Michel Onfray
Michel Onfray, né le à Argentan (Orne), est un philosophe, essayiste et polémiste français. Il est l’auteur de plus de 115 ouvrages publiés, dont certains ont connu un grand succès, y compris à l’étranger, où il est traduit en 28 langues.
Pour les articles homonymes, voir Onfray.
Ne doit pas être confondu avec Onfroy ou Michel Aufray.
À la suite de l'accession de Jean-Marie Le Pen (Front national) au second tour de l'élection présidentielle française de 2002, il quitte sa carrière d'enseignant pour créer l'université populaire de Caen où il délivre pendant treize ans le cours « contre-histoire de la philosophie » qui est retransmis sur la station de radio France Culture.
Il intervient régulièrement à la radio et à la télévision sur des sujets politiques et sociaux.
Ses prises de position suscitent plusieurs controverses. Alors qu'il se définit depuis ses débuts comme proudhonien, certains observateurs relèvent à partir des années 2010 une orientation « droitière » de Michel Onfray, qui devient apprécié de milieux d'extrême droite avec notamment sa revue souverainiste Front populaire.
Biographie
Jeunesse
Michel Onfray naît le à Argentan (Orne)[1] de Gaston Onfray, ouvrier agricole[2] et d'Hélène, femme de ménage abandonnée bébé puis placée à l'Assistance publique[3],[4]. La famille vit alors à Chambois. Il a un frère cadet, Alain[5]. Michel Onfray est « pris en charge » de l'âge de 10 ans à celui de 14 dans un pensionnat catholique tenu par des prêtres salésiens à Giel dans l'Orne qu'il décrit comme un lieu de souffrance — « Je fus l'habitant de cette fournaise vicieuse » — dans la préface d'un de ses ouvrages, La Puissance d’exister et, également, de manière courte dans la préface de l'essai Le Crépuscule d'une idole[6],[7].
En 1979, il commence un stage de journaliste à la rédaction d'Ouest-France à Argentan pour financer ses études et y reste jusqu'en 1982[8][réf. nécessaire].
Élève de Lucien Jerphagnon et d'Alexis Philonenko, puis de Claude Bruaire et de Pierre Boutang, à la Sorbonne, où il passe un DEA, il soutient en 1986, à l'âge de 27 ans, une thèse de doctorat, intitulée « Les implications éthiques et politiques des pensées négatives de Schopenhauer à Spengler (1818-1918) » sous la direction de Simone Goyard-Fabre, au centre de philosophie politique et juridique de l'université de Caen[Note 1].
Il envoie son premier livre, consacré à la figure oubliée du philosophe nietzschéen Georges Palante, à un petit éditeur d'Ille-et-Vilaine[9].
En 1987, à 28 ans, il frôle la mort lors d'un infarctus. Sa rééducation est à l'origine de son deuxième ouvrage, Le Ventre des philosophes (initialement intitulé Diogène cannibale), publié en 1989 par l'intermédiaire de Jean-Paul Enthoven chez Grasset[9].
En 1991, il intègre le comité de rédaction de La Règle du jeu, la revue que vient de créer Bernard-Henri Lévy et dans laquelle il publie ensuite six articles. Il quitte celle-ci en 1998, alors qu'elle change de formule. Il affirme plus tard n'être « allé que deux fois » au comité de rédaction et ne pas s'y être senti « du tout à [sa] place ». Plus globalement, il estime s'être « fait instrumentaliser par Grasset » et avoir été traité « comme un fantassin de l'équipe BHL », avouant n'être « pas fier » de cet épisode[9]. Son ouvrage sorti en 1995, La Raison gourmande, lui permet d'avoir sa première apparition médiatique dans Bouillon de culture[10],[11].
Enseignant
Michel Onfray enseigne la philosophie au lycée technologique privé catholique Sainte-Ursule de Caen[9] de 1983 à 2002. Il critique l'enseignement de la philosophie tel qu’il est dispensé par l'Éducation nationale, qu’il juge limité à la transmission d'une histoire de la philosophie officielle et conforme à l'ordre social, plutôt que de se donner pour but d’apprendre à philosopher, vision contestée par de nombreux enseignants en exercice dans le secondaire[réf. nécessaire].
Il supporte mal la « police de l’Éducation nationale - surveillant, surveillant général, directeur des études, directrice... », et il se lasse de répéter les mêmes cours[3],[12]. En 2002, il a déjà écrit une vingtaine d'ouvrages et peut vivre uniquement de ses droits d'auteur[12], il démissionne alors de Sainte-Ursule pour créer l'université populaire de Caen. Il en écrit le manifeste en 2004 : La Communauté philosophique[13].
Université populaire de Caen
Michel Onfray s'implante à Caen, dans sa région d'origine, où il organise chaque année le séminaire de philosophie hédoniste, qui constitue le corps de son projet de contre-histoire de la philosophie. Il présente son initiative en se référant aux universités populaires du XIXe siècle, où des intellectuels proposaient des cours gratuits aux prolétaires[9],[12]. Il précise vouloir actualiser l'objectif ainsi : « démocratiser la culture au travers d’un accès gratuit au savoir, mais une culture vécue comme un auxiliaire de la construction de soi et non pas comme un énième signe de reconnaissance sociale. »[12]
De plus, alors que Jean-Marie Le Pen vient d'accéder au deuxième tour des élections présidentielles, l'une des motivations de Michel Onfray est de combattre les idées du Front national[14],[15],[16],[17]. Il cite Auguste Blanqui, qui selon lui s'inquiétait en son temps de la pertinence du principe du suffrage universel pour un peuple illettré. Il fait le parallèle avec la situation présente d'une population qu'il juge entretenue « dans l’obscurantisme par le système économique libéral présenté comme l’horizon indépassable par la droite et la gauche de gouvernement »[9].
À l'origine, l'université compte un noyau dur de cinq fondateurs : Michel Onfray, Séverine Auffret (féminisme), Gilles Geneviève (philosophie à l'usage des enfants), Gérard Poulouin (idées politiques) et Raphaël Enthoven. Ce dernier est évincé après quelques années à la suite d'une « brouille philosophique » avec Onfray[18].
L'accès à l'université est libre ; les professeurs sont bénévoles ; il n'y a pas d'examens, pas de présence obligatoire, pas de diplômes. L'université est organisée par l'association loi de 1901 Diogène & Co, qui n'a aucun adhérent. Son bureau est constitué de Micheline Hervieu, ancienne libraire d'Argentan, et de François Doubin, ancien ministre radical de gauche sous François Mitterrand et ancien maire d'Argentan. Son budget est d'environ 80 000 euros par an, provenant uniquement de subventions publiques jusqu'au début des années 2010. Le Conseil régional de Basse-Normandie ayant demandé à l'association de disposer de ressources propres, celle-ci a développé les ventes de produits dérivés. D'après le journaliste Nicolas Chevassus-Au-Louis, cette instance « ne joue aucun rôle dans le fonctionnement de l'association. De fait, seul Michel Onfray et ce qu’il appelle « sa garde rapprochée » formée de vieux amis normands, dirigent l'université populaire de Caen (en particulier dans le choix, par cooptation, des nouveaux enseignants), hors de toute procédure formalisée »[9].
Dès la première année, l'université populaire accueille 10 000 personnes. Selon Nicolas Chevassus-au-Louis, grâce au succès de son université, Michel Onfray acquiert une « aura de philosophe du peuple », et il augmente sensiblement ses passages dans les émissions de radio et télévision, passant d'une vingtaine d'apparitions par an au mieux avant 2002, à une apparition minimum par semaine ensuite[9].
Michel Onfray lance également, en 2006, l'université populaire du goût à Argentan, avec pour objectif initial de proposer une éducation à la gastronomie. Après 2012 et un conflit entre celui-ci et certains de ses collaborateurs, l'université devient finalement, selon Nicolas Chevassus-au-Louis, « une succession d’événements-spectacles, bien éloignés de l'esprit originel »[9]. Elle s'est également délocalisée à Chambois, village natal de Michel Onfray.
En , après avoir appris que France Culture cessait la diffusion de ses conférences, Michel Onfray annonce la fin de sa participation à l'université populaire de Caen, dénonçant une atteinte à la liberté d'expression[19].
Chroniqueur et éditeur
En 2008, en compagnie de Guy Bedos, Siné et son épouse, Michel Onfray participe à la souscription de lancement de l'hebdomadaire satirique Siné Hebdo[20]. Il y tient une chronique jusqu'à 2010.
De 1998 à 2000, il dirige la collection « La Grande Raison » (expression empruntée à Ainsi parlait Zarathoustra) aux éditions Grasset–Mollat, dont le but est de « traduire de jeunes auteurs majeurs vivants de la philosophie européenne contemporaine »[21].
