Exploration
L'exploration est le fait de chercher avec l'intention de découvrir, d'étudier quelque chose, un lieu pour agrandir son périmètre habituel.
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Dans l'histoire de l'humanité, la période la plus marquante est sans nul doute le temps des Grandes découvertes, lorsque les explorateurs européens ont entrepris de naviguer et de cartographier le monde pour des raisons scientifiques et commerciales.
L'exploration désigne une démarche empirique permettant l'acquisition de nouvelles connaissances par une identité individuelle ou collective. L'exploration n'est d'ailleurs pas le fait unique de l'homme, des espèces animales sont susceptibles de développer un certain sens de la curiosité.
L'exploration se distingue de la découverte au sens où la production de connaissance est dépendante du point de vue de l'explorateur. Le terme d'exploration peut aussi être utilisé métaphoriquement ; par exemple, une personne peut parler d'explorer Internet.
Toutefois, l'acception la plus répandue est celle du sens géographique, où le terme exploration est lié à la découverte d'une terre, d'une mer ou d'un peuple inconnus. Ainsi Christophe Colomb, Magellan, Livingstone sont des explorateurs.
Galerie de portraits
Christophe Colomb (vers 1520) par le peintre italien Ridolfo del Ghirlandaio. Vasco de Gama (vers 1460-1524) par le peintre portugais António Manuel da Fonseca. Portrait anonyme de Fernand de Magellan, XVIe ou XVIIe siècle. James Cook (1776) par Sir Nathaniel Dance-Holland. Georg August Wallin (1811–1852), orientaliste, explorateur et professeur finlandais. Alexander von Humboldt (1843) par le peintre allemand Joseph Karl Stieler. David Livingstone (1864) par le photographe écossais Thomas Annam.
L'exploration ne se limite pas à quelques grands explorateurs et s'étend dans la durée, notamment au cours des périodes historiques et préhistoriques.
Seules quelques périodes, parmi les plus remarquables de l'exploration humaine, sont évoquées ci-dessous.
Navigation phénicienne
Vers 1550 à 300 avant J.-C., les Phéniciens commercent déjà en Asie mineure et dans toute la mer Méditerranée. La présence d'étain dans certains métaux suggère même que les Phéniciens ont pu voyager jusque dans les îles Britanniques. Selon l'Énéide de Virgile et d'autres sources anciennes, la légendaire Didon serait une phénicienne de Tyr qui navigua jusqu'en Afrique du Nord pour fonder la ville de Carthage.
Exploration carthaginoise des côtes de l'Afrique de l'Ouest
Hannon le Navigateur (500 avant J.-C.) est un carthaginois qui explore la côte ouest de l'Afrique.
Exploration grecque et romaine de l'Europe du Nord et de Thulé
L'explorateur grec originaire de Marseille, Pythéas (380-310 av. J.-C.) est le premier navigateur à faire le tour de la Grande-Bretagne et à atteindre Thulé (entendre les îles Shetland ou l'Islande).
Sous l'empereur Auguste, les Romains atteignent et explorent la mer Baltique.
Explorations romaines
L'exploration de l'Afrique
Les Romains organisent diverses expéditions ayant pour but de traverser le désert du Sahara selon cinq itinéraires différents :
- du Sahara occidental jusqu'au fleuve Niger et à Tombouctou,
- des montagnes du Tibesti, du lac Tchad au Nigeria actuel,
- du Nil jusqu'à l'Ouganda actuel,
- de la côte ouest de l'Afrique, en passant par les îles Canaries et du Cap Vert,
- de la mer Rouge jusqu'à la Somalie actuelle et peut-être la Tanzanie.
Toutes ces expéditions romaines sont encadrées par une armée de légionnaires et ont essentiellement un but commercial. Seule celle de l'empereur Néron semble préparer la conquête de l'Éthiopie ou de la Nubie : en 62 après J.-C., deux légionnaires partent à la recherche des sources du Nil. L'un des principaux motifs de ces explorations est la présence d'or qui peut être transporté à dos de chameau[1].
La reconnaissance des côtes occidentales et orientales de l'Afrique reçoit le soutien des navires romains ; le but évident est le développement d'un commerce maritime, notamment dans l'océan Indien. Ailleurs, les Romains entreprennent plusieurs explorations en Europe du Nord et en Asie pour atteindre des contrées lointaines comme la Chine.
De 30 avant J.-C. à 640 après J.-C.
Avec l'annexion de l'Égypte ptolémaïque, les Romains s'ouvrent à l'orient et commercent avec l'Inde. L'Empire romain contrôle le commerce des épices, à noter qu'il s'agit d'une relation avec l'Inde que l'Égypte avait développée bien antérieurement.
