Imagerie satellite
L'imagerie satellite (ou satellitaire - l'usage de l'adjectif satellital est discuté[1],[2]) désigne la prise d'images de la Terre ou d'autres planètes à partir de satellites artificiels. Compte tenu des méthodes utilisées (télédétection), il s'agit bien d'imagerie et non de photographie[réf. nécessaire], en dépit de l'illusion créée par le rendu en fausses couleurs parfois employé.
Histoire
Les premières photographies satellites de la Terre ont été réalisées le par le satellite américain Explorer 6[3].
Les premières photographies satellites de la Lune auraient été faites le par le satellite soviétique Luna 3, lors d'une mission destinée à photographier sa face cachée.
La photographie La Bille bleue (Blue Marble) a été prise de l'espace en 1972. Elle est rapidement devenue très populaire auprès des médias et du grand public.
En 1972, les États-Unis lancent le programme Landsat, un des plus anciens programmes d'observation de la surface terrestre des États-Unis. Un de ses premiers objectifs était l'évaluation des volumes de récolte céréalières en URSS et aux États-Unis afin d'anticiper l'évolution des cours. Huit satellites Landsat ont été lancés depuis le , le dernier, Landsat 8, a été lancé le .
En 1977, la première image satellite en temps réel est prise par le satellite américain KH-11.
La même année, la France lance le programme SPOT (Satellite pour l’observation de la Terre), afin de fournir le premier service commercial d'imagerie satellite. Le premier satellite de cette famille de satellites civils développés par le CNES s'illustre par la diffusion, peu après son lancement en 1986, des premières images publiques de la catastrophe de Tchernobyl. Le 4e exemplaire s'illustre à son tour en étant le premier satellite à photographier les attentats du 11 septembre 2001, moins de 3 heures après[4].
Accès aux images et fournisseurs d'images
Toutes les images satellites prises par la NASA sont éditées par la NASA Earth Observatory et sont proposées gratuitement au public (open data).
De nombreux autres pays ont des programmes d'imagerie satellite. Une collaboration internationale européenne, par le biais de l'Agence spatiale européenne (ESA), a permis de lancer les missions ERS 1 en 1992 puis ERS 2 en 1995, suivies par la mission ENVISAT en 2002. ENVISAT, mis en orbite le par Ariane 5 est un programme de 2,3 milliards d'euros pour le plus gros satellite scientifique d'observation de la Terre jamais conçu. Le , l'ESA a annoncé le libre accès à ses contenus (images ses vidéos et certaines autres données), sauf mention contraire. Ces contenus informationnels deviennent librement partageables et réutilisables comme l'étaient depuis toujours ceux de la NASA et des autres grandes agences financées par les budgets de l’État américain (hors cas particuliers liés par exemple au secret défense). La licence utilisée à l'ESA est la CC by-sa 3.0 IGO (« IGO » signifie « intergovernmental organization », ce qui signifie qu'en cas de litiges (très rares en matière de Creative Commons), il faudra passer par une médiation avec l'Agence)[5],[6].
Les images SPOT 1 à 5 du CNES sont disponibles sous licence ouverte depuis le [7].
Il existe également des compagnies privées qui produisent et commercialisent des imageries satellites telles que Maxar, Airbus DS Geo ou Planet Labs.
Utilisations
De très nombreux usages (scientifiques, civils et militaires) sont faits de ces images.
Les satellites ont eu une contribution unique et importante, dans certains domaines dont :
- Météorologie,
- Evaluation et la surveillance de l'environnement (déforestation, pollutions, pollution lumineuse, urbanisation et périurbanisation, fragmentation écologique, érosion, etc.). Par exemple des analyses[8] d'images Landsat faites par la NASA [9], l'université de Californie et le Conservation Research Center du Smithsonian Institution ont clairement montré en 2004 que malgré un triple statut d'Aire protégée (statut de réserve ethnique, de Réserve de la biosphère de l'UNESCO et de Parc national), la région de Yasuni, l'une des plus riches au monde en biodiversité, continue à être déforestée[8] et morcelée. Le taux annuel moyen de déforestation était de 0,11 % au début des années 2000, mais avec une tendance à la hausse qui si elle devait se poursuivre conduirait à ce qu'avant 2063, 50 % de la forêt située à environ 2 km d'une route d'accès au pétrole soient perdus et offerts à une colonisation sans entrave et à une conversion anthropique en zone de culture ou d'habitation)[8].
- Archéologie,
- Aménagement du territoire, cartographie (SIG notamment),
- Suivi de l'usage des sols,
- Lutte contre les incendies,
- Télécommunications, via l'Internet notamment
- Agriculture[10]
- Sylviculture
- Sécurité maritime (balises Argos, GPS, etc), alertes Tsunami et suites
- Gestion de certains risques
- Gestion de l'énergie (solaire, éolien en particulier)
- Gestion des ressources naturelles,
- Évaluation des puits de carbone
Ils ont notamment permis de mieux identifier et faire reconnaître les changements climatiques et écologiques globaux.
Notes et références
- « Doit-on dire satellitaire ou satellital ? », (consulté le )
- Philippe Sierra, La géographie : concepts, savoirs et enseignements, Paris, Armand Colin, , 365 p. (ISBN 978-2-200-61360-0 et 2200613601, OCLC 979372480), p. 281
- « 50 years of Earth Observation », European Space Agency, (consulté le )
- Gédéon, « Du 11 septembre 2001 au 11 septembre 2011 : New York, le World Trade Centre et Ground Zero à travers 10 ans d’images acquises par les satellites d’observation de la Terre », sur Un autre regard sur la Terre (consulté le )
- Communiqué de presse ESA, 20 février 2017, ESA affirms open access policy for images, videos ans data
- Noisette T (2017) L'Agence spatiale européenne libère enfin ses images, article de Libération publié le 20 février 2017
- « SPOT World Heritage: le catalogue des archives SPOT 1 à 5 en ligne – ForM@Ter » (consulté le )
- (en) Jonathan Asher Greenberg, Shawn C. Kefauver, Hugh C. Stimson, Corey J. Yeaton et Susan L. Ustin, « Survival analysis of a neotropical rainforest using multitemporal satellite imagery », Remote Sensing of Environment, vol. 96, no 2, , p. 202-211 (ISSN 0034-4257, OCLC 99054366, DOI 10.1016/j.rse.2005.02.010).
- NASA Ames Research Centre
- Centre d’études et de prospective du ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt (2014), Le recours aux satellites en agriculture : évolutions récentes et perspectives ; Analyse n° 67, février ; téléchargeable : http://agriculture.gouv.fr/publications-du-cep ou http://agreste.agriculture.gouv.fr/publications/analyse/
Annexes
Bibliographie
- Jacques Arnould, La terre d'un clic : du bon usage des satellites, Paris, Jacob, coll. « Sciences », , 210 p. (ISBN 978-2-7381-2488-3 et 2-738-12488-7, OCLC 716866406, notice BnF no FRBNF42271633)
- Cathy Dubois (dir.), Michel Avignon (dir.) et Philippe Escudier (dir.), Observer la terre depuis l'espace enjeux des données spatiales pour la société, Paris, Éditions Dunod, coll. « Quai des sciences », , 255 p. (ISBN 978-2-10-071284-7, OCLC 882233740, notice BnF no FRBNF43863175)
Articles connexes
Liens externes
- Blue Marble: Next Generation - Photographies de la Terre en couleur réelle, les plus détaillées à ce jour
- Google Earth
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