Palestine (État)

La Palestine, en forme longue l’État de Palestine (arabe : دولة فلسطين (Dawlat Filastin)), est un État souverain de jure, parfois qualifié de proto-État[9],[10]. Située au Moyen-Orient, elle revendique son établissement sur les territoires palestiniens occupés, dont Jérusalem-Est.

Cet article concerne la Palestine en tant qu'État souverain. Pour la Palestine en tant que région géographique et historique, voir Palestine (région). Pour la Palestine en tant que territoires conquis par l’Égypte et la Jordanie de 1948 à 1967 puis par Israël, voir Territoires palestiniens occupés. Pour les autres significations, voir Palestine.

État de Palestine

دولة فلسطين (ar)


Drapeau de la Palestine.

Armoiries de la Palestine.
Hymne en arabe : فدائي Fida'i[Note 1] (Fida'i, « Fedayin »)
Fête nationale
· Événement commémoré Déclaration d'indépendance par Yasser Arafat ()
Représentation du territoire revendiqué
Administration
Forme de l'État République semi-présidentielle unitaire[1]
Reconnu par 135 États[2], plus 12 sous des statuts particuliers
Président Mahmoud Abbas[Note 2]
Premier ministre Mohammad Shtayyeh
Président du Conseil législatif Abdel Aziz Doweik
Parlement Conseil législatif
Langues officielles Arabe
Capitale Jérusalem-Est (proclamée)[3]
Ramallah (de facto)[4],[Note 3]

31° 54′ N, 35° 12′ E

Géographie
Plus grande ville Gaza
Superficie totale 6 020 km2
Fuseau horaire UTC +2
Démographie
Gentilé Palestinien(s), Palestinienne(s)
Population totale (2020[5]) 5 090 293 hab.
Densité 846 hab./km2
Économie
IDH (2017) 0,686[6] (moyen ; 119e)
Monnaie Aucune
Shekel israélien (ILS), Livre égyptienne (EGP) (Bande de Gaza), Dinar jordanien (JOD) (Cisjordanie)
Divers
Code ISO 3166-1 PSE, PS​
Domaine Internet .ps
Indicatif téléphonique +970
Organisations internationales

UNESCO (membre depuis le 31 octobre 2011[7])

ONU (observateur depuis le 29 novembre 2012[8])

La déclaration du de l'Organisation de libération de la Palestine en exil à Alger a été retenue par l'État de Palestine comme sa déclaration d'indépendance et est reconnu par la Ligue arabe et l'Organisation de la coopération islamique. En 2011, la Palestine est acceptée par l'UNESCO en tant qu'organisation. Le , l'État de Palestine est reconnu comme État observateur non-membre de l'ONU. En 2017, l'État de Palestine est reconnu par 136 États (70,5 %) des 193 États membres que compte l'Organisation des Nations unies.

La souveraineté nationale, la reconnaissance internationale, la population et les réfugiés palestiniens, le territoire et ses frontières, la capitale de l'État et la reconnaissance d'Israël font l'objet de débats et controverses. Les frontières officiellement revendiquées par le gouvernement de l'État de Palestine sont celles de la Cisjordanie, gouvernée partiellement depuis 1994 par l'Autorité palestinienne, et de la bande de Gaza, sous contrôle du Hamas depuis 2007. Le siège du gouvernement palestinien se situe à Ramallah, tandis que la capitale revendiquée est Jérusalem-Est, un territoire administré par Israël.

Histoire

Période ottomane

Les provinces (vilayet) de l'Empire ottoman (en jaune) en 1609, avec les états vassaux musulmans (en vert) et les états vassaux chrétiens (en rose).

Lors de la victoire des Turcs ottomans sur les Mamelouks égyptiens en 1517, la région passa sous autorité turque et fit partie de l'Empire ottoman pendant 400 ans, jusqu'à l'hiver 1917-1918. La région de Palestine fit partie intégrante de la « province de Damas » (Dimashq al-Shâm), gouvernée depuis Istanbul et englobée dans les districts recouvrant la région moyen-orientale. Le turc était la langue officielle de l'administration, alors que l'arabe syro-libanais restait la langue de la majorité des populations locales. La province de Damas fut progressivement et informellement appelée par les Turcs Arz-i Filistin pour désigner la zone située entre la Méditerranée et le Jourdain[11].

Malgré la mainmise turque et musulmane sur la région, les communautés chrétiennes et juives conservèrent une certaine autonomie : les Capitulations assurent une certaine protection aux prêtres chrétiens puis à l'ensemble des chrétiens de l'Empire ottoman[12] et la communauté juive de Jérusalem possède à sa tête un grand-rabbin, appelé en hébreu Rishon LeTzion (ראשון לציון - le premier à Sion) depuis le XVIIe siècle[13]. La Palestine bénéficia de la prospérité de l’Empire ottoman au cours du premier siècle de l'occupation ottomane, mais déclina lentement à partir du XVIIe siècle[14]. Ce déclin eut des répercussions sur le commerce, l’agriculture et la démographie, et il se prolongea jusqu’au XIXe siècle. Au début du XIXe siècle, la population de la Palestine avait été réduite de la moitié par rapport à ce qu'elle avait été au XVIe siècle ; il ne restait environ que 280 000 habitants, pour passer à 470 000 en 1880, alors que commence à se développer l'immigration juive et les achats de terres[15].

Au cours des années 1880, des colons allemands et des immigrants juifs[16] apportèrent des machines modernes et des capitaux nécessaires au développement du pays. On estime que la Palestine abritait quelque 24 000 Juifs[17] et majoritairement à Jérusalem[18], alors que la population totale s'élevait à quelque 470 000 habitants[15] ; les langues les plus utilisées étaient l'arabe et le turc. Le gouvernement ottoman imposa de sévères restrictions à l'immigration et à l'achat de terres par les Juifs. À la fin du XIXe siècle, la région est divisée en trois districts, ceux d'Acre, de Balqa et de Jérusalem, les deux premiers appartenant à la wilayet de Beyrouth[19].

Émergence du nationalisme palestinien

L'effondrement de l'Empire ottoman vers 1923 a été accompagné par l’émergence du nationalisme dans ses provinces arabes, particulièrement en Syrie, considérée à cette époque comme incluant le Liban et le nord de la Palestine[20]. En 1917, la Déclaration Balfour prévoit l'établissement d'un « foyer national pour le peuple juif ». En 1919, est signé l'Accord Fayçal-Weizmann en tant qu'élément de la Conférence de paix de Paris. Dès 1920, le mufti Mohammed Amin al-Husseini, devient l'un des principaux dirigeants du nationalisme palestinien. Il s'oppose activement au sionisme et est considéré comme l'instigateur de 1921 à 1937 des émeutes en Palestine dont le massacre d'Hébron en 1929. En 1925, Izz al-Din al-Qassam prône la lutte armée comme action politique[21] ; en 1930, il fonde une organisation paramilitaire, la Main noire qui se lance dans des attaques contre les juifs et les Britanniques. De 1921 à 1935, ses actions étaient coordonnées avec celles de Mohammed Amin al-Husseini[22]. Le nationalisme palestinien est conforté par les déclarations antisionistes de l'ensemble des régions arabes limitrophes lors de la conférence de Bloudan en 1937.

Palestine mandataire

Jeune femme de Ramallah en tenue traditionnelle, v. 1929-1946.

La Palestine mandataire désigne le statut politique établi par la Société des Nations en Palestine et en Transjordanie à partir de 1920. Ses termes exacts et sa délimitation furent l’objet de tractations entre Britanniques, Français, Arabes et Juifs dans le contexte des différents accords et promesses passés entre eux. Elle fut le terrain du conflit de plus en plus violent entre Arabes et Juifs palestiniens dont les revendications nationalistes respectives ne purent être conciliées par les Britanniques. En conséquence, ces derniers remettent la question de la Palestine et leur mandat à l’ONU en .

Le mandat avait pour objectif la mise en place en Palestine d’un « foyer national pour le peuple juif [...] étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte aux droits civiques et religieux des collectivités non juives existant en Palestine », tel que défini par la Déclaration Balfour de 1917 et repris dans les dispositions du mandat. Sa population passa de 55 000 Juifs pour 560 000 Arabes en 1918[23] à 600 000 Juifs pour 1 200 000 Arabes en 1948.

