Douze Hommes en colère (film)

Douze Hommes en colère (12 Angry Men) est un film américain réalisé par Sidney Lumet, sorti en 1957[1].

Pour les articles homonymes, voir Douze Hommes en colère.

Douze Hommes en colère
Affiche du film en version originale.
Titre original 12 Angry Men
Réalisation Sidney Lumet
Scénario Reginald Rose, d'après la pièce de théâtre du même nom
Acteurs principaux
Sociétés de production Orion-Nova Productions
Pays d’origine États-Unis
Genre Drame, film de procès
Durée 95 minutes
Sortie 1957


Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Film de procès se déroulant aux États-Unis dans les années 1950, l'intrigue montre un jury populaire de 12 hommes qui doivent délibérer sur le sort d'un homme âgé de 18 ans accusé de parricide. En fonction de leur verdict, le jeune homme peut être condamné à mort, ou acquitté sur la base d'un doute raisonnable. Au cours de leur délibération, cette affaire force les jurés à remettre en question leur moralité et leurs valeurs.

Le film explore de nombreuses techniques de recherche de consensus et montre les difficultés rencontrées dans le processus parmi ce groupe d'hommes, dont l'éventail de personnalités ajoute à l'intensité et au conflit pour juger cette affaire. Le film explore également le pouvoir que possède une personne à provoquer un changement d'avis chez d'autres individus. Au cours du film, les membres du jury ne sont identifiés que par un numéro ; aucun nom n'est révélé, jusqu'à un échange de dialogue tout à la fin.

Le film oblige les personnages et les spectateurs à évaluer leur propre image de soi en observant la personnalité, les expériences et les actions des jurés. Il se distingue également par l'utilisation presque exclusive d'un seul lieu où se déroulent les scènes du film (sauf les trois dernières minutes qui sont à l'extérieur du tribunal).

En 2007, le film est sélectionné pour préservation par le National Film Registry de la Bibliothèque du Congrès en raison de son intérêt « culturel, historique ou esthétique »[2]. Il est également sélectionné par l'American Film Institute dans son Top 10 (« AFI's 10 Top 10 Courtroom Drama ») comme le deuxième meilleur film de procès (après Du silence et des ombres)[3].

Synopsis

Intrigue

Aux États-Unis, douze hommes forment le jury d'un procès criminel. Ils doivent statuer à l'unanimité sur le sort d'un jeune homme, accusé de parricide. S'il est déclaré coupable, la chaise électrique sera la sentence. S'il est déclaré innocent, il sera libre.

Le scénario du film sert de révélateur des motivations et des préjugés des jurés, des hommes issus de milieux sociaux différents.

Résumé

Les douze membres du jury viennent d'entendre la fin des plaidoiries du procès. Regroupés à l'écart de la salle d'audience, dans une pièce spécifique pour rendre leur verdict, ils ont en mémoire les propos du procureur général qui vient de leur déclarer que la vie d'un homme est entre leurs mains et, qu'en fonction de la sentence qu'ils établiront, ils peuvent envoyer l'accusé sur la chaise électrique (s'il est déclaré coupable à l'unanimité), le déclarer innocent (à l'unanimité) ou se déclarer divisés s'ils ne parviennent pas à se départager entre eux.

Les jurés prennent place autour de la table puis votent à main levée. Onze d'entre eux votent d'emblée pour la culpabilité de l'accusé. Seul le juré no 8, un architecte, vote non coupable car il n'est pas certain. Étant donné la portée symbolique et le poids moral d'envoyer possiblement une personne vers la mort, ce juré cherche le débat auprès des autres jurés.

Précisant sa pensée, le juré no 8 estime que des failles existent dans l'enquête telle qu'elle leur a été racontée. Il en veut pour exemple le couteau qui a été utilisé par le meurtrier. Après avoir demandé à l'huissier de faire venir la pièce à conviction, présentée par des témoins comme « unique », le juré no 8 prouve que ce style de couteau à cran d'arrêt, avec un manche sculpté, peut être acheté dans le commerce sans grandes difficultés. Il a lui-même fait acquisition d'une arme similaire pour six dollars dans une boutique de prêt sur gage. Il expose son arme sur la table, à côté de celle utilisée pour le crime, sous les yeux ébahis des autres jurés qui conviennent que les deux couteaux ont effectivement un manche identique.

