Charles Pasqua
Charles Pasqua [ ʃaʁl paskwa][alpha 2], né le à Grasse (Alpes-Maritimes) et mort le à Suresnes (Hauts-de-Seine), est un homme politique français.
Pour les articles homonymes, voir Pasqua.
Charles Pasqua | |
Charles Pasqua en 1987. | |
Fonctions | |
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Sénateur français | |
– (6 ans, 11 mois et 29 jours) |
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Élection | 26 septembre 2004 |
Circonscription | Hauts-de-Seine |
Groupe politique | app. UMP |
– (4 ans, 2 mois et 14 jours) |
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Élection | 24 septembre 1995 |
Circonscription | Hauts-de-Seine |
Groupe politique | RPR |
– (4 ans, 11 mois et 18 jours) |
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Élection | 28 septembre 1986 |
Circonscription | Hauts-de-Seine |
Groupe politique | RPR |
Successeur | Jean-Pierre Schosteck |
– (8 ans, 6 mois et 16 jours) |
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Élection | 25 septembre 1977 |
Circonscription | Hauts-de-Seine |
Groupe politique | RPR |
Prédécesseur | Paul Graziani |
Président du conseil général des Hauts-de-Seine | |
– (15 ans, 7 mois et 7 jours) |
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Prédécesseur | Paul Graziani |
Successeur | Nicolas Sarkozy |
– (2 ans, 5 mois et 25 jours) |
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Prédécesseur | Jacques Baumel |
Successeur | Jacques Baumel |
Député européen | |
– (4 ans, 11 mois et 29 jours) |
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Élection | 13 juin 1999 |
Circonscription | France |
Législature | Ve |
Groupe politique | UEN (président) |
Ministre d'État Ministre de l'Intérieur et de l'Aménagement du territoire[alpha 1] | |
– (2 ans, 1 mois et 11 jours) |
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Président | François Mitterrand |
Premier ministre | Édouard Balladur |
Gouvernement | Balladur |
Prédécesseur | Paul Quilès (Intérieur) André Laignel (Aménagement du territoire, secrétaire d'État) |
Successeur | Jean-Louis Debré (Intérieur) Bernard Pons (Aménagement du territoire) |
– (2 ans, 1 mois et 20 jours) |
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Président | François Mitterrand |
Premier ministre | Jacques Chirac |
Gouvernement | Chirac II |
Prédécesseur | Pierre Joxe |
Successeur | Pierre Joxe |
Président du groupe RPR au Sénat | |
– (4 ans, 5 mois et 23 jours) |
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Prédécesseur | Roger Romani |
Successeur | Josselin de Rohan |
– (4 ans, 6 mois et 6 jours) |
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Prédécesseur | Marc Jacquet |
Successeur | Roger Romani |
Député français | |
– (4 ans, 8 mois et 21 jours) |
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Élection | 30 juin 1968 |
Circonscription | 4e des Hauts-de-Seine |
Législature | IVe (Cinquième République) |
Prédécesseur | Parfait Jans |
Successeur | Parfait Jans |
Conseiller général des Hauts-de-Seine | |
– (15 ans, 5 mois et 25 jours) |
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Circonscription | Canton de Neuilly-sur-Seine-Nord |
Prédécesseur | Nicolas Sarkozy |
Successeur | Nicolas Sarkozy |
– (5 ans, 11 mois et 28 jours) |
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Circonscription | Canton de Levallois-Perret-Sud |
Prédécesseur | Jacques Atlan |
Successeur | Parfait Jans |
Biographie | |
Nom de naissance | Charles Victor Pasqua |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Grasse (France) |
Date de décès | (à 88 ans) |
Lieu de décès | Suresnes (France) |
Nature du décès | Crise cardiaque |
Sépulture | Cimetière Sainte-Brigitte (Grasse, Alpes-Maritimes) |
Nationalité | Français |
Parti politique | RPF (1947-1955) UDR (1968-1976) RPR (1976-1999) RPF (1999-2004) UMP (2004-2015) |
Enfants | Pierre-Philippe Pasqua |
Profession | Directeur de société |
Résistant à l'âge de quinze ans, il est ensuite militant gaulliste dans le sud de la France et vice-président du Service d'action civique (SAC), une association controversée au service du général de Gaulle. En 1968, il s'implante politiquement dans les Hauts-de-Seine, où il devient député puis sénateur et président du conseil général.
