Jérusalem-Est
Jérusalem-Est est la partie de la ville de Jérusalem située à l'est de la ligne verte. Elle inclut notamment la vieille ville et ses lieux saints : le Mur des Lamentations, le Saint-Sépulcre, la mosquée al-Aqsa et l'esplanade des Mosquées.
Jérusalem-Est | |||
Administration | |||
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Pays | Israël (administration) Palestine (revendication) |
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Gouvernorat palestinien | Jérusalem | ||
Démographie | |||
Population | 456 300 hab. | ||
Géographie | |||
Coordonnées | 31° 47′ nord, 35° 14′ est | ||
Localisation | |||
Géolocalisation sur la carte : Palestine (administrative)
Géolocalisation sur la carte : Israël
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Selon le plan de partage de la Palestine voté par l’ONU le , la ville de Jérusalem devait être placée sous juridiction internationale et devenir un corpus separatum, qui ne soit pas géré ni par le futur État juif ni par l'État arabe prévu par le plan onusien.
Mais, lors de la première guerre israélo-arabe en mai 1948, les belligérants ne respectent pas cette résolution. Alors que les Israéliens contrôlent la partie ouest de la ville (soit environ 36 kilomètres carrés) le , la partie est, d'une superficie d'environ 6 kilomètres carrés, passe sous contrôle des forces de la Légion arabe jordanienne.
A compter du , au cours de la guerre des Six Jours, Jérusalem-Est passe sous contrôle d’Israël après sa conquête par les parachutistes de la 55e brigade d'infanterie placée sous l'autorité du général Uzi Narkiss, ancien élève de l'École Supérieure de Guerre à Paris, ancien attaché militaire près l'ambassade d'Israël en France, premier directeur de l'enseignement militaire supérieur en Israël en 1965, et commandant des forces israéliennes face aux Jordaniens lors de la guerre de Six Jours. Depuis cette date, Jérusalem-Est est administré comme une partie de la ville, considérée par l'État d'Israël comme étant sa capitale depuis les discours du 9 et 13 décembre 1949 du chef du gouvernement israélien à la Knesset et la déclaration unilatérale du gouvernement israélien du 31 janvier 1950 faite par le chef du gouvernement israélien, David Ben Gourion, déclarant que « Jérusalem est la capitale de l'État juif ». Tous les anciens services et personnels municipaux de Jérusalem-Est, sous compétence jordanienne depuis la conquête de cette partie de la ville fin mai 1948, sont dissous par les autorités israéliennes à compter du 28 juin 1967 et les personnels sous ancien statut jordanien qui le désiraient pouvaient continuer à servir, sous la direction de la nouvelle municipalité israélienne .
Le 26 juin 1967, le conseil des ministres de l’État d'Israël décide unilatéralement d'augmenter la superficie de Jérusalem en la faisant passer à 71 kilomètres carrés, en incorporant Jérusalem-Est et des sections des villes arabes d'El-Bireh, de Ramallah et de Bethléem.
Par un arrêté pris le par le gouvernement israélien, la superficie est encore augmentée et passe à plus de 125 kilomètres carrés. Cette décision est prise en considération de la loi fondamentale du adoptée par la Knesset qui déclare que Jérusalem est unifiée, indivisible et est la capitale de l’État juif.
L'occupation et l'annexion israéliennes depuis le 7 juin 1967 ont été condamnées par le conseil de sécurité de l'O.N.U. et par la communauté internationale, à l'exception notable des États-Unis qui se sont abstenus lors du vote des résolutions 476 et 478 du Conseil de sécurité.
Jérusalem-Est est revendiquée par la Palestine en tant que capitale, appelée Al Quds (en arabe : القدس). La Jordanie a quant à elle cessé ses revendications sur la ville depuis les accords de paix israélo-jordaniens, à l'exception du complexe du mont du Temple.
