Palestine mandataire
Les noms de Palestine mandataire, ou Palestine sous mandat britannique[1],[2], désignent le statut politique proposé par la Société des Nations en 1920, mandat établi à partir de 1923, pour le territoire de la Palestine antérieurement partie de l’Empire ottoman.
Cet article concerne la Palestine sous le mandat britannique. Pour les autres usages du terme, voir Palestine (homonymie).
(en) Mandate for Palestine
(ar) الانتداب البريطاني على فلسطين
(he) המנדט הבריטי על פלשתינה א"י
1920 (mandat provisoire) - 1923 (mandat définitif) – 1948 (fin du mandat)
Drapeau |
Statut | Mandat de la Société des Nations exercé par le Royaume-Uni |
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Capitale | Jérusalem |
Langue(s) | Anglais, arabe, hébreu |
Monnaie | Livre de Palestine |
Superficie (1931) | 26 625,6 km2 |
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Assignation du mandat | |
Contrôle assuré officiellement par le Royaume-Uni | |
Fin du mandat et fondation d’Israël |
Entités précédentes :
Entités suivantes :
- Émirat de Transjordanie
- Israël
- Gouvernement de toute la Palestine dans la bande de Gaza administrée par l'Égypte
Le , la conférence de San Remo, après avoir décidé que les territoires arabophones de l'Empire ottoman, partie des Empires centraux défaits au cours de la Première Guerre mondiale, ne seraient pas restitués à la Turquie[3], adopte une résolution attribuant au Royaume-Uni un mandat sur la Palestine[4]. Il ne s'agit que d'un mandat provisoire, appelé à être confirmé par la Société des Nations, qui précise qu'à l'est du Jourdain certaines de ses dispositions pourraient ne pas être applicables sous réserve de l'approbation de la Société des Nations, mais que les Britanniques décident de mettre en œuvre dès [3]. Le , les Britanniques déposent leur projet de mandat définitif[5]. Le Conseil de la Société des Nations[6] l'approuve le [7]. Le , le Conseil de la Société des Nations vote une résolution agréant la proposition de la part du Royaume-Uni d’exclure la Transjordanie de l’ensemble du territoire de la Palestine[8] et le mandat définitif entre en vigueur le [9]. Ses termes exacts et sa délimitation ont été l’objet de tractations entre Britanniques, Français, Arabes et Juifs dans le contexte des différents accords et promesses passés entre eux.
Le mandat a pour objectif la mise en place en Palestine d’un « foyer national pour le peuple juif sur la base du lien historique existant entre le peuple juif avec la Palestine dans le but de reconstruire leur foyer national dans ce pays[10], étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte aux droits civiques et religieux des collectivités non juives existantes en Palestine », tel que défini par la déclaration Balfour de 1917 et repris dans les dispositions du mandat.
Au niveau démographique, la population de la Palestine passe de 94 000 Juifs (60 000 Juifs selon Justin Mc Carthy, Henry Laurens et Nadine Picaudou)[11],[12],[13], 525 000 musulmans et 70 000 chrétiens en 1914 à 630 000 Juifs, 1 181 000 musulmans et 143 000 chrétiens en 1947, peu avant la fin du mandat[14].
La Palestine mandataire fut le terrain d'un conflit de plus en plus violent entre Arabes et Juifs palestiniens dont les revendications nationalistes respectives ne purent être conciliées par les Britanniques. Ainsi, entre 1936 et 1939, une grande révolte arabe éclata.
Après la Seconde Guerre mondiale, le , le royaume hachémite de Transjordanie est créé. En , les Britanniques remettent la question de la Palestine et leur mandat à l’ONU. Finalement, le mandat aboutit à son terme à la fondation de l’État d’Israël, le (date de retrait de l'administration britannique), ce qui entraîna la guerre de Palestine.
