Michel Sardou
Michel Sardou [miʃɛl saʁdu][N 1] est un chanteur et comédien français, né le à Paris.
Pour les articles homonymes, voir Sardou.
Fils des comédiens Fernand et Jackie Sardou, et petit-fils de Valentin Sardou, Michel Sardou est le descendant d'une tradition familiale dans le monde du spectacle depuis le milieu du XIXe siècle. Auteur ou co-auteur de nombreux succès, il figure parmi les chanteurs français les plus populaires.
Après des débuts difficiles chez Barclay Records, il connaît un début de notoriété, en 1967, avec Les Ricains, d'autant que la censure qui frappe la chanson attire l'attention sur lui. Ce n'est cependant qu'au début des années 1970 que sa carrière connaît un véritable second départ. Il enchaîne alors les succès et devient en quelques années l'un des artistes les plus appréciés du public. Si à partir des années 1990, les tubes se font moins nombreux, sa popularité demeure intacte et il établit souvent des records de fréquentation lors de ses tournées et concerts parisiens. Depuis la fin des années 2000, il accorde une place de plus en plus importante à ses activités de comédien de théâtre.
Bien qu'il récuse le terme de « chanteur engagé », les nombreux regards qu'il lance sur la société ont divisé la classe médiatique et les commentateurs à de multiples reprises, déclenchant plusieurs controverses dans les années 1970 et s'attirant les foudres de nombreuses associations, notamment du Mouvement de libération des femmes. Toutefois, ces polémiques n'ont jamais affecté son succès auprès du public.
Michel Sardou a enregistré, en cinquante cinq ans de carrière, 26 albums studio et 18 albums live, réunissant un total de plus de 350 chansons, et reçu cinq Victoires de la musique. Il a vendu plus de 100 millions de disques[1],[2],[3], ce qui le classe parmi les plus grands vendeurs de disques français.
Biographie
Origines et enfance
Michel Sardou naît le à Paris[4], à 14 heures, dans une clinique de la rue Caulaincourt du 18e arrondissement[5]. « Enfant de la balle », fils unique de la danseuse et comédienne Jackie Sardou et du chanteur et comédien Fernand Sardou, petit-fils de Valentin Sardou, il est l’héritier d’une longue tradition familiale dans les métiers du spectacle. Il est d'origines provençale par son père et parisienne par sa mère. Ses grands-parents paternels étaient en effet comiques de scène à Marseille et sa grand-mère maternelle était danseuse de cabaret dans la capitale. Frédéric Quinonero émet l'hypothèse que le nom « Sardou » renverrait à « sarde », une langue parlée en Sardaigne[Cit. 1].
Très jeune, il est élevé dans le petit village de Kœur-la-Petite dans la Meuse par une nourrice qui exerce la profession de garde-barrière[6], Marie-Jeanne, à qui il dédie la chanson Marie ma belle en 1994[5]. Mais cette existence ne dure pas, et il passe son enfance à suivre ses parents dans les cabarets parisiens où ils se produisent et assiste à leurs tournées[6], ce qui représente une passion pour lui.
Alors pensionnaire au collège du Montcel[7], établissement privé luxueux de Jouy-en-Josas, sa situation scolaire peu brillante et la vie qu'il mène, entre coulisses et salles de spectacles, le poussent petit à petit à envisager d'arrêter ses études qui ne l'intéressent pas. En 1964, âgé de 17 ans, après avoir passé la première partie de son baccalauréat, il projette de s'enfuir au Brésil afin d'y monter une boîte de strip-tease[8]. Son père le rattrape de justesse à l'aéroport.
Durant la première partie des années 1960, Michel Sardou chante dans différents cabarets de Montmartre, dont celui de Patachou[5] (mère de l'auteur-compositeur Pierre Billon, avec qui il se lie d'amitié et avec lequel il collabore à partir des années 1970). Il officie également le soir comme serveur-artiste (1963) et chanteur (1964-1965) au cabaret Chez Fernand Sardou ; dans la journée il prend des cours de théâtre chez Raymond Girard puis chez Yves Furet[9].
C'est au théâtre du Châtelet qu'il rencontre la danseuse Françoise Pettré, avec laquelle il se marie en 1965 à l'église Saint-Pierre de Montmartre[5].
Les débuts (1965-1970)
Après avoir tourné en tant que figurant dans le film Paris brûle-t-il ? de René Clément en 1965, Michel Sardou décroche un premier contrat avec la maison de disques Barclay Records. Il débute dans la chanson la même année avec le 45 tours Le Madras coécrit avec ses amis Michel Fugain et Patrice Laffont. Cette chanson, qui est une charge contre le mouvement hippie, lui offre un premier passage à la télévision durant lequel il est confronté à un jury dans lequel figure l'acteur Jean Yanne. Ce jury ne l'estime pas capable de percer dans le monde de la chanson et la sortie du Madras passe incognito. S’ensuit une série de 45 tours qui, petit à petit, lui donnent un début de notoriété, sans pour autant rencontrer de véritable succès commercial[9].
En 1966, il fait la rencontre de Jacques Revaux, qui devient son plus fidèle collaborateur et le compositeur de nombreuses chansons, dont beaucoup figurent parmi les classiques[6] de son répertoire. Mais la même année, il est arrêté par les gendarmes, pour avoir oublié de répondre au recensement militaire[6], dans la salle de Bobino où il assure la première partie du spectacle du chanteur François Deguelt. Conduit à la caserne de Montlhéry, il doit alors assumer dix-huit mois de service militaire[10]. Cette expérience va lui inspirer, cinq ans plus tard, la chanson satirique Le Rire du sergent.
Sa carrière est réellement lancée en 1967, avec le titre Les Ricains, aussitôt censuré : alors que la France vient de sortir du commandement intégré de l’OTAN (l’année précédente), et que la guerre du Viêt Nam provoque une vague d’antiaméricanisme généralisée dans le monde, Michel Sardou chante le devoir de reconnaissance envers les États-Unis sans qui, affirme-t-il, « vous seriez tous en Germanie[N 2] / À parler de je ne sais quoi / À saluer je ne sais qui », claires allusions à la libération de 1944 par les forces alliées. La chanson n'est pas du goût du président de la République Charles de Gaulle qui recommande sa non-diffusion à l'ORTF[11], le refrain étant notamment perçu comme une critique de la ligne géopolitique gaullienne[12]. Un gendarme intervient même à Europe n°1 pour se saisir du 45 tours[13].
Cet épisode confère au chanteur une notoriété nouvelle mais encore fragile. Entre 1967 et 1970, il peine toujours à rencontrer un franc succès ; seule la chanson Petit, en 1968, obtient un succès d'estime. Devant l’enchaînement de 45 tours au succès très mitigé, Eddie Barclay décide en 1969 de résilier son contrat, ne l'estimant « pas fait pour ce métier »[14]. Le même jour, Barclay licencie également Pierre Perret[15].
Le , Michel Sardou signe avec la maison de disque Tréma[16], un label discographique créé la même année par Jacques Revaux et Régis Talar[17], afin de poursuivre la production de ses disques. Sa première fille, Sandrine, naît le .
L'ascension (1970-1975)
Chanson no 1[18] | Année | Nb. sem. |
---|---|---|
Les Bals populaires | 1970 | 1 |
Le Rire du sergent | 1971 | 1 |
Le Surveillant général | 1973 | 2 |
La Maladie d'amour | 1973 | 9 |
Les Vieux Mariés | 1973 | 3 |
Je veux l'épouser pour un soir | 1974 | 2 |
Une fille aux yeux clairs | 1974 | 4 |
Un accident | 1975 | 1 |
En 1970, il atteint véritablement le statut de vedette. Il enregistre l'album J'habite en France, dont est extrait le 45 tours qui devient son premier grand succès radiophonique et commercial : Les Bals populaires. Alors qu’il n'en voulait initialement pas, cette chanson le place en première place du hit-parade et termine quatrième plus gros succès de l'année 1970[19]. Plus tard dans l'année, les titres J’habite en France et Et mourir de plaisir, extraits du même album, s'imposent aussi comme de grands succès.
Le style de l’album J'habite en France, qui obtient le prix de l'académie Charles-Cros remis par le président de la République Georges Pompidou en 1971[6], vaut à Sardou d'être classé dans la catégorie « chanteur populaire ». La chanson du même nom l’impose même comme le chanteur de la « France profonde » aux yeux des médias. C’est une image dont il peine à se défaire au cours de sa carrière, bien qu’il ne se soit pas éternisé dans le registre de la chanson à boire.
Les Bals populaires ouvrent cependant la voie à une décennie de succès permanent : à chaque sortie d’album, Sardou se hisse dans les premières places du hit-parade. C’est le cas avec Le Rire du sergent (1971), Le Surveillant général (1972) et, surtout en 1973, avec La Maladie d'amour. Cette chanson reste à ce jour son plus gros succès radiophonique[20], l'album du même nom restant vingt-et-une semaines en tête des ventes[21], un record pour l'époque. Cette réussite est confirmée avec le succès rencontré par les chansons qui suivent : Les Vieux Mariés, Les Villes de solitude (1973), Une fille aux yeux clairs (1974).
En 1971, Michel Sardou se produit pour la première fois à l'Olympia. Mais parallèlement à sa popularité, le chanteur fait l’objet de polémiques de plus en plus vives. Des voix féministes, dont le Mouvement de libération des femmes, s’élèvent contre les chansons Les Villes de solitude où Sardou, se mettant dans la peau d'un homme sous l'empire de l'alcool, chante « J'ai envie de violer des femmes, de les forcer à m'admirer » et Les Vieux Mariés, au ton perçu comme patriarcal en raison des vers suivants : « Tu m'as donné de beaux enfants, tu as le droit de te reposer maintenant »[22]. Ces militantes féministes manifestent fréquemment devant les salles où le chanteur doit se produire.
Sa seconde fille Cynthia voit le jour le . Un fils, Romain, lui naît le de sa relation avec Élizabeth Haas, dite « Babette », qu'il épouse par la suite en 1977.
Durant l'été 1974, Johnny Hallyday et Michel Sardou se produisent ensemble, le , aux arènes de Béziers et le à la patinoire de Genève. L'ordre d'entrée en scène est joué aux dés par les deux protagonistes : Sardou joue en première partie et Hallyday assure la seconde. Il le rejoint pour le final et pour La Musique que j'aime et Johnny B. Goode interprétés en duos[23].
Le chanteur se produit une deuxième fois à l'Olympia du au , spectacle dont Carlos assure la première partie[10].
En , sort le 45 tours Le France, chanson dans laquelle Sardou s'exprime au nom du paquebot du même nom, à cette époque amarré à un quai du port du Havre, alors que le gouvernement de Jacques Chirac a annoncé mettre fin à la prise en charge de son déficit : « Ne m'appelez plus jamais France / La France, elle m'a laissé tomber », chante-t-il. La chanson, qui devient par la suite un classique de son répertoire, se vend à plus d’un million d’exemplaires et lui vaut d'être salué par les syndicats et le Parti communiste français[24], en dépit de son image de chanteur engagé à droite et des hostilités qui les avaient déjà séparés. En signe de rétorsion, Valéry Giscard d'Estaing lance contre lui une procédure de redressement fiscal, comme l'explique plus tard le chanteur[25]. Cette chanson précède un album – La Vieille – qui, malgré son succès, cause au chanteur de forts désagréments.
Succès et controverses (1976-1977)
Chanson no 1[18] | Année | Nb. sem. |
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Le France | 1975 | 6 |
Je vais t'aimer | 1976 | 2 |
La Vieille | 1976 | 2 |
Le père de Michel Sardou, Fernand Sardou, meurt le [26].
Au début de la même année, Sardou se lance dans l'édition d'un magazine, M.S. Magazine, dans un esprit de rivalité et même de polémique avec Claude François qui a repris Podium et en a fait un magazine à succès. Cinq numéros paraissent entre le et le mois de . Après avoir suscité moqueries et controverses, le journal disparaît dans l’indifférence générale. C'est un gouffre financier pour Sardou, qui y a investi plus de deux millions et demi de francs[27].
À l'été 1976, la chanson Je vais t'aimer, deuxième extrait de l'album à paraître, vaut à Sardou un nouveau très gros succès et s'impose comme l'un des titres les plus importants de sa carrière. Le , dans le cadre des célébrations de la Fête nationale, Sardou se produit à Strasbourg devant plus de 150 000 spectateurs, accompagné par un orchestre dirigé par Jean Claudric et composé de cent musiciens. L'événement est retransmis en direct sur Europe n°1 et sur FR3[28].
En outre, malgré le grand succès public de l'album La Vieille — qui dépasse le million d'exemplaires vendus[29] —, plusieurs titres issus de cet opus suscitent la polémique : J’accuse, Le Temps des colonies et surtout Je suis pour lui valent de nombreux déboires.
Avec Le Temps des colonies, Sardou se voit accusé de faire l’apologie d’un colonialisme primaire et raciste. Les radios refusent de diffuser le titre[30], sauf France Inter, qui ne le passe qu’une seule fois. Le quotidien Libération commente alors, au sujet de la chanson : « Le fascisme n’est pas passé et Sardou va pouvoir continuer à sortir ses sinistres merdes à l’antenne[31] ». Face aux incompréhensions que la chanson suscite, Sardou demande lui-même le retrait de sa commercialisation en format 45 tours[32].
Le caractère social des chansons de l'album s’étend jusqu'à Je suis pour, chanson qui évoque un père dont l’enfant a été assassiné et qui clame à cor et à cri : « Tu as tué l’enfant d’un amour / Je veux ta mort, je suis pour ». Le titre sort en pleine affaire Patrick Henry et met définitivement le feu aux poudres, Sardou se voyant accusé de faire l’apologie de la peine de mort. Le chanteur s’en est pourtant toujours défendu en prétendant illustrer la loi du talion[33].
Alors que le chanteur semble se positionner nettement à droite, ses principaux détracteurs sont Libération, Rouge et Le Quotidien du peuple, trois journaux marqués à gauche. Sardou déchaîne des batailles éditoriales, comme dans les colonnes de L'Humanité, mais il suscite également de profondes interrogations sur le sens sociologique de son succès. Dans Rouge, on peut lire par exemple : « Le propre d’un chanteur comme Sardou est d’être parvenu à donner forme à une chanson réactionnaire, au sens fort du mot. Il exprime les effets de la crise des valeurs et de l’idéologie traditionnelle sur ceux qui ne sont pas prêts à remettre présentement celle-ci en cause[34] ».
