Protestantisme en France
Implanté en France dès les débuts de la Réforme, le protestantisme arrive aujourd'hui en troisième position des religions pratiquées en France après le catholicisme et l'islam, mais avant le judaïsme et l'orthodoxie. La Fédération protestante de France est l’instance représentative du protestantisme français auprès des pouvoirs publics[1]. Les protestants français se répartissent d'une part entre les deux dénominations reconnues officiellement en 1802, d'une part les églises luthériennes et les églises réformées, et d'autre part les différentes dénominations évangéliques, pour la plupart venues d'Angleterre et des États-Unis au cours des XIXe et XXe siècles, telles que le baptisme, le pentecôtisme, l'adventisme et les autres églises évangéliques. Celles-ci représentent environ un tiers des protestants français et sont en forte croissance.
Religion | Protestantisme |
---|---|
Pays | France |
Représentation | Fédération protestante de France |
Président de la représentation | François Clavairoly |
Langue(s) | Français |
Nombre de temples | 4 000 |
Nombre de pasteurs | 1 605 (2010) |
Population protestante |
2,6 millions (2,8 millions en incluant les DOM-TOM) (2012) |
Pourcentage | 3 à 4 % (2009) |
Courants | Luthéranisme, réformisme, méthodisme, pentecôtisme, adventisme, évangélisme, anglicanisme, quakerisme et autres dénominations. |
1521 | Excommunication de Luther |
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1559 | Première assemblée nationale (ou synode) de l'Église réformée de France |
1561 | Colloque de Poissy |
1er mars 1562 | Massacre de Wassy, début des guerres de Religion |
23-24 août 1572 | Massacre de la Saint-Barthélemy à Paris |
30 avril 1598 | Édit de Nantes |
1802 | Les protestants français se répartissent entre les églises luthériennes et les églises réformées |
25 octobre 1905 | Création de la Fédération protestante de France |
9 décembre 1905 | Loi de séparation des Églises et de l'État |
Voir aussi
- Afrique du Sud
- Algérie
- Angola
- Bénin
- Botswana
- Burkina Faso
- Burundi
- Cameroun
- Centrafrique
- République démocratique du Congo
- Côte d'Ivoire
- Djibouti
- Égypte
- Érythrée
- Éthiopie
- Guinée-Bissau
- Kenya
- Madagascar
- Mali
- Mauritanie
- Maroc
- Mozambique
- Niger
- Nigeria
- Ouganda
- Sahara occidental
- Sao Tomé-et-Principe
- Sénégal
- Sierra Leone
- Somalie
- Soudan
- Soudan du Sud
- Tchad
- Tunisie
- Zambie
Plus marginalement, il existe aussi, là où la population britannique résidant en France le permet, quelques paroisses anglicanes et quelques communautés quaker[2].
Statistiques
Effectifs
Un sondage datant de 2009 estime les protestants français à 3 à 4 % de la population française, alors qu'en 1995 un sondage les estimait à 1,5 %, évolution que le sociologue Jean-Paul Willaime attribue à la croissance des mouvements évangéliques[3]. La définition de ce qu'est un protestant bute toutefois sur une question de définition : s'agit-il de protestants militants (pratiquants réguliers), de simples pratiquants (pratiquants occasionnels), de sympathisants (protestants de conviction), de « protestants sociologiques » — le plus souvent athées mais s'identifiant à la culture protestante —, de personnes se déclarant « proches du protestantisme » ? L'historien spécialiste des évangéliques Sébastien Fath distingue ces cinq cercles. Le dernier et plus vaste cercle est estimé à 2,6 millions de personnes (dont 750 000 évangéliques et 1 850 000 luthériens et réformés), ou 2,8 millions en incluant les DOM-TOM, tandis que le premier ne regroupe que 600 000 personnes dont 460 000 évangéliques et 140 000 luthériens et réformés. Ce petit 1 % de la population française peut se comparer au 4 à 7 % que représenterait le catholicisme défini selon les mêmes critères. Sébastien Fath dénombre aussi quelque 4 000 lieux de culte en France, dont 2 600 lieux évangéliques et 1 400 luthériens ou réformés[4].
Rattachements au sein du protestantisme
Selon le sondage IFOP de 2010[5] :
- 56 % de ceux qui se disent protestants (protestants « sociologiques ») se déclarent être luthériens ou réformés, 30 % se disent de sensibilité évangélique, pentecôtiste ou charismatique, et 14 % ne se prononcent pas ;
- parmi les pratiquants, la proportion s'inverse : 55 % sont évangéliques, 37 % sont luthériens ou réformés et 8 % indéterminés. La piété est donc beaucoup plus vive chez les évangéliques ;
- le taux de pratique chez les moins de 35 ans est supérieur à celui des plus de 35 ans : 65 % contre 58 % ; ce phénomène, qui va à l'encontre de l'idée générale qui veut que plus on est jeune, moins on pratique sa religion, est clairement lié à la composante évangélique du protestantisme, plus jeune et plus militante.
Corps pastoral
- La Fédération protestante de France recensait 1 605 pasteurs en France en 2010 dont 33 % de pasteurs réformés, 18 % de luthériens, 32 % d'évangéliques et pentecôtistes et 16 % d'autres dénominations (adventistes et églises ethniques).
- 23 % des pasteurs réformés français sont des femmes, mais seulement 12 % sur l'ensemble de la Fédération protestante de France[5].
Positions en matière d'éthique personnelle et sociale
En matière d'éthique personnelle et sexuelle, les vues généralement considérées comme progressistes des protestants sont en réalité bien différentes selon l'appartenance soit au protestantisme luthéro-réformé historique, soit au protestantisme évangélique[5] :
Question | Protestants en accord (%) | Luthéro-réformés (%) | Évangéliques (%) |
---|---|---|---|
Il faut défendre le droit à l'avortement | 72 | 87 | 40 |
Bénédiction des couples pacsés à l'église | 51 | 58 | 32 |
Bénédiction des couples homosexuels à l'église | 36 | 46 | 14 |
Droit à choisir le moment de sa mort (sous certaines conditions) | 51 | 62 | 27 |
En revanche, en matière sociale, les vues des différentes familles du protestantisme français convergent largement vers un libéralisme socialement et écologiquement responsable[5] :
Question | Protestants en accord (%) | Luthéro-réformés (%) | Évangéliques (%) |
---|---|---|---|
Il faut que l’État donne plus de liberté aux entreprises | 65 | 62 | 69 |
Il faut qu'un chômeur soit obligé d'accepter une 3e proposition d'emploi | 64 | 66 | 58 |
Une taxe carbone serait une bonne chose pour l'environnement | 59 | 63 | 59 |
On accueille mal les étrangers en France | 57 | 59 | 54 |
Il y a trop d'immigrés en France | 39 | 38 | 37 |
Géographie
France métropolitaine
Le protestantisme est inégalement réparti dans les régions, en fonction de l'Histoire. Les luthériens sont principalement implantés en Alsace et dans le pays de Montbéliard (car Montbéliard n'était pas encore incorporée au royaume de France lors des persécutions religieuses, et l'Alsace a été exceptée des persécutions). Les calvinistes (ou réformés) sont présents surtout dans le Midi, dans le Languedoc (surtout dans les Cévennes), le Béarn, la vallée de la Dordogne (Bergerac, Sainte-Foy-la-Grande, Castillon-la-Bataille), l’ancien comté de Foix, le Dauphiné, et dans quelques points de l'Ouest de la France (Saumur, La Rochelle, etc.). Dans d’autres régions (Pays de Loire, Poitou, Bretagne, Nord de la France), le protestantisme est plus diffus. Il est présent dans la plupart des grandes villes, où sa sociologie évolue rapidement en fonction des implantations nouvelles des églises évangéliques[6].