Origines et mise en place du Mandat
Cadre juridique
Le texte du mandat est formellement confirmé par les Nations unies le 24 juillet 1922, et prend effet le 29 septembre 1923. Le mandat a pour but de rendre effectifs l'article 22 du pacte de la Société des Nations et les résolutions de San Remo du 25 avril 1920. Le préambule reconnait la responsabilité du Royaume-Uni dans l'application de la déclaration du 2 novembre 1917, en accord avec les principales puissances alliées, afin de favoriser l'établissement en Palestine d'un foyer national pour le peuple juif[15].
Le mandat était un instrument juridique et administratif[16]. Les accords de San Remo ne définissent pas précisément de frontières au mandat[17]. En , selon Balfour, la Palestine comprend des territoires à l'est du Jourdain. La proposition britannique à la conférence de 1919 propose de fixer la séparation à 10 km de cette rivière[17]. La frontière nord du mandat est définie selon les accords franco-britanniques de 1920 puis est modifiée avec les accords Paulet-Newcombe. La frontière sud reste inchangée depuis les accords entre l'Égypte et l'Empire ottoman de 1906 et celle de la Transjordanie reste indéterminée jusqu'à son tracé par Winston Churchill en 1921 et est définie par les accords de Hadda. La frontière de la Transjordanie avec l'Irak n'est déterminée qu'en 1922 et formellement documentée en 1932[18]. Le gouvernement turc renonce définitivement au territoire de la Palestine avec la signature du traité d'Ankara en 1921[19].
La liberté de conscience et la liberté de culte sont garanties par l'autorité mandataire selon l'article 15 du mandat.
Administration | |||||
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Année | Date | Document | Palestine | Transjordanie | |
1920 | La conférence de San Remo acte l'assignation d'un mandat pour la Palestine à la Grande-Bretagne | Administration d'un territoire ennemi occupé (en) | Royaume de Syrie / Royaume du Hedjaz | ||
Bataille de Khan Mayssaloun | |||||
Signature du traité de Sèvres | |||||
Proclamation d'Herbert Samuel à Salt | |||||
1921 | 12- | Conférence du Caire | |||
L'émirat de Transjordanie est établi | |||||
1922 | Les termes du mandat sont acceptés par la Société des Nations | ||||
La Grande-Bretagne met fin au gouvernement militaire par un décret en conseil. | |||||
Mémorandum de Transjordanie (en) | |||||
1923 | Déclaration d'indépendance | ||||
Le mandat prend effet | |||||
Signature des accords
Durant la Première Guerre mondiale, les Britanniques cherchent auprès des Arabes un soutien pour mener leur offensive contre l’Empire ottoman à partir de l’Égypte. L’officier britannique Thomas Edward Lawrence, connu plus tard en tant que « Lawrence d’Arabie », est chargé de la prise de contact et des négociations avec les Arabes. Ceux-ci acceptent de se révolter à la suite des promesses écrites (correspondance Hussein-MacMahon de 1915) faites par Henry McMahon à Hussein ibn Ali en 1915. En parallèle, les Britanniques et les Français se partagent en secret le Moyen-Orient dans le cadre des accords Sykes-Picot signés en 1916. En 1917, les Britanniques officialisent leur soutien à l’« établissement d’un foyer national juif en Palestine » par une lettre ouverte adressée à Lord Lionel Walter Rothschild (1868-1937), qui est publiée le par Arthur Balfour, le ministre britannique des Affaires étrangères, en accord avec Chaim Weizmann, alors président de la Fédération sioniste. Cette lettre est connue sous le nom de déclaration Balfour de 1917. Plusieurs raisons différentes ont été évoquées par les historiens pour justifier la décision de Lord Balfour.
La même année, le corps expéditionnaire du général Edmund Allenby, comprenant notamment les volontaires juifs de la Légion juive, repousse hors de Palestine les forces ottomanes et allemandes avec le soutien des forces arabes d’Hussein qui prennent Damas.
Conférences et négociations
Dès la fin de la guerre, les représentants des organisations sionistes mettent en place en Palestine les structures de base d'un « foyer national juif ».
