Jean-Paul Enthoven
Jean-Paul Édouard Louis Enthoven, né le à Mascara en Algérie francaise, est un écrivain, éditeur et journaliste français.
Pour les articles homonymes, voir Enthoven.
Biographie
Famille
Né le à Mascara[1] près d'Oran dans l'Algérie française d'alors, Jean-Paul Enthoven est issu d’une famille juive bourgeoise. Sa mère est née Gilberte Tordjman[1] et son père, Edmond Enthoven, était directeur et puis propriétaire avec son frère d'un garage Citroën[2]. Dans ce milieu familial juif et agnostique, son éducation politique s’effectue dans une atmosphère républicaine, très sensible à la défense des droits de l'homme tels qu'ils s'illustraient dans l'idéologie républicaine du siècle dernier[réf. nécessaire].
« Proche de Maurice Clavel, il appartient à la galaxie Nora »[3], Pierre Nora joue en effet un grand rôle dans la formation de Jean-Paul Enthoven en lui confiant très tôt, des manuscrits à lire pour les éditions Gallimard. Pensionnaire au lycée Lakanal de Sceaux, Jean-Paul Enthoven côtoie alors beaucoup la famille Nora, notamment dans leur propriété proche de Rambouillet : la Cours des Hayes. Pierre Nora est alors son Cicerone et le guide dans ses lectures.
Jean-Paul Enthoven épouse le Corinne Pécas, fille du réalisateur et producteur de films érotiques Max Pécas, dont il divorce en 1990. En 2000, il est le compagnon éphémère de Carla Bruni, avant que celle-ci ne mette fin à leur liaison pour en entamer une avec son fils Raphaël - qui fit l'objet de sa chanson Raphaël, et avec qui elle a un fils, Aurélien, né en 2001.
Depuis 2010, Jean-Paul Enthoven, partage la vie de Patricia Della Giovampaola, veuve de Rodrigue de Belsunce d’Arenberg[alpha 1].
Jean-Paul Enthoven est le père de trois enfants[1] :
- de son mariage avec l'écrivain et journaliste Catherine Gradwohl, dite Catherine David :
- Raphaël, né en 1975, enseignant de philosophie, animateur de radio et de télévision ;
- de son mariage avec Corinne Pécas :
Formation
Après un passage au lycée Buffon[1], il entre au lycée Janson-de-Sailly, où bien qu'élève de Michel Deguy, il suit les cours de philosophie de Maurice Clavel et se lie intimement avec lui. Ce dernier le remarque parmi les têtes de classe[réf. nécessaire] et lui fait rencontrer Gabriel Marcel, Pierre Boutang et Jean Daniel qui accueillera ses premiers articles au Nouvel Observateur.
Il est ensuite étudiant à l'Institut d'études politiques de Paris, la faculté des lettres de Paris-Sorbonne et à la faculté de droit de Paris ; il obtient une licence en histoire, le diplôme de l'Institut d'études politiques, un DES de droit public et de sciences politiques[1].
Carrière
S’il est originellement ancré à gauche, il n'est guère militant de Mai 68 en préférant la littérature aux débats idéologiques. Les lectures qu’il effectue chez Gallimard vers 1971/1972 lui valent de rencontrer Raymond Aron. S’il n’en devient pas un disciple, ce dernier l’amène à se détacher très rapidement d’un marxisme auquel des lectures l’avaient amené à adhérer. Et il se définit comme spinoziste lorsque, en 1973, il devient assistant de Maurice Duverger à la Sorbonne.
Assistant à l'université Paris I - Panthéon Sorbonne de 1973 à 1975[1], il fait la connaissance d’un jeune agrégé de philosophie tout juste rentré du Bangladesh, Bernard-Henri Lévy. Tombant sous le charme du normalien, il le présente à l'automne 1974 à son ami Gilles Hertzog qui participe ainsi à l’éphémère quotidien L'Imprévu (janvier-). Malgré l’échec du journal de Bernard-Henri Lévy, les liens d’amitié du trio se renforcent autour de ce dernier au point d’apparaître comme une véritable « fratrie »[7] où Jean-Paul Enthoven serait, selon ses propres termes, « plutôt le ministre de l'Intérieur de Bernard, et Gilles, son secrétaire d'État aux Affaires étrangères »[8].
Parallèlement, ses liens avec Pierre Nora[9] et Maurice Clavel l’amènent à entrer en contact avec Jean Daniel et l’équipe du Nouvel Observateur.
À partir de , il y publie donc des critiques d’essais de philosophie et de sciences humaines. C'est alors qu’en 1975, il n’apprécie pas d’être sollicité par Maurice Duverger comme témoin de moralité dans un procès sur son passé vichyste. Il donne donc sa démission de l’enseignement et se tourne vers le journalisme. Il est journaliste puis adjoint à la rédaction en chef du Nouvel Observateur jusqu'en 1984[1]. Chargé de couvrir les débats intellectuels, il s’occupe ainsi des interviews avec les grandes figures intellectuelles, des comptes rendus d’essais de nature politique ou philosophique, et de l’ensemble de l’actualité qui touche le milieu intellectuel.
Proche de Maurice Clavel — qu’il remplace épisodiquement pour sa rubrique télévisuelle –, il n’en est pas moins très apprécié par le directeur de la rédaction du journal qui le consulte pour le choix d’un mot de son éditorial[10] ou sur les débats en cours dans le microcosme parisien. Avec ces deux derniers, il soutient activement l’éclosion médiatique des « Nouveaux Philosophes » et de leur tête de file, son ami Bernard-Henri Lévy. Témoin à son mariage (comme Gilles Hertzog), voyageant souvent en sa compagnie, il partage ses passions comme son souci de l’apparence esthétique.
