Pierre Mendès France

Pierre Mendès France[1], surnommé PMF, né le à Paris et mort le dans la même ville, est un homme d'État français.

Pour les articles homonymes, voir Mendès (homonymie), France (homonymie) et PMF.

« Mendès France » redirige ici. Pour les autres significations, voir Mendès France (homonymie).

Pierre Mendès France

Pierre Mendès France en 1948.
Fonctions
Ministre d'État

(3 mois et 22 jours)
Président René Coty
Président du Conseil Guy Mollet
Gouvernement Mollet
Président du Conseil des ministres français

(7 mois et 18 jours)
Président René Coty
Gouvernement Mendès France
Législature IIe
Coalition PRS-CNIP-UDSR-ARS-
URAS-MRP
Prédécesseur Joseph Laniel
Successeur Edgar Faure
Ministre des Affaires étrangères

(7 mois et 2 jours)
Président René Coty
Président du Conseil Lui-même
Gouvernement Mendès France
Prédécesseur Georges Bidault
Successeur Edgar Faure
Président du Conseil général de l'Eure

(13 ans et 2 mois)
Élection 30 septembre 1945
Circonscription Pont-de-l'Arche
Successeur Gustave Héon
Ministre de l'Economie nationale

(7 mois et 2 jours)
Gouvernement Charles de Gaulle I, Gouvernement provisoire de la République française
Prédécesseur lui-même, (Commissaire aux finances)
Successeur René Pleven
Commissaire aux Finances

(10 mois et 1 jour)
Gouvernement CFLN
Prédécesseur Maurice Couve de Murville
Successeur Aimé Lepercq
Sous-secrétaire d'Etat au Trésor

(28 jours)
Président Albert Lebrun
Gouvernement Léon Blum II
Législature XVIe (Troisième République)
Maire de Louviers

(5 ans, 8 mois et 14 jours)
Élection 3 mars 1953
Prédécesseur Marcel Malherbe
Successeur André Vincelot

(4 ans, 4 mois et 3 jours)
Élection 12 mai 1935
Prédécesseur Raoul Thorel
Successeur Auguste Fromentin
Député français

(1 an, 1 mois et 27 jours)
Circonscription 2e de l'Isère
Législature IIIe (Cinquième République)
Groupe politique FGDS
Prédécesseur Jean Vanier
Successeur Jean-Marcel Jeanneney

(12 ans, 5 mois et 27 jours)
Circonscription Eure
Législature Ire, IIe et IIIe (Quatrième République)
Groupe politique Radical-socialiste

(9 ans, 11 mois et 30 jours)
Circonscription Eure
Législature XVe et XVIe (Troisième République)
Groupe politique Radical-socialiste
Biographie
Nom de naissance Pierre Isaac Isidore Mendès France
Date de naissance
Lieu de naissance Paris 3e (France)
Date de décès
Lieu de décès Paris 16e (France)
Nationalité française
Parti politique RAD (1932-1958)
PSA (1958-1960)
PSU (1960-1971)
Conjoints Lily Cicurel
Marie-Claire Servan-Schreiber
Enfants Michel Mendès France
Diplômé de Faculté de droit de l'université de Paris
École libre des sciences politiques
Profession Avocat

Il s'initie à la vie politique dès 1924 dans les mouvements étudiants d'opposition à l'extrême droite puis est élu député de l'Eure en 1932. Radical-socialiste, il participe à la coalition du Front populaire. Il est membre du second gouvernement Blum en 1938[2].

Pendant la Seconde Guerre mondiale, après avoir été incarcéré par le régime de Vichy, il parvient à rejoindre la Résistance et s'engage dans les Forces aériennes françaises libres. Il est commissaire aux Finances puis ministre de l'Économie nationale dans le gouvernement provisoire du général de Gaulle de à .

Nommé président du Conseil par le président René Coty en , il cumule cette fonction avec celle de ministre des Affaires étrangères. S'il parvient à conclure la paix en Indochine, à préparer l'indépendance de la Tunisie et à amorcer celle du Maroc, ses tentatives de réforme en Algérie entraînent la chute de son gouvernement, cible à la fois de ses adversaires colonialistes et de ses soutiens politiques habituels anti-colonialistes. Il quitte alors la présidence du gouvernement en , après avoir été renversé par l'Assemblée nationale sur la question très sensible de l'Algérie française.

Ministre d'État sans portefeuille du gouvernement Guy Mollet en 1956, il démissionne au bout de quelques mois en raison de son désaccord avec la politique du cabinet Mollet menée en Algérie.

Il vote contre l'investiture de Charles de Gaulle à la présidence du Conseil en 1958, puis abandonne tous ses mandats locaux après sa défaite aux élections législatives du mois de novembre de la même année. Élu député de la 2e circonscription de l'Isère en 1967, puis battu l'année suivante, il forme un « ticket » avec Gaston Defferre lors de la campagne présidentielle de 1969 mais celui-ci ne recueille que 5 % des suffrages exprimés.

Bien qu'il n'ait dirigé le gouvernement de la France que pendant un peu plus de sept mois, il constitue une figure morale pour une partie de la gauche en France. Au-delà, il demeure une référence pour des personnalités de la classe politique française, incarnant le symbole d'une conception exigeante de la politique.

Biographie

Origines et famille

Pierre Mendès France est issu d'une vieille famille d'ascendance séfarade judéo-portugaise du nom de « Mendes de França », installée à Bordeaux, Rochefort, Louviers et Paris. Son premier ancêtre établi en France est Luís Mendes de França, arrivé du Portugal vers 1684 et établi à Bordeaux en provenance de La Rochelle[3]. Son père, Cerf-David Mendès France, fondateur d'une entreprise de confection[note 1], était rigoureusement areligieux. L'affaire Dreyfus avait été la grande bataille de sa vie, qu'il avait vécue « moins en juif solidaire qu'en démocrate indigné », démocrate de gauche bien qu'il n'ait jamais adhéré à aucun parti politique. Sur le sujet des études de son fils, sa position était claire : le parcours sera laïc, de l'école communale au doctorat en droit[4]. Évoquant son rapport au judaïsme en mars 1976 dans L'Arche, Pierre Mendès France se définit comme non religieux et non pratiquant et explique que, s'il se sait juif, « ce n'est ni un fait religieux ni un fait racial », mais « une sensation », « une sensibilité »[5] « et donc une réalité »[6].

La sœur de Pierre, Marcelle Grumbach, précise que leur mère était plus superstitieuse que croyante, et elle confirme que le père, Cerf-David Mendès France, était rigoureusement areligieux, raison pour laquelle c'est à Strasbourg, chez les grands-parents maternels, que Pierre a fait sa Bar Mitzvah[4]. Il s'est rapidement éloigné des valeurs religieuses mais il a plusieurs fois exprimé son attachement au judaïsme. Lors de l'entrevue rapportée par la revue L'Arche il disait en 1976 : « Je sais que je suis juif. Mes enfants, qui n'ont pas la foi plus que moi savent qu'ils sont juifs. Je sens que les antisémites me considèrent comme juif, voilà les faits[7]. »[note 2]. De même, Pierre Birnbaum rapporte cette affirmation de Mendès France : « Je suis athée, républicain français mais je suis aussi très attaché au judaïsme. C'est comme ça… »[8].