La sélection de vingt-cinq chroniques parmi toutes celles rédigées pour le journal Corsica pendant deux ans donne lieu à la publication, en 2004, de l'essai La Philosophie féroce[22].
Depuis 2012, il dirige, aux éditions Autrement, la collection « Université populaire et Cie »[23], qui compte dix-sept titres en 2021. Il signe ainsi les préfaces et postfaces des publications.
Sites Internet et WebTV michelonfray.com
En , Michel Onfray lance une plateforme Internet dédiée à son travail, michelonfray.com[24]. Celle-ci diffuse des chroniques, des billets d'humeur ainsi que des vidéos, des cours et une section archives « destinée à « regrouper l'ensemble des prises de parole [du philosophe] » dans les médias ». « C'est pas un truc à ma gloire comme il a été déjà dit », c'est pour échapper « au culte de la petite phrase, du sniper prêt à tout pour créer le buzz », et « pour organiser la visibilité de l'université populaire de Caen (UPC) »[24].
Front populaire (revue papier et site Internet)
En mai 2020, il crée avec le producteur de télévision et éditeur de médias français Stéphane Simon[25],[26],[27] la revue trimestrielle, sous un format mook[28] papier, nommée Front populaire. Celle-ci se propose de réunir « ceux qui défendent un retour de la politique française »[29], « les souverainistes de droite, de gauche et, surtout, d’ailleurs – à savoir ceux qui ne se reconnaissent pas dans le jeu politique bipolarisé, donc manichéen »[30],[31],[15]. Parallèlement est proposé une plateforme Internet collaborative réunissant des chroniques, des critiques de livres, des entretiens vidéos ainsi qu'un catalogue d'idées et de doléances des adhérents. « Cette nouvelle aventure éditoriale [...], [cette] « machine de guerre pour la plèbe », se décrit comme « un parlement perpétuel des idées » où le « peuple » pourra faire des propositions pour « rebâtir notre monde » »[28].
Le premier numéro paraît le 23 juin 2020[28]. Jean-Pierre Chevènement, Didier Raoult, Robert Ménard, Céline Pina, Mathieu Bock-Côté, Barbara Lefebvre, François Boulo et Philippe de Villiers interviennent ainsi dans le premier numéro[29],[32].
La revue semble connaître un grand engouement avant même sa création, et génère une entrée d'argent importante, par le biais notamment des abonnements[33]. Début août 2020, la revue montre des chiffres jugés impressionnants : 70 000 exemplaires vendus (sur 100 000 imprimés), 45 000 abonnés et un million de visiteurs uniques sur le site internet en l’espace de deux mois[34].
Vie privée et familiale
En , sa compagne Marie-Claude Ruel, enseignante d'italien et de français, meurt[35]. Il déclare avoir ouvertement mené une double vie pendant 25 ans avec Dorothée Schwartz, unique salariée de l’association Diogène & Co, qui gère l'université populaire de Caen[36]; tous deux sont mariés depuis 2018[36].
En 2013, Sud Ouest rapporte qu’il part d'Argentan pour Caen[37].
Œuvre
Selon le magazine Le Point[38], les écrits de Michel Onfray sont traduits dans 28 langues et c'est en 2019 qu'il a publié son centième ouvrage.
En 2021, il a écrit, depuis le début de sa carrière, plus de cent quinze ouvrages et a enregistré de nombreux documents sonores.
Succès commerciaux
Selon Nicolas Chevassus-au-Louis, dans un article publié en 2015 dans la Revue du crieur[9], le Traité d'athéologie et Le crépuscule d'une idole étaient, à cette date, les deux plus gros succès de librairie avec 350 000 exemplaires vendus pour le premier et 158 000 pour le second. Quant à la Contre-histoire de la philosophie, mettant en forme un cycle de conférences données à l'Université populaire de Caen de 2002 à 2015, éditée en cd par Frémeaux & Associés et diffusée sur France Culture, elle aurait atteint les 900 000 exemplaires vendus. L'Antimanuel de philosophie se serait, quant à lui, écoulé à 80 000 exemplaires.
Le journaliste Jamal Henni, dans un article de juin 2020[39] sur le site du magazine Capital, rapportant les chiffres d’Edistat[Note 2] (hors ventes via Amazon), indique que « ... l’autre grand philosophe médiatique français, Michel Onfray, a écoulé sur la même période [2004 à 2020], 31 livres à plus de 20 000 exemplaires, et quatre à plus de 100 000 ».
La journaliste Emilie Lanez, dans un article de juillet 2020[40], sur le site de Paris Match, indique que le nombre d'abonnés au site Internet de Michel Onfray avoisine les 15 000, que 85 000 numéros de la revue Front populaire sont proposés à la vente et que 35 000 personnes sont abonnés à la déclinaison Web de la revue.
Prix littéraires
Michel Onfray reçoit le prix Médicis essai[41] en 1993 pour La Sculpture de soi édité chez Grasset.
En , le Château de Montsoreau - musée d'Art contemporain lui remet le prix François-Morellet dans le cadre des « Journées nationales du livre et du vin » (à Saumur), pour sa conférence-entretien « Faut-il brûler l'art contemporain ? »[42],[43] éditée en CD chez Frémeaux & Associés.
Philosophie et positions politiques
Selon le philosophe Robert Maggiori :« Hédonisme, matérialisme, athéisme (et « post-anarchisme ») : telles sont les bornes entre lesquelles la pensée de Michel Onfray s'est déployée[44]. »
Dirigés par Henri de Monvallier
Henri de Monvallier, docteur et agrégé de philosophie ainsi qu'animateur de l'université populaire d'Issy-les-Moulineaux depuis octobre 2018 consacre plusieurs écrits à Michel Onfray où sont présentés et analysés ses travaux. Il déclare au Point qu'il regrette que le philosophe soit « souvent réduit à son personnage public de philosophe polémiste, flingueur et démonteur d'idoles (les monothéismes, Freud, Sartre...) mais l'ensemble de son œuvre ne se résume pas à cette dimension critique[38] ».
Ainsi, en 2019, il dirige un « Cahier »[45] aux éditions de L'Herne, présenté ainsi sur leur site Internet[46] :
« Michel Onfray défend une vision du monde athée, hédoniste, libertaire et matérialiste au travers d’une variété de genres et de formes, du traité au journal en passant par le recueil poétique et la pièce de théâtre, le haïku de trois vers, l’« hexalogie » en six tomes (Brève encyclopédie du monde, trois tomes parus, trois à paraître) ou bien encore la monumentale série en douze tomes de la Contre-histoire de la philosophie (plus de six mille pages à elle seule), sans oublier des chroniques satiriques de l’actualité politique initiée au moment de la présidentielle de 2017 et du début du quinquennat d’Emmanuel Macron (La Cour des miracles et Zéro de conduite). »
La même année, il signe, aux Éditions de l'Observatoire, une « introduction [...] à la pensée politique de Michel Onfray, qui en montre le déploiement et la cohérence sur trente ans » intitulée Le Tribun de la plèbe[47].
Il dirige également, en 2020, le numéro 293 de la Revue internationale de philosophie[48] dirigée par Michel Meyer et éditée chez De Boeck Supérieur.
Hédonisme
En 2010, Jean Montenot, journaliste à L'Express, le décrit comme un « parangon moderne d'Épicure » :
« Ses livres, ses cours et ses conférences ont beaucoup contribué à faire connaître Épicure à un large public et davantage encore les multiples ramifications historiques de l'épicurisme. [...] Dans sa Théorie du corps amoureux, Onfray célèbre le sens du concret, l'érotisme solaire et l'antiplatonisme pré-nietzschéen d'Epicure[49]. »
Athéisme et critique des religions
Le Traité d'athéologie, paru en 2005, est le plus grand succès de librairie de Michel Onfray avec environ 370 000 exemplaires vendus toutes éditions confondues[9]. Ce dernier y dénonce l'obscurantisme des trois religions monothéistes.
Matérialisme
Onfray développe depuis ses premiers livres une « ontologie matérialiste ». L'ouvrage Cosmos reprend l'essentiel de ses thèses dans ce domaine. Comme tous les matérialistes, Épicure, Démocrite, Lucrèce, Marx, Michel Onfray se démarque de la pensée philosophique dominante, platonicienne, où l'idée, l'idéalisme, prend le pas sur la matière et l'expérience sensible (ce qu'on l'on voit, ce que l'on ressent). L'ontologie matérialiste implique l'absence de dieux. Onfray déclare : « Il n'y a qu'un monde et pas d'arrière-monde ; que de la physique et pas de métaphysique ; que de la psychologie et pas de métapsychologie ». Dans sa conception, l'acceptation de la vie est liée à l'acceptation des plaisirs qui lui sont associés, sans céder à la peur, aux superstitions, aux culpabilités qui peuvent freiner la joie d'être[44],[50]. Dans Contre-histoire de la philosophie, Onfray passe en revue les philosophes matérialistes, peu mis en lumière dans la philosophie enseignée au lycée. Pour ces matérialistes, le corps et l'esprit sont intimement liés, ce qui les conduit à renouer avec la matérialité[51].