Livre blanc

Après la révolte de la population arabe (plus de 5 000 morts[24]) et afin d'apaiser le soulèvement de la population arabe de la Palestine mandataire et craignant de faire basculer les Arabes dans le camp de l’Allemagne à la veille de la Seconde Guerre mondiale, les Britanniques publient, en 1939, un troisième Livre blanc par lequel ils réduisent drastiquement l’immigration juive à la veille de la Seconde Guerre mondiale, limitent la vente de nouvelles terres aux Juifs et annoncent que sous 10 ans, la Palestine pourra devenir un État indépendant unitaire, comme l’exigent les dirigeants arabes palestiniens[réf. nécessaire].

En , les Britanniques remettent la question de la Palestine et leur mandat à l’ONU. Celle-ci vote la partition de la Palestine en deux États, un État juif et un État arabe. Ce plan est rejeté par les Pays arabes et les Arabes de Palestine[25].

Plan de Partage de la Palestine mandataire et le conflit de 1947-1948

Plan de partage de la Palestine de l'ONU de 1947 :
  Zone désignée pour un état juif
    Zone désignée pour un état arabe
    Corpus separatum de Jérusalem (ni juif ni arabe)

Frontières suite à l'armistice de 1949 :
    Territoire arabe de 1949 à 1967
      Israël d'après les lignes de l'armistice de 1949
.

Le conflit entre la communauté juive et la communauté arabe de Palestine conduit à l'abandon par les Britanniques du Mandat qu'ils décident de remettre à l'ONU. Celle-ci décide de procéder à un vote de partage du territoire en vue d'y créer un État juif et un État arabe tout en faisant de Jérusalem et de ses alentours un corpus separatum sous statut international. Le Plan de partage est voté à l'assemblée générale de l'ONU le .

Les Arabes palestiniens et les États arabes voisins s'opposent à ce plan et réclament l'indépendance de toute la Palestine[18]. Le plan est malgré tout voté par l'ONU le . Il prévoit la création d'un État arabe et un État juif. Le plan est rejeté par la partie arabe mais accepté par la partie juive. Le , la veille de l'expiration du mandat britannique, David Ben Gourion proclame l'indépendance de l’État d'Israël. La Ligue arabe refuse le plan de partition des Nations unies et proclame le droit à l'autodétermination pour les Arabes de la Palestine mandataire. Cinq états arabes déclarent la guerre à l'État d'Israël immédiatement après sa proclamation[26] et des contingents de quatre des sept pays membres de la Ligue arabe à cette époque, l'Égypte, l'Irak, la Jordanie et la Syrie ainsi que l'Armée de libération arabe envahissent le territoire de l'ex-mandat britannique de Palestine.

La guerre se solde par la défaite des armées arabes et des milices palestiniennes. Les Palestiniens qualifient cette défaite de « Naqba » (la catastrophe).

En 1949, Israël signe des armistices séparés avec l’Égypte, le Liban, la Jordanie et la Syrie. Selon ces accords d'armistice, le territoire d'Israël comprend environ 78 % de la Palestine mandataire (soit 18 % de plus que défini par proposition de partition de l'ONU)[27]. Ces lignes de cessez-le-feu ont été dénommées la « Ligne verte ». La bande de Gaza et la Cisjordanie sont respectivement occupées par l’Égypte et la Jordanie qui annexe cette région ainsi que la Vieille ville de Jérusalem. Israël sera reconnu dans ces nouvelles frontières mais les annexions de la Bande de Gaza, de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est ne sont pas reconnues par la communauté internationale.

À la suite de ce conflit environ 700 000 des 900 000 Arabes palestiniens ont fui ou ont été expulsés des territoires qui sont devenus l’État d'Israël[28].

Le , la Ligue arabe déclare la création d'un gouvernement palestinien, et le un gouvernement arabe de toute la Palestine[29],[30] est établi dans la Bande de Gaza occupée par l'Égypte. Cette décision n'est pas acceptée par la Jordanie qui annexe les territoires qu'elle occupe. Quelques jours plus tard, une Assemblée constituante se réunit, élit comme Président le Mufti Hadj Mohammed Amin al-Husseini et prend le nom de Conseil national palestinien. L'Assemblée vote également une Constitution provisoire[31] mais cette proclamation n'est suivie d'aucune reconnaissance internationale.

Naissance de l'OLP

Le nationalisme palestinien renaît dans le milieu des années 1960.[réf. nécessaire]

Un « État dans l'État » jordanien

Le Fatah, une des organisations regroupées au sein de l'OLP de Yasser Arafat, installe en Jordanie un véritable « État dans l'État ». Les régions de Jordanie où les Palestiniens rejettent en masse l'autorité du roi Hussein se multiplient. Depuis ces zones palestiniennes, l'OLP effectue des raids et des attaques terroristes contre le reste du territoire jordanien et contre Israël. Yasser Arafat appelle ouvertement au renversement de la monarchie hachémite en s’appuyant sur le fait que 75 % des habitants de la Jordanie sont alors Palestiniens.

Le , Hussein de Jordanie déclenche des opérations militaires contre les fedayins de l'Organisation de libération de la Palestine, pour restaurer la légitimité de sa monarchie à la suite de plusieurs tentatives palestiniennes de la renverser. La violence des combats fait de nombreux morts (plus de 10 000), en majorité des civils palestiniens. Le conflit entre l'armée jordanienne et l'OLP dégénère et se poursuit jusqu'en , date à laquelle Arafat et ses combattants sont finalement expulsés de Jordanie et trouvent refuge au Liban, sous protection syrienne.

Entre temps, au cours de la guerre des Six Jours de , Israël conquiert les territoires annexés par la Jordanie en 1949, Jérusalem-Est incluse, ainsi que la bande de Gaza et le Golan syrien. Il s'ensuit une purge de l'infrastructure de l'OLP en Cisjordanie.

Dans la bande de Gaza

À Gaza, à partir des années 1990, une lutte entre le Hamas et l'OLP déstabilise la région[réf. souhaitée].

« Fatahland » au Liban

Après son installation au Liban, l'OLP prend le contrôle du sud du pays qui devient un « Fatahland » à partir duquel il lance des attaques contre le nord d'Israël. En 1982, Israël déclenche l'Opération Paix en Galilée qui vise à expulser l'OLP du Liban du Sud et à y établir un État chrétien allié d'Israël. Après le siège de Beyrouth, l'OLP quitte le Liban et se réfugie à Tunis. C'est l'époque du massacre de Sabra et Chatila pendant la guerre civile libanaise et une nouvelle défaite pour le nationalisme palestinien. La victoire israélienne n'est de son côté que partielle : les forces israéliennes puis leur allié chrétien finiront par devoir se retirer à leur tour et le Fatah est remplacé par un nouvel ennemi, le Hezbollah.

Première Intifada

Fin 1987, la population palestinienne se révolte contre l'administration israélienne dans l'ensemble des Territoires occupés et est accompagnée d'une vague d'attentats-suicides. Ce soulèvement populaire, indépendant de l'OLP[réf. nécessaire], va aboutir à la relance des revendications nationalistes palestiniennes.

Proclamation d'indépendance de 1988

Un État palestinien, avec Jérusalem comme capitale, est proclamé le lors du dix-neuvième Conseil national palestinien (CNP) d'Alger[32]. À cette époque, les territoires palestiniens sont occupés par Israël et l'OLP ne contrôle, même partiellement, aucun territoire revendiqué pour l'État palestinien. L'État palestinien est cependant reconnu par 75 États dans les jours qui suivent[33].

Le , Yasser Arafat s'adresse à l'Assemblée Générale de l'ONU à Genève et réitère la déclaration d'indépendance de l'État de Palestine avec Jérusalem pour capitale. Il réaffirme le droit au retour des réfugiés palestiniens et leur droit à l'autodétermination. Il rajoute son souhait de voir les États de la région bénéficier de la paix, la sécurité et la stabilité et il condamne le terrorisme sous toutes ses formes[34]. À la demande des États-Unis qui lui avaient refusé son visa pour faire la Déclaration à New-York[35], il reprécise le que ses vœux de paix concernent « l'État de Palestine, Israël et les autres voisins », qu'il « renonce à toute forme de terrorisme, incluant le terrorisme individuel, de groupe ou d'État » et qu'il reconnaît les résolutions 242 et 338 du Conseil de Sécurité comme base de négociation. Il conclut : « Nous voulons la paix. Nous voulons la paix. Nous sommes engagés pour la paix. Nous voulons vivre dans notre État palestinien »[36].

