il ait pu être favorable aux objectifs de cette organisation terroriste.
  10. Pierre Péan, Une Jeunesse française. François Mitterrand, 1934-1947.
  11. Pierre Péan, Une jeunesse française, op. cit., p. 50-51.
  12. Article publié par la Revue Montalembert, reproduit dans François Mitterrand, Politique I, éd. Fayard, 1977, p. 11-14.
  13. Voir archives de Sciences politiques, François Mitterrand aux côtés de son camarade de promotion Jean Kreitmann, en 1937.
  14. Jean Lacouture, Mitterrand, une histoire de Français, Éd. du Seuil, « Points », p. 46-48.
  15. Patrick Jarreau et Jacques Kergoat, François Mitterrand. 14 ans de pouvoir, Le Monde Éditions, , p. 9.
  16. François Mitterrand, Politique, Fayard, 1974, p. 14 (article publié d'abord dans le journal du camp, L'Éphémère, en 1941).
  17. Blandine Grosjean, « La fille », Libération, (lire en ligne).
  18. « François Mitterrand était mon père », affirme un jeune politicien suédois », .
  19. « Il prétend être le fils caché de François Mitterrand », L'Express, 8 août 2014.
  20. (sv) « ”Jag var hans livs kärlek” », Aftonbladet, (lire en ligne, consulté le ).
  21. Adrien Gaboulaud, Alvina Ledru et Ghislaine Ribeyre, « Les souvenirs de « l'amie secrète de Mitterrand » », sur Paris Match, (consulté le ).
  22. Philippe Foro, « Charles de Gaulle et François Mitterrand : regards croisés sur l'Allemagne à partir de leur expérience de la captivité », dans Sylvie Caucanas, Rémy Cazals, Pascal Payen (dir.), Les prisonniers de guerre dans l'Histoire. Contacts entre peuples et cultures, Privat, Toulouse, 2003, p. 279.
  23. Philippe Foro, op. cit., p. 280.
  24. Amarillys Siassia, « La Maison du prisonnier de la Seine. Vichy et les femmes de prisonniers de guerre français, (1941-1944). Master 2 d’histoire contemporaine, Université Paris I – Panthéon Sorbonne, (dir. Danièle Voldman), 2010 », Genre & Histoire, no 8, (lire en ligne).
  25. Franz-Olivier Giesbert, François Mitterrand ou la tentation de l'histoire, Paris, Éditions du Seuil, , 333 p. (ISBN 978-2-02-004591-9), p. 43-44.
  26. Franz-Olivier Giesbert, François Mitterrand, une vie, p. 77-79.
  27. Philip Short (trad. de l'anglais par Madison Deschamps), François Mitterrand. Portrait d'un ambigu [« Mitterrand. A Study in Ambiguity »], Paris, nouveau monde, , 894 p. (ISBN 978-2-36942-212-9, notice BnF no FRBNF44364204, présentation en ligne, lire en ligne), p. 105.
  28. Philip Short (trad. de l'anglais par Madison Deschamps), François Mitterrand. Portrait d'un ambigu [« Mitterrand. A Study in Ambiguity »], Paris, nouveau monde, , 894 p. (ISBN 978-2-36942-212-9, notice BnF no FRBNF44364204, présentation en ligne, lire en ligne), p. 115.
  29. Le 13 février, Jacques de Montjoye et Étienne Gagnaire, du Centre d'action des prisonniers de Lyon, étaient également présents, tout comme le neveu de De Gaulle, Michel Cailliau.
  30. Philip Short (trad. de l'anglais par Madison Deschamps), François Mitterrand. Portrait d'un ambigu [« Mitterrand. A Study in Ambiguity »], Paris, nouveau monde, , 894 p. (ISBN 978-2-36942-212-9, notice BnF no FRBNF44364204, présentation en ligne, lire en ligne), p. 117.
  31. Aymer Du Chatenet et Bertrand Coq, Mitterrand de A à Z, A. Michel, , p. 58.
  32. Pierre Péan, op. cit., p. 325-326.
  33. Pierre Péan, op. cit., p. 310.