Philosophie politique
Dans l'essai Le Tribun de la plèbe, Henri de Monvallier défini six articulations ou principes dans la pensée politique de Michel Onfray qui se trouvent « en cohérence avec l'ensemble de ses positions développées dans le reste de la philosophie qu'il propose »[52] : un nietzschéisme de gauche, une gauche camusienne et non dogmatique (marxisme critique et postanarchisme), mener une vie de gauche, un girondinisme[Note 3] populaire anti-maastrichtien (contre les trahisons de gauche), penser l'actualité en libertaire et de façon satirique.
Inspiration de Nietzsche
Onfray a été influencé par Friedrich Nietzsche[53],[54],[55] à qui il a consacré plusieurs essais.
Il a traité sujet du « nietzschéisme de gauche » en 2002 dans un essai intitulé Physiologie de Georges Palante et dans l'ouvrage consacré à Albert Camus, L'Ordre libertaire en 2012.
Dans l'essai Le Tribun de la plèbe[56], Henri de Monvallier explique que Michel Onfray admire le grand nietzschéen de gauche Albert Camus, à qui il a consacré un essai presque « autobiographique » en 2012, L'Ordre libertaire, en raison d'une même opposition farouche à la peine de mort, des ressemblances entre les trajectoires des deux hommes et leur rapport similaire à leur père ainsi qu'un même sentiment d'illégitimité.
Contre la peine de mort
Henri de Monvallier écrit : « Les engagements de Camus sont nombreux, mais il sont organisés à l'origine par une colonne vertébrale : le refus de la peine de mort. Et, comme dans le cas [de Michel] Onfray avec le corps de son père mutilé, cette transmission qui joue le rôle généalogique capital dans la construction du tempérament éthique, intellectuel et politique du philosophe est effectuée par le père. »[Note 4] Pour Onfray comme pour Camus, le spectacle du « sang répondant au sang », de la « vengeance légalement encadrée », est une barbarie inefficace. En conséquence, Onfray votera pour François Mitterrand, candidat du Parti socialiste, aux élections présidentielles de 1981 car il proposait, dans son programme, l'abolition de la peine de mort.
Pacifiste et non-violent
Henri de Monvallier indique que comme Camus et son engagement pour la paix durant la guerre d'Algérie[Note 5], Michel Onfray est pacifiste et considère que derrière la peine de mort et la guerre il y a des réalités dont on a pas forcément conscience (le voyeurisme d'une foule dont on flatte le goût du sang, des populations errantes, des morts et des destructions etc.). Il pense la guerre « comme une solution uniquement défensive, [...] une fois que l'on tout essayé en matière de compromis, de dialogue et [de] diplomatie », comme quelque chose « de tellement terrible que, même si on ne peut pas l'exclure absolument, on ne peut la déclarer et la déclencher ». « [La guerre] crée des ennemis qui ne sont pas personnels [...] mais collectifs et qui, par la seule raison de leur appartenance à un camp qui n'est pas le nôtre, deviennent des morts potentiels. »
Il conclu que pour Onfray, se « revendiquer [d']une gauche camusienne, c'est [...] ne jamais pousser à la guerre, ne jamais la justifier de quelque façon que se soit, contrairement à ceux qui [...] disent vouloir « la guerre sans l'aimer » ».
Il note également qu'Onfray, comme Camus pendant la guerre d'Algérie, s'oppose, en matière de guerre (civile ou internationale) au jacobinisme, « à l'idée d'un État centralisé et fort voulant faire plier les autres à sa volonté par le haut » et indique que le philosophe plaide pour une politique girondine[Note 3], à partir du bas et du local.
Opposition au dogmatisme
Henri de Monvallier analyse que Michel Onfray partage « l'éthique politique pragmatique [de Camus], soucieuse des faits et des réalités, et non des idées et des idéologies » et résume son positionnement ainsi : « Être de gauche, ce n'est pas dire « amen » à une idée parce qu'elle est de gauche, de même qu'être libertaire, ce n'est pas adhérer docilement à des livres d'images pieuses libertaires [...]. Une idée n'est pas juste ni vraie parce qu'elle est de gauche, elle est d'abord vraie et juste, et ensuite éventuellement elle peut être de gauche. »
Il indique qu'Onfray s'oppose au sectarisme et au dogmatisme d'une gauche radicale chic se réclament de Pierre Bourdieu et Michel Foucault et préfère défendre, en athée, en féministe et en libertaire, « le peuple old school des gens modestes, des ouvriers et des employés [...] [tout en] se déclarant favorable au mariage gay, à l'adoption par des couples homosexuels ou à des conditions d'accueil dignes de ce nom pour les migrants ».
Philosophe plébéien influencé par Pierre-Joseph Proudhon
Chantal Gaillard, membre de la Société P.-J. Proudhon et rédactrice du Dictionnaire Proudhon[57] aux éditions Aden, dit de Michel Onfray qu'il est, comme Pierre-Joseph Proudhon avant lui, un philosophe plébéien, fiers de ses origines modestes et que tous deux « estiment que ce parcours exceptionnel leur donne des devoirs envers ce peuple dont ils sont issus »[58]. Elle précise :
« Leur préoccupation principale est donc la mise en pratique de la « démopédie », néologisme créé par Proudhon : il s’agit de donner la parole au peuple, c’est-à-dire l’outil intellectuel nécessaire pour exprimer sa pensée et ses besoins. Le rôle d’un philosophe plébéien consiste donc à aider le peuple à réfléchir sur le fonctionnement de la société et de la démocratie, afin qu’il cesse d’être dominé par l’élite politique et économique.
Dans ce but, le philosophe plébéien propose des pistes pour instaurer une véritable démocratie grâce au mutualisme, et au fédéralisme appliqué aussi bien dans la vie économique que dans la vie politique. »
Henri de Monvallier écrit que : « Comme Proudhon, lui-même provincial et issu du peuple [...], et contrairement à Marx, Onfray a découvert la misère, la pauvreté et l'exploitation non dans les bibliothèques, mais dans le réel de sa vie concrète et quotidienne [...] la trajectoire politique d'Onfray [...] doit être comprise comme une double fidélité : à la mémoire de son père et à l'enfant qu'il a été. À la classe sociale, donc, d'où il vient [...]. Cette colère mutique et rentrée [...], il va la transformer en énergie au service du peuple[59]. » Il définit Onfray comme un tribun de la plèbe, « une sorte de personnage conceptuel transhistorique qui définit celui qui se fait le porte-voix des sans-voix, qui fait entendre dans l'espace public et le débat politique la parole et les intérêts de la fraction majoritaire de la population, les gens simples et modestes, sans instruction ni culture »[60].
Critiques et polémiques
Autour de ses ouvrages
Rémi Lélian, critique littéraire et professeur agrégé de philosophie, accuse Michel Onfray, dans un de ses essais[61], de modifier ses opinions en fonction des modes médiatiques[62],[63].
D'autres critiques, notamment sur le site de l'association Acrimed, ou dans la Revue du crieur, reprennent ces arguments et expliquent que, selon eux, le travail de Michel Onfray est avant tout conditionné par sa dimension médiatique et marketing[9],[64].
Le , invité à une table ronde sur « Camus, aujourd'hui » à Balma (Haute-Garonne), il refuse, appuyé en cela par le maire de la ville Alain Fillola, de débattre avec le philosophe Michael Paraire[65],[66], auteur de Michel Onfray, une imposture intellectuelle[67], qui n'aurait pas averti les organisateurs de la table ronde de la publication de son essai. Onfray est accusé de censure par Charlie Hebdo[68].
Plusieurs autres auteurs reprochent à Michel Onfray des erreurs historiques et les approximations contenues dans plusieurs de ses ouvrages. C'est notamment le cas de Élisabeth Roudinesco[9], Guillaume Mazeau ou encore Ian Birchall (en)[Note 6],[69].
À propos du Traité d'athéologie - 2005
Le Monde des Livres affirme qu'« au-delà du violent et injuste argumentaire d'Onfray à l'encontre des trois monothéismes, avec une prime de brutalité pour les chrétiens, ce livre a le mérite de montrer les limites intellectuelles d'un exercice classique : l'attaque antireligieuse[70]. » Sur son blog Périphéries Mona Chollet salue un auteur « sincèrement remonté contre tous les dogmes religieux » mais regrette notamment qu'il estime que l’islam est « fondamentalement incompatible avec les sociétés issues des Lumières » et qu'il écrive que « le musulman n’est pas fraternel »[71].