Le , la proclamation d'indépendance est reconnue par la résolution 43/177 de l'Assemblée générale des Nations unies par 104 votes pour, 36 abstentions et 2 contre (les États-Unis et Israël)[37]. Dans les mois qui suivent le vote de l'ONU, l'État palestinien est reconnu par un total 92 États[38].

Accords d'Oslo et accords intérimaires

Yitzhak Rabin, Bill Clinton et Yasser Arafat durant les accords d'Oslo le .

Le , les accords dits d'Oslo sont signés et établissent un accord de principe entre Israël et les Palestiniens représentés par l'OLP. Ils arrêtent le principe d'une future autonomie palestinienne à Jéricho et à Gaza. Signature le en présence du président Bill Clinton par le Premier ministre israélien, Yitzhak Rabin et Yasser Arafat. Élaborée à Oslo et signée à Washington, cette déclaration aboutit à la reconnaissance mutuelle de l'OLP et d'Israël[25]. En préalable à cette reconnaissance mutuelle le  : le Parlement israélien abroge la loi interdisant les contacts avec l'OLP. En contrepartie, l'OLP abrogera, le , les articles de sa charte affirmant que le « combat armé est le seul chemin pour libérer la Palestine »[39].

Le L'OLP et l'État d'Israël signent l'accord « Oslo I » au Caire (Égypte), prévoyant l'autonomie de la bande de Gaza et de la ville de Jéricho (Cisjordanie)[25]. Le , Israël et l'OLP signent à Washington l'accord intérimaire sur la Cisjordanie et la bande de Gaza, négocié à Taba (parfois appelé « Oslo II ») étendant l'autonomie en Cisjordanie et prévoyant une série de retraits israéliens par étapes. Mais l'assassinat d'Yitzhak Rabin, par Yigal Amir (extrémiste israélien)[40], en novembre 1995 mettra à mal ce processus.

La concrétisation sur le terrain de l'État palestinien, aux termes des accords d'Oslo, aurait dû intervenir en décembre 1998 selon des modalités préparées en commun par le gouvernement israélien et l'Autorité palestinienne. Signature des accords de Wye Plantation qui préparent de nouveaux retraits israéliens en Cisjordanie. Israël annonce vouloir garder le contrôle sur de nombreuses régions en Cisjordanie, même si les accords de paix aboutissent. Par ailleurs, malgré le mécontentement de l'Union européenne et des États-Unis, le gouvernement israélien englobe plusieurs colonies dans la supermunicipalité de Jérusalem qu'il vient de créer[25]. Le , l'Union européenne se prononce en faveur du droit à l'autodétermination des Palestiniens et à celui de créer un État. Signature a lieu le suivant du mémorandum de Charm el-Cheikh ouvrant la voie à un traité de paix[25].

Durant toute cette période, Israël intensifie la colonisation des territoires occupés tandis que le Hamas et d'autres groupes terroristes palestiniens lancent des campagnes d'attentats au cœur d'Israël.

Seconde Intifada

Le , après un nouveau retrait de l'armée israélienne de 6 % de la Cisjordanie, l'Autorité palestinienne reprend le contrôle — total ou partiel — sur 40 % du territoire. Ariel Sharon, alors chef du Likoud, visite le l'esplanade des Mosquées à Jérusalem, ce qui suscite des émeutes en Israël et en territoires palestiniens. C'est le point de départ de la seconde intifada[25]. En , 55 ans après le vote de la résolution 181 instituant le partage de la Palestine, le Conseil de sécurité de l'ONU adopte une résolution 1397 qui évoque pour la première fois un État palestinien aux côtés d'Israël. Cette résolution a été adoptée par quatorze voix et une abstention, celle de la Syrie.

La Mouqata'a de Ramallah partiellement détruite en avril 2002.

Commençant par une insurrection populaire, la seconde Intifada est ensuite marquée par une série d'attentats-suicides commis par le Hamas. En réaction, les Israéliens réoccupent les villes palestiniennes autonomes au cours de l'opération Rempart en et entament la construction d'une barrière de séparation. En 2004, l'armée israélienne mène des opérations militaires dans la bande de Gaza (opérations Arc-en-ciel et Jours de pénitence).

Le soulèvement prend fin, selon certains observateurs, en 2003 avec l'amorce de la Feuille de route pour la paix du Quartet pour le Moyen-Orient, l'accord sur une trêve avec Israël entre les différentes factions palestiniennes, et le début des pourparlers de paix entre Ariel Sharon et Mahmoud Abbas[41]. D'autres auteurs considèrent qu'il a pris fin en 2004 avec la mort de Yasser Arafat[42], ou encore avec un cessez-le-feu observé par le Hamas, conséquence de mesures politiques et diplomatiques pour certains[43], ou de la force de dissuasion des assassinats ciblés pour d'autres[44]. Marquée notamment par la rencontre de Charm-el-Cheikh entre Sharon et Abbas, et le désengagement unilatéral israélien de Gaza contre la paix, l'année 2005 est une autre date communément admise pour le terme de ces événements[45],[46],[47].

Plan de désengagement des territoires occupés

Le , le Premier ministre israélien Ariel Sharon annonce le démantèlement des colonies à Gaza[25] et le retrait unilatéral des forces armées israéliennes du territoire. Le plan concerne les 21 colonies de la bande de Gaza et 4 colonies de Cisjordanie. Le , toutes les colonies de Gaza sont démantelées et les derniers soldats retirés. Le contrôle de tout le territoire de Gaza revient désormais aux mains des forces de l'ordre de l'autorité palestinienne[25].

À la suite de ce retrait israélien de la bande de Gaza, achevé le 12 septembre 2005, le point de passage de Rafah est géré par l'Autorité palestinienne sous surveillance vidéo de l'Union européenne. Rapidement, de nombreux accrochages opposent miliciens du Fatah et du Hamas jusqu'à la victoire de ce dernier en juin 2007. Les autorités égyptiennes ferment leur frontière en réponse à l'avancée du Hamas.

Mort de Yasser Arafat et élection de Mahmoud Abbas

Yasser Arafat décède le . Le , Mahmoud Abbas est élu président de l'Autorité palestinienne. Il déclare vouloir faire avancer le projet de création de l'État palestinien. Il déclare, le , qu'il organisera un référendum national sur la base du texte connu comme le document des prisonniers qui appelle à la création d'un État palestinien dans les frontières de 1967, si le Hamas ne répond pas favorablement à sa proposition dans un délai de dix jours. La question posée aux Palestiniens serait alors : « acceptez-vous, ou non, le document élaboré au début du mois par des dirigeants palestiniens détenus en Israël[48] ? » Ce document appelle à un État palestinien en Cisjordanie, dans la bande de Gaza et à Jérusalem-Est, territoires conquis par Israël à l'occasion de la guerre de 1967. Le document a été négocié pendant quatre semaines par d'importants prisonniers appartenant au Hamas et au Fatah dans la prison israélienne de Hadarim, où se trouve actuellement en détention le dirigeant du Fatah, Marouane Barghouti[réf. nécessaire].

Mahmoud Abbas déclare lors d'une réunion de dirigeants palestiniens, qu'il existait un consensus national sur les frontières du futur État palestinien : « Tous les Palestiniens, du Hamas jusqu'aux communistes, nous tous voulons un État palestinien dans les frontières de 1967. Voilà ce qui est à notre portée, ne parlons pas de nos rêves. » Il a précisé que si dix jours de dialogue entre le Hamas et le Fatah (dialogue qui a commencé) ne débouchaient pas sur un programme commun, il organiserait un référendum dans les quarante jours qui suivraient. Interrogé sur le soutien dont auraient besoin les Palestiniens pour créer leur État indépendant, Abbas a dit : « Les États arabes attendent que nous adoptions cette attitude de réalisme, pour pouvoir travailler en harmonie et faire avancer la cause palestinienne. Ils ne peuvent rien faire pour la cause palestinienne si les Palestiniens s'opposent à tout[49]. »

Prise de contrôle de Gaza par le Hamas

Le et le le Hamas chasse l'OLP de Gaza dans une offensive contre les attributs du pouvoir présidentiel de Mahmoud Abbas et plus généralement contre les forces du Fatah. Cette ultime offensive fait suite aux tensions interpalestiniennes qui éclataient régulièrement depuis plusieurs mois. La Croix-Rouge internationale estime que plus de 550 personnes ont été blessées et au moins 116 tuées au cours de ces affrontements entre Palestiniens[50].

