Dévaluations du franc français
Les dévaluations du franc français ont été nombreuses après , notamment pour restaurer temporairement la compétitivité économique du pays[1], en rendant les exportations françaises meilleur marché mais en prenant le risque que les importations, plus chères, ne se traduisent par de l'inflation, en particulier en période de choc pétrolier. Certaines dévaluations ont également pour origine l'endettement du pays et la perte de confiance des investisseurs financiers internationaux dans le franc comme monnaie refuge.
Au cours du XXe siècle, le franc français a connu dix-sept dévaluations[2],[3],[4] dont la plupart au cours des années 1950. La dernière eut lieu en .
Les dévaluations des années 1980 ont été effectuées par rapport au mark allemand, considéré comme un modèle de stabilité monétaire.
Qu'est-ce qu'une dévaluation ?
À partir de , la dévaluation signifie la baisse de la valeur d'une devise par rapport à une ou plusieurs autres. La livre sterling, puis le dollar américain, étaient souvent pris comme référence. C'est une procédure voulue par la banque centrale de la monnaie en question contrairement à la dépréciation qui est un phénomène spéculatif entre autres. Avant cette date, la dévaluation se faisait par rapport à un équivalent en masse d'or par unité de monnaie (étalon or)[5].
Les quatre dévaluations du franc d'avant 1939-45
- (franc Poincaré)[6] : en , le franc a cours forcé : la convertibilité en or est suspendue. À partir de , l'Angleterre et les États-Unis demandent remboursement de leurs créances. La France est endettée à hauteur de 20 milliards. Le franc s'effondre sur le marché des changes. Finalement, le , Raymond Poincaré décide la fin du franc germinal : sa valeur est divisée par cinq par rapport à celle de . La convertibilité en or est rétablie.
- (franc Auriol)[6],[7] : le , la livre sterling est dévaluée et se met à flotter, le gouvernement britannique suspend sa convertibilité en or. En , le dollar est dévalué. En , le franc est attaqué sur le marché des changes. Le , le Front populaire dévalue le franc de 35 %. Un décret interdit le commerce de l'or et les propriétaires de plus de 200 grammes d'or peuvent les céder à la Banque de France au cours antérieur à la dévaluation ou devront s'acquitter d'une taxe.
- (franc Bonnet)[8],[9] : le franc est déprécié à nouveau en au départ du gouvernement Blum.
- (franc Marchandeau)[9].
- (franc Reynaud)[9].
- (franc Reynaud).
- En , l'occupant allemand impose un taux prohibitif de 20 francs pour 1 reichsmark (il était de 13 F en ).
Les quatre dévaluations de la IVe République
- Le , Pierre Mendès France dévalue le franc par rapport à l'or, de 13 %. Le cours du dollar s'établit à 43,80 francs[10].
- (franc Pleven)[6] : la dévaluation est de 60 % par rapport au dernier cours de . Ce même jour, la France ratifie les accords de Bretton Woods et fait sa première déclaration de parité au Fonds monétaire international (FMI). Le franc CFA est créé, sur la parité de 1 franc CFA = 1,70 franc français (anciens francs)[11]. Cette dévaluation dope les exportations et l'inflation.
- (franc Mayer)[6] : la dévaluation se monte à 80 %. Le cours du dollar US passe de 119 à 214 francs[12], obligeant Robert Schuman à réagir.
- (franc Queuille)[6] : dévaluation de 22,27 % par le gouvernement d'Henri Queuille, le dollar coûte 350 francs[13].
- (franc Gaillard)[6] : dévaluation « déguisée » de 20 % par le président du Conseil Félix Gaillard, laquelle fut légalisée en .
Les trois dévaluations de l'ère gaullienne
- : dévaluation de 20 %[1].
- (franc Pinay)[6] : dévaluation de 17,55 % qui, avec la dévaluation précédente, consolide le commerce extérieur français, avec la création d'un « franc lourd » qui vaut 100 anciens francs.
- (franc Giscard)[6] : le premier ministre Jacques Chaban-Delmas, qui avait refusé la dévaluation en , prend la décision de dévaluer de 11,1 % le franc. Le général De Gaulle avait entre-temps démissionné le . Les effets sont renforcés par la réévaluation du mark allemand le , contre toutes les autres monnaies[14].
Les trois dévaluations du premier septennat Mitterrand
- [15] : quelques mois après l'entrée en fonctions de François Mitterrand, le gouvernement dévalue le franc de 3 %.
- [16] : nouvelle dévaluation du franc de 5,75 %, assortie d'un plan de rigueur.
- [17] : le mark allemand et le florin néerlandais sont réévalués de 4,25 % contre toutes les monnaies du Système monétaire européen. La lire italienne est dévaluée de 2,75 % face à toutes les monnaies du Système monétaire européen. Le franc perd 8 % par rapport au mark.
