Louis Faidherbe
Louis Léon César Faidherbe, régulièrement appelé Léon Faidherbe, né le à Lille et mort le à Paris, est un militaire, un administrateur colonial, principalement du Sénégal[1] et un homme politique français. Il commanda l'armée du Nord pendant la guerre franco-prussienne de 1870-1871 et fut élu député puis sénateur du Nord à partir de 1871.
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Biographie
Enfance et formation
Louis Faidherbe est issu d'un milieu modeste. Il naquit rue Saint-André dans une maison du Vieux-Lille[2]. Son père, qui avait été volontaire en 1794 et blessé au combat, était alors fabricant de bonneterie. Il commença ses études au collège de Lille. Ses aptitudes en mathématiques lui permirent d'obtenir une bourse pour entrer au collège royal de Douai.
Formation et débuts militaires
En 1838, il entra à l'École polytechnique puis en 1840 à l’École d'application de l'artillerie et du génie de Metz dont il sortit officier en 1842. Sous-lieutenant au 1er régiment du génie en 1842, il servit lors de la conquête de l'Algérie de 1842 à 1847, notamment lors de l'expédition du Chélif. Il participa également à la fortification de Bou Saada.
Il fut envoyé à la Guadeloupe de 1848 à 1849, et de nouveau en Algérie de 1849 à 1852 où en tant que capitaine, il participa à l'expédition dans le Djurjura sous les ordres du général Camou, à celle de Petite Kabylie sous les ordres du général de Saint-Arnaud et à celle du massif de Bougie dirigée par le général Bosquet. Ses aptitudes et son énergie le firent remarquer et il fut envoyé au Sénégal. Il y fut promu chef de bataillon à l'âge de trente-six ans. Le , il fut nommé gouverneur de la colonie.
Conquête et pacification du Sénégal
Il entreprit de pacifier le pays, repoussa les Toucouleurs à l'est du Haut-Sénégal (1855-1863), et s'opposa à El Hadj Omar qui assiégeait le fort de Médine et prit la ville le . Il repoussa les Maures au nord et annexa le pays Ouolof (traité de mai 1858).
À la bataille de Logandème (), il combattit les Sérères pendant le règne de Coumba Ndoffène Famak Diouf. Sous ses ordres, Fatick fut brûlée[3],[4].
Il était le premier organisateur de l'Armée noire en 1857 ; il fut nommé colonel du génie en 1860.
L'annexion du Cayor (1861-1865) permit de dégager la route reliant Saint-Louis à la presqu'île du Cap-Vert.
Commandement en Algérie et retour au Sénégal
En 1861, malade, il sollicita son retour en métropole, alors qu'il était colonel. Promu général en 1863, on lui donna le commandement de la subdivision de Sidi-bel-Abbès en Algérie. Il repartit pour le Sénégal en tant que gouverneur en 1863 et fut promu général de brigade le . Il quitta la colonie en 1865.
Développement de l'économie du Sénégal
Avec peu de moyens, il jeta les bases de la future Afrique-Occidentale française. Il étendit l'influence française très au-delà du Sénégal, travailla à développer l'économie locale et fut le créateur du port de Dakar. Il assuma pleinement son rôle de « colonisateur ».
Pendant la pénurie de coton causée par la guerre de Sécession américaine à partir de 1861, il favorisa des plantations qui fournirent annuellement 50 tonnes de coton brut jusqu'en 1868. Le sud du bassin du Niger est alors jugé éventuellement porteur par les Français en Afrique occidentale[5].
Il favorisa le développement économique de la colonie et projeta la ligne de chemin de fer de Dakar au Niger qui sera entreprise à partir de la fin du XIXe siècle. Il promut la distribution d'eau potable à Saint-Louis par le projet de l'usine des eaux de Mbakhana, qui devait être finalement inaugurée en 1885.
Travaux linguistiques et ethnographiques
Il s'intéressa aux dialectes locaux, aux coutumes et rédigea plusieurs travaux d'ethnographie et de géographie sur l'Afrique occidentale, ainsi qu'un Annuaire du Sénégal en quatre langues : français, wolof, toucouleur et soninké.
Faidherbe dirigea, en 1871, une mission scientifique en Haute-Égypte.
La guerre de 1870-1871
En 1867, il était général commandant la subdivision de Bône. En 1870, la déclaration de guerre le surprit à Lille, où il effectuait un séjour de convalescence.
Léon Gambetta le nomma général de division le et lui confia le commandement de l’armée du Nord en remplacement du général Bourbaki. Cette armée était forte de 45 000 hommes, le général Farre en était le chef d'état-major, le général Lecointe commandait le 22e corps d'armée et le général Paulze d'Ivoy le 23e.
Sa contre-offensive sur Amiens échoua à la bataille de Villers-Bretonneux, le . À la bataille de l'Hallue des 23 et et à celle de Bapaume, le , il ne parvint pas à exploiter l'ouverture qu'il s'était créée et finalement ne put empêcher l'irruption allemande vers Paris à la suite de la bataille de Saint-Quentin. En janvier, il battit en retraite à l'abri des places fortes de Cambrai et Lille, sans être vraiment inquiété par von Gœben, mais son action permit au Nord-Pas-de-Calais, encerclé, de résister jusqu'à la capitulation.