En septembre 2005, la philosophe et théologienne Irène Fernandez fait paraître un ouvrage critique intitulé Dieu avec esprit. Réponse à Michel Onfray[72]. L'écrivain Matthieu Baumier s'attache à démonter le système Onfray, qui relève, selon lui, plus du sophisme que de la philosophie, dans son ouvrage L'Antitraité d'athéologie, paru en octobre 2005 et préfacé par le philosophe Régis Debray. Pour le journaliste François Busnel de L'Express, « Son Traité d'athéologie a ulcéré les tenants des cultes monothéistes - qui, d'ailleurs, n'ont toujours pas répondu autrement que par l'insulte ou l'idéologie : lire, si l'on y tient, sur ce sujet les deux très décevants ouvrages de Matthieu Baumier, L'Antitraité d'athéologie […], et d'Irène Fernandez, Dieu avec esprit […]. » [73]. Enfin, l'historien René Rémond publie en 2007 un ouvrage intitulé Le nouvel anti-christianisme, dans lequel il analyse de façon critique la pensée d'Onfray et se fait le défenseur du christianisme[74]
À propos de La Religion du poignard - 2009
L'historien Guillaume Mazeau dans une tribune publiée en 2010[75] sur le site Internet du journal Le Monde à propos de l'essai La Religion du poignard[76] sorti en 2009, reproche à Michel Onfray d'avoir écrit un « brûlot truffé d'erreurs grossières » « historiquement médiocre et politiquement scandaleu[x] » et que cette « désinvolture vis-à-vis des sources réduit cet essai à ce qu'il est : une mauvaise paraphrase de la droite cléricale et monarchiste du XIXe siècle ».
À propos de Le Crépuscule d'une idole - 2010
En 2010, l'historienne et psychanalyste Élisabeth Roudinesco affirme, dans un article intitulé « Pourquoi tant de haine ? », réfutant l'ouvrage Le Crépuscule d’une idole, l’affabulation freudienne que « [Michel] Onfray réhabilite un discours d’extrême droite[77] ». Elle dénonce également les erreurs historiques et les approximations que le livre contiendrait. Onfray répond en dénonçant un « chapelet d'insanités » où se croisent la mauvaise foi et la morgue parisianiste, le goût de la caricature et les réflexes staliniens[78]. Mikkel Borch-Jacobsen, auteur du Dossier Freud : enquête sur l'histoire de la psychanalyse[79] considère que « le véritable crime de Michel Onfray est d'avoir suggéré, lui un homme de gauche, que Freud n'en était pas un. Cela est proprement intolérable pour une génération intellectuelle habituée à considérer Freud comme un penseur progressiste, et c'est ce qui vaut à Onfray d'être dépeint, contre toute vraisemblance, comme un suppôt de l'extrême droite »[80].
À propos de Diogène Le Cynique - 2014
En octobre 2014, les éditions Autrement, publient un essai d'Adeline Baldacchino, Diogène Le Cynique[81], dans la collection « Université populaire & Cie » dirigée par Michel Onfray. Ce-dernier en signe également la préface. L'écrivain Pierre Jourde qualifie alors Onfray et Baldacchino d’« escrocs intellectuels »[réf. nécessaire] pour avoir présenté comme inédits des fragments de Diogène de Sinope déjà publiés auparavant[82]. Baldacchino répond dans un billet de blog[83] sur le même média : « Bref, [...] votre chronique qui ne sert qu’à sonner l’hallali sur celui qu’il est désormais de bon ton d’accabler, à gauche comme à droite, plutôt que de regarder de près ce qu’il fait, qui est aussi ce qu’il dit : mettre à disposition de tous ce que l’université, parfois, ne sait plus garder que pour elle. Si c’est ça l’escroquerie, alors vive les escrocs ! »
À propos de Cosmos - 2015
Dans un article du Monde diplomatique de 2015[84], Évelyne Pieiller, indique qu'avec le vitalisme mis en avant dans Cosmos :
« [Michel onfray ] rejoint étonnamment une certaine pensée de l'ordre, un ordre immuable, premier, seul porteur de vérité, auquel il convient de se soumettre. Exaltation de l'instinct et de l'inconscient collectif au détriment de la raison, prééminence accordée à l'animalité de l'homme, dégoût de la « civilisation », glorification de la puissance de la vie, hantise de la décadence, aspiration à retrouver un âge d'or par le retour à la tradition : autant de notions qui font écho, parfois très précisément, à une sensibilité largement déployée jadis chez Maurice Barrès, Ludwig Klages ou Oswald Spengler. »
Elle estime que « l'athée farouche qu'il fut est désormais tout imprégné d'une spiritualité aussi vague que confuse ; le rationaliste qu'il se veut chante la louange de l'instinct silencieux ; le libertaire qu'il se proclame est devenu le héraut du respect des traditions ».
À propos de Décadence - 2017
Dans son ouvrage Décadence, publié en 2017, Michel onfray annonce la fin de la « civilisation judéo-chrétienne ».
Il est critiqué par le sociologue Jean-François Dortier pour qui sa démonstration reposerait sur l'amalgame entre christianisme et chrétienté d'une part, et entre occident et christianisme d'autre part[85]. À la suite de la parution en janvier 2017 de Décadence[86] parait la même année, sous le titre Monsieur Onfray au pays des mythes un livre de Jean-Marie Salamito, spécialiste de l'histoire du christianisme antique, qui répond point par point aux arguments de Michel Onfray. Salamito reproche essentiellement à Onfray un manque de rigueur intellectuelle et une méconnaissance élémentaire des sources[87],[88],[63].
Yvon Quiniou, agrégé et docteur en philosophie, critique l'ouvrage dans un billet de blog[89] du journal en ligne Mediapart où il écrit que :
« diffuser [...] un pessimisme généralisé qui confond les domaines, c’est non seulement être dans l’erreur théorique ou philosophique : c’est désespérer un peu plus une humanité à qui il faut, au contraire, redonner la conviction intellectuelle qu’aucune « décadence » n’est fatale, que ce terme ne convient pas de toute façon, et réinsuffler l’espoir raisonné que ce qui va venir peut améliorer fondamentalement ce qui a été, si on le veut et si on comprend correctement la réalité »
Quiniou dénonce également, dans un de ses essais[90], l'œuvre d'Onfray qui serait « un exemple de cette philosophie contemporaine (française, dans ce cas) dont je dénonce la « misère », voire ici, la « décadence » ».
À propos du site michelonfray.com
En juin 2017, dans Les Inrocks, le journaliste Christophe Conte décrit la plateforme comme « une chaine à [la] gloire (genre « Normal sup fait des vidéos, Aristote 2.0) d'Onfray »[91].
À propos de Front Populaire (revue et site Internet) - 2020 et 2021
La création de la revue suscite des réactions dans de nombreux médias[92],[93],[94],[95],[96],[97].
Selon Le Monde, en , « avec sa nouvelle revue « Front populaire », Michel Onfray séduit les milieux d’extrême droite[30]. ». Plusieurs personnalités de la Nouvelle Droite (Alain de Benoist notamment) et d’extrême-droite affichent leur soutien ; Marine Le Pen écrit un tweet félicitant une « initiative (…) positive » qui « ne peut que [la] réjouir ». Onfray se dégage néanmoins de tout rattachement politique : « Il y a plus de seize mille personnes qui saluent [le lancement de Front populaire], elle [Marine Le Pen] en fait partie, très bien. Mais on a fait savoir qu’on ne roulerait pas pour elle, ni pour Mélenchon ni pour Philippot[30]... ». L’anthropologue Jean-Loïc Le Quellec observe : « Il faut se méfier du déshonneur par association, mais sa dérive droitière est de plus en plus accentuée, alors elle pousse forcément certains à s’agglutiner autour de lui[30]. ».
Onfray rejette toute intention politicienne avec cette revue, en réponse à ses détracteurs qui, selon lui, lui font un procès d'intention. Il affirme qu'il n'y a pas de « cache-sexe pour couvrir des ambitions de politique politicienne [ni de] catapulte à candidat » derrière Front populaire[30]. Il répond aux critiques des journaux Libération et Le Monde dans sa revue, notamment celle du Monde qu’il estime « ordurière » rapporte Valeurs actuelles[98].
Les médias conservateurs Valeurs actuelles, Causeur et Sud Radio apportent leur soutien à Onfray, et parlent de « diabolisation »[99],[100],[101].
Au lancement de la revue, le politologue Jean-Yves Camus, spécialiste de l'extrême droite, décrit le premier numéro de Front populaire comme « une revue antilibérale, populiste et souverainiste, mais en aucun cas un brûlot néofasciste et encore moins néonazi. [...] Cette revue était présentée et attendue, souvent crainte, comme un bouleversement transgressif au parfum vénéneux et, pour certains, « rouge-brun ». Elle est à ce stade, si je puis dire, « souverainistement » politiquement correcte »[102].