Pierre Mendès France était aussi passionné par l'histoire des marranes et par les recherches généalogiques sur ses ancêtres, remontant jusqu'au XVIe siècle. Depuis 1935, il n'a cessé de rassembler une importante documentation, annotée et classée. L'histoire de ces « gens quelconques jette mille lumières sur les conflits de religions et de mœurs, d'affaires et de pouvoir en Europe occidentale entre le XVe siècle et le XXe siècle[3]. »

Bachelier à quinze ans, il devient en 1928, à vingt et un ans, le plus jeune avocat de France, après des études de droit à faculté de droit de l'université de Paris et un passage par l'École libre des sciences politiques de la rue Saint-Guillaume.

Très intéressé par les questions économiques et financières, il soutient en une thèse sur la « politique de redressement du franc menée par Raymond Poincaré », dans laquelle il salue l'efficacité « brute » de cette politique, mais en critique les conséquences économiques et sociales. Pour lui, « l'économie est une science vraie ; sa pratique concourt au développement harmonieux des sociétés […] on peut changer le monde, à condition d'en connaître les lois[9]. »

Il est initié le à la respectable loge à Paris et visite la loge Union et Progrès à Pacy-sur-Eure[10].

Le 26 décembre 1933 à Louviers, Pierre Mendès France épouse Liliane dite Lily Cicurel (1910–1967), sœur de Raymond Cicurel. Son mariage en 1933 a été acté religieusement[11]. Amie proche de la sœur de Pierre, Marcelle, Lily est une artiste peintre. Elle a notamment réalisé le portrait de son époux[12]. Ce mariage la libère de l'autorité d'une mère dominatrice, juive d'origine égyptienne, dont le mari Moreno Cicurel a été assassiné au Caire[13].

De leur union naissent deux enfants :

Lily Cicurel-Mendès-France est morte le à Suresnes[15].

Lors du congrès du Parti radical de 1955, Mendès France rencontre Marie-Claire de Fleurieu, née Marie-Claire Servan-Schreiber, fille de Suzanne Crémieux, une des premières femmes élues sénatrices. Elle est journaliste à L'Express et au journal Les Échos et vit séparée de son mari, le comte Jacques Claret de Fleurieu. Il se lie avec elle secrètement dès 1956[16],[17]. Le à Montfrin (Gard), il l'épouse en secondes noces, quatre ans après le décès de sa première épouse.

Les débuts en politique

Pierre Mendès France en 1932 (BnF, Paris).

Parallèlement à ses études, Pierre Mendès France se tourne vers le militantisme. Il est l'un des membres fondateurs en 1924 de la Ligue d'action universitaire républicaine et socialiste (LAURS), un mouvement étudiant d'opposition à l'extrême droite, très actif dans le Quartier latin. Il participe aux affrontements qui opposent l'Action française et les Jeunes patriotes à la LAURS (qu'il préside en 1928) vers la fin des années 1920[18].

Pierre Mendès France apparaît alors comme l'un des espoirs du Parti radical auquel il est inscrit depuis 1924, dès l'âge de seize ans. Il fait partie, aux côtés de Jacques Kayser[note 3], Gaston Bergery, Pierre Cot, Jean Zay ou encore Bertrand de Jouvenel, des « Jeunes Turcs » qui réclament un renouvellement de la doctrine du mouvement, demandent son ancrage à gauche et contestent les orientations de la direction du mouvement incarnée par la figure historique d'Édouard Herriot. Selon Jean-Pierre Rioux, Pierre Mendès-France est un pragmatique : pour lui, « le tâtonnement peut être de règle », et, toujours selon Rioux, PMF « est très actif aussi dans tous les laboratoires intellectuels du renouveau théorique des années 1930, un des rares politiques à prendre au sérieux les non-conformistes » ; par exemple, il écrit dans les Cahiers bleus de Georges Valois, personnage complexe qui a d'abord milité à l'extrême gauche, puis à l'extrême droite jusqu'au fascisme avant de revenir à gauche et qui a terminé sa vie en 1945 au camp de Bergen-Belsen, après avoir, en tant que Résistant, été arrêté par la Gestapo[19].

Député de l'Eure à partir de 1932 (il est alors le plus jeune député de France[20],[21] et maire de Louviers à partir de 1935, il est élu conseiller général de l'Eure en 1937. Il n'hésite pas à attaquer Herriot, président du Parti, au congrès du Parti de Clermont-Ferrand (mai 1934), soutient Édouard Daladier ainsi que la stratégie du Front populaire (1936) d'alliance avec les socialistes. Il prend la tête de la commission des douanes de la Chambre des députés, avant d'être nommé sous-secrétaire d'État au Trésor dans le deuxième et éphémère gouvernement Léon Blum (du 13 mars au ). Le PCF s'abstient lors du vote du à propos de la participation française aux Jeux olympiques de Berlin, organisés par le régime nazi ; Pierre Mendès France est le seul député à voter contre[22],[23],[24].

Pierre Mendès France et Georges Boris en 1938.

Mendès France élabore ensuite avec le directeur de cabinet de Léon Blum, Georges Boris, un projet de réforme économique audacieux, axé sur le contrôle des actifs et sur le soutien à l'investissement militaire, dont l'exposé des motifs se réclame pour la première fois en France de préceptes du keynésianisme. Très contesté, « sottement qualifié de marxiste par la droite[25]. » ce projet sera rejeté par le Sénat, ce qui précipite la chute du gouvernement. S'il a chaudement soutenu les réformes de Léon Blum, Pierre Mendès France n'en a pas moins été en désaccord avec le premier gouvernement du Front populaire sur deux points : celui de la politique monétariste qui donne la priorité à la défense du franc et refuse la dévaluation[26], et celui de la République espagnole à laquelle Blum n'accorde aucun soutien[27].

Dans la Résistance

Député à la déclaration de la guerre, il est mobilisé comme officier au Moyen-Orient où il passe un brevet d'observateur aérien.

Au moment de la déroute qui a obligé le gouvernement à se réfugier à Bordeaux, il est de ceux qui veulent poursuivre la guerre à partir de l'Afrique du Nord, et il embarque à bord du Massilia avec un certain nombre de députés et d'hommes politiques. Il est arrêté le au Maroc sur l'ordre du résident général Charles Noguès et accusé, avec trois autres officiers, de désertion, alors que, paradoxalement, il est de ceux qui veulent se battre. Rapatrié à Marseille en même temps que Jean Zay, il est jugé le par le tribunal militaire de Clermont-Ferrand et condamné à six ans de prison et à la destitution pendant dix ans.

Incarcéré par le régime de Vichy, puis transféré à l'hôpital militaire pour insuffisance hépatique, il s'en échappe le après avoir écrit une lettre au maréchal Pétain[28]. Il se cache pendant plusieurs mois de cavale, avant de parvenir à rejoindre les Forces aériennes françaises libres à Londres où il participe aux combats. Le , il est promu capitaine des aviateurs du Groupe Lorraine. Le lieutenant colonel Henry de Rancourt de Mimérand[note 4] assigne à ce groupe, qui compte aussi dans ses rangs Jean d'Astier de La Vigerie[note 5], une mission : attaquer la centrale électrique de Chevilly-Larue, groupe des trois stations qui alimentent en énergie Paris, sa banlieue et une partie de Bordeaux[29],[30]. PMF participe à cette mission, en tant que capitaine navigateur, à bord d'un bombardier Douglas Boston Mk III A, dont le code était OA N [31].