Depuis , à la suite de la prise de contrôle de Gaza par le Hamas, l'autorité palestinienne est contestée dans ce territoire. Il y existe un président de fait, Abdel Aziz Doweik depuis 2009.

Affrontements militaires avec Israël

En , l'État d'Israël lance l'opération militaire Plomb durci. L'objectif est de faire cesser les tirs de roquettes du Hamas sur des villes israéliennes proches de Gaza. Le , Israël déclare et applique un cessez-le-feu unilatéral à 2 h (heure locale)[51]. Cette opération militaire suscite une large réprobation dans l'opinion internationale, en raison du caractère jugé « disproportionné » de la riposte israélienne, du nombre de victimes civiles parmi les Palestiniens et des allégations d'utilisation par l'armée israélienne d'armes dont l'usage est restreint ou limité par le droit international humanitaire.

Offensive diplomatique palestinienne

À la suite du gel du processus de paix, le Président palestinien Mahmoud Abbas opte pour l'offensive diplomatique[réf. nécessaire].

Le , il demande officiellement à la tribune des Nations unies l'adhésion de l'État palestinien à l'ONU[52]. La demande est votée par l'Assemblée Générale et passe favorablement devant le Conseil de Sécurité mais les États-Unis mettent leur véto.

Le , l'UNESCO admet la Palestine en tant qu'État membre. Comme elle n'est pas encore un État membre des Nations unies, son admission a dû se faire par la recommandation du Conseil exécutif qui s'est ensuivie d'un vote favorable à la majorité des deux-tiers des États membres de l’ONU présents et votants à la Conférence générale[7]. Le vote a été obtenu avec 107 voix pour, 14 voix contre, et 52 abstentions[53]

Le , date anniversaire du vote du Plan de partage de la Palestine, la reconnaissance de la Palestine en tant qu’État non-membre de l'ONU est portée au vote de l'Assemblée générale[54],[55]. L'Assemblée générale des Nations unies accepte la Palestine en tant qu’État observateur non membre par 138 voix pour (dont la France), 9 contre (dont les États-Unis, le Canada et Israël), et 41 abstentions (dont l'Allemagne et le Royaume-Uni), officialisant la reconnaissance d'un État palestinien au niveau international[56].

Le , la Palestine devient le 123e membre de la Cour pénale internationale[57].

Après l'accord de consensus national

Le , l'OLP et le Hamas signent un accord de consensus national qui « vise à mettre fin à la division politique et à la partition de fait entre la bande de Gaza et la Cisjordanie »[58]. Cet accord prévoit sept points dont les principaux sont : la formation d'un gouvernement d'union, des élections après six mois, la restructuration de l'OLP, la libération des prisonniers politiques respectifs, et des commissions de réconciliation[58]. Le , Rami Hamdallah, premier ministre en poste est chargé de former un nouveau gouvernement de consensus national[59] et, le , le nouveau gouvernement prête serment[60].

Toutefois, un an plus tard, la feuille de route agréée par les deux parties n'a pas avancé et Fatah et Hamas sont à couteaux tirés[61] : les élections n'ont pas eu lieu et selon un responsable du Hamas, Mahmoud al-Zahar, c'est l'Autorité Palestinienne qui s'oppose à la réouverture du terminal égyptien de Rafah et à la réouverture des points de passage avec Israël[61]. Le , le président palestinien Mahmoud Abbas annonce la prochaine démission du gouvernement, ce que ne confirme pas Ehab Bseiso, porte-parole du gouvernement d'Union palestinien, qui lui parle seulement d'une rencontre le entre Mahmoud Abbas et le premier ministre Rami Hamdallah. Mahmoud Abbas dénonce le fait que le Hamas ait continué à gouverner seul la bande de Gaza[62]. Le , Rami Hamdallah remet la démission de son gouvernement au président palestinien qui lui demande de former le nouveau gouvernement[63].

La guerre civile syrienne

En , les 18 000 réfugiés palestiniens du camp de Yarmouk près de Damas en Syrie sont entrainés dans la guerre civile syrienne quand les djihadistes de l'État islamique prennent le contrôle de 90 % du camp, forçant le gouvernement palestinien à s'exprimer sur le conflit. En effet, selon Georges Malbrunot du Figaro, le camp est menacé par la pénurie tandis que les combats et exactions s'y poursuivent, rendant, selon l'ONU, les conditions de vie « inhumaines » . Un représentant de l'Autorité palestinienne à Damas a affirmé que les groupes palestiniens participeraient aux combats avec les forces loyalistes syriennes, mais à Ramallah, l'OLP, dans un communiqué, « refuse [...] de devenir une des parties au conflit »[64].

Politique intérieure

La Palestine est une république semi-présidentielle unitaire. En 2020, son indice de démocratie la place 113e parmi 167 pays[65].

La Mouqata'a désigne les bureaux gouvernementaux de l'Autorité palestinienne. Principalement deux « Mouqata'as » ont été utilisées par le pouvoir palestinien, à Ramallah en Cisjordanie (actuelle) et dans la ville de Gaza.

Dirigeants actuels

Fonction Nom En fonction depuis le
Président Mahmoud Abbas
Premier ministre Mohammad Shtayyeh
Président du Conseil législatif Abdel Aziz Doweik

Pouvoir exécutif

La Palestine est dirigée par un Président élu au suffrage universel et par un Premier ministre nommé par le Président et issu de la majorité parlementaire du Conseil législatif. La dernière élection présidentielle a eu lieu en 2005.

Pouvoir législatif

Les élections législatives palestiniennes de 2006 ont élu les 132 membres du Conseil législatif palestinien (Parlement palestinien) parmi les candidats issus des 16 districts des territoires palestiniens occupés.

La Palestine dispose également d'un Parlement en exil, le Conseil national palestinien qui compte 669 élus. Les membres du Conseil législatif en font automatiquement partie mais il comprend également des représentants de toutes les communautés palestiniennes de la diaspora. Son bureau principal est établi à Amman mais il dispose également d'une branche à Ramallah. C'est lui qui déclara l'indépendance de la Palestine à Alger en 1988.

Le président palestinien Mahmoud Abbas a assuré qu'au moins sept sièges seraient réservés aux candidats chrétiens au sein du Parlement après les élections législatives de mai 2021, les premières depuis quinze ans[66].

Conflit Fatah-Hamas

Après la mort de Yasser Arafat en 2005, la « vieille garde » du Fatah était en proie au népotisme, à la corruption, et sa politique a conduit à une forte hausse de la criminalité ainsi qu'au déclin des prestations des services publics. Cette situation fut propice à la victoire du Hamas aux élections législatives palestiniennes de janvier 2006. Le Hamas obtenant 48,3 % des suffrages, le Fatah 43,8 %[67]. La période de mars à a été marquée par des tensions lorsque les commandants du Fatah ont refusé d’obéir aux ordres du gouvernement dominé par le Hamas tandis que l'Autorité palestinienne lançait une campagne d'assassinats et d'enlèvements contre des dirigeants du Hamas. Le Hamas entreprit des représailles du même ordre[68]. Le conflit pris de l'ampleur après l’échec de tentatives des deux factions palestiniennes à parvenir à un accord de partage du pouvoir. Cette confrontation déboucha sur des affrontements violents. Plus de 600 Palestiniens furent tués dans les combats à Gaza de à [69].

La conséquence politique de ce conflit a été la scission de l’Autorité palestinienne en deux régimes politiques revendiquant chacun être les véritables représentants du peuple palestinien. Le Fatah dirige l’Autorité palestinienne en Cisjordanie, le Hamas contrôle la bande de Gaza. Plusieurs tentatives de réconciliation, dont les accords du Caire en 2011 et de Doha en 2012, n'ont pas abouti.

Loi fondamentale

La Loi fondamentale palestinienne dont la dernière version date de 2003 fait office de constitution à la Palestine[70].

Droit civil

Selon un rapport de la Commission de Venise « le régime légal palestinien est particulièrement complexe puisqu'il a des origines très diverses[71].

Le droit civil est constitué par la coutume islamique ('urf) et la loi islamique (charia), le droit foncier ottoman, les règles du Mandat britannique, le droit civil jordanien pour la Cisjordanie, le droit civil égyptien pour la bande de Gaza et les lois et décrets élaborés par l'Autorité palestinienne »[71].

Les premières discussions sur le régime juridique palestinien et sa mise en œuvre dans les territoires palestiniens eurent lieu lors des accords d'Oslo en 1993 relatifs aux processus de paix entre Israël et l'Autorité palestinienne[71].