Stabilité et appréciation du franc avant l'euro
- [18] : Édouard Balladur annonce une dévaluation de 3 %.
- [19] : le franc n'est pas dévalué mais le DM et le FL sont réévalués de 3 % et 2 %.
- Le franc est réévalué de 3,5 % le .
- Le , la dévaluation de 50 % du franc CFA par rapport au franc français et à toutes les monnaies, divise par deux le coût des matières premières africaines et permet une amélioration de la compétitivité de ces pays.
Notes et références
- « Les grandes dates de l'histoire du franc », sur L'Obs, (consulté le ).
- Asselain 2005, p. 65.
- Breton 2005, p. VII.
- Prate 1987, p. 7.
- John Maynard Keynes, Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie, 1936.
- Eck 2009, p. 209.
- Conreur 2005, p. 237.
- Eck 2009, p. 14.
- Conreur 2005, p. 250.
- René Courtin, « L'évolution économique et financière depuis la guerre » in Le Monde, 27 décembre 1947.
- Histoire du Franc CFA
- François Caron, « Le plan Mayer : un retour aux réalités : trois personnalités de l'après-guerre face à l'action (1945-1946) », Histoire, économie et société, no 3, , p. 431 (lire en ligne, consulté le ).
- Jean-Guy Mérigot et Paul Coulbois, « Le problème monétaire français depuis la fin du deuxième conflit mondial », Revue économique, vol. 1, no 3, , p. 265 (lire en ligne, consulté le ).
- « Débats monétaires autour de la dévaluation du franc de 1969 », par Bertrand Blancheton et Christian Bordes, Revue des sciences sociales, pages 213 à 232.
- Feiertag 2013, § 18.
- Feiertag 2013, § 19.
- Feiertag 2013, § 20.
- Feiertag 2013, § 29.
- Feiertag 2013, § 30.
Voir aussi
Textes officiels
- Loi monétaire du , dans Journal officiel de la République française, vol. 60, no 149, , p. 7085-7086.
- Loi monétaire du , dans Journal officiel de la République française, vol. 68, no 231, , p. 10402-10403.
- Décret du portant modification de la loi monétaire du et approuvant une convention avec la Banque de France, dans Journal officiel de la République française, vol. 69, no 151, , p. 7431.
- Décret du relatif à la réévaluation de l'encaisse de la Banque de France, dans Journal officiel de la République française, vol. 70, no 266, et , p. 12882-12884.
- Décret du approuvant une convention passée entre l'État et la Banque de France, dans Journal officiel de la République française, vol. 72, no 58, , p. 1520.
Bibliographie
- [CHEFF 2005] Comité pour l'histoire économique et financière de la France (préf. Thierry Breton), D'or et d'argent : la monnaie en France du Moyen Âge à nos jours, Paris, coll. « Animation de la recherche », , 1re éd., 140-[8] p., 22 cm (ISBN 2-11-093702-5, EAN 9782110937025, OCLC 420897461, notice BnF no FRBNF40108918, SUDOC 094528551, présentation en ligne) :
- [Breton 2005] Thierry Breton, « Préface », dans op. cit., p. V-VIII (lire en ligne) ;
- [Asselain 2005] Jean-Charles Asselain, « Le siècle des dévaluations : du franc Poincaré au « franc fort » des années », dans op. cit., chap. 5, p. 65-86.
- [Conreur 2005] Gérard Conreur, De l'assignat à l'euro : deux siècles d'histoire du franc, Paris, L'Harmattan, hors coll., , 1re éd., 339 p., 16 × 24 cm (ISBN 2-7475-8350-3, EAN 9782747583503, OCLC 470295071, notice BnF no FRBNF39980743, SUDOC 089684389, présentation en ligne).
- [Eck 2009] Jean-François Eck, Histoire de l'économie française : de la crise de à l'euro, Paris, Armand Colin, coll. « U / Histoire », , 1re éd., 366 p., 16 × 24 cm (ISBN 978-2-200-34510-5, EAN 9782200345105, OCLC 470971931, notice BnF no FRBNF41479704, SUDOC 133995526, présentation en ligne).
- [Feiertag 2013] Olivier Feiertag, « La France, le dollar et l'Europe (-) : aux origines globales de l'euro », Histoire@Politique, no 19 « La France face au dollar », , p. 128-142 (DOI 10.3917/hp.019.0010, résumé, lire en ligne).
- [Prate 1987] Alain Prate, La France et sa monnaie : essai sur les relations entre la Banque de France et les gouvernements, Paris, Julliard, hors coll., , 1re éd., 298 p., 23 cm (ISBN 2-260-00498-9, EAN 9782260004981, OCLC 416413207, notice BnF no FRBNF34965906, SUDOC 001313967, lire en ligne).
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