Soudan
Le Soudan (prononcé en français : /sudɑ̃/[3] ; en arabe : السودان as-Sūdān), en forme longue la république du Soudan (جمهورية السودان Jumhūrīyat as-Sūdān), est un pays d'Afrique de l'Est.
Pour les articles homonymes, voir Soudan (homonymie).
Ne doit pas être confondu avec République soudanaise ou Soudan français.
« Soudanais » redirige ici. Pour la race de chevaux, voir Soudanais (cheval).
République du Soudan
(ar) جمهورية السودان
(en) Republic of the Sudan
Drapeau du Soudan. |
Emblème du Soudan. |
Devise | en arabe : النصر لنا (An-nasr lanā, « La victoire est à nous ») |
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Hymne |
en arabe : نحن جند لله جند الوطن (Nahnu Djundulla Djundulwatan, « Nous sommes soldats de Dieu, soldats de la patrie ») |
Fête nationale | |
· Événement commémoré | Indépendance vis-à-vis de l'Égypte et du Royaume-Uni () |
Forme de l'État | République sous junte militaire |
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Président du Conseil de souveraineté | Abdel Fattah Abdelrahmane al-Burhan |
Premier ministre | Abdallah Hamdok |
Parlement | Conseil législatif de transition |
Langues officielles | Arabe et anglais |
Capitale |
Khartoum 15° 31′ N, 32° 35′ E |
Plus grande ville | Omdourman |
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Superficie totale |
1 886 068 km2 (classé 17e) |
Superficie en eau | 5,2 % |
Fuseau horaire | UTC + 2 |
Indépendance | Du Royaume-Uni et Égypte |
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Date |
Gentilé | Soudanais |
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Population totale (2018[1]) |
43 120 843 hab. (classé 34e) |
Densité | 23 hab./km2 |
IDH (2017) | 0,502[2] (moyen ; 167/188) |
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Monnaie |
Livre soudanaise (SDG ) |
Code ISO 3166-1 |
SDN, SD |
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Domaine Internet | .sd |
Indicatif téléphonique | +249 |
Organisations internationales | APOCOMESABADCEN-SADCIRGL |
Le pays est bordé par la Libye au nord-ouest, l’Égypte au nord, la mer Rouge à l'est-nord-est, l'Érythrée à l'est, l'Éthiopie à l'est-sud-est, le Soudan du Sud au sud, la République centrafricaine au sud-ouest et le Tchad à l'ouest. Les langues officielles du pays sont l’arabe et, depuis peu (2005), l'anglais.
Sa capitale est Khartoum et sa plus grande ville est Omdourman.
Étymologie
Son nom vient de l'arabe balad as-sūdaan, qui signifie littéralement « pays (balad) des Noirs » (sūdaan, ce terme étant le pluriel d'aswad)[4] ; cette expression désigne le Soudan, une région d'Afrique plus grande dont fait partie l'Ouest du pays.
Histoire
Dans l'Antiquité, le pays correspondait en grande partie à l'ancienne Nubie (voir l'article détaillé sur l'histoire du Soudan).
Quelques repères :
- Royaume de Koush (XXVe siècle – XVIe siècle avant notre ère)
- Royaume de Méroé (-800 – 350)
- Nobatie (350c-650c), Makurie (500c – 1285c), Alodie (350-1504), Royaume de Daju (en) (1150c-1450c)
- Sultanat de Sennar (1504 – 1821), Sultanat du Darfour (1603-1874)
- Invasion du Soudan par l'Égypte (1820-1824) (en)
- Histoire du Soudan (1821-1885) (en)
- Guerre des mahdistes (1881-1899), Soudan mahdiste (1885-1899)
- Soudan anglo-égyptien (1899-1956)
XIXe siècle
Dans les années 1820, l'Égypte est gouvernée par le pacha Méhémet Ali. L'Égypte étant une province de l'Empire ottoman, il est en théorie vassal du sultan de Constantinople, mais s'est en pratique libéré de la tutelle de celui-ci et mène une politique indépendante d'expansion territoriale.
Après d'infructueuses tentatives pour conquérir la Palestine et la Syrie, il se lance avec succès à la conquête du Soudan dans les années 1820.
En 1885 le chef religieux Muhammad ibn Abdallah, s'étant proclamé « le Mahdi » (« l'attendu »)[5], tenta d'unifier les tribus de l'Ouest et du Centre du Soudan contre la domination égyptienne. Il prit la tête d'une révolte religieuse que le gouvernement égyptien s'avéra incapable de réprimer et infligea une défaite écrasante à l'armée envoyée contre lui par Le Caire : commandée par le colonel anglais Hicks, celle-ci commit l'imprudence de s'aventurer dans le désert à la poursuite du Mahdi qui, lorsqu'elle fut bien épuisée et démoralisée, se retourna contre elle et l'anéantit.