Les pro- et les anti-Sardou, journalistes comme artistes, font entendre leur voix. Ses soutiens écrivent dans les colonnes du Figaro, de Paris Match ou du Monde. Plusieurs artistes, pourtant engagés à gauche, le soutiennent, comme Yves Montand, Serge Reggiani, Bernard Lavilliers ou encore Maxime Le Forestier, au nom de la liberté d'expression[35]. Le , l'écrivain et polémiste Jean Cau prend la défense de Sardou dans Paris Match, dans un style teinté d'ironie à l'égard de ses détracteurs, et rapportant le climat de violence qui règne alors autour du chanteur[36].
Début 1977, un comité « anti-Sardou » se forme sous l'impulsion du journaliste belge Bernard Hennebert[32], se donnant pour but d’empêcher le chanteur de donner ses récitals au cours de la tournée qui commence en . Des manifestations sont organisées en province contre sa venue, les manifestants l’accueillent par des insultes à son arrivée, peignent des croix gammées sur les véhicules de sa caravane, distribuent des tracts très virulents[36]. Le , une bombe artisanale est même retrouvée dans la chaufferie de Forest National, à Bruxelles[36]. Michel Sardou prend la décision d’annuler les deux derniers concerts de sa tournée[10].
En 1978, paraît un opuscule intitulé Faut-il brûler Sardou ? écrit par Louis-Jean Calvet et Jean-Claude Klein, dans lequel ils accusent Sardou d'accointances avec l'extrême droite[35].
Vers un Sardou plus consensuel (1977-1980)
Chanson no 1[18] | Année | Nb. sem. |
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La Java de Broadway | 1977 | 6 |
En chantant | 1978 | 8 |
Devant l'ampleur des événements, Michel Sardou prend du recul avec la chanson à caractère social — sans y renoncer pour autant, comme en témoignent les chansons Le Prix d'un homme et Monsieur Ménard, extraits de l'album Je vole (1978), qui évoquent respectivement un enlèvement (l'actualité de cette année-là est marquée par l'enlèvement d'Aldo Moro en Italie[37] ou encore celui du baron Empain en France) et la violence scolaire (un professeur frappé par un élève).
En 1977, il sort un album à nouveau dominé par la chanson d'amour qui lui vaut quelques sommets dans les hit-parades : La Java de Broadway, qui s'écoule à plus d'un million d'exemplaires[29] et contient notamment la chanson éponyme ainsi que le single le plus vendu de toute sa carrière[38], succès de l'été 1977, le slow Dix ans plus tôt, dont les ventes dépassent 1,3 million d'exemplaires[39]. Ce 33 tours, comme celui de 1978 Je vole, lui permettent d’enregistrer des records de vente, prouvant que les événements liés à l'album précédent n’ont pas altéré sa popularité. Les tubes En chantant et Je vole manifestent un retour à la thématique de l'enfance, voire à l'introspection. À propos d'En chantant, il déclare : « J'avais besoin d'une vraie chanson populaire, facile à entendre et simple à retenir. Les chansons de combat commençaient à me fatiguer. J'avais dans l'idée de changer de métier. J'étais malade, et aucun médecin ne savait de quoi je souffrais. Quelqu'un m'a conseillé de partir en voyage ; en m'assurant que j'allais m'ennuyer partout, mais qu'en rentrant je serais guéri. Je suis parti[40] ».
Sardou se marie avec Babette en [33]. Son quatrième et dernier enfant, Davy, naît le .
Du au , il se produit pour la première fois au Palais des Congrès à Paris. Le Temps des colonies figure au programme, mais ni J'accuse ni Je suis pour, l'artiste ayant définitivement renoncé à l'interpréter sur scène[N 3].
Les albums de 1979 (Verdun) et 1980 (Victoria), qui poussent plus loin cette logique intimiste et personnelle, affichent moins de tubes et moins de titres sortis en 45 tours. Des rumeurs circulent d’ailleurs un temps sur une éventuelle maladie grave, car Sardou se fait plus rare dans les médias[réf. nécessaire].
En 1980, il participe à la création de la comédie musicale Les Misérables[41], interprétant la chanson À la volonté du peuple en prêtant sa voix à Enjolras, personnage du roman de Victor Hugo. Selon son propre témoignage, il souhaitait incarner le personnage sur scène mais Robert Hossein, le metteur en scène, ne voulait pas de vedette dans la distribution[42].
Une popularité toujours croissante (1981-1991)
Chanson no 1[43] | Année | Nb. sem. |
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Être une femme | 1981 | 1 |
Les Lacs du Connemara | 1982 | 3 |
Les Deux Écoles | 1984 | 2[44] |
Pendant les années 1980, Michel Sardou voit sa popularité se pérenniser. Tout au long de cette décennie, il produit de nombreux tubes, aidé par la diffusion radiophonique importante, avant chaque sortie d'album, d'une chanson rythmée représentant le nouvel opus (Afrique adieu, Chanteur de jazz, Musulmanes, La même eau qui coule…). L'album de 1981 (qui contient deux de ses plus grands succès : Les Lacs du Connemara et Être une femme) entre au Livre Guinness pour le niveau de ses ventes[Cit. 2].
En outre, la fréquentation de ses spectacles, au Palais des congrès de Paris puis, à partir de 1989, au Palais omnisports de Paris-Bercy, est sans cesse croissante. Il se produit la plupart du temps à guichets fermés et bat des records de durée dans plusieurs salles. Les chiffres qu'il établit le classent toujours parmi les chanteurs français les plus populaires. Paraissant plus consensuel, même ses titres les plus « engagés » (le chanteur réfute encore et toujours ce qualificatif) sortis au cours de cette décennie ne suscitent que peu d'émoi[45].
Que ce soient Vladimir Ilitch (1983), à la fois hommage aux idéaux de Lénine et dénonciation des dérives du régime communiste en URSS, Les Deux Écoles (1984), qui évoque l’opposition école libre / école publique au moment du projet de loi Savary, ou Musulmanes (1986), regard amer sur la condition de la femme dans les pays arabes, ces chansons rencontrent plus de succès que de polémique. Avec cette dernière chanson, qui rend avant tout hommage aux femmes musulmanes, Sardou permet également d'éloigner de lui les suspicions de racisme portées contre lui après Le Temps des colonies, d'autant qu'il précise refuser l'amalgame entre musulmans et « talibans ou poseurs de bombes »[Cit. 3], qui commencent à sévir dans les années 1980. Il déclare le : « Je regrette que des gens bruyants stigmatisent une communauté à des fins électoralistes. J'avais écrit Musulmanes pour rendre hommage à une civilisation, une culture déjà montrée du doigt à l’époque. Mais là, ça devient dément[46] ».
Il participe à deux reprises au rallye Paris-Dakar, en voiture, comme copilote de Jean-Pierre Jabouille, en 1984 et en 1985[47], sans jamais parvenir toutefois à terminer la course. Cette expérience au cœur des paysages sahariens est à l'origine de l'écriture de la chanson Musulmanes[48],[Cit. 4].
En 1987, Michel Sardou obtient la reconnaissance de la profession en recevant aux Victoires de la musique la Victoire de la chanson originale pour Musulmanes[49]. Il fait son premier passage sur la scène du Palais omnisports de Paris-Bercy en 1989. Lors de la tournée de cette année, chaque représentation parisienne se termine alors par une mise en scène de Robert Hossein impliquant plus de cent figurants sur la chanson Un jour la liberté, écrite spécialement pour commémorer le bicentenaire de la Révolution française[50]. Au terme de la tournée, le , il reçoit une Victoire de la musique pour avoir fédéré le plus grand nombre de spectateurs[6].
L'opus Le Successeur paru en 1988, malgré son million d'exemplaires vendu[29], n'affiche pas de succès probant bien que deux titres soient parus en singles (La même eau qui coule et Attention les enfants… danger).
À la fin des années 1980, il participe à plusieurs œuvres caritatives. En 1989, il figure dans la chanson humanitaire de Charles Aznavour Pour toi Arménie, parue quelques mois après le séisme du 7 décembre 1988 ayant violemment frappé l'Arménie, parmi de nombreuses personnalités françaises. Il y interprète un couplet entier. Sardou, qui était un ami de Coluche et était présent le jour de la création des Restos du Cœur, participe également avec Véronique Sanson, Jean-Jacques Goldman, Johnny Hallyday et Eddy Mitchell à la première tournée des Enfoirés, en 1989. Dans le documentaire Qui êtes-vous Michel Sardou ? de Mireille Dumas diffusé en 2012, il affirme avoir donné « dix briques », soit 100 000 francs, à Coluche pour le lancement de l'association. Il participe à nouveau aux Enfoirés en 1998, 2004 et 2005.
Un succès plus discret, mais un public toujours fidèle (1991-2001)
Dans les années 1990, Michel Sardou se fait plus discret sur les ondes. S'agissant des controverses qu'il suscite, elles semblent s'être étiolées, et il n'y a guère que Le Bac G (1992), chanson sur le système éducatif français, qui génère des réactions polémiques.
L'album Le Privilège (1990) affiche trois singles (Marie-Jeanne, Le Privilège et Le Vétéran) et s'écoule à presque un million d'exemplaires. Cet album ainsi que la tournée qui suit (Bercy 91) lui valent la Victoire de la musique du Meilleur interprète masculin[51]. La chanson Le Privilège est généralement perçue comme un démenti aux accusations d’homophobie portées à son égard, dans la mesure où Sardou reconnaît l'avoir chantée pour « dénoncer l'amalgame entre homosexualité et perversion[46] ».
Deux ans plus tard, en 1992, la chanson Le Bac G issue de l'album du même nom crée une polémique. Les vers « Vous passiez un bac G / Un bac à bon marché / Dans un lycée poubelle / L'ouverture habituelle des horizons bouchés… / Votre question était "Faut-il désespérer ?" » sont perçus comme une provocation adressée au ministre de l'Éducation nationale Lionel Jospin, qui déclare qu'il se refuse à discuter avec un « saltimbanque », terme que Sardou qualifie de « titre de noblesse »[52]. Le secrétaire d'État à l'enseignement technique, Jacques Guyard, prend la défense du bac G (correspondant aujourd'hui à la filière technologique) et le qualifie de « bon bac »[53]. Certains enseignants dénoncent également une démarche démagogique, voire réactionnaire[54]. Le texte de la chanson est inspiré par un éditorial de Louis Pauwels paru dans Le Figaro Magazine et intitulé « Lettre à l'être »[55], dans lequel l'auteur exprime ses regrets de ne pas avoir pu répondre à un jeune lui demandant : « Faut-il désespérer ? ».
Les albums Selon que vous serez, etc., etc. (1994) et Salut (1997), malgré leur bon niveau de ventes, donnent peu de tubes, mis à part la chanson Salut qui se veut un hommage au public pour ses trente ans de fidélité. Cet album contient aussi le titre Mon dernier rêve sera pour toi où il « s'offre » Johnny Hallyday et Eddy Mitchell en tant que choristes, et qui, selon Sardou lui-même, s'inspire des ennuis de l'homme d'affaires Bernard Tapie qui connaît alors des démêlés avec l'administration fiscale[Cit. 5],[56].
La relative discrétion du chanteur, par rapport aux deux décennies qui ont précédé, s’explique en partie par sa rupture avec ses principaux collaborateurs (Pierre Delanoë pour les paroles et Jacques Revaux pour les compositions), ainsi que par une priorité nouvelle donnée à ses activités d'acteur. Après avoir joué dans le film Promotion canapé en 1990, il joue dans plusieurs téléfilms. En 1996, il foule pour la première fois les planches en tant que comédien dans la pièce Bagatelle(s), modernisation de la pièce britannique de Noël Coward Joyeux Chagrins (1939), mise en scène par Laurent Chalumeau[57]. En 1999, avec la pièce Comédie privée, il joue pour la première fois en compagnie de Marie-Anne Chazel[58], qu'il retrouve par la suite à plusieurs reprises sur les planches.
S’il se distingue moins à la radio, Sardou rencontre toujours le même succès sur scène, et bat plusieurs records de fréquentation. Du au , il se produit sur la scène de l'Olympia pour 113 représentations jouées à guichets fermés[59], ce qui constitue un record de longévité pour cette salle[60]. Il obtient par ailleurs, en 1999, la Victoire de la musique du plus grand nombre de spectateurs rassemblés au terme d'une même tournée pour les près de 575 000 personnes réunies au Palais omnisports de Paris-Bercy et à travers la France[6].
En , Babette et Michel Sardou divorcent après près de 22 ans de vie commune. Il se marie une troisième fois le avec l'ancienne rédactrice en chef du magazine Elle Anne-Marie Périer.
L'album Français sort en 2000. La plupart des chansons sont coécrites avec son ami Michel Fugain (l'opus propose par ailleurs une reprise du titre de Fugain Je n'aurai pas le temps). Sa sortie précède une tournée faisant une nouvelle fois escale à Paris-Bercy pour 18 représentations[61]. La tournée rencontre à nouveau le succès et à son terme, Michel Sardou annonce vouloir mettre fin à sa carrière de chanteur[62]. Un différend l'opposant à sa maison de disque, le chanteur rompt avec Tréma le , une démission rendue effective au par décision judiciaire[16].
Le renouvellement (2001-2009)
Chanson no 1[63] | Année | Nb. sem. |
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La Rivière de notre enfance | 2004 | 5 |
Après la tournée de 2001, Sardou semble en effet s'être retiré de la scène musicale pour se consacrer à ses activités de comédien et de directeur du théâtre de la Porte-Saint-Martin, qu'il achète en 2001. Sur la saison 2001-2002, il y joue le rôle principal de la pièce L'Homme en question en compagnie de Brigitte Fossey et sous la direction de Félicien Marceau. Pour André Lafargue du Parisien, sa prestation de comédien s'avère peu convaincante[64]. Il revend l'année suivante ses parts du théâtre à son associé et producteur, Jean-Claude Camus.
En 2004, il signe un contrat auprès de la major du disque Universal Music, ce qui permet la sortie d'un nouvel album intitulé Du plaisir ainsi que sa participation en tant que parrain à l'émission Star Academy diffusée sur TF1. Michel Sardou reprend la scène avec une nouvelle tournée s'étendant jusqu'en 2005, passant notamment par le Palais des sports de Paris et l’Olympia à Paris, en province, en Belgique (où il est fait officier de l'ordre de la Couronne à l'occasion[65]), en Suisse et au Québec. Ce retour est couronné de succès : son nouvel opus se vend à plus de 1,2 million d'exemplaires et obtient la certification disque de diamant[6]. Le duo avec le chanteur québécois Garou, La Rivière de notre enfance, lui ouvre à nouveau les portes des principales radios musicales généralistes. Il est ainsi le chanteur le mieux payé de France de l'année 2004, avec des revenus s'élevant à 3,7 millions d'euros[66].
