Jules Dassin

Jules Dassin, né Julius Dassin le à Middletown, dans le Connecticut, et mort le à Athènes en Grèce[2], est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain, devenu citoyen d'honneur grec.

Jules Dassin
Joe et Jules Dassin en 1970
Nom de naissance Julius Moses Dassin[1]
Naissance
Middletown, Connecticut, États-Unis
Nationalité  Américain
Décès
Athènes, Grèce
Profession réalisateur, scénariste, producteur et acteur
Films notables La Cité sans voiles
Les Bas-fonds de Frisco
Les Forbans de la nuit
Du rififi chez les hommes
Jamais le dimanche
Topkapi

On le connaît pour le film américain Les Forbans de la nuit (1950) et le film français Du rififi chez les hommes (1955). Il s'exile en Europe à l'époque de la liste noire de Hollywood. Il rencontre l'actrice grecque Melina Mercouri, qu'il met en scène dans huit films dont Jamais le dimanche (1960) ou encore Topkapi (1964) et qu'il épouse en secondes noces en 1966.

Par son premier mariage, il est le père du chanteur Joe Dassin, qui a fait l’essentiel de sa carrière en France.

Biographie

Jules Dassin est l'un des huit enfants d'un coiffeur juif émigré d'Ukraine aux États-Unis, Samuel Dassin (1887-1949) et de Berthe Vogel (1885-1949). Le nom de Dassin est attribué par l'Immigration Service à son arrivée aux États-Unis, faute d'avoir pu faire comprendre son patronyme à l'employé, et qui est simplement dérivé d'Odessa, sa ville natale où son propre père était perruquier au théâtre de ballet[3].

Né à Middletown dans le Connecticut, il grandit à Harlem et va à la Morris High School dans le Bronx. Il adhère au parti communiste américain dans les années 1930. Il quitte le parti après le Pacte germano-soviétique, qui précède d’une semaine le début de la Seconde Guerre mondiale à la fin de l'été 1939[4]. Néanmoins, il est l'une des premières victimes du maccarthysme et inscrit sur la liste noire du cinéma.

Il épouse en 1933 la violoniste hongroise Béatrice Launer, dont il a trois enfants : Joe Dassin (1938-1980), chanteur populaire en France, Richelle Dassin ou « Rickie » (née en 1940), auteur-compositeur, et Julie Dassin (née en 1945), actrice.

En mai 1954, il rencontre Melina Mercouri, lors du Festival de Cannes. C'est à peu près au même moment qu'il découvre la littérature de Níkos Kazantzákis. Les deux événements le lient définitivement à la Grèce[5]. Il divorce de Béatrice Launer en 1962 et épouse Melina Mercouri en 1966. Le couple doit quitter la Grèce à la suite du coup d'État des colonels. Ils sont accusés en 1970 d'avoir financé une tentative de renversement de la dictature. Ces charges sont rapidement abandonnées[4].

Carrière cinématographique

Jules Dassin considérait qu'il avait eu trois carrières cinématographiques : une d'apprentissage lorsqu'il tournait des séries B à Hollywood, une en Europe où il chercha surtout à tourner et, enfin, une en Grèce, celle de sa maturité[6].

Formation théâtrale

Jules Dassin étudie l'art dramatique en Europe au milieu des années 1930. De retour à New York, il s'engage dans le Yiddish Théâtre[4].

Début de carrière hollywoodienne

Il arrive au cinéma par la mise en scène théâtrale. En 1940, il est engagé comme stagiaire par la RKO après avoir monté une pièce à New York. Il est assistant d'Alfred Hitchcock sur le tournage du film Joies matrimoniales[7]. La technique et la direction d'acteur d'Hitchcock l'impressionnent durablement[8]. Non retenu par la RKO, il réalise un court métrage pour la MGM. D'abord refusé, Le Cœur révélateur, d'après une nouvelle de Poe, rencontre un vif succès qui surprend le réalisateur. Lui-même juge ce premier essai « très avant-garde et surtout très mauvais[9] ». À l'inverse, il considère son deuxième long métrage The affairs of Martha, dont le coût n’excède pas 200 000 $, comme son meilleur film.

Pour la MGM, il fait des travaux de commande, comme Quelque part en France, avec John Wayne et Joan Crawford[4]. Il rejoint alors les studios Universal pour qui il tourne Les Démons de la liberté, avec Burt Lancaster, puis La Cité sans voiles. Mais, le premier est jugé trop violent et le second déplaît aussi au studio. Les deux films sont coupés et remontés. Jules Dassin se sent trahi et quitte Universal. Pour la Fox, il réalise Les Bas-fonds de Frisco, sur un scénario de l'auteur engagé à gauche, Bedderides[10].

Lors de la « chasse aux sorcières » du House Un-American Activities Committee, à la fin des années 1940, il est dénoncé par Edward Dmytryk[10]. Inscrit sur la « liste noire », Jules Dassin s'exile en Europe en 1949. À Londres, il tourne Les Forbans de la nuit, avec Richard Widmark et Gene Tierney. Darryl F. Zanuck lui avait confié le roman juste avant qu'il ne soit convoqué devant le comité. Il est alors annoncé aux producteurs européens que les films de Jules Dassin ne pourraient être distribués aux États-Unis. Sa carrière s’arrête.

Ses films noirs mêlent « documentaire et lyrisme ». Jules Dassin considère que c’est « [s]a pauvre recherche de la vérité, limitée par des séries noires »[11].

