Soudan français
Le Soudan français est le nom porté par la colonie française érigée sur le territoire de l'actuel Mali entre 1890 et 1899, puis de 1921 à 1958.
Pour les articles homonymes, voir Soudan (homonymie).
Statut |
Colonie française (1890-1899 et 1921-1946) Territoire d'outre-mer (1946-1958) |
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Capitale |
Kayes (1892-1899) Bamako (après 1899) |
Langue(s) | Français |
Superficie | 1 241 238 km2 (1958) |
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1880 | Création de la colonie française du Haut-Fleuve |
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18 août 1890 | Devient le Soudan français |
10 octobre 1899 | Démembrement partiel et division en deux régions administratives, le Moyen-Niger et le Haut-Sénégal |
1er octobre 1902 | Devient la Sénégambie et Niger |
18 octobre 1904 | Devient le Haut-Sénégal et Niger |
1 janvier 1912 | Séparation du Niger |
1er mars 1919 | Séparation de la Haute-Volta |
1er janvier 1921 | Redevient le Soudan français |
1946 | Changement de statut en territoire d'outre-mer |
24 novembre 1958 | Devient la République soudanaise |
Entités précédentes :
- Haut-Fleuve (1890)
Entités suivantes :
Histoire
Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, la colonisation française, avec le colonel Louis Faidherbe progresse par la vallée du fleuve Sénégal. Elle rencontre la résistance notamment de El Hadj Oumar Tall, avec le siège du fort de Médine en 1857, ainsi que de Samory Touré.
Le , Joseph Gallieni reçoit le commandement supérieur de la colonie française du Haut-Fleuve (Sénégal). Il y obtient des succès aux dépens d'Ahmadou Tall en 1887 et fait plier Samory Touré, auquel il inflige une grande défaite dans la ville de Siguiri en Guinée. Gallieni y bâtit un fort, le fort Gallieni, qui abrite un cimetière où sont enterrés des spahis et des Français. Samory Touré consent à un traité abandonnant, entre autres, la rive gauche du Niger. Au cours de son mandat de gouverneur, Gallieni réprime durement une insurrection des autochtones.
Par décret du , le Soudan français est créé au sein de la colonie du Haut-Fleuve avec un gouvernement militaire après la conquête de Ségou[1]. Le lieutenant-colonel Louis Archinard en est le commandant supérieur. Un décret du donne au commandant supérieur la tutelle sur les services administratifs. Enfin par décret du , le Soudan français devient une colonie autonome. Kayes, jusqu'alors chef-lieu du Haut-Fleuve, en est la capitale et Louis Archinard, qui devient colonel en , en est le premier gouverneur. La fonction de capitale est transférée de Kayes à Bamako le , selon le choix du général Edgard Louis de Trentinian.
En 1895, la colonie du Soudan français est intégrée à l'Afrique-Occidentale française (A.-O.F.). La prise par l'armée coloniale de Sikasso le puis la capture de Samory Touré par le capitaine Henri Gouraud à Nzo, en septembre de la même année marque la fin de la pénétration coloniale française.
Le , le Soudan français est divisé, les cercles du sud rejoignant les colonies côtières et le reste étant divisé en deux régions administratives, le Moyen-Niger et le Haut-Sénégal.
En 1902, le Moyen-Niger et le Haut-Sénégal sont intégrés à la colonie de la Sénégambie et Niger.
En 1904, la colonie change de nom et devient la colonie au Haut-Sénégal et Niger. La ligne du chemin de fer Dakar-Niger, construite pour le transport des marchandises vers le port de Dakar, est achevée en 1924. Le décret du crée le « territoire civil de la Mauritanie »[2], administré par un « Commissaire du Gouvernement général de l'Afrique occidentale française »[3].
Le , le territoire militaire du Niger est détaché du Haut-Sénégal et Niger[4].
Le , la Haute-Volta (actuel Burkina Faso) est créée par démembrement du Haut-Sénégal et Niger et de la Côte d'Ivoire. Le territoire restant reprend le nom de Soudan français le . Henri Terrasson de Fougères en est tout d'abord gouverneur intérimaire (en , puis à nouveau le pour être ensuite nommé gouverneur du Soudan français à partir du jusqu'en 1931. Il réside au Palais de Koulouba à Bamako.
En , l'industriel Marcel Pion tente d'implanter une usine à Koulikoro (Mali), pour une capacité d'environ 1150 tonnes annuelles d'huile d'arachide, «Les Huileries Soudanaises », mais il se heurte aux obstacles mis en place par l'administration du Régime de Vichy pour favoriser le huileries du Sénégal.
Après la Seconde Guerre mondiale, des revendications en faveur de l'indépendance prennent de l'ampleur. En 1945, Fily Dabo Sissoko est élu député au parlement français.
En 1946, le Rassemblement démocratique africain est créé à Bamako avec sa section soudanaise, l'Union soudanaise dirigée par Mamadou Konaté et Modibo Keïta.
Lors du référendum du 28 septembre 1958, les électeurs du Soudan français votent massivement (97 %) en faveur de la création de la République soudanaise au sein de la Communauté française. La République soudanaise s'allie avec le Sénégal pour créer la Fédération du Mali qui obtient sa totale indépendance de la France le .