Nicolas Lebourg, historien spécialiste de l’extrême droite, estime que les convergences avec l’extrême droite se soldent systématiquement avec un ralliement à celle-ci, et déclare : « C’est finalement assez habituel, ces gens là [comme Michel Onfray] refusent de voir qu’ils ne font pas des convergences, mais qu’ils se rallient »[30]. Pour Philippe Corcuff, maître de conférences de sciences politiques, qui intervient dans le cadre de la parution de son essai « La grande confusion », la revue est le « principal laboratoire du confusionnisme », qu'il définit comme le brouillage entre les frontières idéologiques de la gauche et de la droite, car elle donne la parole, sous un titre de gauche, à des « des interlocuteurs d’extrême droite ou de droite radicale »[103].
Le journaliste Romaric Godin analyse dans un article intitulé « Onfray, un proudhonisme de droite ? » : « Michel Onfray peut effectivement hausser les épaules lorsqu’on lui reproche de « faire le jeu » de l’extrême droite. Dans une logique proudhonienne, cela n’a effectivement pas de sens. Finalement, il en irait de la présence dans Front populaire de Michel Onfray et d’Alain de Benoist comme de la correspondance de Proudhon avec Marx et Engels, avec lesquels il s’opposait sur bien des points »[97].Autour de ses prises de positions politiques et médiatiques
Michel Onfray suscite des polémiques par ses prises de position. Depuis 2015, certains commentateurs voient chez lui une « dérive droitière[30] »[71]. Pour l'historien d'Oxford Sudhir Hazareesingh, qui est cité dans le contexte d'un dossier sur la « Polémique Onfray » en 2016 dans Libération, Michel Onfray est « un libertaire assez classique, un proudhonien qui se méfie des élites et du système parlementaire […], un homme de gauche attaché à la défense de la classe ouvrière et à l'éducation populaire[104] ». Selon un article du Monde en 2020, « c’est peu de dire que M. Onfray aime jouer avec les ambiguïtés. « Populiste » et « anarchiste proudhonien », selon ses propres termes, il aime provoquer sur des thèmes ultrasensibles comme la race ou les religions. Quitte à écrire des lignes très loin de la gauche libertaire dont il se réclame[30]. »
Accusations d'orientation droitière et de collusion avec l'extrême droite
Selon un article de France info de 2015, Michel Onfray a été classé à gauche pendant de « nombreuses années »[71]. D'après Libération, « ses convictions de gauche s'ancrent dans ses origines très modestes, le pensionnat à 10 ans, l'usine pour payer ses études »[105]. Selon l'universitaire Élisabeth Roudinesco en 2010, Michel Onfray « se veut libertaire, d’extrême gauche, adepte de Proudhon contre Marx et se proclame le défenseur du peuple exploité par le capitalisme »[106]. L'Express le qualifie en 2020 de « socialiste libertaire passionné de Proudhon »[15].
Avant 2010
Michel Onfray vote pour François Mitterrand en 1981[47], soutient Pierre Juquin[40], puis il se rapproche du Nouveau parti anticapitaliste[106]. Il déclare avoir voté pour Olivier Besancenot au premier tour de la présidentielle de 2002[71], et il dîne avec Besancenot en 2005[105]. Le nom de Michel Onfray circule en 2006 pour représenter la « gauche radicale » lors des élections présidentielles de 2007, mais il refuse de s'y présenter. D'après Libération, Onfray n'est pas un marxiste et son positionnement est singulier : notamment il est pronucléaire et pro-loi sur le voile[105],[107]. Lors des élections présidentielles de 2007, il soutient d'abord José Bové, puis Olivier Besancenot, déclarant que ce dernier a proposé une « union de la gauche radicale à Marie-George Buffet, Arlette Laguiller et José Bové »[108],[107]. Il ne vote finalement pas au second tour, changeant d'opinion après que Ségolène Royal a annoncé qu'elle prendrait peut-être François Bayrou comme premier ministre[109]. En 2009, il appelle à voter Front de gauche pour les régionales de 2010, estimant qu'il représente une union de la gauche anti-libérale[106],[107].
Années 2010 - 2014
D'après le politologue Philippe Corcuff, Michel Onfray, qui s'inscrivait dans les années 1990-2000 dans la « gauche antilibérale », se présente à partir des années 2010 comme un « souverainiste de gauche ». Onfray se réfère alors notamment à Jean-Pierre Chevènement, avec pour différence une vision « girondine » au lieu d'une « jacobine », c'est-à-dire centralisatrice[14].
En vue de l’élection présidentielle de 2012, il prend position pour la candidature du socialiste Arnaud Montebourg, qu'il affirme être « le seul candidat de gauche au PS »[110],[111]. Il ne soutient plus Jean-Luc Mélenchon, reprochant notamment à ce dernier d'avoir déclaré que « Cuba n’est pas une dictature »[112],[113].
En septembre 2014, après que Michel Onfray a fait une déclaration critique sur la théorie du genre et l'éducation nationale, certains journaux français comme Libération ou Le Monde réagissent de telle sorte que Marianne affirme que Michel Onfray, « autrefois philosophe favori de la gauche », est désormais un « véritable paria de son camp »[114].
Le 26 février 2015, Le Point lui fait une place dans son dossier consacré à « La vraie droite, ceux qui ont encore des idées ». Michel Onfray déclare à cette occasion « préférer une analyse juste d'Alain de Benoist à une analyse injuste de Alain Minc, Jacques Attali ou BHL ». Le 8 mars, Manuel Valls déclare lors d'un entretien sur Europe 1 : « Quand un philosophe connu, apprécié par beaucoup de Français, Michel Onfray, explique qu'Alain de Benoist, qui était le philosophe de la Nouvelle Droite dans les années 1970 et 1980, qui d'une certaine manière a façonné la matrice idéologique du Front national, avec le Club de l'Horloge, le Grece, […] au fond vaut mieux que Bernard-Henri Lévy, ça veut dire qu'on perd les repères[71] ». Onfray répond au Premier ministre en le traitant de « crétin ». L'Obs et Libération rappellent la phrase exacte de Michel Onfray dans Le Point, ainsi que la phrase suivante, où Michel Onfray affirmait également qu'il préférerait une analyse juste de BHL à une analyse injuste d'Alain de Benoist[115],[116],[117]. L'Express voit dans le conflit entre Valls et Onfray une fracture idéologique de la gauche, et classe Manuel Valls dans une gauche libérale et européenne, et Onfray dans une gauche « old school et souverainiste »[118].
Selon l'historien Roger Martelli en 2015, Michel Onfray critique le « politiquement correct », la « fausse gauche », les journalistes, les « intellectuels de cour » et la « classe politique ». L'historien estime que toutes ces notions « ne brillent pas par leur tropisme de gauche »[119].
Année 2015 : accusation de « faire le jeu du Front national »
Le 10 septembre 2015, après la publication dans les médias d'une photo du jeune garçon syrien décédé Alan Kurdi, Michel Onfray donne une interview au Figaro titrée : « On criminalise la moindre interrogation sur les migrants », où il émet quelques doutes sur la photo, évoquant manipulation ou intention[120]. Michel Onfray se voit alors reprocher de « faire le jeu du Front national », principalement par Laurent Joffrin dans Libération[121],[122]. Michel Onfray répond à Laurent Joffrin via une tribune publiée par le journal Le Monde. Onfray y liste ce qui selon lui le sépare du Front national : opposition à la peine de mort, défense de l’avortement et du mariage homosexuel, défense de l'euthanasie, etc. De plus, Michel Onfray accuse la « fausse gauche » de porter la responsabilité de la progression du Front national, cette gauche s'étant convertie selon lui au libéralisme à partir de 1983 et en ayant abandonné le peuple pour les « marges » (homosexuels, sans-papiers, étrangers, etc)[121],[122],[123].
Un débat médiatique s'ensuit, qualifié de « polémique sans fin », par France info[124]. L’historien des idées François Cusset voit dans la réponse de Michel Onfray dans Le Monde une « surenchère nauséabonde » et une « dérive droitière décomplexée ». Au contraire, le politologue Laurent Bouvet estime que Michel Onfray permet de « clarifier enjeux et clivages » au sein de la gauche[121]. Pour Michel Eltchaninoff, qui se réfère au philosophe des sciences Karl Popper, une hypothèse du type « faire-le-jeu-de » n'est pas « scientifique », dans la mesure où elle est trop vague et peut donc être soutenue par n'importe quel fait[122]. Dans Le Figaro, Vincent Trémolet de Villers pose la question : « Comment peut-il y avoir une vie intellectuelle si la seule question qui la traverse se résume ainsi : faire ou non le jeu du Front national ? ». Jacques Munier, journaliste de France Culture, répond que la question mérite cependant d'être posée, mais estime qu'elle sera difficile à trancher, déplorant « l’affligeante vacuité, trop souvent, de ce qui se donne pour le débat d’idées dans la sphère publique et médiatique »[120],[125].