Nommé par le général de Gaulle, en 1943, commissaire aux finances, dans le Comité français de Libération nationale d'Alger, il représente la France à la conférence de Bretton Woods avant de devenir ministre de l'Économie nationale du gouvernement provisoire de la République française, à partir du . En désaccord avec René Pleven, ministre des Finances, sur l'orientation à donner à la politique économique, qu'il désire énergique, il démissionne le faute d'obtenir le soutien du général de Gaulle pour prendre les mesures de rigueur et d'assainissement monétaires que lui semble exiger la situation économique du pays. Le litige portait tout particulièrement sur l'échange des billets de banque afin de corriger certains abus que le marché noir et l'économie souterraine avaient favorisés durant l'occupation[32],[33].

Nommé au conseil d'administration de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, il représente ensuite la France au Conseil économique et social des Nations unies (ECOSOC).

Bretton-Woods et le Fonds monétaire international

Pierre Mendès France en 1948 (photographie Studio Harcourt).

En 1944, Pierre Mendès France participe à Bretton Woods aux travaux fondateurs de deux institutions : la Banque internationale pour la reconstruction, et le Fonds monétaire international[34]. À Bretton-Woods, il se lie d'amitié avec John Maynard Keynes qui représente le Royaume-Uni[34]. Mendès admire la Théorie générale de Keynes, et il se range à ses côtés pour obtenir dans le système monétaire international défini par les Américains une place qui ne soit pas trop défavorable aux pays endettés par la guerre. Mais rien ne peut fléchir le géant américain. Bretton-Woods se solde par une « défaite stratégique » ainsi que la nomme Keynes[35]. Ni Keynes, ni Mendès, ne peuvent empêcher la mise en place du monopole américain. Mais d'autres délégations, notamment latino-américaines, élèvent la voix, et parlent, elles, non seulement de « reconstruction », objectif premier de la banque mondiale, mais aussi de « développement », ce qui aboutit à la création de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) dont Mendès est élu membre du « Comité des directeurs exécutifs ». Il est aussi nommé membre du conseil d'administration du FMI, où il reste jusqu'en 1947, date à laquelle il donne sa démission[36]. En 1947, il devient délégué de la France au Conseil économique et social de l'ONU (ECOSOC), poste dont il démissionne en 1951[36].

Opposition à la guerre d'Indochine

Il retrouve ses mandats de député de l'Eure, de maire de Louviers et de président du conseil général de l'Eure cette même année 1951[37],[38].

Le , à l'occasion d'un débat budgétaire, le député de l'Eure monte à la tribune de l'Assemblée nationale et se lance dans un véritable réquisitoire contre la guerre d'Indochine. Il ne se contente pas de dire que le conflit coûte trop cher, il ouvre aussi le dossier politique et militaire[39]. Il dénonce très vivement l'engagement militaire français et devient l'un des principaux opposants au conflit.

Déclaration de Pierre Mendès France à l'Assemblée nationale après le revers militaire dans la province de Cao Bang (1950) :

« C'est la conception globale de notre action en Indochine qui est fausse car elle repose à la fois sur un effort militaire qui est insuffisant pour assurer une solution de force, et sur une politique qui est impuissante à nous assurer l'adhésion des populations. Cela ne peut continuer ainsi. […] En vérité, il faut choisir entre deux solutions également difficiles mais qui sont les seules vraiment qu'on puisse défendre à cette tribune sans mentir… La première consiste à réaliser nos objectifs en Indochine par le moyen de la force militaire. Si nous la choisissons, évitons enfin les illusions et les mensonges pieux. Il nous faut pour obtenir rapidement des succès militaires décisifs, trois fois plus d'effectifs et trois fois plus de crédits ; et il nous les faut très vite… L'autre solution consiste à rechercher un accord politique, un accord évidemment avec ceux qui nous combattent. Sans doute, ne sera-ce pas facile… Un accord, cela signifie des concessions, de larges concessions, sans aucun doute plus importantes que celles qui auraient été suffisantes naguère. Et l'écart qui séparera les pertes maintenant inéluctables et celles qui auraient suffi voici trois ou quatre ans mesurera le prix que nous payerons pour nos erreurs impardonnables… »

 Journal officiel, 1950[40],[39].

Président de la Commission des Finances à partir de 1953, les revers rencontrés par les forces françaises finissent par l'imposer comme l'un des recours possibles pour faire aboutir une résolution négociée du conflit.

La présidence du Conseil (1954–1955) – IVe République

Dernière séance de la conférence sur l'Indochine au palais des Nations de Genève, le 21 juillet 1954. De dos, au premier plan, la délégation nord-vietnamienne.

Après une première tentative infructueuse pour former un gouvernement en 1953, il est finalement investi président du Conseil avec une forte majorité le , quelques semaines après la défaite française à la bataille de Dien Bien Phu, pour faire la paix en Indochine. Il ne dirige le Gouvernement que pendant sept mois et demi, mais son passage aux affaires est l'un des temps forts de l'histoire institutionnelle de la IVe République. Mendès France fut conseillé par Georges Boris[41].

En dehors d'Edgar Faure, ministre des Finances et numéro deux du gouvernement, son cabinet, qu'il forme sans négocier directement comme c'était alors l'usage avec l'état-major des partis politiques, comporte peu de poids lourds de la vie parlementaire sous la IVe République. C'est une équipe relativement jeune, resserrée et technicienne. On y trouve des CNIP, des MRP, des radicaux, quelques gaullistes dont Jacques Chaban-Delmas. François Mitterrand en est le ministre de l'Intérieur. Le gouvernement est assuré du soutien des députés communistes, bien qu'il ait annoncé qu'il démissionnerait s'il était investi grâce aux voix communistes (c'est-à-dire si, sans compter les voix communistes, il n'avait pas la majorité à l'Assemblée).

Les questions coloniales

Dans son discours d'investiture, le président du Conseil désigné, dont l'objectif est de se faire conduire par l'Assemblée à exercer de plein pouvoir cette fonction, se donne trente jours pour faire aboutir les négociations de paix en Indochine, ce qui est réussi à deux jours près puisque les accords de Genève sont signés le . Tandis qu'il se débat à Genève avec les exigences de Phạm Văn Đồng et celles de Foster Dulles, toutes deux contradictoires, Mendès a encore à régler des problèmes sur le niveau de vie des Français, la reconversion économique du pays, de la politique fiscale, de l'orientation du crédit, d'incitation à l'auto-financement[42].

Lorsque Pierre Mendès France devient Président du Conseil des ministres, en 1954, il doit régler, après l'Indochine, des problèmes des colonies et protectorats français du Maghreb qui sont multiples. Au Maroc d'abord. Depuis la déposition du sultan Sidi Mohammed, en , le pays sombre dans le chaos. En Tunisie, Habib Bourguiba a été interné[43]. Lors de sa déclaration d'investiture du , Pierre Mendès France annonce qu'il a pris le parti de négocier :

« Le Maroc et la Tunisie auxquels la France a ouvert les voies du progrès économique, social et politique ne doivent pas devenir des foyers d'insécurité et d'agitation. […] Mais j'ajoute avec la même netteté que je ne tolérerai pas non plus de […] réticences dans la réalisation des promesses que nous avons faites à des populations qui ont foi en nous. »

Pierre Mendès France reçu par Lamine Bey, dernier bey de Tunis, le 31 juillet 1954.