Historique récente de Jérusalem-Est
Guerre israélo-arabe de 1948 et division de Jérusalem
Le 29 , à la suite d'un rapport présenté par le comte Folke Bernadotte, envoyé spécial de l'O.N.U. et des travaux du Comité Spécial des Nations unies relatif à la Palestine (connu sous ses initiales en anglais : U.N.S.C.O.P.), l'Assemblée générale des Nations unies vote le plan de partage de la Palestine , territoire passé sous contrôle britannique dès décembre 1917 avec la conquête de Jérusalem par l'armée britannique, sous la direction du général Allenby et administré sous mandat britannique acté en 1922, par décision de la Société des Nations. Ce plan de novembre 1947 prévoit la création d'un État juif (55 % de la superficie alors que la population juive est d'environ 650 000 personnes) et d'un État arabe (pour le restant de la superficie, pour une population d'environ de plus d'1,1 million d'habitants, selon le bilan statistique effectué à la fin de l'année 1945 par les autorités britanniques). Jérusalem et Bethléem aux alentours devaient être placés sous juridiction internationale, celle de l'O.N.U., en tant que corpus separatum.
La résolution n'est cependant pas respectée par les protagonistes. Fin mai 1948, la Légion arabe jordanienne conquiert la zone est de Jérusalem et est victorieuse face aux forces armées israéliennes, union des anciens groupes de combattants juifs de la Haganah, du Palmach, de l'Irgoun et du Lehi [1]. A la même période, Jérusalem Ouest est conquise par les forces armées sionistes (Haganah, Irgoun et Lehi , devenues par ordonnance du gouvernement israélien le 26 mai 1948 l'armée israélienne (TSAHAL). Les habitants juifs habitant l'EST de la ville - plus de 3000 personnes - résidant dans le secteur conquis par la Légion arabe jordanienne, sont expulsés de leurs maisons et doivent se rendre alors dans le secteur Ouest de Jérusalem, devenu secteur israélien. Leurs habitations sont soit détruites soit pillées et près de 30 synagogues et écoles religieuses (yeshivas) sont détruites par les unités du Génie de la Légion arabe.
Après les accords d'armistice conclus à Rhodes entre le royaume de Jordanie et l' Etat juif le 3 avril 1949, Israël se maintient sur tous les territoires conquis au cours de la guerre israélo-arabe de 1948/1949 ; ainsi, il gagne ainsi environ 23 % en plus de la superficie initiale du territoire juif dans l'ancienne superficie de la Palestine sous ancien contrôle britannique dite " mandataire " . L'Etat juif détient à la fin des opérations guerrières, en mars 1949, 78 % de la superficie totale de la superficie de la Palestine sous ancien mandat .
Dès 1950, Israël fait de Jérusalem-Ouest sa capitale " de facto" ; s'y implantent notamment les ministères, la Présidence de l'Etat, la Grande Synagogue, la Cour Suprême, l' Assemblée ou Knesset, la Banque Nationale, le Musée d'Israël, le site du souvenir de l'Holocauste ou Shoah en hébreu : Yad Vashem , la direction générale de la police, le nouvel hôpital de la Hadassah (avec en son sein la synagogue dont les décors ont été peints par Marc Chagall), les sièges des fédérations de kibboutz et de moshav, etc....
Une déclaration unilatérale du gouvernement israélien faite dès le 31 janvier 1950 proclame Jérusalem comme étant la capitale de l'Etat d'Israël qui fut créé le 14 mai 1948 à Tel-Aviv, par le Conseil du Yishouv, présidé par David Ben GOURION . Le chef du gouvernement israélien avait déjà par deux fois le 9 et 13 décembre 1949 précisé devant la Knesset que " Jérusalem était naturellement la capitale de l'Etat juif " ; ces deux affirmations n'avaient pas été contestées par aucun député présent, de toutes tendances politiques, élu de la première législature de la Knesset, suite aux élections législatives de janvier 1949.
L'Etat d' Israël devient membre de l'ONU en 1949, après avoir été reconnu dès le 15 mai 1948 par l'Union Soviétique, second pays à reconnaître l'Etat juif, après les Etats-Unis (reconnaissance effectuée le 14 mai , selon la volonté expresse du président Harry Truman, très pro-sioniste, 11 minutes seulement après la proclamation de l'Etat d'Israël par David Ben Gourion qui avait été lue à 16 H 00 heures locales à Tel Aviv dans une des salles du Musée des Beaux Arts), et la Grande-Bretagne, ayant également établi des relations officielles avec le nouvel Etat, également au lendemain de la fin du mandat britannique fixé au 15 mai , soit le 16 mai 1948. La France, qui avait pourtant soutenu les divers groupes sionistes sur son sol et qui avait permis le départ par exemple de bateaux d'armes et de munitions pour la Haganah et l'Irgoun, puis des bateaux d'immigrants clandestins, notamment le célèbre Exodus, reconnaît " de facto " l'Etat d' Israël le 15 janvier 1949, par la déclaration dite "Chauvel-Fisher ", M. Chauvel étant alors un des directeurs du Ministère des affaires étrangères français et M. Fisher, directeur des affaires politiques du Ministère des affaires étrangères de l' Etat d'Israël, la reconnaissance officielle " de jure" par le gouvernement français ayant eu lieu le 25 avril 1949.