Participant à la fondation du RPR, il est un conseiller influent de Jacques Chirac, dont il s'éloigne par la suite. Il est ministre de l'Intérieur lors des deux premiers gouvernements de cohabitation, de 1986 à 1988 et de 1993 à 1995. Son activité ministérielle est marquée par la répression des manifestations contre le projet de loi Devaquet, ses actions contre le terrorisme et les lois Pasqua-Debré sur l'immigration et la nationalité française.
Souverainiste, il milite pour le « non » au référendum de 1992 sur le traité de Maastricht et crée ensuite le Rassemblement pour la France (RPF), qui arrive en deuxième position aux élections européennes de 1999. Après avoir été député européen, il revient au Sénat, où il siège de 2004 à 2011 en tant qu'apparenté au groupe UMP.
Mis en cause dans plusieurs affaires politico-financières, il est relaxé à quatre reprises et condamné deux fois à de la prison avec sursis.
Situation personnelle
Origines familiales et vie privée
Charles Victor Pasqua est le petit-fils d'un berger corse de Casevecchie et le fils d'André Pasqua, policier à Grasse (Alpes-Maritimes), et de Françoise Rinaldi.
Il se marie en 1947 avec Jeanne Joly[1], une Québécoise rencontrée à Grasse avec qui il a un fils, Pierre-Philippe Pasqua (1948-2015). Jeanne Joly meurt en 2016[2].
Membre de la Résistance
À la suite de l'invasion de la zone libre par l'armée allemande en novembre 1942, Charles Pasqua, alors âgé de quinze ans, s'engage dans la Résistance sous le pseudonyme « Prairie », et rejoint les rangs de Combat[3]. Son père est quant à lui déjà impliqué dans cette lutte[4],[5].
Carrière professionnelle
Titulaire d'une licence en droit, il est embauché comme représentant par Paul Ricard en janvier 1952, grimpe les échelons et devient inspecteur des ventes en 1955, directeur régional en 1960, puis directeur général des ventes en 1962, et, enfin, directeur de l'exportation l'année suivante. Lorsqu'il quitte Ricard en 1967, il est alors numéro 2 du groupe[6]. Il avait alors été mis en demeure de quitter la société à la suite de la mauvaise gestion de son département ; la note des Renseignements généraux à son sujet affirme qu'il s'est « rendu coupable tant sur le plan contractuel que délictueux d'un véritable concert frauduleux d'actes caractérisés de concurrence déloyale »[7], ayant utilisé ses contacts pour fonder avec des transfuges de cette société la société Euralim (Europe Alimentation), installée à Levallois-Perret pour importer la boisson Americano Gancia.
Parcours politique
Débuts
En 1947, il rejoint le Rassemblement du peuple français (RPF), fondé par le général de Gaulle. Il participe aux activités de son service d'ordre dans le Sud de la France[8]. Il mobilise ses anciennes troupes du service d'ordre en mai 1958 à Marseille et participe ensuite à la fondation dans cette ville de l'Union pour la nouvelle République[9].
Selon une source, il est, avec Jacques Foccart, Achille Peretti et Étienne Léandri[10] l'un des créateurs, en 1959, du Service d'action civique (SAC), organisme de protection, « police privée » du gaullisme. Si l'historien du SAC François Audigier cite une interview de Pasqua en 1979 dans laquelle il se reconnaît comme l'un des fondateurs du SAC[11], ce-dernier le nie dans sa déposition donnée à la commission d'enquête parlementaire sur les activités du SAC créée à la suite de la Tuerie d'Auriol. Il y affirme avoir rallié le SAC en 1962 après la guerre d'Algérie, avoir été chargé de mission régional pour les Bouches-du-Rhône, le Var et les Alpes-Maritimes jusqu'à la fin de l'année 1964 ou au début de l'année 1965, lorsqu'il gagne la région parisienne. Il est ensuite désigné premier vice-président, de 1967 à sa démission à l'automne 1969, lorsque le SAC est réorganisé à la suite de l'élection de Pompidou à la présidence de la République[12].
Il se lance dans la vie publique en 1964, en créant la liste « Libre entreprise » à la chambre de commerce de Marseille.