L'anabaptisme et le mennonitisme se développent à partir de l'Alsace et de Montbéliard.
Numériquement, les protestants formaient au XVIIe siècle une communauté d'un peu moins d'un million de personnes, soit environ 5% de la population du royaume de France, qui possèdaient une culture spécifique, notamment dans le Midi où le français est utilisé dans les églises au lieu de la langue vernaculaire usuelle[7].
Environ 300 000 huguenots ont quitté le territoire lors des persécutions avant et après la révocation de l’édit de Nantes, le (dragonnades, interdiction d'exercice de certaines professions, destruction des temples, confiscations des biens, enlèvement d'enfants, condamnation à la prison ou aux galères, exécution des prédicants), tandis que ceux qui se sont maintenus sur place ont été contraints d'abjurer le protestantisme en faveur du catholicisme. La démographie protestante française ne commence à se redresser qu'à partir du Réveil protestant francophone dans la première moitié du XIXe siècle. Elle représente actuellement 3 à 4 % de la population française[3].
Départements d'outre-mer
La population protestante des DOM représente environ 110 000 personnes :
- Pour les Antilles françaises et la Guyane, 5 % à 7 % de la population totale de ces départements d'outre-mer, donc 50 000 à 70 000 personnes, se rattache à une église protestante ou évangélique, avec une diversité importante[8].
- Le protestantisme à La Réunion - une île longtemps restée sous le contrôle exclusif de l’Église catholique[9] - représente environ 4,5% de la population, soit un peu moins de 40 000 personnes. Il est à majorité pentecôtiste, les Assemblées de Dieu représentant 60% de ce total[10].
- A Mayotte - dont la population est à 95% musulmane et dont le droit accommode en partie le droit coutumier et islamique[11], le protestantisme est ultra-minoritaire, la communauté locale est essentiellement composée de migrants ou d'expatriés, dont une majorité de Malgaches[12].
Territoires d'outre-mer
Quelque 280 000 protestants, non comptabilisés dans les statistiques françaises qui n'englobent que la France métropolitaine et les DOM, résident dans deux territoires d'outre-mer français, témoins du dynamisme de la mission protestante des XIXe et XXe siècles :
- En Polynésie française, la population protestante est de l'ordre de 50% de la population (290 000 habitants), l'église la plus importante, l'Église protestante ma'ohi, d'obédience réformée, revendique 38% de la population mais tend à régresser au profit des églises pentecôtistes et des Mormons qui seraient environ 10% de la population[13].
- En Nouvelle-Calédonie, la population protestante est de l'ordre de 30% de la population totale (270 000 habitants)[14].
Histoire
Les débuts
Le principal précurseur du protestantisme en France est sans doute Jacques Lefèvre d'Étaples (1450?-1537), théologien et humaniste français, traducteur de la Bible et exégète à l'esprit critique. Nommé en 1520 vicaire de Guillaume Briçonnet, évêque de Meaux, Lefèvre crée le « Cénacle de Meaux » dont le but était d'améliorer la formation des prêtres en s'attachant à la prédication et à la vulgarisation des Écritures, en regroupant autour de lui Guillaume Farel (futur prédicateur protestant), Guillaume Briçonnet, Gérard Roussel, Louis Berquin, François Vatable ou encore Marguerite d'Angoulême.
Après les premiers succès du luthéranisme, qui coexiste pacifiquement avec le catholicisme pendant une trentaine d'années malgré l'excommunication de Luther en 1521[15], une deuxième vague de prédicateurs protestants se répand en France sous l'influence de Jean Calvin, parmi lesquels Guillaume Farel ou Guy de Brès.
En 1560, environ 10 % des Français sont devenus protestants (appelés « huguenots »), proportion qui monte à 30 % chez les nobles français[réf. nécessaire].
Les guerres de religion
En mai 1559 a lieu la première assemblée nationale (ou synode) de l'Église réformée de France. En septembre 1561, le colloque de Poissy, au cours duquel théologiens catholiques et protestants ont tenté de se mettre d'accord, est un échec. Le à Wassy, des protestants surpris pendant un culte sont massacrés par le duc de Guise, ce qui marque le début des guerres de religion. Le baron des Adrets, noble protestant méridional, fait à son tour tuer des catholiques.
Huit guerres de religion (1562-98) sont dénombrées au XVIe siècle, la France connaissant une fracture religieuse : la majorité du pays reste fidèle au catholicisme, tandis qu'une importante minorité rejoint la Réforme. Le principe de la coexistence de deux confessions dans le Royaume se révèle inapplicable. La guerre ne peut être évitée, signe de l'échec de la tolérance civile. Huit guerres vont se succéder sur une durée de 36 ans, entrecoupées de périodes de paix fragiles.
Le , le mariage d’Henri de Navarre et de Marguerite de Valois est célébré à Paris. Peu après, le 23-, le Massacre de la Saint-Barthélemy a lieu à Paris. Un Conseil royal se réunit, au cours duquel il est décidé d'éliminer les principaux chefs huguenots. L'amiral de Coligny et d'autres gentilshommes protestants sont assassinés tant au Louvre qu'en ville. Cette exécution d'un nombre limité de chefs huguenots est suivie d'une tuerie qui va durer jusqu'au et fait dans Paris 4 000 victimes. Le massacre s'étend alors à la province où l'on dénombre 10 000 tués. Le massacre marque le début de la quatrième guerre de religion.
Le , la paix de Bergerac est signée entre le roi Henri III et les protestants, mettant un terme provisoire au conflit.
Ces guerres entraînent un déclin démographique du protestantisme français : alors que les huguenots, au tout début des années 1560, sont environ 2 millions, soit 12,5 % d'une population française estimée à 16 millions d'habitants, leur chiffre serait tombé à 1,25 million au moment de l'édit de Nantes, soit 9 % d'une population elle-même en régression (14 millions d'habitants)[16].
Ce déclin ne doit pas masquer l'incertitude religieuse qui reste très répandue au XVIe siècle car la frontière confessionnelle est loin d'être tracée : les hésitations, les allers et retours, les conversions et abjurations des croyants, marquent en France l'histoire religieuse de ce siècle[17].
