La Dépêche du Midi
La Dépêche du Midi est un quotidien régional français diffusé dans neuf départements de la région Occitanie (Ariège, Aude, Aveyron, Haute-Garonne, Gers, Lot, Hautes-Pyrénées, Tarn, Tarn-et-Garonne) ainsi que dans le département de Lot-et-Garonne en Nouvelle-Aquitaine. Sa diffusion s'élève à 127 466 exemplaires en 2019[1] (en baisse par rapport à l'année précédente), pour 14 éditions quotidiennes différentes (16 auparavant). La Dépêche est historiquement lié à la laïcité et au radicalisme. Le journal appartient au Groupe La Dépêche du Midi et son directeur général est Jean-Nicolas Baylet, également directeur de la publication.
Pour les articles homonymes, voir La Dépêche.
La Dépêche du Midi | |
Pays | France |
---|---|
Langue | Français |
Périodicité | Quotidien |
Genre | Presse régionale |
Prix au numéro | 1,20 € (en Espagne : 1,60 €) |
Diffusion | 127 466[1] ex. (2019) |
Date de fondation | 1870 |
Ville d’édition | Toulouse |
Propriétaire | Groupe La Dépêche du Midi |
ISSN | 0181-7981 |
Site web | ladepeche.fr |
Ligne éditoriale
En une, dans le bandeau de tête, après La Dépêche du Midi, figure la mention « Le journal de la démocratie ».
Une des devises du journal est « La Dépêche renseigne vite et bien ».
Le quotidien appartient au Groupe La Dépêche du Midi, dont l'ancien PDG est Jean-Michel Baylet[2], par ailleurs ancien président du Parti radical de gauche (PRG) et ministre du gouvernement Valls entre le et . Il emploie environ 770 salariés[3] dont 250 journalistes professionnels et quelque 1 500 correspondants locaux de presse. Suivant l'héritage politique radical de ses origines, La Dépêche est un journal de sensibilité radicale de gauche[4].
En 2016, à la suite de la participation de Jean-Michel Baylet dans le gouvernement Manuel Valls, la nouvelle présidente est Marie-France Marchand-Baylet, ex-épouse de Jean-Michel Baylet. Après son départ du gouvernement Valls en mai 2017, Jean-Michel Baylet redevient PDG du groupe La Dépêche du Midi[réf. souhaitée].
Historique
Guerre de 1870 et socialisme
Le premier numéro de La Dépêche de Toulouse paraît le , sous le simple nom de La Dépêche, à l'initiative d'ouvriers de l'imprimerie Sirven à Toulouse, propriété de Joseph Sirven[5] (maire de Toulouse du au ).
En 1887, Jean Jaurès, déjà engagé politiquement, y fait ses premières armes de journaliste. Le titre de presse accueille également un autre journaliste politicien : Georges Clemenceau[5], avant qu'il ne rejoigne L’Aurore. Un moment antidreyfusard, le journal finit par se rallier à la cause en faveur de la révision du procès.
De par ses origines et ses plumes, La Dépêche ne cache pas son engagement dans une gauche radicale-socialiste[réf. souhaitée]. Aussi au début du XXe siècle, des évêques considèrent comme un « péché grave » la lecture de ce titre.
Maurice Sarraut, sénateur radical de l'Aude (1869-1943), prend les rênes du journal, en devenant son directeur administratif (1909).
- Bernard-Henri Sirven, fils du créateur de La Dépêche, président de l'Union Syndicale des Maîtres-Imprimeurs de France, qui succède à son père Joseph.
- Louis Braud, directeur de La Dépêche en 1914.
- La salle de composition de La Dépêche, en 1905.
- La salle des machines de La Dépêche, en 1905.
- L'hôtel de La Dépêche rue Bayard à Toulouse, en 1905 (siège social et imprimerie).
Entre-deux guerres
Après la grande guerre, le directeur Maurice Sarraut devient propriétaire (1932) du journal. À la suite d'une tentative d'acquisition par Maurice de Rothschild, Jean-Baptiste Chaumeil, entrepreneur en travaux publics, et maire radical-socialiste de Valence-d'Agen, entre dans le capital du groupe en 1925. Son neveu Jean Baylet y entre la même année, en est directeur administratif en 1927, puis rédacteur en chef.
La période de l'entre-deux guerres est pour La Dépêche un « âge d'or », tant pour sa diffusion que pour le prestige et la qualité de sa rédaction qui lui confèrent une influence nationale.