  34. Philip Short (trad. de l'anglais par Madison Deschamps), François Mitterrand. Portrait d'un ambigu [« Mitterrand. A Study in Ambiguity »], Paris, nouveau monde, , 894 p. (ISBN 978-2-36942-212-9, notice BnF no FRBNF44364204, présentation en ligne, lire en ligne), p. 122.
  35. Philip Short (trad. de l'anglais par Madison Deschamps), François Mitterrand. Portrait d'un ambigu [« Mitterrand. A Study in Ambiguity »], Paris, nouveau monde, , 894 p. (ISBN 978-2-36942-212-9, notice BnF no FRBNF44364204, présentation en ligne, lire en ligne), p. 123.
  36. Pétain - François Mitterrand - Photo historique 1943.
  37. Pierre Péan, op. cit., p. 292-295.
  38. Franz-Olivier Giesbert, François Mitterrand ou la tentation de l'histoire, op. cit., p. 49.
  39. Pierre Péan, Une jeunesse française. François Mitterrand, 1934-1947, éd. Fayard, 1994, p. 288.
  40. « François Mitterrand a-t-il été pétainiste pendant la Seconde guerre mondiale ? », sur politique.net, (consulté le ).
  41. De Gaulle ou le temps des méprises, éd. La Table ronde, 1969, p. 216.
  42. (en) Philip Short, Mitterrand : A Study in Ambiguity, Random House, , 704 p. (ISBN 978-1-4481-9189-5, lire en ligne), p. 86.
  43. Ghislaine Ottenheimer, Renaud Lecadre, Les Frères Invisibles, Pocket, 2002, p. 180.
  44. Voir la note 11 : Selon Jean Pierre-Bloch, chef de la section non militaire du Bureau central de renseignements et d'action à l'époque : « C'était sur notre ordre que François Mitterrand était resté dans les services de prisonniers de Vichy. Lorsqu'il avait été proposé pour la francisque, nous avions été parfaitement tenus au courant ; nous lui avions conseillé d'accepter cette “distinction” pour ne pas se dévoiler. La calomnie sert toujours ; vingt-cinq ans plus tard, on ressortira les mêmes arguments au cours de la campagne présidentielle [qu'à Londres et Alger en 1943 et 1944]. Les services gaullistes ont de la suite dans les idées. […] Mitterrand fut même proposé pour être compagnon de la Libération, mais les titres de Résistance n'ont quelquefois rien à voir avec cette décoration. Ni résistants ni combattants, on trouve sur le Livre d'or des Compagnons de la Libération les noms de héros qui n'ont jamais quitté leur bureau de Londres. On l'a donné à quelques hommes de gauche, mais ils se comptent sur les doigts. Même Gaston Defferre, qui fut chef de réseau, n'est pas Compagnon de la Libération, et combien d'autres, tout comme François Mitterrand, l'auraient mérité cent fois et pourtant ne l'ont jamais eu. », éd. La Table ronde, 1969, p. 216 et suiv.
  45. Franz-Olivier Giesbert, François Mitterrand, une vie, p. 94.
  46. Jean Lacouture, op. cit., tome I, p. 96-97.
  47. Aymer Du Chatenet et Bertrand Coq, Mitterrand de A à Z, A. Michel, (ISBN 978-2-226-07667-0, lire en ligne), p. 328.
  48. Jean Védrine, Les Prisonniers de guerre, Vichy et la Résistance : 1940-1945, Fayard, , 960 p. (ISBN 978-2-213-66738-6, lire en ligne), p. 182.
  49. (en) Philip Short, Mitterrand : A Study in Ambiguity, Random House, , 704 p. (ISBN 978-1-4481-9189-5, lire en ligne), p. 89.
  50. Opération CONJURER organisée par Henri Déricourt ; terrain ACHILLE près d'Angers ; avion Hudson ; équipage : Wing commander Lewis Hodges et squadron leader Wagland ; personnes amenées (5) : Victor Gerson « Vic », Jean Menesson « Henri », Paul Pardi « Philibert », André Maugenet « Benoît », H.J. Fille-Lambie ; personnes remmenées : Francis Cammaerts « Roger », François Mitterrand, Pierre du Passage, Charles Rechenmann « Julien », et trois membres du réseau TINKER : Pierre Mulsant, Mme Fontaine, le courrier et John Barrett « Honoré », l’opérateur radio, (...+ ?) [Source: Verity, p. 289].
