110 propositions pour la France

110 propositions pour la France est un texte d'orientation politique présenté par le Parti socialiste et François Mitterrand pour l'élection présidentielle de 1981. Ce texte s'inspire du programme commun (signé en 1972 avec le PCF) et a marqué la plupart des réformes faites par le gouvernement dans les années qui ont suivi.

Résumé

Le texte est en trois parties. L'introduction précise les origines du programme et indique qu'une dissolution parlementaire suivra pour appliquer les propositions.

La première s'intitule La paix : une France ouverte sur le monde et prône plusieurs mesures liées aux affaires étrangères : opposition à la guerre d'Afghanistan et aux dictatures d'Amérique latine, soutien à Solidarność, paix au Moyen-Orient, défense du droit à l'autodétermination, désarmement, contrôle nucléaire, opposition aux euromissiles, soutien au plan Nord-Sud, nouveau système monétaire mondial, application et réforme du traité de Rome et du Marché commun, réflexion sur le troisième élargissement de la communauté européenne et création d'un conseil des peuples méditerranéens.

La seconde, L'emploi : la croissance sociale par la maîtrise de l'économie, est centrée sur l'aspect économique et l'investissement : plan de relance, investissement, grands travaux, soutien à la recherche, création d'emplois, planification, nationalisations, renforcement syndical, 35 heures, protection des locataires, augmentation du SMIC et des indemnités, nouvelle base de la TVA, ISF, moratoire sur le nucléaire, économie d'énergie, réforme de l'agriculture, de la pêche et de la PAC.

La troisième, La liberté des femmes et des hommes responsables et porte sur un aspect plus sociétal : quinquennat présidentiel, limitation du vote bloqué, représentation proportionnelle pour plusieurs scrutins, députés représentant des français de l'étranger, moralisation judiciaire de la vie publique, réforme du conseil supérieur de la magistrature, fin des lois liberticides, abrogation de la peine de mort, décentralisation avec répartition des ressources, promotion des langues régionales, renforcement des DOM-TOM, comité d'entreprise renforcé, égalité homme-femme, féminisme, valorisation des allocations familiales, construction massive de crèches, institut de l'enfance et de la famille, éligibilité électorale élargie, suppression de la vignette moto,


De nouveaux droits pour les immigrés

79. Les discriminations frappant les travailleurs immigrés seront supprimées. Les refus de délivrance de cartes de séjour devront être motivés.

80. L’égalité des droits des travailleurs immigrés avec les nationaux sera assurée (travail, protection sociale, aide sociale, chômage, formation continue). Droit de vote aux élections municipales après cinq ans de présence sur le territoire français. Le droit d’association leur sera reconnu.

81. Le Plan fixera le nombre annuel de travailleurs étrangers admis en France. L’Office national d’immigration sera démocratisé. La lutte contre les trafics clandestins sera renforcée.

Une société solidaire

82. Le droit à la retraite à taux plein sera ouvert aux hommes à partir de 60 ans et aux femmes à partir de 55 ans. Les retraités auront le droit de siéger dans les instances de la Sécurité sociale et les caisses de retraite. Les cotisations prélevées par le régime général de la Sécurité sociale sur les retraites seront supprimées. Une loi définissant les nouveaux droits des retraités et des personnages âgées en matière de ressources, de logement, de santé et de culture, et assurant leur réelle participation à la vie sociale, sera déposée.

83. Les handicapés auront la place qui leur est due dans la société : le travail, l’éducation, le logement, les transports, les loisirs et l’accès à la culture seront adaptés à leurs contraintes particulières.

84. Un système national de protection sociale commun à tous les assurés sera progressivement institué. L’Etat remboursera les charges indues et affectera des ressources fiscales au financement des dépenses d’intérêt social. Le ticket modérateur d’ordre public sera abrogé.

La santé protégée

85. Un service communautaire de la santé reposera sur le développement de la prévention, le tiers payant généralisé à terme, la création de centres de santé intégrés auxquels chaque médecin pourra adhérer s’il le souhaite. Une nouvelle convention sera négociée. Le Conseil de l’ordre des médecins sera supprimé.

86. Les missions respectives de l’hôpital et du secteur privé seront définies. Adoption d’une nouvelle carte sanitaire. Les équipements seront programmés par région et leur financement réformé (suppression du prix de journée).

87. Une nouvelle politique du médicament sera mise en place en s’appuyant sur les grands pôles industriels nationalisés où la recherche sera intensifiée.

Droit au logement pour tous

88. Une politique de l’habitat social visera à mettre à la disposition des ménages des logements suffisamment grands et assortis des services à proximité (crèches, haltes-garderies, transports collectifs). Des dispositions particulières seront prises pour favoriser aussi le logement des jeunes (construction des F1 et F2).

89. Réforme des instruments de l’intervention publique. Maîtrise du sol urbain par les collectivités locales grâce à l’instauration d’un impôt déclaratif foncier, d’un droit de préemption et de prêts bonifiés par l’Etat.