A la même période, Jérusalem-Est, qui avait été conquis par les forces jordaniennes dès le 28 mai 1948, est ensuite administrativement géré par le pouvoir jordanien puis annexé en 1950 par le royaume hachémite de Jordanie, en même temps que la Cisjordanie. Le roi de Jordanie fait appliquer les mêmes lois et règlements que dans l'ancienne Transjordanie, située à l'est du Jourdain, émirat créé en 1922 par les Britanniques, au moment où la Société des Nations a décidé de confier au Royaume Uni le mandat d'administration et de gestion d'une partie des terres de l'ancien Empire ottoman, qui avait été défait en 1918 par les puissances alliées et qui s'est ensuite écroulé, pour laisser place en 1923 à un nouvel Etat, " la République de Turquie " avec comme dirigeant principal Kemal Ata Turk .
Le , le roi Abdallah Ier qui s'était fait proclamer « roi de Palestine » en avril 1948 à Jéricho, est assassiné à Jérusalem devant la mosquée Al-Aqsa par un jeune militant palestinien[2], qui lui reprochait ses contacts passés avec des leaders sionistes, tel Chaïm Weizmann ou Golda Meïr, jusqu'en avril 1948.
Si les nouvelles lignes d'armistice établies entre les belligérants, fixées à la suite de la victoire d'Israël sur les forces jordaniennes, le 3 avril 1949, sont reconnues par l'essentiel de la communauté internationale, l'annexion de la Cisjordanie et de Jérusalem Est par la Jordanie ne furent reconnues entre 1950 et 1967 que par trois pays : le Royaume-Uni, l'Iraq et le Pakistan[3].
Guerre des Six Jours et annexion de Jérusalem-Est
Lors de la guerre des Six Jours, Jérusalem-Est, dès le 7 juin 1967, est conquise par les parachutistes de l'armée israélienne appartenant à la 55e brigade d'infanterie, commandée par le général Uzi Narkiss, ancien colonel attaché militaire à l'ambassade de l'État d'Israël à Paris, après y avoir également suivi les cours de l' Ecole Supérieure de Guerre.
Les Israéliens découvrent alors l'ampleur des destructions et des profanations que les lieux saints juifs situés dans l'ancienne zone Est de la ville qui ont lieu pendant la période de gestion jordanienne. Le consul général de France, alors en fonction, en témoigne lui-même dès le : dans le camp militaire de la Légion arabe d'Al-Azarié, « les fondations, le dallage, les enceintes, les routes et les chemins intérieurs jusqu'aux lieux d'aisance [...] ont été construits dans une très grande mesure avec des pierres tombales juives provenant du mont des Oliviers et portant, bien visibles, les inscriptions funéraires ». Dans la vieille ville de Jérusalem, plus de 30 synagogues ont été incendiées et détruites par les Jordaniens lors de la guerre de 1948 »[2].
A compter du 14 juin 1967, en quelques jours, les habitations du quartier des Magrébins, qui jouxte le mur des Lamentations, sont détruites et les Palestiniens qui les occupaient sont expulsés, avec une indemnisation jugée ridicule par les habitants. La destruction est effectuée par des personnels de la société Solel Boneh (en), plus vieille société de construction et coopérative du bâtiment et des travaux publics fondée en 1921 par des immigrants juifs d'origine askhénaze. Cette décision a été prise par le maire, Teddy Kollek, afin de créer un large lieu de rassemblement le long du Mur des Lamentations. Auparavant, la surface pour aller prier le long du Mur des Lamentations était équivalente à un chemin d'accès d'environ de 70 mètres de long sur 5 mètres de large, bordée de maisons . Se crée ainsi la grande place, près du Mur, qui permet aux Juifs de prier le long du Mur, vestige du Temple, détruit en l'an 70 par les Romains, au cours de la première guerre judéo-romaine. Il avait été prévu dans les conditions d'armistice entre la Jordanie et Israël conclues le 3 avril 1949, que les Juifs établis en Israël ou vant d'autres pays pourraient se rendre auprès du Mur des Lamentations afin d' y prier, quand ils le désireraient, en groupe. Mais les autorités jordaniennes n'ont jamais respecté cette disposition à compter du 3 avril 1949 et ce jusqu'en juin 1967.