L’Édit de Nantes et ses suites
Le , Henri IV se convertit au catholicisme, ce qui lui permet d'accéder enfin au trône de France auquel il prétendait depuis 1589. C’est à propos de cette cérémonie qu’il aurait prononcé la célèbre phrase : « Paris vaut bien une messe ». Henri IV signe l’Édit de Nantes, le , qui reconnaît la liberté de conscience et une liberté de culte limitée aux protestants. La promulgation de cet édit met fin aux guerres de religion qui ont ravagé la France au XVIe siècle, et instaure une amnistie mettant un terme à toutes poursuites. Le royaume de France est alors le seul État où deux religions coexistent officiellement.[réf. nécessaire] L'assassinat d’Henri IV, a lieu le , par François Ravaillac, un catholique fanatique en désaccord avec les réformes religieuses du roi.
En 1617, le roi Louis XIII évince sa mère Marie de Médicis. L'une de ses premières décisions est de rendre le libre exercice du culte catholique au Béarn, pays passé à la Réforme protestante sous Jeanne d'Albret. Cette disposition de l'édit de Nantes n'avait jamais été appliquée. En 1620, Louis XIII décide de marcher sur le Béarn afin d'imposer l'exécution de son édit de 1617. Ce qui conduit à une série de rébellions, qui conduit finalement en 1629 à la paix d'Alès, qui réduit à néant la plupart des dispositions politiques et militaires accordées aux protestants par l'édit de Nantes pour garantir leurs libertés. Les libertés sont donc graduellement grignotées par la suite. À partir de 1679, un processus méthodique d’étouffement du protestantisme se met en place[18] :
- suppression des assemblées locales protestantes et du synode national ;
- réexamen des droits des temples amenant la destruction d’un temple sur deux ;
- à partir de 1683, réservation, dans les temples, d'une place pour des catholiques venus écouter le pasteur pour favoriser la délation ;
- exclusion des offices dont l’acquisition est essentielle dans le processus d’ascension sociale des familles protestants, puis des professions libérales (avocats, médecins, apothicaires, mais aussi imprimeurs et libraires, personnages-clés pour la diffusion de la Bible) ;
- suppression des chambres de l’édit de Nantes ;
- suppression de tous les établissements d’enseignement au-delà de l’enseignement primaire, ce qui revient à confier l’éducation des enfants aux catholiques ;
- création d’une caisse de conversion pour acheter les conversions.
XVIIe siècle, interdictions, persécutions puis reconnaissance officielle
Au début de son règne, en gros de 1661 à 1679, Louis XIV poursuit la politique antiprotestante « douce » de son prédécesseur. Une application tatillonne de l'Édit de Nantes lui permet d'interdire tout ce qui n'y est pas explicitement autorisé aux protestants : il fait par exemple détruire tous les temples bâtis après 1598, fait exercer des pressions sur les enfants protestants qui peuvent se convertir au catholicisme dès l'âge de sept ans et être dès lors élevés dans une institution catholique aux frais de leur famille. Malgré des moyens importants, les résultats de cette politique sont très faibles mais le déclin démographique du protestantisme se poursuit : en 1670, il compte 800 000 fidèles, soit 4 % des 20 millions de Français[16]. À partir de 1680, encouragé par la position que lui donne sa supériorité militaire et diplomatique indiscutée en Europe et sans doute soucieux de donner des gages de bonne catholicité au pape Innocent XI avec lequel il a eu maille à partir, le roi décide de recourir à la contrainte et au besoin à la violence contre les protestants de France qui sont en somme les seuls à résister encore à sa volonté de pouvoir absolu[réf. nécessaire].
S'ouvre alors une période de persécutions, notamment sous forme de logement forcé de troupes au comportement violent ou abusif (les dragonnades), confiscation des biens, enlèvement des enfants ou emprisonnement, ce qui conduit 200 000 protestants à l'émigration (le Refuge) et l'autre partie à une sorte de résistance passive ou, dans sa majorité, à pratiquer un catholicisme de surface[19]. La cruauté des dragonnades entraîna des conversions en masse. On estime qu’à la fin de l’été 1685, donc avant l'édit de Fontainebleau, le nombre de ceux qui avaient signé sous la contrainte une confession de foi catholique avait atteint environ 400 000[20] personnes.
Estimant, sur la base des rapports quelque peu enjolivés transmis par ses intendants, que le protestantisme était pratiquement éradiqué, Louis XIV signe le l'Édit de Fontainebleau révoquant l’Édit de Nantes. Le protestantisme est dès lors purement et simplement interdit dans tout le royaume de France, sauf en Alsace où ses libertés sont garanties par les traités de Westphalie (1648) et l'acte de capitulation de Strasbourg (1681).
C'est alors la période de l'« Église sous la Croix », un siècle (1685-1787) pendant lequel des cultes clandestins se tiennent parfois au Désert (allusion à l'errance du peuple d'Israël dans le Sinaï), c'est-à-dire souvent en pleine nature dans des grottes, clairières ou vallons isolés), cela dans toute la France, avec l'appui ponctuel de pasteurs itinérants risquant leur vie à chaque étape. Au sein de cette période de l'« Église sous la Croix », la révolte des Camisards (1702-1704) constitue un épisode exceptionnel, essentiellement cévenol, mêlant prophétisme et violence, qui implique toute une population révoltée par la répression dans une guérilla qui oblige le roi de France à mobiliser contre elle, en pleine guerre de Succession d'Espagne, d'excellents régiments.
De leur côté, prélats et missionnaires catholiques s'efforcent également par la plume et la parole de convaincre les protestants de la supériorité du catholicisme, ou tout simplement de l'intérêt matériel et immédiat qu'apporterait une conversion. On peut citer Bossuet, auteur d'une Histoire des variations des Églises protestantes, qui obtint par exemple en 1668 la conversion tardive de Turenne.
Le , par sa déclaration contre les huguenots, Louis XV renforce l'application de la législation anti-protestante et impose l'instruction catholique forcée pour les enfants[21]. La trêve de 1744 empêche la persécution des protestants, ils profitent de cette année pour se marier, baptiser leurs enfants et pratiquer leur culte.
En 1745, la persécution anti-protestants reprend, l’Église catholique prend de nouvelles mesures et exécute des pasteurs clandestins, envoie des huguenots aux galères et leurs femmes en prison lorsqu'ils sont pris à pratiquer leur culte (la prison pour femmes la plus connue étant la Tour de Constance, à Aigues-Mortes)[22].
Enfin, le , Louis XVI rend aux protestants une existence légale par l'édit de Versailles qui institue pour les non-catholiques un état civil laïc (tenu par des juges royaux), ce qui permet aux protestants de faire lever la mention infamante d'enfant illégitime jusque-là accolée à toutes les naissances protestantes dans les registres paroissiaux.
Comme le fait remarquer Georges Gusdorf, la période de la persécution anti-protestante, entre la Révocation de l'édit de Nantes, en 1685, et l'édit de tolérance, en 1787, recouvre une période que l'historiographie française et l'imaginaire collectif ont appelé le Siècle des Lumières, donnant de cette période un récit positif d'une lutte pour la liberté permettant de faire disparaître ce que Gusdorf a qualifié de « génocide » dans l'indifférence quasi-générale des philosophes[23].