Une éducation de qualité

90. Un grand service public, unifié et laïque de l’éducation nationale sera constitué. Sa mise en place sera négociée sans spoliation ni monopole. Les contrats d’association d’établissements privés, conclus par les municipalités, seront respectés. Des conseils de gestion démocratiques seront créés aux différents niveaux.

91. L’école sera ouverte sur le monde. La pédagogie sera renouvelée pour favoriser l’expression sous toutes ses formes ainsi que l’épanouissement physique. L’enseignement de l’histoire et de la philosophie sera développé. Quel que soit le niveau d’étude, chacun devra disposer en fin de scolarité d’une formation générale et d’une formation professionnelle. Les classes comprendront vingt-cinq élèves au maximum.

92. La loi Seguin-Rufenacht sur la composition des conseils d’université et d’unités d’enseignement et de recherche (UER) sera abrogée, ainsi que les décrets modifiant la carte universitaire.

93. Chaque travailleur disposera d’un crédit de formation de deux ans qu’il pourra utiliser tout au long de sa vie active. La gestion de l’éducation continue sera tripartite.

Une information libre et pluraliste

94. La télévision et la radio seront décentralisées et pluralistes. Les radios locales pourront librement s’implanter dans le cadre du service public. Leur cahier des charges sera établi par les collectivités locales. Sera créé un Conseil national de l’audiovisuel où les représentants de l’Etat seront minoritaires. La création sera encouragée. Les droits des « cibistes » seront pleinement reconnus.

95. Les ordonnances de 1944 sur la presse seront appliquées. Les dispositions assurant l’indépendance des journalistes et des journaux face aux pressions du pouvoir, des groupes privés et des annonceurs seront prises. L’indépendance de l’Agence France- Presse (AFP) vis-à-vis de l’Etat sera garantie.

96. Toute censure de l’information, y compris dans les casernes et les prisons, sera abolie. La science et la culture

97. La recherche fondamentale sera un objectif essentiel : d’importants crédits publics lui seront consacrés, pour son développement sur le plan régional comme sur le plan national. Les coordinations nécessaires seront réalisées.

98. L’implantation sur l’ensemble du territoire de foyers de création, d’animation et de diffusion sera encouragée par l’Etat, qui en assurera un financement partiel. En dehors de nos frontières, une présence active et rayonnante de la culture française sera assurée. L’enseignement de l’art à l’école sera développé et des facilités accordées pour accéder aux grandes œuvres : extension des heures d’ouverture des musées, des bibliothèques, des monuments, grâce au recrutement du personnel nécessaire.

99. Le soutien à la création cinématographique, musicale, plastique, théâtrale, littéraire, architecturale placera la renaissance culturelle du pays au premier rang des ambitions socialistes. Un conseil international pour la science et la culture, une école européenne de cinéma, et un centre international pour la musique seront créés.

100. La libération du prix du livre sera abrogée.

Les équilibres naturels

101. Une charte de l’environnement garantissant la protection des sites naturels, espaces verts, rivages marins, forêts, cours d’eau, zones de vacances et de loisirs sera élaborée et soumise au Parlement après une large consultation des associations et des collectivités locales et régionales avant la fin de l’année 1981.

102. La lutte contre les pollutions de l’eau et de l’air sera intensifiée. Les entreprises contrevenantes seront pénalisées.

103. Les normes de construction de machines et moteurs dangereux à manier et générateurs de bruit seront révisées et strictement appliquées.

Le sport

104. L’indépendance du mouvement sportif vis-à-vis de l’Etat et des puissances d’argent sera garantie. L’éducation physique et sportive deviendra une dimension essentielle des enseignements dispensés par l’éducation nationale.

IV. — La France : un pays libre et respecté.

Sa sécurité et son identité

105. Développement d’une stratégie autonome de dissuasion et organisation nouvelle du service national réduit à six mois.

106. Définition claire de la portée et du contenu de l’Alliance atlantique (OTAN). Cohésion accrue de l’Europe.

107. Développement des relations entre la France et l’Union soviétique, dans le respect des traités existants.

108. Renforcement des échanges avec la Chine.

109. Liens privilégiés avec les pays non alignés de la zone méditerranéenne et du continent africain, spécialement l’Algérie.

110. Etablissement de relations étroites avec le Québec. Création d’une académie francophone.[1]

Élaboration

À l'approche du congrès de Créteil, François Mitterrand demanda à des proches dont Michel Charasse et Jacques Attali d'extraire des mesures provenant des textes des congrès socialistes antérieurs, des résolutions du comité directeur et du programme commun. 393 mesures sont prises, qui augmentèrent à plus de 400 avec les ajouts de Régis Debray. Lors du congrès, la commission des résolutions, présidée par Pierre Bérégovoy, les réduisit à 110, unanimement approuvées[2].

Bilan de l'application des propositions

Lien externe

Bibliographie

  • Laurent Mauduit (dir.), Rédaction de Mediapart, Les 110 Propositions : 1981-2011 : Manuel critique à l'usage des citoyens qui rêvent encore de changer la vie, Paris, Don Quichotte, , 165 p. (ISBN 978-2-35949-043-5)

Références

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