Après une discussion de quelques minutes, le juré no 8 propose un nouveau vote, cette fois à bulletin secret et sans qu'il y prenne part. Il propose à ses collègues de se ranger à l'avis dominant si tous votent coupable. Dans le cas contraire, on discutera de l'affaire. Les onze jurés acceptent.

Parmi les bulletins anonymes comptabilisés, l'un d'eux indique « non coupable ». Le juré no 9 rend public que ce vote vient de lui. Ainsi, il souhaite démêler le quiproquo qu'un juré irascible, le no 3, laisse peser sur un autre juré qu'il croit à tort être l'auteur du retournement de vote. Le juré no 9 indique aussi son point de vue : étant l'homme le plus âgé de la pièce, il comprend les doutes exprimés par le juré no 8. Étant d'accord avec son geste visant à faire continuer le débat, il veut le remercier d'avoir eu la force morale de faire face, seul, aux autres jurés.

Le débat arrive ensuite sur la crédibilité du témoin auditif du meurtre, un voisin de la victime à l'étage d'en dessous qui a déclaré sous serment avoir entendu le corps de la victime tomber et le garçon accusé crier : « Je vais te tuer ». À cause du fracas causé par le métro aérien tout proche, avec une rame qui passait sur la voie à ce moment précis, il est probable que ce témoin n'ait pas pu entendre nettement la phrase, surtout avec sa fenêtre ouverte. Par la suite, le juré no 5, qui a vécu lui aussi aux abords du métro aérien, change d'avis et vote non coupable. Le juré no 3, très irascible, fait à nouveau preuve de manque de sang-froid quand il se plaint de ce comportement visant faire traîner en longueur le jugement.

Le juré no 11, quant à lui, émet des doutes sur une explication avancée par l'accusation. Il interroge ses collègues sur la pertinence d'expliquer « par la simple panique » le fait que le garçon ait laissé son couteau sur la scène de crime. En effet, on n'a pas pu relever d'empreintes digitales sur le couteau, dont le manche a été essuyé à propos. Cela voudrait donc dire que, bien que paniqué, le jeune homme ait tout de même songé à bien essuyer le manche de son arme pour le laisser sur les lieux, puis revenir le chercher par la suite et se faire cueillir par la police, alors avertie du crime. L'explication semble peu crédible. Un nouveau vote est alors décidé, au cours duquel, après une hésitation, le juré no 11 vote à son tour non coupable.

Le juré no 8 (Henry Fonda), à gauche, en discussion avec le juré no 3 (Lee J. Cobb).

Le juré no 7 déclara que même l'avocat du suspect croyait à sa culpabilité. Le juré no 8 lui répond que l'avocat est commis d'office et n'a aucun intérêt à s'engager sérieusement dans la défense de son client. Le débat se prolonge ensuite sur le témoin auditif, qui a également affirmé avoir vu le garçon s'enfuir après le crime. Pourtant, lorsque le juré no 8 fait une reconstitution du trajet entre le lit de la victime et sa porte, s'aidant pour cela du plan des lieux, il s'avère que le temps est beaucoup plus long en réalité que celui établi dans le témoignage. Quarante secondes d'après la faiblesse de la jambe affaiblie du vieil homme qui boîte, contre dix ou quinze secondes d'après le témoin auditif. Le juré no 9 avait aussi expliqué plus tôt que ce témoin était misérable et ignoré de tous et voulait un moment d'attention en se persuadant d'avoir vu le suspect.

