Georges Bidault
Georges Bidault, né le à Moulins (Allier) et mort le à Cambo-les-Bains (Pyrénées-Atlantiques), est un résistant et un homme d'État français.
Ne doit pas être confondu avec Georges Bidault de l'Isle.
Pour les articles homonymes, voir Bidault ou Bidauld.
Georges Bidault | |
Georges Bidault. | |
Fonctions | |
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Président du Gouvernement provisoire de la République française et ministre des Affaires étrangères (Chef de l’État de facto et chef du gouvernement) | |
– (5 mois et 22 jours) |
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Chef de l'État | Lui-même |
Président du Conseil | Lui-même |
Gouvernement | Bidault I |
Prédécesseur | Félix Gouin |
Successeur | Vincent Auriol (chef de l'État, président de l'Assemblée nationale) Léon Blum (chef du gouvernement, président du GPRF) |
Président du Conseil des ministres français | |
– (7 mois et 27 jours) |
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Président | Vincent Auriol |
Président du Conseil | Lui-même |
Gouvernement | Bidault II Bidault III |
Prédécesseur | Henri Queuille |
Successeur | Henri Queuille |
Vice-président du Conseil des ministres | |
– (10 jours) |
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Président | Vincent Auriol |
Président du Conseil | Henri Queuille |
Gouvernement | Queuille II |
– (5 mois et 1 jour) |
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Président | Vincent Auriol |
Président du Conseil | Henri Queuille |
Gouvernement | Queuille III |
Vice-président du Conseil des ministres et ministre de la Défense nationale | |
– (6 mois et 26 jours) |
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Président | Vincent Auriol |
Président du Conseil | René Pleven Edgar Faure |
Gouvernement | Pleven II Faure I |
Prédécesseur | Jules Moch |
Successeur | René Pleven |
Ministre des Affaires étrangères | |
– (1 an, 9 mois et 14 jours) |
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Chef de l'État | Charles de Gaulle Félix Gouin |
Président du Conseil | Charles de Gaulle Félix Gouin |
Gouvernement | de Gaulle I et II Gouin |
Prédécesseur | René Massigli (CFLN) |
Successeur | Lui-même |
– (1 an, 6 mois et 4 jours) |
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Président | Vincent Auriol |
Président du Conseil | Paul Ramadier Robert Schuman |
Gouvernement | Ramadier I et II Schuman I |
Prédécesseur | Lui-même |
Successeur | Robert Schuman |
– (1 an, 5 mois et 11 jours) |
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Président | Vincent Auriol René Coty |
Président du Conseil | René Mayer Joseph Laniel |
Gouvernement | Mayer Laniel I et II |
Prédécesseur | Robert Schuman |
Successeur | Pierre Mendès France |
Député de la Loire | |
– (7 mois et 20 jours) |
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Élection | 21 octobre 1945 |
Législature | Ire Assemblée nationale constituante |
Groupe politique | MRP |
– (5 mois et 25 jours) |
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Élection | 2 juin 1946 |
Législature | 2e Assemblée nationale constituante |
Groupe politique | MRP |
– (12 ans et 28 jours) |
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Élection | 10 novembre 1946 |
Réélection | 17 juin 1951 2 janvier 1956 |
Législature | Ire, IIe et IIIe (Quatrième République) |
Groupe politique | MRP |
Député de la Loire Élu dans la 6e circonscription | |
– (3 ans, 11 mois et 10 jours) |
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Élection | 30 novembre 1958 |
Législature | Ire (Cinquième République) |
Groupe politique | NI |
Successeur | Paul Rivière |
Président du MRP | |
– (3 ans) |
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Prédécesseur | Maurice Schumann |
Successeur | Pierre-Henri Teitgen |
Biographie | |
Nom de naissance | Georges Augustin Bidault |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Moulins (Allier) |
Date de décès | (à 83 ans) |
Lieu de décès | Cambo-les-Bains (Pyrénées-Atlantiques) |
Nationalité | Française |
Parti politique | PDP MRP (1944-1958) DCF (1958-?) MJL (1968-1971) MJL-UF (1971-1972) FN (1972) |
Conjoint | Suzanne Borel |
Profession | Professeur |
Religion | Catholicisme |
Chefs du gouvernement français | |
Après avoir combattu lors de la guerre de 1914-1918, il adhère au Parti démocrate populaire (PDP) et devient rédacteur en chef du quotidien catholique L'Aube.