La polémique s'appuie également sur une autre prise de position de Michel Onfray. Le 21 août 2015[126], Jacques Sapir a émis l'idée d'une alliance entre le Front national, Jean-Luc Mélenchon, Jean-Pierre Chevènement et Nicolas Dupont-Aignan. Michel Onfray estime alors que cela serait une « bonne idée » de « fédérer les souverainistes des deux bords », en y incluant les électeurs du Front national[Note 7],[14]. Marine Le Pen, présidente du FN, déclare : « Tout intellectuel qui sort du troupeau bêlant du politiquement correct est un allié objectif du Front national ». Michel Onfray répond qu'il ne soutient pas le Front national et annonce le 18 septembre une réunion visant à répondre aux accusations de faire le jeu du FN avec Jean-Pierre Chevènement, Régis Debray, Alain Finkielkraut, Pascal Bruckner, Jean-François Kahn, Jean-Pierre Le Goff, et d'autres. Onfray déclare : « nous existons à gauche, [...] nous ne sommes pas instrumentalisables ». Néanmoins, le 24 septembre 2015, le FN lance un appel « Aux intellectuels de gauche qui se veulent toujours de gauche », visant notamment Michel Onfray[126],[127].
Le politologue Thomas Guénolé estime que la priorité pour Michel Onfray est de se préoccuper des pauvres d'un point de vue économique et social, et que son positionnement à la « gauche radicale » ne fait donc « aucun doute »[128]. Thomas Guénolé voit dans la polémique de septembre 2015 autour de Michel Onfray une résurgence d'un clivage apparu lors du Référendum français sur le traité établissant une constitution pour l'Europe en 2005 entre les « Oui », favorables au projet européen, et les « Non », opposés au projet. Pour Guénolé, Michel Onfray, Jacques Sapir et Emmanuel Todd sont les représentants du « Non de gauche »[129],[130]. D'après le chroniqueur politique Bruno Roger-Petit, Thomas Guénolé estime que le « Non de gauche » est la « vraie » gauche, Thomas Guénolé déclarant notamment : « Être de gauche et dire qu'il faut sortir de l'euro pour ne plus se voir interdire les relances monétaires keynésiennes, ce n'est pas faire le jeu du FN. C'est, au contraire, enrayer la dynamique du FN ». Bruno Roger-Petit affirme que Thomas Guénolé tient le même discours souverainiste que Michel Onfray et que ce souverainisme « s’avère être le cache-sexe d’une indéniable dérive droitière », un « nationalisme obtus » qui propose la sortie de Schengen et une immigration choisie, tout comme le propose le Front national. D'après le politologue Philippe Raynaud, même si Michel Onfray est cité par les dirigeants du Front national, il n'en reste pas moins « plus que jamais de gauche et le montre en demandant aux socialistes d’honorer leurs promesses sur le droit de vote des étrangers non communautaires aux élections locales »[131].
Années 2016 - 2019
À la mort de Fidel Castro, en 2016, Onfray rédige une tribune contre le défunt dirigeant et ironise sur la réaction passionnée de Mélenchon[132]. Le philosophe Alain Jugnon publie en 2016 l'« essai polémique » Contre Onfray pour « comprendre et penser [s]a dérive rapide et très droitière »[133].
En 2018, Maurice Szafran dans Challenges le décrit comme « l’un des intellectuels organiques de la... droite identitaire et conservatrice ». Il critique sa « réflexion de nature conspirationniste visant à diaboliser la construction européenne, à en faire une hydre diabolique ayant pour seul et unique objectif, le malheur, l’asservissement et, enfin, la disparition des peuples et d’Europe[134] ».
En 2019, Michel Onfray déclare « souscrire » aux thèses de François Asselineau, président de l'Union populaire républicaine et défenseur d'un retrait de la France de l'Union européenne (Frexit)[135].
Prises de position dans les médias
Le , sur Cnews, un débat télévisé avec Éric Zemmour a à la fois montré leurs divergences, mais aussi leurs convergences[136], notamment autour du populisme[137],[138]. Selon Patrick Lusinchi, l’un des dirigeants de la revue de la Nouvelle Droite, Éléments, Onfray « a un côté Zemmour de gauche[30]. » Maurice Szafran relève que « Michel Onfray conserve une différence de taille avec Éric Zemmour : s'il verse lui aussi volontiers dans les rodomontades identitaires, il reste éloigné de la xénophobie et du racisme[137]. » Le politologue Alain Policar affirme qu'Onfray développe avec la revue un « nationalisme qui ne dit pas son nom » et des thématiques récurrentes autour de l'enracinement et de l'identité nationale[139],[140],[141],[142]. Le philosophe Henri Peña-Ruiz, également critiqué par Policar, dénonce ses amalgames et son réquisitoire, défend l'approche cosmopolite « largement présente dans la revue Front Populaire » et rappelle « [s]on combat de toujours contre les racismes, pour la justice sociale et pour la laïcité[143]. »
Sur l'immigration, ses positions se durcissent[144].
Selon le député Alexis Corbière de La France insoumise, « Michel Onfray, qui vient soi-disant de la gauche pure, est devenu l’idiot utile d’une pensée réactionnaire qui a pour point de jonction une obsession anti-islam »[30].
À la suite du second tour des élections municipales de 2020, il critique, comme Éric Zemmour, le parti Europe Écologie Les Verts, qui a remporté plusieurs grandes villes, en raison de son supposé islamo-gauchisme[145].
En , Onfray parle d'« ensauvagement » de la société française. Ses déclarations sur ce concept polémique sont vivement critiquées par Julien Suaudeau[146].
En mars 2021, Michel Onfray aborde la question controversée du grand remplacement lors d'une présentation du quatrième numéro de Front populaire et déclare : « Y a-t-il un grand remplacement ? L'ONU dit « oui », la démographie dit « oui », les indigénistes disent « oui », et quand Renaud Camus dit « oui », on répond « non, c'est un fasciste ». Selon Valeurs actuelles, Onfray se réfère au « rapport de l’ONU de 2001. Celui-ci présentait la « migration de remplacement » comme une solution au vieillissement des populations européennes », aux travaux de Michèle Tribalat et aux tribunes de certains indigénistes. Onfray évoque un « grand remplacement spirituel » lié à « L’effondrement du judéo-christianisme » face à une « spiritualité de substitution en pleine forme, l’islam ». L'équipe de Front populaire pense qu’évoquer cette thèse est se « carboniser » et se condamner à « une mort sociale »[147]. »
En mai 2021, dans son ouvrage L'Art d'être français, Michel Onfray adresse[148] douze lettres « à de jeunes acteurs et auteurs d'eux-mêmes - autrement dit... des philosophes en puissance » qui viennent discuter avec lui à la fin de ses conférences. Ces lettres, inspirées « des Lettres à un jeune poète de Rilke », « sont autant d'occasions de cartographier un monde dans lequel [ces jeunes auront] à tracer [leur] route ». Il y aborde les douze thèmes suivants[149] : la France, la moraline, l'infantilisation, le néo-féminisme, le décolonialisme, l'islamo-gauchisme, l'antifascisme, la déresponsabilisation, la créolisation, l'art contemporain, l'écologisme et l'antispécisme. Mathieu Quinet, journaliste au quotidien Les Échos, analyse que lors d'une intervention radiophonique, Michel Onfray « défendrait presque Poutine en Russie ou Erdogan en Turquie, « qui eux ont un projet de civilisation » avec lequel il n'est pas d'accord mais qui ont la vertu de redonner, dit-il, de la dignité à leur peuple[150].
En juillet 2021, il prend la défense de la messe en latin, symbolique des catholiques traditionalistes[151]. Il attaque ainsi la décision du pape François qui, selon lui, souhaite y mettre fin, et prend la défense de son prédécesseur Benoît XVI[152].
Avis de libertaires
L'étiquette de « libertaire », revendiquée à plusieurs reprises par Michel Onfray, est contestée par les organisations et les militants qui se réclament du mouvement libertaire[réf. nécessaire].
L'essayiste Claude Guillon le critique au sujet de son soutien au capitalisme dans une lettre ouverte au Monde libertaire[153] et, en 2008, au sujet de son attitude dans l'affaire des inculpés de Tarnac[154]. Dans le même ordre d'idées, le sociologue Jean-Pierre Garnier[155], le nomme, en 2012, « le dernier nouveau philosophe »[156].