Cette victoire, outre qu'elle laissait l'Égypte presque sans moyen militaire, apporta au Mahdi les moyens qui lui manquaient pour donner à l'insurrection une plus grande ampleur : le ralliement de nouvelles tribus et surtout des milliers de fusils Remington, 5 millions de cartouches et des pièces d'artillerie. Jusque-là cantonnée au désert et à des opérations de guérilla, l'insurrection mahdiste pouvait désormais s'attaquer aux villes et garnisons égyptiennes du Soudan, à commencer par la capitale : Khartoum. Le Khédive d'Égypte demanda l'aide de la Grande-Bretagne, mais le gouvernement de Gladstone refusa d'engager des troupes dans une aventure qui ne le concernait pas. Il consentit tout au plus à mettre à la disposition de l'Égypte le général Gordon avec pour mission d'organiser l'évacuation des garnisons égyptiennes du Soudan, abandonnant le pays au Mahdi.
Si Gordon connaissait bien le Soudan (dans les années 1870, il en avait été gouverneur général, nommé par le khédive) et s'il était un chrétien convaincu, il ne comprit pas vraiment la signification de la révolte, ni la raison pour laquelle elle mobilisait largement la population. Pour reprendre les remarques d'un des meilleurs observateurs britanniques de l'époque, Wilfred Scawen Blunt[6], il ne se rendit pas compte que tous les gens de bien au Soudan étaient du côté du Mahdi.
Encerclé à Khartoum, il refusa de l'abandonner et organisa la défense, persuadé que l'opinion publique britannique et en particulier la très influente Ligue contre l'esclavage exercerait sur le gouvernement une pression telle que celui-ci se verrait contraint d'envoyer des troupes à son secours, ce qui fut le cas.
L'expédition de secours, commandée par Garnet Joseph Wolseley, arriva trop tard et se trouvait encore à quelques jours de marche de Khartoum lorsqu'elle apprit la chute de la ville et la mort de Gordon (janvier 1885). Les instructions qu'avait reçues sir Garnet étaient claires : sa mission était de sauver Gordon, pas de conquérir le Soudan. Il fit donc demi-tour et regagna l'Égypte, ramenant avec lui les dernières garnisons égyptiennes ; le Mahdi restait maître de tout le pays. Ce dernier ne profita guère de sa victoire, il mourut quelques semaines plus tard, peut-être d'une méningite. Dirigé par le khalifa Abdullah, le pouvoir mahdiste survécut jusqu'en 1898 où il fut anéanti à la bataille d'Omdurman par une armée anglo-égyptienne commandée par sir Horatio Herbert Kitchener. Cette bataille fit 11 000 tués du côté soudanais et 48 du côté anglo-égyptien, ce qui en fait un massacre plus qu'une bataille, et personne ne s'interrogea sur le fait que presque aucun des 16 000 Soudanais blessés ne survécut[7]. Kitchener était en route vers Fachoda et sa dramatique confrontation avec l'expédition française du commandant Marchand.
Le Soudan connait une famine particulièrement meurtrière entre 1889 et 1891, tuant environ un tiers de ses habitants[8].
XXe siècle
1916 est l'année de la défaite et de la mort d'Ali Dinar, dernier sultan du Darfour et Dar Massatite en 1921.
L'indépendance fut proclamée en 1956, mais le gouvernement de Khartoum revint sur les promesses faites aux provinces du Sud de créer un État fédéral, ce qui conduisit à une mutinerie menée par des officiers du Sud, qui fut le début d'une guerre civile de dix-sept ans (1955-1972).
Des élections eurent lieu en avril 1965 mais les gouvernements successifs furent incapables de se mettre d'accord sur une constitution permanente ou de résoudre les problèmes de la lutte entre factions, de la stagnation économique et de la dissidence ethnique. Le mécontentement amena un deuxième coup d'État militaire le . Son meneur, le colonel Gaafar Muhammad Nimeiri, devint Premier ministre, et le nouveau régime supprima le Parlement et interdit tous les partis politiques.
Des luttes entre les marxistes et les non-marxistes à l'intérieur de la coalition militaire au pouvoir provoquèrent un nouveau coup d'État en juillet 1971, dirigé par le Parti communiste soudanais. Quelques jours après, des troupes anti-communistes du colonel Nimeiri exécutent le secrétaire général du PC soudanais : l'écrivain Abdel Khaliq Mahjub (en), le dirigant de la Confédération Générale des travailleurs du Soudan, Chafi’Al Cheikh, sont pendus le 28 juillet, et des centaines de militants et de syndicalistes sont exécutés[9].