Engagé volontaire au début de la Seconde Guerre mondiale, il est emprisonné pendant plus d’un an. Compagnon de la Libération, il devient président du Conseil national de la Résistance (CNR) à la suite de la disparition de Jean Moulin en 1943, et descend les Champs-Élysées au côté du général de Gaulle lors de la libération de Paris.
À l'origine de la fondation du Mouvement républicain populaire (MRP), il est plusieurs fois ministre entre 1944 et 1954 (vice-président du Conseil, Affaires étrangères, Défense nationale). Il préside le Gouvernement provisoire de la République française de à et occupe la présidence du Conseil des ministres d’ à .
Député de la Loire, il soutient le retour du général de Gaulle au pouvoir dans le cadre de la crise de . Mais partisan déterminé de l’Algérie française, il rejoint l’OAS et cofonde un nouveau Conseil national de la Résistance, ce qui le conduit à s’exiler. Rentré en France en 1968, il ne retrouve pas de responsabilités de premier plan.
Biographie
Jeunesse et professorat
Il est issu d'une famille de propriétaires ruraux catholiques et plusieurs membres de sa famille ont appartenu au clergé.
Georges Augustin Bidault[1] est le fils de Georges Bidault (1848-), agent d'assurances et petit propriétaire terrien[2] à Moulins (Allier) et de Louise Françoise Augustine Traverse (née le 10 juillet 1860 à Thoissey dans l'Ain et morte le 17 juin 1901 à Moulins)[3],[4],[5].
Il fait partie d'une fratrie de six enfants. Il a trois sœurs : Marcelle Bidault (1901-1975)[6], également membre de la Résistance, Marie Marguerite Edwige Bidault[7] et Elisabeth Hélène Marie Bidault[8], ainsi que deux frères : François Louis Bidault[9] et Paul Philibert Bidault (né le 14 août 1882 à Moulins et mort le 24 octobre 1957)[10].
Il fit ses études primaires et secondaires au lycée Saint-Louis-de-Gonzague, établissement tenu par des jésuites français chassés par la politique anticléricale de la IIIe République, à Bollengo dans le nord de l'Italie. Ses premières convictions politiques semblent avoir été forgées par la lecture d'une biographie du catholique libéral Charles de Montalembert. En 1916, il est reçu au baccalauréat avec une mention assez bien.
Georges Bidault obtient une licence d'histoire à la Sorbonne à l'âge de 18 ans, il est appelé sous les drapeaux au 92e régiment d'infanterie en 1918. Nommé caporal, il est encore à l'instruction lorsque survient l'armistice du 11 novembre[11]. Pour terminer son service militaire, Georges Bidault est affecté de 1919 à 1921 comme soldat-professeur à l'École militaire d'infanterie de Saint-Maixent. Il sera rappelé en 1921, lors de la première occupation de la Ruhr ordonnée par Aristide Briand. Il préside la Conférence Olivaint en 1922. Revenu à la Sorbonne, il obtient un diplôme d'études supérieures avec un mémoire sur la gabelle au XVIIIe siècle, avec le professeur Camille Bloch[12]. Il est reçu premier à l'agrégation d'histoire et géographie en 1925[13], devant Pierre Brossolette et Louis Joxe. De 1925 à 1926, il enseigne au lycée de Valenciennes[5].
