Centre gauche

Le centre gauche désigne un positionnement politique qui se réclame à la fois de la gauche et du centre[1], se situant à droite de la gauche traditionnelle. Cela peut se traduire par le rejet du marxisme et du communisme, ou le rejet du développement ou maintien d'un État interventionniste ou État-providence fort par adhésion au libéralisme économique. Selon Alain Noël et Jean-Philippe Thérien, professeurs de science politique « l’alignement des points de vue devient de plus en plus confus à mesure que l’on se rapproche du centre de l’axe gauche-droite »[2].

Pour l’article homonyme, voir Centre gauche (groupe parlementaire).

Le groupe parlementaire centre gauche en France sous la IIIe République

Créé en 1871, au début de la Troisième République, pour soutenir Adolphe Thiers, le centre gauche désigne un groupe parlementaire rassemblant des héritiers de la tradition libérale et orléaniste ralliés à la République[3],[4]. Il fut actif entre février 1871, date de l'arrivée de Thiers au pouvoir, et décembre 1879, ne donnant pas moins de la moitié des ministres[5]. Il conservera jusqu'en 1882, date à laquelle il cesse d'être la première force sénatoriale, une grande influence dans les choix politiques du gouvernement républicain[4].

Parmi ses grandes figures, on peut citer Édouard de Laboulaye, Jules Dufaure, Charles de Rémusat, William Henry Waddington, Léon Say, Agénor Bardoux, Émile de Marcère, Auguste Casimir-Perier, Jean Casimir-Perier, Edmond Schérer, Jules Barthélemy-Saint-Hilaire, Georges Picot et Albert Christophle. Une grande partie de ces figures politiques appartient à la grande bourgeoisie d'affaires, établissant ainsi un « contrat républicain » entre le pouvoir politique et le pouvoir économique qui a joué un rôle primordial dans l'adoption définitive de la République[4].

Le journal Le Parlement (1879-1884), fondé par Jules Dufaure avec Alexandre Ribot et Georges Picot, sera l'organe quasi officiel du groupe Centre gauche avant d'être repris par le Journal des débats, également proche de cette mouvance et codirigé alors par Léon Say. À partir de 1889, le centre gauche est structuré par l'Union libérale républicaine, qui participe à la création de la Fédération républicaine en 1903.

Parmi les héritiers d'une certaine tradition centre gauche figurent également les républicains modérés Alexandre Ribot, Raymond Poincaré et Louis Barthou et à ses débuts politiques (1885-1889) le député du Tarn Jean Jaurès. Celui-ci siège alors au centre gauche parmi les républicains opportunistes, qui occupent désormais, selon le phénomène du sinistrisme, cette place dans l'échiquier politique. Puis, à mesure que s'installe la IIIe République au XXe siècle, c'est le parti radical qui occupera l'espace politique au centre gauche.

Quinquennat de François Hollande

Ce terme a été utilisé pour la première fois en 2014, dans un discours de François Hollande où il a affirmé mener une politique sociale-démocrate. Ce fut la première affirmation d'économie de marché par les socialistes français, un siècle après celle des socialistes allemands.[réf. nécessaire]

Autres regroupements

Le terme peut renvoyer également à une coalition de forces politiques au sein du gouvernement entre la gauche et le centre. Ce fut le cas en Italie avec L'Olivier qui, sous l'impulsion de Romano Prodi, regroupa des sociaux-démocrates et des chrétiens-démocrates, sans que la synthèse des idées ait été pour autant évidente[6]. Il faut cependant noter que, dans ce cas de figure, centre gauche est surtout un terme journalistique, les démocrates italiens ne se réclamant pas très clairement de cette catégorie politique.

On parle également de centre gauche dans les pays nordiques pour qualifier une coalition au pouvoir entre des partis centristes et des partis de gauche, basée généralement sur un programme commun de compromis gouvernemental entre les différents partis composant la coalition.

En France, le terme désigne également la position particulière tenue par le gaullisme de gauche.

Interprétation différente selon les pays

Ce terme est couramment utilisé par les anglo-saxons (centre-left) pour qualifier les systèmes politiques de la France et des pays latins[7].

La notion a également évolué selon les époques. Politiquement, Cavour s'est appuyé sur un centre gauche piémontais lors de l'unification de l'Italie, qui n'a rien à voir avec la définition du centre gauche contemporain[8].

Partis de centre gauche en France

Dans le monde

Notes et références

  1. « Définition de centre-gauche - Encyclopædia Universalis », sur www.universalis.fr (consulté le )
  2. Alain Noël et Jean-Philippe Thérien, La gauche et la droite: Un débat sans frontières, Presses de l’Université de Montréal, (ISBN 978-2-7606-2680-5 et 978-2-8218-9767-0, DOI 10.4000/books.pum.4479., lire en ligne)
  3. Jean Garrigues, « Les élus du centre gauche en 1871 », Parlement(s) : revue d'histoire politique, , p. 23 à 32 (lire en ligne).
  4. Jean Garrigues, Léon Say et le centre gauche : 1871-1896 : la grande bourgeoisie libérale dans les débuts de la Troisième République, (lire en ligne)
  5. Emile Louis Gustave Deshayes de Marcère et Émile Louis Gustave Deshayes de Marcère, Le seize mai et la fin du septennat, Plon-Nourrit et cie, (lire en ligne), p. 8
  6. « Italie : Le centre gauche en mal d’identité », sur L'Humanité.fr, (consulté le )
  7. (en) Angelique Chrisafis, « François Hollande seeks to reassure UK and City of London », sur the Guardian, (consulté le )
  8. Serge Berstein et Pierre Milza, Histoire de l'Europe contemporaine : le XIXe siècle de 1815 à 1919, Hatier, , 288 p. (ISBN 978-2-218-03287-5, lire en ligne)

Voir aussi

Liens externes

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