Légion arabe

La Légion arabe était une armée arabe organisée au sein de l'émirat arabe de Transjordanie. Elle dépendait au départ de l'armée britannique, puis a été progressivement transférée sous le contrôle de l'émirat de Transjordanie.

Pour les articles homonymes, voir Légion.

Légion arabe
Al Jeish Al Arabi

Insigne de la Légion arabe

Création 1920
Dissolution 1956
Pays Jordanie
Type Armée
Rôle Sécurité intérieure
Guerres Seconde Guerre mondiale
Guerre israélo-arabe de 1948-1949
Batailles Bataille de Latroun
Commandant historique Peake Pasha

Historique

Les débuts

Frederick Peake

Après la Première Guerre mondiale, les Britanniques se retirent de Transjordanie, le pays devient alors la base arrière d’Abdallah bin al-Hussein, en lutte contre les Français installés en Syrie. Peu après, afin d’éviter les troubles dans la région, les Britanniques reconnaissent son autorité sur la Transjordanie, à condition qu’il renonce à essayer de s’emparer de la Syrie. Le nouvel état se dote d’une force de police, mais celle-ci, irrégulièrement payée et mal commandée, se révèle inefficace[1].

En , le capitaine Frederick Peake, de la police palestinienne, est envoyé sur place pour remédier à la situation et fonde une troupe de cent hommes : cinq officiers, soixante-quinze cavaliers et vingt-cinq servants de mitrailleuse montés. La force prend le nom de Al Jeish Al Arabi, « l’armée arabe », mais les Anglais l’appellent The Arab Legion, « la légion arabe ». L’effectif augmente rapidement, cinquante-deux hommes étant recrutés dans les mois qui suivent, mais elle est décimée peu après lors d’une opération dans la région d’Al-Karak[1].

Peake refonde le corps à la fin de l’année 1921, cette fois avec 750 hommes, organisés en deux compagnies d’infanterie, deux escadrons de cavalerie, une troupe d’artillerie et une section de transmission[2]. Peu après, l’armée et la police sont fusionnés au sein de la Légion Arabe, faisant monter les effectifs à 1 300 hommes. Elle essuie toutefois un important revers en 1927, avec la signature d’un traité entre l’Transjordanie et le Royaume-Uni stipule que ce dernier prend en charge la défense extérieure : cela a pour effet de réduire la Légion arabe au rôle de police et il s’en suit une forte réduction de l’effectif et la suppression de ses troupes spécialisées[3].

Afin de lutter contre les raids des Bédouins, la Badieh, ou Patrouille du désert, est fondée en et placée sous le commandement de John Bagot Glubb. Après des débuts difficiles, cette force se révèle particulièrement efficace et les raids cessent totalement après [3]. Les troubles en Palestine de la fin des années 1930 amènent également à la création d’un force motorisée, dont les 350 hommes sont recrutés parmi les Bédouins. Peacke se retire peu après, en , laissant le commandement à Glubb[4].

Seconde Guerre mondiale

Soldats de la Légion arabe gardant une station de pompage d’un pipeline en Transjordanie pendant la Seconde Guerre mondiale.

Après la défaite de la France en 1940, les Italiens et les Allemands s’installent en Syrie et au Liban, l’Irak devenant par ailleurs un état pantin de l’Allemagne en 1941. L’Émirat de Transjordanie reste cependant fidèle au Royaume-Uni et la Légion arabe est renforcée en conséquence, sa troupe motorisée devenant un régiment, dont l’équipement est fourni par les Britanniques[5]. Dans les mois qui suivent, les troupes de la Légion épaulent l’armée britannique, assurant la garde d’installation stratégiques, comme les stations de pompage de l’oléoduc de Mossoul à Haïfa, et servant de guides aux Alliés à travers le désert pendant la guerre anglo-irakienne[6].