De 1926 à 1931, Georges Bidault est affecté à Reims[14], il y noue des liens étroits avec l'un de ses élèves, le futur sociologue Roger Caillois qui, en 1971 écrit, à son ancien professeur : « L'Histoire est, de loin, la moindre part de l'enseignement que j'ai reçu de vous. Vous m'avez appris bien davantage du côté du style et de la conduite de vie. »[15]. Nommé ensuite de 1931 à 1940 au lycée Louis-le-Grand, à Paris, il a pour élèves Jean Ferniot et Jean d'Ormesson, qui évoquera plus tard « l'éloquence froide » de son professeur et son « originalité d'esprit »[16].
Militant démocrate-chrétien
Membre de l'Association catholique de la jeunesse française (ACJF) après la Première Guerre mondiale, il en devient vice-président et trouve là les bases de son futur engagement politique. Le grand combat de Georges Bidault dans les années 1920 se fait contre l'Action française. En 1927, dans un article des Cahiers de la Nouvelle Journée de Paul Archambault, il attaque le nationalisme maurrassien et la volonté de celui-ci d'incarner à lui seul le patriotisme français[17]. Georges Bidault soutient fortement la condamnation de l'Action française par le pape Pie XI. En 1930, dans la revue démocrate-chrétienne Politique fondée par Charles Flory et Marcel Prélot, il signe un article intitulé : Charles Maurras : le déclin d'une influence[18]. Il adhère au Parti démocrate populaire (PDP) en 1931.
En avril 1936, il est candidat du PDP aux élections législatives, dans la circonscription de Domfront (Orne) contre le député sortant Georges Roulleaux-Dugage, un notable catholique et conservateur, mais il est battu dès le premier tour, obtenant 25 % des suffrages exprimés[19]. Le , avec Francisque Gay, il lance les Nouvelles Équipes françaises, destinées à rassembler la mouvance démocrate-chrétienne.
Éditorialiste de L'Aube
C'est comme éditorialiste du quotidien catholique L'Aube à partir de 1934 que Georges Bidault se fait connaître. Il en devient le rédacteur en chef. La qualité de sa plume et de ses analyses lui vaut une influence qui dépasse celle du journal, comme en témoigne un jugement de Paul Reynaud en 1938 : « Il n'est pas un parlementaire digne de ce nom […] qui, à propos d'un problème d'actualité, ne lise L'Aube pour savoir ce qu'en pense Georges Bidault »[20].
L'historien Jean-Pierre Rioux définit en 1983 son apport aux débats politiques des années 1930 : « Les droits de l'homme, une presse propre, un solide parlementarisme et la représentation proportionnelle : (...) toute une génération d'hommes neufs résume ainsi son sens du bien commun et du service public. Nombre d'entre eux l'ont appris en lisant Bidault »[21].
Georges Bidault poursuit ses polémiques avec l'Action française. En , il s'élève contre l'élection de Charles Maurras à l'Académie française, y voyant « le pouvoir de l'insulte sur la lâcheté », dans un éditorial intitulé « Le provocateur au meurtre sous la Coupole »[22].
Les questions de politique étrangère occupent une place croissante dans ses éditoriaux. Il observe avec inquiétude la consolidation du régime hitlérien : « Quand Hindenburg abandonna Brüning, il choisissait sans le savoir dans le Walhalla son exécuteur testamentaire »[23]. Il assimile l'Allemagne de la nuit des Longs Couteaux à « un ilote en proie à l'ivresse »[24].
Seconde Guerre mondiale et Résistance
Georges Bidault est mobilisé sur sa demande en avec le grade de sergent. Il participe à la bataille de France et est fait prisonnier à Soissons le [5]. Il est ensuite libéré en en sa qualité d'ancien combattant de la guerre de 1914-1918. Il s'installe alors en zone sud en et est affecté au lycée du Parc, à Lyon[25].
Il entre dans la Résistance, au comité directeur du mouvement Combat d'Henri Frenay à Lyon. De février à , Georges Bidault est rédacteur en chef du journal clandestin Combat[25]. En , à initiative de Jean Moulin, il dirige le Bureau d'information et de presse (BIP), véritable agence de presse clandestine. Georges Bidault s'entoure des journalistes Pierre Corval, Rémy Roure, Louis Terrenoire et Yves Farge. Le BIP publie le Bulletin d'Informations générales destiné aux mouvements de Résistance et à Londres, sa publication est très fréquente[25].