La Révolution et l'égalité des droits
A la Révolution, il y aura seulement 17 protestants parmi les 1200 députés aux États généraux. Toutefois plusieurs protestants font partie des protagonistes de la Révolution : Antoine Barnave, François-Antoine de Boissy d'Anglas, Pierre-Joseph Cambon, Benjamin Constant, Jean-Paul Marat, Jacques Necker, Jean-Paul Rabaut Saint-Étienne... Aucun comportement commun ne les caractérise : on en trouvera dans tous les partis, défendant toutes les opinions. Ils contribueront de manière parfois marquante aux travaux des assemblées[24] :
- Le , l'adoption de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 promulgue la liberté de conscience et de culte et établit l'égalité entre tous les citoyens quelle que soit leur conviction religieuse. Le conventionnel protestant Rabaut-Saint-Etienne, fils d'un pasteur du Désert, a particulièrement et éloquemment plaidé pour obtenir un article 10 sans aucune ambiguïté : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses »[24] ;
- Pierre-Joseph Cambon s’illustre par la création du Grand-Livre de la Dette publique () par lequel la Convention reconnaît les dettes de l’Ancien Régime ce qui vise à rallier les rentiers à la Révolution ; il tient tête à Robespierre dont il accélère la chute et obtient le la suppression du budget des cultes, ce qui met fin à la Constitution civile du clergé et constitue la première séparation de l'Église et de l'État en France ;
- Boissy d’Anglas sera le rapporteur de la loi du qui réaffirmera la séparation des églises et de l’État et la liberté des cultes sans appui de l’État.
Par la suite 22 protestants seront élus à l'Assemblée législative de 1791 sur un total de 745 députés, et 36 députés protestants à la Convention sur un total de 749[24].
Pendant la Révolution française, tous les cultes vont être interdits, les églises, les temples et les synagogues sont fermés et désaffectés, pour promouvoir d'abord un déisme d'État, Culte de la Raison et de l'Être suprême et la théophilanthropie, puis l'athéisme, les campagnes de déchristianisation culminant notamment de à juillet 1794 puis après le coup d’état du . Les protestants feront profil bas, plusieurs conventionnels protestants acceptant même sans trop se compromettre ces campagnes de déchristianisation. Si le culte fut partout suspendu, le protestantisme, habitué à la clandestinité et peu doté de richesses, fut relativement peu affecté par le vandalisme ou les confiscations. Le culte reprendra au lendemain du 9 thermidor et un seul conventionnel protestant sera victime de la réaction thermidorienne[24].
XIXe siècle, création des consistoires, Réveil et croissance du protestantisme
Avec Napoléon Bonaparte, les différents cultes, catholiques, protestants et israélites, sont rétablis et dotés d'institutions officielles centralisées sur le modèle de l'Église catholique romaine. La loi du 18 germinal an X () rétablit officiellement le culte protestant et reconnaît deux obédiences distinctes en créant un consistoire luthérien et un consistoire calviniste (Église réformée et Église de la Confession d'Augsbourg). Les protestants peuvent donc à nouveau établir des lieux de culte et de nombreux temples seront édifiés dans la première moitié du XIXe siècle.
A l'été 1815 toutefois, des protestants du Midi particulièrement dans la région de Nîmes sont à nouveau victimes d'une vague de violence, la Terreur blanche[25]. L'estimation du nombre de victimes varie de quelques dizaines à quelques centaines[26].
Le XIXe siècle a ensuite vu un développement rapide du protestantisme en France. Même sous la première Restauration, le protestantisme se sent désormais protégé[27]. À un certain épuisement religieux à la fin du XVIIIe siècle succède une période de renouveau, pour une part lié à un renouveau sociologique dû à l'essor de la bourgeoisie protestante[28] mais aussi et surtout lié à la vague de fond qui traverse tout le protestantisme francophone entre 1820 et 1850, le Réveil :
- ses premiers prédicateurs sont souvent suisses ou britanniques envoyés par des églises méthodistes ou baptistes, comme Ami Bost, Félix Neff ou Charles Cook sont les plus connus. Ils préfèrent les petites réunions aux grandes assemblées, et introduisent les cantiques romantiques, d’origine anglo-saxonne, alors que les réformés ne chantaient jusque-là que des psaumes. Le Réveil s'implante dans toutes les catégories sociales, jusque dans la haute bourgeoisie parisienne. La chapelle de la rue Taitbout, église indépendante, est ainsi fréquentée par un monde cosmopolite et élégant dont le soutien financier sera déterminant pour les œuvres protestantes.
- les sociétés et institutions sociales et missionnaires, pour la plupart issues du Réveil, se multiplient[29] :
- Société biblique de Paris (en 1818)
- Société des Traités religieux (1821)
- Société des Missions évangéliques (1822)
- Société protestante de prévoyance et de secours mutuel de Paris (1823)
- Orphelinat de Strasbourg-Neuhof (1825), suivi de ceux de Saverdun et Lemé
- Comité pour l'encouragement des Écoles du dimanche (1826)
- Société des amis des Pauvres (1829)
- Comité pour l'encouragement de l'instruction primaire chez les protestants de France (1829)
- Comité des dames protestantes pour les prisons de femmes (1839)
- Diaconesses de Reuilly et diaconesses de Strasbourg (1841)
- essor du mouvement dit du christianisme social (gauche chrétienne), autour notamment du pasteur Tommy Fallot, de l'école de Nîmes (dont la figure de proue est l'économiste Charles Gide), de la Ligue pour le relèvement de la moralité publique, etc.
À partir de 1849 toutefois, puis de nouveau en 1872 et 1873 à l'occasion du XXXe Synode général de l'Église réformée de France, le protestantisme français se divise entre « orthodoxes »[Quoi ?], souvent issus du Réveil, et « libéraux »[Quoi ?], avec l'apparition des Églises évangéliques libres. Ces divisions perdureront jusqu'en 1938.
En 1855, le pasteur John Bost, refusant la loi de 1838 qui ordonne d'enfermer les aliénés, fonde les asiles de la Force (son premier asile, "La famille évangélique" est créé en 1848 pour accueillir des orphelines et filles "en danger moral"). Les Asiles de Laforce (devenus "Asiles John Bost" à la mort de son fondateur en 1881) sont reconnus d'utilité publique en 1877.
En 1872 apparaît la Mission populaire évangélique lancée par le pasteur britannique Robert McAll venu prêcher à Paris suite aux terribles événements de la Commune. Parmi les mouvements qu'il a inspirés, citons :
- la coopérative de consommation de Fives-Lille créée par le pasteur Henri Nick avec l’aide de Charles Gide qui développe une théorie socialiste coopérative connue sous le nom d’École de Nîmes ;
- le scoutisme unioniste créé en 1911 à Grenelle (c’est le plus ancien groupe scout en France) ;
- des colonies de vacances qui occuperont jusqu’à quinze propriétés et deux préventoriums.
L'Armée du salut s'implante à Paris en 1881 sous la conduite de Catherine Booth-Clibborn, fille du fondateur William Booth.
Le protestantisme français est passé de 748 482 adhérents en 1851 à 846 619 en 1861 puis à 580 757 en 1872, l'Alsace-Moselle étant retranchée. Il s'agit donc d'une bien petite minorité même si elle a tout au long du XIXe siècle une influence très forte sur l'économie française et même la politique française[30] avec par exemple François Guizot, William Henry Waddington, Charles de Freycinet, Léon Say, l'amiral Jauréguiberry.
