Les Dossiers de l'écran

Les Dossiers de l'écran est une émission de télévision française créée par Armand Jammot et diffusée à partir du sur la deuxième chaîne de l'O.R.T.F., puis sur Antenne 2, jusqu'au .

Les Dossiers de l'écran
Genre Magazine de société, émission de débat
Périodicité hebdomadaire, mensuelle, puis deux fois par mois
Création Armand Jammot
Ancienne présentation Yves Courrière (1967-1968)
Alain Jérôme (1967-1987)
Joseph Pasteur (1967-1980)
Charles Villeneuve (1987-1988)
Musique Morton Gould
Thème du générique Protest (Spirituals for Orchestra)
Pays France
Langue Français
Nombre de saisons 24
Production
Format d’image 4/3 noir et blanc puis couleur
Format audio Mono
Production Armand Jammot
Société de production Société française de production (1975-1991)
O.R.T.F. (1967-1974)
Diffusion
Diffusion Antenne 2
Ancienne diffusion Deuxième chaîne couleur de l'O.R.T.F. (1967-1974)
Date de première diffusion
Date de dernière diffusion
Public conseillé Tout Public
Chronologie

Sa programmation est hebdomadaire jusqu'en 1981. En 1982, elle est programmée mensuellement (le premier mardi du mois) puis deux fois par mois à partir de la rentrée 1987.

Émission de débat sur des sujets de société, elle est constituée par la diffusion d'un film thématique, suivi par le débat en lui-même. Son générique, tiré du quatrième mouvement (Protest) des Spirituals for string Choir and Orchestra de Morton Gould, reste dans les mémoires.

Historique

Le producteur des Dossiers de l'écran, Armand Jammot, craint que ce nouveau concept ne soit pas couronné de succès. Pour cette raison, il fait initialement louer le décor de l'émission pour quatre soirées seulement[1].

L'émission a permis d'aborder certains grands problèmes de société des décennies 1960 à 1980.

Le premier numéro est consacré aux criminels de guerre nazis ; les invités furent Alfred Grosser, Michel del Castillo, Charles Dubost, M. Ruehl (journaliste allemand), Alain Pujol (journaliste, présenté comme « spécialiste du nazisme »), Jean-Marc Théolleyre, Michel Borwicz, Gilbert Ziebura (professeur à l'université de Berlin-Ouest) et le colonel Turrow (militaire américain, chargé de l'arrestation des criminels de guerre nazis)[2].

Des numéros exceptionnels mirent à l'honneur les premiers hommes à marcher sur la Lune en 1969, ou virent Astérix et Obélix, invités de Pierre Tchernia en 1976 dans un numéro spécial sur les Français.

L’émission est arrêtée après son 880e numéro, diffusé en [1]. Celui-ci, enregistré sans que personne sache qu'il serait le dernier, donnera à Alain Jérôme le regret éternel de n'avoir jamais pu dire au revoir aux téléspectateurs[1].

Le , l'émission est remplacée par Mardi soir[3], qui reprend le même concept. Elle est présentée par Daniel Bilalian et produite par ce dernier, avec Jean-Pierre Guérin et Kathleen Evin[4]. Faute d'audience, Claude Sérillon doit reprendre le flambeau dès le avec Raison de plus, produit en collaboration avec Claude Carré[5].

Principe de l'émission

L'émission, diffusée en direct[1], comprend, en première partie la diffusion d'un film (auparavant choisi par Guy Darbois) en rapport avec la thématique de la soirée, suivi d'un débat en direct avec divers invités[1].

Le présentateur ouvre l'émission en présentant le thème du jour, puis le film ou le téléfilm l'illustrant est diffusé, suivi du débat autour de la question.

Les téléspectateurs ont la possibilité de poser des questions par l'intermédiaire de SVP 11-11[1] ; Guy Darbois collecte et trie ces questions avant de les proposer à l'animateur[1]. Le succès de l'émission fut tel que les appels des téléspectateurs sont partagés en deux : « Seuls les téléspectateurs dont le numéro se terminait par 1, 2, 3, 4 ou 5 pouvaient tout d'abord appeler, avant d'être rejoints par les autres au bout d'une demi-heure. En vain. Le standard sautait dès que le débat s'enflammait. Et il s'enflammait souvent[1]. ». Une étude scientifique de 1972 démontre en particulier que « se manifeste un courant très profond chez les téléspectateurs qui s'allie très naturellement au "grand désir de participer" (...) »[6].

Alain Jérôme, l'un des présentateurs le plus emblématique des Dossiers de l'écran avec Yves Courrière et Joseph Pasteur[1], indiqua à propos de ce succès :

« La grande chance de l'émission, c'est que la Seconde Guerre mondiale ne s'était terminée qu'une vingtaine d'années plus tôt, Les témoins des faits abordés étaient tous encore vivants et âgés d'une quarantaine d'années pour les soldats, un peu plus pour les officiers. Nous pouvions donc mettre face à face un ancien lieutenant allemand, deux résistants, un homme politique et un GI. Avec le temps, nous avions constitué un vrai réseau. Nous cherchions un sous-marinier allemand ? Il suffisait d'appeler notre correspondant à Berlin pour dénicher le bonhomme. Idem pour toutes les unités de l'armée[1]. »

 Propos d'Alain Jérôme recueillis dans un article du Figaro publié le 21 juillet 2009.