La stratégie tunisienne de Mendès France consiste d'abord à restaurer l'autorité morale du bey, puis à associer aux négociations le Néo-Destour et enfin à s'appuyer sur les militaires[44]. L'habileté de Mendès France à engager des pourparlers et à jouer sur tous les registres fait l'admiration de Bourguiba qui s'en confie à Roger Stéphane[45]. Les résidents français ne partagent pas son enthousiasme. Pourtant, l'opération Carthage, du nom du discours de Carthage prononcé le 31 juillet 1954 alors qu'il est président du conseil depuis seulement un mois[46], aboutit le à l'indépendance de la Tunisie. Cette politique de négociation sera poursuivie après lui par Edgar Faure et Guy Mollet pour le Maroc.

En revanche, pour l'Algérie, l'attitude du président du Conseil est bien différente car, dans son esprit « l'Algérie, c'est la France[47]. »

Le , à l'Assemblée nationale, Pierre Mendès France et son ministre François Mitterrand sont félicités pour leur riposte ferme à l'agitation algérienne par le porte-parole de la grande colonisation René Mayer[48]. Une phrase de Mendès France résume assez bien sa pensée :

« L'Algérie, c'est la France, et non un pays étranger… On ne transige pas quand il s'agit de défendre la paix intérieure de la nation, l'unité et l'intégrité de la République[48]. »

Le 2 novembre, dans une note qu'il a adressée à André Pelabon en réponse au général Cherrière, qui faisait savoir qu'il n'avait pas besoin de parachutistes et que les CRS lui suffisaient, Mendès France insiste : « Primo il faut s'assurer que les mouvements de troupe ont été exécutés, secundo il faut au moins tripler les effectifs des troupes et des CRS envoyés en Algérie. [Il faut] se souvenir de l'effort massif que nous avons fait pour la Tunisie et des réticences rencontrées auprès des militaires. Il faut agir sur eux de la manière la plus énergique pour qu'ils ne perdent pas un instant[49]. »

Mais dès le 12 novembre, Mendès France rectifie le tir en donnant des indications sur la nécessité d'une « coopération généreuse que la métropole doit créer pour une vie meilleure en Algérie, amélioration des terres incultes etc. », ce qui a pour effet de lui mettre à dos à la fois les porte-paroles de la colonisation, et les défenseurs des droits des Algériens qui dénoncent les exactions de policiers tortionnaires[50]. C'est dans un climat de sommations et d'hyperboles, de dénonciations venues des deux pôles de l'opinion, que s'ouvre, le 2 février, le grand débat à propos du Maghreb où sombrera le cabinet de Pierre Mendès France[51]. Son gouvernement est renversé le sur la question de l'application du statut de l'Algérie.

Après son départ, dans l'hebdomadaire L'Express, le Prix Nobel de littérature Albert Camus appelle à son retour au pouvoir[52], selon le documentaire biographique consacré à la télévision à l'écrivain[53].

En 1974, PMF commente ainsi la chute de son gouvernement : « En effet, mon gouvernement est tombé à propos de l'Algérie, mais ce n'était qu'un prétexte (mauvais d'ailleurs). Il serait tombé de toute manière… C'est une autre histoire[54]. »

La politique intérieure et européenne
Conférence de l'OTAN sur le réarmement de l'Allemagne, le . Avec Anthony Eden, John Foster Dulles et Konrad Adenauer.

Sur le plan institutionnel, sa politique se caractérise par un effort de rationalisation du régime parlementaire de la IVe République et par une tentative de rééquilibrage des institutions en faveur de l'exécutif. Refusant le principe de la double investiture par lequel le président du Conseil pressenti se présentait deux fois devant la Chambre, d'abord seul, ensuite avec son gouvernement, il dénonce les marchandages auxquels cette pratique donne lieu et parvient à faire réviser la Constitution de 1946 pour entériner la fin de cet usage. Cette révision donne également l'occasion d'un assouplissement limité du droit de dissolution. Au lendemain de Genève et de Tunis, le gouvernement de PMF subit de rudes attaques, résumées dans un article cinglant de Jean Fabiani, rédacteur en chef de Combat : « Monsieur Mendès France aura ainsi, avec brio, tenu les promesses des autres. Nous souhaitons qu'il puisse un jour tenir les siennes. Mais lui en laissera-t-on le temps ? »[55].

Largement accaparée par les problématiques internationales, son expérience gouvernementale n'a pas le temps de s'inscrire, sur le plan socio-économique, dans des réformes d'ampleur. L'opinion retient néanmoins sa politique de lutte contre l'alcoolisme qui se traduit à l'automne 1954 par une série de dispositions durcissant le régime fiscal des bouilleurs de crus et l'abolition de la transmission par héritage du privilège qui leur donnait par tradition le droit de fabriquer une dizaine de litres d'alcool par foyer. En parallèle, en 1954, Pierre Mendès France, alors président du Conseil, organise la distribution de lait dans les écoles et casernes de France pour lutter contre la dénutrition et l'alcoolisme[56],[57] et fonde le Haut Comité d’étude et d'information sur l'alcoolisme (HCEIA)[58].

Malgré l'hostilité déclarée d'une grande partie de l'hémicycle, il soumet au vote de l'Assemblée, sans le soutenir véritablement, le projet de Communauté européenne de défense (CED) en août. Son rejet, qui ouvre la voie au réarmement allemand dans le cadre de l'OTAN, lui vaut l'hostilité ouverte du MRP, très favorable à la construction européenne, et prive le cabinet Mendès France de la base parlementaire indispensable à sa survie au-delà du très court terme. Craignant notamment une suprématie de l'Allemagne dans une communauté européenne qui n’inclurait pas le Royaume-Uni, il vote contre le traité instituant la Communauté économique européenne dit traité de Rome[59],[60], ce qui le brouille encore plus avec le MRP. À cela s'ajoute la bataille épuisante menée par PMF sur le plan des accords européens. Sa victoire à l'assemblée arrachée de haute lutte sur les accords de Paris (1955) lui a coûté. Le 1er janvier 1955, il déclare : « Une semaine s'achève, peut-être la plus pénible depuis la constitution du gouvernement (…). À la suite d'un débat jour et nuit et dont l'objet troublait profondément toutes les consciences, l'Assemblée nationale a approuvé les accords de Paris… Le choix était entre cette solution ou une aventure[61]. »

Son cabinet privé de tout soutien à la Chambre, PMF présente au président Coty sa démission, lors d'une entrevue au palais de l'Élysée, le . Le chef de l'État lui demande d'assurer les affaires courantes jusqu'à la nomination de son successeur à la présidence du Conseil. Quelques jours plus tard, le 23 février, Edgar Faure, ministre des Affaires étrangères du gouvernement sortant, est officiellement investi dans cette fonction par la Chambre des députés.

Dès 1954, Pierre Mendès-France avait mis l’accent sur la recherche scientifique et le progrès technique en instituant un secrétariat d’État à la Recherche scientifique et au Progrès technique qu'il avait confié à Henri Longchambon, ce dernier obtenant la création par décret[62] du Conseil supérieur à la recherche scientifique et du progrès technique (CSRSPT)[63].

Après Matignon

En 1956, il prend la tête du Front républicain, coalition électorale rassemblant les radicaux, les socialistes et les membres de l'Union démocratique et socialiste de la Résistance (UDSR), la formation dirigée par François Mitterrand. Mais le succès de cette alliance aux élections législatives ne lui vaut qu'un poste de ministre d'État (du 1er février au ) dans le nouveau gouvernement, Guy Mollet lui ayant été préféré pour en prendre la tête. Opposé à ce dernier sur sa politique en Algérie, et estimant que les mesures politiques indispensables pour reconquérir la confiance des Algériens n'ont pas été prises, Pierre Mendès France démissionne en du gouvernement et quitte la direction du Parti radical, qu'il n'a pas réussi à moderniser et qui penche de plus en plus vers la droite.

