Umberto D.

Umberto D. est un film dramatique italien réalisé par Vittorio De Sica et sorti en 1952.

Umberto D.
Carlo Battisti (it) et Maria-Pia Casilio dans une scène du film.
Réalisation Vittorio De Sica
Scénario Cesare Zavattini
Acteurs principaux

Carlo Battisti (it)
Maria-Pia Casilio

Pays d’origine Italie
Genre Drame psychologique
Durée 80 minutes
Sortie 1952


Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Synopsis

Dans les années 1950, à Rome en Italie, un modeste fonctionnaire à la retraite, Umberto Domenico Ferrari, dispose d'une pension insuffisante pour vivre. Habitant avec son chien « Flyke » (ou « Flaïk ») chez une logeuse intransigeante et pingre, il s'ingénie à trouver les fonds nécessaires au paiement de son loyer et se démunit petit à petit de tout ce qui lui tient à cœur. Malgré ses efforts, il ne parvient pas à rembourser ses dettes.

Il est hospitalisé pour une fièvre persistante et fait semblant d'être pieux pour pouvoir être alité gratuitement plus longtemps à l'hôpital dont les infirmières sont des nonnes. De retour chez sa logeuse, il s'aperçoit qu'on a transformé sa chambre en salon et que son chien, gardé par la jeune bonne, a disparu. La logeuse l'a laissé se sauver. Il part à sa recherche et le retrouve dans un chenil qui euthanasie les chiens recueillis non réattribués à leurs maîtres. Umberto demande alors à ses connaissances de lui prêter de l'argent pour vivre mais toutes y font la sourde oreille. Ces évictions obligent le vieil homme à envisager la mendicité terrible pour lui.

Mais trop fier pour être vu en train de mendier, il semble prêt à mourir. Il essaie de confier son chien à des personnes attentionnées mais finalement celui-ci demeure avec lui et l'empêche de se suicider en s'échappant de ses bras près d'un train au moment fatidique et en l'en éloignant.

Fiche technique

Distribution

  • Carlo Battisti (it) : Umberto Domenico Ferrari
Carlo Battisti (it) (1882-1977), professeur de linguistique à l'université de Florence, dont ce fut le seul rôle, a publié un recueil de souvenirs consacré au tournage du film : Come divenni Umberto D, Rome, Edizioni della Cineteca Scolastica, 1955.

Accueil

Le scénariste Cesare Zavattini, reliant ce film aux trois précédents[Lesquels ?], souhaitait que le film soit « mobilisateur », suscitant un réflexe de solidarité chez le spectateur. Or, le film eut une audience très limitée[1] et les milieux politiques italiens de cette époque ne l'encouragèrent point[2]. « Parce que la manifestation des retraités fut placée au début, et la tentative de suicide à la fin, le film en devint-il pessimiste ? », s'interrogeait, plus tard, Georges Sadoul[3]?

Vittorio De Sica  dont Umberto D fut « le film préféré »  pensait pourtant que « l'histoire de ce vieux retraité […] et ses essais pathétiques et maladroits pour se réchauffer le cœur aurait une forme d'universalité propre à être comprise par tout un chacun. »[4] L'acteur déclara : « Umberto D, c'est la tragédie de ces personnes qui se trouvent exclues d'un monde qu'elles ont pourtant contribué à construire, une tragédie qui se cache dans la résignation et le silence, mais qui, parfois, explose en manifestations retentissantes ou pousse à d'épouvantables suicides. La décision de mourir prise par un être jeune est chose grave, mais que dire du suicide d'un vieillard […] ? C'est horrible. Une société qui permet cela est une société perdue[5]. »

Analyse

« Drame de la solitude, de la pauvreté, de la vieillesse, Umberto D est un peu la quintessence de l'art de De Sica », écrit Jean A. Gili[6]. « Dans son apparente simplicité, c'est le plus riche des quatre films nés de la collaboration de De Sica-Zavattini », affirme, de son côté, Jacques Lourcelles[7].

Ce « récit de la vie de quelqu'un à qui il n'arrive rien » (Cesare Zavattini) est, aussi, un point d'aboutissement dans la démarche néo-réaliste. André Bazin note, en effet : « Dans Umberto D on entrevoit à plusieurs reprises ce que serait un cinéma véritablement réaliste quant au temps. Un cinéma de la durée. »[8]

« […] L'unité du récit du film n'est pas l'épisode, l'évènement, le coup de théâtre, le caractère des protagonistes, elle est la succession des instants concrets de la vie, dont aucun ne peut être dit plus important que les autres ; leur égalité ontologique détruisant à son principe même la catégorie dramatique. »[9] On découvre, en réalité, que « la perfection du Voleur de bicyclette n'était qu'un point de départ quand on y voyait un achèvement. Il fallait Umberto D pour comprendre ce qui, dans le réalisme du Voleur de bicyclette, constituait une concession à la dramaturgie classique », argumente André Bazin[9].

Selon Jacques Lourcelles, il faut, à nouveau, louer la capacité de De Sica à s'identifier, avec tendresse, à ses héros. « Dans ce film, il se met comme à la place de son héros pour regarder — plus et mieux que lui — le monde qui l'entoure, sensible à l'extrême aux bruits, aux images, aux plus infimes détails de son environnement. L'observation semble ici une faculté étrangement vierge […]. Umberto D, une des rares expériences de dédramatisation […] reste néanmoins constamment en mouvement », juge-t-il plus loin[10].

Distinctions

Le film a été présenté en sélection officielle en compétition au Festival de Cannes 1952[11].

Remake

Francis Huster réalisa une adaptation intitulée Un homme et son chien, avec Jean-Paul Belmondo, sortie en .

Notes et références

  1. Placé en 85e position au box-office italien de la saison 1951-1952, Umberto D rapporta environ 106 millions de lires. Le film Don Camillo fit, cette année-là, 1 milliard 450 millions de lires (cf. R. Borde et A. Bouissy, « Bilan du néoréalisme », Positif, no 23, .
  2. En plusieurs circonstances, des responsables du gouvernement italien manifestèrent leur hostilité à l'égard du néo-réalisme. Giulio Andreotti, alors sous-secrétaire d'État à la présidence du Conseil, adopta même une attitude nettement défavorable à l'égard d’Umberto D, déclarant : « Si, à travers le monde, on finit par croire, bien à tort, que l'Italie d’Umberto D est celle du milieu du XXe siècle, De Sica aura rendu un très mauvais service à sa patrie… Nous demandons à De Sica de ne jamais perdre de vue le fait qu'il doit, au minimum, viser un optimisme sain et constructif susceptible d'aider l'humanité à progresser. » (Libertas, ).
  3. Georges Sadoul, op. cit.
  4. in : Cesare Zavattini par Aldo Bernardini/Jean A. Gili, Éditions du Centre Georges Pompidou, 1990.
  5. Cité par Georges Sadoul in : Dictionnaire des films, Paris, Microcosme/Seuil, 1965.
  6. in : Le Cinéma italien, Éditions de La Martinière, Paris, 2011.
  7. in : Dictionnaire du cinéma. Les films, Paris, Éditions Robert Laffont, 1992.
  8. André Bazin in : Qu'est-ce que le cinéma ?, Paris, Éditions du Cerf, 1958 ; nouvelle réédition en 2011.
  9. André Bazin, op. cit..
  10. Jacques Lourcelles, op. cit..
  11. La Sélection - 1952 - Compétition, site officiel du Festival de Cannes.

Annexes

Bibliographie

Article connexe

Liens externes

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