Au niveau des institutions et églises
La Fédération protestante de France (FPF) a été créée le comme une union d’Églises destinée à « défendre les intérêts protestants » dans le contexte de la loi de séparation des Églises et de l'État.
En 1938, les négociations conduites par le pasteur Marc Boegner en vue d'une « restauration de l'unité réformée » permirent d'établir une nouvelle Déclaration de foi de l'Église réformée de France et une partie des « Églises libres » acceptèrent de se rattacher à l’Église réformée de France. Mais certains restèrent à l'écart craignant que, malgré le nouveau texte, la théologie libérale ne prenne le dessus dans la nouvelle Union. Ils formèrent l'Union nationale de Églises réformées évangéliques indépendantes (UNEREI), aujourd'hui l'Union nationale des Églises protestantes réformées évangéliques de France, membre de la Fédération protestante de France.
En 2012, l’Église réformée de France et l'Église évangélique luthérienne de France s'unissent au sein d'une nouvelle union d'églises l’Église protestante unie de France.
La Fédération protestante de France fédère aujourd'hui 26 Églises et unions d’Églises. Les annuaires protestants recensent 690 paroisses luthériennes et réformées (luthéro-réformées) ainsi que 2 100 communautés évangéliques actives en France.
Depuis 2009, un grand rassemblement des protestants de toute tendance (historiques ou évangéliques), "Protestants en Fête", est organisé tous les quatre ans par la Fédération protestante de France sur le modèle du Kirchentag allemand. La dernière édition a réuni environ 15 000 personnes dont 8000 au Zénith de Strasbourg et les autres dans 7 églises de la ville qui retransmettaient la célébration en direct[31], sur le thème de la fraternité et des cinq cents ans de la Réforme protestante.
Au niveau de la société
Parallèlement, une partie de la gauche chrétienne réunie au sein du mouvement du « christianisme social » se tourne explicitement vers le socialisme, le communisme (après 1917), voire l'anarchisme, souvent au sein de groupes œcuméniques. On a ainsi, en 1908, la création de l'Union des socialistes chrétiens par Raoul Biville (professeur de droit) et Paul Passy (également professeur), à laquelle adhère Jules Humbert-Droz, l'un des fondateurs du Parti communiste suisse[32]. Henri Tricot, un pasteur anarchiste (De l'anarchie à l'Evangile, 1910), fonde l'Union des communistes spiritualistes[32]. Pendant les années 1930, l'Union des socialistes chrétiens et la tendance communiste des chrétiens sociaux fusionne dans le Front des chrétiens révolutionnaires. Mené en particulier par le syndicaliste Maurice Laudrain (futur membre de l'« abondancisme ») et le député André Philip (futur membre du PSU), celui-ci publie la revue Terre nouvelle[32].
Pendant la Deuxième Guerre mondiale, de nombreux protestants s'illustrèrent dans la Résistance surtout dans le sauvetage des juifs. L'aspect le plus spécifique en est sans doute la Résistance purement non-violente conduite par le pasteur André Trocmé au Chambon-sur-Lignon avec l'aide de tous les habitants de la région et de certains groupes ou organisations protestantes tels que les quakers ou la CIMADE, créée à cette époque.
Après 1945, on retrouve de nombreux protestants au sein des mouvements luttant pour l'information sexuelle et le droit à l'avortement, au sein du Planning familial, etc.
L'attachement mémoriel
Nombreux sont les protestants issus des Églises établies qui sont très attachés à l'histoire douloureuse de leur Église et parfois aux éléments d'histoire familiale associés ; c'est ce qui a conduit à la fondation de la Société de l'histoire du protestantisme français (SHPF), société savante fondée en 1852 afin de faciliter les recherches historiques sur le protestantisme. C'est une des plus anciennes sociétés savantes de France, qui publie depuis sa fondation le Bulletin de la SHPF (trimestriel), auquel s'est ajouté depuis les années 1980, les Cahiers du centre de généalogie protestante. Dans la même veine, il existe une association des Amitiés huguenotes internationales qui entretient les liens avec les communautés protestantes issues de l'émigration huguenote dans les pays dits du Refuge (voir au paragraphe ci-dessus).
L'une des manifestations les plus connues de l'attachement mémoriel protestant est sans doute l'Assemblée du désert qui se tient tous les premiers dimanches de septembre sous les chênes verts environnant le Musée du Désert à Mialet (Gard) : le matin des milliers protestants venus du Midi de la France mais aussi d'autres régions françaises voire de l'étranger participent à un culte en plein-air et l'après-midi à des conférences historiques en rapport avec les dates anniversaires du moment[33]. Le terme désert, utilisé par les protestants du XVIIIe siècle, époque de l’illégalité du culte protestant, pour désigner les zones reculées où les cultes clandestins se tenaient tant bien que mal, fait référence au livre de l'Exode dans la Bible, et au long parcours du peuple hébreu dans le désert après sa sortie d’Égypte.
Outre le Musée du désert, installé dans la maison natale du chef camisard Rolland, le site Huguenots en France[34] compte pas moins de 18 musées du protestantisme en France, sans compter les monuments et lieux de mémoire.
Dans les régions périphériques : une autre histoire
Le rattachement tardif ou temporaire à la France de certains territoires a donné à leur histoire religieuse une tout autre tonalité que celle du reste de la France.
Alsace
Jusqu'à la Guerre de Trente Ans, l'Alsace est terre d'empire et le protestantisme est présent dans de nombreuses régions, soit sous sa forme luthérienne soit sous sa forme réformée (minoritaire) en fonction de la religion du prince, selon les termes de la Paix d'Augsbourg de 1555. La signature des traités de Westphalie par Louis XIV en 1648 assura la protection juridique des protestants d’Alsace, à la différence de leurs coreligionnaires de vieille France déclarés hors la loi par la révocation de l’Édit de Nantes en 1685. Cependant un ensemble de contraintes furent imposées aux protestants d’Alsace en vue de favoriser les conversions.
D'autre part en raison de son rattachement à l'Empire allemand de 1871 à 1918, l'Alsace n'a pas été associée à la séparation de l’Église et de l’État. Après quelques débats et quelque agitation dans les années 1920, le statut des églises d'Alsace est resté celui du Concordat de 1801.
Le protestantisme alsacien dispose de sa propre Faculté de théologie au sein de l'Université de Strasbourg alors que les pasteurs de la « France de l'intérieur » (hors évangéliques) se forment à la Faculté de théologie protestante de Paris et à la Faculté de théologie protestante de Montpellier.
Les églises luthériennes et réformées d'Alsace se sont à présent réunies pour former l'Union des Églises protestantes d'Alsace et de Lorraine (UEPAL), forte de 260 000 membres et 290 paroisses.