Le , il est un des principaux organisateurs de la manifestation pro-gaulliste qui marque le basculement des « événements de mai »[13]. Le mois suivant, alors qu'il est vice-président du SAC, il est élu député lors du raz-de-marée gaulliste, à Clichy-Levallois, sous l'étiquette UDR.
Implantation locale
Membre des partis gaullistes à partir de 1947, il s'établit politiquement dans les Hauts-de-Seine. Député dans la 4e circonscription du département de 1968 à 1973, il siège au conseil général à partir de 1970 et en devient le président trois ans plus tard. Après ses défaites aux élections législatives de 1973 et aux cantonales de 1976 dans le canton de Levallois-Perret-Sud, lors desquelles il est à chaque fois battu par le maire communiste de Levallois-Perret, Parfait Jans, Charles Pasqua se présente dans la ville de Neuilly-sur-Seine.
Il est élu pour la première fois sénateur dans les Hauts-de-Seine aux élections sénatoriales de 1977. En 1983, conseiller municipal de Neuilly-sur-Seine, il est pressenti pour succéder à Achille Peretti, décédé d'un arrêt cardiaque. Il est devancé par Nicolas Sarkozy, dont il avait été témoin de mariage avec Marie-Dominique Culioli quelques mois plus tôt[13]. Sur les conseils de Bernard Pons, Jacques Chirac renonce à le soutenir.
Président du groupe RPR au Sénat à partir de 1981, il abandonne son mandat sénatorial le , lorsqu'il entre au gouvernement Jacques Chirac II.
Homme de réseau
Homme de réseau redouté[14], Charles Pasqua contribue à l'ascension politique de Jacques Chirac. Après l'avoir aidé à prendre la main sur le mouvement gaulliste, l'UDR, il travaille avec Marie-France Garaud et Pierre Juillet à la fondation du RPR, dont il devient secrétaire général adjoint. Il organise la campagne de Jacques Chirac pour l'élection présidentielle de 1981. Dans l'entre-deux tours, il contribue à la défaite du président de la République sortant, Valéry Giscard d'Estaing, en appelant les adhérents RPR à voter contre lui, favorisant ainsi la victoire du candidat socialiste, François Mitterrand[13],[15].
Ministre de l'Intérieur
Charles Pasqua est nommé ministre de l'Intérieur dans le premier gouvernement de cohabitation, lorsque Jacques Chirac est Premier ministre de François Mitterrand, de 1986 à 1988[13]. Alors que Mitterrand s'oppose à quatre des nominations, dont la sienne, Chirac cède sur les trois autres mais maintient Pasqua à ce poste[16]. À cette fonction, Charles Pasqua est l'auteur de la loi portant son nom, rendant plus difficile le séjour des étrangers en France, et de la loi du 24 novembre 1986 sur le découpage électoral, dénoncé comme déséquilibré par les socialistes. Il est en fonction durant les manifestations étudiantes contre la loi Devaquet, qui voient la mort de Malik Oussekine le [13]. Il préside à l'arrestation du groupe terroriste Action directe. La gauche lui reproche sa politique sécuritaire, tandis qu'il séduit les militants gaullistes[13].
Dans un entretien accordé dans Valeurs actuelles entre les deux tours de l'élection présidentielle de 1988, alors que Jean-Marie Le Pen a obtenu 14,4 % de voix au premier tour, Charles Pasqua préconise une alliance avec l'extrême droite, déclarant que « le FN se réclame des mêmes préoccupations, des mêmes valeurs que la majorité »[17].
Après son passage au gouvernement, il redevient sénateur le , à la suite de la démission d'Émile Tricon. À nouveau président du groupe gaulliste, il reste membre de la Haute assemblée jusqu'au . En octobre 1988, il dépose pour la seconde fois avec plusieurs autres sénateurs une proposition de loi « relative au rétablissement de la peine de mort ainsi que pour la protection des fonctionnaires de sécurité et de justice » (la première fut déposée en avril 1984).