Son premier double album, Hors format, sort le . Il comprend vingt-trois nouvelles chansons dont un duo avec Chimène Badi, Le Chant des hommes, et le single Beethoven. Hors format atteint les 400 000 exemplaires vendus[67] et reçoit la certification double disque de platine. En 2007, lors d'une conférence de presse pour la présentation de sa tournée, il annonce que celle-ci sera « la dernière »[68]. Il est au Zénith de Paris du au et en tournée en France, Belgique et Suisse, du au .
À partir de la fin des années 2000, Il accorde une importance supplémentaire à ses activités de comédien ; ainsi, il est, à partir du , au théâtre des Variétés dans la pièce Secret de famille d'Éric Assous, avec son fils Davy Sardou et Laurent Spielvogel[69]. La pièce est jouée jusqu'à fin . En , la troupe entame une tournée en France, en Belgique et en Suisse.
Nouvelles tournées et théâtre (2010-2016)
L'album Être une femme 2010 sort le . La chanson homonyme, remixée par le DJ Laurent Wolf, et Et puis après sont les singles de cet opus qui inclut également un duo avec Céline Dion, Voler[70]. En , il reconnaît que ce duo n'a pas été une bonne expérience personnelle, du fait que les deux chanteurs ont dû enregistrer leurs parties séparément et que le clip a été réalisé sans lui[71].
Le chanteur se produit à l'Olympia du au , puis il tourne, du au , à travers la France, la Belgique et la Suisse. Sa tournée s'achève au Palais des sports de Paris, où il chante du au . En , il annonce sur son site se séparer de son producteur Jean-Claude Camus[72], pour retravailler avec Gilbert Coullier.
Le , il débute au Havre une nouvelle tournée intitulée Les Grands Moments[73], à la suite de la parution d'un best-of identiquement nommé le . Prévue pour durer jusqu'en , la tournée le conduit à travers la France, la Belgique, la Suisse, le Canada, le Luxembourg, Monaco et le Liban. Elle compte trois dates au Palais omnisports de Paris-Bercy en [74] et cinq à l'Olympia en . Après ces trois représentations à Paris-Bercy, il devient l'artiste ayant ressemblé le plus grand nombre de spectateurs dans cette salle[75], dans laquelle il totalise par ailleurs 91 représentations, ce qui constitue également un record avant d'être dépassé par Johnny Hallyday qui compte, à sa mort, 101 concerts donnés dans cette même salle[76]. Les concerts parisiens précédent une tournée d'été et d'automne, mais des ennuis de santé contraignent le chanteur à annuler, en , les dernières dates du tour Les Grands Moments[77]. À la suite de ces problèmes, il déclare « faire une pause » dans la musique[78].
À partir du , il est à l'affiche d'une nouvelle pièce de théâtre jouée à la Comédie des Champs-Élysées et intitulée Si on recommençait[79], écrite par Éric-Emmanuel Schmitt et mise en scène par Steve Suissa. Il partage les planches avec, entre autres, Anna Gaylor (initialement, Françoise Bertin tenait le rôle mais, souffrante, elle fut hospitalisée après quelques représentations avant de décéder le [80]) et Florence Coste.
La bande originale du film d'Éric Lartigau La Famille Bélier sorti en est quasiment exclusivement composée de chansons du répertoire de Michel Sardou, interprétées notamment par Louane, actrice principale de la comédie. La chanson Je vole est, selon la scénariste Victoria Bedos, au fondement du scénario[81]. Le film rend hommage au passage à l'œuvre du chanteur (Éric Elmosnino, qui incarne le professeur de musique, déclare ainsi dans le film que « Michel Sardou est à la variété française ce que Mozart est à la musique classique : intemporel. »)[82].
Du au , il est de retour sur les planches au théâtre de la Michodière pour la pièce Représailles écrite par Éric Assous, mise en scène par Anne Bourgeois et dans laquelle il partage l'affiche avec Marie-Anne Chazel. Après un grand succès à Paris, la pièce est ensuite jouée, d' à , en tournée en France, en Belgique et en Suisse.
Adieux à la chanson, La Dernière Danse et retour au théâtre (depuis 2017)
Michel Sardou annonce le au journal télévisé de TF1 une nouvelle et dernière tournée de chansons intitulée La Dernière Danse. Il précise toutefois que ce n'est pas une tournée d'adieu, mais plutôt de remerciement pour un public qui le suit depuis cinquante ans.
Son 26e album, intitulé Le Choix du fou, paraît le et contient dix titres inédits, dont huit sont signés ou cosignés avec Pierre Billon. L'album prend la tête des ventes lors de sa deuxième semaine d'exploitation. Le succès concomitant de Sardou et nous, album de reprises de ses chansons par de jeunes artistes, s'inscrit dans une certaine redécouverte de son répertoire qu'illustre aussi La Famille Bélier, auprès d'un public plus jeune. Lui-même raconte : « Maintenant, j'ai une clientèle qui va de cinq à douze ans[83],[84]. »
Le , France 2 diffuse Michel Sardou – Le Dernier Show, une émission présentée par Stéphane Bern et dans laquelle Michel Sardou donne ce qui est annoncé comme sa dernière prestation musicale télévisuelle. Le programme attire près de 4,1 millions de téléspectateurs, se plaçant ainsi en tête des audiences de la soirée[85]. Le 20 décembre 2017, France 3 diffuse le documentaire de Laurent Luyat Michel Sardou – Le Film de sa vie, dans lequel le chanteur revient sur sa carrière avec des archives télévisées inédites[86].
Après une tournée dans les festivals en été et une tournée à l'automne en province, en Belgique et en Suisse, Michel Sardou se produit à La Seine musicale, nouvelle salle de l'Ouest parisien située dans la ville de Boulogne-Billancourt, du [87] au . Le chanteur confie la production de ce nouveau projet à Thierry Suc[88],[89]. Le dernier concert à La Seine musicale est finalement donné le après ajout de plusieurs dates, sans adieu pour autant, l'artiste voulant désormais se consacrer exclusivement au théâtre[90],[91]. L'album live de cette tournée, enregistré à La Seine musicale les 11 et et intitulé La Dernière Danse, paraît le .
À partir du , il figure en tête d'affiche de la pièce N'écoutez pas, mesdames ! de Sacha Guitry, créée au théâtre de la Madeleine en 1942, au théâtre de la Michodière, avec notamment Nicole Croisille pour partenaire[92].
Une comédie musicale intitulée Je vais t'aimer et reprenant les plus grands tubes de Michel Sardou est en cours de préparation, sous l'égide de Serge Denoncourt et produite par Roberto Ciurleo (Robin des Bois, Les Trois Mousquetaires) et Franck Montel (directeur de Chérie FM). Elle devrait entamer une tournée dans toute la France à partir de l'automne 2021.
Vie privée
Michel Sardou se marie avec Françoise Pettré en 1965, alors qu'il est âgé de dix-huit ans, pour s'émanciper de l'autorité parentale[93], la majorité étant à l'époque établie à vingt et un ans. Leur première fille, Sandrine, naît le et la seconde, Cynthia, le [94],[95]. Ils divorcent en 1977[96].
Il se marie une deuxième fois, le , avec Elizabeth Haas, dite « Babette » (sœur de l’astrologue Christine Haas)[97]. Elle est la mère de ses fils Romain, né le (un mois après la naissance de sa demi-sœur Cynthia[98]) et Davy, né le . Mais la tumultueuse relation qu'ils mènent durant plus de vingt ans, ponctuée d'infidélités[99], les pousse au divorce en 1998[96]. Le chanteur déclare entretenir un rapport amical avec elle depuis leur séparation[100].
Michel Sardou se marie une troisième fois le avec l'ancienne rédactrice en chef de Elle, Anne-Marie Périer. Nicolas Sarkozy, alors maire de Neuilly-sur-Seine, se charge de les unir dans sa mairie[101].
Le fait que son premier fils Romain soit devenu écrivain, mais surtout que son second fils Davy soit devenu comédien, perpétue la dynastie d'artistes de la famille Sardou. Davy déclare dans une interview accordée au Figaro : « Il y avait quelque chose de magique. Je n'ai pas choisi ce métier par atavisme, je ne me suis pas dit que je devais continuer la dynastie pour que mes proches soient fiers de moi. Jouer, c'était une envie. »[102]
Bien qu'il ait toujours été particulièrement discret sur sa vie privée, Michel Sardou a vu sa fille Cynthia mise sous les feux de la rampe médiatique en 1999. La journaliste, qui allait rejoindre son véhicule le soir du , est victime d'un viol collectif[103]. Elle raconte ce traumatisme dans le livre Appelez-moi Li Lou, paru en 2005. Si elle a, durant de longues années, pris de froides distances avec son père[104], elle lui témoigne aujourd'hui une grande reconnaissance pour l'avoir soutenue[103].
Michel Sardou est aujourd'hui cinq fois grand-père : ses petits-enfants se nomment Loïs (fille de Sandrine), Aliénor, Gabriel, Victor-Scott (enfants de Romain) et Lucie (fille de Davy).
Il est également notoire que Sardou a entretenu des relations cordiales avec le président de la République François Mitterrand, malgré des opinions politiques a priori opposées, qui l'a par ailleurs décoré de la Légion d'honneur. Il entretient aussi une amitié avec l'ancien président Nicolas Sarkozy qui a assisté à son concert le à l'Olympia[105], bien qu'il ait pris ses distances avec lui depuis[106].
Depuis les années 1970, il est passionné par les chevaux et le sport hippique. En 2011, il décide de s'impliquer dans ce domaine et achète peu à peu sept chevaux de course. L'un de ses chevaux remporte le Prix de Louvigny en 2015[107].
Après avoir habité en Corse, à Miami et à Megève, Sardou réside depuis 2010 dans un manoir du XVIe siècle situé à Benerville-sur-Mer[108],[109], dans le Calvados, près de Deauville. Dans les années 1980, il fut un hôte assidu de Sainte-Maxime, dans sa villa de Guerrevieille et sur les terrains du Tennis-club de Beauvallon[110].[pertinence contestée]
Opinions politiques
Bien qu'il soit toujours considéré comme un des principaux « chanteurs de droite »[111] français (certaines de ces chansons lui ayant d'ailleurs valu d'être taxé de « fascisme », voir plus bas), Michel Sardou cite Pierre Mendès France et François Mitterrand parmi ses hommes politiques préférés : « Mes hommes politiques préférés sont morts : de Gaulle, Mendès, Mitterrand[112]. » Il aurait également milité en faveur de Georges Pompidou[113]. Pour Sophie Girault, il serait un anarchiste de droite, campant le plus souvent des personnages hostiles à la « facilité des idéaux conventionnels »[Cit. 6].
Dans un entretien accordé à Paris Match le , il assume être de droite : « Je suis jeune et pourtant je suis de droite. Je vous le dis. Je ne vois pas ce qu’il y a d’antinomique dans cette affirmation. Je le répète donc calmement : je suis de droite », bien qu'il refuse de se « définir uniquement dans ce concept de droite »[114]. Il poursuit en évoquant un positionnement négatif : « Quand j’affirme être de droite, c’est avant tout une réaction. Je hais le système socialiste au sens historique du terme. C’est-à-dire que j’accepte de vire [sic – virer] dans ce qu’il a de primaire, un anti-soviétisme épidermique. Je commence à me croire de droite à partir du moment où je ne peux pas être de gauche. » Il précise ensuite que son acception de la droite correspond à un « individualisme moral et social » et à « la tentation de me croire responsable de mon existence », et en exclut toute forme de xénophobie ou de racisme. Il rejette ainsi toute accointance avec les personnalités Charles Pasqua et Jean-Marie Le Pen[114].
Michel Sardou émet un avis général critique à propos de la classe politique actuelle. Il déclare aujourd'hui n'être « ni de droite, ni de gauche, mais chanteur populaire » et critique la mondialisation : « Aujourd’hui tu dépends d’un connard qui est à l’autre bout du monde, qui fait faillite et d’un seul coup 5 000 mecs en Provence sont au chômedu. Je n’aime pas cette mondialisation. Et le président ne peut pas y faire grand-chose[115]. »
Ainsi, après avoir un temps soutenu Nicolas Sarkozy[116], il s'est finalement déclaré déçu par son action lors de son quinquennat, lui reprochant d'avoir beaucoup promis et peu tenu[117]. Des déclarations qui furent peu appréciées par l'intéressé et qui valurent à Michel Sardou d'être convoqué à l'Élysée (un jour férié) pour le lui faire savoir. « On s'est expliqués, je lui ai redit que j'attendais autre chose de lui, de sa politique. Je suis reparti et il me fait toujours la gueule. Il est très rancunier. » Après cet épisode, il annonça en 2011 que pour la prochaine présidentielle, tout était possible, même qu'il vote à gauche[118], mais il vota blanc finalement[119].
Après l'élection de François Hollande, il annonce qu'il aurait finalement préféré un second mandat de Nicolas Sarkozy[120],[121]. Il déclare en 2013 que « s'[il] avait 25 ans, [il] quitterait la France »[112]. Concernant la gauche dans son ensemble, il affirme : « C’est pas la vraie gauche, c’est la gauche où il y a un malentendu. C’est-à-dire qu’avec la gauche les gens s’imaginent que les petits vont grandir et les gros vont maigrir, et en fait, c’est les gros qui maigrissent et les petits qui maigrissent encore plus[106]. »
Dans une interview accordée au Point en [122], Sardou critique également les deux finalistes de la présidentielle 2017. Il qualifie notamment le président Emmanuel Macron de « tanche » : « Il n'est pas charismatique. C'est un très mauvais acteur, il est froid, il est plat, c'est une tanche. » Mais il s'agit, pour lui, davantage d'un problème de style que de fond politique : « C’est intelligent ce qu’il dit, il a certainement raison de faire ses réformes, mais ça n’imprime pas. » Il critique aussi sévèrement Marine Le Pen : « Il est évident que je ne vais pas voter pour Le Pen, elle ne dit que des conneries[123]. »
Il émet par ailleurs des réserves sur le système du suffrage universel, argumentant : « C'est le boulevard des promesses qui ne sont jamais tenues. N'importe qui peut se présenter. Moi, demain, si j'ai un peu de pognon, je m'inscris, je passe à la télé et je propose un programme, c'est ridicule[120] ! »
Identité et univers artistiques
Sardou interprète, auteur et compositeur
Sardou est avant tout connu en tant que chanteur. S'il sait jouer du piano et de la guitare, il faut attendre le Zénith 2007 pour le voir jouer de ces instruments sur scène (guitare sur Allons danser en ouverture et piano sur Cette chanson n'en est pas une, en rappel du concert).