Pays de Montbéliard
Sous la suzeraineté de duc de Wurtemberg, Montbéliard est maintenu dans l'orbite luthérienne jusqu'à la Révolution française, parfois contre la volonté des habitants qui auraient pu avoir des affinités avec les protestants calvinistes francophones. Les pasteurs seront donc formés à l'université de Tübingen pour éviter toute « contamination ». Le temple Saint-Martin, érigé à partir de 1601, est le plus ancien temple protestant de France.
À partir de 1685, Montbéliard accueille son lot de réfugiés huguenots chassés de France, ce qui occasionne la construction d'un quartier neuf, le Faubourg de Besançon, et du Temple Saint-Georges. En 1704, Jean Cavalier et son bataillon de camisards s'enfuient du Royaume de France où ils craignent d'être emprisonnés en passant par Montbéliard. Après 1712, Montbéliard accueille des anabaptistes expulsés d'Alsace auquel le prince attribue des fermes de tout premier plan qu'ils font d'ailleurs remarquablement fructifier.
En 1793, Montbéliard est occupé par les troupes françaises et intégré à la France. L’Église luthérienne, coupée de l'Alsace par le traité de Francfort de 1871, forme une des deux inspections ecclésiastiques de l’Église évangélique luthérienne de France (aujourd'hui Église protestante unie de France).
Algérie
Le une ordonnance royale créait à Alger une « Église consistoriale pour le culte protestant », qui n'était rattachée à aucune des deux Églises protestantes reconnues en métropole. Elle allait devenir l’« Église protestante unie d'Algérie » avec l'ordonnance royale du instituant un oratoire luthérien à Dely-Ibrahim, puis les décrets du et du organisant une véritable Église mixte, avec trois consistoires mixtes (Alger, Oran, Constantine), trois paroisses mixtes dans ces mêmes villes et des paroisses réformées ou luthériennes. Cette organisation allait subsister jusqu'à la loi de séparation des Églises et de l'État en 1905.
Églises et mouvements
Les Églises protestantes en France, pour certaines rassemblées dans la Fédération protestante de France, (FPF) présentent plusieurs confessions très diverses :
Églises luthériennes et réformées
Les Églises réformées sont héritières de Jean Calvin et de Zwingli. Il existe en France trois alliances d'Églises réformées : l'Église réformée de France (fusionnée depuis 2013 au sein de l’Église protestante unie de France), l'Église protestante réformée d'Alsace et de Lorraine (« concordataire » et regroupée depuis 2006 dans l'Union des Églises protestantes d'Alsace et de Lorraine), et l'Union nationale des Églises réformées évangéliques indépendantes.
Les Églises luthériennes sont héritières de la théologie de Martin Luther. Elles remontent également aux origines mêmes de la Réforme et se réclament des trois affirmations centrales du message de Luther : l'autorité souveraine de la Bible, le salut par la grâce, et le sacerdoce universel des croyants. Il existe en France trois unions d'Églises luthériennes : l'Église protestante de la Confession d'Augsbourg d'Alsace et de Lorraine (« concordataire » et regroupée depuis 2006 dans l'Union des Églises protestantes d'Alsace et de Lorraine), l'Église évangélique luthérienne de France (fusionnée depuis 2013 au sein de l'Église protestante unie de France) et l’Église évangélique luthérienne-Synode de France. Les deux premières sont membres de la Fédération luthérienne mondiale (FLM : 65 millions de membres).
Églises évangéliques
En 2021, les Églises évangéliques représentent environ 54 % des protestants français, soit 1 100 000 fidèles, et les trois quarts des pratiquants protestants[35].
La plupart de ces Églises évangéliques sont rassemblées au sein du Conseil national des évangéliques de France (CNEF), créé en 2010 à partir de l'Alliance évangélique française et du réseau Fédération évangélique de France; plusieurs sont également membres de la Fédération protestante de France.
Elles se composent d'Églises de dénominations différentes telles que les baptistes, les adventistes, les méthodistes, les darbystes, les pentecôtistes, les libristes, etc. Plusieurs de ces Églises sont de type charismatique tandis que d'autres sont plutôt évangéliques classiques ou traditionnelles.
En France, une nouvelle église évangélique ouvre ses portes tous les dix jours et le CNEF ambitionne d'augmenter d'ici 2030 le nombre d'églises évangéliques à une pour 10 000 habitants, contre une pour 30 000 habitants en 2015[36].
L'historien Sébastien Fath indique en 2021 que les évangéliques votent plus à droite que les luthéro-réformés, sont « sociologiquement proches du vote populaire », et ont davantage voté pour Emmanuel Macron que les autres protestants lors de l'élection présidentielle de 2017 (23 % des évangéliques ont voté pour lui, contre 17 % des autres protestants)[35].
Le Pentecôtisme
Le Pentecôtisme est un courant évangélique de type charismatique né de mouvements de Réveil particuliers qui se sont manifestés au début du XXe siècle, aux États-Unis sous l’impulsion des pasteurs Charles Parham et William J. Seymour. La particularité théologique des pentecôtistes est de penser que le Saint Esprit est donné au croyant lors d’une expérience particulière, distincte du baptême d’eau traditionnel : le baptême du Saint Esprit. Celui-ci confère au croyant des dons particuliers comme le parler en langue, la prophétie ou la guérison divine.
Les Églises pentecôtistes se font les témoins de l’Évangile aux quatre angles : « Jésus sauve, baptise, guérit, revient ».
Par ailleurs, elles se situent dans la tradition protestante évangélique et baptiste et se référent aux grands principes de la Réforme : salut par la grâce, autorité de la Bible seule, sacerdoce universel. Les plus importantes Églises pentecôtistes en France, sont les Assemblées de Dieu et l'Église de Dieu en France.
L'Armée du salut
Née en pleine révolution industrielle anglaise, en 1878, l'Armée du salut s'implante à Paris en 1881 sous la conduite de Catherine Booth. Aidée de deux camarades de son âge, elle s'installe en plein quartier populaire de Belleville-Ménilmontant. L'évangélisation est accompagnée d'un grand travail social : hôtelleries populaires, maisons pour jeunes filles en danger. De nombreux postes de l'Armée du salut sont créés dans toute la France. La structure de l’Armée du salut évolue avec le temps : elle crée l’Association des œuvres françaises de bienfaisance de l’Armée du salut, reconnue d'utilité publique en 1931, interdite sous l'Occupation, rétablie après 1945. Depuis le , l'Armée du salut est scindée en deux : la Congrégation Armée du salut (branche historique chargée du culte) et la Fondation Armée du salut (branche sociale, respectueuse des valeurs chrétiennes).
- La Congrégation de l'Armée du salut, dont la devise est « Avec Dieu, avec l'autre, avec soi », porte les valeurs de l'Armée du Salut. Elle dispose aujourd'hui de 25 postes d'évangélisation dans toute la France et anime une aumônerie dans nombre d'établissements de la Fondation.
- La Fondation de l'Armée du salut, dont la devise est « Secourir, accompagner, reconstruire », emploie 2 000 salariés et compte 50 établissements d'action sociale en France. Elle intervient notamment en période de grands froids pour secourir les sans-abris et recueille des fonds en cas de catastrophes naturelles ou de guerre dans le monde.