La modernisation du Parti radical

En 1955, PMF tente de donner un souffle nouveau au Parti radical via la tenue, salle Wagram, le 4 mai, d'un congrès extraordinaire pour réformer le parti, dont l'organisation est dans un premier temps refusée par Léon Martinaud-Déplat, le président administratif, qui finalement cède, car Édouard Herriot, maire de Lyon et président du parti, soutient l'initiative[64]. Le plus vieux parti de France y subit les assauts des jeunes militants parisiens[65], parmi lesquels Charles Hernu, qui, selon Francis de Tarr, « se conduisait en ultra mendésiste plutôt qu'en radical-mendésiste[66]. ». Du congrès des « agités de Wagram », il sort un néo-radicalisme mendésiste entériné par le Parti radical en et qui rend Mendès maître du mouvement. Il est élu vice-président du parti, président dans les faits puisque Herriot, président à vie, est trop âgé pour assumer cette fonction[67].

Il peut ainsi préparer les élections législatives de l'année suivante avec des chances de succès. Mais Edgar Faure, conseillé par son directeur de cabinet Jacques Duhamel et Valéry Giscard d'Estaing[68], décide de dissoudre l'Assemblée nationale et de procéder à des élections anticipées, ce qui hypothèque les projets de PMF. Edgar Faure est alors exclu du bureau du parti le [69], ce qui sera confirmé en appel en 1956, ainsi que Martinaud-Déplat. Cependant le « mendésisme de Wagram » ne se relève pas de ce coup porté, et dès , PMF est marginalisé et confiné à la fonction de ministre d'État[70]. Il démissionne du gouvernement en , puis l'année suivante, attaqué dans son propre parti sur la question algérienne, considéré comme un « traître », il est contraint de démissionner de la vice-présidence du Parti radical le .

La tentative de conquête et de rénovation du Parti radical a échoué parce que Mendès a multiplié les congrès, multipliant ainsi les occasions d'intrigues[71].

Le , quelques mois avant la signature des traités de Rome (Euratom et CEE), il exprime devant l'Assemblée nationale ses doutes sur un marché commun où les pouvoirs de la démocratie sont délégués « à une autorité extérieure laquelle au nom de la technique exercera en réalité la puissance politique, car au nom d'une saine économie on en vient aisément à dicter une politique monétaire, budgétaire, sociale, finalement une politique, au sens le plus large du mot, nationale et internationale[72]. »

Plus tard, il vote contre les pleins pouvoirs à Charles de Gaulle[73]. Il s'oppose aux conditions dans lesquelles ce dernier prend le pouvoir et par conséquent au projet de constitution élaboré par le gouvernement de Gaulle. Il mène vigoureusement campagne pour le non au référendum du , qui se solde par l'adoption du projet et la rapide promulgation de la Constitution du 4 octobre 1958 de laquelle naît la Ve République.

Battu aux élections législatives de dans son fief de l'Eure, ainsi qu'Édouard Depreux et Robert Verdier, il abandonne ses mandats de maire et de conseiller général pour se consacrer à la réflexion politique et à la réorganisation de la gauche. Maurice Clavel salue son départ dans un article plutôt aigre, l'accusant de « se jucher, prendre des poses à Guernesey pour que de Gaulle soit forcé d'être Bonaparte. Pour avoir raison, Cassandre (PMF) brûlerait Troie elle-même[74] »

Du Parti radical au Parti socialiste unifié

En 1959, Mendès France rompt avec le Parti radical parce qu'il voit les jeunes s'en éloigner[75], mais aussi parce qu'il en a été « exclu », selon les termes de Jean Bothorel : « Les premières années de la Ve République sont celles de votre exclusion du Parti radical et celle de votre entrée au PSA. Quelle a été pour vous cette période de tâtonnement[76] ? » À cette question, Mendès France répond : « Mon désaccord avec le parti radical commença bien avant (…) je me suis trouvé un peu dans le vide (…) Lorsque le PSA est devenu le PSU, j'ai eu un grand espoir. j'y ai rencontré des hommes et des femmes venus du parti radical, du parti socialiste, du parti communiste et d'autre encore (…) Le PSU était une belle ambition. Il dénonçait les mœurs politiques qui m'avaient beaucoup choqué, il voulait confronter loyalement et objectivement, sans démagogie, les aspirations, les idées traditionnelles de la gauche avec les réalités de ce temps. C'est pourquoi j'y suis resté longtemps. Le jour où il a renoncé et a cédé à des tendances négativistes purement révolutionnaires, je n'y étais plus à ma place. Je suis parti, non sans un certain regret[77]. »[note 6]

« En s'opposant au pouvoir gaulliste, il découvre la terrible parcellisation de la gauche. Alors cet orphelin politique va se mettre en quête d'une famille. Ce sera d'abord une organisation en quelque sorte ponctuelle : l'Union des forces démocratiques, créée pendant l'été 1958 pour tenter de donner une assise au cartel des non, à la constitution gaullienne et à la campagne pour le candidat présidentiel opposé à de Gaulle (Albert Châtelet). Mais l'UFD n'est qu'un comité encore affaibli par le conflit permanent qui l'oppose à l'autre branche de la gauche non communiste : l'Union de la Gauche Socialiste animée par Claude Bourdet. Mendès suggère qu'on intitule ce mouvement Union travailliste. En vain. En février 1959, il fait une expérience qui contribue à l'orienter vers l'adhésion au courant socialiste[78]. »

Mendès France, contre la Guerre d'Algérie lors d'un meeting du PSU à Toulouse le .

Cette expérience est une initiative de Jean-Jacques Servan-Schreiber. En , il organise pour l'hebdomadaire l'Express un débat entre Mendès France et deux des principaux représentants socialistes européens : l'italien Pietro Nenni et le travailliste britannique Aneurin Bevan[79]. C'est là que Mendès se sent un langage commun avec une famille politique, celle des vrais socialistes, notamment de Bevan qui lui explique sans ménagement que l'administration américaine ne peut accepter chez elle des idéologies qu'elle combat dans les pays étrangers. Nenni lui fait remarquer que ce qui sépare PMF du socialisme, c'est son approche plus économiste[80].

Cependant, malgré quelques oppositions, l'adhésion de Pierre Mendès France au Parti socialiste autonome (PSA) donne une nouvelle impulsion au nouveau parti, ce que reconnaît Édouard Depreux. « Jamais, écrit-il, le PSA n'a autant recruté que dans la foulée de Mendès France. Des jeunes en particulier n'ayant jamais appartenu à aucune organisation ont rejoint, dans toute la France, les sections du PSA. Notre pénétration dans les milieux étudiants, déjà importante, s'est sensiblement accrue[81]. »

Malgré les réticences de ses amis de l'UFD et de ceux d'une filiale spécifiquement mendésiste : le CAD (centre d'action démocratique) qui tentent de le mettre en garde contre une adhésion au PSA en soulignant la doctrine contraignante, la discipline pesante, Mendès France rejoint le Parti socialiste autonome, sans toutefois se précipiter. C'est Georges Boris qui le convainc. Il fait valoir à PMF tout ce que peut lui apporter l'adhésion à un parti tout neuf, non corrompu par les intrigues et les rivalités. C'est à lui, Georges Boris, que Mendès donne son adhésion écrite. Boris l'apporte le à Édouard Depreux[82],[83]. Mendès France se réclame désormais d'« un socialisme […] qui devra s'inspirer de la tradition humaniste de Léon Blum et Jean Jaurès », reconnaissant également l'échec de sa politique antérieure de réforme au coup par coup, qui doit être abandonnée pour une réforme en bloc[84].

