Léo Collard

Léo Collard, né le à Aulnois et mort le à Mons, est un homme politique belge.

Biographie

Vie privée

Léo Collard est né dans le Hainaut le [1]. Sa mère est institutrice, ainsi que ses grands-parents, et son père fonctionnaire de l’administration des douanes, faisant donc partie d’une bourgeoisie modérée[2], chose qui, dans le milieu politique dans lequel il va se lancer, n’est pas commune. Il va mourir à Mons le , sans descendance directe[2].

Formation et carrière

Ses études secondaires vont être suspendues en 1917, lorsqu’il sera déporté dans un camp de travail. Cette expérience lui révèlera les véritables conditions de vie des ouvriers, qui, à cette époque, étaient déplorables. Ce passage l’influencera durant toute sa carrière politique[1]. Il va suivre une formation de droit à l’Université libre de Bruxelles où il fera un doctorat, puis s’inscrira au barreau de Mons, en 1926, dans un des seuls cabinets socialistes de la ville. Durant la même année, il débutera sa carrière politique, en devenant membre du Parti Ouvrier Belge[1]. En 1932, il sera élu conseiller communal de la ville de Mons, ainsi que député[1]. C’est en 1947 qu’il sera élu échevin dans cette même ville, pour enfin en devenir le bourgmestre de 1953 à 1974[2].

Il pratiquera également des fonctions gouvernementales, au-delà de celles exercées dans la ville de Mons, ce qu’il regrettera un peu, s’étant toujours senti très proche de la ville de Mons, et ayant donc voulu participer plus activement à la vie locale[3]. Sa fonction gouvernementale la plus marquante fut celle de ministre de l’Instruction publique de 1954 à 1958, période de la deuxième “guerre scolaire”, fonction qu’il avait déjà occupée en 1946[4]. Il atteindra en 1959 la présidence du Parti socialiste, qu’il quittera, en même temps que son mandat de député, en 1971[1]. La politique ne représente pas l’unique domaine dans lequel il mettra à profit son énergie. Il sera, en effet, professeur universitaire durant trente ans, à savoir de 1937 à 1967, dispensant le cours de Droit International Public à l’Institut supérieur de Commerce de la province du Hainaut[1]. Durant toute sa carrière, il va tenter de trouver un juste milieu entre la défense des intérêts de ses semblables wallons et la solidarité qu’il éprouve envers ses camarades flamands[3].

Guerre scolaire (1954-1958)

Cette période, de 1954 à 1958, est la seule du XXe siècle où le gouvernement est laïque[5]. Léo Collard reçoit les fonctions de ministre de l’Instruction publique, succédant à Pierre Harmel, membre du PSC (parti catholique). Pierre Harmel avait, en 1952, fait voter, une série de lois concernant l’éducation, ce qui avait fait fortement réagir l’opposition au Parlement. Ces lois visaient entre autres à attribuer un versement d’une somme de 8 000 francs belges par élève à l’enseignement libre, ainsi que l’égalisation du minerval dans les deux réseaux[6].

Léo Collard. Histoire illustrée de la Belgique, p. 146

Léo Collard est très soucieux de la question de l’enseignement. En effet, le , il va déclarer au Sénat que “seul compte l’enseignement de l’État”[7]. Tout juste arrivé à sa fonction, il va supprimer les prérogatives que Pierre Harmel avait octroyées à l’enseignement libre. En 1955, il va faire voter la “loi Collard”. Celle-ci visait à couper les subsides octroyés au réseau de l’enseignement libre de 500 millions de francs belges et à licencier 110 intermédiaires catholiques[8], afin d’augmenter les subsides attribués à l’enseignement officiel. La “loi Collard” prévoyait également que les salaires des professeurs du réseau libre soient pris en charge par l’État, ainsi que la possibilité pour l’État de créer des écoles techniques afin d’assurer une liberté de choix du réseau scolaire des parents[9]. Il agissait dans un souci de démocratisation de l’enseignement, visant un enseignement pour tous nettement plus accessible.