En 1919, à la conférence de la paix de Paris, les États victorieux se partagent l’Empire ottoman et y décident notamment de la mise en place de mandats. Les représentants sionistes et arabes y font également valoir leurs revendications : Weizmann et Fayçal y négocient un accord où ce dernier reconnaît la légitimité des aspirations sionistes à la condition que les Britanniques respectent les promesses de McMahon à Hussein.
Ces dernières sont néanmoins contraires aux accords Sykes-Picot. Les Français veulent établir leurs mandats en Syrie et au Liban tandis que Fayçal revendique ces territoires dans son royaume de Grande Syrie, incluant la Palestine. Des heurts opposent régulièrement combattants arabes et soldats français. Des manifestations pro-Fayçal et antisionistes sont régulièrement organisées en Syrie et en Palestine.
En , quelques jours avant la conférence de San Remo où le sort de la région doit se décider, des émeutes éclatent à Jérusalem. Elles sont fomentées par plusieurs représentants nationalistes arabes partisans de Fayçal avec le soutien probable de hauts officiers britanniques[20]. Elles font 10 morts et près de 250 blessés[21].
Le , la conférence de San Remo entérine malgré tout la décision de mise en place des mandats français en Syrie et au Liban et celle d’un mandat britannique sur la Palestine. En juillet, Herbert Samuel, un Britannique juif pro-sioniste, prend ses fonctions en Palestine en tant que premier haut-commissaire tandis que Fayçal est chassé de Damas par les troupes françaises.
Définition finale du mandat et de ses frontières
Le mandat[22] indique que le Royaume-Uni doit notamment :
- « placer le pays dans des conditions politiques, administratives et économiques qui permettront l’établissement d’un foyer national juif et le développement d’institutions d’autogouvernement » ;
- « faciliter l’immigration juive et encourager l’installation compacte des Juifs sur les terres ».
Toutefois, en vertu des accords entre McMahon et le chérif de la Mecque de 1916 promettant l'indépendance arabe notamment dans les territoires situés à l’est du « sandjak de Jérusalem »[23],[24], de la déclaration Balfour de 1917 promettant l'établissement d'un foyer national juif en Palestine, à la suite des émeutes de Jérusalem de 1920 et de nouvelles émeutes en 1921 et des revendications territoriales du mouvement sioniste, et à la suite de la création de l'émirat de Transjordanie en 1921, les autorités britanniques précisent, avant sa publication finale, plusieurs limites dans la portée du mandat sur la Palestine.
Dans son Livre blanc de 1922[23], Winston Churchill souligne que ces dispositions ne signifient pas, comme les représentants sionistes l’estiment, que : « la Palestine en entier devrait être convertie en un foyer national juif, mais qu’un tel foyer devrait être fondé en Palestine. »
Concrètement, par ces dispositions, les Britanniques limitent le mandat et de facto concentrent l’immigration juive aux territoires situés à l’ouest du Jourdain. Les Britanniques exigent également des autorités sionistes qu’elles reconnaissent ces faits avant la publication officielle des termes du mandat. Chaim Weizmann finit par les accepter[25] malgré les prétentions sionistes qui revendiquaient le droit d’étendre leur foyer national à une partie de la Transjordanie (ainsi qu’à une partie du Liban et du plateau du Golan)[26].
Pour officialiser ces mesures, peu avant la publication officielle des termes du mandat, un article supplémentaire, le 25e[27], lui est ajouté qui stipule que :
- « dans les territoires situés entre le Jourdain et les frontières est [du mandat] de Palestine comme déterminées ultérieurement, le mandataire pourra (…) reporter (…) l’application de certaines [de ses] clauses. (…) ».
L’ensemble des dispositions est entériné par la Société des Nations le [24],[26]. Elles entrent officiellement en vigueur le quand les Français et les Britanniques officialisent le tracé des frontières entre leurs mandats.
