Nicholas Ray

Nicholas Ray, de son vrai nom Raymond Nicholas Kienzle, est un réalisateur, scénariste et acteur américain né le à Galesville (Wisconsin) et mort le à New York (New York).

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Cet article possède un paronyme, voir Nicolas Rey.

Nicholas Ray
Dansant avec Zsa Zsa Gabor (1953).
Nom de naissance Raymond Nicholas Kienzle
Naissance
Galesville, Wisconsin, États-Unis
Nationalité Américain
Décès
New York, États-Unis
Profession Réalisateur, scénariste, acteur
Films notables Les Amants de la nuit
Johnny Guitare
La Fureur de vivre
Traquenard
Les 55 Jours de Pékin

Biographie

Jeunesse et formation

Nicholas Ray[1],[2],[3],[4],[5],[6],[7],[8],[9],[10] est le plus jeune d'une fratrie de quatre enfants dont trois sœurs (Alice, Ruth, Helen)[11]. Sa mère[12], Olene Kienzle (née Toppen), est artiste. Son père, Raymond Nicholas Kienzle, Sr., allemand catholique devenu luthérien, a déjà deux filles d'un mariage précédent, il est alcoolique et violent avec ses enfants.

Nicholas Ray étudie d'abord à l'Université de Chicago, qu'il quitte en 1932 ; il déménage ensuite à New York et change de nom. Puis il retourne au Wisconsin, invité par Frank Lloyd Wright, avec qui il étudie à la Villa Taliesin[13], une école d'architecture. Il quitte à nouveau cette école pour revenir à New York.

Nicholas Ray s'est aussi impliqué dans le folklore[14] dans les années 1930 et 1940[15].

Carrière

En 1938, il est employé par la Works Progress Administration (WPA), et collabore au Comité mixte sur les arts populaires, dirigé par Benjamin A. Botkin(en) et Charles Louis Seeger(en). Dans le cadre de ce comité, il a effectué des travaux sur le terrain dans le Dakota du Sud. Grâce à ses relations avec son ami de longue date, Alan Lomax, Ray a écrit et réalisé les épisodes de l’émission radiophonique Back Where I Come From diffusée par la CBS de 1940-1941.

Avec à peine 100 dollars en poche, il rejoint le groupe du Théâtre d'Improvisation de New York. Il y rencontre le producteur Elia Kazan, surtout connu pour sa façon peu commune de pousser ses étudiants jusqu'à leurs limites ; cette façon d'enseigner marque Nicholas Ray pour le reste de sa vie. D'ailleurs, lorsque Kazan produit son premier film à Hollywood Le Lys de Brooklyn, il est engagé comme assistant.

En 1936, Ray épouse Jean Evans (née Jean Abrams), une journaliste dont il divorce en 1940 mais qui lui donne un fils, Anthony Ray, dit Tony (1937-2018)[16]. Il commence alors à réaliser ses propres films : le premier, Les Amants de la nuit, puis en 1948, Secret de femme, avec Gloria Grahame, qu'il épouse à la suite du tournage en 1948 et dont il aura un fils, Timothy[17]. Il s'en sépare en 1950, après avoir surpris Gloria couchant avec Tony (qui n'avait que 13 ans à l'époque) ; le divorce est prononcé en 1952. Tony épouse par la suite Gloria Grahame.

Ray enchaîne les tournages : Les Ruelles du malheur avec Humphrey Bogart, Le Violent, en 1950. Viennent ensuite Born to Be Bad, de Les Diables de Guadalcanal (avec John Wayne), La Maison dans l'ombre, Les Indomptables et surtout Johnny Guitare, qui remporte un très grand succès.

Après cette réussite, Nicholas Ray est contacté par la Warner Bros.. La Warner, qui a acheté les droits de Rebel Without a Cause, un livre écrit par le psychiatre Robert M. Lindner en 1944 sur les adolescents violents, lui demande d'en réaliser l'adaptation cinématographique et envisage pour les rôles principaux de faire appel à Marlon Brando et Sidney Lumet. Mais ceux-ci refusent le projet.

Le sujet de la délinquance juvénile, omniprésent depuis longtemps dans les médias américains, incite Ray à s'engager dans le projet : « Ce n'était ni le psychopathe ni le fils d'une famille mal famée qui m'intéressait ». Ray commence cependant à écrire sa propre histoire, The Blind Run, une histoire crue faite d'une suite de scènes choquantes et brutales, d'actes criminels, en 17 pages. Avec le producteur David Weisbart, il refond l'histoire pour la rendre plus acceptable. Ray réalise toute l'absurdité des théories de Lindner dont Rebel Without a Cause (La Fureur de vivre[18]) doit faire état : les méchants viennent de petites familles pauvres, les riches sont les gentils « C'est totalement faux, dit Ray. C'est nous tous ».