  51. O'Connor, (2018), p. 273-275.
  52. Escott, p. 162-163.
  53. Michel Winock, Ibid.
  54. Éric Roussel, François Mitterrand. De l'intime au politique, Paris, Robert Laffont, , 660 p. (ISBN 978-2-221-13850-2)
    L'heure des choix, pp. 130 à 132
    .
  55. Éric Roussel, François Mitterrand : De l'intime au politique, Robert Laffont, , 699 p. (ISBN 978-2-221-13870-0, lire en ligne), p. 169.
  56. Jean Védrine, Les Prisonniers de guerre, Vichy et la Résistance : 1940-1945, Fayard, , 960 p. (ISBN 978-2-213-66738-6, lire en ligne), p. 467.
  57. Jocelyne Sauvard, Danielle Mitterrand, Archipel, , 221 p. (ISBN 978-2-8098-0909-1, lire en ligne), p. 43.
  58. « 1942 : François Mitterrand évoque son séjour dans un camp allemand », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF, (consulté le ).
  59. Le service de renseignement du Mouvement national des prisonniers de guerre et déportés avait participé à l'organisation de l'opération Vicarage.
  60. Jean Lacouture, Mitterrand, une histoire de Français, éd. du Seuil, 2000, cité par La Fabrique de sens.
  61. Lola Caul-Futy Frémeaux, Entretiens inédits François Mitterrand - Marguerite Duras, éd. sonores Frémeaux & Associés, 2007, en ligne.
  62. Selon l'historien et universitaire israélien Michel Bar-Zohar dans L'Oréal, des années sombres au boycott arabe chez Fayard.
  63. André Bettencourt rejoint la direction du groupe L'Oréal. Selon Michel Bar-Zohar, ibid, Schueller financera la campagne électorale de François Mitterrand de 1946 ce qui n'avait pas été indiqué dans les ouvrages antérieurs de Jean Lacouture, d'Éric Duhamel, de Pierre Péan et de Franz-Olivier Giesbert. Pierre Péan confirme néanmoins que François Mitterrand a bien rencontré Eugène Schueller à deux ou trois reprises (Une jeunesse française, p. 504).
  64. Selon Pierre Clostermann (L'Histoire vécue, un demi-siècle de secrets d'État, Flammarion, 1998, p. 159-167), certains membres de cette formation, comme Eugène Claudius-Petit et Philippe Livry-Level auraient été opposés à son adhésion, lui reprochant pour le moins la faiblesse de ses titres de résistance. Selon MM. Péan et Lacouture, Claudius-Petit aurait au contraire recommandé à Paul Ramadier de nommer Mitterrand au gouvernement.
  65. Barbier 2011, p. 81.
  66. Patrick Jarreau et Jacques Kergoat, François Mitterrand. 14 ans de pouvoir, Le Monde Éditions, , p. 11.
  67. Ariane Chemin, « Hôtel du Vieux Morvan chambre 15 », Le Monde, (lire en ligne).
  68. La France a connu des ministres âgés de moins de trente ans, comme Lucien Bonaparte (né le ) nommé ministre de l'Intérieur le , ou Félix Gaillard, né le , secrétaire d'État aux Affaires économiques du gouvernement Schuman le .
  69. Georges Saunier, « « J'y étais, j'y croyais » : les origines de l'engagement européen de François Mitterrand », Institut François-Mitterrand, .
  70. Jean Lacouture, Mitterrand, une histoire de Français, op. cit., tome 1, p. 162-171 et sqq. ; Franz-Olivier Giesbert, François Mitterrand, une vie, op. cit., p. 178-180 et sqq.
  71. « Félix Houphouët-Boigny », sur Assemblée nationale (consulté le ).
  72. Éric Duhamel, L'UDSR ou la genèse de François Mitterrand, CNRS éditions, 2007, p. 275.
  73. Éric Duhamel, L'UDSR, ou la genèse de François Mitterrand, op. cit., p. 162-170.