À partir de 1932, des Allemands antinazis en exil écrivent dans la Dépêche de Toulouse : ainsi les frères Heinrich et Thomas Mann, Georg Bernhard ou Theodor Wolff, entre autres[6].
- Arthur Huc (1855, dans l'Aude - , à Nice), co-directeur de la Dépêche durant les années 1910 et 1920.
- Maurice Sarraut, sénateur en 1913, co-directeur de la Dépêche durant les années 1910 et 1920.
Occupation et collaboration
Ayant salué l'interdiction du PCF en 1939, elle entre dans ses heures noires. Pendant l'Occupation le quotidien est dirigé par des collaborationnistes[7].
Maurice Sarraut, qui a perdu toute influence sur le journal, est assassiné par des membres de la Milice en . Son frère, Albert Sarraut est déporté peu après. Le journal continue à paraître en défendant la politique du Maréchal Pétain[8].
Le titre est interdit de publication à la Libération, pour collaboration en 1944[9].
Après-guerre
Le titre ressort en 1947 sous le nom de La Dépêche du Midi. Il déloge alors après un conflit judiciaire le Patriote du Sud-Ouest, journal du Front national (communiste) qui avait hérité de ses locaux[10]. Reprenant sa lignée radicale et anticommuniste[11] (le PCF vient d'être exclu du gouvernement) il soutient naturellement le cabinet de Pierre Mendès France. Il s'oppose au référendum constitutionnel de 1958, soutient François Mitterrand à la présidentielle de 1965.
Jean Baylet, qui avait été directeur administratif en 1927 puis rédacteur en chef, avait entre-temps créé le quotidien La Démocratie le . Il prend la direction de La Dépêche, du jusqu'à sa mort le .
Entre 1959 et 1971, l'ancien chef de la police de Vichy René Bousquet, responsable notamment de la rafle du Vel' d'Hiv, fait partie du conseil d'administration du journal. Il anime la rédaction, aux côtés d'Évelyne Baylet, née Évelyne Isaac[12] veuve de Jean Baylet[8], qui a pris les commandes à la mort de son mari jusqu'en 1995.
Histoire récente
Jean-Michel Baylet, fils de Jean Baylet, accède au poste de directeur général adjoint de La Dépêche en 1975, et devient directeur général deux ans plus tard[4].
Le , José Biosca, directeur général du journal, annonce qu'un second site payant va être lancé[13]. Ce site intitulé Dépêche Premium[14] est lancé le , en phase de test auprès des abonnés papier avant une ouverture commerciale le . Il se compose d'un fil d'information continue avec des articles multimédias exclusifs ; d'une version électronique du journal consultable sur le web, les smartphones iPhone et Android, et les tablettes iPad et Android, de suppléments numériques spéciaux ; et des services du Club abonnés. C'est la première fois en France qu'un journal quotidien régional tente l'aventure du payant sur internet. La Dépêche Premium remporte le prix de l'innovation des Victoires de la presse 2012 de la WAN-Ifra, remis le 17 décembre 2012 à Lyon à Jean-Nicolas Baylet et Philippe Rioux. Le site Dépêche Premium est arrêté en .
En , après l'entrée de Jean-Michel Baylet au gouvernement et les « unes » enthousiastes de la Dépêche du Midi, plusieurs médias s'interrogent sur l'indépendance de la rédaction du journal vis-à-vis de son propriétaire[15],[16],[17].
Diffusion
Comme la plupart des journaux édités sur papier, la diffusion baisse de manière importante chaque année depuis 2000.
Année | Diffusion totale payée semaine | Diffusion totale semaine | Diffusion totale dimanche |
---|---|---|---|
1879 | – | 15 000 | – |
1881 | – | 27 000 | – |
1906 | – | 159 000 | – |
1914 | – | 215 000 | – |
1925 | – | 217 000 | – |
1943 | – | 310 000 | – |
1955 | – | 215 000 | – |
1967 | – | 280 000 | – |
1996 | – | 202 000 | – |
2002 | – | – | – |
2003 | – | 200 000 | – |
2004 | – | – | – |
2005 | 196 334 | 200 090 | 227 047 |
2006 | 192 299 | 196 641 | 224 151 |
2007 | 193 901 | 197 751 | 225 068 |
2008 | 192 907 | 196 749 | 222 269 |
2009 | 187 172 | 190 875 | 215 739 |
2010 | 182 572 | 186 213 | 208 780 |
2011 | 177 908 | 180 969 | 201 760 |
2012 | 171 553 | 174 511 | 191 574 |
2013 | 164 019 | 166 137 | 182 943 |
2014 | 155 341 | 157 215 | 176 160 |
2015 | 148 218 | 149 998 | 168 497 |
2016 | 142 730 | 144 419 | 160 820 |
2017 | 138 405 | 140 097 | 153 943 |
2018 | 131 286 | 133 074 | – |
2019 | 125 902 | 127 466 |
Éditions locales
Il existe 16 éditions locales :
- 09 Ariège
- 11 Aude
- 12 Aveyron
- 31 Haute-Garonne Nord-Est
- 31 Haute-Garonne Ouest
- 31 Haute-Garonne Sud Est
- 31 Toulouse
- 31 Muret
- 31 Comminges
- 32 Gers
- 46 Lot
- 47 Lot-et-Garonne
- 65 Hautes-Pyrénées
- 81 Albi
- 81 Castres
- 82 Tarn-et-Garonne
Publicité
L'espace publicitaire de la dépêche est commercialisé par une filiale du groupe, L'Agence de comm, structure résultant de la fusion de la régie historique O²Pub (occitane de publicité) et de Midi Media (régie du groupe Les journaux du Midi racheté en 2015).