De 1993 à 1995, il est ministre d'État, ministre de l'Intérieur et de l'Aménagement du territoire, dans le gouvernement Édouard Balladur, alors Premier ministre de François Mitterrand. La réforme du code de la nationalité française, dite « réforme Pasqua », est votée par le Parlement. En 1994, il doit faire face aux manifestations étudiantes contre le contrat d'insertion professionnelle (CIP), qui sont marquées par des affrontements violents entre la police et des groupes de jeunes[18]. Le 4 octobre 1994, il est confronté à une sanglante fusillade en plein Paris qui fait trois morts parmi les forces de l'ordre. Elle est perpétrée par deux étudiants Florence Rey et Audry Maupin qui sont présentés comme ayant participé activement à la mobilisation contre le CIP et que l'on dit proches des milieux anarchistes. À la suite de ce drame, Charles Pasqua se déclare une nouvelle fois « personnellement en faveur » du retour de la peine de mort pour « les assassins les plus sordides, ceux qui attaquent les personnes âgées sans défense, ceux qui violent ou qui tuent des enfants, ceux qui assassinent des responsables des forces de l'ordre[19] ».
C'est dans ce contexte tendu qu'il défend, à l'automne 1994, un projet de loi « d'orientation et de programmation relative à la sécurité » qui vise à harmoniser l'action des services de police, de douane et de gendarmerie ainsi qu'à augmenter leurs moyens d'actions. Parmi les dispositions qu'il prévoit pour maintenir l'ordre public figurent le renforcement des mesures de contrôle et de fouille en marge des manifestations et l'autorisation de la vidéosurveillance[20]. Ce projet de loi qui suscite de vives controverses avec l'opposition socialiste est finalement adopté en janvier 1995[21]. En 1995, il introduit l'obligation de visa pour les Comoriens et procède à des régulations géographiques [Quoi ?] qui se traduiront par des déplacements forcés de Comoriens hors de l'île de Mayotte. Il favorise la police de proximité, censée être au plus près de la réalité du terrain.
Il préside à l'arrestation du terroriste Carlos en 1994, ainsi qu'à la neutralisation, en décembre 1994, sur l'aéroport de Marseille, du commando du GIA qui avait détourné un Airbus parti d'Alger. En février 1995, il révèle publiquement les opérations d'espionnage économique menées en France par la CIA, et fait expulser le chef de poste de la CIA, Richard L. Holm, ainsi que plusieurs autres agents sous couverture diplomatique.
Pour l'aménagement du territoire, il fait voter en 1995 la « loi Pasqua », qui introduit la notion de pays dans le cadre du développement territorial[22].
Charles Pasqua est également connu pour deux déclarations qui sont souvent citées pour résumer son action politique : « il faut terroriser les terroristes » et « la démocratie s'arrête là où commence l'intérêt de l'État »[23].
Il surprend en soutenant Édouard Balladur, jugé plus libéral et européen que Jacques Chirac, lors de l'élection présidentielle de 1995[13]. Jacques Chirac devance finalement Édouard Balladur au premier tour, puis est élu président de la République. Quelques mois plus tard, Charles Pasqua est promu, par le nouveau président, officier de l'ordre national de la Légion d'honneur[24].
Figure du souverainisme
En 1990, lors des assises nationales du RPR, il présente, avec Philippe Séguin, une motion souverainiste, contre la motion Chirac-Juppé. Pour faire pencher les militants en sa faveur, Jacques Chirac a mis sa démission en jeu, et a repris les thématiques de la motion Pasqua-Séguin. Finalement, il obtient 68 % des suffrages, contre 31,9 % à Pasqua et Séguin. À partir de cela les relations ne seront plus jamais les mêmes entre Charles Pasqua et Jacques Chirac. Ce dernier dira dans une émission de télévision « Pasqua était un ami ».
Il crée son propre mouvement, Demain la France, en 1991. Il se prononce pour le « non » au référendum de 1992 sur le traité de Maastricht[13]. En compagnie de Philippe Séguin et de Philippe de Villiers, il dit souhaiter préserver « l'indépendance de la France face à l'ingérence future des institutions européennes ».
