Horatio Herbert Kitchener
Horatio Herbert Kitchener, dit lord Kitchener, né à Ballylongford (comté de Kerry, Irlande) le et mort au large des Orcades le , est un maréchal et homme politique britannique. Son portrait figure sur l'affiche de propagande pour le recrutement de l'armée britannique durant la Première Guerre mondiale.
Pour les articles homonymes, voir Kitchener (homonymie).
Horatio Herbert Kitchener | ||
Naissance | Ballylongford, Irlande, Royaume-Uni |
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Décès | (à 65 ans) naufrage du HMS Hampshire, au large des Orcades, Royaume-Uni |
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Origine | Britannique | |
Allégeance | Royaume-Uni | |
Arme | Armée de terre britannique | |
Grade | Field Marshal | |
Années de service | 1871 – 1916 | |
Conflits | Guerre des Mahdistes, Seconde Guerre des Boers, Première Guerre mondiale |
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Faits d'armes | Bataille de Firket, Bataille d'Atbara, Bataille d'Omdurman, Bataille de Paardeberg |
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Distinctions | Ordre de la Jarretière Ordre de Saint-Patrick Ordre du Bain Ordre du Mérite Ordre de l'Étoile d'Inde Ordre de Saint-Michel et Saint-Georges Ordre de l'Empire des Indes |
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Autres fonctions | Conseil privé | |
Biographie
Jeunesse
Horatio Herbert Kitchener est le troisième enfant du lieutenant-colonel Henry Horatio Kitchener (1805-1894), et de sa première épouse, Frances Ann Chevallier, descendante d'une famille huguenote française exilée à la révocation de l'édit de Nantes (décédée en 1864)[1]. En 1864, sa famille s'installe en Suisse pour soigner la tuberculose de sa mère, mais elle meurt la même année[1]. Il est pensionnaire au Château du Grand Clos, à Rennaz[1]. Puis il entre à la Royal Military Academy de Woolwich en 1868. En 1870, il est auprès de sa famille à Dinan lorsqu'éclate la guerre franco-prussienne[2]. Il s'engage comme volontaire dans l'armée de Napoléon III ; parce qu'il le fait au mépris de la neutralité britannique, il ne peut servir que comme infirmier et il est réprimandé à son retour par sa hiérarchie militaire. Il sert notamment dans un bataillon des Côtes-du-Nord[2]. Avant la fin de la guerre, une pneumonie l'oblige à rentrer au Royaume-Uni[1].
Un héros controversé
Devenu officier des Royal Engineers le , il effectue plusieurs séjours en Palestine, à Chypre et en Égypte, où il apprend l'arabe. En 1874, il est chargé de cartographier la Palestine avec l'aide de l'officier Conder. En 1875, après avoir été attaqué par des autochtones en Galilée à Safed, il retourne en Angleterre, où sont publiés ses relevés cartographiques de 1881 à 1885, qui sont les premières cartes modernes de la région. En 1884-1885, il fait partie de l'expédition destinée à sauver le général Charles Gordon, prisonnier du Mahdi à Khartoum au Soudan lors de la guerre des Mahdistes. La campagne est un échec, et le général Gordon est tué. Mais, après avoir été nommé Sirdar c'est-à-dire commandant en chef de l'armée d'Égypte en 1892, il retourne au Soudan en 1896, venge Gordon Pacha et reprend Khartoum en 1898. Cette campagne se termine par l'éclatante victoire d'Omdourman (), qui fait de Kitchener le plus populaire des chefs militaires de l'Empire britannique ; il est fait gouverneur du Soudan.
Un deuxième événement marque sa gloire : il se confronte notamment au capitaine Marchand pendant la crise de Fachoda. Un troisième événement amène Kitchener au faîte de sa gloire : la Seconde Guerre des Boers (1899-1902) en Afrique du Sud. À son retour en 1902, il est fait vicomte par le roi Édouard VII[3] (il n'est fait comte Kitchener qu'en 1914). Enfin, il commande l'armée des Indes, qu'il réorganise (1902-1909) ; crée l'armée australienne ; et finit par être consul-général d'Égypte (1911-1914). Il rêve d'occuper la place la plus importante de l'Empire britannique : être vice-roi des Indes ; mais le roi lui refuse cette promotion, considérant qu'« il n'aime pas les indigènes »[4]. Sa carrière fait de lui un véritable héros national.