S'il a très rarement écrit pour d'autres artistes (Chanter les voix pour Dalida[124], Vivre pour moi pour Séverine en 1971[125], Derrière une chanson pour Michel Fugain[126], Changement de cavalière pour Sylvie Vartan, La Femme d'un ange pour Mireille Darc), nombreux sont ceux qui ont collaboré avec lui. Ainsi, pour les compositions, on retrouve très fréquemment les signatures de Jacques Revaux, Jean-Pierre Bourtayre, Didier Barbelivien ou encore Pierre Billon, et ses paroliers les plus fréquents sont Pierre Delanoë, Didier Barbelivien, Jean-Loup Dabadie, Claude Lemesle et Pierre Billon.
Une de ses collaborations les plus fructueuses est celle avec Jacques Revaux avec lequel il coécrit un grand nombre de textes de tubes : Les Villes de solitude, Les Vieux Mariés[127], Le France[127], J'accuse[127], La Java de Broadway, En chantant, Les Lacs du Connemara, Être une femme, Il était là (Le Fauteuil), Vladimir Ilitch[127], Les Deux Écoles[127], etc.
Depuis 2000, Sardou ne collabore plus avec ces auteurs-là (sauf Barbelivien), ayant fait le choix du renouvellement de son équipe en se tournant vers des personnalités plus jeunes, comme Jacques Veneruso, Robert Goldman (ce dernier écrivant pour lui sous le pseudonyme de J. Kapler) ou Daran, auteur de huit des vingt-trois chansons de l'album Hors format.
Toutefois, malgré ces collaborations, il présente un actif d'auteur et de compositeur, voire d'auteur-compositeur. Il est régulièrement parolier, puis compositeur occasionnel. Il est auteur et compositeur unique sur dix de ses titres : J'y crois (1978), L'Anatole, Méfions-nous des fourmis, Verdun (1979), Les Noces de mon père (1981), Mélodie pour Élodie (1985), 55 jours, 55 nuits, La Chanson d'Eddy (1992), Tout le monde est star (1994) et La Vie, la Mort, etc. (2004). Ainsi, il n'est pas seulement l'interprète d'un répertoire taillé sur mesure par des collaborateurs, mais bien un auteur à part entière et un compositeur occasionnel, bien qu'il ne soit pas un auteur-compositeur-interprète au sens strict, c'est-à-dire l'unique artisan de la quasi-totalité de son répertoire.
Comment classer Sardou ?
Par la grande diversité des styles explorés et des thèmes abordés, Michel Sardou est difficile à classer dans une catégorie précise. Les qualificatifs les plus fréquemment employés pour le définir sont « chanteur populaire » (qu'il revendique[128]) et « chanteur de variétés »[Cit. 7], en même temps que « chanteur engagé » (terme que, par ailleurs, il récuse[129]), ce qui peut s'apparenter au paradoxe (voir, au besoin, l'article « Musique populaire »). Au regard de sa discographie entière, ne semblent privilégiés ni le texte, ni la mélodie, ni l'orchestration, ni la voix.
Style musical et vocal
Musicalement parlant, Sardou a plus souvent opté pour un style « neutre », difficile à rattacher à un genre précis, et ne cherchant pas plus à plaire au jeune public qu'au public plus âgé[Cit. 8]. Par exemple, il est difficile de classer la chanson La Maladie d'amour dans une catégorie plus précise que celle de « variétés ». Cependant, le chanteur a su adapter son style à chaque époque et intégrer les nouvelles sonorités à son identité musicale. On remarque par exemple, dans certaines chansons de la fin des années 1970 ou du début des années 1980, l'influence du disco (J'accuse, Être une femme[130]), l'abondance des synthétiseurs[131] dans les albums des années 1980 (Rouge, Chanteur de jazz, La même eau qui coule…) ou encore le caractère electro du remix de Laurent Wolf sur la chanson Être une femme 2010.
Les seules constantes qui semblent se dégager dans l'hétérogénéité des orchestrations et des mélodies sont l'importance des cuivres et la récurrence des envolées vocales, qui sont mises au service d'un certain sens de la dramatisation et d'un lyrisme parfois qualifiés de grandiloquents[131]. Ces traits typiques se retrouvent dans bon nombre de ses succès : Le France, Je vais t'aimer, Les Lacs du Connemara, Vladimir Ilitch, Musulmanes… Certaines de ses chansons, moins connues, poussent à l'extrême ces caractéristiques et rentrent dans une tonalité proche de l'épique : Un accident (1975), Un roi barbare (1976), Je ne suis pas mort, je dors (1979), L'An mil (1983), Vincent (1988), Loin (2004) ou encore Beethoven (2006).
Doté d'une voix timbrée particulièrement imposante dans le registre de poitrine, Sardou affirme posséder une tessiture de ténor[132],[133], bien qu'il confesse qu'en prenant de l'âge, elle s'est abaissée davantage vers une tessiture de baryton[133],[134].
Style et références littéraires
Du point de vue littéraire, les textes de Sardou suivent le plus souvent des schémas classiques, marqués par des rythmes réguliers épousant les mélodies, et par la présence constante de la rime, à l'exception de quelques très rares chansons (Une lettre à ma femme, 1985). Cela s'explique en partie par la régularité de ses collaborations avec les paroliers Pierre Delanoë et Didier Barbelivien, gardiens d'un certain classicisme de la chanson française. Les mots sont souvent simples, issus du langage courant, éventuellement familier, Sardou n'hésitant pas, parfois, à l'emploi de jurons (« Le monde est moins beau qu'il n'est con » – Le Prix d'un homme, 1978 – « Je ne peux pas te traiter de putain, parce que je suis loin d'être un saint » – Déborah, 1979).
S'agissant de ses références littéraires, si la lecture du Grand Meaulnes d'Alain-Fournier (1913) est explicitement évoquée dans deux chansons (Le Surveillant général et Je vous ai bien eus), il confie « un goût » pour les poètes maudits : Edgar Allan Poe, Baudelaire, Rimbaud[114]. Dans Rouge, il fait par ailleurs référence au Cahier de Douai (« Rouge comme le sang de Rimbaud coulant sur un cahier ») et au Dormeur du val, avec « cette étoile au cœur de ce dormeur couché »[28]. Dans un entretien accordé au magazine Télé K7 en , Sardou précise la genèse littéraire de la chanson Marie-Jeanne : « Instinctivement, j'ai imaginé une Manon Lescaut des temps modernes[28] », référence au célèbre roman de l'abbé Prévost. Selon que vous serez, etc., etc., elle, fait explicitement référence à la morale de la fable de La Fontaine Les Animaux malades de la peste.
C'est moins la crudité du langage, qu'illustre par exemple le simple titre d'une chanson comme Putain de temps (1994), que celle des situations décrites par ses textes qui a pu jouer un rôle dans la cristallisation de réactions violentes à son encontre au cours des années 1970, contribuant à son étiquetage comme chanteur « populiste », voire « démagogue » ou encore « réactionnaire »[135].
Les thèmes récurrents
Dans le répertoire de Sardou cohabitent des thèmes caractéristiques de la chanson de variétés, comme la fibre lyrique (l'amour, les relations filiales, la fuite du temps), et des sujets propres à la chanson à texte (son style d'écriture est parfois qualifié de « variété à texte »[136]) ou à la chanson engagée (la critique sociale et politique, la mort), mais aussi des domaines habituellement plus fréquents en littérature qu'en chanson (l'histoire, le voyage). Cet amalgame de thèmes empruntés à différents genres de chansons opposés empêche de le circonscrire dans un style bien précis, mais forge son identité artistique.
Ainsi les chansons sur l'amour sont les plus nombreuses (on compte parmi les plus célèbres Et mourir de plaisir, La Maladie d'amour, Je vais t'aimer…), ce qui n'est pas étonnant de la part d'un chanteur dit « de variétés ». Mais elles sont suivies de près par les chansons relatives à la politique ou décrivant la société et ses mœurs. On trouve dans cette catégorie des chansons telles que Le France, J'accuse, Les Deux Écoles, Le Bac G, Selon que vous serez, etc., etc. ou Allons danser.
Sardou semble également accorder une grande importance à l'enfance, ainsi qu'aux relations entre parents et enfants : Petit, Une fille aux yeux clairs, Je vole, Il était là, Merci Pour Tout (Merci Papa), Une femme ma fille, Attention les enfants… danger…
Non sans lien avec ce précédent thème, on trouve de nombreuses chansons consacrées au temps qui passe et à la mort, parmi lesquelles Je ne suis pas mort je dors, Vivant, Les Routes de Rome, La même eau qui coule, Putain de temps… Il faut sans doute rattacher à ce thème les chansons consacrées à tel ou tel événement historique, dont Les Ricains, Danton, L'An mil et Vladimir Ilitch.
Le thème de l'armée et de la guerre est omniprésent dans son œuvre. Il semble que Sardou ait été profondément marqué par son service militaire (Le Rire du sergent, Encore deux cents jours) et que la guerre soit un sujet qui l'interpelle (Les Ricains, Si j'avais un frère au Viêt Nam, La Marche en avant, Verdun, La Bataille…).
Enfin une caractéristique singulière de son répertoire est le fait qu'il comporte de nombreuses chansons de voyage, ou évoquant une contrée éloignée : Les Lacs du Connemara, Afrique adieu, Musulmanes…
Exemple : chansons sur les États-Unis
Le goût de Sardou pour les chansons de voyage se met plusieurs fois au service de son attirance et de sa fascination pour les États-Unis. Bien que Sardou ait souvent été présenté comme un chanteur « cocardier » et « patriote », il a en réalité consacré plus de chansons à ce pays, dans lequel il a vécu plusieurs années au début des années 1990 (il a possédé une maison à Miami[137]), qu'à la France.
Son tout premier succès, Les Ricains, est parfois considéré comme étant l'expression d'un tropisme atlantiste[138] de ses orientations politiques et géographiques. Suivront, parmi les plus célèbres, La Java de Broadway ou Chanteur de jazz. Cette attirance était vue d'un mauvais œil au début des années 1970, quand Sardou semblait défendre l'intervention et la politique américaines en pleine guerre du Viêt Nam.
S'il évoque souvent ce pays avec un certain idéalisme – comme dans L'Amérique de mes dix ans, Happy Birthday ou Je vous ai bien eus (« Je disais souvent l'Amérique, je sais que moi j'irai un jour, et que j'en reviendrai plus riche que Dupont de Nemours ») –, il exprime par moments un désenchantement réel, comme dans Los Angelien, qui de la vie en Californie dit qu'on passe « trois cents jours sans pluie sans rien à raconter », ou encore dans Huit jours à El Paso qui, écrite à la suite d'un voyage dans le Colorado avec Johnny Hallyday en 1978[139], déplore la disparition de l'ambiance Far West au profit de la modernité.
Michel Sardou place Les Ricains, La Java de Broadway et Chanteur de jazz dans ses tours de chant jusque dans les années 2010. Depuis 1973, il a inscrit Les Ricains à son tour de chant à quatre reprises, les deux premières dans des conditions bien particulières : en 1991, au moment de la guerre du Golfe ; en 2004-2005, lors de la seconde intervention américaine en Irak. Enfin, il la reprend en 2013 et en 2017-2018 lors des tournées Les Grands Moments et La Dernière Danse, dans une version country[74].
Influences et filiations
Par l'aspect éclectique de son répertoire, Sardou n'est l'héritier décelable d'aucun chanteur français en particulier. Il confie néanmoins son admiration pour Yves Montand[140],[141], dont il dit même qu'il a fait « la plus belle carrière du monde », notamment en obtenant autant de succès au cinéma que dans la chanson[142]. Il revendique également avoir voulu « faire du Brel » au tout début de sa carrière, pendant l'époque antérieure aux Bals populaires[Cit. 9]. L'influence du chanteur belge se retrouve sur certaines chansons comme Le Surveillant général, dont les dernières paroles (« Quand je tiens dans mes bras une femme trop fière / Qui se refuse à me donner un peu plus que le nécessaire […] ») peuvent évoquer celles de Au suivant (« Chaque femme, à l'heure de succomber / Entre mes bras trop maigres, semble me murmurer / "Au suivant ! Au suivant !" »)[143].
Sardou n'a jamais caché non plus son admiration pour Charles Aznavour ni l'influence que celui-ci a pu avoir sur son œuvre. Michel Drucker déclare en 1994 que « dans le registre de la chanson populaire de qualité […] Michel est le successeur naturel de Charles[Cit. 10] ». Dans son répertoire, les références à Charles Trenet sont le reflet d'une autre de ses inspirations (L'Anatole en 1979, qui se présente comme un hommage au chanteur, puis La Maison des vacances en 1990).
Dans les années 1970 et même encore aujourd'hui[144], il est souvent comparé à Serge Lama (son « grand rival »[145]), non pas pour leurs styles distincts, mais en opposant et en comparant les chanteurs populaires qu'ils sont alors, pour établir lequel des deux est le digne héritier de la chanson française.
Michel Sardou a aussi souvent fait état de l'influence que Johnny Hallyday, idole de sa jeunesse, a exercée sur son œuvre. Il le rencontre pour la première fois en 1963, sur le tournage du film D'où viens-tu Johnny ?, auquel participe son père Fernand Sardou. Alors adolescent, celui-ci écrit sa première chanson, intitulée Le Dernier Métro, pour Johnny, mais elle ne voit jamais le jour[146]. Au cours des années 1970, nombreuses sont ses chansons marquées par l'influence du « chant de Hallyday » : Tuez-moi, Les Villes de solitude (1973), J'ai 2000 ans, Le bon temps c'est quand (1974), La Tête assez dure (1978), il n'est pas jusqu'à Un accident (1975) ou J'accuse (1976), qui ne soient dans cette veine « hallydayenne », cette singulière façon de donner de la voix. En 1973, il lui rend d'ailleurs hommage avec la chanson Hallyday (Le Phénix).