La loi fondamentale relative à Jérusalem est votée par la Knesset le 30 juillet 1980 et la ville est alors considérée comme "unifiée et capitale de l'Etat d'Israël " : son statut de capitale de l'État d'Israël est alors officiellement réaffirmée, car depuis janvier 1950 le gouvernement israélien avait déjà déclaré de façon unilatérale que " Jérusalem était la capitale de l'État juif ". Cette loi spécifique du 30 juillet 1980 et qui concerne Jérusalem est contestée depuis par la communauté internationale, sauf par les États-Unis qui ont reconnu la " compétence " d'Israël sur la ville de Jérusalem, sans préciser son contour ni sa superficie, en 2017, à l'occasion du transfert de leur ambassade à Jérusalem . La citoyenneté israélienne a été proposée aux habitants arabes de Jérusalem Est, dès sa prise de contrôle par l'armée, à compter du 7 juin 1967 ; une carte d'identité de couleur bleue est donnée aux habitants arabes du secteur conquis depuis juin 1967 et permet aux détenteurs une circulation libre à Jérusalem . Elle donne droit au système de santé et de sécurité sociale israélienne. Mais la quasi-totalité de la population arabe (alors de 85 000 habitants) préfère garder leur nationalité jordanienne, octroyée aux habitants depuis la conquête de l'Est de la ville par les forces armées jordaniennes à la fin du mois de mai 1948.
Le 1967, la Knesset vote la loi sur la protection des lieux saints[4] et le lendemain le gouvernement israélien étend la zone administrative de la municipalité israélienne de Jérusalem à sa partie arabe (Jérusalem-Est)[5]. Cette initiative est immédiatement condamnée par la résolution 2253 de l'Assemblée générale des Nations unies puis le par la résolution 252 du Conseil de sécurité des Nations unies qui :
- « réaffirm[e] que l'acquisition de territoire[s] par la conquête militaire est inadmissible » et que « toutes les mesures et dispositions législatives et administratives prises par Israël (…) qui tendent à modifier le statut juridique de Jérusalem sont non valables et ne peuvent modifier ce statut[6]. »
Le 28 juin 1967, la municipalité arabe de Jérusalem Est fait l'objet d'une dissolution par les autorités israéliennes, le personnel de l'ancienne municipalité jordanienne étant alors tenu de s'intégrer dans les services de la municipalité israélienne de la ville, dont le maire était Teddy Kollek.
Le , la Knesset vote une « loi fondamentale » faisant de Jérusalem réunifiée[7], la capitale d'Israël[8]. Cette annexion est condamnée par les résolutions 476 et 478 du Conseil de sécurité qui affirme notamment :
- « affirme que l'adoption de la « loi fondamentale » par Israël constitue une violation du droit international et n'affecte pas la maintien en application de la convention de Genève (…) dans les territoires palestiniens et autres territoires arabes occupés depuis juin 1967, y compris Jérusalem »[9]. La résolution appelle également les « États qui ont établi des missions diplomatiques à Jérusalem de retirer ces missions de la Ville sainte »[9].
A la suite de la conquête de Jérusalem Est par l'armée israélienne, une procédure d'expulsion en juin et juillet 1967 d'environ 4 000 habitants arabes qui étaient résidents dans la vielle ville a été décidée par le gouvernement israélien. Toutes les habitations laissées vides de biens sont ensuite affectées à des familles juives. A compter du 11 juin, le maire de Jérusalem décide de détruire des maisons du quartier des Magrébins, le long du mur du Temple ; ainsi, est créée la grande place qui permet aux Juifs de prier, ce qui leur avait été interdit de 1949 à 1967 alors que la Jordanie l'avait expressément prévue, dans les accords du 3 avril 1949.
Le gouvernement israélien met en place, à compter de 1968, une politique de logements notamment destinés aux nouveaux immigrants. La population juive de Jérusalem-Est croît constamment jusqu'à atteindre plus de 370 000 habitants sur environ 460 000 habitants. Pour mémoire, la population arabe de Jérusalem-Est était d'environ 90 000 habitants (dont environ 25 000 chrétiens) avant la conquête et l'annexion de cette partie de la ville par Israël.