  74. Jean Lacouture, Mitterrand, une histoire de Français, op. cit., tome 1, p. 172/173 et Franz-Olivier Giesbert, François Mitterrand, une vie, op. cit., p. 185-186.
  75. Discours du 19 juin 1952 et 6 janvier 1953 à l'Assemblée nationale, reproduits dans Politique I.
  76. Sur F. Mitterrand et les conflits coloniaux en 1952/1953 : Franz-Olivier Giesbert, François Mitterrand, une vie, op. cit., p. 185/186 ; Jean Lacouture, Mitterrand, une histoire de Français, op. cit., p. 174/179 ; Éric Duhamel, L'UDSR, ou la genèse de François Mitterrand, op. cit., p. 270-272.
  77. cinquante votes pour et onze bulletins blancs. Éric Duhamel, L'UDSR, ou la genèse de François Mitterrand, op. cit., p. 173.
  78. Éric Duhamel, L'UDSR, ou la genèse de François Mitterrand, op. cit., p. 263 et 276-282.
  79. Éric Duhamel, L'UDSR, ou la genèse de François Mitterrand, op. cit., p. 175.
  80. Franz-Olivier Giesbert, François Mitterrand, une vie, op. cit., p. 195-196, et Jean Lacouture, Mitterrand, une histoire de Français, op. cit., tome 1, p. 181-182.
  81. Philippe Bernert, Roger Wybot et la bataille pour la DST, Paris, Presses de la cité, , 543 p.
  82. Claude Clément, L'Affaires fuites Objectif Mitterrand, Paris, Olivier Orban, , 237 p. (ISBN 2-85565-134-4).
  83. Jean Lacouture, Mitterrand, une histoire de Français, op. cit., tome 1, p. 182-183.
  84. Selon une interprétation rétrospective, ces propos pourraient avoir été destinés à calmer l'aile colonialiste des députés centristes et selon la correspondance entre François Mitterrand et Pierre Mendès France, le ministre de l'Intérieur aurait plaidé — en vain — auprès du président du Conseil pour un accommodement. Le gouvernement de PMF étant, selon Mitterrand, le seul qui puisse lutter énergiquement contre les abus, notamment la torture policière, F. Mitterrand souhaitait qu'il durât le plus longtemps possible, quitte à « composer ». Cf. la contribution de Jean-Pierre Peyroulou dans Mohamed Harbi et Benjamin Stora, La Guerre d'Algérie, p. 170 de l'édition en format de poche (Hachette).
  85. Jean Lacouture, Mitterrand, une histoire de Français, op. cit., p. 185.
  86. Jean Lacouture, Mitterrand, une histoire de Français, op. cit., p. 187.
  87. Mohamed Harbi et Benjamin Stora (dir.), La Guerre d'Algérie, éd. Hachette, 2005, p. 168.
  88. L'historien Jean-Pierre Peyroulou, dans sa contribution à l'ouvrage collectif sur La Guerre d'Algérie (voir bibliographie) ne serait pas loin de partager ce point de vue - Mohamed Harbi et Benjamin Stora (dir.), La Guerre d'Algérie, op. cit., p. 169-170.
  89. Franz-Olivier Giesbert, François Mitterrand, une vie, op. cit., p. 216.
  90. Cf. Jean Lacouture, Mitterrand, une histoire de Français, p. 192-195 et Franz-Olivier Giesbert, François Mitterrand, une vie, chapitre 22, « La torture ».
  91. François Mitterrand a déclaré à Jean Lacouture que c'était une faute. Les témoignages recueillis par son biographe montrent tous un François Mitterrand hésitant, bouleversé quand il apprend les méthodes de torture (notamment par Jean Bérard, magistrat travaillant en Algérie, ou par Paul-Henri Teitgen) ne sachant pas vraiment que faire. Ses collaborateurs ne l'avaient jamais vu ainsi.
  92. « Notre Guerre d'Algérie », Le Nouvel Observateur, 21-27 octobre 2010, no 2 398, p. 22.
  93. François Malye, « Les guillotinés de Mitterrand », sur Lepoint.fr, Le Point, (consulté le ).
  94. Cf. les biographies citées de MM. Lacouture et Giesbert.