Les territoires du mandat britannique correspondent à l’Israël moderne et à la Jordanie.
Histoire
Conquête du territoire aux Ottomans
- , parade militaire à Jérusalem.
- Le général Allenby entre à Jérusalem le .
- Dans les tranchées à Arsouf le .
- Troupes néozélandaises franchissant le Jourdain.
Le conflit entre Arabes et Juifs
La partie située à l’ouest du Jourdain conserve le nom de Palestine. Pour répondre aux termes du mandat, l’Agence juive est créée. Elle favorise une large immigration juive[29]. L’Agence juive devient progressivement un proto-État doté d’une assez large autonomie au sein de l’empire britannique.
La population juive passe de 85 000 en 1914 à 630 000 en 1947[30]. Selon Justin Mc Carty, Henry Laurens et Nadine Picaudou, la population juive en 1914 est autour de 60 000. Nadine Picaudou écrit dans Les Palestiens Un siècle d'histoire (Ed. Complexe 1997, 2003) que « le chiffre de 85 000 a été diffusé par J. B. Baron, premier directeur du recensement dans la Palestine du mandat et repris à Arthur Ruppin responsable du Bureau de la colonisation juive. Or les archives ottomanes recensent 38 000 Juifs nationaux auxquels il convient d'ajouter une frange de non-nationaux qui porterait le total de la population juive de Palestine à la veille de la guerre à environ 60 000. Le rectificatif est d'autant plus important que les statistiques postérieures à la guerre font état de 55 000 Juifs sur le territoire palestinien ». Dans La Question de Palestine tome premier, Henry Laurens écrit que « le nombre - repris de livre en livre - de 80 000 Juifs en 1914 est probablement exagéré. On peut estimer plus raisonnablement qu'ils sont environ 60 000 en 1914 »[11],[12],[13],[31].
La population arabe rejette le projet sioniste et aspire également à son indépendance. Des manifestations sont organisées contre l’immigration juive et contre le mandat. Des délégations sont envoyées auprès des autorités de Londres. Des troubles éclatent également (émeutes de 1920, 1921 et 1929) en réponse de quoi les autorités mandataires envoient des commissions d’enquête (comme la commission Shaw après les émeutes de 1929 ou la commission Peel en 1937. Les troubles aboutissent à un véritable soulèvement lors de la révolte arabe de 1936-1939.
À partir de 1925, le cheikh syrien Izz al-Din al-Qassam conduit un mouvement visant à mettre fin au mandat britannique, sous le couvert d'activités religieuses ce qui lui permettait de ne pas être inquiété par les autorités britanniques, composé de cellules de cinq personnes, constituées surtout de paysans qui ont perdu leur bien et étaient nombreux dans les quartiers misérables de Haïfa[32]. Le mufti Mohammed Amin al-Husseini est fortement opposé à ses actions ouvertes. Le cheikh est finalement tué en 1935 par les Britanniques qui l’assiègent avec deux cents de ses partisans[32]. Sa mort est l'un des éléments déclencheurs de la grande révolte arabe de 1936-1939 qui voit les Arabes palestiniens, secondés par des volontaires des pays voisins, entrer en lutte armée contre les Britanniques. Ces derniers décident de mater la révolte violemment et dépêchent en Palestine plusieurs divisions pour combattre les Arabes. Ils se font seconder par des unités para-militaires sionistes « Special Night Squads » et la « Jewish Settlement Police ». En riposte aux attaques arabes, l’Irgoun, une milice sioniste de droite, organise de son côté de nombreux attentats. Fin 1939, la révolte aura fait près de 5 000 morts et son échec militaire aboutit au démantèlement des forces paramilitaires arabes et à l'arrestation ou à l'exil de ses dirigeants. Elle provoque le renforcement des forces paramilitaires sionistes, notamment avec le soutien des Britanniques. Au total, la révolte arabe a fait, selon Dominique Perrin, environ 7 000 morts et blessés dont 3 500 Arabes, 2 500 Juifs et 600 Britanniques[33].