En 1992, Charles Pasqua présente sa candidature à la présidence du Sénat, qu'il convoite depuis plusieurs années. En 1989, conscient de son côté clivant, il avait préféré pousser à une huitième candidature d’Alain Poher, âgé de 80 ans et malade, afin de conserver pendant trois ans l’influence gaulliste au « plateau » plutôt que de voir l’élection d'un autre centriste ; le président sortant avait alors été réélu mais avec difficulté[25]. Le , à l'issue du premier tour de scrutin, Charles Pasqua recueille 102 voix, devant le socialiste Claude Estier (72 voix) mais derrière le centriste René Monory, qui l'a devancé de 23 suffrages. Finalement, le président du groupe RPR se retire pour favoriser l'élection de Monory[13]. Ses prises de position contre Maastricht l’ont sûrement desservi au sein même de son camp.
Lors des élections européennes de 1999, Charles Pasqua présente face à la liste RPR menée par Nicolas Sarkozy une liste souverainiste commune avec Philippe de Villiers. Avec 13,05 % des voix, cette alliance arrive deuxième, derrière celle du PS, menée par François Hollande, entrainant la démission de Nicolas Sarkozy de la tête du RPR[13]. Député au Parlement européen, Charles Pasqua est président du groupe Union pour l'Europe des nations durant toute la législature.
Charles Pasqua fonde avec Philippe de Villiers le Rassemblement pour la France (RPF). Tous deux prennent position pour le « non » au référendum sur le quinquennat présidentiel[26]. La mésentente s'installe néanmoins peu à peu entre les deux hommes, jusqu'à leur séparation politique définitive, en 2000.
C'est au nom du gaullisme qu'il soutient en 1983 une proposition de loi sénatoriale en faveur de l'élargissement du référendum de l'article 3 de la Constitution à un référendum d'initiative populaire sur tous sujets, mais avec contrôle par le Conseil constitutionnel et examen par le Parlement[27].
Dernières années
Son soutien à Édouard Balladur lors de l'élection présidentielle de 1995 marque un coup d'arrêt à son ascension politique[13]. Il est réélu sénateur dans les Hauts-de-Seine le 24 septembre 1995, et quitte ce mandat après son élection au Parlement européen, quatre ans plus tard.
Charles Pasqua annonce sa candidature à l'élection présidentielle en [28]. Crédité de 1 % à 7 % d'intentions de vote, il ne parvient pas à réunir les 500 signatures nécessaires à sa candidature, et accuse l'entourage de Jacques Chirac de l'avoir empêché de se présenter en l'impliquant dans plusieurs affaires[29].
De nouveau président du conseil général des Hauts-de-Seine de 1988 à 2004, il crée notamment le Pôle d'enseignement supérieur Léonard-de-Vinci, surnommé « fac Pasqua ». Nicolas Sarkozy lui succède à la suite des élections cantonales de 2004[13]. Après la fin de son mandat européen, il est réélu sénateur le 26 septembre 2004, à la tête d'une liste divers droite[13], et siège comme apparenté au groupe UMP. Il ne se représente pas au scrutin sénatorial de 2011 et quitte la vie politique active. Dans ses dernières prises de position, il s'oppose au rapprochement entre l'UMP et les centristes[30] et, pour lutter contre les filières djihadistes des prisons, suggère d'envoyer les détenus islamistes sur une île[31]. Il fait sa dernière apparition publique lors du congrès fondateur des Républicains, en mai 2015[32].
Charles Pasqua meurt le à l'hôpital Foch de Suresnes, des suites d'un accident cardiaque[33]. Une messe est célébrée le suivant par Mgr Luc Ravel, en la cathédrale Saint-Louis-des-Invalides, en présence de nombreux hommes politiques[34],[35]. Ses obsèques sont célébrées le en la cathédrale Notre-Dame-du-Puy de Grasse, par Mgr André Marceau. Son éloge funèbre est prononcé par l’ancien président Nicolas Sarkozy. Il est ensuite inhumé dans le caveau familial, au cimetière Sainte-Brigitte de Grasse[36],[37].
Détail des mandats et fonctions
Au gouvernement
- – : ministre de l'Intérieur du gouvernement Jacques Chirac II.
- – : ministre d'État, ministre de l'Intérieur et de l'Aménagement du territoire du gouvernement Édouard Balladur.
À l'Assemblée nationale
- – : député de la 4e circonscription des Hauts-de-Seine (UDR).
Au Sénat
- – ; – ; – : sénateur des Hauts-de-Seine (RPR).
- [38] – ; – : président du groupe RPR au Sénat.