Dans ses Bases d'un projet de réorganisation d'une armée nationale, 1871, il critique vivement le Second Empire et la plupart des généraux de l'Empire, qu'il juge responsables de la défaite.
Carrière politique
Après la défaite de 1871, il fut élu député du département de la Somme le mais démissionna en raison de ses fonctions militaires. Il fut réélu le par les départements de la Somme, du Pas-de-Calais et du Nord. Il opta pour ce dernier et siégea dans les rangs des républicains. Il démissionna une seconde fois parce qu'il pensait que l'assemblée outrepassait le mandat qu'elle avait reçu du peuple. Le , il devint Conseiller général du Nord pour le Canton de Lille-Centre. Il fut candidat républicain, aux élections sénatoriales du , dans ce département mais il échoua. Il fut plus heureux au renouvellement triennal du et fut élu sénateur du département du Nord et le resta jusque 1888. Républicain, il siégea toujours à gauche et s'opposa au boulangisme.
Il décéda le à Paris.
Controverse liée au passé colonial de la France
Il se développe dans les années 2010 une campagne militante de contestation qui demande la suppression des références positives à la colonisation et le retrait des statues[6].
Depuis 2018 et à quelques jours du bicentenaire de sa naissance, un collectif demande de retirer[7],[8] les symboles rendant hommage au général Faidherbe qui avait conquis puis colonisé le Sénégal au XIXe siècle. L'histoire critique de Faidherbe reprend les faits pour le présenter comme un militaire de l'époque qui revendique la violence légitime à défendre les intérêts français en Afrique par les armes et la colonisation. Il est insisté sur son ascension politique à partir du soutien des milieux d'affaires français au Sénégal et sur les moyens violents qu'il mit en œuvre contre les autochtones. Il est décrit par ces contradicteurs comme un « raciste » ne cherchant pas à exterminer à tout prix, mais prônant l'assimilation par le métissage, l'école et l'armée, et devenu finalement une « icône du colonialisme » du XIXe siècle[9].
Hommages et distinctions
Distinctions
- En 1871, une souscription fut ouverte dans le département de la Somme pour lui offrir une épée d'honneur.
- Le , il fut nommé grand chancelier de la Légion d'honneur.
- Il fut nommé chevalier et décoré du Nichan Iftikhar (Tunisie).
- A Pont-Noyelles (Somme) : un monument commémoratif de la bataille de l'Hallue, dit « Colonne Faidherbe », a été érigé en 1872, à la sortie du village, en allant vers Albert.
Hommages posthumes
De nombreuses villes ont rendu hommage à Faidherbe en nommant une voie ou en érigeant un monument à sa mémoire.
En France
- À sa mort, le , le gouvernement décréta des funérailles nationales. Après une imposante cérémonie aux Invalides, sa dépouille fut transportée à Lille et fut inhumée au cimetière de l'Est du quartier Saint-Maurice Pellevoisin.
- Albert : un « Monument patriotique » à la mémoire du général Faidherbe et de l'armée du Nord fut érigé mais il fut détruit pendant la Première Guerre mondiale.
- Amiens : un des boulevards intérieurs porte le nom de boulevard Faidherbe.
- Arras : un des boulevards du centre-ville porte le nom de boulevard Faidherbe.
- Asnières-sur-Seine : avenue Faidherbe.
- Bapaume : statue du général Faidherbe.
- Cambrai : un boulevard porte le nom de boulevard Faidherbe.
- Cholet : Boulevard du Général-Faidherbe.
- Douai : un des boulevards du centre-ville porte le nom de boulevard Faidherbe.
- Drancy : une rue et une résidence portent le nom de Faidherbe.
- Lille :
- un lycée porte son nom.
- le monument au général Faidherbe est une statue équestre.
- la rue Faidherbe relie la gare à l'opéra.
- Boulogne sur Mer : une des rues principales du centre-ville porte son nom.
- Lyon : une rue porte son nom dans le 7eme arrondissement.
- Malo-les-Bains : Avenue Faidherbe donnant sur la place Turenne
- Metz : Un pont ainsi qu'une voie portent son nom.
- Onnaing : une rue porte son nom à l'angle de la rue Scouflaire.
- Paris :
- Une rue porte le nom de Faidherbe dans le 11e arrondissement.
- Une station de métro (ligne 8) porte le nom de Faidherbe-Chaligny.
- au Panthéon, sous l'urne où repose le cœur de Léon Gambetta, une inscription rend hommage aux généraux de la guerre de 1870 :
« À la mémoire des généraux d'Aurelle de Paladines, Chanzy et Faidherbe, des colonels Denfert-Rochereau et Teyssier ainsi que des officiers et soldats des armées de terre et de mer qui en 1870-1871 ont sauvé l'honneur de la France. »
- Pointe-à-Pitre : Un boulevard porte son nom.