L'importance stratégique de la Palestine s'est encore accrue avec l'ouverture de l'oléoduc de Mossoul à Haïfa en 1935. Afin d'apaiser le mécontentement des Arabes et craignant de faire basculer les pays arabes dans le camp de l’Allemagne à la veille de la Seconde Guerre mondiale, les Britanniques publient, en 1939, un troisième Livre blanc par lequel ils réduisent drastiquement l’immigration juive, limitent la vente de nouvelles terres aux Juifs et annoncent que, sous dix ans, la Palestine pourra devenir un État indépendant unitaire, comme l’exigent les représentants arabes palestiniens[34].
Seconde Guerre mondiale
Durant la Seconde Guerre mondiale, la Palestine reste à l’abri des combats même si elle fait l’objet d’attaques de la part de l’Axe, notamment de raids aériens italiens en 1940 et 1941[35].
Les Palestine Regiments, comportant des bataillons juifs et arabes, participent au sein des troupes britanniques aux combats en Europe méditerranéenne[36] comme à ceux du Moyen-Orient. Le gouvernement britannique refuse initialement la proposition de l’Organisation sioniste mondiale de constituer une force armée juive clairement identifiée en tant que telle[36] mais accepte la création de la Brigade juive à l’automne 1944[36].
Le grand mufti de Jérusalem, Mohammed Amin al-Husseini, principal instigateur de la grande révolte arabe de 1936 a fui la Palestine en 1937 pour le mandat français au Liban. Il sera ensuite expulsé d'Irak[37]. Durant la guerre, il soutient la révolte anti-britannique de Rachid Ali al-Gillani puis se réfugie en Italie et en Allemagne. Il y collabore avec les nazis, notamment en participant à la création de la 13e division SS Handschar, avec des effectifs bosniaques[37] et en participant à des émissions de propagande anti-britannique[38].
La Seconde Guerre mondiale est globalement une période de trêve entre les protagonistes. Mais avant même la fin de celle-ci, l’Irgoun appuyé par le groupe Stern entre en conflit avec le Royaume-Uni en réaction à l’interdiction de l’immigration des Juifs en Terre d'Israël. Pendant un temps, ils sont secondés par la Haganah et le Palmah. Ces groupes utilisent la lutte armée contre l’administration et les soldats britanniques. Par exemple, le , le ministre-résident Lord Moyne est assassiné au Caire par des membres du groupe Stern.
Le , un attentat terroriste de l’Irgoun contre l’hôtel King David, centre de l’administration britannique à Jérusalem, fait 92 morts, en dépit du probable avertissement[39] donné avant l'explosion[40]. Malgré leurs 100 000 hommes en Palestine, les Britanniques sont démunis face à cette violence qu’ils ne peuvent mater comme la révolte arabe de 1936. Selon Henry Laurens, il n’est pas possible pour eux d’utiliser contre des Occidentaux, et de surcroît contre des Juifs après la Shoah, des méthodes utilisées contre des indigènes. Devant leur incapacité à concilier les points de vue arabe et juif, face aux coups reçus et aux trop nombreuses pertes, ils décident en de mettre un terme à leur mandat et de remettre la « question de la Palestine » à l’ONU. Les événements se calment après cette annonce britannique.
Fin du mandat britannique, nouveaux conflits entre Juifs et Arabes
Après avoir envoyé une commission d’enquête, l’Assemblée générale des Nations unies vote le le plan de partage de la Palestine entre un État juif, un État arabe et une zone sous contrôle international autour de Jérusalem. Les autorités sionistes, à l’exception des révisionnistes de Menahem Begin, acceptent le plan de partage, tandis que les représentants arabes palestiniens et les nations arabes le rejettent, par l’injustice qu’ils estiment qu’il représente et persuadés de rapidement gagner tout conflit militaire contre la communauté juive de Palestine[41].