C'est alors que le juré no 3 perd franchement son calme. Il doit être retenu par deux jugés qui s'interposent car il veut s'en prendre physiquement au juré no 8, en lui déclarant vertement « qu'il va le tuer »  ce qui démontre que cette phrase peut être prononcée sans vouloir passer à l'acte. Les jurés no 2 et no 6 changent alors leur vote, en faveur de la non-culpabilité de l'accusé.

Vient ensuite la façon dont l'arme du crime a été utilisée : d'après l'accusation, l'accusé savait apparemment bien s'en servir. Le juré no 5, qui déclare avoir assisté à des bagarres de rues, affirme à ses collègues qu'il sait comment les jeunes de ce quartier manipulent ce type d'arme. Le positionnement de la plaie de la victime est verticale ; pourtant, un couteau à cran d'arrêt venant d'être ouvert crée des plaies horizontales, puisque la manière dont la lame est placée modifie la posture du poignet. De cette façon, le juré no 5 démontre que l'arme du crime a été employée d'une façon vraiment maladroite pour une personne qui est censée être habituée à ce genre d'arme.

Trois nouveaux jurés changent d'avis et votent « non coupable ». Ne reste plus que trois jurés qui estiment l'accusé coupable : le juré no 4, le no 3 (qui maintient vigoureusement son accusation contre le jeune homme et veut son exécution rapide) et le no 10 (qui tient pour conviction que l'accusé ne peut pas être respectable puisqu'il vient d'un quartier pauvre). Le juré no 10 tente alors de convaincre les autres que la pauvreté de l’accusé est un signe avéré de criminalité, utilisant sans interruption des arguments ouvertement racistes durant plus d'une minute. Au fil de sa diatribe, les autres jurés commencent les uns après les autres à lui tourner le dos, regardant par la fenêtre ou éloignant leurs chaises de lui, pour lui montrer leur désapprobation vis-à-vis de ses propos déplaisants et cruels.

Pour étayer son point de vue, le juré no 4 se fie au témoignage visuel d'une femme qui a déclaré avoir vu le crime se commettre en face de chez elle, à travers les rames du métro aérien. Le juré no 9 révèle alors que celle-ci avait, lors de l'audience, des traces particulières sur le haut du nez. Voyant par hasard ces mêmes empreintes sur le nez du juré no 4 qui se frotte l'arrête nasale, le juré no 9 comprend qu'elle porte habituellement des lunettes. Il est présumé qu'elle ne portait pas ses lunettes lors de l'audience, à cause d'une probable coquetterie. Au cours du procès, elle a déclaré qu'elle était couchée et se trouvait dans son lit lorsque le crime a commencé à se produire. Un doute surgit alors sur le fait qu'elle ait pu voir nettement le meurtre, étant donné qu'il est improbable qu'elle ait pu dormir en portant ses lunettes.

Les jurés no 4 et no 10 votent alors non coupable. Le juré no 3, isolé, tente de défendre sa position. Face au silence réprobateur des onze autres jurés, il déchire la photo de son fils, puis éclate en sanglots et change d'avis. Il s'avère qu'à cause de son conflit avec son propre enfant, avec lequel il est brouillé depuis plusieurs années, il projetait sa vindicte et sa rancune dans cette affaire.

Le verdict rendu est finalement la non-culpabilité, à l'unanimité, pour cause de « doute raisonnable ». Les jurés no 8 et no 9 sortent ensuite du tribunal et se saluent sur les marches extérieures du bâtiment. Ils s'indiquent leurs noms respectifs : le juré no 8 s'appelle M. Davis ; le juré no 9 se nomme M. McCardle.

Fiche technique

Image tirée de la bande annonce du film.

Distribution

Le juré no 8 (Henry Fonda), au centre, entouré des autres jurés.