À compter de 1968, il n'est plus fourni par le Bureau Central des Statistiques de l'État d'Israël de décomptes séparés de population de Jérusalem-Est et de Jérusalem-Ouest. En 2019, le décompte pour la municipalité de Jérusalem est de plus de 920 000 habitants ; quant au district de Jérusalem, il regroupe plus de 1 150 000 habitants. Sur ce total, à Jérusalem, le nombre de chrétiens est de 12 900 personnes, selon le recensement de la population publié le 21 juin 2019 et qui a été fait par le Bureau central des statistiques de l'État d'Israël . La chrétienté est représentée par les 13 Églises locales.
Création de l'État de Palestine
Le , le Conseil national palestinien déclare l'indépendance de la Palestine, avec Jérusalem pour capitale. Le , l'Assemblée générale des Nations unies adopte à 136 voix pour, 2 contre (Israël et les États-Unis) et 2 abstentions, la résolution 43/176 déclarant qu'il s'agit de l'« État arabe » prévu par le plan de partage de la Palestine. Le lendemain, elle adopte à 104 voix pour, 2 contre et 36 abstentions la résolution 43/177 qui prend acte de la déclaration et « affirme le droit au peuple palestinien le droit d'exercer sa souveraineté dans les territoires occupés depuis 1967 »[10],[11]. En février de l'année suivante, 89 États reconnaissent la Palestine[10].
Jérusalem-Est est revendiquée par les Palestiniens comme capitale de leur État. L'OLP y disposait d'une représentation semi-officielle, la Maison de l'Orient (en), fermée de force par Israël durant la Seconde Intifada[12].
La Loi fondamentale du 30 juillet 1980 votée par la Knesset est amendée le également par la Knesset et interdit toute remise en cause de la souveraineté israélienne sur toute l'étendue de Jérusalem, au sens où l'Etat d'Israël l'avait défini dès la première loi sur le statut de Jérusalem et des Lieux Saints du 27 juin 1967[13].
Droit international
Dans un avis consultatif rendu le et traitant notamment des « conséquences juridiques de l'édification d'un mur dans le territoire palestinien occupé », la Cour internationale de justice fait référence à plusieurs reprises à Jérusalem-Est en tant que territoire palestinien occupé[14],[15].
Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme estime que les possibles expulsions de familles palestiniennes pour laisser place à des colons pourraient constituer des crimes de guerre. Selon la police israélienne, quinze Palestiniens ont en effet été arrêtés le 6 mai 2021 après des heurts entre forces de sécurité israéliennes et manifestants contre l'éviction de familles palestiniennes à Jérusalem. Les heurts ont éclaté à Cheikh Jarrah, un quartier de Jérusalem-Est au cœur d'une vive bataille devant les tribunaux sur le sort de familles palestiniennes menacées d'éviction au profit de colons israéliens[16],[17]. La Cour suprême d'Israël examinera l'affaire le 10 mai, sachant que, selon la loi israélienne, si des Juifs peuvent prouver que leur famille vivait à Jérusalem-Est avant la guerre israélo-arabe de 1948, ils peuvent demander à ce que leur soit rendu leur « droit de propriété »[18]. Le 9 mai, cette audience est repoussée au 8 juin ce qui suspend jusqu'à cette date les expulsions envisagées. Ces expulsions ont provoqué la colère des Palestiniens et un tollé au niveau international, les alliés arabes d’Israël et les États-Unis ayant exprimé leur inquiétude à ce sujet.[19] et que des heurts opposent Palestiniens et police israélienne[20].
Statut des habitants
Les 300 000 Palestiniens de Jérusalem-Est ont un statut particulier : ils sont considérés par Israël comme des résidents et ils ne sont pas des citoyens à part entière : ils payent leurs impôts à l’État hébreu, bénéficient donc de droits sociaux et ont accès aux soins de santé. Ils disposent d'une carte de résident, sans passeport. Et ils ne peuvent voter qu’aux élections municipales ; ils ne votent pas aux élections nationales de l'Etat hébreu. Toutefois, des Palestiniens de Jérusalem-Est ont commencé ces dernières années – 1 800 Palestiniens pour la seule année 2020 – à demander la nationalité israélienne[21].