- – : sénateur des Hauts-de-Seine (apparenté UMP).
Au Parlement européen
- – : député européen, président du groupe Union pour l'Europe des nations (UEN) au Parlement européen.
Au niveau local
- Conseiller général des Hauts-de-Seine, élu dans le canton de Levallois-Perret Sud de 1970 à 1976, puis dans le canton de Neuilly-sur-Seine-Nord de 1988 à 2004.
- 1973-1976 ; 1988-2004 : président du conseil général des Hauts-de-Seine.
- 1983-2001 : conseiller municipal de Neuilly-sur-Seine.
Au sein de partis politiques
- 1947 : fondateur de la section Rassemblement du peuple français (RPF) des Alpes-Maritimes.
- 1959 : cofondateur du Service d'action civique (SAC).
- Secrétaire général adjoint de l’Union pour la défense de la République (UDR).
- Cofondateur du RPR ; chargé de l'animation (1976), puis conseiller à l'organisation (jusqu'en 1979).
- Membre du bureau politique du RPR ; conseiller du président, chargé de la réforme des statuts (1997) ; conseiller politique du président du RPR, fonction abandonnée pour marquer sa divergence avec la position du RPR sur la révision constitutionnelle liée au traité d'Amsterdam (1997-1998).
- Cofondateur et président du Rassemblement pour la France (RPF).
- Membre du bureau politique de l'UMP.
Affaires politico-financières
Charles Pasqua est mis en cause dans plusieurs affaires politico-financières dans les années 2000. Il a été relaxé dans quatre d'entre elles et condamné à de la prison avec sursis deux fois.
Affaire du siège de GEC-Alsthom Transport
Le , cette affaire est renvoyée devant la Cour de justice de la République[39]. Le , Charles Pasqua est relaxé des accusations de « complicité et recel d'abus de biens sociaux »[40].
Affaire de la Sofremi
Dans l'affaire de la Sofremi, le juge d'instruction Philippe Courroye s'est dessaisi au profit de la Cour de justice de la République (CJR)[39]. Le , l'avocat général requiert quatre ans de prison dont deux avec sursis assortis d'une peine d'inéligibilité à l'encontre de Charles Pasqua, précisant que « ce grand ministre n'a pu résister à l'opportunité de favoriser ceux qui lui étaient chers ». Il indique néanmoins qu'il n'a montré « aucune âpreté personnelle au gain, ni aucune volonté d'enrichissement crapuleux »[41]. Le lendemain, il est condamné à une année de prison avec sursis[40].
Affaire du casino d'Annemasse
La justice lui reproche d'avoir bénéficié de 7,5 millions de francs (1,1 million d'euros) pour sa campagne électorale européenne de 1999, issus de la vente du casino d'Annemasse, dont il avait autorisé l'exploitation en 1994, en tant que ministre de tutelle. Son pourvoi en cassation ayant été rejeté en , Charles Pasqua est condamné à 18 mois de prison avec sursis dans l'affaire du casino d'Annemasse, pour « faux, financement illégal de campagne et abus de confiance »[42]. Il s'agit de sa première condamnation définitive[43]. Renvoyé dans ce même dossier devant la Cour de justice de la République (CJR), Charles Pasqua est relaxé des accusations de « corruption passive par une personne dépositaire de l'autorité publique » le [40].
Volet français de l'affaire pétrole contre nourriture
Selon un rapport de synthèse du 5 avril 2006 de la brigade de répression de la délinquance économique (BRDE), Charles Pasqua aurait bénéficié « d'environ 12 millions de barils »[44] dans le cadre de trois contrats signés en 1999, correspondant aux phases 6, 7 et 8 du programme « Pétrole contre nourriture », qui en comptait treize. En 2011, Charles Pasqua est renvoyé devant le tribunal correctionnel de Paris pour corruption et trafic d'influence[45]. Le , tous les prévenus, dont Charles Pasqua, sont relaxés par le tribunal correctionnel de Paris[46].
Affaire de la Fondation Hamon
Le , le tribunal correctionnel de Versailles condamne Charles Pasqua à deux ans de prison avec sursis, à une amende de 150 000 euros et à deux ans d'inéligibilité. Ce jugement n'a jamais été définitif, Charles Pasqua étant décédé avant que la décision en appel ne soit rendue[47]. Le , la cour d'appel de Versailles prononce la relaxe d'André Santini, et à cette occasion, le président de la cour précise que Charles Pasqua « aurait été relaxé »[48].