Au printemps 1943, en accord avec Jean Moulin, il entre au comité directeur du mouvement Front national de zone sud. En , il est membre du Conseil national de la Résistance (CNR) à sa fondation et Georges Bidault y représente le PDP. Il vit dans la clandestinité et quitte Lyon pour aller vivre à Paris.
Durant la Résistance, il utilise le pseudonyme Bip. Dans son travail clandestin, il côtoie les membres de la délégation générale (délégation en France du général de Gaulle, puis du CNF, enfin du CFLN) : Jean Moulin, Claude Bouchinet-Serreulles[26], etc. et des membres du secrétariat de cette délégation : Daniel Cordier[27], Laure Diebold[28], etc.
En , il est élu président du CNR à la suite de la disparition de Jean Moulin.
Le , lors du défilé de la libération de Paris, Georges Bidault descend les Champs-Élysées aux côtés du général de Gaulle, qui lui aurait alors lancé « Redressez-vous, Bidault ! ». Après avoir fondé un nouveau CNR en 1962, il sera effacé de ces images[29].
Il est l'un des fondateurs du Mouvement républicain populaire (MRP, ), principale force politique chrétienne-démocrate qui ait jamais existé en France. Il en devient président d’honneur en [5].
En , il crée avec Pierre Bouligaud le journal local Le Pays Roannais[réf. nécessaire].
IVe République
Il est élu député de la Loire en octobre 1945, puis est réélu en juin 1946, novembre 1946, juin 1951 et janvier 1956 jusqu'en . Georges Bidault est élu député de la 6e circonscription de la Loire en novembre 1958 et le restera jusqu’en [30]. De à , il participe à de nombreux gouvernements, souvent comme ministre des Affaires étrangères. En il représente la France pour la signature des traités de paix avec les anciens alliés européens du Reich. Il est par deux fois chef du gouvernement :
- de juin à il préside le Gouvernement provisoire de la République française, à la tête d'une coalition « tripartite » (communistes, socialistes SFIO et MRP). Il exerce de fait une fonction équivalente à celle de chef de l'État et occupe également la charge de ministre des Affaires étrangères.
- d' à il est président du Conseil, à la tête d'une coalition « Troisième Force » (socialistes, MRP, et diverses formations du centre-gauche et du centre-droit).
Il négocie pour la France la Charte des Nations unies et est l'un des signataires du traité franco-britannique de Dunkerque en 1947. Face au Coup de Prague et au blocus de Berlin, il mène une politique anticommuniste. En 1948, il signe le traité de Bruxelles instituant l'Union de l'Europe occidentale. Il est favorable à la CED tout en négociant des protocoles additionnels qui limitent la portée supranationale du traité.
En , il joue un rôle important dans la déposition du sultan du Maroc. Il est candidat à la présidence de la République lors des deux premiers tours en .
Georges Bidault critique la politique indochinoise d'Émile Bollaert en 1947 et de Pierre Mendès France en 1954 et la politique nord-africaine d'Edgar Faure en 1955.
Partisan de l'Algérie française, il s’oppose à toute création d’un exécutif algérien en 1957. Il est l'un des 80 députés qui votent l'« amendement Salan » selon lequel le gouvernement peut procéder à des appels sous les drapeaux des citoyens français appartenant à la disponibilité et à la première réserve domiciliés en Algérie.
Ve République
Le 7 août 1957, Georges Bidault écrit dans Carrefour, hebdomadaire auquel il collabore régulièrement, que « si nous disons oui à une solution non française en Algérie, […] ce ne sont pas des jours d’amertume que nous nous préparons : c’est cinquante ans de décadence. Nous n’aurions pas consenti seulement à une nouvelle amputation du patrimoine national : nous aurions consenti à sa disparition totale prochaine. »[31]
En , il vote l’investiture du gouvernement du général de Gaulle. Il se sépare du MRP et crée la Démocratie chrétienne de France qui n’aura qu’un succès électoral limité.