Il est également difficile de discerner clairement ses héritiers parmi les chanteurs de la génération qui le suit. Des chanteurs comme Patrick Bruel ou Garou exploitent la fibre « chanteur populaire » et ne cachent d'ailleurs pas leur admiration pour lui[147],[Cit. 11]. Bénabar est également quelquefois comparé à lui, ayant même été qualifié de « Sardou de gauche », mais il nie que Sardou ait exercé une influence sur son œuvre[Cit. 12] ; il prétend même que cette comparaison est effectuée par certains détracteurs qui « insinuent l’idée que […] Sardou n’[a] fait que de la merde »[148], opinion dont il se démarque explicitement : « Figurez-vous qu’il y a pas mal de chansons de Sardou pour lesquelles j’ai une faiblesse »[148].
Controverses
Michel Sardou a cristallisé nombre de polémiques, de réactions hostiles et de querelles tout au long de sa carrière. La portée de ses chansons a largement dépassé le simple cadre artistique : elle a une évidente dimension sociologique, voire politique. Il n'est en effet pas commun qu'un chanteur de variétés suscite des réactions jusqu’aux plus hauts niveaux de l’État, comme Sardou a pu le faire, depuis Les Ricains en 1967, interdite par le général de Gaulle, jusqu’au Bac G, en 1992, qui lui valut de se faire qualifier de « saltimbanque » par le ministre de l’Éducation nationale de l’époque, Lionel Jospin. Toutefois, les polémiques autour du chanteur ont surtout atteint leur paroxysme dans les années 1970.
Les accusations
Ce sont essentiellement les chansons de Michel Sardou, souvent à cause de quelques vers, de quelques mots, mais aussi parfois du fait d'idées exprimées, de prises de positions, qui sont à l'origine des griefs portés contre lui. Pour ses détracteurs, Michel Sardou serait principalement sexiste, homophobe et fasciste.
Sexisme
Selon des féministes, Sardou défendrait dans ses chansons des valeurs patriarcales, voire phallocrates, machistes. On l'accusa de viriliser à l'excès son jeu de scène dans les premières années de sa carrière[Cit. 13].
En ce qui concerne les textes, les premières critiques arrivent avec Les Vieux Mariés (1973), notamment en raison de ces vers : « Tu m'as donné de beaux enfants / Tu as le droit de te reposer maintenant », dont le ton est perçu comme patriarcal. Mais c'est surtout la violence des Villes de solitude (1973) qui marque, à l'époque, les esprits. Les lignes du deuxième couplet (« J'ai envie de violer des femmes / De les forcer à m'admirer / Envie de boire toutes leurs larmes / Et de disparaître en fumée ») font vivement réagir les mouvements féministes[Cit. 14]. Sardou pousserait donc sa phallocratie au point de faire l'apologie du viol dans ses chansons ; cependant, au sujet des Villes de solitude, Sardou dit se mettre dans la peau d'un jeune homme désabusé qui noie son ennui dans l'alcool et exprime alors des fantasmes brutaux[149]. En dépit des explications apportées, les vers incriminés sont encore parfois accusés d'« entretenir la culture du viol », y compris par certains reconnaissant par ailleurs le caractère « visionnaire » de la chanson au sujet d'une société qui engendre de la violence dans le contexte des crises économiques et sociales marquant la fin des Trente Glorieuses[150].
Il serait également le chantre d'une sexualité où le rôle de l'homme serait magnifié et celui de la femme rabaissé, la référence au marquis de Sade dans Je vais t'aimer (1976) n'étant pas perçue comme anodine (« À faire pâlir tous les marquis de Sade / À faire rougir les putains de la rade / À faire crier grâce à tous les échos / À faire trembler les murs de Jéricho / Je vais t'aimer »)[Cit. 15].
Le sexisme supposé de Sardou peut donc se résumer ainsi :
« Ne manque à ce tableau que le sexisme, ou la phallocratie, comme on voudra. Point n'est besoin de chercher très loin. Car la femme est ici conforme aux images d'Épinal d'une société méditerranéenne. […] Épouse, mère ou putain, la femme de l'univers Sardou n'a pas sa place en ces lieux de réjouissance publique, à elle le lit, les couches ou le bordel. Épouse, donc, elle a pour rôle principal de fournir des têtes blondes à la France[151]. »
En 1981, la chanson Être une femme lui attire encore l'hostilité des féministes[152]. La version de 2010, qui dresse le constat de la situation des femmes dans la société trente années plus tard, fait à nouveau polémique : elle est dénoncée par le Mouvement des jeunes socialistes, qui affirme qu'elle livre « une vision inégalitaire et sexiste des femmes », ou encore par la chroniqueuse et militante Isabelle Alonso[Cit. 16].
Homophobie
L'accusation d'homophobie portée à son égard est vue comme le corollaire de son sexisme. En cause la chanson Le Rire du sergent (1971), où Sardou revient sur son passage à l'armée et semble évoquer le souvenir d'un sergent efféminé (« La folle du régiment / La préférée du capitaine des dragons ») usant du « fayotage » pour progresser dans la hiérarchie[Cit. 17]. Les chansons J'accuse (1976), dans laquelle Sardou évoque des « hypocrites moitié pédés, moitié hermaphrodites », et Chanteur de jazz (1985) où des « nuées de pédales » sortent du Carnegie Hall de New York, ont également pu être interprétées comme manifestant une forme d'homophobie[28],[131],[153].
Néanmoins, Michel Sardou n'a jamais été victime d'attaques de la part de la communauté homosexuelle et ces accusations se sont rapidement dissipées. La chanson Le Privilège, sortie en 1990, donne même l'image d'un Sardou tolérant, compréhensif et ouvert d'esprit sur la question de l'homosexualité. En outre, depuis 1991, les paroles de J'accuse sont retouchées lors des interprétations en concert, Sardou ne prononçant plus « J'accuse les hommes de croire des hypocrites / Moitié pédés, moitié hermaphrodites » mais « J'accuse les hommes de se croire sans limites / J'accuse les hommes d'être des hypocrites ». Il explique également dans son autobiographie publiée en 2009 que la « folle du régiment » évoquée dans Le Rire du sergent n'est pas le sergent, mais lui-même[Cit. 18].
Fascisme
Au cours des années 1970, « fasciste » était une invective beaucoup plus répandue qu'aujourd'hui pour désigner une personne aux idées se rapprochant d'une droite dite dure, voire simplement conservatrice. Le journal L'Humanité a employé ouvertement à l'encontre de Sardou le terme de fasciste[Cit. 19], mais on groupe sous cette qualification un certain nombre d'accusations formulées par des analystes de gauche dont les valeurs d'internationalisme, de mondialisme et d'anationalisme sont opposées à certaines prises de positions politiques – réelles ou supposées – de Sardou : patriotisme, nationalisme, colonialisme, conservatisme, poujadisme, populisme[Cit. 20]…
C'est une étiquette qui lui est très tôt accolée dans sa carrière, dès Les Ricains en 1967, chanson que ceux qui, de France, soutenaient la cause communiste du Nord Viêt Nam (Union des jeunesses communistes marxistes-léninistes, entre autres) ont interprétée comme étant une prise de position en faveur de l'implication des États-Unis dans la Guerre du Viêt Nam, même si les paroles n'y font pas explicitement référence (le contexte historique veut qu'en 1966, le général de Gaulle ait fait sortir la France du commandement intégré de l'OTAN[154]) :
« Si les Ricains n'étaient pas là
Vous seriez tous en Germanie
À parler de je ne sais quoi
À saluer je ne sais qui.
Bien sûr les années ont passé,
Les fusils ont changé de mains.
Est-ce une raison pour oublier
Qu'un jour on en a eu besoin ? »
J'habite en France (1970) l'installe par la suite dans le rôle du chantre populiste de la « France profonde », de la « majorité silencieuse »[Cit. 21]. Ses plus ardents pourfendeurs vont toutefois plus loin dans la dénonciation, comme sur ce tract de 1977, où on peut lire :
« Appel au fascisme : nous n'entendons plus que des chansons racistes, ou l'apologie du nazisme, d'ailleurs son service d'ordre est composé de militants de partis d'extrême droite, néo-fascistes. Avec Minute et Le Parisien, il est l'outil insidieux d'une fascisation grandissante. Ces chansons et journaux incitent à la haine et à la violence. Ces idées sont dangereuses !!! »[155]
Les chansons qui lui valent le plus de déboires et de polémiques, de ce point de vue, sont celles de 1976 : Le Temps des colonies et surtout Je suis pour. Certains reprochent à la première une exaltation aux confins du racisme de l'époque coloniale :
« […] Autrefois à Colomb-Béchar,
J'avais plein de serviteurs noirs
Et quatre filles dans mon lit,
Au temps béni des colonies […]
Y a pas d'café, pas de coton, pas d'essence,
En France, mais des idées ça on en a,
Nous, on pense […] »
Dans Je suis pour, Sardou se met dans la peau d'un père dont l'enfant a été assassiné et qui, s'adressant au coupable du crime, lui exprime sa souffrance, sa colère et sa haine. La chanson met définitivement le feu aux poudres. Sardou se voit accusé d'instrumentaliser les peurs et les polémiques – alors que la France s'émeut et s'indigne du meurtre du petit Philippe Bertrand par Patrick Henry – et de contribuer à l'appel au lynchage. Enfin et surtout, le chanteur est accusé de faire l'apologie de la peine capitale[156].
« […] Les philosophes, les imbéciles,
Parce que ton père était débile,
Te pardonneront mais pas moi,
J'aurai ta tête en haut d'un mât.
Tu as tué l'enfant d'un amour.
Je veux ta mort : je suis pour ! »
Michel Sardou se défend de prendre fait et cause pour la peine de mort, déclarant que la chanson ne parle que d'un père qui revendique la loi du talion, mais qu'elle ne reflète en rien une opinion personnelle[149].
Le point de vue de Sardou
Le chanteur, loin d’être insensible aux réactions qu’il a pu susciter, les a souvent déplorées, exprimant à la fois son regret d’être mal compris de la part d’un certain public et son étonnement devant les proportions que peuvent prendre certaines polémiques.
Pour se défendre, il utilise régulièrement une argumentation sur la nature et la valeur de ce qu’est une chanson. Il soutient en effet ne pas chercher à transmettre de message politique ou idéologique à travers ses textes et affirme par conséquent que les réactions passionnées et politisées qu'ils ont pu susciter sont injustifiées et erronées, car en décalage avec ses intentions :
« Je ne me rendais pas bien compte non plus de la portée des chansons. Pour moi, ce n'étaient que des chansons. Pas des professions de foi[157] ».
Sa thèse est ainsi celle d’un cantonnement du chanteur dans la sphère artistique : l’artiste peut traiter de sujets politiques et polémiques, mais toujours dans une démarche purement esthétique et scénique, et non par engagement militant.
Cette conception exclusivement artistique du rôle du chanteur confère à celui-ci une certaine latitude dans le choix des idées à exprimer : n’étant pas prisonnier de son propre « je » par son refus de délivrer un quelconque message idéologique, il pourrait dès lors interpréter des personnages à la première personne sans qu’il y ait identité entre ses propres idées et celles du personnage incarné. Par exemple, il peut adopter, le temps d'une chanson, le point de vue d'un homme rendant hommage à Lénine (Vladimir Ilitch : « Toi, Vladimir Illitch, […] Toi qui avais rêvé l'égalité des hommes ») et, dans une autre chanson, exprimer le point de vue d'un ancien colon qui regrette le temps de l'Empire colonial français (Le Temps des colonies : « Pour moi monsieur rien n'égalait les tirailleurs sénégalais qui mouraient tous pour la patrie »), mais à en croire l'argumentation utilisée par Sardou, il serait une erreur de penser que le chanteur cherche à exprimer, dans un cas ou dans l'autre, ses convictions personnelles[158]. Cette dissociation entre personnage et interprète se rapproche de la démarche du comédien :
« Ces gens-là ont du mal à admettre que lorsque l'on interprète comme moi quinze, dix-huit chansons sur scène chaque soir, on n'est pas forcément sincère, on joue des personnages. Comme un acteur va jouer un curé, un pédéraste, un aubergiste, moi je joue un vieux marié, un bateau, un prince. Ce sont des rôles que je me distribue. Alors certains viennent me chercher des idées que je n'ai pas eues en lisant trop entre les lignes[159] ».
Aussi bien capable de parler au nom d’un curé (Le Curé), du père d’un enfant assassiné (Je suis pour), d’un bateau (Le France), de Danton (Danton), d'un otage (Le Prix d'un homme), d’une vieille femme (Victoria) ou d’un adolescent homosexuel (Le Privilège), Sardou se met à la place de différents personnages dont il exprime le point de vue, en conservant le « je » comme mode d’expression privilégié. Il brouille ainsi les pistes et les repères, et de son répertoire se dégage une grande quantité d'ambiguïtés et de contradictions. Les polémiques que Sardou a provoquées ne seraient donc que le résultat d'une mauvaise interprétation de ses intentions réelles. Il dit ainsi, en 1989, à propos du Temps des colonies :
« Le ciel m'est tombé sur la tête. Je croyais camper un de ces personnages de bistrot qui racontent toute leur vie la bataille d'Indochine. J'ai en partie échoué. Certains journalistes ont compris l'opposé : je sublimais les années coloniales ! J'incitais à la haine raciale ! J'aime chanter à la première personne. J'entre ainsi dans un rôle comme le ferait un comédien. L'engagement est joué. La scène n'est pas un lieu où je me confesse. Le malentendu vient toujours de ceux qui n'écoutent pas. On leur dit : « Sardou chante les colonies, c'est honteux ! » Alors c'est un scandale ! »[40].
Discographie
Les ventes de Michel Sardou sont, à ce jour, estimées à plus de 100 millions de disques[160],[11].
Albums studio
- 1970 : J'habite en France
- 1971 : Petit - Les Ricains
- 1972 : Danton
- 1973 : La Maladie d'amour
- 1976 : La Vieille
- 1977 : La Java de Broadway
- 1978 : Je vole
- 1979 : Verdun
- 1980 : Victoria
- 1981 : Les Lacs du Connemara
- 1982 : Il était là
- 1983 : Vladimir Ilitch
- 1984 : Io Domenico
- 1985 : Chanteur de jazz
- 1987 : Musulmanes
- 1988 : Le Successeur
- 1989 : Sardou 66
- 1990 : Le Privilège
- 1992 : Le Bac G
- 1994 : Selon que vous serez, etc., etc.
