Gabriel Jeantet

Gabriel Jeantet est publiciste et un militant français d'extrême droite né le à Pomponne (Seine-et-Marne) et mort le à Villejuif[1] (Val-de-Marne).

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Biographie

Photographie de Gabriel Jeantet publiée dans le journal Ce soir dans le cadre de l'enquête sur la Cagoule ().

Il nait le [2] dans une famille royaliste et nationaliste. Son père, Félix Jeantet est un journaliste, critique d'art et proche de l'Action française et des Camelots du roi. Gabriel Jeantet collabore avec son frère Claude, à L'Étudiant français, journal de la Fédération nationale des étudiants d'Action française[3]. Il devient le délégué général des lycéens et collégiens de cette fédération[4]. En décembre 1928, Jeantet est interné à la prison de la Santé à la suite de son inculpation pour violences et voies de fait commises au ministère de l'Agriculture[5].

Gabriel Jeantet rejoint ensuite la Cagoule, créée en 1936 par Eugène Deloncle. Le rapport Béteille le tient pour l'un des principaux assassins et trafiquants d'arme de l'organisation[réf. nécessaire]. Le complot éventé, il s'enfuit afin d'échapper aux recherches policières[6],[7]. Il revient en France depuis l'Italie et se présente au bureau de recrutement de Lons le Saunier en septembre 1939. Il est arrêté en novembre et incarcéré. Édouard Daladier intervient en demandant sa libération à son ministre Sarraut, au motif que « Jeantet est en relation avec les services techniques de mon ministère (la défense nationale) et en raison des services rendus »[8].

En 1940, il revient en France et combat dans la 4e division cuirassé du colonel de Gaulle. Après la défaite, il est chargé de mission au cabinet civil du maréchal Pétain, et il crée et dirige le mensuel France, revue de l’État nouveau[9],[10] et anime l'Amicale de France, dont il est secrétaire général, une organisation de propagande maréchaliste. Avec Simon Arbellot, il est l’un des « parrains » de François Mitterrand pour l’obtention de la Francisque en 1943[11],[9].

Anti-allemand, Gabriel Jeantet prend contact en décembre 1943 avec l’entourage de l’amiral Canaris en vue de fomenter un complot contre Hitler et de négocier la paix avec les Alliés. Les tractations prennent fin en février 1944, et Gabriel Jeantet est déporté en juillet, d'abord à Bad Godesberg (le camp « Winzerstube » était administrativement un satellite de Buchenwald), puis au château d'Eisenberg en Bohême[12].

Revenu d'Allemagne à la Libération, il est interné à la prison de Fresnes. Il sera jugé et frappé d'indignité nationale pour une période de 25 ans[9].

Il quitte la scène politique pour diriger la collection « histoire contemporaine » des éditions de la Table ronde jusqu'aux années 1970, où il est aperçu dans une réunion publique d'Ordre nouveau en mai 1970, avant d'intégrer son bureau politique. Lors de la création du Front national par Jean-Marie Le Pen en 1972, il devient membre de son conseil national[9]. Il adhérera ensuite au Parti des forces nouvelles.

Il projette initialement de rédiger des mémoires évocatrices de son passé cagoulard mais l'ouvrage ne voit pas le jour. D'après le journaliste Philippe Bourdrel, Gabriel Jeantet se suicide « dans des conditions particulièrement atroces[13] » le à Villejuif[1].

Il est le père du journaliste Pierre Jeantet (né en 1947).

Publications

  • Année 40, essai, La Table Ronde, 1965 (avec Jacques Laurent).
  • Pétain contre Hitler, La Table Ronde, 1966.

Notes et références

  1. Archives de Seine-et-Marne, commune de Pomponne, acte de naissance no 5, année 1906 (vues 64 et 65 /197) (avec mention marginale de décès)
  2. « Gabriel Jeantet (1906-1978) - Auteur - Ressources de la Bibliothèque nationale de France », sur data.bnf.fr (consulté le ).
  3. L'Étudiant français : organe mensuel de la Fédération nationale des étudiants d'Action française, , 6e année, no 13, p. 4, [lire en ligne].
  4. L'Étudiant français : organe mensuel de la Fédération nationale des étudiants d'Action française, , 8e année, no 2, p. 2, [lire en ligne].
  5. Le Petit Parisien, dimanche , 53e année, no 18926, p. 2, [lire en ligne].
  6. Ce soir : grand quotidien d'information indépendant, jeudi , 1re année, no 268, p. 3, [lire en ligne].
  7. Le Matin, lundi , 54e année, no 19610, p. 1, [lire en ligne].
  8. Lettre du président du Conseil à Sarraut ministre de l'intérieur Paris 15 décembre 1939; citée dans Charles Dumas "La France trahie et livrée" Gallimard Paris 1945
  9. Edwy Plenel, Le journaliste et le Président, Stock, , 790 p..
  10. « France, revue de l’État nouveau », Candide, , P.4 (lire en ligne)
  11. Eric Dupin, « Une vie de pouvoir. », Libération, (lire en ligne, consulté le )
  12. Fondation pour la mémoire de la déportation, Banque de données multimédia, I.264
  13. Bourdrel 2009, p. ???, n. 22.

Annexes

Bibliographie

  • Christian Bernadac (éd.), Les Carnets secrets de la Cagoule : Dagore, Paris, Éditions France-Empire, , 609 p. (présentation en ligne).
  • Philippe Bourdrel, La Cagoule : histoire d'une société secrète du Front populaire à la Ve République, Paris, Albin Michel, (1re éd. 1970), 404 p. (ISBN 2-226-06121-5).
  • Philippe Bourdrel, Les Cagoulards dans la guerre, Paris, Albin Michel, , 282 p. (ISBN 978-2-226-19325-4).
  • Frédéric Freigneaux, Histoire d'un mouvement terroriste de l’entre-deux-guerres, La Cagoule, mémoire maîtrise, Université Toulouse 2, Le Mirail, 1991, 2 tomes, 435 p.
  • Frédéric Freigneaux, « La Cagoule : enquête sur une conspiration d'extrême droite », L'Histoire, no 159, , p. 6-17.
  • Bénédicte Vergez-Chaignon, Les Vichysto-résistants : De 1940 à nos jours, Paris, Perrin, , 775 p. (ISBN 978-2-262-01993-8).
    Édition revue et augmentée : Bénédicte Vergez-Chaignon, Les Vichysto-résistants, Paris, Perrin, coll. « Tempus » (no 655), , 910 p., poche (ISBN 978-2-262-06662-8).

Liens externes

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