En 1972, l'accord d'Addis-Abeba (en) mit fin à la guerre civile Nord-Sud et instaura un certain degré d'autonomie régionale.
En septembre 1983, le président Nimeiri annonça sa décision d'étendre au droit pénal[10] le domaine du droit musulman, cantonné depuis la colonisation au droit personnel. Bien que le droit pénal soit en théorie uniquement personnel et proportionné.
Cette décision est l'élément déclencheur d'une guerre civile qui oppose le Gouvernement (GOS) à des groupes armés du Soudan du Sud. Ce conflit s'analyse le plus souvent comme une guerre de religion entre le Nord — islamique — et le Sud — chrétien. Si cette dimension religieuse existe certainement, comme en témoigne le déclenchement de la guerre civile consécutive à l'instauration de la charia par le gouvernement du Nord, il n'en demeure pas moins qu'elle est à tempérer, le Sud étant minoritairement chrétien et plutôt animiste. Ce sont donc plutôt deux cultures, une tribale traditionaliste au sud et une arabo-musulmane au nord, qui s'opposent. On peut aussi y analyser une opposition entre le Centre et la périphérie, expliquant ainsi aussi les moteurs des conflits au Darfour, à l'ouest du pays, et dans le Béjaland, à l'est du pays.
La proximité avec les États-Unis s’accentue sous l'administration de Ronald Reagan. L’aide américaine passe de 5 millions de dollars en 1979 à 200 millions en 1983, puis à 254 en 1985, essentiellement pour les programmes militaires. Le Soudan devient ainsi le deuxième bénéficiaire de l’aide américaine en Afrique (après l’Égypte). La construction de quatre bases aériennes destinées à accueillir des unités de la Force de déploiement rapide et d’une puissante station d’écoute, près de Port-Soudan, est mise en chantier En 1984 et 1985; après une période de sécheresse, plusieurs millions de personnes sont menacées par la famine, en particulier dans l’ouest du Soudan. Le régime fait en sorte de cacher la situation à l'international[9].
En mars 1985, l’annonce de l’augmentation des prix des produits de première nécessité, sur l’injonction du Fonds monétaire international avec lequel le régime était en négociation, provoque de premières manifestations. Le 2 avril, huit syndicats appellent à la mobilisation et à une « grève politique générale jusqu’à la suppression du régime actuel ». Le 3, des manifestations massives secouent Khartoum, mais aussi les principales villes du pays ; la grève paralyse les institutions et l’économie. Un autre coup d'État, mené par le général Souwar ad-Dahab, restaura un gouvernement civil. Cependant la guerre civile faisait de plus en plus de morts et la situation économique continuait à se dégrader[9].
En 1989, à la suite d'un coup d'État, le général Omar el-Bechir devint chef de l'État, Premier ministre et chef des forces armées. La loi pénale de 1991 institua des peines sévères dans tout le pays, telles que l'amputation et la lapidation. Bien que les États du Sud non musulmans soient officiellement exemptés de ces dispositions, la loi permet cependant une possible application future de la charia dans le Sud.
La guerre civile a déplacé plus de quatre millions d'habitants du Sud et fait deux millions de morts. Certains ont fui dans des villes du Sud comme Djouba, d'autres ont cheminé vers le nord jusqu'à Khartoum ou ont pris le chemin de pays voisins comme l'Éthiopie, le Kenya, l'Ouganda ou l'Égypte. Ces gens ne pouvaient pas produire de la nourriture ou gagner de l'argent pour se nourrir, et la malnutrition et la famine se sont répandues. Le manque d'investissement dans le Sud a également abouti à ce que les organisations humanitaires internationales appellent une « génération perdue », mal éduquée, sans accès aux soins de base et sans grandes chances de trouver un emploi productif que ce soit dans le Sud ou dans le Nord.
Rébellion de 2005
Les pourparlers de paix entre les rebelles du Sud et le gouvernement ont fait des progrès notables en 2003 et au début de l'année 2004, même si des accrochages se seraient encore produits dans certaines régions méridionales.
Une nouvelle rébellion dans la province occidentale du Darfour a commencé début 2003. Le gouvernement et les rebelles ont été accusés d'atrocités au cours de cette guerre. En février 2004, le gouvernement a proclamé sa victoire sur la rébellion mais les rebelles disent garder le contrôle des zones rurales et certaines sources indiquent que des combats continuent à de nombreux endroits. Les milices janjawids sont accusées du massacre de plus de cinquante mille personnes, le conflit ayant fait, en trois ans, plus de trois cent mille morts et trois millions de déplacés et réfugiés, selon certaines estimations.