Politique extérieure

Après la proclamation d'Alger

Pays reconnaissant l'État de Palestine.

À la suite de la proclamation de la création d'un « État palestinien » le par le Conseil national palestinien à Alger, 94 pays le reconnaissent. 33 autres le firent dans les années suivantes[72]

Certains pays reconnaissent à la Palestine un statut particulier sans aller jusqu'à une reconnaissance réelle[79]. Il existe ainsi différentes formes de reconnaissances diplomatiques particulières comme celle d’une « Délégation générale palestinienne » (en Autriche, Belgique, Allemagne, Grèce, Italie, Pays-Bas, Portugal, Espagne et Royaume-Uni), d'une « Délégation générale de Palestine » (Colombie, Suisse[80]) ou encore d'une « Mission de Palestine » (France)[81].

Comité international olympique

En 1986, la Palestine crée son Comité olympique de Palestine, qui n'est pas reconnu par le Comité international olympique. Finalement, en 1995, le CIO reconnaît à la Palestine le droit de participer aux Jeux olympiques d'Atlanta en 1996 sous la bannière du CIO[82], devenant la première organisation internationale à reconnaître l'État palestinien[83]. Cela crée des incidents diplomatiques avec Israël qui conteste une « décision politique »[84] mais depuis, la Palestine participe à tous les Jeux olympiques et sous sa propre bannière depuis les Jeux olympiques de Londres, en 2012[82].

UNESCO

Les votes à l'UNESCO concernant l'adhésion de la Palestine :
  • Pour
  • Contre
  • Abstentions
  • Absent
  • Non-membre de l'organisation

Le , l'UNESCO admet la Palestine en tant qu'État membre. Comme elle n'est pas encore un État membre des Nations unies, son admission a dû se faire par la recommandation du Conseil exécutif qui s'est suivie d'un vote favorable à la majorité des deux-tiers des États membres de l’ONU présents et votants à la Conférence générale[7]. Le vote a été obtenu avec 107 voix pour, 14 voix contre, et 52 abstentions[53],[Note 4].

Conseil de sécurité de l'ONU

Le , Mahmoud Abbas remet au Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, une demande officielle de reconnaissance d'un État palestinien par l'ONU et un statut de membre pour cette organisation[85],[86]. Le suivant, le Conseil de sécurité conclut qu'il ne recommande pas l'adhésion d'un « État palestinien ». Les États-Unis avaient informé qu'ils s'opposeraient à toute candidature palestinienne en vue d'une reconnaissance comme étant un « État ». La France et le Royaume-Uni avaient déclaré qu'ils s'abstiendraient[87].

Cour pénale internationale

Le , la Palestine devient officiellement le 123e État membre de la Cour pénale internationale[88],[89]. Cette reconnaissance auprès de la CPI permet désormais à la Palestine, si elle le décide, de poursuivre les dirigeants israéliens pour génocide ou crime de guerre ou crime contre l'humanité.

En , Fatou Bensouda, procureure de la CPI, a ouvert un examen préliminaire pour d'éventuels crimes commis par Tsahal durant la guerre de Gaza de 2014[57].

En , l'autorité palestinienne a remis à la CPI plusieurs documents portant notamment sur l'extension des colonies israéliennes en Cisjordanie, sur l'offensive israélienne menée contre Gaza à l'été 2014 et sur le sort des prisonniers palestiniens détenus par Israël. Cette démarche suit la publication d'un rapport officiel de l'ONU affirmant que Tsahal et les groupes armés palestiniens ont commis en juillet et des violations importantes du droit humanitaire international susceptibles d'être qualifiées de « crimes de guerre »[90],[91].

Le , la Cour pénale internationale annonce qu'elle voulait ouvrir une enquête complète sur d'éventuels crimes de guerre dans les territoires palestiniens. La procureure générale Fatou Bensouda indique qu'elle est convaincue qu'il existe une base raisonnable justifiant l'ouverture d'une enquête sur la situation en Palestine et que des crimes de guerre ont été commis ou sont en train de l'être en Cisjordanie, notamment à Jérusalem-Est, et dans la bande de Gaza. Elle a toutefois réclamé à la CPI de se prononcer quant à la portée de la compétence territoriale de la Cour pénale internationale dans la situation en Palestine. À l'annonce de cette décision, le premier ministre d'Israël Benyamin Netanyahou déclare que Fatou Bensouda a transformé la CPI en outil politique pour délégitimer l'État d'Israël[92].

En adhérant à la CPI, les Palestiniens sont également exposés à un examen minutieux. Israël a affirmé que le mouvement islamiste militant Hamas et ses milices sont coupables à la fois de cibles aveugles contre des villes et de civils israéliens, ainsi que de l'exposition de leurs propres résidents comme boucliers humains ; ce sont des violations du droit international et des normes humanitaires internationalement acceptées. La violation de la règle de distinction, qui exige que les combattants limitent les attaques à des cibles militaires légitimes.

Amnesty International a également conclu que les organisations militantes palestiniennes sont coupables de crimes de guerre pour les tirs de roquettes aveugles dans des centres de population civile (juive et palestinienne confondues) en Israël[93],[94],[95].

Assemblée générale des Nations unies

Un an après cette demande d'adhésion à l'ONU en tant que membre à part entière[86],[52], la reconnaissance de la Palestine en tant qu’État non membre de l'ONU est portée au vote de l'Assemblée générale le [54],[55].

Le , jour du 65e anniversaire du plan de partage de la Palestine, l'Assemblée générale des Nations unies reconnaît la Palestine en tant qu’État observateur non membre par 138 voix pour (dont la France), 9 contre (dont les États-Unis, le Canada et Israël) et 41 abstentions (dont l'Allemagne et le Royaume-Uni). L'accession à ce statut officialise la reconnaissance d'un État palestinien au niveau international[56] ainsi que, de facto, par un certain nombre d'États individuels qui ne reconnaissaient jusqu'alors qu'un statut d'organisation non étatique à la Palestine voire ne lui reconnaissait aucun statut.

Les votes à l'Assemblée générale des Nations unies concernant l'attribution du statut d'État observateur :
  • Pour
  • Contre
  • Abstentions
  • Absent

Le gouvernement israélien considère cette démarche de Mahmoud Abbas comme unilatérale et contraire aux Accords d'Oslo et déclare qu'il n'y aura pas « d’État palestinien jusqu'à ce qu'Israël soit reconnu comme un État juif » et qu'une déclaration palestinienne officielle annonce la fin du conflit, soulignant « qu'Israël ne permettra pas que la Judée et la Samarie, deviennent une base terroriste à partir de laquelle des roquettes seront lancées sur les villes israéliennes »[96].

Souveraineté nationale palestinienne et droit international

Dans une tribune publiée le dans The Wall Street Journal, les juristes américains David B. Rivkin (en) et Lee A. Casey estiment que « l'Assemblée générale ou le Conseil de sécurité de l'ONU n'ont pas le pouvoir de créer des États », L'ONU n’étant pas souveraine et que « l’Autorité palestinienne ne répond pas aux caractéristiques de base d'un État nécessaires pour une telle reconnaissance ». Ils appuient cette expertise en se fondant sur les exigences énoncées par la convention de Montevideo de 1933 sur les droits et devoirs des États. Ce traité dispose que pour se proclamer « État » une entité doit remplir les conditions suivantes : une population permanente, un territoire défini, un gouvernement, la capacité d'entrer en relation avec d'autres États. Selon cette définition, ils rappellent que « l'Autorité palestinienne n'a ni une population permanente, ni un territoire défini, ni un gouvernement qui a la capacité d'entrer en relation avec d'autres États ».

Ils précisent que cette « exigence fondamentale s'exprime par la capacité à établir et à maintenir des accords internationaux », ce qui implique que « le gouvernement contrôle effectivement et sans la présence d'une autre souveraineté au moins une partie de sa population et de son territoire. ». Ils soulignent que l'Autorité palestinienne n'a pas le contrôle exclusif de ne serait-ce qu'une partie de la Cisjordanie dans le mesure où elle est dépendante d’Israël et qu'elle n'a aucun contrôle que ce soit sur la bande de Gaza.

Alefia T. Hussain, une journaliste pakistanaise, écrit dans The News International que « les experts dans le milieu des médias aux États-Unis voient l'effort palestinien comme rien de plus qu'un [acte] symbolique mais convaincant. » Elle cite Steve Coll (en), journaliste lauréat du prix Pulitzer, qui écrit dans The New Yorker « La demande est raisonnable et elle répond aux aspirations légitimes et pacifiques du Printemps arabe ». Il note toutefois que, « bien que selon le droit international le dossier palestinien est solide, il n'est pas hermétique »[97].