La ligne verte
La qualification de « Jérusalem-Est » doit s'entendre « à l'est de la ligne verte » et non « à l'est de Jérusalem » car la plupart de ses quartiers ne sont pas situés à l'est de la ville, mais au centre avec la vieille ville ou au nord (par exemple Cheikh Jarrah) ou au sud (par exemple Jabel Mukaber (en)). À l'est de Jérusalem, se trouvent le mont des Oliviers et son grand cimetière juif, ainsi que des institutions religieuses chrétiennes et de nombreuses mosquées.
La frontière qui séparait Jérusalem entre ses parties ouest , qui est appelée " Ligne verte ", fut la conséquence de la première guerre israélo-arabe (1948-1949) ; cette démarcation n'existait pas avant la fin des hostilités entre Israéliens et Jordaniens fin mai 1948 et les accords d'armistice entre les deux Etats du 3 avril 1949. Initialement prévu pour faire partie d'un district sous juridiction internationale (ou corpus separatum incluant également la ville de Bethléem), selon la résolution adoptée le 29 novembre 1947 par l'assemblée générale des Nations unies qui comptait alors 51 pays membres, Jérusalem fut un enjeu de la guerre et le lieu de nombreux combats.
La partie Ouest, conquise par les forces israéliennes avant la fin du mois de mai 1948, fut annexée par Israël avec reconnaissance de facto d'une partie de la communauté internationale.La partie Est, qui fut conquise par la Légion arabe commandée par Glub Pacha, au service de la Jordanie, fut annexée par le royaume hachémite de Jordanie en 1950 avec une reconnaissance officielle par la Grande-Bretagne et deux pays arabes (Irak et Pakistan), les autres pays prenant seulement acte que Jérusalem-Est était devenue une partie du royaume hachémite de Jordanie.
Les Jordaniens ont perdu le contrôle de Jérusalem-Est dès le 7 juin 1967 et de toute la Cisjordanie après le 10 juin 1967. Les dirigeants israéliens annoncèrent alors officiellement la « réunification » de la ville de Jérusalem par une loi du 27 juin 1967 et la proclamèrent « Capitale éternelle et indivisible d'Israël ». La Loi de Jérusalem est une loi dite " fondamentale " relatif à l' Etat juif et elle est adoptée par la Knesset le 31 juillet 1980 : elle ne peut être modifiée sans un vote égal ou supérieur aux deux tiers du nombre des députés. L'appellation Jérusalem-Est est toujours utilisée par l'ONU qui ne reconnaît pas cette annexion depuis le 7 juin 1967.
Le gouvernement israélien ne reconnaît pas de distinction entre les deux parties de la ville depuis la conquête par son armée de la zone de Jérusalem-Est , le 7 juin 1967. On trouve cependant dans certains documents officiels israéliens les termes anglais de east Jerusalem ou eastern Jerusalem.[réf. nécessaire] Cette portion de la ville est en revanche considérée comme territoire occupé par l'ONU et par la majorité de ses États membres. La résolution 478 du Conseil de sécurité des Nations unies présente l'annexion par Israël de cette partie de Jérusalem comme une violation du droit international.
Richesses de la vieille ville
Jérusalem-Est est particulièrement riche :
- Sur un plan religieux, symbolique et historique
- Pour le judaïsme : c'est là que se trouvent l'ancienne cité de David, Sion ; le mont du Temple et le Mur occidental (dit Mur des Lamentations) ; le cimetière du mont des Oliviers, départ attendu de la résurrection des morts lors de la fin des temps ; l'ancien quartier juif de la vieille ville[7].
- Pour le christianisme : c'est là que se trouvent le Saint-Sépulcre (le Golgotha et la basilique de la Résurrection) ; le Cénacle (lieu de la Cène, de la Pentecôte, etc.) ; les sanctuaires du mont des Oliviers (Gethsémani, dôme de l'Ascension et, au-delà, Béthanie) ; l'église Sainte-Anne et des souvenirs d'un miracle du Christ ; des sanctuaires mariaux (nativité de Marie, Dormition, Assomption) ; le mont du Temple ; le lieu des martyres de Saint-Étienne et Saint-Jacques ; les quartiers chrétien et arménien de la vieille ville.
- Pour l'islam : c'est là que se trouvent l'esplanade des Mosquées (Al-Aqsa ) qui est le troisième lieu saint de l'islam et comprend différentes mosquées dont la mosquée Al Qibli et le dôme du Rocher, lieux de prières, souvenirs liés à Abraham et à Mahomet qui s'y rendit, et lieu où est attendu le Jugement dernier.