De 100 à 166 après J.-C.
C'est le début des relations romano-chinoises. Ptolémée écrit sur la géographie une Chersonèse d'Or ou "péninsule de l'or" (c'est-à-dire la péninsule malaise) et le port de commerce de Kattigara, désormais identifié comme Óc Eo dans le nord du Viêt Nam, alors partie de Jiaozhou, une province de l'Empire Han chinois. Les textes historiques chinois décrivent les ambassades romaines, d'une terre qu'ils appelaient Da Qin.
IIe et IIIe siècles
Les commerçants romains atteignent le Siam, le Cambodge, Sumatra et Java.
En 191, une ambassade de l'empereur romain Antonin le Pieux ou de son successeur Marc Aurèle se présente devant l'empereur chinois Han Huandi à Luoyang.
En 226, un diplomate ou marchand romain atteint le nord du Viêt Nam et visite Nankin, en Chine, et la cour de Sun Quan, souverain du Royaume de Wu.
Les explorations chinoises en Asie centrale
Au cours du IIe siècle avant J.-C., la dynastie Han explore une grande partie du nord-est de l'hémisphère Nord. À partir de 139 avant J.-C., le diplomate Zhang Qian voyage vers l'ouest et échoue à conclure une alliance avec les Yuezhi qui sont expulsés du Gansu par les Xiongnu en 177 avant J.-C. Cependant, les voyages de Zhang permettent de faire découvrir aux Chinois des pays dont ils ignoraient tout, y compris les vestiges de l'Époque hellénistique d'Alexandre le Grand (r. 336-323 av. J.-C.)[2]. Lorsque Zhang retourne en Chine en 125 avant J.-C., il rend compte de ses nombreuses visites à Dayuan (Ferghana), à Kangju (Sogdiane), et à Daxia (Bactriane, anciennement le royaume gréco-bactrien qui venait d'être contrôlé par les Yuezhi)[3].
Zhang décrit Dayuan et Daxia comme des pays ruraux et urbains similaires à la Chine et, bien qu'il ne s'y soit pas aventuré, il décrit également Sindhu (la vallée de l'Indus, au nord-ouest de l'Inde) et Anxi (Empire parthe) un peu plus à l'ouest[4].
Les Vikings
De 800 à 1040 après J.-C. environ, les Vikings explorent l'Europe, grâce aux Knarr (bateaux des vikings à l'origine des navires ou transports marin) et une grande partie du nord-ouest de l'hémisphère Nord via les fleuves et les océans. Il est admis que l'explorateur norvégien, Erik le Rouge (950-1003), a navigué jusqu'au Groenland et qu'il s'y est établi après avoir été expulsé d'Islande. Son fils, l'explorateur islandais Leif Erikson (980-1020), atteint Terre-Neuve et les côtes nord-américaines. Il est le premier Européen à mettre le pied en Amérique.
Migrations polynésiennes
Les Polynésiens sont un peuple maritime ; ils ont colonisé et exploré les îles du centre et du sud de l'océan Pacifique pendant environ 5000 ans, jusqu'à environ 1280 lorsqu'ils ont atteint la Nouvelle-Zélande. Leur invention majeure est la pirogue à balancier, qui offre l'avantage d'une plate-forme stable et d'une embarcation rapide transportant personnes et marchandises. On pense que le voyage vers la Nouvelle-Zélande a été délibéré. Certes, on ignore si un ou plusieurs bateaux ont atteint les côtes néo-zélandaise, mais des études menées en 2011 à Wairau Bar indiquent qu'une forte probabilité des migrants avaient pour origine l'île de Huahine dans les îles de la Société. L'hypothèse la plus probable serait l'utilisation de l'alizé du nord-est par les Polynésiens qui auraient pu ainsi atteindre en trois semaines environ les côtes de la Nouvelle-Zélande. Les îles Cook, situées sur la trajectoire de migration, pourraient avoir constituées une étape intermédiaire. En effet, il existe des similitudes culturelles et linguistiques entre les habitants de ces îles et les Maoris de Nouvelle-Zélande. Les premiers Maoris ont conservé différentes légendes sur leurs origines, mais celles-ci ont été mal interprétées par les premiers européens qui ont surtout cherché à présenter leur propre vision du peuplement maori dans l'île.
Des études sur les génomes de l'ADN ont montré qu'un grand nombre de migrants polynésiens (100-200), y compris des femmes, sont arrivés en Nouvelle-Zélande à la même période, soit vers 1280. Des recherches ADN sur des restes de dents par l'université d'Otago ont permis d'identifier certaines caractéristiques qui montrent une origine proche des îles de la Société[5].
