Élections constituantes françaises de 1945
Les élections constituantes se déroulent en France le et ont pour but l'élection d'une Assemblée constituante.
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Élections constituantes françaises de 1945 | ||||||||||||||
Corps électoral et résultats | ||||||||||||||
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Votants | 19 189 799 | |||||||||||||
77,8 % | ||||||||||||||
PCF – Maurice Thorez | ||||||||||||||
Voix | 5 024 174 | |||||||||||||
26,23 % | 12,8 | |||||||||||||
Députés élus | 159 | 87 | ||||||||||||
MRP – Maurice Schumann | ||||||||||||||
Voix | 4 580 222 | |||||||||||||
23,91 % | ||||||||||||||
Députés élus | 151 | |||||||||||||
SFIO – Léon Blum | ||||||||||||||
Voix | 4 491 152 | |||||||||||||
23,45 % | 2,7 | |||||||||||||
Députés élus | 146 | 3 | ||||||||||||
PRL – Michel Clemenceau | ||||||||||||||
Voix | 3 001 063 | |||||||||||||
15,67 % | 1,2 | |||||||||||||
Députés élus | 64 | 47 | ||||||||||||
PRRRS – Édouard Herriot | ||||||||||||||
Voix | 2 018 665 | |||||||||||||
10,54 % | 5,4 | |||||||||||||
Députés élus | 60 | 50 | ||||||||||||
Assemblée constituante | ||||||||||||||
Gouvernement | ||||||||||||||
Sortant | Élu | |||||||||||||
De Gaulle I Aucune (gouvernement d'unité nationale sans parlement élu) |
De Gaulle II Tripartisme (MRP, PCF, SFIO) | |||||||||||||
Législature élue | ||||||||||||||
Ire Assemblée constituante de la IVe République | ||||||||||||||
Contexte
Les dernières élections remontent à 1936. Se tenant en temps normal tous les quatre ans, les suivantes devaient avoir lieu en 1940, mais à cause de la Seconde Guerre mondiale, un décret du a prolongé l’investiture des députés de deux ans jusqu'en 1942. Ayant voté les pleins pouvoirs à Pétain, l'Assemblée nationale dut attendre la chute du régime pétainiste pour pouvoir à nouveau se reformer.
Le constitue une date capitale dans l'histoire politique de la France pour trois raisons :
- Les Français sont invités à se prononcer par référendum sur leur choix quant au maintien ou à la répudiation des institutions de la IIIe République, ainsi que sur l'organisation des pouvoirs provisoires.
- Pour la première fois depuis la guerre, une élection nationale permet de connaître l'audience respective des forces politiques.
- Le suffrage universel, jusque-là réservé aux hommes, a été étendu aux femmes par l'article 17 de l'ordonnance du 21 avril 1944, droit qu'elles exercent pour la première fois lors des élections municipales de 1945.
Le référendum proposé aux Français par le GPRF comporte deux questions. La première leur propose la rédaction d'une nouvelle Constitution et, par conséquent, l'abandon des institutions de la IIIe République. Une réponse positive est préconisée par le général de Gaulle et tous les partis politiques, sauf les radicaux, fidèles à la IIIe République. Le , 96 % des Français se prononcent pour le changement des institutions en votant « oui » à la première question du référendum : l'Assemblée élue ce jour sera donc constituante.
La deuxième question porte sur les pouvoirs de cette Assemblée constituante. Redoutant une prépondérance des communistes au sein de celle-ci, qui leur permettrait d'installer légalement un pouvoir de leur choix, le général de Gaulle a prévu un texte limitant strictement ses prérogatives : sa durée est restreinte à sept mois ; le projet constitutionnel qu'elle a pour mission d'élaborer sera soumis au référendum populaire ; elle ne peut renverser le gouvernement que par une motion de censure votée par la majorité absolue de ses membres. Si de Gaulle, le MRP, les socialistes, les modérés demandent aux citoyens de voter « oui », les communistes se joignent aux radicaux pour préconiser le « non ». Néanmoins, 66 % des Français approuvent la limitation des pouvoirs de l'Assemblée en votant « oui » au référendum[1].
L'élection de l'Assemblée nationale a lieu le même jour que le référendum.
Mode de scrutin
L'Assemblée constituante est composée de 586 sièges pourvus à la représentation proportionnelle suivant la règle de la plus forte moyenne dans chaque département, sans panachage ni vote préférentiel.