Affaire des ventes d'armes à l'Angola
Le , la cour d'appel de Paris le relaxe des chefs de trafic d'influence passif et de recel d'abus de biens sociaux[49],[50].
Affaire Robert Boulin
Dans le téléfilm Crime d'État, diffusé sur France 3 le , Charles Pasqua est présenté comme un des commanditaires de l'assassinat du ministre Robert Boulin. La version officielle étant une mort par suicide, ce téléfilm historique présente sous forme de fiction la thèse d'un assassinat politique orchestré pour défendre les intérêts du RPR[51].
« Théorème de Pasqua »
Des nombreux démêlés politico-judiciaires dans lesquels Charles Pasqua a été impliqué est né le Théorème de Pasqua qui tiendrait son origine de l'une de ses citations, probablement apocryphe, selon laquelle « Quand on est emmerdé par une affaire, il faut susciter une affaire dans l’affaire, et si nécessaire une autre affaire dans l’affaire de l’affaire, jusqu’à ce que personne n’y comprenne plus rien »[52],[53].
Distinctions et hommages
- Médaille commémorative des services volontaires dans la France libre.
- Officier de la Légion d'honneur (décoré le 15 septembre 1995 par le président de la République Jacques Chirac[24])
- Grand Officier de l'ordre du Mono du Togo.
- En 2016, une place est inaugurée en son nom au Plessis-Robinson et un quai à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine)[54].
- En 2018, l'ancien président Nicolas Sarkozy inaugure une rue Charles-Pasqua à Nice[55]. En 2020, le même inaugure un square Charles-Pasqua à Grasse[56].
Ouvrages
- La Libre Entreprise : un état d'esprit, 1964.
- L'Ardeur nouvelle, Paris, Albin Michel, 1985, 224 p. (ISBN 2-226-02491-3).
- Que demande le peuple, Paris, Albin Michel, coll. « Lettre ouverte », 1992, 225 p. (ISBN 2-226-05939-3). Rééd. : Le Livre de poche no 9689, 1993, 179 p. (ISBN 2-253-06569-2).
- Demain la France, t. 1 : la priorité sociale, en collaboration avec Philippe Séguin, Paris, Albin Michel, 1992, 153 p. (ISBN 2-226-06196-7).
- Demain la France, t. 2 : la reconquête du territoire, en collaboration avec Philippe Séguin, Paris, Albin Michel, 1993, 236 p. (ISBN 978-2-226-06393-9).
- Tous pour la France, Paris, Albin Michel, 1999, 246 p. (ISBN 2-226-10886-6).
- Non à la décadence, Paris, Albin Michel, 2001, 187 p. (ISBN 2-226-13095-0).
- Ce que je sais… t. 1 : les atrides (1974-1988), Paris, Éd. du Seuil, 2007, 300 p. (ISBN 978-2-02-096191-2).
- Ce que je sais… t. 2, un magnifique désastre (1988-1995), Paris, Éd. du Seuil, 2008, 304 p. (ISBN 978-2-02-096752-5).
- Petit Manuel de survie pour la droite : les primaires à la française, avec la collaboration de Pierre Monzani, Paris, Fayard, 2015, 150 p. (ISBN 978-2-213-68739-1).
Notes et références
Notes
- Sous le gouvernement Chirac II, il est seulement ministre de l'Intérieur.
- Prononciation en français de France retranscrite selon la norme API.
Références
- Jeanne Joly selon le Who's Who in France 1985-1986, page 1126 (lire en ligne).
- « Charles Pasqua : Mort de son épouse Jeanne, un an après leur fils et lui », sur purepeople.com, .
- Pellissier 1987, p. 199.
- Pellissier 1987, p. 69.
- Association historique du pays de Grasse, Devoir de mémoire : l'Occupation, la Résistance et la Libération à Grasse et en pays de Grasse : actes du colloque du 27 novembre 2007, Grasse, Tout autour des cultures-Motifs des régions, , 255 p. (ISBN 978-2-916723-14-3), p. 22 & 139.