Présentateurs

Saisons

Saison 1 (1967-1968)

Saison 2 (1968-1969)

Saison 3 (1969-1970)

Saison 4 (1970-1971)

Saison 5 (1971-1972)

Saison 6 (1972-1973)

Saison 7 (1973-1974)

Saison 8 (1974-1975)

Saison 9 (1975-1976)

Saison 10 (1976-1977)

Saison 11 (1977-1978)

Saison 12 (1978-1979)

Saison 13 (1979-1980)

Saison 14 (1980-1981)

Saison 15 (1981-1982)

Saison 16 (1982-1983)

Saison 17 (1983-1984)

Saison 18 (1984-1985)

Saison 19 (1985-1986)

Saison 20 (1986-1987)

Saison 21 (1987-1988)

Saison 22 (1988-1989)

Saison 23 (1989-1990)

Saison 24 (1990-1991)

Quelques moments forts de l'émission

  • Le , à la suite de la diffusion du film Exodus (1960) d'Otto Preminger, un débat sur les origines et les circonstances historiques de la création de l'État d'Israël est prévu, devant en principe « réunir » des représentants israéliens et arabes[1]. Cependant, la tension entre les deux camps étant trop forte, aucun des protagonistes n’accepte de participer à l'émission face à face. Les deux groupes sont donc « réunis » dans deux studios différents, Joseph Pasteur s’entretenant avec les invités arabes, et Alain Jérôme avec les Israéliens. Pour tout échange entre les deux plateaux, il n'y aura que des insultes[1].
  • Le , un assistant prévient discrètement le présentateur Alain Jérôme que le président de la République, Georges Pompidou, vient de mourir. Les invités du soir improviseront alors les premiers hommages publics au défunt[1].
  • Le , le président de la République Valéry Giscard d'Estaing participe à l'émission, débattant face à soixante Français[1]. Par ailleurs, Éric Tabarly, Alain Delon, Richard Nixon ou Alexandre Soljenitsyne comptèrent également parmi les invités du programme[1].
  • Le , le sujet de l'émission est le cinéma pornographique. Sur le plateau dirigé par le présentateur Gilles Schneider, le réalisateur José Benazeraf attaque le critique François Chalais, selon lui un « cinéaste raté, journaliste raté, romancier raté » et « fatalement moraliste ». Alors que François Chalais s'apprête à lui répondre, Pierre Debray, l'époux de l'écrivain Béatrice Sabran  invitée elle aussi ce soir là et choquée par les propos d'une actrice porno qui lui fait face  fait irruption sur le plateau passablement énervé, et arrache son épouse à « cette assemblée de pornographes »[1].
  • Le , l'acteur Yves Montand est l'invité de émission et répond pendant environ deux heures aux questions des téléspectateurs sur sa carrière, ses convictions communistes, ou sur les femmes de sa vie. L'audience est énorme : à minuit quinze, lorsque l'émission se termine, les téléspectateurs sont encore 13 millions devant leur poste à suivre le programme[1].

Générique

L'indicatif musical du générique de l'émission était le début du quatrième mouvement (Protest) des Spirituals for string Choir and Orchestra, une œuvre du compositeur américain Morton Gould datant de 1941[1]. On entend aussi ce passage dans la bande-son du film L'Armée des ombres (1969) de Jean-Pierre Melville[1].

Du fait de moyens financiers restreints, et sans la visibilité sur l'avenir de l'émission, la musique originale du premier numéro des Dossiers de l'écran ne fut pas réalisée[1]. On eut recours aux archives de l'ORTF pour trouver une musique « à la hauteur du concept »[1]. Le producteur Armand Jammot se fit livrer les morceaux choisis, les écouta et tomba en arrêt devant un passage de Spirituals for Orchestra. Il perçut immédiatement le caractère « anxiogène » et « hypnotique » de la musique, et la choisit alors pour illustrer l’émission[1].

Le générique proprement dit de l'émission est aussi une idée d'Armand Jammot[1]. Il est constitué d'une séquence où un dossier cartonné s'ouvre lentement, dévoilant à la fois le titre du film à venir, les invités du débat qui suivra le film, et enfin les membres de l'équipe[1]. La main anonyme qui tourne les pages sur le roulement de tambour et les violons est celle d'une jeune assistante[1].

Un générique plus moderne apparut vers la fin de l'époque de l'émission, reléguant au passé cette séquence[1].

Dans la culture populaire

L'émission a fait l'objet d'une parodie à la fin du film Papy fait de la résistance (1983)[1], où Alain Jérôme joue son propre rôle de présentateur de l'émission, débordé par ses invités déchaînés.

Notes et références

  1. « Les dossiers de l'écran : un film, un débat, et l'envie irrépressible d'en découdre », Jean-Michel Maire, Le Figaro.fr, 21 juillet 2009.
  2. Télé 7 Jours no 367, semaine du 1er au 7 avril 1967, page 77 : présentation du programme du jeudi 6 avril 1967 de la deuxième chaîne.
  3. « Débat d'A 2, du neuf : « Mardi soir », tout simplement Les nouveaux dossiers de Bilalian », sur Le Soir.be.
  4. « Mardi Soir 17/09/1991 », sur INA.fr.
  5. « « Raison de plus » : débat et documents bruts Le dossier Claude Sérillon », sur Le Soir.be.
  6. Thibault-Laulan Anne-Marie, « Un feed-back immédiat : "Les Dossiers de l'écran" », Communication et langages, no 16, , p. 98 (DOI 10.3406/colan.1972.3967, www.persee.fr/doc/colan_0336-1500_1972_num_16_1_3967)
  7. Ambroise-Rendu Anne-Claude, « , « Briser le tabou. Du secret à la parole médiatique, le tournant des années 1970-1990 », Sociétés & Représentations, 2016/2 (N° 42), vol. 2, no 42, , p. 59-72 (DOI 10.3917/sr.042.0059, lire en ligne)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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