Mais cela ne se fut pas sans peine. L’opinion catholique réagit avec rage : des pétitions furent signées par plus de deux millions de personnes, ce qui représentait plus que le nombre de suffrages obtenus par le PSC[8]. De grandes manifestations, soutenues par les évêques, eurent lieu. L’une d’entre elles rassembla jusqu’à 250 000 personnes, majoritairement flamandes, à Bruxelles[8]. Le nom de Léo Collard attisait une haine déchainée dans le monde catholique. Cependant, la loi était votée, et les institutions devaient s’y conformer[10]. Les élections de 1958 furent remportées par les catholiques. Cependant, il ne purent former une majorité homogène[11]. Ainsi, les trois partis traditionnels ont été obligés de trouver un compromis, le “Pacte Scolaire”. Celui-ci, satisfaisant les deux réseaux, prévoyait une aide étatique à toutes les formes d’enseignement reconnues, ainsi que la gratuité de l’enseignement gardien, primaire et secondaire, ainsi que la liberté de choisir entre un cours de religion ou de morale[12]. Le “Pacte Scolaire” fut aussi le texte instaurant une Commission du Pacte Scolaire, elle-même chargée de contrôler les subventions que l’État accordait à chacun des deux réseaux. La politique de Léo Collard permit une croissance dans l’enseignement de la population que jamais la Belgique n’avait connue auparavant[13]. En effet, l’année de 1958 à 1959 connut une évolution du nombre d’élèves du secondaire supérieur de 7,8 %, de 11,1 % l’année d’après et de 13,5 % entre 1960 et 1961, passant de 44 017 élèves en 1958 à 55 471 en 1961[14].

Question ouvrière

Ayant accédé à la présidence du Parti socialiste en 1959[1], Léo Collard a toujours prôné une solidarité entre les deux grandes communautés linguistiques du pays[3]. Il estimait en effet que les problèmes auquel la Belgique faisait face étaient surtout de natures économique et sociale[15], au-delà de la différence linguistique qui divisait le monde politique belge. Il désirait industrialiser la Flandre et rénover les industries vieillissantes de la Wallonie[15]. Il cherche également à trouver des compromis avec les chrétiens de gauche. Pour lui, estimant que la religion ne pouvait être un barrage à leur entente avec les socialistes, une union entre les deux était nécessaire au progrès[16]. Léo Collard apportera tout son soutien aux grèves ouvrières ainsi qu’aux projets de reconversion économique[15], revendiquant en permanence une amélioration générale des conditions de vie des ouvriers. Son soutien était d’un naturel calme mais ferme, favorisant toujours le dialogue[1].

Distinctions

En 1963, il recevra le titre de Ministre d'État[1]. C’est un titre honorifique que le roi octroie à des personnes particulièrement méritantes, en raison de leur engagement politique.

Notes et références

  1. Stengers et al. 1999, p. 64
  2. « Léo Collard », sur le site officiel de la ville de Mons
  3. Stengers et al. 1999, p. 65
  4. H. Hasquin, Dictionnaire d’Histoire de Belgique, p. 96
  5. De Broux, P.O., Histoire des Institutions et du Droit de la Belgique contemporaine (Document non publié), Université Saint-Louis Bruxelles, Bruxelles, , p. 77
  6. « La « guerre » continue au XXe siècle ! », sur Histoire des Belges au fil du temps, un site de A. Gurrickx (consulté le )
  7. Vincent Dujardin, Jean Duvieusart (1900-1977), Quorum, , p. 148
  8. Stephany, p. 284
  9. Witte et Craeybeckx 1987, p. 355
  10. Stephany, p. 285
  11. Witte et Craeybeckx 1987, p. 356
  12. « Le pacte scolaire de 1958 », sur Histoire des Belges au fil du temps, un site de A. Gurrickx (consulté le )
  13. Golden Sixties 2000, p. 22
  14. Golden Sixties 2000, p. 23
  15. Stengers et al. 1999, p. 66
  16. Stengers et al. 1999, p. 67

Bibliographie

  • Jean Stengers, Florenet Bureau, André Molitor et Philippe Roberts-Jones, « Léo Collard », dans Nouvelle biographie nationale, t. 5, Académie Royale de Belgique, (lire en ligne [PDF]), pp. 64-67
  • Els Witte et Jan Craeybeckx, La Belgique politique de 1830 à nos jours : les tensions d'une démocratie bourgeoise, Labor-Nathan, , 639 p. (lire en ligne), p. 355
  • P. Stephany, Nos années 50 (Document Duculot)
  • Golden Sixties (1958-1973) : La Belgique dans les années 60, Ludion Distributie,

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