Officialisation du statut d'État par la diplomatie palestinienne

Le , Mahmoud Abbas, signe un décret entérinant la dissolution de « l'Autorité palestinienne » qui avait été créée à la suite des accords d'Oslo en 1993 et la renommant « État de Palestine »[98]. Il a ordonné aux représentations palestiniennes à travers le monde à faire de même sans pour autant apporter de modifications aux références à l'OLP, qui reste le représentant légal des Palestiniens[99]. Toutefois, afin de ne pas « provoquer » Israël, les passeports et les cartes d'identité des Palestiniens qui, pour voyager, doivent passer par les points de passage israéliens ne seront pas renommés.

Le porte-parole du gouvernement israélien, Mark Regev, juge le changement de nom « inutile ». Il ajoute que les Palestiniens devraient négocier avec Israël pour mettre fin au conflit et parvenir à la solution « de deux États pour deux peuples au lieu de chercher des gimmicks ». La porte-parole du département d'État des États-Unis américain, Victoria Nuland, déclare « Vous ne pouvez pas créer un État par la rhétorique et avec des étiquettes et des noms », tout en soulignant la nécessité de négociations bilatérales et qualifiant la décision de Mahmoud Abbas comme « provocation et n'apportant aucun changement pour le peuple palestinien »[100].

Ambassades

La première ambassade de Palestine en Europe est ouverte le à Stockholm (Suède). Cette reconnaissance officielle entraîne une crise diplomatique entre la Suède et Israël[101].

Accord avec le Vatican

Le Vatican et l’État de Palestine signent le un accord sur les droits de l’Église catholique dans les territoires palestiniens[102]. « Le texte aborde les aspects essentiels de la vie et des activités de l’Église catholique » dans l’État de Palestine. Il réaffirme par la même occasion « le soutien à un règlement négocié et pacifique de la situation dans la région »[103].

Interpol

La Palestine est membre à part entière d’Interpol depuis le [104].

Opération Bordure protectrice

L'opération Bordure protectrice menée à Gaza par Israël contre le Hamas en juillet et suscite la colère du président de l'Autorité palestinienne qui déclare en , à la tribune de l'ONU, qu'Israël a alors mené une « guerre de génocide », affirmant qu'il s'agissait de « la troisième guerre en cinq ans menée par l'État raciste occupant », ajoutant que « la différence, cette fois-ci, est l'ampleur plus grande de ce crime génocidaire »[105]. Il réclame ensuite une nouvelle une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU contre Israël mais ne fait cependant pas allusion à une saisine de la Cour pénale internationale (CPI)[106].

Transactions immobilières avec des Israéliens

Le quartier de Silwan à Jérusalem-Est, à majorité palestinienne, est coupé de la Cisjordanie par le mur de séparation israélien (en arrière-plan).

La vente de biens immobiliers aux Israéliens est considérée par la loi palestinienne comme une haute trahison[107]. En , une cour martiale palestinienne condamne à la pendaison un Palestinien accusé d'avoir vendu des terrains « ne lui appartenant pas avec de faux documents » à une société israélienne dans le village de Beit Ommar, au nord-ouest d'Hébron. Toutefois la peine n'a pas été exécutée, les condamnations à mort devant être approuvées par le président palestinien Mahmoud Abbas[108]. Le , il promulgue un décret durcissant les sanctions contre les Palestiniens « impliqués dans la vente de biens immobiliers avec des pays ennemis et leurs ressortissants ». Ce décret amende le code pénal palestinien afin d'y inclure « une peine de travaux forcés en plus de la prison à vie ». Cette décision intervient à la suite de l'acquisition de deux maisons par des Juifs dans le quartier de Silwan à Jérusalem-Est. Depuis une quarantaine d’années[Quand ?], plusieurs Palestiniens ont été exécutés pour avoir effectué ce type de transactions immobilières[109].

Propositions de formules de résolution du conflit

La proposition à deux États en Palestine, comme solution du conflit israélo-palestinien selon les accords d'Oslo, est soutenue notamment par la feuille de route pour la paix adoptée par le Quartette diplomatique (États-Unis, ONU, Russie et Union européenne) réuni le . Les mouvements pacifistes israéliens Bloc de la paix et La Paix maintenant, qui militent avec des Palestiniens et sont des défenseurs actifs des droits des Palestiniens, agissent pour la création d'un État palestinien autonome dans le cadre de la solution à deux États.

La proposition d'État unique est un État binational, englobant à la fois l'État d'Israël et les Territoires palestiniens où la population israélienne et les Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza bénéficieraient des mêmes droits constitutionnels. Dans son article du paru dans Le Monde[110]. l'universitaire et historien israélien Ilan Greilsammer (pt) dénonce une certaine frange de la gauche antisioniste israélienne, par exemple Michel Warschawski qui adhère à l'idée de « revenir aux solutions préconisées dans les années 1920 et 1930 d’un seul État arabe à minorité juive entre la mer et le Jourdain (…) à la place de deux États vivant côte à côte, l’un juif, l’autre palestinien », ce qui en soi, n'a rien à voir avec un État binational préconisé dès la fin des années 1930 notamment par Martin Buber et Hannah Arendt.

En , la chaîne qatarie Al Jazeera publie des « documents secrets », appelés Documents Palestine, sur les négociations de paix israélo-palestiniennes portant notamment sur des réunions de coordination sécuritaire entre Israël et les représentants de l'Autorité palestinienne et des concessions faites par cette dernière. Des minutes de discussions montreraient que les Palestiniens auraient exprimé leur volonté de céder des territoires en Cisjordanie et Jérusalem-Est, y compris les grands blocs d'implantation israéliens, en échange de territoires israéliens au nord de la vallée du Jourdain, au sud d'Hébron et à l'est de la bande de Gaza, et de reconnaitre la souveraineté d'Israël sur les quartiers juifs de Jérusalem intra-muros, de Talpiot-Est, Gilo, Givat Zeev au nord de la capitale israélienne. Un document daté de , contiendrait le compte-rendu d'une déclaration de Saeb Erekat à l'envoyé spécial américain au Moyen-Orient, George Mitchell, dont les termes seraient que les Palestiniens ont accepté de donner à Israël « le plus grand Jérusalem dans l'histoire du peuple juif. »[111],[112],[113].

Proposition de Donald Trump

Projet de l'État de Palestine présenté en 2020.

Le , le Président des États-Unis Donald Trump présente un projet de partition des territoires entre Israël et l'État de Palestine. Ce plan, surnommé « l'accord du siècle » par Donald Trump, a été réalisé en accord avec le gouvernement israélien, mais sans consulter les Palestiniens. Ces derniers rejettent unanimement cette proposition qui ampute la Palestine d'une grande partie des territoires qu'elle revendique. De même, de vives oppositions au plan Trump émergent parmi les Israéliens[114].

Géographie des territoires revendiqués

L’État de Palestine est situé au Moyen-Orient dans la région de Palestine (qui correspond au territoire incluant aujourd'hui l'État d'Israël, les territoires palestiniens et une partie du Royaume de Jordanie, du Liban et de la Syrie[115]).

Frontières

Gare routière connectant Jérusalem-Est aux principales villes palestiniennes de Cisjordanie.

L’État palestinien n'a pas de frontières définies mais revendique les territoires palestiniens et des frontières avec l'État d'Israël, la Jordanie et l'Égypte. Elles forment un des sujets du contentieux israélo-palestinien[116].

Après la guerre israélo-arabe de 1948-1949, le territoire constituant le mandat britannique sur la Palestine a été réparti entre Israël, l'Égypte et la Jordanie. Israël et la Jordanie ont annexé les zones sous leur administration, l’Égypte a maintenu une occupation militaire de Gaza[117],[118],[119]. Le , le roi Hussein de Jordanie proclame que Jérusalem-Est est la « capitale alternative du Royaume hachémite et fait partie intégrante et inséparable de la Jordanie »[120].

À la suite de la guerre des Six Jours en 1967, Israël envahit et occupe la Cisjordanie et la bande de Gaza. En , Hussein de Jordanie renonce à toute souveraineté sur la Cisjordanie et Jérusalem-Est[121],[122]. Le , le Conseil national palestinien reconnaît l'OLP comme le seul représentant légal du peuple palestinien et proclame « l'indépendance de la Palestine » sur le tracé des accords d'armistice de 1949 entre l'Égypte, la Jordanie et Israël[123]. Depuis, de nombreux pays ont reconnu l'État de Palestine dont certains dans ces frontières[124].