Par la suite, l'ancien chef du CNR constate que le général de Gaulle s'oriente vers le retrait de la France en Algérie, et se rallie à l'OAS. Engagement qui découle de ce serment solennellement prononcé le 29 juin 1961 à l'Assemblée nationale : « Nous resterons fidèles à ceux qui sont fidèles à la terre française d'au-delà de la Méditerranée, à la continuité de notre destin. Rien ni personne ne nous arrachera du cœur ce qui est à la fois la vocation et le devoir de la France : garder aux Français d'Algérie, quelle que soit leur confession ou leur communauté, leur terre, leurs morts et leur drapeau. (Applaudissements prolongés au centre droit, à droite, sur de nombreux bancs au centre gauche et sur quelques bancs à gauche.) »
Et c'est en ces termes forts qu'il réagit à l'annonce de la signature des accords d'Evian, dans Carrefour du 21 mars 1962 :
« J'ai fait effort pour parler, avec une modération dont je me reproche l'excès, d'une abdication qui n'est pas humainement pardonnable. Quinze départements livrés d'un seul coup. Des garanties qui n'existent pas. Une « fumisterie » sinistre. L’abaissement des consciences et la mutilation de la patrie. Cette prodition, ce reniement, la miséricorde divine, qui sait ce qu’il y a de faiblesse au sein de l’orgueil peut seule faire au jour du jugement ce que la nation même unanime est hors d’état d’accomplir : pardonner.
Nous sommes à l’heure H. C’est vrai. L’heure de la honte. L’heure du reniement. L’heure de la trahison.
A celui et à ceux qui ont accompli cet acte impardonnable sur terre, il faut appliquer, même sans user du fer rouge, mais pour perpétuelle mémoire, le verdict énoncé par de Gaulle il y a vingt ans : « Malheur à ceux qui ont joué la défaite ! IL VAUDRAIT MIEUX POUR EUX QU’ILS NE FUSSENT JAMAIS NES. » »[32]
Avec Jacques Soustelle, Antoine Argoud et Pierre Sergent, Bidault constitue le à Rome le comité exécutif du Conseil national de la Résistance visant à défendre l’Algérie française. Il est désigné comme président de cet organisme.
En au lendemain de l’indépendance de l’Algérie, son immunité parlementaire est levée en raison de ces activités subversives.
Il quitte la France en 1963. Menant une vie clandestine, et apprenant l’enlèvement du colonel Antoine Argoud à Munich par des hommes des services spéciaux français, Georges Bidault publie un article virulent et est expulsé d’Allemagne ; le Portugal l’expulse à son tour vers le Brésil, où il passera, avec son épouse, plus de quatre ans.
Il revient en Belgique en 1967, et, à la suite de l'amnistie des anciens responsables de l'OAS en 1968 (conséquence inattendue des événements de mai 1968), rentre en France en juin de la même année. Il crée le Mouvement pour la justice et la liberté, qui soutient Alain Poher lors de l’élection présidentielle française de 1969.
Le , il participe à la création du Front national sous l'égide d'Ordre nouveau, mais s'en retire au bout de quelques jours, le 12, refusant « le compagnonnage des « petites frappes fascistes » d'Alain Robert »[33].
Vie privée
Le , dans le 7e arrondissement de Paris, Georges Bidault épouse la résistante Suzanne Borel, première femme à avoir été attachée d'ambassade en 1930, et qui devint directrice adjointe de son cabinet[11]. Elle a largement inspiré le personnage de « Mademoiselle Crapotte » dans le roman autobiographique La Fin des ambassades de son collègue, le diplomate-écrivain Roger Peyrefitte (Roger Peyrefitte s'y moque aussi du côté « petit prof » de Georges Bidault). Suzanne Borel apparaît également dans les Propos secrets de Peyrefitte.