Ainsi PMF passe du radicalisme au socialisme. Mais quand il réclame de pouvoir entraîner avec lui ses amis du CAD, on lui répond que chacun d'eux devra subir des tests[84]. Ce qu'ils font. Alain Gourdon surnomme ces examens des ordalies[85]. Le PSA n'est qu'une étape puisque l'année suivante, le avec le congrès de fusion présidé par Laurent Schwartz, le Parti socialiste unifié (PSU) est fondé avec un bureau national comprenant Édouard Depreux, Alain Savary, Robert Verdier, Gilles Martinet, Henri Longeot, Jean Poperen et Charles Hernu[81].

Mendès refuse tout poste de responsabilité à l'intérieur de ce parti, et il se tient à l'écart du congrès constitutif d'Issy-les-Moulineaux[86]. Il charge alors ses fidèles : Richard Dartigues, Charles Hernu ou Harris Puisais de maintenir le contact avec les militants[87].

L'indépendance de l'Algérie et les rapports avec de Gaulle

Écarté du Parlement, Mendès ne reste pas pour autant silencieux, notamment à propos de l'Algérie. Bien que le général de Gaulle ait reconnu le droit des Algériens à « l'autodétermination », PMF reste sceptique sur ses intentions. Parce que le général a aussi évoqué l'indépendance de l'Algérie comme « une hypothèse aussi catastrophique que la francisation[86] », qu'il a aussi apporté son soutien aux militaires qui luttent contre le FLN et que, dans le même temps, il déclare que l'heure de la décolonisation est venue.

À la veille des pourparlers d'Évian, Mendès trouve que les deux parties, de Gaulle et le FLN, ne s'engagent pas franchement dans un processus de paix.

« Je fais appel aux hommes responsables des deux camps ; qu'ils mettent un terme à la petite guérilla diplomatique qui fait durer la vraie guerre[88],[89]. »

Mais, après l'échec du coup d'État militaire de quatre généraux à Alger un quarteron de généraux en retraite[90] » selon la formule du général Gaulle), le , PMF salue l'action du général : « La guerre civile a été évitée […]. Tout le monde se réjouit que les pires dangers aient été écartés. Et la majorité des Français en attribue le mérite au chef de l'État. De Gaulle et Michel Debré ont manifesté énergiquement leur volonté de résister pendant la crise, cela doit être mis à leur actif[91]. »

Cependant, une fois les accords signés, le , PMF s'oppose de nouveau à de Gaulle lorsqu'il propose d'amender la constitution pour une élection du président de la République au suffrage universel direct, par référendum. PMF entre alors en campagne énergiquement pour le « non », parce qu'il estime cette démarche contraire à la constitution. Il refuse même, dans les Cahiers de la République, journal mendésiste qu'il préside, la publication d'articles « présidentialistes », y compris ceux de Pierre Avril qui est pourtant un des rédacteurs en chef de la revue[92],[93].

Le triomphe du général au référendum, puis dans la foulée l'échec de PMF à son élection dans l'Eure (il est battu par le giscardien Jean de Broglie), poussent l'ex-président du Conseil à préparer les élections suivantes : celle de 1965 et pour cela, à soutenir la candidature de François Mitterrand : « Mitterrand nous a rendu à tous un immense service […]. Je vote pour lui et je demande de voter pour lui[94]. »

Face à l'extrême droite et aux antisémites

Très tôt opposé dès les années 1920 à l'Action française[18], Pierre Mendès France continue toute sa vie à lutter contre l'extrême droite. Il a été le seul député à s'opposer à la participation française aux Jeux olympiques de Berlin en 1936. « Les jeux olympiques, que les nazis présentent déjà comme leur triomphe, vont s'ouvrir à Berlin. La France doit-elle participer à ces fêtes qui seront celles du racisme autant que du sport ? Mendès, comme les communistes, estime qu'il faut s'y refuser. Mais au moment du vote des crédits à l'Assemblée nationale, Maurice Thorez et ses amis se réfugient dans l'abstention (l'électorat ouvrier ne comprendrait pas). Seul PMF vote contre[23]. »[95].

Pierre Mendès France a été toute sa vie une cible de l'antisémitisme[96]. Le sommet en est atteint lorsqu'en 1940, Pierre Mendès France est accusé par le régime de Vichy de désertion pour s'être embarqué à bord du Massilia[96]. Selon Éric Roussel, président de l'Institut Pierre Mendès France, cela l'a marqué pour toujours[96],[note 7].

Après la guerre, il continue d'être visé par les antisémites[96] et l'extrême droite. Outre les attaques sur sa politique économique, financière et ses positions européennes critiquées vertement par le « lobby betteravier, c'est-à-dire les MRP, la droite du Parti radical et l'extrême droite »[97], c'est aussi au juif Mendès que l'on s'en prend. « À l'époque où l'antisémitisme servait de toile de fond à une campagne basée sur le progressisme, au début de l'été 1954, Jacques Fauvet rapporte que des parlementaires (dont un de bonne foi) répandent, photocopie à l'appui, l'idée que Mendès portait un faux nom, qu'il s'appelait en réalité Cerf, et qu'il comptait un traître dans son gouvernement : François Mitterrand[98]. » C'est d'abord à Mitterrand que s'en prend l'avocat d'extrême droite Jean-Louis Tixier-Vignancour, avant de considérer qu'il faut « frapper plus haut ». En 1956, quand Mendès France se désolidarise de l'action franco-anglaise sur le canal de Suez, on l'insulte, on le menace, on crie : « À Moscou ! » et Tixier : « À Tel-Aviv ! »[99].

Ses origines juives, ses positions sur la décolonisation et sa politique de fiscalisation des bouilleurs de cru font de Pierre Mendès France l'une des cibles favorites de l'extrême droite et du mouvement poujadiste. Pierre Poujade lui lance ainsi, en 1955 : « Si vous aviez une goutte de sang gaulois dans les veines, vous n'auriez jamais osé, vous, représentant de notre France producteur mondial de vin et de champagne, vous faire servir un verre de lait dans une réception internationale ! C'est une gifle, monsieur Mendès, que tout Français a reçue ce jour-là, même s'il n'est pas un ivrogne[100]. »

Pierre Joxe écrit en 2011 : « Les poujadistes ainsi giflés refusent de l'appeler « Mendès-France ». Ces braves Gaulois le surnomment même « Mendès Lolo[101]. »

Le , il se fait violemment prendre à partie à l'Assemblée nationale par le jeune député d'extrême-droite Jean-Marie Le Pen : « vous savez bien, monsieur Mendès France, quel est votre réel pouvoir sur le pays. Vous n'ignorez pas que vous cristallisez sur votre personnage un certain nombre de répulsions patriotiques et presque physiques[102] ».

Dernier engagement socialiste et mort

Pierre Mendès France en 1968.

Pour soutenir la candidature de François Mitterrand à l'élection présidentielle de 1965, PMF se lance dans une campagne de rencontres, de débats, qu'il anime, dont le plus célèbre, à la radio, est publié en librairie[103].