Personnages

  • Juré no 1 : cet entraîneur de football américain est le président du jury. Il vote initialement « coupable » puis « non coupable ». Il se montre susceptible lorsque sa manière de présider le jury est remise en question, mais c'est un des jurés les plus calmes. En tant que président, il est le seul à communiquer avec le gardien, notamment pour lui demander d'apporter l'arme du crime et le plan de l'appartement du témoin. Il arbitre plus qu'il ne conduit les débats.
  • Juré no 2 : cet employé de banque, chétif, devient vite la tête de turc des jurés numéro 3, 7 et 10. Il paraît être le juré le moins sûr de lui, mais se montre l'un des plus courtois. Il vote « coupable » au début mais change assez vite d'opinion après une brillante argumentation du juré no 8.
Le juré no 3 (Lee J. Cobb), à gauche et le juré no 4 (E. G. Marshall), à droite.
  • Juré no 3 : ce patron d'une société de livraison est le juré le plus colérique et le plus intransigeant. Pendant quasiment tout le débat, il demeure persuadé que l'accusé est coupable. Grossier et violent, il en vient presque à agresser physiquement le juré no 8. En dernier lieu, il se retrouve seul à voter « coupable » avant de se raviser en éclatant en sanglots. Son acharnement s'explique par la relation conflictuelle qu'il entretient avec son propre fils.
  • Juré no 4 : ce courtier, calme, concentré, hautain et d'apparence soignée, aborde ce jugement de façon rationnelle, se fiant uniquement aux preuves et aux témoignages apportés. Longtemps persuadé de la culpabilité de l'accusé, il est l'avant-dernier juré (avec le no 10) à changer son vote en faveur du suspect. L'argument décisif qui suscite son incertitude envers un témoignage est lié à un élément le concernant également, à savoir le port de lunettes.
  • Juré no 5 : cet homme, au chômage, vote « coupable » au début mais finit par voter « non coupable ». Ayant grandi dans le même quartier sensible que l'accusé, il comprend mieux que personne son environnement brutal. C'est lui qui apprend aux autres jurés comment on se sert d'un couteau à cran d'arrêt, semant ainsi le doute dans leur esprit au sujet d'un témoignage à charge, ce qui fait de lui (avec le juré no 9) une aide précieuse pour le juré no 8.
  • Juré no 6 : ce peintre en bâtiment vote « coupable » au début et semble être assez sûr de lui. Il n'intervient pas beaucoup pendant les débats, peut-être en raison d'un complexe d'infériorité lié à sa condition d'ouvrier. Il intervient pour recadrer le juré no 3 manquant de respect au no 9 (la personne âgée), et au no 7 car lassé de ses sarcasmes, mais sans effet car ce dernier lui répond, faisant référence à son statut d'ouvrier plus bête que les autres et qu'il peut « écouter tout ce qu'on dit ».
  • Juré no 7 : ce représentant de commerce volubile ne montre pas le moindre intérêt pour le procès. Il est, comme le juré no 10 remplis de préjugés sur les quartiers pauvres, et ne pense qu'à arriver à l'heure à un championnat de baseball, qu'importe la décision finale. Il change son vote, pensant que le mieux pour aller le plus vite est de suivre la direction du vent, ce qui provoque la colère du juré no 11.
  • Juré no 8 : M. Davis, un architecte, est le seul juré à voter « non coupable » au début de la délibération. Il ne proclame jamais l'innocence de l'accusé mais assure qu'il a un « doute valable » quant à sa culpabilité, afin que les autres jurés réexaminent certains éléments du procès avant d'envoyer le jeune homme sur la chaise électrique. Il va alors tout faire pour convaincre les autres jurés, les uns après les autres, de voter « non coupable » en élargissant le champ des doutes possibles. Sa tactique est de s'attaquer aux raisonnements, jamais à ses contradicteurs. Ainsi, lorsqu'il provoque délibérément le juré no 3, il tente uniquement de démontrer l'importance disproportionnée d'un témoignage à charge concernant une menace de mort proférée par l'accusé contre son père.
Joseph Sweeney dans le rôle du juré no 9.
  • Juré no 9 : M. McCardle, le plus âgé des jurés, incarne la sagesse et l'expérience. Constatant l'isolement initial du juré no 8, il vote « non coupable » lors du second scrutin afin de prolonger les délibérations et laisser davantage de temps à l'architecte pour développer ses arguments. En raison de son grand âge, il parvient à comprendre l'état d'esprit de l'un des témoins, également âgé, et à démontrer la fragilité de son témoignage. À la fin des débats, il expose le dernier argument valable et achève de convaincre les jurés réfractaires. Il est d'une grande aide au juré no 8 durant tout le film.
  • Juré no 10 : ce grincheux gérant de garage, à l'instar du juré no 3, n'hésite pas à agresser verbalement les autres jurés qui profèrent des avis opposés aux siens. Il reste longtemps persuadé que l'accusé est coupable mais son obstination se base sur ses préjugés à l'encontre des individus issus des quartiers défavorisés. Il finit par céder en constatant son isolement, avec la lassitude manifeste des autres jurés envers ses propos intolérants.
  • Juré no 11 : cet horloger, plutôt calme et très bien élevé, dénote des origines étrangères en raison de son accent. Son attachement pour la démocratie de son pays d'adoption laisse supposer qu'il a quitté son pays natal en proie à un régime politique limitant les droits individuels. Il accorde une grande importance à la vraisemblance des faits, aux failles du procès et à l'éthique.
  • Juré no 12 : ce publicitaire est le juré qui change d'avis le plus fréquemment. Il vote d'abord « coupable » puis, sous l'influence du juré no 3, se ravise à deux reprises. Il déclare au début que le procès le passionne ; par la suite, il est facilement distrait et la reconstitution des témoignages contre l'accusé ne semble pas l'intéresser autant que les autres jurés. Il est celui que l'on entend le moins durant le débat.