À la suite du livre d'Onfray consacré à Camus publié en 2012, Lou Marin écrit « Onfray contre les libertaires »[157].
Dans Le Monde libertaire no 1726, un article relate qu'au cours d'une conversation privée, Michel Onfray aurait suggéré au président Nicolas Sarkozy d’exhumer Camus de sa tombe de Lourmarin pour le transférer, en tant qu’écrivain national, au Panthéon. Onfray accepte la proposition de la maire UMP d'Aix-en-Provence Maryse Joissains de prendre en charge la réalisation d'une exposition consacrée à Albert Camus dans le cadre Marseille-Provence 2013 avant de se rétracter au bout de quelques semaines. Onfray et Joissains auraient eu pour projet de réaliser une « Maison de l’anarchie » à Aix, fief de la droite[158].
Critiques du mouvement écologiste et de Greta Thunberg
Le , Michel Onfray publie un post sur la militante pour le climat Greta Thunberg, qui effectue le jour même une intervention au sujet du réchauffement climatique à l'Assemblée nationale[159]. Il la compare à un « cyborg », affirme qu'elle est la « bouche du nouveau capitalisme vert », un « produit manufacturé » qui ne fait que répéter des mots écrits par d'autres[160],[161],[162]. Son texte lui vaut d’être qualifié de misogyne[163],[164], d'« abject » détracteur[165], et de réactionnaire[166].
Au cours de plusieurs entretiens accordés en 2020, il reproche notamment au mouvement écologiste des positions propagandistes et incantatoires. À ces occasions, il s'oppose au consensus scientifique sur le climat, niant que la part principale du réchauffement climatique observé au cours de la seconde moitié du XXe siècle découle des activités humaines[167],[145]. Selon lui, les principales cause du réchauffement climatiques sont les « cycles cosmiques », et il déclare : « Je souhaite qu’on parle d’astrophysique, d’orages magnétiques, de cycles solaires, qu’on inscrive la nature dans le cosmos et les multivers. »[168]
« Théorie du genre » dans l'enseignement
Michel Onfray critique dans une chronique parue en mars 2014 dans Le Point la « fumeuse théorie du genre popularisée […] par la philosophe Judith Butler qui ne cache pas l’inscription de sa pensée dans la lignée déconstructiviste »[169],[170]. Il précise alors sa pensée dans de nombreux articles et interviews : d'après lui, l’école néglige l’instruction (apprendre à lire, écrire, compter et penser), base de la méritocratie, au profit de savoirs éducatifs (coder, trier des déchets ou ne pas discriminer les sexes)[171].
Terrorisme islamiste
À la suite des attentats islamistes du 13 novembre 2015, Michel Onfray adopte une position pacifiste controversée en arguant du rôle belliciste de la France et des pays occidentaux au Moyen-Orient. Il affirme, le lendemain des attentats, depuis Cayenne, dans un tweet remarqué que « droite et gauche qui ont internationalement semé la guerre contre l'islam politique récoltent nationalement la guerre de l'islam politique » et plaide pour une solution diplomatique pour régler le problème de l'État islamique (EI)[172].
En réponse, divers intellectuels s'opposent à lui, comme l'historien et journaliste Benoît Rayski qui l'accuse de trouver des excuses à Daech, ou le professeur de philosophie Raphaël Enthoven selon qui il fait de l'EI la victime de ses victimes[172]. Le directeur de la publication de Libération, Laurent Joffrin, dans une tribune du journal, répond à une interview de Michel Onfray donnée au Point dans laquelle il affirme que l’Occident a attaqué la communauté musulmane dans son ensemble : « Non, Michel Onfray, le monde musulman n’est pas Daech »[173].
Dans une vidéo de propagande publiée le , les djihadistes du groupe État islamique reprennent des extraits d'interviews télévisées de Michel Onfray, dont un où il appelle « à cesser de bombarder les populations musulmanes sur la totalité de la planète »[174]. Sollicité par différents médias pour répondre de l'instrumentalisation de sa pensée par l'État islamique, Michel Onfray rétorque : « on est toujours instrumentalisé par tout le monde », et réaffirmant sa position, il explique sur la chaîne de télévision LCI qu'il n’accorde aucun crédit aux articles et commentaires le diffamant car il serait la victime régulière depuis cinq ans d'attaques le faisant tour à tour passer pour un pédophile refoulé, un antisémite, un islamophobe, un suppôt de Marine Le Pen ou un soutien de Daech. Pour lui, tout cela devient n’importe quoi et il ajoute ne pas désirer « commenter les commentaires »[175].
Quelques jours plus tard, Michel Onfray ferme son compte Twitter, déclarant en avoir assez que ses tweets soient plus importants que ses livres[175]. Dans le même temps, il repousse de quelques mois la publication en France de son essai Penser l'islam[176].
Critique d'une partie de la gauche
Selon L'Express, Michel Onfray distingue trois type de gauche : la « gauche des barbelés », à laquelle il rattache Jean-Luc Mélenchon, la gauche libérale, à laquelle il affecte Manuel Valls, et la gauche libertaire, dans laquelle il s'inclut lui-même au côté d'Albert Camus[177].
Selon Michel Onfray, le Parti socialiste est « mort en 1983, lorsque Mitterrand a choisi la rigueur. Une parenthèse qui n’a jamais été fermée ». Pour Michel Onfray, Emmanuel Macron est l'héritier du parti socialiste et d'un « socialisme qui n’est pas le socialisme mais l’une des modalités de la gestion du capitalisme libéral »[178]. Et Michel Onfray estime que la montée du Front national est le fruit de ce « social-libéralisme »[178],[131]. Il accuse également cette « gauche », François Mitterrand en premier, d'avoir instrumentalisé le Front national, ayant besoin de faire du FN un « parti fasciste pour pouvoir être anti-fasciste à peu de frais »[179],[180],[181].
En retour, ses détracteurs estiment que lorsque Michel Onfray critique la gauche, qui selon lui « s’est convertie au libéralisme en 1983 », il fait le jeu de la droite, voire du Front national[181]. Pour Laurent Joffrin, du journal Libération, Michel Onfray s'appuie sur une réalité politique juste, celle du « divorce de la gauche et des classes populaires », mais qu'il déforme. Laurent Joffrin estime que Michel Onfray confond une doctrine, le libéralisme économique, avec une « réalité », l'économie de marché ; cette dernière, même si elle a été acceptée par les socialistes, peut prendre plusieurs formes, libérale comme aux États-Unis, ou peu voire non libérale comme en Europe, où les nations régulents leurs économies ; Laurent Joffrin affirme notamment que les libéraux ont critiqué diverses réformes réalisés sous Rocard ou Jospin, comme le revenu minimum d'insertion, la prime d'activité, les 35 heures, la loi SRU sur les logements sociaux, les emplois jeunes, etc. Laurent Joffrin déclare également que c'est la droite qui mène une politique libérale entre 1986 et 1988, alors que la gauche sous François Mitterrand a « nationalisé la moitié de l'industrie française, la totalité du système bancaire, elle a accru les prestations sociales, fait voter les lois Auroux, la retraite à 60 ans, l'impôt sur la fortune, la cinquième semaine de congés payés, etc. »[182]. Onfray reproche à la gauche d'avoir abandonné ses idéaux concernant l'emploi[116], et estime que les délocalisations ruinent la France, pendant que la gauche, comme la droite, maintient le statu quo grâce notamment aux aides sociales[183].
Michel Onfray déclare lors d'une interview en avril 2017 : « Mélenchon a voté oui à Maastricht. Ensuite, je ne peux pas accorder ma confiance à quelqu’un qui accordait son estime en son temps au président iranien Ahmadinejad qui n’avait pas caché son désir de rayer Israël de la carte, ou qui affirme que Fidel Castro était formidable...»[184]. Michel Onfray critique la campage de Jean-Luc Mélenchon pour les éléctions présidentielles de 2017. Il estime que Jean-Luc Mélenchon n'est pas un vrai « insoumis », et l'accuse de faire du « marketing ». Pour lui, une preuve est que Jean-Luc Mélenchon a d'abord prôné une sortie de l'Union européenne puis « au fur et à mesure qu’il s’approchait du but, il n’était plus complètement pour ça »[185]. De plus, Michel Onfray reproche à Jean-Luc Mélenchon ses références à Robespierre. L'historien Marcel Gauchet estime que l'image de Robespierre est tellement floue qu'il est possible de tout projeter sur lui : ainsi, le « girondin Onfray » voit en Robespierre un « jacobin paranoïaque et homicide », tandis que Jean-Luc Mélenchon projette sur Robespierre une image vertueuse, celle d'un ami des hommes et du peuple[186].
Michel Onfray critique également Jean-Paul Sartre pour ses affinités avec le marxisme-léninisme et le communisme, et dont les mains seraient couvertes du « sang soviétique, cubain, cambodgien »[113].