Accord de paix de 2005
Le , un accord de paix a été signé à Nairobi entre John Garang de l'APLS et le vice-président Ali Osmane Taha, représentant le gouvernement soudanais. Il met fin à vingt-et-un ans de guerre civile dans l'État, dominé par les musulmans et les miliciens chrétiens de Garang. Cet accord prévoit un régime d'autonomie de six ans au Soudan du Sud, période à l'issue de laquelle un référendum d'autodétermination sera organisé.
Le , la nouvelle constitution, élaborée grâce aux accords de Nairobi, est appliquée et permet le retour du mouvement de John Garang à Khartoum. Un gouvernement d'union nationale est instauré pour cette période de transition.
Le , John Garang meurt dans l'accident de l'hélicoptère ougandais qui le transportait, dans le Sud du Soudan. Cela provoque plusieurs jours d'émeutes dans la capitale ainsi qu'à Djouba entre les partisans de Garang et ceux du gouvernement. Les partisans de l'ancien chef rebelle John Garang ne croient en effet pas à la thèse officielle du gouvernement selon laquelle l'hélicoptère a été victime de problèmes techniques. Ils déclenchent des émeutes à Khartoum, provoquant les représailles de militants nordistes. Ces violences font, d'après le bilan du Croissant-Rouge soudanais (en), cent trente morts et plus de trois cent cinquante blessés.
Le référendum d'autodétermination du Soudan du Sud prévu par les accords de paix a eu lieu le [11]. Les votants se sont exprimés en faveur de la sécession à 98,83 %[12]. Le , Omar el-Béchir a officiellement reconnu ce résultat[13]. Ce nouvel État a accédé à son indépendance dès le [14]. En perdant plus d'un quart de son territoire, le Soudan perd également son « statut » de plus grand État d'Afrique (au profit de l'Algérie) qu'il détenait depuis son indépendance en 1956.
Selon certains observateurs[15], la sécession du Sud ne manque pas d'alimenter une certaine inquiétude au sein de la population quant à l'avenir du pays. Jusqu'ici, le gouvernement central profitait des ressources pétrolières du Sud (qui assurait 85 % de la production nationale) pour, « acheter » la paix civile avec les différents groupes rebelles qui sévissaient dans le Nord. Avec des revenus en baisse, il lui sera difficile de poursuivre ce type de politique. Ainsi, selon Fouad Hikmat, analyste à l'International Crisis Group : « Dans un an, si le NCP (le Congrès national au pouvoir à Khartoum) ne change pas, n'adopte pas une nouvelle approche plus fondée sur l'intégration que sur la sécurité, le Soudan va affronter de sérieux problèmes ». Cette manne pétrolière permettait également de limiter les conséquences économique de la crise en jugulant l'inflation, garantissant une certaine « paix sociale ».
Face à ces nombreux défis intérieurs, ces mêmes observateurs craignent que les durs du régime, « débarrassés » du Sud chrétien et animiste, n'en profitent pour se radicaliser en accélérant l'islamisation du reste du pays, comme le président Bashir l'avait laissé entrevoir[16], d'autant plus que les effectifs des communautés chrétiennes se trouvant dans le Nord se sont largement réduits. En effet, l'essentiel de leurs membres, originaires du Sud, ont regagné leur région d'origine en prévision de son indépendance[17].
Le régime d'Omar el-Bechir applique en 2018 un plan d'austérité du Fonds monétaire international (FMI), transférant certains secteurs des importations au secteur privé. En conséquence, le prix du pain est doublé et celui de l’essence augmente de 30 %. L’inflation atteint les 40 %. Des mouvements étudiants et le Parti communiste soudanais organisent des manifestations pour contester cette politique. Omar el-Bechir réagit en faisant arrêter le secrétaire général du Parti communiste et deux autres dirigeants du parti, et par la fermeture de six journaux[18].
Révolution soudanaise de 2019
À partir de décembre 2018, un vaste mouvement de protestation contre le régime se forme dans les villes de l’extrême nord du pays, en particulier autour d'Atbara, agglomération ouvrière et fief du syndicalisme soudanais. Les manifestants réclament initialement de meilleures conditions de vie (plus de 20 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté), puis, alors que la répression s’accentue, la démission du président[19].
Omar El-Béchir est destitué par l'armée et remplacé par un conseil militaire de transition le [20]. Le 21 août, le Conseil militaire de transition devient le Conseil de souveraineté. Il maintient les président et vice-président sortants en place mais dispose de membres civils[21]. Abdallah Hamdok, ancien économiste à l'ONU, est nommé premier ministre à la tête d'un gouvernement de transition[22].