Après l'échec de François Mitterrand, qui obtient 44,80 % des voix au second tour, il multiplie les conférences et se pose en « garant de la doctrine » socialiste, allant jusqu'à donner des conférences à Harvard[104]. Le score obtenu par l'ancien ministre de l'Intérieur de Mendès France rend à la gauche une crédibilité qu'elle avait perdue. Désormais, l'hypothèse d'une revanche est envisageable[104]. Dans la foulée, il part en campagne pour les élections législatives des 5 et 12 mars 1967. Il se présente dans une circonscription de Grenoble, où il est élu. L'année suivante, se déroulent les Jeux olympiques d'hiver où, pour la première fois depuis bien longtemps, il rencontre de nouveau le général de Gaulle, dont il dit sentir « la fin politique proche »[105], le jour de l'ouverture des jeux le .

Lors des événements de 1968, Pierre Mendès France apparaît comme l'un des recours possibles en cas d'effondrement du régime. Son apparition lors d'un rassemblement public au stade Charléty le 27 mai, durant lequel il reste toutefois silencieux, lui sera par la suite beaucoup reprochée[note 8]. Pierre Viansson-Ponté voit même dans sa démarche une manœuvre « machiavélique », qui lui permettrait de jouer sur deux tableaux[106]. PMF ne réussit pas à obtenir l'approbation des communistes pour lesquels il n'est pas l'homme providentiel, ni celle de François Mitterrand, qui lui conseille de garder une certaine réserve vis-à-vis des étudiants.

Il est battu par Jean-Marcel Jeanneney, qui l'emporte avec 132 voix d'avance sur lui[107] aux élections législatives de 1968, dans la 2e circonscription de l'Isère, où il se présente sous l'étiquette PSU, bien qu'il ait déjà choisi de quitter ce parti avec lequel il veut néanmoins rester solidaire[108]. Plus tard, il estime que c'est cette étiquette PSU qui lui a coûté son siège de député[109].

En 1969, il mène campagne aux côtés de Gaston Defferre pour l'élection présidentielle. Defferre annonce qu'en cas de victoire, Mendès France sera son Premier ministre[110]. Le « ticket » ne convainc pas, obtenant tout juste 5 % des suffrages. Mendès s'attire toujours la méfiance des communistes qui souhaitent l'exclure de l'union de la gauche : « Tout ça irait encore s'il n'y avait pas Mendès France. Pourquoi l'avoir choisi[111]? » Mitterrand lui-même ne le ménage pas et lui reproche son action en faveur des étudiants : « Les communistes ne veulent pas de vous comme Premier ministre, vous allez tout faire échouer[112]. »

Frappé par la maladie, Pierre Mendès France prend ses distances avec la vie politique française après 1972 et choisit d'œuvrer en faveur de la paix au Proche-Orient[113]. Pierre Mendès France a écrit en 1957 qu'il a été « sensible » à la création de l'État d'Israël et c'est « en ami qu'il entend s'adresser aux Israéliens et non en sioniste passionné, ni même en tant que juif » et qu'il confirme son attachement au droit d'Israël à l'existence[114] et dès 1959, il se rend en Israël[115]. Mais c'est surtout à la fin de sa vie qu'il consacre son activité à la recherche de la paix au Moyen-Orient en organisant des conversations entre Israéliens et Palestiniens. En 1973, s'adressant au colonel Kadhafi, il déclare : « le judaïsme est-il un nationalisme ou une religion ? Je n'en sais rien mais il y a un certain nombre d'hommes qui veulent se rassembler en Israël et qui ont entrepris d'y bâtir ensemble un foyer. C'est leur droit, personne n'a le droit de les en empêcher. Si les Palestiniens désirent bâtir une nation, c'est leur droit aussi. Il y a assez de place dans le monde et au Proche-Orient pour que les Israéliens soient quelque part chez eux et les Palestiniens quelque part chez eux. »[114] Sa position, rapportée par Jean Daniel se résume par la formule : « Tout pour la paix avec les Palestiniens, rien contre la sécurité d'Israël »[116]. C'est ainsi qu'il est à Jérusalem en novembre 1977 lors de la visite du président Anouar el-Sadate et qu'il y rencontre le président égyptien et le Premier ministre israélien Menahem Begin[117].

Il soutient François Mitterrand lors de l'élection présidentielle de 1981, malgré une série de malentendus qui ont éloigné les deux hommes l'un de l'autre[118]. Il est néanmoins présent, ému, lors de l'investiture du président socialiste ; ce dernier lui aurait déclaré : « Si je suis ici, c'est bien grâce à vous »[119],[120].

Il reste jusqu'à la fin proche de sa famille politique, de ses amis, compagnons et collaborateurs tels que les Gabriel Ardant[note 9], Georges Boris, Claude Cheysson, Pierre Cot, Didier Grumbach, Georges Kiejman, Simon Nora, Michel Rocard[121].

Pierre Mendès France demeure une référence dans la classe politique française, comme symbole d'une conception exigeante de la politique.

« Cinquante ans jour pour jour après le discours qu'il prononça pour proposer aux députés un contrat de gouvernement et les convaincre de lui accorder leur confiance, Pierre Mendès France reste, en effet, pour beaucoup de nos concitoyens, une référence. Il est juste que l'Assemblée nationale honore aujourd'hui, quelle que soit la place des uns et des autres sur l'échiquier politique, la mémoire de celui qui a pris place parmi les meilleurs pédagogues de l'idée républicaine. Et qu'elle continue ainsi de méditer son message[122]. »

Pierre Mendès France jouit toujours d'une réelle popularité dans l'opinion. Ses « causeries au coin du feu », tous les samedis à la radio, sont restées célèbres. Elles lui permettaient d'expliquer aux Français les grandes lignes de sa politique[123]. En matière de communication, il a également bénéficié d'efficaces soutiens, notamment de celui de Jean-Jacques Servan-Schreiber et de l'hebdomadaire qu'il dirigeait, L'Express[124].

Plaque commémorative, au 23 rue du Conseiller-Collignon, dans le 16e arrondissement de Paris.

À propos de l'icône politique que PMF est resté dans l'esprit des Français, Louis-Bernard Robitaille souligne la curieuse contradiction française : « En simplifiant à peine, il y a cinquante ans comme aujourd'hui, on dirait que les Français vouent un culte sans faille à Pierre Mendès France, et installent Guy Mollet à Matignon […]. [PMF était] un héros sans tache qui avait cette vertu redoutable de ne rien promettre […]. On le vénérait comme une conscience de la nation. La classe politique lui a préféré un pur politicien prompt à trahir ses promesses […][125]. »

Pierre Mendès France qui selon sa veuve « enviait à Charles de Gaulle sa mort magnifique »[126] eut la même fin rapide, succombant à un infarctus foudroyant le , à son bureau, chez lui rue du Conseiller-Collignon à Paris 16e. L'hommage de la classe politique est unanime, Mitterrand déclare que « la France vient de perdre l'un des plus grands de ses fils »[127]. Il avait demandé par testament que ses cendres soient dispersées à Louviers (Eure) dont il fut maire. Des demandes de transfert des cendres au panthéon furent suggérées en 1999 et 2012[128],[129].

Détail des mandats et fonctions

Honneurs

Décorations françaises

Pierre Mendès France était titulaire, entre autres, de :

Autres décorations

Hommages

Pièce de 5 francs émise en 1992.

De nombreux établissements scolaires (dont le lycée Pierre-Mendès-France de Tunis) et universitaires portent son nom ainsi qu'un planétarium à Poitiers[130].

Plusieurs communes ont donné le nom de Pierre Mendès France à une de leurs rues. À Louviers, c'est la rue qui passe devant la mairie qui porte ce nom ; à Chartres, l'entrée du lycée Marceau se situe rue Pierre-Mendès-France.