Climat

Le climat des zones côtières dans la bande de Gaza peut être très différent de celui des zones montagneuses en Cisjordanie et à Jérusalem, particulièrement pendant les mois d'hiver[125].

Gaza a un climat chaud, semi-aride ou méditerranéen avec des hivers doux et secs, et des étés chauds. Jérusalem possède un climat méditerranéen et dans une moindre mesure un montagnard[126]. Il est marqué par une forte chaleur et une forte aridité en été. Seuls, quelques mois en hiver sont humides. La neige peut survenir autour de Jérusalem. Jéricho et la vallée du Jourdain au nord de la Mer Morte ont un climat désertique chaud.

Température moyenne à Gaza
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) 7 7 9 13 15 18 20 21 19 17 12 8 14
Température maximale moyenne (°C) 17 17 20 26 29 31 33 33 31 28 24 19 26
Source : [127]
Relevé météorologique de Jérusalem (1881-2007)
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) 6,4 6,4 8,4 12,6 15,7 17,8 19,4 19,5 18,6 16,6 12,3 8,4 13,5
Température moyenne (°C) 9,1 9,5 11,9 17,1 20,5 22,7 24,2 24,5 23,4 20,7 15,6 11,2 17,5
Température maximale moyenne (°C) 11,8 12,6 15,4 21,5 25,3 27,6 29 29,4 28,2 24,7 18,8 14 21,5
Record de froid (°C) −6,7 −2,4 −0,3 0,8 7,6 11 14,6 15,5 13,2 9,8 1,8 0,2 −6,7
Record de chaleur (°C) 23,4 25,3 27,6 35,3 37,2 36,8 40,6 44,4 37,8 33,8 29,4 26 44,4
Précipitations (mm) 133,2 118,3 92,7 24,5 3,2 0 0 0 0,3 15,4 60,8 105,7 554,1
Nombre de jours avec précipitations 12,9 11,7 9,6 4,4 1,3 0 0 0 0,3 3,6 7,3 10,9 62
Source : [128],[129]

Cours d'eau

Le Jourdain, qui a donné son nom à la Cisjordanie, se jette dans la mer Morte à l'altitude de −421 mètres.

Géographie humaine

Subdivisions

Division administrative des territoires ; les zones A et B sous contrôle total ou partiel de l'Autorité palestinienne sont indiquées en vert foncé.
Centre-ville de Ramallah, capitale administrative de facto de l'Autorité palestinienne, située dans la zone de collines du centre de la Cisjordanie.

Les territoires palestiniens occupés en Cisjordanie et dans la bande de Gaza ont été divisés par les accords d'Oslo en trois aires administratives aux statuts différents. Ces zones ont été confirmées par les accords d'Oslo II :

  • la zone A (2 %) est la région sous contrôle palestinien total. Elle comprend l'essentiel des villes palestiniennes, à l'exception de Jérusalem-Est qui a été exclue des accords ;
  • la zone B (26 %) est la région sous contrôle palestinien civil mais sous contrôle militaire israélien ;
  • la zone C (72 %) est la région sous contrôle total israélien.

Ces territoires ont été divisés en seize gouvernorats (5 dans la bande de Gaza et 11 en Cisjordanie), sous la juridiction de l'Autorité palestinienne[130].

Dans la bande de Gaza :

En Cisjordanie :

Villes principales

Ville de Gaza (2009).
Principales villes de Palestine
Ville Population[131]
(2017)
Région
Gaza 590 481Bande de Gaza
Jérusalem-Est 281 163Cisjordanie
Khan Younès 205 125Bande de Gaza
Hébron 201 063Cisjordanie
Jabaliya 172 704Bande de Gaza
Rafah 171 899Bande de Gaza
Naplouse 156 906Cisjordanie
Beit Lahiya (en) 89 838Bande de Gaza
Deir el-Balah 75 132Bande de Gaza
Tulkarem 64 532Cisjordanie
Bethléem 30 000Cisjordanie

Démographie palestinienne

En 2017, la population des territoires palestiniens est de 4,9 millions d'habitants (3 millions en Cisjordanie - y compris à Jérusalem-Est - et 1,9 million dans la bande de Gaza)[132].

Le taux de fécondité en Palestine en 2011-2013 est de 4,1 enfants par femme et la croissance démographique annuelle est de 2,8 %[132].

Note : ces chiffres incluent uniquement les habitants palestiniens (dans l'acception contemporaine) et excluent donc les juives et juifs israéliens habitant les territoires palestiniens.

Diaspora et statut des réfugiés palestiniens

Portrait d'une famille palestinienne datant de 1900.

La diaspora palestinienne compte environ 6 millions d'individus[133]. Plus de 5 millions d'entre eux ont le statut de réfugiés, à la suite de l'exode palestinien de 1948[134],[135]. Plus de 3 millions vivent en Jordanie et 500 000 sur le continent américain, tandis que le reste est réparti dans le monde arabe. Seuls 3,7 millions vivent dans les « territoires palestiniens » (Bande de Gaza, Cisjordanie et Jérusalem-Est). Le statut spécial de réfugié palestinien est héréditaire, reconnu par l'UNWAR, agence de l'ONU.

Le respect de la résolution 194 de l’ONU votée en 1948, consacrant le droit au retour des réfugiés palestiniens, reste aléatoire.

Le , l'ambassadeur de Palestine au Liban, Abdullah Abdullah, déclare que les réfugiés palestiniens dans les pays tels que le Liban, l’Égypte, la Syrie et la Jordanie ou les 132 autres pays où résident la diaspora palestinienne, bien qu'identitairement palestiniens « ne sont pas automatiquement des citoyens » palestiniens. Ceci est applicable non seulement aux réfugiés vivant dans ces pays mais aussi aux réfugiés palestiniens « qui vivent dans les camps de réfugiés au sein de l’État [palestinien], ils sont encore réfugiés. Ils ne seront pas considérés comme des citoyens ». Abdullah ajoute que le nouvel État palestinien ne délivrera « absolument aucun passeport aux réfugiés palestiniens »[136].

Langue

La langue palestinienne est l'arabe. Le dialecte variant de l'arabe littéral fait partie de la famille linguistique sémitique: l'arabe levantin septentrional ou syro-libano-palestinien.

Un des signes distinctifs du dialecte palestinien est sa prononciation singulière de la lettre Qāf (ق). Si communément ,celle-ci se prononce [q], elle devient silencieuse en arabe palestinien.

Le mot « قلب » (qalb) qui signifie « cœur » se prononce par exemple « 'alb »[137].

Religions

En 1922, les Britanniques avaient recensé 752 048 Palestiniens (au sens de l'époque), dont 589 177 musulmans, 83 790 juifs, 71 464 chrétiens et 7 617 personnes d'autres appartenances[138]. Au XXIe siècle, la population palestinienne est largement musulmane sunnite, avec une minorité chrétienne.

Un rapport établi en 2017 par le Bureau central des statistiques de l'État palestinien recense 46 850 chrétiens dans les Territoires palestiniens, soit 1,4 % de la population[139], mais plus de 600 000 dans le monde (orthodoxes grecs ou arméniens ; catholiques latins, grecs ; protestants luthériens ou anglicans). Le recensement de 2017 montre une présence chrétienne en constante diminution puisqu'elle s'élevait à 2 % en 2000[140],[141].
Cependant, la Palestine, correspond à une grande partie de la Terre sainte et revêt une importance majeure par ses sanctuaires et pèlerinages: Jérusalem, Bethléem (lieu de la Nativité du Christ) et Hébron. D'un point de vue chrétien, cette dernière est considérée, par son apparition trine auprès du chêne de Mamré, comme étant la préfiguration de la compréhension de la Sainte-Trinité. Le calendrier des saints chrétiens rappellent que plusieurs Palestiniens ont été reconnus comme tels; que cela soit de manière plus étendue au sein du monde chrétien (Chariton le Confesseur, Macaire de Jérusalem et Euthyme le Grand) ou plus restrictive (Marie-Alphonsine Danil Ghattas, Mariam Baouardy), canonisée par l'Église catholique et fondatrice des Sœurs du Saint Rosaire.

Il y a environ 300 Samaritains[142].