- 1997 : Salut
- 2000 : Français
- 2004 : Du plaisir
- 2006 : Hors format
- 2010 : Être une femme 2010
- 2017 : Le Choix du fou
Albums live
- 1971 : Olympia 71
- 1975 : Olympia 75
- 1976 : Olympia 76
- 1978 : Palais des congrès 78
- 1981 : Palais des congrès 81
- 1983 : Vivant 83
- 1985 : Concert 85
- 1987 : Concert 87
- 1989 : Bercy 89
- 1991 : Bercy 91
- 1993 : Bercy 93
- 1995 : Olympia 95
- 1998 : Bercy 98
- 2001 : Bercy 2001
- 2005 : Live 2005 au Palais des sports
- 2007 : Zénith 2007
- 2011 : Confidences et retrouvailles - Live 2011
- 2013 : Live 2013 - Les Grands Moments à l'Olympia
- 2018 : La Dernière Danse
Chansons
Chansons emblématiques
Note : Classement par ordre chronologique.
- Les Ricains (1967), alors que l’année précédente le Président de la République Charles de Gaulle condamne l’intervention américaine au Viêt Nam et sort la France du commandement intégré de l’OTAN, Sardou rend hommage dans cette chanson aux soldats américains de la Seconde Guerre mondiale et à leur sacrifice lors de la Libération de la France. La chanson est interdite sur les radios et à la télévision. Sardou l’enregistre une deuxième fois en 1970, sur l’album J’habite en France, et une troisième en 1989 sur l’album Sardou 66 qui reprend certaines de ses premières chansons.
- Petit (1967), l’un des premiers titres de Sardou sur le thème de l’enfance. Sardou y fait parler un père confessant à son fils le délitement de l‘amour qui l’unit à sa mère. Comme le titre précédent, Petit est réenregistré en 1970, sur l’album J’habite en France, ainsi qu’en 1989 sur Sardou 66.
- Monsieur le Président de France (1969), sur le même thème que Les Ricains – la reconnaissance envers l’Amérique alliée et le devoir de mémoire que la France lui doit –, Sardou persiste et signe en apostrophant directement le président de la République française. Ce titre est également réenregistré en 1972 avec une nouvelle orchestration (album Danton). Il n’hésite pas à y traiter de « derniers des salauds » ceux qui brûlent le drapeau américain par opposition à la guerre du Viêt Nam (album J’habite en France).
- Les Bals populaires (1970), premier grand succès de l’artiste (524 000 exemplaires vendus et objet de nombreuses récompenses[161]) qui mentionne, non sans humour, les fêtes populaires que l'on donne dans les villages (album J’habite en France).
- Et mourir de plaisir (1970), l’une de ses toutes premières chansons d’amour à devenir un tube (album J’habite en France).
- J’habite en France (1970), sur le ton de l’humour, d’esprit goguenard et chauvin, Sardou y évoque la douceur de vivre « à la française » et vante au passage quelques qualités propres à la France telles que l’amour, le bon vin, les jolies femmes, les cafés, les chansons à boire… (album J’habite en France).
- Le Rire du sergent (1971), succès dans la veine comique qui évoque le service national et semble brocarder un sergent quelque peu efféminé. Ce titre a valu à Sardou ses premières accusations d’homophobie (45 tours).
- Un enfant (1972), évoque la paternité, deux ans après la naissance de sa fille aînée (album Danton).
- Le Surveillant général (1972), première chanson sur le thème de l’éducation et de l'enseignement. Le chanteur dénonce le comportement abusif de certains maîtres, ici un « surgé », censés incarner l'autorité sur la jeunesse. La chanson évoque aussi l'internat, l'éveil de la sensualité et la masturbation : « […] Je me faisais plaisir, je me faisais dormir / Je m'inventais un monde rempli de femmes aux cheveux roux […] Pauvre de moi, monsieur le surveillant […] passait ses nuits à espionner / Comment les jeunes étaient couchés / Bien sur le dos, les bras croisés / Sur la couverture de laine / Des fois qu'on aurait des idées […] Pauvre taré, pauvre Chimène ». Sardou conclut que ces tabous, humiliations et sanctions sont la cause des inhibitions sexuelles de l'adulte : « Quand je tiens dans mes bras une femme trop fière / Qui se refuse à me donner un peu plus que le nécessaire / Parce que j'hésite à la défaire de son carcan de préjugés / […] J'ai presque envie de lui confier / Qu'en ce temps-là, j'avais un surveillant des classes secondaires / Mais ça la ferait rigoler » (album Danton).
- La Maladie d'amour (1973), un des plus grands tubes de Michel Sardou, resté neuf semaines en tête du hit-parade[162]. Elle dépeint l'universalité et l'intemporalité de l'amour. Les vers « Elle court, elle court / La maladie d'amour / Dans le cœur des enfants / De 7 à 77 ans », inspirés de La BD des 7 à 77 ans, sont restés dans les mémoires (album La Maladie d'amour).
- Le Curé (1973), plaidoyer contre le célibat des prêtres, une prise de position pour laquelle le chanteur affirme avoir frôlé l'excommunication[163] (album La Maladie d'amour).
- Les Vieux Mariés (1973), évoque une vieillesse heureuse et l'amour d'un couple qui a résisté au temps. L'homme remercie son épouse de l'avoir fait père : la rime « Tu m'as donné de beaux enfants, tu as le droit de te reposer maintenant » constitue l'un des premiers malentendus de Sardou avec les féministes. Pierre Delanoë, co-auteur des paroles, confie avoir écrit Les Vieux Mariés en réaction à la chanson de Jacques Brel Les Vieux qui décrit tragiquement la vieillesse[164] (album La Maladie d'amour).
- Zombi Dupont (1973), chanson humoristique un peu oubliée, dans laquelle Sardou relate l'histoire d'un indigène vivant primitivement au fin fond de l'Australie et que des « âmes bien pensantes », au nom de ce qu'ils considèrent être la civilisation, veulent instruire. Nom de baptême, scolarité, souliers, confort matériel, service national, Zombi Dupont refuse finalement tout et retourne vivre en « sauvage » au milieu de sa forêt (album La Maladie d'amour).
- Les Villes de solitude (1973), qui évoque l'ennui d'un homme devant la banalité de sa vie, un ennui qu'il noie dans l'alcool. Le narrateur rêve qu'il ose être un autre et exprime des fantasmes brutaux, sans toutefois passer à l'acte (« J'ai envie de violer des femmes / De les forcer à m'admirer »). Une fois l'alcool et ses effets dissipés, il retourne à la monotonie de son quotidien. La chanson est mal reçue par les mouvements féministes, qui protestent vivement (album La Maladie d'amour).
- Je veux l'épouser pour un soir (1974), chanson sous forme de complainte où Sardou clame son envie de dormir près d'une « enfant dans sa robe du dimanche », trouvée « dans un gala de quelque part » (45 tours).
- Une fille aux yeux clairs (1974), hommage d'un homme à sa mère, il s'agit d'une des plus célèbres chansons de Sardou sur le thème des relations filiales (45 tours).
- Un accident (1975), chanson dans laquelle Sardou se met dans la peau d'un homme qui vient de subir un accident de voiture. Il demande qu'on prévienne sa femme, sans pour autant appeler ses parents, car sa mère ne « supporterait pas » la violence de la scène (45 tours).
- Le France (1975), hommage au paquebot France alors amarré au « quai de l'oubli » au port du Havre. La chanson, qui reste l'un des plus grands tubes de Sardou, est saluée à sa sortie par les syndicats et les communistes, en même temps qu'elle contribue à donner de lui l'image d'un chanteur patriote (album La Vieille).
- Je vais t'aimer (1976), l'un des plus grands succès de Michel Sardou, le texte, sensuel au verbe parfois cru, évoque une nuit d'amour : « À faire pâlir tous les marquis de Sade / À faire rougir les putains de la rade / […] / Je vais t'aimer / […] À faire cerner à faire fermer nos yeux / À faire souffrir à faire mourir nos corps / […] Je vais t'aimer, je vais t'aimer d'amour ». La mélodie de Jacques Revaux et Michel Sardou est librement inspirée du Concerto d'Aranjuez de Joaquín Rodrigo[165]. Les paroles sont de Gilles Thibaut qui, dans un registre similaire, a déjà signé, en 1969, la chanson Que je t'aime pour Johnny Hallyday (album La Vieille).
- La Vieille (1976), qui présente cette fois-ci la vieillesse sous un angle pessimiste, insistant sur l'isolement qui l'accompagne (« Y a les petits-enfants des enfants / Et les enfants des petits-enfants / Y a ceux qui viendraient bien des fois / […] Ceux qui ont pas le temps, qui habitent pas là / Puis y a les autres qui n'y pensent pas ») (album La Vieille).
- J'accuse (1976), pamphlet dénonçant les grandes dérives de l'humanité (pollution, guerres, génocides…), c'est l'un des plus grands succès de Sardou dans sa veine polémique. La chanson contient des éléments proches de l'antimilitarisme (« J'accuse les hommes d'être bêtes […] à marcher au pas des régiments »). Sardou se voit accusé d'homophobie en raison des vers suivants : « J'accuse les hommes de croire des hypocrites / Moitié pédés, moitié hermaphrodites »[166]. Il retouche ces vers à partir de 1991 lorsqu'il chante le titre en concert (album La Vieille).
- Le Temps des colonies (1976), chanson controversée à laquelle certains reprochent de faire l'apologie de la colonisation. Le chanteur s'en est toujours défendu en évoquant le deuxième degré de la chanson (album La Vieille).
- Je vous ai bien eus (1976), évoque la réussite d'un homme auquel on ne croyait pas : « Je ne vous ressemblais pas, vous ne m'avez pas cru, mais je vous ai bien eus ». Succès d'époque quelque peu oublié aujourd'hui (album La Vieille).
- Je suis pour (1976), chanson évoquant la colère d'un père dont l'enfant a été assassiné, et qui sort pendant l'affaire Patrick Henry. La polémique fait rage entre les partisans et les opposants à la peine de mort, qui lui reprochent d'en faire l'apologie. Sardou s'en défend en affirmant avoir fait une chanson sur la loi du talion et les instincts paternels. Avec le recul, il considère avoir écrit un polar musical et déclare à propos du titre Je suis pour « qu'il était bien mal choisi »[167] (album La Vieille).
- Un roi barbare (1976), chanson dans laquelle Sardou traite le thème de la réincarnation (« Dans une autre vie, tu étais roi barbare »). Le texte semble reprendre les grandes thèses de la franc-maçonnerie au sujet de la vie après la mort et plus simplement de la religion, raison pour laquelle on retrouve le lexique maçonnique (« maçon et charpentier » ; « t'initier à leurs secrets » ; « le Grand Architecte » ; « la grande Bible des païens »). Cette chanson, en compagnie de plusieurs autres de Sardou, manifeste un intérêt pour les sujets occultes (album La Vieille).
- Dix ans plus tôt (1977), titre dans lequel Michel Sardou confirme son désir d'apaiser les esprits après les polémiques de 1976 : « S'il y a des mots / Qui t'ont fait pleurer, mon ange / Et d'autres qui t'ont révoltée / S'il y a des idées quelquefois qui dérangent / J'en ai qui font danser ». Il renoue avec la chanson d'amour et fait de ce slow un des succès de l'été 1977, qui compte parmi ses grands succès populaires (album La Java de Broadway).
- La Java de Broadway (1977), qui dépeint une virée entre amis à Broadway et où fusent les comparaisons avec la manière de festoyer en France, notamment à Meudon, ce qui a pu porter certains à imaginer des raisons pour ce rapprochement en apparence hasardeux[168] (album La Java de Broadway).
- Comme d'habitude (1977), reprise du tube de son ami Claude François paru en 1967. Initialement, Sardou avait refusé d'interpréter la première mouture du titre[169] ; composée par Jacques Revaux, la chanson qui s'appelait alors For me avec des paroles en anglais est retravaillée avec Claude François (qui lui aussi l'a rejetée dans sa première version), qui réécrit les paroles avec Gilles Thibaut. Si Sardou, dix ans plus tard, reprend Comme d'habitude, il l'interprète à la manière du standard international My Way (traduction anglaise de la chanson), quelque peu différente de la version de 1967, et modifie la chute de la chanson (« Comme d'habitude, on fera l'amour / Comme d'habitude, on fera semblant ») en supprimant le vers « On fera semblant ». En 1982, Michel Sardou utilise Comme d'habitude en introduction et à la fin du sketch Maman qu'il interprète avec sa mère Jackie Sardou (albums La Java de Broadway et Il était là).
- Je vole (1978), composé par Michel Sardou, ce titre évoque la fugue d'un adolescent en pleine nuit, après avoir laissé une lettre à ses parents. On le retrouve dans un train, qui l'emporte toujours plus loin vers l'Atlantique, mal à l'aise entre son désir d'autonomie et l'angoisse de l'inconnu. Sardou évoque plutôt une chanson métaphorique qui parle du suicide, un fils qui s'est suicidé et qui explique son geste[Cit. 22] (album Je vole).
- En chantant (1978), ritournelle presque enfantine écrite avec Toto Cutugno, où l'existence, de la naissance à la mort, se traverse en chantant. Le chanteur, las des polémiques autour de ses chansons de 1976, confie avoir recherché avec ce titre une chanson fédératrice. En chantant s'inscrit parmi ses plus grands succès (album Je vole).
- Le Prix d'un homme (1978), avec ce titre Sardou renoue avec la chanson qui colle à l'actualité, sciemment délaissée depuis 1976. Alors qu'en France le baron Empain est enlevé le 23 janvier 1978, et qu'Aldo Moro l'est le en Italie, Sardou se met dans la peau d'un personnage quelques minutes après son enlèvement (« Mes gardiens ne me parlent pas / […] Putain de ville, on avance pas / […] J'étouffe et j'ai très mal au dos / Chaque fois qu'il donne un coup de frein / […] Se faire piéger en plein Paris / En pleine civilisation / On se croirait en Italie / Le monde est moins beau qu'il n'est con ») et s'interroge sur ce que vaut la vie d'un homme (album Je vole).
- Je ne suis pas mort, je dors (1979), cette chanson évoque la survie de l'âme après la mort du corps, ou encore la persistance, dans la mémoire collective, de l'œuvre d'une vie. Ce titre était, dans le répertoire de Sardou, la chanson préférée de François Mitterrand[Cit. 23]. Cette chanson est un hommage de Michel Sardou à son ami Claude François, mort brutalement en 1978[170] (album Verdun).