Un arrêt du Tramway A à Mérignac (Gironde), un arrêt du tramway T2 à Lyon ainsi qu'un arrêt de la ligne 1 à Nantes portent son nom.

Un Hommage à Pierre Mendès France, sculpture de Pierre Peignot (1947–2002) est inauguré à Paris au jardin du Luxembourg en 1984.

Le centre de conférence du ministère de l'Économie et des Finances porte également son nom.

L'hémicycle du conseil départemental de l'Eure porte son nom.

Œuvres de Pierre Mendès France

  • Le Redressement financier français en 1926 et 1927, thèse pour le doctorat soutenue le , université de Paris, Faculté de droit, LGDJ, 1928.
  • L'Œuvre financière du gouvernement Poincaré, préface de Georges Bonnet, LGDJ, 1928.
  • La Banque internationale, contribution à l'étude du problème des États-Unis d'Europe, Librairie Valois, 1930.
  • Le Département de l'Eure au point de vue économique, 1933, préface de Camille Briquet.
  • Liberté, liberté chérie… Choses vécues, New York, Les éditions Didier, 1943.
  • Roissy-en-France, Julliard, 1947.
  • Gouverner c'est choisir, tome I, Julliard, 1953.
  • Gouverner c'est choisir, tome II, Sept mois et dix-sept jours -, Julliard, 1955.
  • Gouverner c'est choisir, tome III, La Politique et la Vérité, Julliard, 1958.
  • Dire la vérité, causeries du samedi, Julliard, 1955.
  • Pour une république moderne, Gallimard, 1962, rééd. 1966.
  • Pour préparer l'avenir, propositions pour une action, Denoël, Paris, 1968.
  • Dialogues avec l'Asie d'aujourd'hui, Gallimard, 1972.
  • Choisir, conversations avec Jean Bothorel, Stock, 1974 (ISBN 2234000688 et 978-2234000681).
  • La vérité guidait leurs pas, Gallimard, 1976.
  • Regards sur la Ve République (1958-1978), Entretiens avec François Lanzenberg, Fayard, Paris, 1983.
Œuvres complètes, publiées chez Gallimard
  • Tome I, S'engager 1922-1943, 1984, 837 p.
  • Tome II, Une politique de l'économie 1943-1954, 1985, 630 p.
  • Tome III, Gouverner, c'est choisir 1954-1955, 1986, 831 p.
  • Tome IV, Pour une république moderne 1955-1962, 1988, 969 p.
  • Tome V, Préparer l'avenir 1963-1973, 1989, 874 p.
  • Tome VI, Une vision du monde 1974-1982, 1990, 684 p.
Ouvrages en collaboration
  • Avec Gabriel Ardant, la Science économique et l'action, éd. UNESCO-Julliard, 1954.
  • Sous la direction de Jean-Jacques Servan-Schreiber, Rencontre Nenni, Bevan, Mendès France. , éd. R. Julliard, Paris, (impr. E. Dauer), 1959.
  • Avec Michel Debré, le Grand Débat, préface de Georges Altschuler, éd. Gonthier, Paris, (impr. Labadie, Évreux), 1966.
  • Avec Gabriel Ardant, Science économique et lucidité politique, éd. Gallimard, 1973.
  • Avec sa petite fille Margot Mendès France, rédaction de the "French constitutional" Mars 1999, éd. R. Julliard, Paris, (impr. E. Dauer), 1999.

Notes et références

Notes

  1. Né en 1874 à Limoges, Cerf-David n'a pas voulu reprendre le commerce de son père. Il a créé sa propre affaire de textiles installée d'abord rue de Cléry à Paris, puis rue Réaumur, puis rue de Turbigo, puis rue Étienne Marcel puis rue Léopold Bellan. Lacouture, p. 40.
  2. La citation est consultable en ligne sur le site de À la revue L’Arche qui lui demandait de se définir en tant que Juif, PMF répondait : « Je sais que je suis juif. Mes enfants, qui n’ont pas plus que moi la foi, savent qu’ils sont juifs. Je sens que les antisémites me considèrent comme juif. Voilà les faits ».
  3. Quelques notes sur Jacques Kayseer sur le Centre d'histoire de Science po.
  4. notice biographique sur Henry de Raincourt de Mimérand.
  5. biographie sommaire de Jean d'Astier de La Vigerie.
  6. La réponse de Mendès France s'étale sur trois pages dont les grandes lignes sont citées ici.
  7. Toujours selon Éric Roussel, même à Londres, la crainte de l'antisémitisme influe sur sa conduite. Parce qu'il ne veut pas voir son patriotisme remis en question, Pierre Mendès France refuse en 1942 un poste au cabinet de Charles de Gaulle pour aller combattre dans les Forces françaises libres[96]
  8. Dans « Il y a cinquante ans. La comète Mendès », paru dans L'Express le , Jacques Duquesne rappelle que « par sa présence silencieuse », il « paraît cautionner » les propos révolutionnaires qui se tiennent au stade Charléty.
  9. quelques informations sur Gabriel Ardant.

Références

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  12. Pierre Mendès France par Lily.
  13. Jean Lacouture 2001, p. 76.
  14. Joseph Valynseele et Denis Grando, À la découverte de leurs racines (seconde série), L'Intermédiaire des chercheurs et curieux, 1994
  15. Archives de Paris 16e (arrondissement de son domicile), transcription de l'acte de décès no 1582, année 1967 (page 9/11)
  16. Ces Don Juan qui nous gouvernent, par Patrick Girard
  17. Lily Cicurel, Éditions no 1, 1999.
  18. André Coutin 1969, p. 330.
  19. Jean-Pierre Rioux, Au bonheur la France, Paris, CNRS Éditions "Biblis", , 456 p., p. 324, 325
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  21. Jean Bothorel 1974, p. 201.
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Annexes

Ouvrages utilisés pour les sources

Introduction de Pierre Mendès France.

Ouvrages complémentaires

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    Texte remanié de Pierre Mendès France, de l'héritage colonial à la marche vers le progrès, thèse de doctorat en histoire contemporaine sous la direction de Jacques Frémeaux, soutenue en 2006 à l'université Paris-IV, 4 volumes (pagination globale 1606 folios), numéro national de thèse : 2006PA040113.
  • Michel Hollard, Guy Saez, (dir.), Politique, science et action publique. La référence à Pierre Mendès France et les débats actuels, PUG, coll. « Libres cours », 2010.
  • Régis Parenque, De Mendès France à Bérégovoy : l'honneur en politique, Paris, Pascal Galodé, , 217 p. (ISBN 978-2-35593-181-9 et 2-35593-181-X).
  • Claude Cornu, Éric Roussel et Joan Mendès France, Pierre Mendès France - un homme d'État républicain, préfaces de François Hollande, François Loncle et Franck Martin, Éditions Point de vues et Musée de Louviers, 2012.
  • François Loncle, La vérité guidait ses pas. Relire Pierre Mendès France, éditions Fondation Jean Jaurès ().
  • Robert Frank et Éric Roussel (dir.), Deux Passions françaises : Pierre Mendès France et Charles de Gaulle, Paris, CNRS Éditions, 2014, 366 p., présentation en ligne.
  • Alain Chatriot, Pierre Mendès France. Pour une République moderne, Paris, Armand Colin, 2015, 317 p.

Articles et communications

Filmographie

Articles connexes

Liens externes

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