  95. Jacques Attali assure qu'il l'avouait : « François Mitterrand a créé les conditions légales pour que la torture soit en place. Il m'a dit début 1974 : c'est la seule erreur que je veux bien reconnaître dans ma vie. » – Voir notamment L'Expansion/L'Express du 7 mai 2001, à la suite de la publication des mémoires d'Aussaresses.
  96. Voir entre autres R. Branche, La guerre d'Algérie, p. 96.
  97. Voir aussi général Aussaresses, Pour la France : « Quant à l’utilisation de la torture, elle était tolérée, sinon recommandée. François Mitterrand, le ministre de la Justice, avait, de fait, un émissaire auprès de Massu en la personne du juge Jean Bérard qui nous couvrait et qui avait une exacte connaissance de ce qui se passait la nuit. J’entretenais les meilleures relations possibles avec lui et je n’avais rien à lui cacher… (Ce juge d’instruction) avait pour mission de tenir le cabinet de François Mitterrand, le garde des Sceaux, directement informé de ce que nous faisions, sans avoir à passer par le parquet. »
  98. Mehdi Ouraoui, Les Grands Discours socialistes français du XXe siècle, éd. Complexe, 2007, p. 140.
  99. François Mitterrand, maire de Château Chinon http://www.ville-chateau-chinon.fr/historique-francois-mitterrand.
  100. Gilbert Guilleminault, Le roman vrai de la Ve République, chapitre « Le faux attentat de l'Observatoire », éditions Julliard, 1980, chap. 6, p. 186-198.
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  102. Franz-Olivier Giesbert, op. cit., chap. 6, p. 186-198.
  103. Page 52 de son ouvrage Le Coup d'État permanent.
  104. Page 275 de son ouvrage Le Coup d'État permanent.
  105. Son comité de soutien comprend notamment Hervé Bazin, Georges Conchon, René Char, Jean Guéhenno, Jean Giono, Roger Ikor, ou encore Jean Vilar.
  106. Franz-Olivier Giesbert, François Mitterrand, une vie, p. 328 et Éric Roussel, Charles de Gaulle, éd. Gallimard, 2002, p. 783.
  107. « C'était comment la présidentielle de 1965? », L'Express, (lire en ligne, consulté le ).
  108. Selon René Rémond, dans son ouvrage général intitulé Notre siècle (Fayard, 1988), si les transferts de voix se sont bien effectués à gauche, celle-ci a aussi bénéficié de l'apport des voix de l'extrême droite proche de l'OAS et « viscéralement antigaulliste » (en dépit du soutien à la droite de groupuscules comme Occident, apporté par anticommunisme) et d'une « petite fraction d'électeurs centristes ».
  109. René Rémond, Notre siècle, 1988, Fayard, p. 664 et s.
  110. Décrite notamment par Jacques Foccart dans son Journal de l'Élysée, tome 2, éd. Fayard/Jeune Afrique.
  111. Jean Lacouture, Mitterrand, une histoire de Français, op. cit., p. 374.
  112. Louis Mexandeau, Histoire du Parti socialiste, éd. Tallandier, 2005, p. 386.
  113. Louis Mexandeau, Histoire du Parti socialiste, op. cit., p. 389.
  114. L'ambassadeur soviétique à Paris et le directeur de L'Humanité n'auraient pas caché leur satisfaction devant cette défaite. D'après Jean Lacouture, Raymond Aron, Mémoires, p. 569 et sqq., cité dans Jean Lacouture, tome I, chapitre XII) et François Mitterrand lui-même, le gouvernement soviétique et les dirigeants du parti communiste ont tout fait pour l'empêcher d'être élu : ils le trouvaient trop anticommuniste et trop habile dans sa stratégie de rééquilibrage au détriment du PCF. L'historien Jean-Pierre Azéma a insisté dans son intervention au colloque « Changer la vie » de 1999 (voir bibliographie) sur la jeunesse du nouveau parti socialiste et la faiblesse de son implantation locale, deux handicaps qui ont disparu en 1981.