Les explorations chinoises dans l'océan Indien
L'explorateur chinois Wang Dayuan (fl. 1311-1350) effectue deux grands voyages sur l'océan Indien. Entre 1328 et 1333, il navigue le long des côtes de la mer de Chine méridionale et visite de nombreux sites d'Asie du Sud-Est. Il atteint ensuite l'Asie du Sud, le Sri Lanka et l'Inde, et enfin l'Australie. Puis en 1334-1339, il visite l'Afrique du Nord et l'Afrique de l'Est.
Plus tard, l'amiral chinois Zheng He (1371-1433) effectuera sept voyages en Arabie, en Afrique de l'Est, en Inde, en Indonésie et en Thaïlande.
Les Grandes découvertes
Le temps des Grandes découvertes correspond à la période d'exploration géographique la plus importante de l'histoire humaine. La période des Grandes découvertes commence au début du XVe siècle et s'étend jusqu'au XVIIe siècle. Les Européens explorent de vastes régions en Amérique, en Afrique, en Asie et en Océanie. Dans un premier temps, le Portugal et l'Espagne dominent et se partagent les terres et territoires découverts. Cependant, d'autres pays européens suivent, comme l'Angleterre, les Pays-Bas et la France.
Au cours de cette période, d'importantes explorations sont menées par les Portugais sur un certain nombre de continents et de régions du monde. En Afrique, un des explorateurs les plus connus est Diogo Cão (c. 1452 - c. 1486) qui remonte le fleuve Congo et atteint les côtes de l'Angola et de la Namibie. Bartolomeu Dias (vers 1450-1500) est le premier Européen à atteindre le cap de Bonne-Espérance et d'autres parties de la côte sud-africaine.
Les explorateurs des océans Indien et Pacifique comptent Vasco de Gama (1460-1524), un navigateur qui fait le premier voyage aller et retour d'Europe vers l'Inde par le cap de Bonne-Espérance. Pedro Alvares Cabral (c. 1467/68 - c. 1520) qui, suivant le chemin de Gama, revendique le Brésil et dirige la première expédition qui relie l'Europe, l'Afrique, l'Amérique et l'Asie. Diogo Dias découvre la côte orientale de Madagascar. Des explorateurs, tels que Diogo Fernandes Pereira et Pedro de Mascarenhas (1470-1555), découvrent et cartographient les îles de l'archipel des Mascareignes.
Antonio de Abreu (c. 1480 - c. 1514) et Francisco Serrão (14? -1521) conduisent la première flotte européenne dans l'océan Pacifique, à travers les îles de la Sonde, pour atteindre ensuite l'archipel des Moluques.
Dans l'océan Pacifique, Jorge de Meneses (vers 1498-?) découvre les côtes de l'île de Nouvelle-Guinée, tandis que García Jofre de Loaísa (1490-1526) atteint les îles Marshall.
Découverte de l'Amérique
L'exploration de l'Amérique commence avec la découverte de Christophe Colomb (1451-1506) qui dirige une expédition castillane à travers l'Atlantique. Après la découverte de Colomb, un certain nombre de bateaux sont envoyés pour explorer l'hémisphère occidental. On peut citer l'expédition de Juan Ponce de León (1474-1521) qui cartographie les côtes de la Floride. Vasco Núñez de Balboa (v. 1475-1519) est le premier Européen à traverser l'isthme de Panama et voir l'océan Pacifique depuis les côtes américaines. Il confirme que l'Amérique est un continent distinct de l'Asie. Aleixo Garcia (14? -1527) explore les territoires du sud du Brésil, du Paraguay et de la Bolivie, traversant la plaine du Chaco et atteignant les Andes (environs de Sucre, Bolivie).
Álvar Núñez Cabeza de Vaca (1490-1558) découvre le fleuve Mississippi ; il est le premier Européen à naviguer dans le golfe du Mexique et à traverser le Texas. Jacques Cartier (1491-1557) dessine les premières cartes du Canada central et maritime. Francisco Vásquez de Coronado (1510-1554) découvre le Grand Canyon et le Colorado. Francisco de Orellana (1511-1546) est le premier Européen à parcourir de bout en bout l'Amazone.
D'autres explorations
Fernand de Magellan (1480-1521), est le premier navigateur à traverser l'océan Pacifique, découvrant le détroit de Magellan, les îles Tuamotu et les îles Mariannes. Pour la première fois, il réalise en plusieurs voyages un tour du monde presque complet de la Terre. Juan Sebastian Elcano (1476-1526) achève la première circumnavigation mondiale.