Symboles d'État

Drapeau palestinien

Sur la gauche, un triangle rouge prolongé par trois bandes horizontales noire, blanche et verte.

Ces couleurs avaient été adoptées par le mouvement panarabe durant la grande révolte arabe des Hachémites de 1916, soulèvement visant à unifier le Moyen-Orient[144]. La révolte éclata mais une fois les terres arabes libérées de l'occupation ottomane, les Européens se partagèrent la région lors des accords Sykes-Picot.

Après 1948, ces couleurs symboliques de l’Histoire islamique  qui figurent identiquement sur le drapeau officiel du parti Baas syrien  sont adoptées par la partie arabe en Palestine, revendiquant à titre exclusif le nom « Palestine », lui-même abandonné par la partie juive de la région après la fondation de l'État d'Israël. Le drapeau est adopté officiellement par les Palestiniens lors du premier Congrès de l’OLP, en 1964.

Hymne palestinien

Avant 1967, Mawtini était utilisé comme hymne national palestinien, qui a été adopté par l'Irak en 2004.

Biladi, Biladi ou Fidai (Ma patrie, ma patrie) est le nouvel hymne national de l'État de Palestine proclamé en 1988 par l'OLP, en accord avec l'article 31 de la Charte de l'OLP. Il est joué au début des concerts donnés par l'Orchestre national de Palestine[145].

Économie palestinienne

Banque de Palestine à Ramallah.

Le secteur manufacturier est bien représenté en Palestine notamment au travers de l'industrie du verre, de la porcelaine, du savon, du coton ou du textile[146].

L'activité agricole permet la production et l'exportation de roses et de palmiers.

Le secteur du tourisme se développe au travers d'un certain nombre d'attractions historiques et touristiques comme l'église de la Nativité à Betlehem que l'Autorité palestinienne restaure ou le Palais de Hisham bin Abdul Malik[146].

Chômage

Depuis les réductions des fonds versés à l'Autorité palestinienne par les États-Unis, l'activité économique est en berne. La part des secteurs agricoles et industriels a chuté de 27 % en 1994 à 13 % en 2018, sans émergence de nouvelles activités pour relancer l'économie. Le taux de chômage des jeunes palestiniens de la bande de Gaza s'élève à 70 % en 2018[147].

Éducation

Selon les statistiques de 2005-06 du ministère de l'Éducation de l'Autorité palestinienne, l'enseignement en Palestine se dispense dans 2 276 établissements scolaires, 31 001 classes, pour 1 078 488 écoliers et étudiants et par 48 674 enseignants. Ces lieux d'enseignement se répartissent en trois catégories :

  • ceux fonctionnant sous l'égide du ministère de l'Éducation de l'Autorité palestinienne (70 %) ;
  • ceux par le biais de l'Office de secours et de travaux des Nations unies (UNRWA) (24 %) ;
  • ceux relevant de l'enseignement privé (6 %)[148].

Culture palestinienne

Châles palestiniens (ou keffiehs) vendus en Syrie.

Littérature

Littérature et poésie palestiniennes sont illustrées par de nombreux auteurs tels Mahmoud Darwich et Elias Sanbar.

Artisanat

Il existe un artisanat traditionnel palestinien : robes brodées au point de croix, châles (keffieh), vanneries en paille de blé ou d'orge dont l'origine remonterait au néolithique[149], tapis fabriqués à Gaza[150], verres et céramiques à Hébron où se trouve dans la vieille ville un quartier dénommé « le quartier des souffleurs de verre », et aussi des rabiehs, sortes de greniers à grains nomades et transportables, véritables meubles en pisé.

Gastronomie

Si elle reste fidèle à la gastronomie locale et orientale avec pour principaux ingrédients dans la population rurale palestinienne, l'huile d'olive, l'olive, l'origan et le pain plat cuit au four appelé taboun[151], la cuisine palestinienne possède ses propres traditions culinaires régionales.

La cuisine palestinienne provient des populations installées en Palestine, tout au long des siècles. Elle subit les influences arabes, abassides, perses, syrienne et de fortes influences turques aux accents balkaniques dues aux populations arrivées durant la domination de la région par l'Empire ottoman.

Elle est semblable aux autres cuisines du Levant, avec des spécificités régionales liées à la géographie et au climat, notamment les cuisines libanaise (boulghour, riz, viande et kebbé) en Galilée, syrienne au nord, jordanienne à l'est (pain taboun, pita, riz et viande) en Cisjordanie ou égyptienne au sud (riz, poisson, fruits de mer et lentilles) dans la bande de Gaza[152]. Les épices sont partout utilisés et le piment particulièrement dans la bande de Gaza.

Les Palestiniens mangent plusieurs fois par jour - le repas principal étant le déjeuner appelé gheda[153]. Les repas s'agrémentent généralement de salades cuites et crues, de houmous, d'olives pour le maza (mezzé), éventuellement du fromage akkawi, et sont particulièrement variés et copieux lors des fêtes. Le mansaf d'origine jordanienne, apprécié chez les Bédouins. Les plats notables peuvent être différentes variantes du kebbeh (boulettes de boulgour à la viande), le man’ouché ou lahm bi ajeen (pizza au fromage, origan), le chiche-kebab ou lahme mashwi (brochettes de viande), le musakhane (pain taboun au poulet rôti et oignons frits), le maklouba (riz aux aubergines, légumes et viandes), le mansaf (agneau sur pain taboun, riz et yaourt), le sumaghiyyeh (baies de sumac, tahini, blettes, bœuf et pois chiches), la rummaniyya (grenade, aubergines, tahini, lentilles à l'ail), le fukharit ados (ragoût de lentilles), le qidra (riz, agneau, épices), le zibdieh (ragout de tomates et crevettes)...

Les nombreux desserts de la cuisine palestinienne sont principalement des pâtisseries fourrées de fromages sucrés, de dattes ou d'amandes, de noix et de pistaches : les baklavas, la halva, le kenafeh, le burma til-kadayif, le mouhalabiyeh...

Comme les mets, la consommation des boissons varie en fonction des fêtes où l'on peut boire des jus de caroube (kharroub), de tamarin (tamar hindi), de réglisse (sous) ou d'abricot (qamar eddine). Le café (à cuire) agrémenté de cardamome est consommé tout au long de la journée et le thé nahnâ (à la menthe) plutôt le soir. Les boissons alcoolisées telles que l'arak ou la bière sont consommées par les chrétiens palestiniens et les musulmans peu conservateurs.

En en-cas, on mange ou sert à son hôte des fruits secs, diverses noix et graines rôties et des dattes.

Danse

Femmes dansant le dabkeh.

Le dabkeh est un type de danse de groupe en ligne où les danseuses et danseurs se tiennent les mains et frappent le sol fortement. Elle est le plus souvent dansée dans les mariages, les banquets et les fêtes occasionnelles. Les danseurs poussent parfois des cris pour donner de l'énergie à la danse et l'accentuer.

Sport

Comité olympique de Palestine

Créé en 1986, le Comité olympique de Palestine peut participer aux Jeux olympiques depuis 1995. Présidé depuis 2016 par la personnalité militaire et politique controversée[154],[155], Jibril Rajoub qui est aussi à la tête du Conseil suprême pour la jeunesse et les sports et à celle de la Fédération de Palestine de football, ce Comité est le fédérateur des fédérations sportives palestiniennes[146]. Le Comité olympique palestinien est un membre fondateur de l'Union arabe pour les Jeux Olympiques et le Comité a participé à tous les sessions et les événements arabes sportifs[146].

Clubs et fédérations sportifs

La Palestine est riche de plus de 300 clubs et fédérations sportifs placées sous l'égide du Conseil suprême pour la jeunesse et les sports[156].

Marathon

Chaque année depuis 2012, se déroule le marathon de Palestine, qui voit la participation de milliers de coureurs[157]

Bibliographie

Notes et références

Notes

  1. Mawtini a été l'hymne palestinien de 1936 à 1995 avant que Fida'i le remplace en 1996.
  2. Son mandat a été prolongé sine die par l'OLP (voir gouvernement palestinien sur le site France diplomatie), il est en attente d'élections à organiser par le Gouvernement palestinien d'union nationale de 2014 (voir Le nouveau gouvernement d'union palestinien a prêté serment le Monde.fr avec AFP et Reuters, 02.06.2014)
  3. Jérusalem-Est étant un « territoire palestinien occupé » par Israël, le gouvernement palestinien est dans l'impossibilité d'y installer ses institutions.
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Annexes

Articles connexes

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