  115. Sabine Delanglade, « Luce Perrot et les vingt-cinq ans de la Journée du livre politique », sur lesechos.fr, .
  116. Michèle Cotta, Cahiers secrets de la Ve République, tome II (1977-1986), Fayard, 2008, p. 430.
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  125. Serge July, « Serge July : "L'autre secret de Mitterrand : la chance" », sur RTL,  : « En 1981, la chance s'appelait Jacques Chirac. La tactique suicidaire du PCF d'un côté et l'existence d'une fracture à droite, c'était une configuration de rêve. Sans la campagne anti giscardienne de Jacques Chirac, François Mitterrand n'aurait pas été élu. Le leader du RPR pense se débarrasser de Giscard en le faisant battre et il ne donne pas cher de la présidence Mitterrand et à ses ministres communistes, qui sont condamnés à très court terme. »
  126. « Entre Chirac et Giscard, une inimitié de 30 ans… », Le Parisien, (www.leparisien.fr/politique/entre-chirac-et-giscard-une-inimitie-de-30-ans-05-11-2009-700563.php).
  127. Sans rancune et sans retenue, première partie de l'entretien entre Valéry Giscard d'Estaing et Frédéric Mitterrand.
  128. Chaque pas doit être un but, les mémoires de Chirac, ne mentionnent aucun accord de ce type.
  129. « Avant sa mort, les révélations de Mitterrand à Giscard », sur Le Point, .
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  133. La loi no 81-736 du 4 août 1981 « portant amnistie » amnistie les condamnés au titre de l'ancien alinéa 2 de l'article 330 du Code pénal, qui doublait la peine minimum pour outrage public à la pudeur quand il s'agissait de rapports homosexuels (article créé par l'ordonnance no 60-1245 du 25 novembre 1960 et aboli dans le cadre de la loi no 80-1041 du 23 décembre 1980 « relative à la répression du viol et de certains attentats aux mœurs ») et les condamnés au titre de l'alinéa 2 de l'article 331 du Code pénal, qui établissait une distinction dans l'âge de consentement entre rapports homosexuels et hétérosexuels (article introduit par le régime de Vichy en 1942 — loi du 6 août 1942, no 744 — sous la forme d'une modification de l'alinéa 1 de l'article 334, devenu l'alinéa 3 de l'article 331 par l'ordonnance no 45-190 du 8 février 1945 du gouvernement provisoire de la République française, confirmé en alinéa 2 par la loi no 80-1041 du 23 décembre 1980 « relative à la répression du viol et de certains attentats aux mœurs », et aboli par la loi no 82-683 du 4 août 1982).
  134. Article 331 alinéa 2 du Code pénal aboli par la loi Raymond Forni, rapportée par Gisèle Halimi et soutenue par Robert Badinter (loi no 82-683 du 4 août 1982).
  135. La loi no 82-526 du 22 juin 1982 substitue à l'obligation « de jouir des locaux en bon père de famille » celle d'en jouir « paisiblement ».
  136. Voir sur le site diplomatie.gouv.fr.
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  175. Laguiller cite en effet « Un homme qui aura fait beaucoup de mal aux travailleurs ». Malgré son ralliement en 1981, elle sera très critique du président socialiste, déclarant en 1995, aux spots télévisés de candidatures « J'avais dit en 1974, j'ai répété en 1981, 1988, que les travailleurs n'avaient rien de bon à attendre du faux homme de gauche qu'est Mitterrand. Les faits m'ont donné raison (…) ».
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Bibliographie