Georges Bidault meurt en 1983. Ses obsèques ont lieu à Saint-Louis-des-Invalides. Il est inhumé au cimetière de La Celle-les-Bordes dans les Yvelines[34].
Détail des mandats et fonctions
Au gouvernement
Fonction | Gouvernement | Période |
---|---|---|
Ministre des Affaires étrangères | de Gaulle I | du au |
Ministre des Affaires étrangères | de Gaulle II | du au |
Ministre des Affaires étrangères | Gouin | du au |
Président du gouvernement provisoire de la République française Ministre des Affaires étrangères | Bidault I | du au |
Ministre des Affaires étrangères | Ramadier I | du au |
Ministre des Affaires étrangères | Ramadier II | du au |
Ministre des Affaires étrangères | Schuman I | du au |
Président du Conseil | Bidault II Bidault III |
du au |
Vice-président du Conseil | Queuille II | du 2 au |
Vice-président du Conseil | Queuille III | du au |
Vice-président du Conseil Ministre de la Défense nationale | Pleven II | du au |
Vice-président du Conseil Ministre de la Défense nationale | Faure I | du au |
Ministre des Affaires étrangères | Mayer | du au |
Ministre des Affaires étrangères | Laniel I Laniel II |
du au |
Au Parlement
- - : député constituant de la Loire
- - : député constituant de la Loire
- - : député de la Loire
- - : député de la Loire
- - : député de la Loire
- - : député de 6e circonscription de la Loire
Au MRP
- - : président du MRP
Distinctions
Décorations
- Grand-croix de la Légion d'honneur de droit en qualité de grand maître de l'ordre ()[35]
- Compagnon de la Libération (décret du )
- Commandeur de la Legion of Merit ()[36]
Hommage
Publications
- Discours sur la CED, Éditions AIA, Paris, 1953.
- Algérie, l’oiseau aux ailes coupées, Éditions de la Table ronde, 1958.
- D’une résistance à l’autre, Presses du siècle, 1965.
- Entretiens avec Guy Ribeaud, Éditions de la Table ronde, 1968.
Dans la culture populaire
- 2013 : Alias Caracalla, au cœur de la Résistance – rôle de Georges Bidault joué par Nicolas Marié.
Références
- Le patronyme « Bidault » vient de « Bidwald », un ancien prénom d'origine germanique composé de « bid » signifiant « espoir », et de « wald » signifiant « qui gouverne ». C'est dans le Loiret que le patronyme est le plus répandu, ainsi que dans la Saône-et-Loire.
- (en) Georges Bidault. geni.com.
- (en) Louise Françoise Augustine Bidault (Traverse). geni.com.
- « Généalogie de Georges Augustin Bidault », sur Geneanet (consulté le ).
- http://www.amicalemrp.org/html/grandes_figures.php?L=3&N=BIDAULT&P=Georges&DN=1899&DD=1983.
- (en) Paule Marcelle Bidault. geni.com.
- (en) Marie Marguerite Edwige Bidault. geni.com.
- (en) Elisabeth Hélène Marie Bidault. geni.com.
- (en) François Louis Bidault. geni.com.
- (en) Paul Philibert Bidault. geni.com.
- « L'affaire des généraux », dans Mémorial de notre temps, Paris Match éditions Pierre Charron, , 614 p., p. 216-231
- Barthélémy Ott, Georges Bidault, l'indomptable, Annonay, Imprimerie du Vivarais, , 238 p., p. 27.
- André Chervel, « Les agrégés de l'enseignement secondaire. Répertoire 1809-1950 », sur Ressources numériques en histoire de l'éducation (consulté le ).
- Annuaire de la guerre, Association amicale des anciens élèves du lycée de Reims, impr. Matot-Braine (Reims), 1920 sur Gallica.
- Odile Felgine, Roger Caillois, Paris, Stock, 1994, p. 44.
- Bulletin de l'Association des Amis de Georges Bidault, p. 119.