La Légion a un rôle plus actif pendant la campagne de Syrie et s’illustre pendant la bataille de d’Al-Soukhna, qui précipite la reddition des troupes de Vichy[7]. Les Alliés préfèrent toutefois ne l’utiliser par la suite qu’en tant que garnison, malgré les demandes de Glubb et Abdallah et la Légion ne participe à aucun autre combat pour le restant de la guerre[8].

Guerre israélo-arabe de 1948

Le mandat britannique en Palestine s’achève le et le même jour, à la demande des Palestiniens, la Légion arabe franchit la frontière avec 4 500 hommes répartis en deux brigades d’infanterie, deux batteries d’artillerie et sept compagnies de garnison, afin de sécuriser les régions de Naplouse et Ramallah. Le , malgré la réticence de Grubb, le roi Abdallah lui ordonne d’entrer dans Jérusalem[8]. Pendant qu’une partie de la Légion combat dans la Vieille-ville, le reste occupe la région de Latroun, où il coupe la route vers Tel-Aviv[9]. Malgré les attaques répétées des Israéliens, la Légion parvient à tenir ses positions et se retrouve progressivement seule à garder la frontière, les autres pays arabes se retirant progressivement[10].

Fin de la Légion arabe

À la signature de la paix de Rhodes en 1949, l’effectif atteint 12 000 hommes, mais la plupart ont été recrutés à la hâte et sont mal formés, problème aggravé par le manque d’officiers expérimentés. Les Britanniques apportent leur aide, à la fois financièrement et en fournissant un encadrement, mais cette assistance est progressivement remise en cause au cours des années 1950, étant perçue par une partie de la population comme de l’ingérence[10]. Grubb essaie d’organiser une transition en douceur de l’encadrement britannique vers un encadrement arabe, mais l’augmentation des critiques dans le contexte des émeutes de 1955 amène le roi Hussein à renforcer sa politique d’arabisation de l’armée. Grubb est ainsi limogé le , de même que les soixante-cinq officiers britanniques restant[11]. Le même jour, la radio d’État proclame que la Légion arabe est remplacée par l’Armée arabe jordanienne[12].

Composantes

Infanterie

Pendant la Seconde Guerre mondiale, la Légion arabe adopte l’organisation de l’infanterie britannique, avec deux brigades de trois régiments chacune. S’y ajoutent des compagnies indépendantes de « Gardes », qui, dotée d’un équipement rudimentaire et peu entraînées, sont plutôt destinées à assurer des missions de sécurité sur les arrières, et la Desert Mechanized Force, qui, contrairement à ce que semble indiquer son nom, n’est pas mécanisée mais uniquement équipée de camions. À cette date il existe une séparation stricte dans le recrutement entre cette dernière, qui est uniquement composée de bédouins, et le reste de l’infanterie, dont les hommes sont des haderi, des habitants des villes et villages[13].

Les effectifs s’accroissent considérablement à partir de 1949, avec la formation d’une division divisée en trois brigades de trois bataillons selon le système britannique. S’y ajoute un dixième bataillon, appelée « régiment hashemite », qui sert de réserve[13]. Les bataillons comptent quatre compagnies de trois pelotons d’infanterie, une compagnie de support dotée d’un peloton de mitrailleuses, un peloton de mortiers, un peloton anti-char et, dans certains, cas un peloton de pionniers et enfin une compagnie de commandement divisée en un peloton de transmissions, un peloton de transport et un peloton administratif. L’effectif total d’un bataillon est généralement compris entre huit et neuf cents hommes[14]. En dépit de ces changements, la politique de recrutement reste la même, les bédouins et les haderi n’étant pas mélangés, mais forment des bataillons ethniquement homogènes[15].

Pendant toute son existence, l’infanterie de la Légion reste cependant handicapée par le manque d’officiers expérimentés. Ce n’est en effet qu’avec la Seconde Guerre mondiale, et surtout avec la guerre contre Israël en 1948, que la Légion se trouve confrontées à des armées organisées. Il est de fait difficile de trouver des officiers arabes avec une culture militaire de plusieurs décennies, ce qui explique pourquoi une partie des officiers supérieurs sont britanniques[16].