- Être une femme (1981), chanson satirique sur les femmes, pouvant prêter à différentes interprétations[171]. Sardou peut tout aussi bien porter un regard amusé et railleur sur l'évolution de la condition féminine, en prise avec cette contradiction qui consiste à renier toute féminité pour servir la cause des femmes (« Enceinte jusqu'au fond des yeux / Qu'on a envie d'appeler monsieur / En robe du soir, à talons plats / Qu'on voudrait bien appeler papa »), ou au contraire, ramener la femme au rang d'objet de désir, paradoxalement plus féminin que jamais (« Femme des années 1980 / Mais femme jusqu'au bout des seins / […] Qu'on a envie d'appeler Georges / Mais qu'on aime bien sans soutien-gorge ») (album Les Lacs du Connemara).
- Les Lacs du Connemara (1981), évocation lyrique de l'Irlande. Composé par Jacques Revaux (il dirige également l'orchestre symphonique de Londres lors de l'enregistrement studio), ce titre s'inscrit parmi les grands classiques de Michel Sardou, repris dans l'intégralité des concerts ayant suivi sa parution. En citant de nombreux toponymes, le texte évoque le mariage de Maureen et Sean Kelly, deux personnages de confession catholique, et laisse apparaître le conflit entre protestants et catholiques en toile de fond[Cit. 24] (album Les Lacs du Connemara).
- Je viens du sud (1981), chanson qui rapporte, non sans mélancolie, l'attachement de Sardou pour ses origines du sud de la France qu'il a par son père (album Les Lacs du Connemara).
- L'Autre Femme (1981), chanson dans laquelle Sardou décrit le quotidien ordinaire d'une femme « presque » comme toutes les autres, « mis à part un petit détail / Quand elle se rend à son travail / C'est pour aller faire la pute », afin de subvenir à ses besoins et de payer l'éducation de son « petit garçon » qu'elle a confié à une portugaise. Précisément, l'allusion à cette baby-sitter portugaise fut l'objet d'un malentendu, où le chanteur se vit interpellé lors de l'émission télévisée Le Jeu de la vérité par une téléspectatrice qui lui reprocha d'avoir chanté que « les Portugaises sont des p… » [sic]. On peut entendre le chanteur s'en amuser sur le live Concert 85 où, s'adressant au public, il déclare : « ce ne sont que des chansons ! […] Regarde un peu ce qu'ils ont fait de ma Portugaise ». (album Les Lacs du Connemara).
- Afrique adieu (1982), chanson manifestant un goût pour le voyage et l'exotisme exprimés sur un mode lyrique, qui livre une vision pessimiste et désabusée du tiers-monde africain. De nombreux pays et capitales de pays africains sont mentionnés. Chanson rythmée mais mélancolique, elle est par la suite égayée en concert (album Il était là).
- Il était là (Le Fauteuil) (1982), hommage à son père Fernand Sardou, exploitant le thème du passage de flambeau entre plusieurs générations d'artistes (album Il était là).
- Vladimir Ilitch (1983), réquisitoire contre les dérives de l'Union soviétique. Sardou y invoque Lénine, et affirme que les idéaux socialistes se sont perdus dans la corruption et la dictature (« Lénine, relève-toi : ils sont devenus fous », référence au Printemps de Prague, à la « normalisation » en Pologne…). Pierre Delanoë, anticommuniste[172], aurait écrit les passages « anticommunistes primaires »[173],[Cit. 25] tandis que Sardou aurait inclus les passages élogieux vis-à-vis de Lénine : « Toi qui avais rêvé l'égalité des hommes », « Ami du genre humain, ils sont devenus fous »… (album Vladimir Ilitch).
- L'An mil (1983), chanson écrite en collaboration avec Pierre Barret, qui lie les peurs du Moyen Âge à la crise des repères religieux d'aujourd'hui, les deux époques étant séparées par un intermède de synthétiseurs et d'orgues reprenant le thème du Dies iræ déjà entendu chez Saint-Saëns ou dans la Symphonie fantastique d'Hector Berlioz. Ce titre a souvent donné lieu à des mises en scène grandioses en concert, notamment Bercy 2001 (album Vladimir Ilitch).
- Les Deux Écoles (1984), en cette époque où les Français se divisent et se mobilisent pour ou contre le Projet de loi Savary, Sardou évoque les luttes historiques entre l'école privée et l'école publique, et déclare finalement que chacun doit être libre de son choix : « Je veux que mes enfants / S'instruisent à mon école / S'ils ressemblent à quelqu'un / Autant que ce soit moi » et conclut « J'ai fait les deux écoles / Et ça n'a rien changé ». Il participe par ailleurs à la grande manifestation du mouvement de l'École libre du [174] (album Io Domenico).
- Rouge (1984), évocation de la couleur rouge, qui se rapporte à de nombreux domaines, ponctuée de références à l'œuvre d'Arthur Rimbaud (album Io Domenico).
- Chanteur de jazz (1985), chanson rythmée écrite par Jean-Loup Dabadie, visite guidée de New York. La chanson, succès populaire, est reprise dans de nombreux concerts (album Chanteur de jazz).
- 1965 (1985), chanson à dimension autobiographique qui émet le bilan après vingt années de carrière. Le texte repasse les moments forts de son existence, tels que son premier mariage ou la mort de son père survenue en 1976 (album Chanteur de jazz).
- Musulmanes (1986), hommage aux femmes musulmanes et regard amer porté sur leur condition en pays arabes. Grand succès public et critique, elle est sacrée chanson originale de l'année en 1987 aux Victoires de la musique (album Musulmanes).
- La même eau qui coule (1988), chanson qui évoque la dimension cyclique du vivant et le mouvement d'éternel retour (« De l'homme que j'étais à l'enfant que je suis / J'ai suivi le trajet que les autres avaient pris »). Sardou précise que le monde ne change finalement jamais qu'en surface et qu'il se répète plus qu'il n'évolue (« À part les mots nouveaux, je n'ai rien appris / C'est toujours la même eau qui coule / C'est toujours le raisin qui saoule […] / La même chanson qui fait danser la foule ») (album Le Successeur).
- Marie-Jeanne (1990), un tube de Sardou, également connu pour son clip réalisé par Didier Kaminka où apparaissent notamment Thierry Lhermitte, Pierre Richard, Eddy Mitchell et Didier Barbelivien (album Le Privilège).
- Le Privilège (1990), évoque les sentiments douloureux d'un adolescent homosexuel qui hésite à faire son coming out auprès de sa famille (« Qu'est-ce qu'ils vont dire à la maison ? / Un garçon qui aime un garçon »). Cette chanson met fin aux suspicions d'homophobie qui avaient pu planer sur lui (album Le Privilège).
- Le Bac G (1992), chanson qui se présente comme une lettre dans laquelle Sardou répond à un jeune qui lui demanda, il y a fort longtemps, « faut-il désespérer ? ». Au détour d'un couplet, il aborde le thème des « lycées poubelles » et du « bac à bon marché » que constituerait le diplôme donnant son nom au titre. Le ministre de l'Éducation nationale, Lionel Jospin, qualifie alors Sardou de « saltimbanque ». Plus tard, Sardou affirme avoir pensé que l'abréviation Bac G désignait le bac général[175], alors qu'il s'agissait de la série de bacs suivante : technique administrative, technique quantitative de gestion et techniques commerciales (album Le Bac G).
- Putain de temps (1994), chanson lyrique écrite avec Didier Barbelivien qui déplore l'avancement irréversible de l'homme dans le temps (« Putain de temps qui fait des enfants aux enfants / […] Tout doucement, on va sur ses noces de diamant / Le champagne coule au nouvel an ») et exprime une certaine nostalgie pour le temps passé (« On refait malgré soi le chemin à l'envers / En se disant tout bas que c'était mieux hier ») (album Selon que vous serez, etc., etc.).
- Selon que vous serez, etc., etc. (1994), constat critique sur la justice et l'apparence de justice en cette fin de XXe siècle. La chanson fait référence à la fable de Jean de La Fontaine Les Animaux malades de la peste (album Selon que vous serez, etc., etc.).
- Mon dernier rêve sera pour toi (1997), évoque les ennuis qu'un homme rencontre avec le fisc (l'URSSAF, les impôts…) et qui voit ses biens être saisis. Toutefois, malgré toutes les saisies des huissiers, il nargue toujours ceux-ci en commentant : « Mais mon amour, ça, ils l'auront pas / Mon dernier rêve sera pour toi ». Les chœurs utilisés lors du refrain sont ses amis Eddy Mitchell et Johnny Hallyday[176]. Sardou reconnaît s'être inspiré des pépins de l'homme d'affaires Bernard Tapie pour écrire le texte[56] (album Salut).
- Salut (1997), ultime collaboration de Sardou avec Jacques Revaux, sur un texte de Jean-Loup Dabadie inspiré de Ma plus belle histoire d’amour de Barbara[177] – dont Sardou reprend L'Aigle noir dans ses concerts de 2005, de 2013 et de 2018 (album Salut).
- Cette chanson-là (2000), chanson composée par Michel Fugain, son ami d’enfance qui s’est rejoint à lui pour réaliser un album entier, et avec lequel il n’avait plus collaboré depuis les années 1960. La chanson est le seul single tiré de l’opus (album Français).
- La Rivière de notre enfance (2004), en duo avec Garou, grand succès radiophonique et commercial qui permet à Michel Sardou de se hisser à la première place du top singles, après vingt ans d’absence à cette place. Écrite et composée par Didier Barbelivien, la chanson traite de la nostalgie et des marques indélébiles que laissent les événements de l'enfance à l'âge adulte (album Du plaisir).
- Allons danser (2006), chanson sur les débats que rencontre la société française des années 2000. L’apparition des paroles de la chanson au dos du Parisien, fin , fait quelques vagues. Selon plusieurs observateurs (Le Nouvel Observateur[178]…), Nicolas Sarkozy, candidat UMP à l’élection présidentielle de 2007, aurait établi un plan de campagne très proche de ces dernières et le chanteur en aurait donc fait la promotion (album Hors format).
- Être une femme 2010 (2010), actualisation aux accents electro de la chanson Être une femme trente années plus tard en dressant le bilan de ce que sont, selon lui, les femmes du XXIe siècle. Il constate à la fois les caractéristiques de ce qui est ordinairement présenté comme l'émancipation des femmes (« Finies les revendications / Ce qu'elles ont voulu maintenant elles l'ont / Ce sont toutes des femmes accomplies / Sans vraiment besoin d'un mari »), mais aussi le manque d'évolution profonde de leur condition sociale (« Trente années se sont écoulées / Ont-elles perdu ce qu'elles ont gagné ? […] Question salaire, ça ne va pas mieux / Celui d’un homme coupé en deux / On les enfume de parité / Mais qui promet l’égalité »). Il conclut en affirmant que l'antidote à leur dépression, liée au train de vie éreintant de la modernité qui les a largement virilisées (« Depuis les années 80 / Les femmes sont des hommes à temps plein »), se trouve sûrement dans le retour à la vie sentimentale inspirée par les premières amours de leur jeunesse, ce qui implique nécessairement de renoncer au surcroît de responsabilités professionnelles et personnelles qui pèse désormais sur elles (« L'amour d'automne c'est encore mieux / Laisser un homme faire ce qu'il veut / S'endormir serrée contre lui / Jeter les dossiers aux ordis »). La militante féministe Isabelle Alonso l'accuse alors de sexisme[179] (album Être une femme 2010).
- Voler (2010), en duo avec Céline Dion, ils y évoquent la passion de Michel Sardou de piloter un avion. La chanson n’était pas prévue pour un duo ; c’est la choriste, Delphine Elbé, qui en a eu l’idée. Elle chante la chanson lors des deux tournées suivant la parution de l’album, à la place de Céline Dion (album Être une femme 2010).
- Le Figurant (2017), hommage aux figurants du cinéma, ces « grands absents du générique » voués à rester dans l'ombre des grands acteurs. La chanson s'achève sur l'évocation de sa propre expérience de figurant lorsqu'il avait 19 ans, dans une scène du film Paris brûle-t-il ? de René Clément en 1966[180] (album Le Choix du fou).
Autres activités
Cinéma
- 1982 : L'Été de nos quinze ans de Marcel Jullian : Bernard
- 1987 : Cross de Philippe Setbon : Thomas Crosky, dit Cross
- 1990 : Promotion canapé de Didier Kaminka : Bernard
Il fait de la figuration (non crédité au générique) dans :
- 1955 : Quatre jours à Paris d'André Berthomieu[réf. souhaitée]
- 1957 : Le Chômeur de Clochemerle de Jean Boyer : un enfant sur un manège[181]
- 1965 : Le Lit à deux places de Jean Delannoy : le télégraphiste[182]
- 1966 : Paris brûle-t-il ? de René Clément : un jeune résistant[183]
Téléfilms
- 1993 : L'Irlandaise de José Giovanni : Régis Cassani
- 2003 : Le Prix de l'honneur de Gérard Marx : le colonel Christian Legoff
Théâtre
- 1996 : Bagatelle(s) de Noël Coward, mis en scène par Pierre Mondy, théâtre de Paris, avec Natacha Amal, Philippe Khorsand, Frédéric Diefenthal.
- 1999 : Comédie privée de Neil Simon, mis en scène par Adrian Brine, théâtre du Gymnase Marie-Bell, avec Marie-Anne Chazel.
- 2001 – 2002 : L'Homme en question de Félicien Marceau, mis en scène par Jean-Luc Tardieu, théâtre de la Porte-Saint-Martin, tournée, avec Brigitte Fossey, Davy Sardou.
- 2008 – 2009 : Secret de famille d'Éric Assous, mis en scène par Jean-Luc Moreau, avec Davy Sardou, Laurent Spielvogel, Mathilde Penin, Élisa Servier et Rita Brantalou. La pièce est jouée à Paris au Théâtre des Variétés, puis en tournée en province avec une distribution légèrement modifiée (Chloé Berthier remplaçant Mathilde Penin).
- 2014 : Si on recommençait d'Éric-Emmanuel Schmitt, mis en scène par Steve Suissa, Comédie des Champs-Élysées, avec Félix Beaupérin, Dounia Coesens, Florence Coste, Katia Miran et Françoise Bertin[184]. Le , après trois jours de représentation, Françoise Bertin est hospitalisée dans la nuit. Quelques représentations, dans les jours suivants, sont annulées[185]. Un mois plus tard, le , elle décède[186]. Depuis son hospitalisation, elle est remplacée par la comédienne Anna Gaylor.