Polémique avec la secte de Raël
Le , Michel Onfray se voit contre son gré attribuer le titre de prêtre honoraire du Mouvement raëlien par Raël qui justifie le titre : « la vision philosophique de Michel Onfray telle que décrite dans ses nombreux ouvrages et ses exposés, est très proche de celle enseignée par le Prophète Raël. Prônant hédonisme, sensualité, mieux-vivre, révolte contre dogmatisme, conformisme et tout conservatisme, il affiche en outre un athéisme sans concession et dénonce les méfaits de tous les monothéismes ». La presse s'empare de l'affaire[187], ce qui conduit Michel Onfray à publier un droit de réponse virulent le [188] :
Pourtant, l'éditorialiste Pierre Cormary voit dans cette anecdote bien plus qu'un signe : « Le corps faustien vraiment réalisé par la science, Homais [le pharmacien athée et scientiste de Madame Bovary] en avait rêvé, Raël l’a fait. Ils ne pouvaient que se tomber dans les bras et se congratuler mutuellement ! […] L’athée faustien était récupéré par des athées prométhéens encore plus conséquents que lui […] Au prétexte que l’on [vide] le ciel de Dieu, on [remplit] celui-là et on [remplace] celui-ci par des extraterrestres »[189].
Affaire Albert Camus
En août 2012, Michel Onfray est pressenti pour le commissariat d'une exposition consacrée à Albert Camus qui doit se tenir à Aix-en-Provence en 2013 pour le centième anniversaire de la naissance de l'écrivain. L'historien Benjamin Stora, initialement choisi pour ce poste, a été écarté par le conseil d'administration de l'association Marseille Provence 2013[190]. Apprenant cette mise à l'écart, la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, annonce qu'elle retire le soutien du ministère à l'exposition[191],[192]. Dénonçant - entre autres - « la niaiserie d'une ministre confondant usage public des crédits et punition idéologique », Michel Onfray annonce qu'il se retire de ce projet qu'il qualifie de « pétaudière »[193].
Publications
Sites Internet et WebTV
Depuis , Michel Onfray publie des vidéos sur son média michelonfray.com. « C'est pas un truc à ma gloire comme il a été déjà dit »[91], c'est pour échapper « au culte de la petite phrase, du sniper prêt à tout pour créer le buzz », et « pour organiser la visibilité de l'université populaire de Caen (UPC) »[24].
Depuis mai 2020, Onfray publie des textes et des vidéos sur le média de la revue Front populaire, frontpopulaire.fr.
Filmographie
- Une conférence de Michel Onfray. Naissance d'une Université Populaire, avec la participation de Stéfan Leclercq, DVD, éd. Sils Maria, 2005.
- Le Plaisir d'exister. Michel Onfray & les universités populaires[194] et Retrouver le goût[195], d'Olivier L. Brunet, Antoine Martin Productions, 2007.
- Contact avec Michel Onfray, de Stéphan Bureau, Contact TV, 2008.
- Michel Onfray. Philosophe, ici et maintenant, d'Élisabeth Kapnist, DVD, Frémeaux & Associés, 2009.
- Regards sur le sport : Michel Onfray, philosophe, en compagnie de François L'Yvonnet, film réalisé par Benjamin Pichery, INSEP, 2010.
- Michel Onfray, philosophe citoyen, d'Olivier Peyon, collection Empreintes, France 5, 2011.
Le philosophe apparaît en voix off dans Coupable de Laetitia Masson parlant de l'amour et du désir vain de l'âme sœur[196],[197].
Spectacle scénique
Notes et références
Notes
- Référencée sur diffusiontheses.fr - N° 1986CAEN1010 - Réf ANRT : 3756 - (SUDOC 113117418) - 392 p. Le manuscrit n'a pas fait l'objet d'une publication ultérieure chez un éditeur.
- Fournisseur d'estimations de ventes de livres en France métropolitaine de la société Tite Live, spécialisée dans la conception de logiciels de gestion et l'offre de services numériques dédiés aux librairies.
- En référence aux girondins de la Révolution française.
- Voir le paragraphe dédié à l'histoire de l'exécution capitale vécue comme un traumatisme par le père de Camus en 1914 et qui sera le point de départ de la construction idéologique de l'écrivain.
- Voir, par exemple, L'Appel pour une Trêve Civile du 22 janvier 1956.
- Voir sa biographie sur la page wikipédia en anglais Ian Birchall (en).
- Selon Philippe Corcuff, les propositions de Jacques Sapir et Michel Onfray se distinguent par le fait que Jacques Sapir parle d'une alliance avec le Front national en tant que parti politique, tandis que Michel Onfray parle seulement des électeurs du Front national[14].
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Annexes
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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- Michel Meyer (dir.) et Henri de Montvallier (dir. du volume), Revue internationale de philosophie : Michel Onfray, vol. 3, De Boeck supérieur c/o Cairn.info, , 226 p. (ISBN 978-2807393516, présentation en ligne, lire en ligne).
Généralistes
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- Michael Paraire, Michel Onfray, une imposture intellectuelle, Éditions de l'Épervier, 2013 (ISBN 2-36194-018-3).
- Jonathan Sturel, La contre-histoire de Michel Onfray, Tatamis, 2014 (ISBN 9782917617977).
- Yvon Quiniou, Misère de la philosophie contemporaine, au regard du matérialisme : Heidegger, Husserl, Foucault, Deleuze, Paris, L'Harmattan, coll. « Ouverture philosophique », , 264 p. (ISBN 978-2343095059, présentation en ligne, lire en ligne).
- Alain Jugnon, Contre Onfray, Lignes, 2016 (ISBN 978-2-35526-154-1).
- Rémi Lélian, La raison du vide, Pierre-Guillaume de Roux, , 144 p. (ISBN 978-2363712042).
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À propos du Crépuscule d'une idole
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- Émile Jalley, Anti-Onfray 2 : les réactions au livre de Michel Onfray, débat central presse, psychanalyse théorique, Paris, L'Harmattan, , 322 p. (ISBN 978-2296129504).
- Émile Jalley, Anti-Onfray 3 : les réactions au livre d'Onfray, clinique, psychopathologie, philosophie, lettres, histoire, science sociale, politique, réactions de l'étranger, le décret scélérat sur la psychothérapie, Paris, L'Harmattan, , 354 p. (ISBN 978-2296131996).
- Michel Santacroce, Onfray coi maintenant ? : quelques réflexions tardives sur et autour du livre Crépuscule d'une idole : affabulations freudiennes, Paris, L'Harmattan, coll. « Marges linguistiques », , 134 p. (ISBN 978-2343027494, présentation en ligne, lire en ligne).
À propos du Traité d'athéologie et l'« anti-christianisme »
- Irène Fernandez, Dieu avec esprit. Réponse à Michel Onfray, Philippe Rey, 2005 (ISBN 2-84876-037-0).
- Matthieu Baumier, L'Anti-Traité d'athéologie. Le système Onfray mis à nu, Presses de la Renaissance, 2005 (ISBN 2-7509-0165-0).
- Stéphane Babey, La Haine de Dieu : Michel Onfray : De la posture à l'imposture !, Artège, , 180 p. (ISBN 978-2360400393, lire en ligne).
- Thierry Jaillet, L'Évangile de Michel Onfray !, Golias, 2011 (ISBN 2-35472-121-8).
- Abdellah Erramdani, La Gageure, autopsie du traité d'athéologie de monsieur Onfray, Les Éditions du Net, 2012 (ISBN 2-312-00216-7).
- Jean-Marie Salamito, Monsieur Onfray au pays des mythes : réponses sur Jésus et le christianisme, Paris, Salvator, , 155 p. (ISBN 978-2-7067-1541-9).
À propos de L'Ordre libertaire
- Jean-Yves Guérin, « Michel Onfray et Camus : le pavé de l'ours », Les Temps Modernes, no 668, , p. 113-124 (lire en ligne ).
À propos de son positionnement politique
- Philippe Corcuff, La Grande Confusion : Comment l’extrême droite gagne la bataille des idées, Paris, Textuel, coll. « Petite encyclopédie critique », , 672 p. (ISBN 978-2-84597-854-6, présentation en ligne). Panorama des idées politiques en vogue dans la France contemporaine dont celles de Michel Onfray.
Articles
- Nicolas Chevassus-au-Louis, « La Petite usine de Michel Onfray : enquête sur un homme qui se prenait pour un volcan », Revue du crieur, La Découverte et Médiapart, no 1, , p. 90 à 103 (ISSN 2428-4068 et 2649-7565, DOI 10.3917/crieu.001.0090, lire en ligne). Article republié sur le site de Mediapart [lire en ligne (page consultée le 26/08/2021)].
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