Dans la seconde moitié du XVIe siècle et au XVIIe siècle, l'exploration de l'Asie et de l'océan Pacifique se poursuit avec des explorateurs comme Andrés de Urdaneta (1498-1568) qui ouvrent la route maritime de l'Asie à l'Amérique. Pedro Fernandes de Queirós (1565-1614) découvre les îles Pitcairn et de Vanuatu, tandis qu'Álvaro de Mendaña (1542-1595) atteint l' archipel de Tuvalu, les îles Marquises, les îles Salomon et l'atoll de Wake.
Les explorateurs de l'Australie comptent Willem Janszoon (1570-1630) qui débarque officiellement sur le continent australien. Íñigo Ortiz de Retes découvre l'est et le nord de la Nouvelle-Guinée. Luis Váez de Torrès (1565-1613) parvient jusqu'au détroit de Torrès entre l'Australie et la Nouvelle-Guinée. Abel Tasman (1603-1659) explore les côtes du nord de l'Australie, la Tasmanie, la Nouvelle-Zélande et Tongatapu.
En Amérique du Nord, Henry Hudson (156? -1611) explore la baie d'Hudson au Canada et Samuel de Champlain (1574-1635) remonte le fleuve Saint-Laurent et les Grands Lacs. Quant à René-Robert Cavelier de La Salle (1643-1687), il explore la région des Grands Lacs et descend le Mississippi jusqu'à son embouchure dans le golfe du Mexique.
Vers les temps modernes
Après l'âge d'or des Grandes découvertes, d'autres explorateurs continuent d'achever la carte du monde, notamment les Russes qui atteignent les côtes pacifiques de Sibérie, le détroit de Béring et l'Alaska (Amérique du Nord). Vitus Béring (1681-1741) est au service de la marine russe et explore le détroit et la mer de Béring, la côte nord-américaine de l'Alaska et d'autres régions du nord de l'océan Pacifique. James Cook (1728-1779) explore la côte orientale de l'Australie, les îles hawaïennes et fait le tour du continent Antarctique.
On doit signaler l'expédition terrestre de Lewis et Clark (1804-1806) envoyée par le président Thomas Jefferson afin de reconnaître les terres récemment acquises de la Louisiane. L'expédition a également pour mission de trouver un itinéraire fluvial vers l'océan Pacifique, ainsi que divers objectifs comme la connaissance de la faune et la flore. L'expédition Wilkes (1838-1842) dans l'océan Antarctique est ordonnée par le président des États-Unis Andrew Jackson afin de cartographier l'océan Pacifique et les terres australes environnantes.
Avec l'avènement de l'imagerie satellitaire et de l'aviation, l'exploration de la Terre a largement cessé, cependant de nombreux peuples et cultures dispersés à travers le monde restent à documenter.
L'exploration spatiale
L'humanité n'a pas cessé d'explorer, après la Terre c'est la conquête de l'espace qui commence XXe siècle avec l'invention de la fusée. Cette invention permet aux hommes de voyager sur la Lune et d'envoyer des sondes et engins sur d'autres planètes et au-delà. En 1977, les deux sondes Voyager quittent le système solaire.
Tableau récapitulatif des voyages et découvertes
Notes et références
- (en) Roth, Jonathan 2002. The Roman Army in Tripolitana and Gold Trade with Sub-Saharan Africa. APA Annual Convention. New Orleans.
- (en) Di Cosmo 2002, pp. 247-249; Yü 1986, p. 407; Torday 1997, p. 104; Morton & Lewis 2005, pp. 54-55.
- (en) Torday 1997, pp. 105-106.
- (en) Torday 1997, pp. 108-112.
- (en) Otago University. Wairau Bar Studies 2011.Dr L. Matisoo-Smith.2011.
Références bibliographiques
- Di Cosmo, Nicola (2002), Ancient China and Its Enemies: The Rise of Nomadic Power in East Asian History, Cambridge: Cambridge University Press.
- Morton, William Scott; Lewis, Charlton M. (2005), China: Its History and Culture (Fourth ed.), New York City: McGraw-Hill.
- Torday, Laszlo (1997), Mounted Archers: The Beginnings of Central Asian History, Durham: The Durham Academic Press.
- Yü, Ying-shih (1986), "Han Foreign Relations", in Denis Twitchett and Michael Loewe (eds.) (eds.), The Cambridge History of China: Volume I: the Ch'in and Han Empires, 221 B.C.-A.D. 220, Cambridge: Cambridge University Press, pp. 377-462.
- George Kish, A Source Book in Geography, Cambridge (Mass.), Harvard University Press, 1978.
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- (en) « web.archive.org », sur NOAA Office of Ocean Exploration and Research (consulté le )
- (en) « oceanexplorer », sur NOAA Ocean Explorer (consulté le )
- (en) « nationalgeographic.com », sur National Geographic Explorer Program (consulté le )
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