Jean-Baptiste Marchand

Jean-Baptiste Marchand, capitaine de l'infanterie de marine, né le à Thoissey (Ain) et mort le à Paris, est un militaire et explorateur français, célèbre pour avoir commandé la mission Congo-Nil de 1896 à 1899, mission d'exploration en Afrique centrale à l'origine de la crise de Fachoda au Soudan (crise durant laquelle il fut promu au grade de commandant).

Pour les articles homonymes, voir Marchand.

Biographie

Jean-Baptiste Marchand est né le à Thoissey, dans le département de l’Ain. Il est le fils de Georges Marchand (menuisier né en 1834) et de Marie Duplessy (née en 1843).

Son père étant de condition trop modeste pour lui offrir de longues études, il entre dès l'âge de 13 ans aux écritures chez un notaire. Engagé volontaire à 19 ans le , à Toulon, comme simple soldat au 4e régiment d’infanterie de marine. Il rejoint l’École militaire d’infanterie de Saint-Maixent le . Il en sort sous-lieutenant le à seulement 24 ans et, après six mois au 1er régiment d’infanterie de marine et devient officier de tirailleurs sénégalais. Il devait effectuer dès lors l’essentiel de sa carrière outre-mer, principalement en Afrique (Sénégal, Soudan français, Haut-Oubangui, etc.).

Lieutenant en janvier 1890, il participe aux opérations de la conquête du Soudan français sous les ordres du colonel Louis Archinard (prise de Segou et de Konakri) contre le sultan Ahmadou. Il est promu capitaine en décembre 1892 à 29 ans.

Mission Congo-Nil

Le capitaine Marchand (dessin de 1898).

Le , il reçoit le commandement d’une mission d’exploration baptisée « Mission Congo-Nil ». Dans le contexte de la rivalité coloniale franco-britannique en Afrique, le rôle de cette « mission Marchand » est primordial. Il s’agit, en se portant les premiers sur le Nil depuis les territoires d’Afrique occidentale sous contrôle français, de contester l’hégémonie britannique sur le grand fleuve et d’implanter au sud de l’Égypte un nouveau protectorat français. Pour cette expédition aussi hasardeuse des points de vue sanitaire que militaire, logistique ou politique, Jean-Baptiste Marchand ne néglige aucun détail. Faisant preuve de grande autorité et de la plus grande minutie dans la préparation, il s’entoure d’officiers expérimentés, dont un certain lieutenant (puis capitaine) Charles Mangin, le futur général Mangin de la Grande Guerre.

Le , la colonne arrive à Fachoda et renforce aussitôt les défenses de la place. Les choses se compliquent avec l’arrivée le des forces de Lord Kitchener. Celui-ci vient de remporter la victoire d’Omdurman et ne compte pas se voir contester le contrôle du Nil, de son delta jusqu’à ses sources. Après quelques négociations les Britanniques établissent un blocus autour de la place de Fachoda et la crise, de locale, devient très vite internationale. Les relations entre la France et le Royaume-Uni se tendent à un point qui fait craindre, l’espace d’un instant, qu’une guerre soit possible. Jean-Baptiste Marchand (nommé chef de bataillon entre-temps, le 1er octobre 1898) a toutes les peines du monde à communiquer avec Paris. En janvier 1899, un accord est finalement trouvé entre les deux puissances coloniales. La mission Congo-Nil évacue Fachoda sur ordre. Elle a rempli sa mission mais ne pouvait tenir tête indéfiniment à une armée britannique beaucoup plus puissante. Pour éviter l'humiliation nationale, le gouvernement prétexte un mauvais état sanitaire de la troupe de Marchand, aussi ce dernier est ulcéré[1],[2].

Le , le commandant Marchand est affecté au 4e régiment d’infanterie de marine. Il est désormais nanti d’une popularité nationale, qui semblait bien le promettre au plus bel avenir militaire. Le , il est promu lieutenant-colonel, après seulement quinze mois passés au grade de chef de bataillon. En septembre suivant, il partait pour la Chine avec le corps expéditionnaire français chargé, au sein d’une force internationale, de s’opposer à la révolte des Boxers. Il y sert jusqu’en avril 1902. De retour en France, il est nommé colonel le 1er octobre 1902 et prend la tête du 8e régiment d’infanterie coloniale. Le , il donne sa démission de l’armée française à la suite notamment de l'affaire des fiches. Il est alors chef de corps du 4e R.I.C.