Politique
Le Soudan est une république de type présidentiel dont l'actuel président est Abdel Fattah Abdelrahmane al-Burhan.
De 1983 à 1997, le pays était divisé en cinq régions dans le Nord et trois dans le Sud, chacune dirigée par un gouverneur militaire. Les parlements régionaux ont été suspendus après le coup d'État militaire du . Le Conseil révolutionnaire a été aboli en 1996 et le Front national islamique au pouvoir a pris le nom de Congrès national. Après 1997, les structures administratives régionales ont été réformées vers un système de 26 États. Les membres des exécutifs régionaux sont nommés par le président de la République. Le budget des États est entièrement dépendant du pouvoir central de Khartoum.
À la suite d'une décision de la cour pénale internationale (CPI), Omar al-Bashir est désormais sous le coup d'un mandat d'arrêt international.
Du 11 au 15 avril 2010 ont eu lieu les premières élections régionales, législatives et présidentielle tenues depuis 1986. Les deux principaux rivaux du général Omar al-Bashir, Yasser Arman (en), un musulman laïque soutenu par le Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM, ex-rebelles sudistes) et Sadek al-Mahdi, ancien Premier ministre et chef du parti Umma (nationaliste) ont décidé de boycotter le processus électoral et retiré leur candidature. Entaché de graves irrégularités mais porteur d'espoir aux dires de Mme Véronique de Keyser[23], chef de la mission d'observation de l'Union européenne, le scrutin a reconduit le général Omar El-Béchir dans ses fonctions de chef de l’État.
Le 4 août 2019, une nouvelle déclaration constitutionnelle a été signée entre les représentants du Conseil militaire de transition et des Forces de liberté et de changement , et le 21 août 2019, le Conseil militaire de transition a été officiellement remplacé à la tête de l'État par un Conseil de souveraineté de 11 membres. Un premier ministre civil a été nommé.[24]
Relations internationales
Le président américain Bill Clinton place en 1993 le Soudan sur la liste des pays soutenant le terrorisme, puis fait adopter en 1996 une série de mesures (interdiction des transferts de technologie, du commerce des pièces détachées, et embargo sur toutes les transactions bancaires internationales en dollars) qui pénalise lourdement le fonctionnement de l’économie soudanaise[25].
Les attentats du 11 septembre 2001 incitent Washington à se rapprocher du Soudan dans le cadre de la « guerre contre le terrorisme »[25].
Engagé de longue date en faveur de la cause palestinienne, le Soudan a été accusé de livrer des armes au mouvement palestinien Hamas. Un raid aérien israélien en janvier 2009 en territoire soudanais contre un convoi de camions fait 119 morts[26],[27].
À partir de 2015, l'Arabie saoudite sollicite des troupes soudanaises pour combattre au Yémen, pays dans lequel le royaume s'est engagé dans une guerre contre le mouvement Houthi qui avait pris le pouvoir. Le Soudan reçoit en échange des « prêts » importants, dont le montant n'a jamais été dévoilé. Le régime de Omar el-Béchir adhère de plus en plus au « programme diplomatique » américano-saoudien dans le monde musulman, visant avant tout l'Iran. En outre, Riyad achète massivement des terres agricoles soudanaises, dans un programme confié à un proche du milliardaire anglo-soudanais Mo Ibrahim[25].
Barack Obama annonce en janvier 2017 une levée partielle des sanctions ciblant le Soudan. Celles-ci sont ensuite totalement levées par Donald Trump[25].
Géographie
Le Soudan est situé dans le Nord de l'Afrique, en bordure de la mer Rouge, entre l'Égypte et l'Érythrée. Il est traversé de part en part par le Nil.
Avec une superficie de 1 886 068 km2, le Soudan est le troisième plus grand pays d'Afrique après l'Algérie et la République démocratique du Congo. Avant l'indépendance du Soudan du Sud en 2011, le Soudan était le plus grand pays d'Afrique.
Le Soudan est une très grande plaine entourée à l'est et à l'ouest par des montagnes. Le climat y est semi-aride dans le Sud et désertique dans le Nord, avec la saison des pluies d'avril à octobre. La désertification qui s'étend vers le sud et l'érosion des sols sévissent sur le pays.
Divisions administratives
Le Soudan est un État fédéral divisé en dix-sept États ou wilayat.