Pour peaufiner le scénario de Rebel, Ray fait appel à un dynamique auteur de 32 ans, Stewart Stern. Et sur les conseils de Kazan, Ray choisit James Dean pour jouer le personnage principal[19]. La Warner Bros doute du choix de l'acteur principal, elle aurait plutôt aimé de plus jeunes acteurs, des étoiles montantes, comme Robert Wagner, Tab Hunter ou John Kerr. Le rôle principal féminin revient à Natalie Wood, alors âgée de 16 ans, avec qui Ray aurait eu une liaison durant le tournage. La bande sonore du film bénéficie du concours de Leonard Rosenman, qui a composé la musique pour À l'est d'Éden.

James Dean meurt peu après, une semaine avant la première de La Fureur de vivre. Alors que par son destin tragique Dean entre dans la légende, Ray est anéanti par sa mort. Il épouse en 1958 une danseuse, Betty Utley, dont il divorce en 1964, après la naissance de deux filles : Nica et Julie.

Ray réalise Le Roi des rois[20] et Les 55 Jours de Pékin. Le malaise cardiaque qui le terrasse sur le plateau des 55 jours brise sa carrière, il devient alcoolique et joueur compulsif, il perd sa fortune. De plus en plus exalté au sujet de James Dean, il affirme que ce dernier lui a légué des biens matériels[21]. Restaurateur un moment, il fait faillite. Il se perd dans ses soucis financiers, sa santé est de plus en plus déficiente, il perd l'usage de son œil droit, et porte un bandeau noir. Il enseigne[22] le cinéma[23] de façon incongrue[24] au Lee Strasberg Theater and Film Institute et au Harpur College of Arts and Sciences[25] de la Binghamton University, succursale de l'Université d'État de New York, et réalise avec ses étudiants de New York We can't go home again, un autoportrait filmé en partie en vidéo, en 1973[26], avec pour actrice Susan Schwartz, sa quatrième et dernière épouse[27], une étudiante âgée de 18 ans rencontrée en 1969, à l'université de Chicago.

Vie privée

Nicholas Ray s'est marié quatre fois :

En 1936, avec Jean Evans, ils divorcent en 1940, ils ont un fils Anthony [28],[29]

En 1948, avec l'actrice Gloria Grahame, ils divorcent en 1952, à la suite d'une affaire d'inceste, où Gloria aurait été surprise au lit avec Antony, le fils de Nicholas Ray[30],[29].

En 1958, avec la danseuse Betty Utley, ils divorcent en 1964, le couple donne naissance à deux filles Nica et Julie[31],[32].

En 1969, avec Susan Schwartz[33],[34].

La fin

Malgré plusieurs opérations, il décède d'un cancer des poumons le [35]. Ses derniers mois de vie ont été filmés dans Nick's Movie par son ami Wim Wenders[36], qui l'avait fait jouer deux ans auparavant dans L'Ami américain.

Nicholas Ray repose au Oak Grove Cemetery de La Crosse dans le Wisconsin[37].

Archives

Les archives de Nicholas Ray sont déposées à la Nicholas Ray Foundation[38], fondée et présidée par Susan Ray et assistée par un conseil d'administration où figurent Bernard Eisenschitz, Victor Erice, Jim Jarmusch, Philip Kaufman, Marco Muller, Walter Murch, Jonathan Rosenbaum, Barbet Schroeder et Rudolph Wurlitzer[39]. La Nicholas Ray Foundation est hébergée au Harry Ransom Center[40],[41](en) de l'Université du Texas à Austin[22].

Nicholas Ray et le cinéma hollywoodien

Nicholas Ray[42],[43],[44] est l'un des initiateurs de l'évolution du cinéma hollywoodien dans l'après-deuxième guerre mondiale, avec entre autres Elia Kazan. Les traits marquants de ce nouveau cinéma est la figure de l'anti-héros : loin des canons d'avant-guerre, les personnages principaux de ces films sont des «perdants», des marginaux, des héros vieillissants ou fatigués, en décalage avec leur milieu ou leur époque. Cela est particulièrement vrai dans l'œuvre de Nicholas Ray où, le plus souvent, le héros ou un des personnages principaux connaît une fin tragique.

Même quand il s'attaqua à un genre hollywoodien par excellence, la superproduction biblique, avec Le Roi des rois (d'ailleurs inspiré par le maître du genre, Cecil B. De Mille, qui réalisa un film du même titre et sur le même thème en 1927), le traitement de son sujet resta dans la tonalité du reste de sa filmographie, puisque contrairement à la pratique antérieure, qui choisissait en général ses thèmes dans l'Ancien Testament et en tout cas dans une approche laudative, exultante et pieuse, il choisit de traiter ce qui fait le cœur du Nouveau Testament et des Évangiles, la vie de Jésus, mais en s'attachant moins tant à l'aspect religieux du thème qu'au parcours terrestre de l'individu dans un mode de narration proche de celui du peplum, parcours qui, d'un point de vue objectif, est celle d'un loser, rejeté par les institutions religieuses hébraïques et condamné à mort par l'occupant romain, hors toute considération sur le devenir de son message ou sa nature divine.