À partir du début des années 1980, il prend de plus en plus des responsabilités éditoriales. Ainsi, en 1983, il devient directeur éditorial des Éditions Grasset[11], prend la direction de la collection « Biblio-Essais » fondée par Bernard-Henri Lévy au Livre de Poche. En 1984, il quitte ses fonctions d’adjoint à la rédaction en chef du Nouvel Observateur pour diriger Hachette Littérature[12] et rejoindre la rédaction en chef du Point où il devient le conseiller personnel de Claude Imbert.
Depuis 1993, il est conseiller éditorial de la rédaction de l'hebdomadaire Le Point où il publie notamment des chroniques littéraires.
Œuvres
Publications
Romans
- Aurore, Grasset, 1996, 218 p., prix du livre Europe 1 en 2001[1], (ISBN 978-2246611615). Traduit en italien en 2001 par Vincenzo Vega, en hébreu en 2002 par Emmanuel Pinto, en chinois en 2004 par Meiwen Wang, en russe en 2008.
- La Dernière Femme, Grasset, 2005, 185 p., prix Nice-Baie-des-Anges[1], (ISBN 978-2246659112). Traduit en italien en 2007 par Anna Morpurgo.
- Ce que nous avons eu de meilleur, Grasset, 2008, 220 p. (ISBN 978-2246705413)
- L'hypothèse des sentiments, Grasset, 2012, 398 p.
- Ce qui plaisait à Blanche, Grasset, 2020, 308 p.
Essais
- Les Enfants de Saturne, Grasset, 1996, 265 p., prix Cazes-Lipp et prix Valery-Larbaud en 1997[1], (ISBN 978-2246265313)
- Dictionnaire amoureux de Proust, avec Raphaël Enthoven, Plon, 2013, 736 p. (ISBN 978-2259211109) - prix Femina essai 2013
- Saisons de papier, Grasset, 2016, 637 p. (ISBN 978-2246802907), prix de la critique de l’Académie française
Cinéma
Jean-Paul Enthoven est coscénariste du film Le Jour et la Nuit, 1997, réalisé par Bernard-Henri Lévy.
Distinctions
Le , Jean-Paul Enthoven est promu officier de l'ordre des Arts et des Lettres (et son fils Raphaël nommé chevalier)[13].
Notes et références
Notes
- Rodrigue de Belsunce d’Arenberg (1941-2007) est parfois qualifié de prince, de la branche belge de cette maison princière issue du Saint-Empire romain germanique[4] mais ce qualificatif semble erroné car il fait partie de la famille de Belzunce et porterait le nom « d'Arenberg » par son adoption par Erik Engelbert, 11e duc d'Arenberg (1901-1992) et donc ne figure ni dans l'État présent de la noblesse Belge (2003 et 2017), ni dans le Genealogisches Handbuch des Adels (2011) et ni dans le Gothaisches genealogisches Handbuch (2018).
Références
- Who's Who in France, édition 2008, p. 838.
- Son père (né en 1910) était directeur et propriétaire d'un garage automobile, avec son frère Bernard Maurice (né en 1924), d'abord en Algérie, et après 1963, rentrés en France, à Bois-Colombes. Son grand-père Edouard (1878-1944), né à Zaltbommel aux Pays-Bas, suite aux problèmes financiers à cause des jeux d'argent, était d'abord militaire dans la Légion étrangère, puis garagiste en Algérie. Voir: P.H. Enthoven, Kroniek van het geslacht Enthoven. 1990, p. 187-189.
- Jacqueline Remy, Le Nouvel Observateur. 50 ans de passion, Pygmalion, (ISBN 978-2-7564-1524-6, lire en ligne).
- « Univers. Chez Patricia de Belsunce d'Arenberg », Point de Vue, (lire en ligne, consulté le ).
- Extrait du registre de commerce de Paris sur le site dirigeants.bfmtv.com.
- « Mathilde ENTHOVEN - Dirigeant de la société Entrel - BFMBusiness.com », sur Registre du commerce de Paris sur le site dirigeants.bfmtv.com (consulté le ).
- Expression d’Olivier Orban citée par Daniel Garcia in « Un homme de l'ombre », Lire, mai 2004.
- D’après Jean-Paul Enthoven, cité par Daniel Garcia in « Un homme de l'ombre », Lire, mai 2004.
- D’après Jean-François Sirinelli, entretien avec François Kraus le 8 avril 2004.
- Collectif, Pour Jean Daniel, Dreux, 1990, p. 80-82.
- « Un aristocrate de la littérature: Jean-Paul Enthoven », Le Huffington Post, (lire en ligne, consulté le ).
- « Jean-Paul Enthoven : Bernard-Henri Lévy », sur www.bernard-henri-levy.com (consulté le ).
- Aurélie Filippetti, « Arrêté du 16 janvier 2014 portant nomination et promotion dans l'ordre des Arts et des Lettres », sur le site du ministère de la Culture et de la Communication, (consulté le ).
Voir aussi
Article connexe
Liens externes
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- Une analyse de L'Hypothèse des sentiments sur La Cause littéraire
- Interview de Jean-Paul et Raphaël Enthoven à la revue Lexnews pour la publication du Dictionnaire amoureux de Marcel Proust
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