Entre le vote du plan de partage et la fin officielle du mandat six mois plus tard, la Palestine connaît une période de guerre civile entre ses communautés juive et arabe. La violence va aller croissant, en particulier dans les centres urbains de Jérusalem, Haïfa et Jaffa et des attentats à la bombe sont perpétrés. Bien qu’ils soient responsables de l’ordre pour encore six mois, les Britanniques démissionnent et se contentent de veiller sur leurs routes d’évacuation. La situation évolue rapidement en conflit armé : fin mars, un rapport fait état de 2 037 morts et 4 275 blessés[42]. Des volontaires arabes étrangers entrent en Palestine mandataire et début avril, la Haganah passe à la contre-offensive. Des massacres sont perpétrés dans le village arabe de Deir Yassin le et au mont Scopus contre un convoi de personnels médicaux et de patients se rendant au centre médical juif Hadassah (en) le 13. Une partie de la population arabe palestinienne fuit les combats ou est expulsée, une autre reste comme dans le village d'Abou Gosh.
L’administration britannique se termine le . Les soldats anglais se sont retirés progressivement de la région. Israël déclare alors son indépendance. Le lendemain du terme du mandat et du fait du rejet du plan de partage de la Palestine par les Arabes palestiniens et les pays arabes, la première guerre israélo-arabe commence avec l’entrée en Palestine de plusieurs corps expéditionnaires arabes.
Population
Démographie
En 1920, la majorité des 750 000 habitants environ de cette région multiethnique étaient des musulmans de langue arabe, y compris une population bédouine (estimée à 103 331 lors du recensement de 1922[43] ; ils étaient concentrés dans la région de Beer-Sheva, ainsi que dans la zone à l’est et au sud de cette ville). On y trouvait également des Juifs, tout comme des groupes plus petits de Druzes, Syriens, Soudanais, Circassiens, Égyptiens, Grecs et Arabes d’Hedjaz.
Les recensements, effectués à l’époque par les Britanniques, ne pouvaient tenir compte de l’immigration illégale des Juifs ou des Arabes, et il n’y avait pas assez d’informations pour fournir des estimations de ces nombres. Certains chercheurs ont donc utilisé des données de recensements provenant de régions environnantes et des modèles statistiques, couplés aux recensements élaborés par les Britanniques, dans le but d’estimer les immigrations clandestines durant cette période[44].
En 1920, un rapport de la Société des Nations évalue la population globale à 700 000 personnes, dont 76 000 Juifs[45]. En 1922, le premier recensement britannique de la Palestine montre une population de 757 182 habitants et en 1931, le second recensement britannique de la Palestine montre une population de 1 035 154 habitants. Il n’y eut pas de recensement ultérieur, mais les statistiques ont été maintenues en comptant les naissances, les décès et les migrations. Certaines données, telles que l’immigration illégale, ne peuvent être estimées qu’approximativement. Le Livre blanc de 1939, qui mettait en place des restrictions concernant l’immigration des Juifs, déclarait que le nombre de Juifs « s’élevait à 450 000 » et approchait « le tiers de la population totale du pays ». En 1945, une étude[46] montre que la population se monte à 1 845 560 habitants, dont 1 076 780 musulmans, 608 230 juifs, 145 060 chrétiens et 15 490 personnes d’autres groupes.
Année | Total | Musulmans | Juifs | Chrétiens | Autres |
---|---|---|---|---|---|
1922 | 752 048 | 589 177 (78 %) |
83 790 (11 %) |
71 464 (10 %) |
7 617 (1 %) |
1931 | 1 033 314 | 759 700 (74 %) |
174 606 (17 %) |
88 907 (9 %) |
10 101 (1 %) |
1945 | 1 845 960 | 1 076 780 (58 %) |
608 230 (33 %) |
145 060 (8 %) |
15 490 (1 %) |
Selon les données provenant de Survey of Palestine de 1945, la population musulmane est majoritaire dans l'ensemble des sous-districts à l'exception de ceux de Haïfa et de Jaffa ainsi que dans celui de Jérusalem, qui a des populations musulmane et juive équivalentes (qui forment ensemble 80 % de la population du sous-district)[47].