- 2015 – 2016 : Représailles d'Éric Assous, mis en scène par Anne Bourgeois, au Théâtre de la Michodière, avec Marie-Anne Chazel[187], Laurent Spielvogel, Caroline Bal, Emma Gamet, Térésa Ovidio, Valérie Vogt et Michaël Rozen.
- 2019 – 2020 : N'écoutez pas, mesdames ! de Sacha Guitry, mis en scène par Nicolas Briançon, au Théâtre de la Michodière, avec Nicole Croisille[188], Carole Richert, Lisa Martino, Patrick Raynal, Michel Dussarat, Éric Laugérias, Laurent Spielvogel et Dorothée Deblaton.
Directeur de théâtre
Le , il achète et prend la direction du théâtre de la Porte-Saint-Martin[189], où fut créée la célèbre pièce d'Edmond Rostand Cyrano de Bergerac en 1897, avec son producteur de spectacle Jean-Claude Camus. En 2003, il décide de revendre ses parts à son associé, qui lui, ne veut pas quitter les lieux[190].
Distinctions et hommages
Décorations
- Commandeur de la Légion d'honneur en 2020[191],(décoré par Roselyne Bachelot le 20 mars 2021)[192] ;
- Officier de la Légion d'honneur en 2001 (décoré par Jacques Chirac[193],[194]) ;
- Chevalier de la Légion d'honneur en 1993 (décoré par François Mitterrand, qui entend célébrer le « talent d'un grand artiste », avant de citer les chansons Les Ricains, Un enfant, La Maladie d'amour et Musulmanes[195]).
- Chevalier de l'ordre national du Mérite en 1988[196].
- Chevalier de l'ordre des Arts et des Lettres en 1985 (décoré par François Mitterrand)[197].
- Officier de l'ordre de la Couronne de Belgique en 2005 (décoré par le ministre de la Coopération et du Développement, Armand De Decker[65]).
- 2001 : Grande médaille de la chanson française, remise par l'Académie française[161].
- 2009 : insignes de colonel au titre de la réserve citoyenne de l'Armée de l'air, reçus en même temps que Michel Drucker des mains du chef d'état-major de l'Armée de l'air Jean-Paul Paloméros[198],[199].
- Michel Sardou reçoit également le titre de commandeur du Croissant d'or de la part de la Grande Mosquée de Paris[128],[200],[201] pour avoir écrit la chanson Musulmanes (1986), chantée selon Sardou « pour rendre hommage aux femmes arabes », et le chanteur d'ajouter : « Les arabes ont une culture extraordinaire : ils nous ont apporté la philosophie, le commerce et l'algèbre […][201] ».
Victoires de la musique
- 1987 : Victoire de la chanson originale pour Musulmanes.
- 1990 : Victoire du plus grand nombre de spectateurs au terme d'une même tournée (environ 780 000 spectateurs).
- 1991 : Victoire de l'artiste interprète masculin pour l'année 1990 (album Le Privilège et tournée qui s'ensuit).
- 1994 : Victoire du plus grand nombre de spectateurs au terme d'une même tournée (environ 720 000 spectateurs)[202].
- 1999 : Victoire du plus grand nombre de spectateurs au terme d'une même tournée (environ 580 000 spectateurs).
Autres récompenses
- 1970 : Prix Vincent-Scotto pour Les Bals populaires[réf. nécessaire].
- 1970 : Grand prix Sacem pour Les Bals populaires[203].
- 1971 : Prix de l'Académie Charles-Cros pour l'album J'habite en France[204].
- 1982 : Chevalier du Tastevin[réf. nécessaire].
Albums de reprises
1998 : Ils chantent Sardou
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2017 : Sardou et nous...
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Notes et références
Notes
- Prononciation en français de France standardisé retranscrite selon la norme API.
- Sardou remplace plus tard, en concert, le vers « Vous seriez tous en Germanie » par « Nous serions tous en Germanie ».
- Pour la première et dernière fois dans un récital parisien, Je suis pour fut chanté à l'Olympia en 1976. Michel Sardou ne l'a jamais plus repris sur scène. Quant à J'accuse, il faut attendre 1991, année où le chanteur se produit à Bercy, pour qu'il soit à nouveau inscrit à son tour de chant, avec un texte quelque peu modifié.
Citations
- « En remontant loin l'arbre généalogique des Sardou, dont le nom renvoie à « sarde » ou « originaire de Sardaigne », on trouve trace vers la fin du Moyen Âge d'un laboureur prénommé Jacques, parti avec femme et enfants de sa province d'Imperia, au nord-ouest de l'Italie, pour s'établir à Marseille. » Frédéric Quinonero, Michel Sardou, sur des airs populaires, City Éditions, 2018.
- « La chanson [Les Lacs du Connemara] est diffusée partout et triomphe : l'album éponyme de 1981 entre au Guinness Book des records pour un chiffre de ventes excédant le million, et la tournée d'automne se déroule à guichets fermés. » Frédéric Quinonero, Michel Sardou, sur des airs populaires, City Éditions, 2018.
- « La chanson sort en 1986. Cette année-là, à la suite des relations conflictuelles entre la France et l'Iran, une vague d'attentats perpétrés par des groupes islamistes frappe Paris. Sardou se défend d'avoir écrit Musulmanes pour coller à l'actualité ; il s'élève cependant contre « l'amalgame qu'on fait entre musulmans et talibans ou poseurs de bombes » et se félicite de voir son public reprendre en chœur un hymne à la gloire des femmes arabes. » Frédéric Quinonero, Michel Sardou, sur des airs populaires, City Éditions, 2018.
- « En 1984, il se lance dans l'aventure du Paris-Dakar en tandem avec Jean-Pierre Jabouille, prétexte à partir à la découverte des territoires africains. […] L'année suivante, les revoilà sur la ligne de départ et de nouveau contraints à l'abandon à mi-course. Un soir, au bivouac, Sardou s'imprègne de la beauté du désert saharien et « le ciel si bas sur les dunes » éveille son inspiration. » Frédéric Quinonero, Michel Sardou, sur des airs populaires, City Éditions, 2018.
- « J'aurais bien aimé le défendre, Bernard […] ! C'est vrai que c'est une chanson sur un homme qui a tous les emmerdements possibles avec le fisc, et c'est vrai que Bernard Tapie a accumulé en une seule année tout ce qu'on peut accumuler d'emmerdements avec le fisc et la justice […]. » Michel Sardou, sur le plateau du Journal de 20 heures de TF1, le .
- « Il est ce qu'on a pu appeler un « anarchiste de droite », mais surtout un artiste entier, vivant ses chansons dans lesquelles il s'invente des personnages qui prennent la parole contre la mollesse ambiante et la facilité des idéaux conventionnels. » Sophie Girault, Michel Sardou : Biographie intime, City Éditions, 2013.
- « Il est inutile de préciser que le concert aura quand même lieu, Michel Sardou n'étant pas un tueur d'enfants, mais un simple chanteur de variétés. » Sophie Girault, Michel Sardou : Biographie intime, City Éditions, 2013.
- « Pour moi, le public n'a ni âge, ni tête, ni sexe, ni particularité. Il faut plaire à tout le monde, il faut essayer de faire plaisir à tout le monde. C'est pour ça que pour moi, la variété n'est pas quelque chose de rabaissant. […] Quand je chante Les Vieux Mariés, je vais m'adresser évidemment à des gens plus âgés, mais quand je chante autre chose, La Vie, la Mort, etc. ou Je ne suis pas mort, je dors, là c'est plus rock'n'roll, c'est pour des enfants plus jeunes, ça s'adresse à une clientèle différente. » Sur le plateau de On n'est pas couché, le .
- « Quand j'ai débuté, je chantais des sous-produits de Brel, j'étais très inspiré par des chansons à texte. Ça ne marchait pas. Un jour je suis tombé sur un filon, comme les pionniers en trouvaient lors de la conquête de l'Ouest quand ils tombaient sur une mine. Ce filon, c'était un personnage un peu violent, sexy, qui m’a apporté mon public. » In Faut-il brûler Sardou ?, 1978.
- « Je pense d’ailleurs que Michel fera une carrière à la Aznavour : une formidable carrière de chanteur, longue, solide, doublée d’une grande carrière d’acteur. N'oublions pas qu'Aznavour a fait trente films ! Dans le registre de la chanson populaire de qualité, je pense sincèrement que Michel est le successeur naturel de Charles. » Michel Drucker, in Sylvie Maquelle, Les Sardou, une dynastie, 1994.
- « Quand j'étais petit, pour moi, la référence du chanteur en français, c'était lui [Michel Sardou]. » Garou, in Mireille Dumas, Qui êtes-vous Michel Sardou ?, émission diffusée en septembre 2012.
- « On vous a qualifié de "Sardou de gauche". Ça vous agace ? On me le ressort régulièrement. Heureusement qu’il y a "de gauche" ! Je ne veux plus m’exprimer là-dessus car je ne veux blesser personne. » D'après le Figaroscope, interview de Bénabar par Annie Grandjanin, le .
- « Cette virilisation du jeu de scène n'est pas, il est vrai, chose nouvelle en France : de Chevalier […] au sexisme de Lama en passant par la misogynie de Brel, tout annonçait qu'enfin viendrait Sardou. Mais elle atteint ici le degré le plus fort, l'agression machiste maximum. » Jean-Claude Klein et Louis-Jean Calvet, Faut-il brûler Sardou ?, éditions Savelli, 1978.
- « Un après-midi, j'étais dans un taxi et j'ai vu passer une centaine de militantes du MLF. Elles portaient des pancartes sur lesquelles je figurais entouré de croix gammées. Elles scandaient : “On ne sera pas violées par Sardou.” Elles m'ont fait peur. » Michel Sardou, La Moitié du chemin, Nathan, 1989.
- « Ainsi cette femme méprisée, rabaissée, se verra offrir, sur un arrangement aux sonorités flamenco, un long poème d'amour romantique (Je vais t'aimer). Mais la contradiction se résout, une fois encore, dans l'image d'Epinal : Reine et Esclave tu es, Reine et Esclave tu seras. » Jean-Claude Klein et Louis-Jean Calvet, Faut-il brûler Sardou ?, éditions Savelli, 1978.
- « Le Mouvement des jeunes socialistes (MJS) dénonce « une vision inégalitaire et sexiste des femmes ». Et le chanteur défraie en particulier la verve hostile de la romancière et chroniqueuse Isabelle Alonso, fondatrice de l'association Les Chiennes de garde […]. » Frédéric Quinonero, Michel Sardou, sur des airs populaires, City Éditions, 2018.
- « Complément indispensable de ce petit portrait en pied d'un phallocrate éclairé, les « pédés » de tous genres sont voués, qui l'eut cru, au mépris le plus noir, ces arrivistes sans vergogne qui savent, eux, comment gagner du galon sans balayer la cour (Le Rire du sergent). » Jean-Claude Klein et Louis-Jean Calvet, Faut-il brûler Sardou ?, éditions Savelli, 1978.
- « […] Au moment de déclarer ma profession, j'annonçai "artiste" et, comme partout, lorsqu'on est artiste et un artiste inconnu, on fait forcément un métier de pédé. […] Vous savez maintenant que le "Rire du sergent" n'était ni une attaque, ni une revanche. Le "pédé", c'était moi. » Michel Sardou, Et qu'on n'en parle plus, XO Éditions, 2009.
- « Sardou qui c'est ? De plus en plus nombreux sont ceux qui répondent : un fasciste. Oui un fasciste, qui à coups de millions, avec l'appui des grands medias, essaie de répandre son venin […] D'un côté, il exalte le mépris de la femme et le crime […] et de l'autre, il appelle au lynchage dans Je suis pour. Le tout enrobé dans un nationalisme du plus pur style fasciste » In L'Humanité, avril 1977.
- « Alors, Sardou fasciste ? Pas davantage. Le fascisme, mot trop galvaudé, est une théorie totalitaire qui repose sur un mouvement de masse et se développe dans certaines circonstances économiques et historiques bien précises. Or, si Sardou a bien des traits de comportement physique comparables à ceux de Mussolini par exemple, il n'en a pas l'implantation sociale et historique. Il n'est pas le chantre de Chirac, encore moins de Giscard, mais il est plutôt leur produit, le produit d'une droite frustrée, perdue, à la recherche d'une identité fuyante. » Jean-Claude Klein et Louis-Jean Calvet, Faut-il brûler Sardou ?, éditions Savelli, 1978.
- « Il choisira d’être le chantre de la « majorité silencieuse » et, avec J'habite en France, Les Ricains, Monsieur le Président de France, il lance de francs succès réconfortants pour les bourgeois à cheveux et idées courtes. » In Cent ans de chanson française, Seuil, 1972.
- « C'est comme Je vole, ce n'est pas un enfant qui se tire c'est un enfant qui se tue. » Michel Sardou, Et qu'on n'en parle plus, XO Éditions, 2009.
- « Je dois ma médaille de chevalier de la Légion d'honneur à François Mitterrand. Et ce dernier m'avait dit que, dans mon répertoire, sa chanson préférée datait de 1979. C'était Je ne suis pas mort, je dors. Comment la connaissait-il ? Mystère ! Il m'avait dit m'avoir entendu la chanter. Je l'ai d'ailleurs remise dans mon spectacle. » D'après Paris Match, interview de Michel Sardou le , no 2893.
- « Finalement, sur fond de cornemuses, on va relater l'histoire de Maureen et Sean Kelly, unis devant Dieu dans « l'église en granit de Limerick », au cœur de cette région austère du nord-ouest de l'Irlande où, malgré une guerre persistante entre catholiques et protestants, l'espoir de réconciliation n'est pas mort. » Frédéric Quinonero, Michel Sardou, sur des airs populaires, City Éditions, 2018.
- « Tandis que, de son côté, Pierre Delanoë, en bon gaulliste et anticommuniste qu'il était, se réserve des phrases plus percutantes en forme de réquisitoire contre les dérives de l'Union soviétique. » Fabien Lecœuvre, La véritable histoire des chansons de Michel Sardou, Hugo et Compagnie, 2018.
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Annexes
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- Bastien Kossek, Sardou – Regards, préface de Michel Sardou, éditions Ramsay, 2019.
- Photographies
- Les images de ma vie (photographies de Richard Melloul, Légendes et commentaires de Michel Sardou, Texte de Bertrand Tessier), Flammarion, 2011 (ISBN 9782081264885).
- En chantant (photographies de Richard Melloul, textes de Michel Sardou, préface de Romain Sardou), Flammarion, 2012 (ISBN 978-2-0812-7358-0).
Articles connexes
Liens externes
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