Police

Pendant les vingt premières années de la légion arabe, peu de distinction est faite entre la police et l’armée. Toutefois, pendant la Seconde Guerre mondiale, les deux éléments sont séparés de manière plus claire, bien que le commandement reste commun[17].

La police compte elle-même plusieurs branches. La police, dont les agents sont reconnaissables à leur casquette à pointe, opère à pied et s’occupe du maintien de l’ordre dans les zones urbanisées. La gendarmerie de son côté patrouille à cheval dans les régions rurales. S’y ajoute au début des années 1930 la patrouille du désert, composée de bédouins surveillant les zones désertiques à dos de chameau. L’équipement est léger, les agents étant rarement armés plus lourdement qu’avec des pistolets et des fusils[17].

Marine et aviation

Bien que la Jordanie ait depuis sa création un débouché sur Golfe d'Aqaba, c’est dans le but de contrôler la Mer Morte face aux Israéliens qu’une composante maritime est ajouté à la Légion arabe en 1948. Celle-ci reste longtemps primitive, étant constituée de bateaux de diverses origines modifiés sur place pour emporter des mitrailleuses ou des tourelles prélevées sur les anciennes automitrailleuses Marmon-Herrington. Ce n’est qu’en 1955 que la Légion reçoit deux vedettes rapides spécialement conçues pour le lac, avec un traitement spécial leur permettant de mieux résister à la corrosion engendrée par le haut degré de salinité de l’eau[18].

Tout comme la marine, l’aviation de la Légion arabe ne s’est mise en place que tardivement et n’a jamais été de grande ampleur. En 1954, les forces aériennes de la Légion se résument à deux De Havilland Dove, un Vickers Viking et un Monarch, ce dernier étant toutefois détruit dans un accident quelques semaines après son arrivée. L’année suivante, quelques appareils sont achetés à Auster Aircraft pour servir d’avions d’observation et à la fin de l’année, des équipages commencent à être formés sur le chasseur à réaction De Havilland Vampire. la démarche n’aboutit cependant pas avant la fin de la Légion arabe et la composante aérienne devient à partir de l’armée royale de l’air jordanienne[19].

Annexes

Grades

Tableau des grades de la Légion arabe et de leurs équivalents[20]
Légion arabeÉquivalent Titre
Al FariqGénéral de corps d’armée Pasha
Amir al Liwa Général de division
Zaim Général de brigade Bey
Qaimakam Colonel
Qaid Lieutenant-colonel
Wakil Qaid Commandant
Rais Capitaine
Mulazim Awal Lieutenant Effendi
Mulazim Thani Sous-lieutenant
Morasha Élève-officier
Waqil Adjudant
Naqib Sergent d’état-major
Naib Sergent Aucun
Areef Caporal
Jundi Awal Lance-caporal
Jundi Thani Soldat

Bibliographie

  • (en) Peter Young, The Arab Legion, vol. 2, Reading, Osprey Publishing, coll. « Men-at-Arms », (ISBN 0850450845).

Liens externes

Notes et références

  1. Young 1972, p. 4.
  2. Young 1972, p. 4-5.
  3. Young 1972, p. 5.
  4. Young 1972, p. 6.
  5. Young 1972, p. 6-7.
  6. Young 1972, p. 7.
  7. Young 1972, p. 8.
  8. Young 1972, p. 9.
  9. Young 1972, p. 10.
  10. Young 1972, p. 11.
  11. Young 1972, p. 13.
  12. Young 1972, p. 14.
  13. Young 1972, p. 21.
  14. Young 1972, p. 23.
  15. Young 1972, p. 21-22.
  16. Young 1972, p. 22.
  17. Young 1972, p. 35.
  18. Young 1972, p. 34.
  19. Young 1972, p. 33-34.
  20. Young 1972, p. 37.
  • Portail sur le conflit israélo-arabe
  • Portail de la Seconde Guerre mondiale
  • Portail de la Jordanie
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.