# | État | Nom local | Translittération | Transcription | Capitale | Superficie (km²) | Population (2012) | Densité (hab./km²) |
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9 | Al-Jazirah | الجزيرة | al-ǧzyrh | Al Djazirah | Wad Madani | 27 549 | 3 667 000 | 133,1 |
13 | Al Qadarif | القضارف | al-qḍārf | Al Qadarif | Al-Qadarif | 75 263 | 1 387 000 | 18,4 |
16 | Darfour-Central | |||||||
6 | Darfour du Nord | شمال دارفور | šmāl dārfwr | Chamal Darfour | El Fasher | 296 420 | 2 098 000 | 7,1 |
7 | Darfour du Sud | جنوب دارفور | ǧnwb dārfwr | Djanoub Darfour | Nyala | 127 300 | 4 218 000 | 33,1 |
15 | Darfour-Occidental | غرب دارفور | ġrb dārfwr | Gharb Darfour | Al-Genaïna | 79 460 | 1 320 000 | 16,6 |
17 | Darfour-Oriental | |||||||
4 | Kassala | كسلا | ksl | Kassala | Kassala | 36 710 | 1 898 000 | 51,7 |
1 | Khartoum | الخرطوم | al-ḫrṭwm | Al Khartoum | Khartoum | 22 142 | 5 828 000 | 263,2 |
2 | Kordofan du Nord | شمال كردفان | šmāl krdfān | Chamal Kourdoufan | El Obeid | 185 302 | 2 976 000 | 16,1 |
8 | Kordofan du Sud | جنوب كردفان | ǧnwb krdfān | Djanoub Kourdoufan | Kaduqli | 158 355 | 1 425 000 | 9 |
12 | Mer Rouge | البحر الأحمر | al-bḥr alʾḥmr | Al Bahr el Ahmar | Port-Soudan | 218 887 | 1 462 000 | 6,7 |
11 | Nil | نهر النيل | nhr al-nyl | Nahr an Nil | Ad-Damir | 122 123 | 1 150 000 | 9,4 |
10 | Nil Blanc | النيل الأبيض | al-nyl al-aʾbyḍ | An Nil al Abyad | Rabak | 30 411 | 1 890 000 | 62,2 |
5 | Nil Bleu | النيل الأزرق | al-nyl al-ʾzrq | An Nil al Azraq | Ad-Damazin | 45 844 | 834 000 | 18,2 |
3 | Nord | الشمالية | al-šmalyh | Ach Chamaliyah | Dongola | 348 765 | 697 000 | 2 |
14 | Sannar | سنار | snār | Sannar | Sannar | 37 844 | 1 310 000 | 34,6 |
Total | 1 886 068 | 32 161 000 | 17,1 |
Économie
L'agriculture est la principale activité économique locale du pays, bien que 90 % des ressources économiques proviennent du pétrole que contient ses sols (ce qui explique les tensions ou conflits dans ce pays).
La superficie des terres cultivables au Soudan est estimée à 840 000 kilomètres carrés. Seulement 18 % sont actuellement exploités. Seule une paix dans ce pays lui permettrait de devenir le grenier à blé de l'Afrique.
Les principaux produits agricoles sont le coton, le sésame, l’arachide, la gomme arabique dont le Soudan est le premier producteur mondial et le sucre (troisième pays producteur de sucre en Afrique).
Le cheptel, le deuxième du continent africain, est à la base d'un intense trafic clandestin avec les pays voisins.
L'exploitation pétrolière a commencé dans le Sud et modifie les conditions économiques du pays.
Le Nord possède les raffineries et contrôle la répartition des profits.
Depuis 2011, le chômage touche en moyenne 18 % des actifs et près de 50 % de la population vit sous le seuil de pauvreté.
En 2020, la situation économique du Soudan reste des plus alarmantes. L'inflation augmente constamment, la monnaie nationale ne représente plus au marché noir que la moitié de son cours officiel, le taux de chômage des jeunes est estimé aux alentours de 30 %, sans compter tous ceux, très nombreux, travaillant dans le secteur informel ou les activités précaires (le Soudan est lui aussi atteint par « l’ubérisation »). L'hypothèse d'une aide économique internationale est peu vraisemblable en raison de la radicalité sociale du mouvement de protestation qui a conduit à la « révolution de décembre » en 2019[29].
Ordres et décorations
- Insigne d'honneur (uniquement pour le rang de chef d'État)
- Ordre de la République (it)
- Ordre des Deux Nils
Démographie
En 2014, la population du Soudan est estimée à environ 35,5 millions d'habitants[1].
Le Soudan est majoritairement peuplé d'Arabes (70 %), de Nubiens, de Fours, de Bejas et de Noubas.