- « Saga Ricard - “Il était très en avance sur son temps”, Charles Pasqua », France-Soir, 28 juin 2009.
- Beau, Nicolas., Dans l'oeil des RG, Paris, Robert Laffont, 245 p. (ISBN 978-2-221-22081-8 et 2-221-22081-1, OCLC 1125270238, lire en ligne)
- François Audigier, Histoire du SAC. Service d'action civique. La part d'ombre du gaullisme , Stock, 2003, p. 46
- Ibidem, p. 64
- Grégory Auda, Bandits corses : des bandits d'honneur au grand banditisme, Paris, Editions Michalon, , 391 p. (ISBN 2-84186-237-2), p. 235.
- François Audigier, op. cit., p. 66
- Rapport de la Commission d'enquête sur les activités du Service d'action civique. Tome 2, Audition de Ch. Pasqua, 4 avril 1982, F. Audigier, op. cit., p. 107-109
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« Pasqua a réussi ainsi à se faire élire, le 13 octobre 1981, président du groupe RPR du Sénat. Quelle revanche pour ce fils de gardien de la paix ! Le voilà enfin notable. Du hall de marbre à la galerie des bustes, où il avance à pas lents sur l’épaisse moquette pourpre, les huissiers s’inclinent sur son passage et les sénateurs lui donnent du “Cher président”. »
- « Charles Pasqua renvoyé devant la Cour de justice de la République », Le Nouvel Observateur, 17 juillet 2009.
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- « Angolagate : la cour d'appel de Paris relaxe Charles Pasqua », Le Monde, 29 avril 2011.
- « Angolagate : Charles Pasqua relaxé en appel », NouvelObs.com, mis en ligne le 29 avril 2011.
- « Affaire Boulin : le téléfilm qui accuse le système RPR », Sud Ouest, 7 janvier 2013.
- « Quand on est emmerdé par une affaire, il faut susciter une affaire dans l’affaire...»: Charles Pasqua a-t-il vraiment dit ça? », Slate, 10 juillet 2014.
- « "L'affaire dans l’affaire": qu'est-ce que le théorème de Pasqua? », BFM TV, 24 mars 2017.
- « Bientôt un quai Charles-Pasqua à Levallois-Perret », leparisien.fr, 13 juin 2016.
- « Nice : Nicolas Sarkozy inaugurera les rues Pasqua et Seguin, "un hommage déplacé pour Anticor" », 20minutes.fr, 24 octobre 2018.
- « Le square Charles-Pasqua inauguré à Grasse en présence de Nicolas Sarkozy », sur Nice Matin, (consulté le ).
Voir aussi
Bibliographie
- Pierre Pellissier, Charles Pasqua, J.C. Lattès, , 311 p.
- Philippe Boggio et Alain Rollat, Ce terrible monsieur Pasqua, Orban, 1988.
- Jean-Charles Brisard et Géraud Durand, Charles Pasqua : une force peu tranquille, Paris, Grancher, 1994, 238 p. (ISBN 2-7339-0470-1).
- Tu parles, Charles, Les Dossiers du Canard enchaîné, 1994.
- Sami Naïr, Lettre à Charles Pasqua de la part de ceux qui ne sont pas bien nés, Paris, Seuil, coll. « L'Histoire immédiate », 1994, 112 p. (ISBN 2-02-022475-5).
- Thierry Meyssan, L'Énigme Pasqua, Golias, 2000 (ISBN 2911453883).
- Daniel Carton, La Deuxième Vie de Charles Pasqua, Paris, Flammarion, 2001, 218 p. (ISBN 2-08-067044-1).
- Nicolas Beau, La Maison Pasqua, Paris, Plon, janvier 2002, 240 p. (ISBN 978-2-259-19521-8).
Dans la fiction
- 2006 : L'Ivresse du pouvoir, film franco-allemand réalisé par Claude Chabrol.
- 2013 : La Rupture, téléfilm de Laurent Heynemann, joué par Philippe Uchan.
- 2013 : Crime d'État, téléfilm de Pierre Aknine, joué par Philippe Jobert.
- 2014 : La Loi, le combat d'une femme pour toutes les femmes, téléfilm de Christian Faure, joué par Philippe Uchan.
Articles connexes
Liens externes
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