- Quesnoy-sur-Deûle : rue Faidherbe au lieu-dit : le Vingtième Siècle.
- Saint-Quentin : une avenue du centre-ville porte le nom d'avenue Faidherbe.
- Savigny-sur-Orge : rue Faidherbe.
- Tours : une rue porte le nom du Général-Faidherbe
- Valence : rue du Général-Faidherbe.
- Villeneuve-sur-Yonne : une rue du Général-Faidherbe honore sa mémoire.
- Un arbre d'Afrique porte le nom de Faidherbia albida.
- Émile Zola cite à deux reprises son nom dans son roman La Débâcle.
Au Sénégal
- Dakar : une rue porte son nom.
- Saint-Louis : le pont reliant l'île où est construite la ville au continent porte depuis 1865 le nom de pont Faidherbe, il fut reconstruit en fer en 1897 et rénové à plusieurs reprises Patrimoine mondial (2000). Sur la place principale, sa statue est érigée en 1886 en son honneur où est inscrit : « À son gouverneur L. Faidherbe, le Sénégal reconnaissant »[6].
Œuvres
- Notice sur la colonie du Sénégal, 1859 ;
- L'Avenir du Sahara et du Soudan, 1863 ;
- Vocabulaire d'environ 1 500 mots français avec leurs correspondants en ouolof de Saint-Louis, en poular (toucouleur) du Fouta, en soninké (sarakhollé) de Bakel, 1864; Saint-Louis, Imprimerie du Gouvernement, 1864, 70 p. ;
- « Étude sur la langue kéguem ou sérère-sine », Annuaire du Sénégal et dépendances pour l’année 1865, Saint-Louis, Imprimerie du Gouvernement, 1865, p. 173-242 ;
- Collection complète des inscriptions numidiques, 1870 ;
- Bases d'un projet de réorganisation d'une armée nationale, 1871 ;
- Campagne de l'Armée du Nord en 1870-1871, édition E. Dantu, Paris, 1871 ;
- Épigraphie phénicienne, 1873 ;
- « Dictionnaire de la langue poul, augmenté par le Docteur Quintin », in Bulletin de la Société de Géographie, septembre-, p. 332-354 ;
- Grammaire et vocabulaire de la langue poul à l'usage des voyageurs dans le Soudan avec une carte indiquant les contrées où se parle cette langue, Paris, Maisonneuve et Cie, 1882 (2e édition), 165 p. ;
- Langues sénégalaises : wolof, arabe-hassania, soninké, sérère, notions grammaticales, vocabulaires et phrases, E. Leroux, 1887, 267 p.
Bibliographie
- Henry Bordeaux, Les Gouverneurs du Sénégal, SPEP, 1960.
- Alain Coursier, Faidherbe, 1818-1889 : Du Sénégal à l'armée du Nord, Tallandier, 1989, 229 p. (ISBN 2235018882).
- André Demaison, Louis Faidherbe, Plon, Paris, 1932, 282 p.
- Georges Hardy, Louis Faidherbe, Éditions de l'Encyclopédie de l'Empire français, coll. Les grands coloniaux, Paris, 1947, 156 p.
- (en) Conley Barrows Leland, Général Faidherbe, the Maurel and Prom Company, and French Expansion in Senegal, University of California, Los Angeles, 1974, XXI-t.1, p. 1-519 ; t.2, p. 520-976, (Thèse).
- (en) David Wallace Robinson Jr, Faidherbe, Senegal and Islam, New York, Columbia University, 1965, 104 p. (Thèse).
- Henri Wallon, Notice historique sur la vie et les travaux du général Louis-Léon-César Faidherbe, Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettre,1892, 36-6, pp. 444-480.
Articles connexes
Liens externes
- Faidherbe
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- Ressources relatives à la vie publique :
Notes et références
- M.H. Wallon, « Notice historique sur la vie et les travaux du général Louis-Léon-César Faidherbe », sur persee.fr, 1892 (livre) (consulté le ).
- Voir plaque de sa maison natale.
- Klein, Martin A., Islam and Imperialism in Sénégal - Sine-Saloum, 1847–1914, Edinburgh University Press, 1968, p. 55-59.
- Diouf, Cheikh, Fiscalité et Domination Coloniale : l'exemple du Sine: 1859-1940, Université Cheikh Anta Diop de Dakar (2005).
- « La question du coton et les essais de culture cotonnière », par Maurice Zimmermann, Annales de Géographie 1904, tome 13, numéro 67, p. 88 à 91.
- Fanny Pigeaud, « Le collectif «Faidherbe doit tomber» veut déboulonner un symbole du colonialisme », mediapart.fr, (consulté le ).
- « De Lille à Saint-Louis, la statue du général Faidherbe interroge le passé colonial de la France », sur LExpress.fr, (consulté le ).
- G. N., Racisme : Manifestation pour le retrait de la statue de Faidherbe « symbole du colonialisme », 20 juin 2020, 20 Minutes.
- « Qui était Louis Faidherbe (1818-1889)? », sur Faidherbe doit tomber!, (consulté le ).
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