Langues
Les langues officielles de la république du Soudan sont l'arabe et l'anglais, mais le pays montre une grande diversité linguistique et de nombreuses langues y sont parlées. Elles appartiennent à plusieurs familles: les langues nilo-sahariennes, les langues kordofaniennes, les langues kadougliennes et les langues couchitiques.
Selon l'article 8 de la Constitution de 2005 :
- Toutes les langues autochtones du Soudan sont des langues nationales et doivent être respectées, développées et promues ;
- La langue arabe est la langue nationale largement parlée au Soudan ;
- L'arabe, en tant que langue principale au niveau national, et l'anglais seront les langues de travail officielles du gouvernement national et les langues d'enseignement pour l'éducation supérieure ;
- En plus de l'arabe et de l'anglais, la législature de tout niveau de gouvernement infra-national peut adopter une autre langue nationale comme la langue de travail officielle complémentaire à son niveau ;
- Il n'y aura aucune discrimination contre l'usage de l'arabe ou de l'anglais à n'importe quel niveau de gouvernement ou d'enseignement[30].
Religions
Le Soudan est un pays majoritairement musulman dont la constitution prévoit la liberté de religion ; cependant, en pratique le gouvernement soudanais traite l'islam comme la religion d'État et certains préceptes de la charia sont en vigueur dans tout le pays.
En réaction à la sécession du Soudan du Sud, peuplé majoritairement d'animistes et de chrétiens qui se sont affranchis du régime islamique et de la charia, à la suite du référendum d'autodétermination du , le président Omar el-Bechir a annoncé un renforcement de la charia dans les régions septentrionales du pays restant sous le contrôle de Khartoum[31].
Il y aurait au Soudan 93 % de musulmans (majorité de sunnites, et minorité chiite), 5 % de chrétiens coptes (il y a une cathédrale de l'église copte à Khartoum), les 2 % restants sont composés d'animistes, de protestants, et de baha'is[réf. souhaitée].
Le jeudi 14 mai 2014, un tribunal de Khartoum condamne une femme enceinte de huit mois à la pendaison, pour avoir adopté la religion chrétienne. Née de père musulman mais élevée par sa mère chrétienne-orthodoxe, Meriam Yahia Ibrahim Ishag est mariée à un catholique. Elle est aussi condamnée pour cela à 100 coups de fouet, cette union étant considérée comme un adultère. Libérée officiellement le 24 juin 2014, réfugiée à l'ambassade des États-Unis le 27, elle quitte le Soudan avec sa famille le 24 juillet pour l'Italie, où elle est reçue par le pape au Vatican[32].
Le , le ministre de la Justice du Soudan annonce que le gouvernement met fin à la peine de mort pour apostasie, dans l'objectif de se détacher de la charia[33].
Culture
- Littérature
Les romanciers Tayeb Salih ou Leila Aboulela et l'érudit de la littérature et langue arabes Abdallah Al-Tayib sont les principaux visages de la littérature soudanaise et arabe.
- Peinture
Ibrahim el Salahi, Adam D. H. Hinawi dit Adam Dafalla et Nezar Musa Noreen sont les peintres contemporains les plus connus.
Date | Nom français | Nom local | Remarques |
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1er janvier | Fête nationale | Indépendance du Soudan | |
27 mars | Fête de l'Unité | Commémore l'accord d’Addis-Abeba de 1972 | |
Varie selon le calendrier lunaire | Aïd el-Fitr | Fin du mois musulman du Ramadan | |
Varie selon le calendrier lunaire | Aïd al-Adha | Fin du pèlerinage musulman à la Mecque | |
25 décembre | Noël | Naissance de Jésus-Christ pour les chrétiens |
Codes
Le Soudan a pour codes :
- HS, selon la liste des préfixes des codes OACI des aéroports ;
- SD, selon la norme ISO 3166-1 (liste des codes pays), code alpha-2 ;
- .sd, selon la liste des Internet TLD (domaine de premier niveau) ;
- SDN, selon la norme ISO 3166-1 (liste des codes pays), code alpha-3 ;
- SDN, selon la liste des codes pays utilisés par l'OTAN, code alpha-3 ;
- ST, selon la liste des préfixes OACI d'immatriculation des aéronefs ;
- SU, selon la liste des codes pays utilisés par l'OTAN, code alpha-2 ;
- SUD, selon la liste des codes pays du CIO ;
- SUD, selon la liste des codes internationaux des plaques minéralogiques.
Notes et références
- (en) « Africa :: Sudan », sur www.cia.gov (consulté le ).
- (en) « Human Development Reports », sur hdr.undp.org (consulté le ).
- « Soudan. - traduction - Dictionnaire Français-Anglais WordReference.com », sur www.wordreference.com (consulté le )
- Louis Deroy et Marianne Mulon, Dictionnaire des noms de lieux, Le Robert, 1994 (ISBN 285036195X).