Aux yeux des historiens, Lord Kitchener est l'un des grands instigateurs de la guerre moderne, notamment par l'emploi systématique des mitrailleuses Maxim contre la cavalerie mahdiste ainsi que par la mise en place des premiers camps de concentration pendant la Seconde guerre des Boers. Mais il fut aussi critiqué pour cette dernière mesure et sa décision de détruire les fermes des Boers. Les auteurs de ces critiques furent notamment David Lloyd George et Charles Trevelyan[5].
La Première Guerre mondiale
En , on le nomme ministre de la Guerre. Son effigie sur les affiches de recrutement, d'après un portrait d'Alexander Bassano, encourage les volontaires à s’enrôler. En peu de temps, l'armée britannique passe de 150 000 soldats de métier à plus de 1,5 million de mobilisés. En trois mois, il obtient deux millions d'engagements volontaires[2]. Par la loi de conscription de , les effectifs atteignent plus de trois millions de soldats. La campagne de Gallipoli et son erreur concernant le choix d'obus (il préférait le shrapnel aux obus explosifs) entament un peu son crédit auprès du public, mais il reste très populaire[5],[6]. Il ne se marie pas, et l'évocation d'une possible homosexualité a parfois été avancée de ce fait, sans évidence autre que son célibat : il est fiancé avec Hermione Bake, mais celle-ci meurt en 1885, puis il essaye de courtiser Helen Mary Theresa, sans succès en 1902, et il est lié avec Catherine Walters ultérieurement[1].
Mais il se brouille avec les hommes politiques comme Lloyd George, ou plutôt les hommes politiques prennent ombrage de son efficacité et de sa popularité. Il est ainsi destitué du poste de ministre de l'Armement et de chef d'État-major. Il veut donner sa démission, mais on lui fait comprendre que le pays a besoin d'unité et que sa démission serait du plus mauvais effet[7].
Il meurt dans un naufrage le . Sa mort choqua les Anglais et fut suivie par des manifestations de deuil national[1].
Ayant été anobli en 1898 et étant donc membre de la Chambre des lords au moment de sa mort, il est l'un des quarante-trois parlementaires britanniques morts à la Première Guerre mondiale et commémorés par un mémorial à Westminster Hall, dans l'enceinte du palais de Westminster où siège le Parlement[8].
Circonstances de sa mort et rumeurs conspirationnistes
Il meurt au cours d'une mission qui devait le conduire en Russie pour évoquer la coordination des fronts ouest et est contre l'Allemagne : le , au nord-ouest des Orcades, le croiseur cuirassé de la Royal Navy HMS Hampshire (1903) (en) de la classe Devonshire faisait route vers l’Empire russe lorsqu’il heurta une mine allemande posée par le U-75 (en) à deux kilomètres au large de Marwick Head[1]. Son corps ne fut pas retrouvé[1]. Certaines rumeurs conspirationnistes jamais établies tentèrent de lier sa mort à une conspiration britannique, des actes de traîtrise ou de sabotage, ou encore une action délibérée de l'armée allemande, alors qu'il semble bien que la non-prise en compte de l'activité sous-marine et des mauvaises prévisions météorologiques soient seules responsables de la destruction du navire[1]. Certaines rumeurs pas plus fondées évoquent aussi la possibilité qu'il ait été prisonnier des Allemands ou qu'il ait vécu ultérieurement dans une grotte sur l'une des Iles Orcades[1].
Hommages
En 1916, la ville canadienne de Berlin (en Ontario) fut rébaptisée Kitchener en son honneur.
Notes et références
- Keith Neilson, « Kitchener, Horatio Herbert, Earl Kitchener of Khartoum (1850–1916) », Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, édition en ligne, janvier 2011
- MacCearney 1981, p. 81.
- article de la London Gazette, 4 juillet 1902.
- Pierre Pellissier, émission « Au cœur de l'histoire » sur Europe 1, 6 mai 2011
- http://www.spartacus.schoolnet.co.uk/FWWkitchener.htm
- http://www.bbc.co.uk/history/historic_figures/kitchener_lord_horatio.shtml
- MacCearney 1981
- (en) "Recording Angel memorial, Westminster Hall", Parlement du Royaume-Uni
Annexes
Bibliographie
- (en) Keith Neilson, « Kitchener, Horatio Herbert, Earl Kitchener of Khartoum (1850–1916) », dans Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, màj 2011 (lire en ligne)
- John Simkin, « Lord Kitchener », Spartacus Educational, màj janvier 2020 (consulté le ).
- James MacCearney, « La mort mystérieuse de Lord Kitchener », Histoire magazine, no 19, , p.80-83.
Articles connexes
Liens externes
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