Production

Scénario

Le scénario de Reginald Rose a au départ été écrit pour un téléfilm diffusé en 1954 puis adapté au théâtre l'année suivante. Cette pièce a été créée en France en 1958 au théâtre de la Gaîté-Montparnasse dans une mise en scène de Lars Schmidt.

Distribution

Sur les douze acteurs jouant les rôles des jurés dans le téléfilm d'origine, deux figurent également dans le film : Joseph Sweeney et George Voskovec.

Le juré no 11, joué par George Voskovec, a une existence directement inspirée de la vie de l'acteur : George Voskovec, de son vrai nom Jiří Voskovec, originaire de Tchécoslovaquie, avait dû fuir son pays natal pour les États-Unis en 1938, interrompant son activité au Théâtre Libéré de Prague, fermé à l'arrivée des nazis la même année. De retour en Tchécoslovaquie après la guerre, Voskovec a tenté de relancer le même théâtre en 1946 mais le Coup de Prague, mené par le Parti communiste en 1948, compromit définitivement toute activité et Voskovec dut émigrer à nouveau en Amérique.

Tournage

Au fur et à mesure du tournage, le réalisateur Sidney Lumet utilisa des objectifs de focales croissantes, de sorte que les décors semblent se rapprocher des protagonistes, accroissant le sentiment d'étouffement. En même temps l'éclairage baisse aussi (en prétextant l'arrivée d'un orage).

Accueil

Critique

Lors de sa première sortie en salles, Douze Hommes en colère a été salué par la critique. Le journaliste A.H. Weiler du New York Times écrit : « Cela crée un drame tendu, absorbant et convaincant qui va bien au-delà des limites étroites de la salle de son jury », ajoutant que, concernant son observation des douze hommes : « leurs drames sont suffisamment puissants et provocateurs pour garder un spectateur fasciné »[6]. Le magazine Variety l'a qualifié de « drame absorbant » avec une action qui était « peut-être la meilleure vue récemment dans un seul film »[7]. Philip K. Scheuer du Los Angeles Times l'a qualifié de « tour de force dans la réalisation de films »[8]. Le Monthly Film Bulletin l'a considéré comme « un drame convaincant et remarquablement bien géré »[9] et John McCarten du New Yorker l'a qualifié d'un « ajout assez substantiel au paysage du celluloïde »[10].