Année | Estimation du nombre de Juifs[48],[49] |
---|---|
1915 | 87 500 |
1931 | 174 000 |
1936 | > 400 000 |
1947 | 630 000 |
Éducation
Le système éducatif du mandat était une continuation directe de celui initié par les Ottomans. Le syllabus d'histoire comprenait le développement de la société humaine depuis les temps préhistoriques ainsi que l'histoire de la région et de l'administration britannique de celle-ci[50],[51]. Les établissements primaires, comprenaient quatre à cinq années d'étude, au cours desquels étaient appris la religion, l'arabe, l'arithmétique, l'hygiène, le dessin, l'anglais, le travail manuel et agricole[52]. La population juive possédait ses propres institutions.
Les rapports Hope-Simpson (en) (1930) et Peel (1937) reprochèrent à l'administration britannique de ne pas créer suffisamment de structures et d'initiatives éducatives. À la suite de cela, les Britanniques lancèrent un programme d'éducation agricole dans les villages, ce qui permit l'acquisition de nouveaux instruments, de nouvelles techniques agricoles ainsi que de nouvelles plantations (blé, maïs, épinard, laitue, chou, etc.). De 1928 à 1945, le nombre de « jardins éducatifs » passe d'approximativement 50 à 226 et à 100 pour les écoliers juifs[53]. Durant cette période, la population juive fonde des universités[54].
Des écoles protestantes ainsi que les sœurs de Saint Joseph et les sœurs de Sion ouvrent pendant le mandat l'éducation aux filles[55].
Sport
L'équipe nationale de la Palestine Football Association (PFA) durant le mandat britannique en Palestine, reconnue par la FIFA, était « composée exclusivement de joueurs juifs et la musique jouée en ouverture (en 1934) est l’Hatikvah, l'hymne officiel du mouvement sioniste »[56].
Économie
En 1923 est fondée la compagnie électrique Jaffa Electric Company par Pinhas Rutenberg qui fonde également, en 1934, la première compagnie aérienne Palestine Airways (en).
La plus importante zone industrielle se trouvait à Haïfa[58].
À Tel Aviv, de 1923 à 1926, est édifiée une première usine textile, Lodzia House (« la maison de Lodz »), à proximité du chemin de fer ottoman Jaffa-Jérusualem. Les locaux étant devenus trop exigus, hommes et machines déménagent, en 1935, à Holon, au sud de Tel Aviv[59],[60].
Propriété terrienne
En 1931, le territoire de la Palestine mandataire avait une superficie de 26 625 600 dounams (26 625,6 km2), dont 8 252 900 dounams (8 252,9 km2) de terres arables[61] et 17 224 328 dounams de terres incultivables.
Des statistiques officielles[62],[63] montrent que les Juifs possédaient 1 393 531 dounams (1 393,53 km2) de terre en 1945. Estimer le volume total de terres que les propriétaires juifs avaient acquis aux environs du 15 mai 1948 est compliqué, autant par les transferts non-déclarés de terres que par le manque de données sur les concessions de terres de l’administration palestinienne après le [64]. Selon Avneri, les Juifs possédaient 1 850 000 dounams (1 850 km2) de terres en 1947[65]. Stein estime cette superficie à 2 000 000 dounams (2 000 km2) en [66].
En 1943, 1 542 680 dounams sont des terres de l'État appartenant à l'autorité britannique, dont 175 088 dounams sont cédés aux Juifs[67].
Tourisme
Le tourisme se développe lentement et parallèlement aux développements initiés par le mouvement sioniste au début du XXe siècle.