Carrière en France

Il recommence à tourner, en France, en 1955, avec un nouveau film noir, Du rififi chez les hommes, qui lui vaut le prix de la mise en scène au Festival de Cannes. Il apparaît par ailleurs dans le film, dans le rôle d'un perceur de coffre-fort, sous le pseudonyme italien de Perlo Vita[4].

En 1962, alors qu’il est installé en Grèce, il vient à Paris mettre en scène au théâtre des Variétés Flora de Fabio Mauri et Franco Brusati.

Carrière en Grèce

En 1956, il tourne en Grèce Celui qui doit mourir d'après le roman Le Christ recrucifié de Níkos Kazantzákis, avec Melina Mercouri, Pierre Vaneck et son fils Joe Dassin. Il retourne quelque temps à Londres, où il collabore avec Joseph Losey sur Temps sans pitié et L'Enquête de l'inspecteur Morgan[10].

De retour en Grèce il tourne en 1959 avec Melina Mercouri l'un de ses plus grands succès, Jamais le dimanche, dont il signe aussi le scénario. Il y interprète le rôle d'un jeune philhellène, Homer Thrace, né à Middletown dans le Connecticut, qui tente de faire rentrer dans le droit chemin une prostituée, Ilya. Le mélange, de la modernité en marche dans un Pirée en mutation, et d'éléments folkloriques, fait le succès du film, en Grèce et dans le monde[12]. Melina Mercouri remporte le prix d'interprétation féminine au Festival de Cannes en 1960 et la célèbre musique de Mános Hadjidákis, notamment la chanson Les Enfants du Pirée, remportent l'Oscar de la meilleure musique de film en 1961. Jules Dassin est aussi nommé dans les catégories « meilleur réalisateur » et « meilleur scénario »[13].

En 1968, Point noir (en) (Uptight) est un remake du Mouchard de John Ford. C'est aussi son premier film tourné aux États-Unis depuis qu'il a dû s'exiler[4] en 1949.

Son Phaedra, sur un scénario de Marguerite Liberaki, transpose la tragédie dans la Grèce contemporaine, dans un milieu de riches armateurs. The Rehearsal de 1974 est une reconstitution de la révolte des étudiants de Polytechnique à la fin de la dictature des colonels, le . Le film est surtout destiné au public étranger.

Cri de femmes (1978) est encore une réflexion sur la mythologie grecque, la Grèce contemporaine et aussi la mise en scène : une actrice devant interpréter Médée sur scène rend visite en prison à une Américaine qui, pour venger son honneur, a tué ses trois enfants[5].

Il recommence aussi à mettre en scène au théâtre. En 1967, il monte à Broadway, Ilya Darling, une adaptation de Jamais le dimanche, toujours avec Melina Mercouri dans le rôle principal[4]. Près de la fin de sa vie, il monte à Athènes L'Opéra de quat'sous[7].

Engagement politique

Politiquement engagés à gauche, Jules Dassin et Melina Mercouri quittent la Grèce lors de la dictature des colonels et se réfugient à Paris[13]. Au rétablissement de la démocratie, Melina Mercouri, devenue ministre de la Culture, demande le retour des marbres du Parthénon connus sous le nom des marbres d'Elgin, exposés au British Museum de Londres. Jules Dassin participe à ce combat. Il devient, après la mort de son épouse, président de la fondation Melina-Mercouri qui travaille au rapatriement des marbres en Grèce[13].

Filmographie

Notes et références

  1. (en) « Jules Dassin », sur Melina Mercouri Foundation (consulté le )
  2. Il est mort le lundi à l'âge de 96 ans des suites d'une grippe.
  3. (en) Current Biography Yearbook, H. W. Wilson Company, , p. 99
  4. Nécrologie dans le New York Times
  5. Nikos Kolovos, « Jules Dassin : la période grecque ou le temps de la maturité. » p. 211.
  6. Michel Démopoulos et Achilleas Kyriakidis, « En bavardant avec Jules Dassin », dans Jules Dassin, éditions du Festival international du film de Thessalonique, cité par Nikos Kolovos, « Jules Dassin : la période grecque ou le temps de la maturité » p. 211.
  7. Le Cinéma grec, p. 216
  8. « Entretien avec Jules Dassin », réalisé par Claude Chabrol et François Truffaut, Cahiers du cinéma, avril 1955, p. 3.
  9. « Entretien avec Jules Dassin », p. 4.
  10. Nécrologie dans Le Monde
  11. « Entretien avec Jules Dassin ».
  12. Le Cinéma grec, p. 58.
  13. Nécrologie dans Ekathimerini

Bibliographie

  • Michel Demopoulos (dir.), Le Cinéma grec, Paris, Centre Georges Pompidou, 1995, coll. "Cinéma/Pluriel", (ISBN 2858508135)
  • Nikos Kolovos, « Jules Dassin : la période grecque ou le temps de la maturité», in Michel Demopoulos (dir.), Le Cinéma grec, Paris, Centre Georges Pompidou, 1995, coll. "Cinéma/Pluriel".
  • Nathalie Katinakis, Mélina Mercouri et Mikis Théodorakis: les derniers héros grecs, Paris, L'Harmattan, 2011. (ISBN 978-2-296-54935-7)
  • (en) Vrasidas Karalis, A History of Greek Cinema, New York et Londres, Continuum, , 318 p. (ISBN 978-1-4411-9447-3, lire en ligne)

Voir aussi

Liens externes

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