Après l'éclatement de la Fédération du Mali le , Modibo Keïta proclame l'indépendance de la République soudanaise sous le nom de République du Mali le .
Organisation territoriale
Vers 1895, le Soudan français est divisé en six cercles : Kayes, Bafoulabé, Kita, Siguiri, Bammako, Nioro et deux résidences : Ségou et Kankan. Pour asseoir sa domination sur les populations, le colonisateur français met en place un système très centralisé, qui instrumentalise les chefs de cantons.
À la fin des années 1910, se mettent en place des communes-mixtes, prévues par un arrêté du gouverneur général du . Les premières communes-mixtes sont constituées dans un premier temps à Bamako et Kayes (Mali) le )[5] puis à Mopti au [6] Les communes mixtes de Ségou et Sikasso sont instituées en 1953 et 1954[7].
Ces communes-mixtes sont gérées par un administrateur-maire nommé par arrêté du lieutenant-gouverneur, assisté d'une commission municipale du 1er degré composée de 8 membres titulaires (4 notables citoyens français, 4 notables sujets français) et 4 membres suppléants (2 citoyens français, 2 sujets français) [7].
La loi française no 55-1489 du [8] prévoit la création de communes de plein exercice par décret pris sur les rapports du ministre de la France d'Outre-mer après avis de l'assemblée territoriale intéressée. Un conseil municipal est élu par un collège unique qui désigne un maire en son sein. Par cette même loi, Bamako, Kayes, Ségou et Mopti deviennent en 1956 des communes de plein exercice. Sikasso devient commune de plein exercice en 1959[7].
Sept communes de moyen exercice sont créées en 1958 : Il s'agit de celles de Kita, Kati, Koulikoro, Koutiala, San, Tombouctou et Gao. Le maire est un fonctionnaire nommé par le chef de territoire, assisté d'un conseil municipal élu par un collège unique[7].
Économie
Production | 1928 | 1959 |
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Riz paddy | 90 000 tonnes | 182 000 tonnes |
Arachide | 35 000 tonnes | 105 000 tonnes |
Coton | 1 000 tonnes | 8 500 tonnes |
Les Français veulent développer les cultures irriguées dont les productions étaient exportées vers la métropole. L'essentiel des investissements est ainsi concentré sur l'Office du Niger, dont les coûts d'investissement sur la période 1928-1939 s'élèvent à 4 milliards de francs.
Cette politique a permis d'augmenter les productions exportées[9].
Notes et références
- « Recherche géographique », sur anom.archivesnationales.culture.gouv.fr (consulté le )
- Décret du 18 octobre 1904, article premier : « Le Gouvernement général de l’Afrique occidentale française comprend : […] 6° Le territoire civil de la Mauritanie ».
- Décret du 18 octobre 1904, article 6, alinéa 3 : « Le territoire civil de la Mauritanie est administré par un Commissaire du Gouvernement général de l'Afrique occidentale française. »
- Décret du 7 septembre 1911 rattachant le territoire militaire du Niger au gouvernement général de l'Afrique occidentale française, publié au Journal officiel de la République française du 12 septembre 1911 [lire en ligne]
- arrêté général du
- arrêté général de 1919
- Kô Samaké, Modibo Keïta, Recherche sur l’Historique de la Décentralisation au Mali : De la Période Coloniale à la 3e République, Penser pour agir.org, 7 février 2006
- Loi no 55-1489 du 18 novembre 1955 relative à la réorganisation municipale en Afrique Occidentale Française, en Afrique Equatoriale Française, au Togo, au Cameroun et à Madagascar
- Moussa Cola Cissé, Pierre Jacquemot, Le Mali, le paysan et l'État, L'Harmattan, 1981, (ISBN 2-85802-200-3), (ISBN 9782858022007), 197p.
Bibliographie
- Andurain (d') Julie, La Capture de Samory (1898). L'achèvement de la conquête de l'Afrique de l'Ouest, SOTECA, Saint-Cloud, 2012, 205 p.
- Louis Archinard, Le Soudan français en 1888-1889 : rapport militaire du commandant supérieur le lieutenant-colonel Archinard, Imprimerie nationale, Paris, 1891, 96 p.
- Joseph Roger de Benoist, Église et pouvoir colonial au Soudan français : les relations entre les administrateurs et les missionnaires catholiques dans la Boucle du Niger, de 1885 à 1945, Karthala, 1987, 539 p. (ISBN 9782865371693)
- Paul Gaffarel, Le Sénégal et le Soudan français, C. Delagrave, 1890, 237 p.
- Vincent Joly, Le Soudan français de 1939 à 1945 : une colonie dans la guerre, Karthala, 2006, 653 p. (ISBN 9782845867789)
- Charles Monteil, Soudan français : Contes soudanais (compilation), E. Leroux, 1905, 205 p.
- Marie Étienne Péroz, Au Soudan français : souvenirs de guerre et de mission, C. Lévy, 1889, 467 p.
- Georges Spitz, Le Soudan français, Éditions maritimes et coloniales, 1955, 111 p.
- Amadou Hampâté Bâ, Amkoullel, l'enfant Peul, Éditions Babel
Articles connexes
Webographie
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