La spécificité de Nicholas Ray dans le cinéma américain et plus spécialement hollywoodien est que, contrairement à beaucoup de ses contemporains (Elia Kazan et Joseph Losey, déjà cités, mais aussi Jules Dassin et bien d'autres cinéastes du début des années 1950), sa filmographie reste inscrite dans le « cinéma de genre » (western, film noir, superproduction « antique », peplum...) mais aussi que, contrairement à ses autres contemporains « classiques », dans chaque genre où il s'illustre il dynamite les canons : le personnage central est donc souvent un « anti-héros », les personnages masculins apparaissent souvent faibles ou emplis de doute, dans nombre de ses films le personnage fort est une figure féminine, enfin il introduit souvent un élément qui fera le cœur des films de genre dans les décennies suivantes, celui de la violence sans but. L'œuvre de Sam Peckinpah ou de Don Siegel (pourtant son contemporain), de même que celle de bien des réalisateurs italiens de western spaghetti, au premier rang desquels Sergio Leone, sont très redevables des thématiques et de l'esthétique de Nicholas Ray.

Le tragique dans l'œuvre de Nicholas Ray

Un trait paradoxal de ce réalisateur est l'absence réelle de suspense dans ses films dont c'est pourtant un ressort essentiel (films noirs, westerns, thrillers). On peut le considérer comme un auteur tragique[45] en ce sens que la trajectoire de ses personnages est le plus souvent prévisible dès le début du film, d'une manière assez similaire aux procédés de la tragédie grecque.

Comme dans la tragédie, Nicholas Ray fait reposer la tension du récit non sur l'indétermination mais sur cette prévisibilité, le spectateur étant alors captivé par une attente contradictoire entre l'anticipation d'une fin inéluctable et le désir de voir les héros échapper à cette fin.

Influence

Dans les décennies suivant son apogée, Ray reste une influence majeure pour de grands réalisateurs :

Filmographie

Réalisateur

Scénariste

Acteur

Bibliographie

Francophone

  • Roman américain - Les vies de Nicholas Ray, par Bernard Eisenschitz, éd. Christian Bourgois, 1990[83],
  • Nicholas Ray, par Jean Wagner, éd. Rivages, 1987,
  • Nicholas Ray, par François Truchaud, Editions Universitaires, Classiques du cinéma, 1965.

Anglo-saxonne

  • Nicholas Ray: The Glorious Failure of an American Director, par Patrick McGilligan, éd. It Books, 2011[84],
  • The Films of Nicholas Ray: The Poet of Nightfall, par Geoff Andrew(en), éd. British Film Institute, 2004,
  • I Was Interrupted: Nicholas Ray on Making Movies, par Nicholas Ray, éd. University of California Press, 1993.

Articles et interviews

  • Nicholas Ray, par Michel Marx[85] pour La République des Lettres, 2019[86],
  • Nicholas Ray Makes His Debut With THEY LIVE BY NIGHT, par Alex Williams, pour la revue Criterion, 2017[87],
  • Nicholas Ray : Couldn't go home again, par Peter L. Winckler, pour la Los Angeles Review of Books(en), 2013[81],
  • Esprit rebelles, par Nicolas Maille pour la revue Critikat, 2012[18],
  • The Essentials: 5 Great Films By Nicholas Ray, par Rodrigo Perez, Jessica Kiang, Oliver Lyttelton pour IndieWire, 2012[88],
  • Why Nicholas Ray is in a class of his own, par Geoffrey Macnab pour The Guardian, 2011[23],
  • The Lonely Legacy of Nicholas Ray, par David Thomson pour The New Republic, 2011[89],
  • Rebel without a cause, article de Roger Ebert sur son propre site, 2005[90],
  • Only the lonely, par Anthony Lane pour le Magazine The New Yorker, 2003[91],
  • Nicholas Ray's rise and fall, par Geoffrey MacNab pour The Independent, 2003[92],
  • Nicholas Ray, a Sentimental Bloke: They Live by Night, par Rose Capp, pour Senses of Cinema, 2002[53],
  • Finding the Father: A Psychoanalytic Study of Rebel Without a Cause, par Chris Wood, pour Senses of Cinema (en), 2000[67],
  • Shadows on the Horizon: In a Lonely Place, par Fiona Villella pour Senses of Cinema, 2000[57],
  • Noir in colors, par Harlan Kennedy, diffusé par American Cinema Papers, 1991[93],
  • The last months of Nicholas Ray, par Vincent Camby pour The New York Times, 1981[24],
  • Nicholas Ray and the Nifty Fifties, par Richard Brody pour The New Yorker, 1979[94],
  • The Last interview, avec Kathryn Bigelow et Sarah Fatima Parsons, pour le magazine "Cinématographe", 1979[95],[96]
  • Circle of Pain: The Cinema of Nicholas Ray, par Jonathan Rosenbaum pour la revue Sight & Sound, 1973[97],
  • Un étranger ici-bas : Nicholas Ray en Amérique, par Jean-Pierre Bastid pour la revue Études cinématographiques, 1961
  • La vie des films, Biographie / Filmographie de Nicholas Ray, http://www.laviedesfilms.com/realisateur/nicholas_ray.htm
  • Interviews | Nicholas Ray’s Bigger Than Life: A Conversation with Jonathan Lethem, transcription de Dinah Holtzman pour le magazine "Cinema Scope"[98].

Récompenses et nominations

Nominations

Notes et références

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Voir aussi

Liens externes

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