- Film Khartoum.
- Gordon at Khartoum. Being a personnal narrative of events, Stephen Swift & Co. Londres, 1911.
- Sven Lindqvist, Exterminez toutes ces brutes !, Paris, Le Serpent à Plumes, .
- Mike Davis, « Les famines coloniales, génocide oublié », sur Le Monde diplomatique,
- « Le Soudan après la dictature »,
- Hervé Bleuchot, « L'étude du droit musulman : jalons pour une convergence (entre l'islamologie juridique et l'anthropologie juridique) », Droit et Société, , p. 193-205 (en particulier p. 200).
- Cf. Jacques Leclerq, article « Soudan », dans L'aménagement linguistique dans le monde, Québec, TLFQ, Université Laval, 28 avril 2010, article en ligne.
- « Results for the Referendum of Southern Sudan - Southern Sudan Referendum 2011 », sur southernsudan2011.com (consulté le )
- « L'indépendance du sud entérinée », 20 minutes.
- « À la Une : Sud-Soudan, c’est le jour J. Un nouvel État est né », RFI.
- « Anxiété à Khartoum à la veille de la sécession sudiste », Le Nouvel Observateur, 6 juillet 2011.
- « El-Bechir annonce qu'en cas de sécession du Sud, la charia sera renforcée au Nord », France 24, 24 décembre 2010.
- « Les chrétiens de Khartoum craignent de tomber dans l'oubli », La Croix, 1er avril 2011.
- « Afrique. Au Soudan, à défaut de pain, la matraque », (consulté le )
- « Les espoirs d’une troisième révolution au Soudan », sur orientxxi.info (consulté le )
- AFP, « Soudan: l'armée renverse Béchir et annonce une transition militaire de deux ans », Le Point, (lire en ligne)
- (en) « Head of Sudan's now-defunct military council sworn in to head new... », Reuters, (lire en ligne, consulté le )
- « Soudan : Abdallah Hamdok, ancien économiste à l’ONU, devient premier ministre », Le Monde, (lire en ligne)
- Discours de la chef de mission Véronique De Keyser — eurodéputée belge — à Khartoum le 17 avril 2010.
- (en) « Sudan », dans Wikipedia, (lire en ligne)
- Gérard Prunier, « Le Soudan s'aligne sur le camp saoudien - Fin des sanctions américaines », sur Orient XXI,
- Gwenaëlle Lenoir, « Soudan–Israël–États-Unis. Le grand jeu de la normalisation », sur Orient XXI,
- Akram Belkaïd, « Au Soudan, un rapprochement calculé avec Israël », sur Le Monde diplomatique,
- (en)Bashir establishes two states in Darfur, reshuffles governors.
- Gilbert Achcar, « Où va la « révolution de décembre » au Soudan ? », Le Monde diplomatique, (lire en ligne)
- « Le Soudan », sur www.axl.cefan.ulaval.ca (consulté le ).
- « El-Béchir annonce qu'en cas de sécession du Sud, la charia sera renforcée au Nord », sur france24.com, .
- « La chrétienne soudanaise accusée d'apostasie a rencontré le pape », sur RFI Afrique, (consulté le ).
- Xavier Le Normand (avec Ecofin et Soudan Tribune), « Le Soudan met fin à la peine de mort pour apostasie », La Croix, (lire en ligne).
Voir aussi
Bibliographie
- Bibliothèque du portail Soudan : article présentant livres, articles en ligne, etc. consacrés au Soudan
- Olivier Cabon et Vincent Francigny et al., Histoire et civilisations du Soudan, Paris, soleb/bleu autour, , 958 p. (ISBN 978-2-918157-24-3)
- (en) Kwame Essien et Toyin Falola, Culture and customs of Sudan, Westport (Connecticut), Greenwood Publishing Group, coll. « Culture and customs of Africa », , XIX-193 p. (ISBN 978-0-313-34438-1, notice BnF no FRBNF42530640, présentation en ligne, lire en ligne).
- (en) Peter Gwynvay Hopkins (dir.), The Kenana handbook of Sudan, Londres, Kegan Paul, , 884 p. (ISBN 978-0-7103-1160-3 et 0-7103-1160-5).
- Charles Saint-Prot (dir.) et Zeina el Tibi (dir.), Géopolitique du Soudan, Paris, Observatoire d’études géopolitiques, coll. « Études géopolitiques » (no 6), , 159 p. (ISBN 2-9524544-2-6, notice BnF no FRBNF40218984, présentation en ligne).
Filmographie
Liens externes
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