Sur le site agrégateur de critiques Rotten Tomatoes, le film est crédité d'un score de 100 % d'avis positifs, sur la base de 54 critiques collectées et une note moyenne de 9,10/10 ; le consensus du site indique : « Le premier long métrage de Sidney Lumet est un thriller de salle d'audience superbement écrit et extrêmement efficace, qui se présente à juste titre comme un classique moderne »[11].

Box-office

Néanmoins, le film est considéré comme un échec au box-office américain[12],[13], ne réalisant qu'un million de dollars selon un article de Variety de mars 1958[14], mais a mieux marché au niveau international[4]. L'avènement des productions couleur et en écran large peut avoir contribué à ses performances décevantes au box-office[12]. Ce n'est que lors de sa première diffusion à la télévision que le film a finalement trouvé son public[15].

Autour du film

  • Le film respecte la règle classique des trois unités : unité de temps, de lieu et d'action.
  • Jusqu'au dernier instant du film, aucun des noms des protagonistes n'est prononcé : les douze hommes ne s'appellent jamais par leur patronyme. On découvre les noms des deux premiers jurés en faveur de la non culpabilité  M. Davis (Henry Fonda) et M. McCardle (Joseph Sweeney)  lorsqu'ils quittent le tribunal avant l'intertitre « fin. » De la même façon, ni l'accusé ni aucun témoin n'est jamais nommé, montrant bien que ces personnes de professions, d'intérêts, d'opinions, de niveaux sociaux ou de statuts différents sont réunies uniquement pour accomplir leur devoir de jurés et ne portent aucun intérêt aux autres.

Distinctions

Récompenses

Nominations

Conservation

Adaptations

Théâtre

[pas clair]

Cinéma

Télévision

Références au film

Cinéma

  • Le film Autopsie d'un meurtre (1959) d'Otto Preminger, sorti deux ans plus tard, montre les jeux respectifs de la défense et de l'accusation pour impressionner les jurés. Vers la fin, la tirade de McCarthy : « douze personnes, enfermées ensemble... » est une allusion claire à Douze Hommes en colère.

Télévision

  • Le scénario du film a également été adapté dans d'autres séries, telles que Arabesque (saison 2, épisode 13 "Machiavélisme"),Clair de Lune (saison 5, épisode 11 "Le Juré dissident"), Malcolm (saison 3, épisode 20, « Messieurs les jurés »), Preuve à l'appui (saison 3, épisode 2, « Sans preuve à l'appui »), Demain à la une (saison 1, épisode 17, « Juré malgré lui ») The Dead Zone (saison 1, épisode 5, « Coupable ») Veronica Mars (saison 2, épisode 10, « Une affaire simple »), Monk (saison 4, épisode 16, « Monk est juré »), Castle (saison 3, épisode 19 "Un homme en colère"), Blue Bloods (saison 4, épisode 8), Parks and Recreation (saison 2, épisode 3, « Concours de beauté »), Ma famille d'abord, Hancock's Half Hour, Un drôle de shérif, Larry et Balki, The Odd Couple, Les Rois du Texas, Matlock, voire le dessin animé Hé Arnold !, la série Charmed (saison 4, épisode 11), Vegas. À noter qu'un remake par la série Sept à la maison (saison 4, épisode 17, « Douze Jurés en colère ») où le personnage principal, Eric Camden, tente de convaincre de la culpabilité de l'accusé, ce qui est l'inverse du film de Lumet.
  • Dans la série Happy Days (1978), l'épisode « Coupable ou non coupable » (saison 5, épisode 27) est clairement une adaptation du film : juré dans une affaire de vol, Fonzie est le seul à croire l'accusé (un motard) non coupable ; il va essayer de convaincre les autres jurés de son innocence.
  • Dans la série Les Simpson (saison 5, épisode 20, « Le Garçon qui en savait trop »), Homer Simpson, désigné comme juré, est seul à voter non coupable, au grand dam des onze autres voulant terminer le plus vite possible, convaincus de la culpabilité du neveu Quimby. La phrase « Je vais te tuer » y est même reprise par l'accusé pendant le tribunal.
  • Dans la série Les Griffins, l'épisode 16 de la saison 11, intitulé « 12 and a Half Angry Men » fait directement référence au film, tant dans le titre que dans le scénario, sensiblement similaires. Ici c'est le maire de Quahog qui est accusé de meurtre et c'est Brian qui a des doutes quant à sa culpabilité et tente de le démontrer aux autres jurés.
  • Dans la série Malcolm, l'épisode 20 de la saison 3, intitulé « Messieurs les jurés » fait référence au film quand Loïs, la mère de Malcolm, est la seule du jury à douter de la culpabilité de l'accusé. Pour en terminer avec le procès, les autres jurés finissent par tous voter non coupable, sauf Loïs qui change son vote. On peut noter que si, tout au long de l'épisode - et comme c'est généralement le cas lorsque l'intrigue du film est reprise dans une autre œuvre - Loïs endosse un rôle similaire au juré n°8, il est révélé à la fin de l'épisode que son comportement incohérent et son esprit de contradiction lors des débats découlent de sa relation conflictuelle avec son fils Francis, auquel elle identifie inconsciemment (jusqu'à cette révélation finale) l'accusé, ce qui la rapproche, paradoxalement, du juré n°3.
  • L'épisode 11 de la saison 4 des Experts : Las Vegas, « Onze hommes en colère », reprend le dispositif de huis clos entre jurés. L'enquête porte sur la mort d'un juré.