Les femmes
Dès ses débuts, la Réforme est pour les femmes l'occasion d'une réévaluation de leur rôle dans la famille, puis dans la société. À partir du XVIe siècle, les femmes peuvent avoir, selon la Reforme, un accès à l’éducation. Elles doivent apprendre à lire pour pouvoir étudier la Bible et ainsi, élever chrétiennement leurs enfants. Les femmes protestantes se révèlent alors plus instruites que les femmes catholiques. Leur savoir les prépare à leur rôle de mère et d’épouse. Ce siècle est également marqué par l’ouverture d’écoles pour filles dans les grandes villes protestantes (Nîmes, La Rochelle…) du royaume de France. Mais le pouvoir reste aux mains des hommes, les femmes doivent rester de simples ménagères. De nombreuses femmes célèbres sont recensées à cette époque, essayant de faire bouger les dogmes :
- Marguerite d’Angoulême : sœur de François 1er, elle anima la vie intellectuelle de la cour, fonction principalement détenue auparavant par les hommes.
- Renée de France : Fille de Louis XII, elle protégea Calvin de l’Église catholique qui voulait sa mort.
- Jeanne d'Albret: autrice, cheffe du parti protestant (1568-1571) et mère d'Henri IV
- Marie Durand : Enfermée pendant 38 ans dans la tour de Constance car elle refusait de renoncer au protestantisme.
Dès le XIXe siècle, elles montrent de plus en plus leur désir de prendre des responsabilités au sein de la société. Elles manifestent ce désir notamment avec la publication de la Voix des Femmes, un quotidien féministe qui réclamait l’égalité homme-femme en politique. Au XXe siècle, ce mouvement est illustré par Louise Weiss. Le XXe siècle est marqué par la création de nombreuses associations, mettant en évidence la capacité des femmes à s’investir dans la société française, par exemple l’Union chrétienne des jeunes filles (UCJF) chargée de soutenir moralement les jeunes filles venues des provinces pour trouver du travail, le mouvement Jeunes Femmes, issu des UCJF, qui à partir de 1955, influencé par le mouvement féministe, aide les femmes sur les questions de contrôle des naissances, d'épanouissement du couple, de travail de la femme et de responsabilités offertes dans l’Église[37] ou encore la Fédération française des éclaireuses, mouvement pionnier de scoutisme féminin.
Malgré l'existence de plusieurs femmes pasteures ou engagées dans différents ministères dès les années 1930 (Madeleine Blocher-Saillens fut nommée pasteur de plein droit en 1929 dans l'Église évangélique baptiste du Tabernacle, à Paris; Berthe Bertsch, fut consacrée en 1930 dans l’Église réformée d’Alsace et de Lorraine; Geneviève Jonte en 1937 dans l’Église évangélique luthérienne de Montbéliard ; Elisabeth Schmidt commencera son ministère dans l’Église réformée de France en 1935 et sera consacrée en 1949[38]), il faudra attendre 1960 pour que les femmes soient autorisées à devenir pasteurs à l’égal des hommes dans les Églises luthériennes et réformées (notamment pour que disparaisse, dans certaines de ces Églises, la clause qui leur interdisait d'être mariées). Sur ce plan, on note la particularité de l'Armée du salut qui, dès sa fondation, considéra qu'une femme peut enseigner à l'égal des hommes (voir plus bas).
Comme indiqué plus haut au paragraphe « Statistiques », 12 % des pasteurs répertoriés par la Fédération protestante de France sont des femmes (ce qui représente près de 200 pasteures) ; cette proportion atteint 23 % dans les églises réformées[5].
Vie économique
Max Weber a mis en évidence dans L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme la contribution unique du protestantisme à la création d'une culture favorable à la liberté d'entreprendre et au capitalisme, culture qui s'est à présent imposée à l'échelle mondiale[39]. Weber met particulièrement en évidence le rôle des calvinistes et des puritains, caractérisés par un ascétisme qui mène à la thésaurisation donc à la formation de capital. Les activités industrielles, de négoce ou de banque menées par des protestants ont donc prospéré dans la durée. Des alliances réfléchies entre familles protestantes - qui ont d'ailleurs donné lieu à l'émergence d'une haute société protestante[40] - ont également permis de consolider et de diversifier ces activités économiques. De nombreuses entreprises françaises, toujours en activité aujourd’hui, ont ainsi été créées par des protestants et demeurent de véritables réussites, par exemple :
- la Banque Mallet : créée en 1713 par Isaac Mallet, elle fonda la Banque de France et finança de nombreux projets architecturaux durant la rénovation de Paris (Opéra…). Elle fut l'élément majeur de la Haute Banque Protestante. Aujourd’hui, la banque s’appelle Schlumberger.
- la manufacture de Jouy-en-Josas : créée en 1762 par Christophe Oberkampf, la célèbre Toile de Jouy y est imprimée, toujours utilisée en décoration de nos jours. L'histoire des indiennes de coton en Europe montre dès 1700 une floraison d'usines dans la région de Genève, par une multitude de réfugiés protestants ayant fui la révocation de l'Édit de Nantes. Ces usines ont ensuite essaimé dans toute la Suisse protestante puis en Alsace (notamment à Mulhouse, alors cité-état indépendante) et enfin en Angleterre.
- Béghin-Say, issue de la sucrerie de canne Say, firme fondée en 1812 à Nantes par Louis Say, frère de l'économiste Jean-Baptiste Say[41].
- Dollfus-Mieg et Compagnie (DMC) : entreprise textile créée à Mulhouse en 1756 par Jean-Henri Dollfus qui fut au cours du XXe siècle l'un des plus grands groupes de textile européens, aujourd'hui spécialiste du fil destiné aux consommateurs et à l'industrie des textiles et autres produits dérivés.
- Peugeot : firme automobile créée en 1891 par Armand Peugeot, elle contribua à l’amélioration des conditions sociales des ouvriers (la journée de 10 heures introduite en 1871 avec 33 ans d'avance sur la loi…). Aujourd’hui, elle appartient au groupe PSA qui regroupe les marques Peugeot et Citroën dont les descendants des fondateurs sont toujours actionnaires. La production annuelle de PSA classe ce groupe à la 6e place mondiale.
- Les usines de Dietrich : fondé au XVIIIe siècle, De Dietrich est aujourd’hui l’un des leaders dans la vente de produits électroménagers.
- Alstom (précédemment Alsthom) : constructions mécaniques (locomotives), centrales électriques, etc. issue du regroupement en 1928 de la Compagnie Française Thomson-Houston et de la Société alsacienne de constructions mécaniques, fondée en 1839 à Mulhouse par André Koechlin.
- Kronenbourg (brasserie sous-titrée « les bières Hatt ») : fondée à Strasbourg en 1664 par Jérôme Hatt, c'est la plus connue des marques françaises de bière. Toujours florissante, elle appartient depuis 2008 au groupe de brasserie danois Carlsberg, après avoir été un des fleurons du groupe BSN (aujourd'hui Danone) de 1970 à 1999. La brasserie Schutzenberger, fondée en 1740 et restée farouchement indépendante, a quant à elle fermé en 2006.