Pour le promouvoir, trois hôtels de luxe sont construits à la fin des années 1920 à Jérusalem dans le quartier de Mamilla, pour accueillir le flot de voyageurs issus des trois monothéismes et voulant se rendre sur les lieux saints : le King David Hotel (1930) pour les Juifs, le Palace Hotel (1929) pour les musulmans et le St-Julian Hotel pour les chrétiens — les touristes ne voulant plus loger dans les hôtels vieillots, les pensions de famille, les monastères ou sous des tentes comme encore au début du siècle. L'accueil hôtelier était également dépassé dans les lieux touristiques et historiques de Haïfa, Nazareth, Tibériade, Jaffa et Jérusalem à l'ère du mandat britannique, si bien que d'autres hôtels de qualité répondant aux normes européennes de confort sont construits dans les années 1930 sur le territoire palestinien[68].
Le tourisme national musulman se développe dans les années 1920 par le biais du Conseil musulman suprême (SMC) sous la direction du leader nationaliste palestinien Mohammad Amin al'Hadj al'Husseini (commanditaire du Palace Hotel) qui le promeut au moyen de guides et de programmes de pèlerinage pour les touristes musulmans, encouragé en cela par les mouvements nationalistes des pays arabes voisins, et fournit ainsi le début d'une identité culturelle, territoriale et politique aux musulmans de Palestine[69]. Aussi montre-t-il la relation entre la construction de la nation, l'architecture, la mémoire et le tourisme, face à l'émigration sioniste et à la montée du tourisme juif florissant[68].
En 1934, les hôteliers pionniers fondent une association nationale pour établir des normes de chambres d'hôtel et faire connaître les hôtels de Palestine appartenant aux Juifs, à travers la presse.
La richesse archéologique et naturelle au sein d'un territoire relativement peu étendu rend le territoire intéressant sur le plan touristique. Un département des antiquités est créé[70]. Pendant l'entre-deux-guerres, les journaux sionistes publient des illustrations et des récits touristiques de la région[71]. Le tourisme était utilisé pour encourager les Juifs européens à émigrer vers la région[72]. En 1948, 4 500 touristes visitent le nouvel État juif[73].
Administrateurs britanniques
Chefs-administrateurs britanniques de Palestine
Nom | Dates |
---|---|
Edmund Allenby | 1917-1918 |
Sir Arthur Wigram Money (en) | 1918-1919 |
General Louis Jean Bols | 1919-1920 |
Hauts-commissaires britanniques pour la Palestine
Nom | Dates |
---|---|
Sir Herbert Louis Samuel | 1920-1925 |
Sir Gilbert Falkingham Clayton (en) | Mai-décembre 1925 |
Herbert Onslow Plumer | 1925-1928 |
Sir Harry Charles Luke (en) | 1928 |
Sir John Chancellor | 1928-1931 |
Sir Mark Aitchison Young | 1931-1932 |
Sir Arthur Grenfell Wauchope | 1932-1937 |
William Denis Battershill (de) | 1937-1938 |
Sir Harold MacMichael | 1938-1944 |
John Vereker | 1944-1945 |
Sir Alan Gordon Cunningham | 1945-1948 |
Notes et références
Notes
Références
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Voir aussi
Sources primaires
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- (en) Rashid Khalidi, The Iron Cage : The Story of the Palestinian Struggle for Statehood, Beacon Press, (ISBN 0-8070-0308-5, lire en ligne).
Articles connexes
- Drapeau de la Palestine mandataire
- Guerre civile de 1947-1948 en Palestine mandataire
- Société des Nations
- Mandat de la Société des Nations
- Histoire des Juifs en terre d’Israël
- Histoire du sionisme, des origines à nos jours
- Opération Agatha, également connue sous le nom de Shabbat Noire ou Samedi Noir
- Plan de partage de la Palestine de 1947
- Histoire de l'État d'Israël, pour la période postérieure à 1948
- Palestine
- Syrie mandataire
- État du Grand Liban
- Mandat britannique de Mésopotamie
- Sous-districts de la Palestine mandataire
- Association des femmes arabes
Liens externes
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