Départ de l’armée

Sa carrière civile a nettement moins d’éclat que sa carrière coloniale. Il entre en journalisme et s’essaye à la politique, mais sans grand succès : en 1906, il se présente à Paris aux élections législatives sous l’étiquette Républicain démocrate. En tête au 1er tour, il est battu au 2e avec 48,8 % des voix par le socialiste Arthur Groussier. En 1910, il épouse Raymonde de Serre de Saint-Roman, qui possède des biens à Saint-Roman-de-Codières et à Sumène, dans le Gard. Il y vient désormais souvent et y est élu en 1913 conseiller général du canton de Sumène. Il le reste jusqu’en 1925.

En convalescence sur le front, il sort de son QG.

Première Guerre mondiale

Il reprend l’uniforme avec le déclenchement de la Grande Guerre. En août 1914, comme colonel de réserve il est nommé adjoint au général gouverneur de Belfort. Le , il prend le commandement de la 2e brigade coloniale. Il est blessé une première fois le par un éclat d’obus qui lui fracasse le tibia. Il revient au front un mois plus tard, incomplètement guéri. Le , il est promu général de brigade, puis devient commandant par intérim de la 10e division d’infanterie coloniale le . Malgré quelques parenthèses, il conserve ce poste jusqu’à la fin de la guerre. Le , alors que ses troupes participent à la deuxième bataille de Champagne, il est très grièvement blessé au ventre par une balle de mitrailleuse. Mais il se rétablit et après une période de convalescence il retrouve sa division.

Il est une nouvelle fois blessé le dans la Somme par un éclat d’obus, mais refuse de se faire évacuer et conserve son commandement. Le , il est nommé général de division du cadre des officiers de réserve. On le trouve ensuite avec sa division sur le chemin des Dames, devant Verdun (secteur de Douaumont), sur le saillant de Saint-Mihiel (hiver et printemps 1918) puis devant Château-Thierry fin mai, où il interdit aux Allemands le passage de la Marne. Il combat sur cette position jusqu’au , puis il y revient après la guerre le pour participer à l’inauguration du nouveau pont sur la Marne (il avait lui-même donné l’ordre de détruire le précédent).

Jean-Baptiste Marchand quitte l’armée définitivement le . Il meurt à Paris le et est inhumé au cimetière de Thoissey le [3],[4],[5].

Honneurs

Décoration

Autres

Il eut dès 1901 sa rue (la rue du Commandant-Marchand) à Paris (16e arrondissement), ainsi qu'une rue à Liège, en Belgique.

Un monument au commandant Marchand a été érigé dans le bois de Vincennes, près de la porte Dorée (12e arrondissement de Paris), face au palais de la Porte Dorée (sis 293, avenue Daumesnil), cependant la statue représentant le commandant n'existe plus depuis qu'elle fut détruite à l'explosif par des militants anti-colonialistes dans les années 1960 :

Une statue existe toujours à Thoissey, sa ville natale.

Bibliographie

  • Général Mangin, Souvenirs d'Afrique, Lettres et Carnets de Route, Paris, Ed. Denoël et Steele, 1936, 265 p.
  • Marc Michel, La Mission Marchand, 1895-1899, Paris, Mouton, 1972, 290 p.
  • Numa Broc : Dictionnaire des Explorateurs français du XIXe siècle, T.1, Afrique, CTHS, 1988, p. 221-224.
  • Moïse Landeroin, Mission Congo-Nil (Missions Marchand), Carnets de route, L'Harmattan, 1996, 301 p. (ISBN 2-7384-4825-9).
  • François Angelier, Dictionnaire des Voyageurs et Explorateurs occidentaux, Pygmalion, 2011, p. 465.

Notes et références

  1. Pierre Pellissier, Fachoda et la mission Marchand : 1896-1899, éd. Perrin, 2011 (ISBN 9782262032678).
  2. Le gouvernement en remerciement le nommera chef de bataillon et commandeur de la Légion d'honneur.
  3. Bertrand Beyern, Guide des tombes d'hommes célèbres, Le Cherche midi, , 385 p. (ISBN 978-2-7491-2169-7, lire en ligne), p. 13.
  4. Le cimetière de Thoissey se trouve sur le territoire de Saint-Didier-sur-Chalaronne
  5. « Photos des archives numérisées de l’Ain des funérailles de Jean-Baptiste Marchand (page 6) ».
  6. Michel Wattel et Béatrice Wattel (préf. André Damien), Les Grand’Croix de la Légion d’honneur : De 1805 à nos jours, titulaires français et étrangers, Paris, Archives et Culture, , 701 p. (ISBN 978-2-35077-135-9), page 278 : « J. O. du 3 mars 1921. ».

Liens externes

  • Portail de l’exploration
  • Armée et histoire militaire françaises
  • Portail du Gard
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.