Ouvrages de François Mitterrand

Une grande partie de l'œuvre (considérée comme complète) est rééditée en 13 volumes aux éditions Rencontre en 1982. Les œuvres les plus fameuses sont rééditées en 4 volumes aux Belles Lettres de 2016 à 2018.

Préfaces

Avant 1981
  • Daniel Benoist, Mémoires de lui et de moi, Sury-en-Vaux, Éditions du Terroir, , 207 p. (ISBN 978-2-913790-17-9, OCLC 54897778).
  • Roland Cayrol, François Mitterrand, 1945-1967, Paris, Fondation nationale des sciences politiques, coll. « Centre d'étude de la vie politique française / Recherches » (no 5), (OCLC 1954530).
  • Gérard-David Desrameaux, La Pensée politique de François Mitterrand, Université de Paris II - Panthéon-Assas, , 550 p., thèse de Science politique.
  • François Charmont (préf. Laurent Fabius), François Mitterrand et la Nièvre : géopolitique de la Nièvre, 1945-1995, Paris, France, L'Harmattan, (réimpr. 2002), 238 p. (ISBN 978-2-7475-1696-9, OCLC 49805506, lire en ligne).
    Mémoire de maîtrise de géographie politique (université Paris IV-Sorbonne), Paris.
  • Christophe Lewin, Le retour des prisonniers de guerre français : naissance et développement de la F.N.P.G., 1944-1952, Paris, Publications de la Sorbonne, , 335 p. (ISBN 978-2-85944-131-9, OCLC 416704689, lire en ligne).
  • Éric Duhamel (préf. Hubert Védrine), L'UDSR ou La genèse de François Mitterrand, Paris, Presse du CNRS, coll. « Cnrs histoire », , 371 p. (ISBN 978-2-271-06503-2, OCLC 421878490).
  • (en) Daniel Singer, Is socialism doomed ? : The Meaning of Mitterrand, New York, Oxford University Press, , 288 p. (ISBN 978-0-19-504925-1, OCLC 16352465).
  • Patrice Lestrohan, L'Observatoire : l'affaire qui faillit emporter François Mitterrand (16 octobre 1959, Paris, Nicolas Eybalin Scrineo, coll. « Au vif de l'histoire », , 304 p. (ISBN 978-2-36740-004-4, OCLC 828235784).
Présidence de la République
La politique intérieure
  • Mathias Bernard, Les années Mitterrand : du changement socialiste au tournant libéral, Paris, Belin, coll. « Histoire », , 345 p. (ISBN 978-2-7011-9093-8, présentation en ligne).
  • Serge Berstein (dir.), Pierre Milza (dir.), Jean-Louis Bianco (dir.) et al., Les années Mitterrand : les années du changement, 1981-1984, Paris, Perrin, , 973 p. (ISBN 978-2-262-01732-3, OCLC 50639077)
    Actes du colloque historique de 1999, qui a bénéficié de l'ouverture des archives de l'Élysée et du témoignage de la plupart des protagonistes.
  • Pierre Favier et Michel Martin-Roland, La décennie Mitterrand, Paris, Éditions du Seuil, 1990-1999, 4 vol., 2 713 p., prix Espaces 89 du meilleur livre politique 1991-1992.
  • Thomas Ferenczi, Chronique du septennat : 1981-1988, Lyon, La Manufacture, , 129 p. (ISBN 978-2-7377-0088-0, OCLC 19271720).
  • Stanley Hoffmann (dir.), Georges Ross (dir.) et Sylvia Malzacher (dir.) (trad. Isabelle Richet), L'Expérience Mitterrand : continuité et changement dans la France contemporaine [« The Mitterrand Experiment : Continuity and Change in Modern France »], Paris, Presses universitaires de France, coll. « Recherches politiques », , 445 p. (ISBN 2-13-041738-8, présentation en ligne)
    Traduction française des actes du colloque international de science politique tenu à Harvard en 1986.
  • Serge July, Les Années Mitterrand. Histoire baroque d'une normalisation inachevée, Paris, Éditions Grasset, 1986, 284 p.
  • Jean-Marc Regnault (dir.), François Mitterrand et les territoires français du Pacifique (1981-1988) : Mutations, drames et recompositions, enjeux internationaux et franco-français, éd. Les Indes savantes, 2003, 583 p.
La politique extérieure
  • Jean-François Bayart, La Politique africaine de François Mitterrand, essai, Paris, Karthala, 1984, 149 p.
  • Frédéric Bozo, Mitterrand, la fin de la guerre froide et l'unification allemande. De Yalta à Maastricht, Paris, Odile Jacob, 2005.
  • Jean-Pierre Filiu, Mitterrand et la Palestine : l'ami d'Israël qui sauva trois fois Yasser Arafat, Paris, Fayard, 2005.
  • Gaspard-Hubert Lonsi Koko, Mitterrand l'Africain ?, Paris, Les éditions de l'Égrégore, 2007, 227 p.
  • Bernard Lugan, François Mitterrand, l'armée française et le Rwanda, éd. du Rocher, 2005, 288 p.
  • Pierre Péan, Noires fureurs, blancs menteurs, éd. des Mille et une nuits, 2005.
  • Tilo Schabert, Mitterrand et la réunification allemande. Une histoire secrète (1981-1995), Paris, Grasset, 2005, 598 p., prix parlementaire franco-allemand.
  • Hubert Védrine, Les Mondes de François Mitterrand, à l'Élysée, 1981-1995, Paris, Fayard, 1996, 784 p.

Essais biographiques

Mémoires, souvenirs et témoignages

Ouvrages divers

Notes sur la bibliographie

Archives et documentation

L'institut François-Mitterrand conserve des archives privées et des fonds de documentations.

Les archives de la présidence de François Mitterrand et de ses conseillers (cabinet présidentiel, archives du secrétariat particulier, du secrétariat général et des services de l'Élysée comme le service photographique et le service du protocole) forment une documentation considérable et sont conservées aux Archives nationales dans la sous-série 5/AG(4). Elles furent versées suivant un protocole spécial propre à Mitterrand et à son prédécesseur. Les archives ne seront communicables de plein droit qu'en 2055, soit 60 ans après leur production. Dominique Bertinotti fut désignée comme mandataire sur le fonds et a donc la possibilité d'accorder des dérogations pour la consultation, au moins jusqu'en 2022. Les archives concernant le génocide du Rwanda furent celles qui suscitèrent le plus de controverse pour une consultation anticipée.

Filmographie

Fictions

Documentaires

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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