Thérèse Humbert

Thérèse Humbert, née Marie-Thérèse Daurignac le à Aussonne (Haute-Garonne)[1] et morte peut-être en 1918 à Chicago, est une aventurière française.

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Son nom est associé à l'affaire Humbert, ou affaire de l’« héritage Crawford », qui secoue le monde politique et financier à la fin du XIXe siècle.

Biographie

Thérèse Daurignac naît d'une famille paysanne à Aussonne. Adolescente, elle montre un goût pour le subterfuge, persuadant notamment ses amies de mettre en commun leurs bijoux afin de faire croire à leurs prétendants qu'elles étaient riches. Thérèse parvient à épouser en 1878 à Beauzelle Frédéric Humbert, fils de Gustave Humbert, maire de Toulouse qui deviendra ministre de la Justice dans le deuxième gouvernement de Charles de Freycinet en 1882.

Montage de l'escroquerie

En 1879, elle prétend avoir reçu de Robert Henry Crawford, millionnaire américain, une partie de son héritage parce qu'elle lui avait porté secours dans un train, alors qu'il était victime d'une crise cardiaque. Pour apporter du crédit à ses prétentions, elle monte un vrai procès, avec de faux adversaires, les « neveux » de Crawford, qui lui « disputent » son héritage ; puis elle signe avec lesdits « neveux », qui sont en réalité ses frères, une « convention » pour partager l'héritage, qu'ils ne respectent pas ; elle engage alors un procès contre les « neveux », qu'elle gagne et utilise les jugements successifs, jusqu'à la Cour de cassation, pour prouver l'existence de cet « héritage ». Frédéric Humbert, avocat, défend l'opération très habilement. Dès lors, les Humbert obtiennent d'énormes prêts en utilisant le supposé héritage comme garantie. Ils emménagent à Paris, avenue de la Grande-Armée. Ils achètent le château des Vives-Eaux à Vosves (Dammarie-les-Lys). Quand les prêteurs se montrent pressants d'être remboursés, ils empruntent à de nouvelles personnes qu'ils abusent tout autant (cavalerie)[Quoi ?]. Cette escroquerie dure une vingtaine d'années jusqu'à ce qu'un juge, pressé par un créancier, se décide à faire ouvrir le coffre-fort où sont censés se trouver les documents prouvant l'héritage, pour les placer sous séquestre. Le coffre ne contient qu'une brique et une pièce d'un penny.

Les Humbert ont déjà fui le pays, mais ils sont arrêtés à Madrid en décembre 1902. Thérèse Humbert, qui a notamment comme défenseur Fernand Labori, est jugée et condamnée à cinq ans de travaux forcés, tout comme son mari Frédéric. Ses deux frères, qui s'étaient déguisés en tant que neveux Crawford, sont condamnés à deux et trois ans chacun. Ces peines sont jugées alors clémentes comparativement aux sommes en jeu[2].

À sa libération de prison, elle aurait émigré aux États-Unis et serait morte à Chicago en 1918. Il semble qu'elle ait été enterrée à Viroflay[3].

Le journal satirique L'Assiette au beurre a consacré un numéro entier au procès des Humbert[4].

Incertitudes sur la fin de sa vie

Certaines sources remettent en cause la réalité de son départ et sa mort aux États-Unis. Dans le journal hebdomadaire Détective du , un article décrit l'histoire de l'escroquerie à la suite du décès de Romain Daurignac. Le titre de l'article est « Vingt ans d'illusionnisme ». L'article est signé par Jean France, qui dit avoir eu à s'occuper de l'affaire Thérèse Humbert pour le compte de la Sûreté générale, et être parti à Madrid chercher les Humbert et les ramener à Paris pour leur procès.

L'article indique que « Thérèse Humbert vit toujours, petitement, à Paris. Elle a perdu sa miraculeuse vitalité. Quels revers lui a laissés le passé d'or ? C'est une vieille femme assez humble, qui ne parle jamais. » Cet article est accompagné de deux photos. La première montre les portes d'entrée d'une maison à Paris et en dessous on lit : « Ici, boulevard des Batignolles, demeure aujourd'hui celle qui fut « la Grande Thérèse ». ». En dessous de la deuxième photo, on lit : « Derrière ces fenêtres aux rideaux blancs, Thérèse Humbert médite sur son passé... ».

Dans la culture

Notes et références

  1. Acte de naissance n° 25 (vue 46/161). Archives départementales de Haute-Garonne en ligne, état-civil d'Aussonne, registres NMD de 1853-1862.
  2. Pierre Bellemare, « Histoires vraies : Le coffre de Thérèse Humbert 7e partie et fin », sur infosoir.com (consulté le )
  3. « VIROFLAY (78) : cimetière », sur Cimetières de France et d'ailleurs (consulté le )
  4. L'Assiette au beurre, 8 août 1903, no 123

Annexes

Bibliographie

  • Maurice Leblanc, « Le coffre-fort de madame Imbert », nouvelle de 1906 reproduite dans Arsène Lupin gentleman cambrioleur (1907). Thérèse Humbert y apparaît sous les traits de « Gervaise Imbert » ; elle réussit à rouler le jeune Arsène Lupin, qu'elle fait en outre passer (à son insu) pour un Crawford (rebaptisé Brawford).
  • Paul Guimard, Le Roman vrai de la Troisième République : prélude à la Belle Époque, sous la direction de Gilbert Guilleminaut, 1956, p. 293-328.
  • Hilary Spurling, La Grande Thérèse : la plus grande escroquerie du siècle (trad. de l'anglais par Pierre-Julien Brunet), Allia, Paris, 2003
  • Jean-François Miniac, Affaires d'État, affaires privées, les très riches heures de la République, La Crèche, Métive, 296 p. (ISBN 978-2-37109-006-4), chapitre III, Métive, .
  • Bernard Michal (dir.) et Lucien Viéville, Les Grandes Énigmes de la Belle Époque, vol. 1, Éditions de Saint-Clair, , « Le fabuleux héritage de la grande Thérèse »
  • Frédéric Chauvaud, « « Les millions et les picaillons » de la « Grande Thérèse » (1878-1903) », dans Impossibles victimes, impossibles coupables : les femmes devant la justice (XIXe-XXe siècles), Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », (ISBN 978-2-7535-6671-2, lire en ligne), p. 213–228

Filmographie

Articles connexes

  • Anna Delvey a imité l'escroquerie de Thérèse Humbert, dans les années 2010.

Liens externes

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