Bande dessinée et manga

  • Dans le manga L'Ara aux sept couleurs, épisode 21 (qui porte le nom de l'œuvre d'origine, Douze Hommes en colère), l'intrigue est inversée et l'Ara cherche à prouver la culpabilité de l'accusé.

Notes et références

  1. « 12 Hommes en colère », sur Allociné (consulté le ).
  2. (en) « Librarian of Congress Announces National Film Registry Selections for 2007 », sur loc.gov, Library of Congress, Washington, D.C. (consulté le ).
  3. (en) « AFI's 10 Top 10 Courtroom Drama », sur afi.com, American Film Institute, .
  4. (en) Hy Hollinger, « Telecast and Theatre Film, Looks As If '12 Angry Men' May Reap Most Dough As Legit Play », Variety, , p. 5 (lire en ligne)
  5. « Visas et Classification : Fiche 12 Hommes en colère », sur CNC, (consulté le ).
  6. (en) A.H. Weiler, « "Twelve Angry Men (1957)" Movie Review », The New York Times, (lire en ligne).
  7. (en) « 12 Angry Men », Variety, , p. 6
  8. (en) Philip K. Scheuer, « Audience Sweats It Out—Literally—With Jury », Los Angeles Times, , Part II, p. 13
  9. (en) « Twelve Angry Men », Monthly Film Bulletin, vol. 24, no 281, , p. 68
  10. (en) John McCarten, « The Current Cinema », The New Yorker, , p. 66
  11. « 12 Angry Men (Twelve Angry Men) (1957) », Rotten Tomatoes (consulté le ).
  12. (en) « 12 Angry Men », filmsite.org (consulté le 14 avril 2012).
  13. (en) « 12 Angry Men », allmovie.com (consulté le 14 avril 2012).
  14. (en) « 12 Angry Men », sur catalog.afi.com, .
  15. (en) Beyond a Reasonable Doubt: Making 12 Angry Men Featurette on Collector's Edition DVD
  16. « Douze Hommes en colère : Michel Leeb fait parler la justice ce soir sur France 2 », Première.fr, 5 janvier 2010.
  17. « 12 - film 2007 », Allociné (consulté le 2 janvier 2021).

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Reginald Rose, Readings on Twelve Angry Men, San Diego, Greenhaven Press, coll. « Literary Companion Series », , 156 p. (ISBN 978-0-73-770313-9, 0-7377-0314-8 et 0-7377-0313-X).

Article connexe

Liens externes

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