Résultats
Parti | Voix | % | Sièges | ||||||
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Parti communiste français et apparentés (PCF) | 5 024 174 | 26,23 | 159 | ||||||
Mouvement républicain populaire (MRP) | 4 580 222 | 23,91 | 151 | ||||||
Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO) | 4 491 152 | 23,45 | 146 | ||||||
Parti républicain de la liberté (PRL) | 3 001 063 | 15,67 | 64 | ||||||
Parti radical républicain et radical-socialiste (PRRRS) | 2 018 665 | 10,54 | 60 | ||||||
Divers | 37 440 | 0,19 | 6 | ||||||
Suffrages exprimés | 19 152 716 | 97,43 | |||||||
Votes blancs et nuls | 504 887 | 2,57 | |||||||
Total | 19 657 603 | 100 | 586 | ||||||
Abstentions | 4 965 259 | 20,17 | |||||||
Inscrits / participation | 24 622 862 | 79,83 |
Analyse
Les élections, qui ont lieu le même jour et qui sont les premières depuis celles de 1936, bouleversent profondément l'équilibre des forces politiques en France. Quatre faits méritent d’être mis en relief :
- En premier lieu, la forte poussée de la gauche marxiste. Socialistes et communistes qui, en 1936, représentaient moins de 35 % des suffrages progressent d’environ 15 points et frôlent la majorité absolue des voix (49,6 %). Ils l'obtiennent en sièges en faisant élire 302 députés sur 586 : s’ils se coalisent, ils peuvent être maîtres du jeu à la Constituante. Cette percée de la gauche est avant tout celle du parti communiste qui double son poids politique d'avant-guerre et devient le premier parti de France.
- Cette poussée s'accompagne d'un effondrement du centre-gauche (qui atteint particulièrement le Parti radical, clé de voûte de la IIIe République) et des forces politiques assimilées. Encore a-t-on pris en compte sous cette étiquette les suffrages de la jeune Union démocratique et socialiste de la Résistance (UDSR) qui, à l'époque, est liée aux socialistes et apparaît comme une force neuve, fort éloignée du passéisme radical.
- Le cas de la droite et du centre-droit est d'analyse plus délicate. Passant de 42,5 % à 15,6 % des suffrages, les modérés connaissent en apparence un effondrement, conséquence du discrédit qui les frappe en raison de leur assimilation au régime de Vichy. Toutefois, cette constatation doit être corrigée par le fait qu'une bonne partie de l'électorat traditionnel de la droite s'est, pour des raisons d'efficacité, rangée derrière le MRP (Mouvement républicain populaire). Même avec ce correctif, l'érosion de la droite est évidente.
- Enfin, et de façon centrale, les élections de 1945 apportent une simplification considérable du paysage politique français. Près des ¾ des électeurs (73,5 %) ont regroupé leur vote sur les trois grands partis politiques — communiste, socialiste, MRP —, renforcés par leur rôle dans la Résistance. De fait, ces trois partis dominent largement l'Assemblée. Or, ce sont trois formations très différentes des groupements aux structures lâches, formés de clans luttant les uns contre les autres qu’étaient les partis de gouvernement de la IIIe République, radicaux et modérés. Tous trois sont des partis fortement structurés, disciplinés, imposant à leurs élus un contrôle qui les contraint à voter en bloc pour ou contre l'ensemble des lois.
Entre ces trois grandes forces, légitimées désormais par le suffrage universel, et le général de Gaulle, fort de sa mission historique et de sa certitude d'incarner le destin national, le conflit ne va guère tarder à s’ouvrir[3].
À l'issue de ce vote, il y a 5,6 % de femmes députées[4], soit 33 sièges occupés par les premières femmes élues à l'Assemblée nationale[5],[Note 1].
Conséquences
Les trois principaux partis, PCF, SFIO et MRP, forment la nouvelle majorité parlementaire chargée de rédiger la nouvelle constitution dans le cadre de ce qu'on appellera le tripartisme. Toutefois, ces partis tentent en vain de s'entendre sur les institutions : si les communistes et les socialistes sont favorables à l'instauration d'un régime parlementaire monocaméral, le MRP exige qu'une seconde assemblée et un président de la République disposant de réels pouvoirs soient inclus dans le projet constitutionnel. Le projet des seuls PCF et SFIO, non soutenu par le MRP et le général de Gaulle, est rejeté par référendum à 53 % des voix exprimées le . L'Assemblée est dissoute et une nouvelle assemblée constituante est élue le 2 juin 1946.
Notes et références
Références
- Serge Berstein et Pierre Milza, Histoire de la France au XXe siècle, Bruxelles, Editions Complexe, p. 662-663.
- Laurent de Boissieu, « Assemblée nationale constituante 1945 », sur www.france-politique.fr (consulté le )
- Serge Berstein et Pierre Milza, Histoire de la France au XXe siècle, Bruxelles, Editions Complexe, p. 663-664.
- Magazine Le Monde 2 des 18-19 avril 2004, page 89.
- Mathieu Mazza, « Inauguration du rond-point du 21 octobre 1945 », sur ouest-var.net, (consulté le ).
Articles connexes
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