Notes
- « La Dépêche du Midi - ACPM », sur www.acpm.fr (consulté le )
- Jérôme Lefilliâtre, « «La Dépêche du Midi», propriété de Baylet, déjà fan du ministre Baylet », sur Libération (consulté le )
- « Chiffres-clés », sur Site officiel du Groupe.
- Pierre Lacassagne, « Le pouvoir politique et médiatique à Toulouse de la Libération au face à face Dépêche-Baudis », Le Temps des médias, vol. 7, no 2, , p. 87 (ISSN 1764-2507 et 2104-3671, DOI 10.3917/tdm.007.0087, lire en ligne, consulté le )
- Hervé Martin et Alain Zambeaux, La Haute-Garonne, Toulouse, éditions Privat, coll. « Encyclopédie illustrée », , 477 p. (ISBN 2-7089-5811-9), p. 404
- « Toulouse. Quand les exilés antinazis écrivaient dans La Dépêche », sur ladepeche.fr, .
- Laurent Marcaillou, « « La Dépêche » sous l'Occupation », sur Les Echos, (consulté le )
- Claude Llabres, La Dépêche du Midi et René Bousquet, Éditions Fayard,
- Archives du Comité Départemental de Libération de Haute-Garonne
- Archives du PCF 31 (1, allées Marc Saint-Saëns - Toulouse)
- Christophe Charle, Le Siècle de la presse (1830-1939), Paris, Seuil, coll. « L'Univers historique », , 400 p. (ISBN 978-2-02-036174-3)
- Jean-Claude Malet, directeur des sablières Malet, était également son petit-fils
- « La Dépêche du Midi se met au payant », sur LeFigaro.fr, .
- « Plongez au cœur de l'info avec Dépêche Premium », sur ladepeche.fr, .
- « Promu au gouvernement, Jean-Michel Baylet recase ses proches », sur leFigaro.fr,
- « « La Dépêche du Midi », propriété de Baylet, déjà fan du ministre Baylet », Libération, (lire en ligne)
- « Dirigée par Baylet, "La Dépêche du Midi" encense le gouvernement », sur lepoint.fr,
- Fiche de La Dépêche du Dimanche - Statistiques OJD
Bibliographie
- Félix Torres, La Dépêche du Midi : histoire d’un journal en république, 1870-2000, Hachette littératures, (ISBN 978-2-01-235590-3)
- Jean Bonhomme, La Dépêche du Midi, une dynastie, un clan, une secte, Caussade, ASPIC, , 54 p. (ISBN 978-2-9529028-0-9, lire en ligne [PDF])
- Claude Llabres, La Dépêche du Midi et René Bousquet : un demi-siècle de silences, Éditions Fayard, , 264 p. (ISBN 978-2-213-60991-1)
- Michel Mathe, Vite et bien : Des nouvelles de la Dépêche, Toulouse, Éditions Privat, coll. « Histoire », , 187 p. (ISBN 978-2-7089-6907-0)
Annexes
Articles connexes
Liens externes
- Site officiel.
- La Dépêche 1875 à 1944, sur Gallica (BNF).
- Numéros de La Dépêche. Supplément illustré dans Gallica, la bibliothèque numérique de la BnF.
- Site sur l'histoire de l'ancien Hall de La Dépêche, rue d'Alsace-Lorraine à Toulouse.
- La contemporaine (Nanterre) : Fonds patrimonial de 169 affiches numérisées (datant de 1918) de la Dépêche du midi. Inventaire en ligne
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