Galerie
- Synagogue Tiferet Israel construite entre 1857 et 1871 dans la vieille ville et détruite en 1948 (photo datant de 1940 environ).
- Eglise du Saint Sepulcre où se trouve le tombeau du Christ
- Jérusalem-Est et la barrière de séparation israélienne en arrière-plan.
Villes jumelées
Jérusalem-Est (représentée par son gouverneur nommé par l'Autorité palestinienne)[22] est jumelée avec :
En 2005, des accords ont été signés entre l'Autorité palestinienne et l'Algérie pour jumeler Jérusalem-Est avec Skikda.
Coopération décentralisée
Belfort a développé des projets de coopération avec le centre culturel français de Jérusalem-Est « Chateaubriand » pour poursuivre des coopérations éducatives et culturelles et aussi avec l'université palestinienne Al Quds de Jérusalem-Est (2007 et 2008), le Conservatoire Edward Saïd de Jérusalem en 2011 et l'école de filles du camp de réfugiés de Shu'fat[23].
Notes et références
- Lemire et al. 2016, p. 384
- Vincent Lemire, « L'impossible capitale », sur www.lhistoire.fr, L'Histoire n° 436 (consulté le ), p. 34-45
- Eyāl Benveniśtî, The international law of occupation, Princeton University Press, 2004 (ISBN 0-691-12130-3), p. 108.
- Catherine Dupeyron, Chrétiens en Terre sainte, Albin Michel, (lire en ligne), page 173.
- Jean Halpérin et Georges Lévitte, Jérusalem, l'unique et l'universel : données et débats, Presses Universitaires de France, (lire en ligne), page 114.
- Texte de la résolution 252 du Conseil de sécurité.
- « Si je t’oublie jamais, Jérusalem, que ma droite me refuse son service ! Que ma langue s’attache à mon palais, si je ne me souviens toujours de toi, si je ne place Jérusalem au sommet de toutes mes joies ! », Psaume 137:5-6
- (en) Bernard Reich et David H. Goldberg, Historical Dictionary of Israel, Scarecrow Press, (lire en ligne).
- Texte des résolutions 476 et 478 du Conseil de sécurité.
- Jean Salmon, Déclaration of the State of Palestine, pp. 48-50 dans Kassim et al., The Palestine Yearbook of International Law, 1989, Martinus Nijhoff Publishers, 1997.
- Textes des résolutions 43/176 et 43/177 de l'Assemblée générale des Nations unies.
- Olivier Da Lage, « La riposte politique de Sharon », sur RFI, (consulté le ).
- (en) Howard Grief, The Legal Foundation and Borders of Israel Under International Law: A Treatise on Jewish Sovereignty Over the Land of Israel, Mazo Publishers, (lire en ligne), page558.
- Ruth Lapidot, Jerusalem: Some Legal Issues, The Jerusalem Institute for Israel Studies, 2011, p. 24 alinéa 52.
- Cour internationale de Justice, Conséquences juridiques de l'édification d'un mur dans le territoire palestinien occupé, 9 juillet 2004.
- « Éviction de familles palestiniennes à Jérusalem : l'ONU évoque de possibles crimes de guerre », sur L'Orient-Le Jour,
- Aaron Boxerman, « La Haute Cour étudiera le recours contre les expulsions en cours à Sheikh Jarrah », sur The Times of Israel,
- « Regain de tensions à Jérusalem-Est: 15 personnes arrêtées », sur i24News,
- Aaron Boxerman et Judah Ari Gross, « La Cour suprême reporte l’audience sur les expulsions de Sheikh Jarrah », sur The Times of Israel,
- « A Jérusalem, une audience reportée pour apaiser les tensions après un week-end de violences », sur Le Monde,
- « À Jérusalem-Est, des Palestiniens ballottés entre deux élections », sur The Times of Israel,
- « Maroc : accord de jumelage entre Rabat et Jérusalem-Est », sur Atlas Info, .
- « Coopérations décentralisées » (consulté le ).
Bibliographie
- Vincent Lemire (dir.), Katell Berthelot, Julien Loiseau et Yann Potin, Jérusalem : Histoire d'une ville-monde, Paris, Flammarion, coll. « Champs Histoire », , 544 p. (ISBN 978-2-08-138988-5, OCLC 961352313, lire en ligne) (aperçu)
Articles connexes
Liens externes
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