- Jacques Dalloz, Georges Bidault, Biographie politique, Paris, L'Harmattan, 1993, p. 17-19.
- Jacques Dalloz, Georges Bidault, Biographie politique, Paris, L'Harmattan, 1993, p. 21.
- culture.gouv.fr.
- Robert Bichet, La Démocratie-chrétienne en France, le MRP, Besançon, Jacques et Demontrond, 1980, p. 191.
- Jean-Pierre Rioux, La Croix, 2 février 1983.
- L'Aube, 10 juin 1938.
- L'Aube, 2 août 1934.
- L'Aube, 3 juillet 1934.
- « Georges Bidault, 1038 compagnons, Compagnons - Musée de l'Ordre de la Libération », sur www.ordredelaliberation.fr (consulté le ).
- Claude Bouchinet-Serreulles, Nous étions faits pour être libres : la Résistance avec de Gaulle et Jean Moulin, Paris, Grasset, , 400 p. (ISBN 2-246-51711-7).
- Daniel Cordier, Alias Caracalla, Paris, Gallimard, , 931 p. (ISBN 978-2-07-074311-7).
- « Laure Diebold, 1038 compagnons, Compagnons - Musée de l'Ordre de la Libération », sur www.ordredelaliberation.fr (consulté le ).
- Marc Ferro, « Instrumentalisation – Cinéma d’histoire et manipulation », dans Dictionnaire mondial des images (dir. Laurent Gervereau), Nouveau Monde éditions, 2006, p. 547-550.
- Fiche Georges, Augustin Bidault, assemblee-nationale.fr.
- Carrefour du 7 août 1957.
- Carrefour du 21 mars 1962.
- Grégoire Kauffmann, « D'où sort le Front national », L'Histoire, no 368, , p. 94-99 (lire en ligne), ainsi que Nicolas Lebourg et Joseph Beauregard, François Duprat, l'homme qui réinventa l'extrême-droite de l'OAS au Front National, Paris, Denoël, , 384 p. (ISBN 978-2-207-26021-0), p. 156.
- Collectif Sarka-SPIP, « La Celle-les-Bordes (78) : cimetière - Cimetières de France et d'ailleurs », sur www.landrucimetieres.fr (consulté le ).
- Notice de la Légion d'honneur
- « Public Papers Harry S. Truman 1945-1953 », sur www.trumanlibrary.org (consulté le ).
- (en) Register : University of California, University of California Press, (lire en ligne), p. 67.
Voir aussi
Archives nationales
Les papiers personnels de Georges Bidault sont conservés aux Archives nationales sous la cote 457AP.
Livres
- Barthélémy Ott, Georges Bidault, l’indomptable, Imprimerie du Vivarais, 1975.
- Bulletin de l'Association des Amis de Georges Bidault, , Presses Sudestasie, 1985, (ISBN 285881-035-4).
- Jacques Dalloz, Georges Bidault, Biographie politique, Paris, L'Harmattan, 1993.
- Jean-Claude Demory, Georges Bidault, Éditions Julliard, 1995.
- Jean-Rémy Bézias, Georges Bidault et la politique étrangère de la France (États-Unis, Europe, Proche-Orient), 1944-1948, L'Harmattan, 2006.
- Daniel Cordier, Alias Caracalla, Éditions Gallimard, 2009.
Articles
- Maurice Vaïsse, « Georges Bidault », Politique étrangère, n°1 - 1986 - 51e année, p. 75-83 (lire en ligne).
- Georges-Henri Soutou, « Georges Bidault et la construction européenne, 1944-1954 », Revue d'histoire diplomatique, , vol.3-4, p. 267-306.
- Jean-Rémy Bézias, « Prélude au conseil de l'Europe : la déclaration de Georges Bidault à la Haye (19 juillet 1948) », Guerres mondiales et conflits contemporains, 4/ 2005 (n° 220), p. 115-128 (lire en ligne).
- « Notes de lecture », Relations internationales, 4/ 2007 (n° 132), p. 91-96 (lire en ligne).
Liens externes
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