- Vins et spiritueux : la liste serait longue dans le Cognac, dont les propriétaires sont presque exclusivement protestants et parfois anglais (Jean Martell, Rémy-Martin, Thomas Hine, Richard Hennessy) mais pas toujours (Augier, Delamain, Courvoisier), le Champagne, l'Alsace, le Bordelais, le Languedoc...
- Perrier (une des premières marques d'eau minérale dans le monde) : reconnue eau minérale naturelle depuis 1863, devant son nom au Docteur Perrier de Nîmes qui fut brièvement propriétaire de la source de Vergèze (Gard) et lui découvrit fort à propos une quantité de vertus thérapeutiques, la petite bouteille ronde conquit le monde en commençant par l'Empire britannique sous la férule de l'Anglais John Harmsworth : la production atteint 19 millions de bouteilles par an en 1933, date de la mort de John Harmsworth.
- MBK (Motobécane) : c'est en 1924 que Charles Benoît et Abel Bardin conçoivent leur premier motocycle, la MB1. Pour ce faire, ils créent le les ateliers de la Motobécane à Pantin. Charles Benoît est fils de pasteur et son gendre Éric Jaulmes, protestant également, sera le directeur technique de Motobécane de 1941 à 1981; il sera donc le père de la Mobylette, sortie en 1949. Bien que passée sous la coupe de Yamaha en 1983, MBK poursuit son activité à Saint-Quentin, où elle emploie 800 personnes.
- Pendules et pendulettes L'Épée (horlogerie et micromécanique (boîtes à musique)) : manufacture fondée en 1839 à Sainte-Suzanne (Doubs) par Auguste L'Épée, venu de Neuchâtel, la marque est aujourd'hui retournée à un propriétaire suisse, mais l'établissement de Sainte-Suzanne, coutumier des conflits durs, a été fermé en 1997 après avoir représenté pendant 150 ans l'art et le savoir-faire français.
- Le commerce de luxe : Hermès, Guerlain.
Références
- (en) « A quoi sert la Fédération protestante de France ? - Chrétiens de France, Chrétiens par pays », sur Journal Chrétien, (consulté le )
- Liste des groupes quaker qui se réunissent régulièrement en France, www.quakersenfrance.org, consulté le .
- Journal Reforme, .
- La nouvelle France protestante, ouvrage collectif sous la direction de Jean-Paul Willaime et Sébastien Fath, éditions Labor et Fides, Genève, 2011, 488 pages, (ISBN 9782830914290), voir en particulier p. 44 à 59.
- L'ensemble de ces données est issu de l'analyse des sondages IFOP de 2010 par Jean-Paul Willaime, in La nouvelle France protestante, ouvrage collectif sous la direction de Jean-Paul Willaime et Sébastien Fath, Éditions Labor et Fides, Genève, 2011, 488 pages, (ISBN 9782830914290), voir en particulier p. 387 à 484.
- « Enquête IFOP 2009 »
- Philippe Joutard, Les camisards, éd. Gallimard, 1994, p. 17 et 20 ; citation : « À l'intérieur du royaume, les réformés étaient très inégalement répartis, à la fois géographiquement et sociologiquement. Dans le nord de la France, ils étaient disséminés et fortement urbanisés : près de la moitié habitaient les villes. Dans le Midi, ils formaient des groupes plus compacts et à base rurale. Ils devenaient même majoritaires dans les Cévennes et la plaine avoisinante : là s'aggloméraient aux dires de Bâville, l'intendant du Languedoc, près de 200 000 religionnaires. Dans la montagne cévenole elle-même, ils formaient 90 % de la population, autour de Nîmes 85 %, et encore les 2/3 dans la ville. Plus au nord, dans le Vivarais, les protestants étaient plus dispersés. Ils se concentraient cependant autour de la vallée de l'Eyrieux et dans Boutières où ils constituaient les 2/3 de la population. De l'autre côté du Rhône, dans le Dauphiné, la situation était analogue, avec une densité protestante moyenne beaucoup moins forte qu'en Languedoc, mais quelques concentrations autour de Dieulefit et Bourdeaux, et dans le Diois. »
- Philippe Chanson, « Les néo-protestantismes créoles des Antilles et de la Guyane françaises : entre paradoxes et interrogations », Histoire et missions chrétiennes, no 2, (DOI 10.3917/hmc.002.0177., lire en ligne)
- Valérie Aubourg, L’Église à l’épreuve du Pentecôtisme : une expérience religieuse à l’île de la Réunion, Université de la Réunion, (lire en ligne).
- En 1009, il compte 37 500 fidèles répartis entre cinq types d’Églises : les pentecôtistes (Assemblées de Dieu, sous le nom local de « Mission Salut et Guérison », 22 000 fidèles), les Églises Évangéliques (et l’Église du Nazaréen (2 000 fidèles), les Églises évangéliques charismatiques indépendantes (10 000 fidèles), les Églises luthéro-réformées (dont les Églises malgaches) (2 000 fidèles), les adventistes (1 500 fidèles). Source : Valérie Aubourg, L’Église à l’épreuve du Pentecôtisme : une expérience religieuse à l’île de la Réunion, Université de la Réunion, (lire en ligne).
- Mathilde Philip-Gay, « Valeurs de la République et islam à Mayotte », Revue du droit des religions, no 6, (DOI https://doi.org/10.4000/rdr.329, lire en ligne, consulté le )
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- Comme l'indique Émile G. Léonard, le comité de la Société biblique de Paris, fondée en 1818, en donne un bonne idée ; on y relève entre autres les noms de Benjamin Delessert et de son frère François, Charles Vernes, Dominique André, Jules et Horace Mallet, Henri Hottinguer, Thomas Waddington, Émile Oberkampf, Henri Lutteroth... Émile G. Léonard dans l'Histoire générale du protestantisme, Presses Universitaires de France, Paris, 1964, tome 3, p. 224-225.
- Émile G. Léonard dans l'Histoire générale du protestantisme, Presses Universitaires de France, Paris, 1964, tome 3, p. 237.
- Émile G. Léonard dans l'Histoire générale du protestantisme, Presses Universitaires de France, Paris, 1964, tome 3, p. 376.
- Myriam Ait-Sidhoum, "Protestants en fête" : plus de 8000 personnes réunies au Zénith pour le grand culte, article et vidéos des Dernières Nouvelles d'Alsace .
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- Musée virtuel du protestantisme .
- Voir la page sur les femmes pasteurs du musée protestant.
- Article paru dans Les Échos du 8 avril 1998 : Management : la trace du protestantisme, http://archives.lesechos.fr/archives/1998/LesEchos/17623-143-ECH.htm.
- François Boulet, Être parisien et protestant aux XIXe et XXe siècles, in : Claude Gauvard & Jean-Louis Robert, Être parisien, Éditions de la Sorbonne, 2005, (ISBN 978-2-85944-514-0), pp.325-332.
- Bernard Le Nail, Dictionnaire biographique de Nantes et de Loire-Atlantique, Pornic, Le Temps éditeur, , 414 p. (ISBN 978-2-36312-000-7), p. 366.
- Cet article est partiellement ou en totalité issu de l'article intitulé « Protestantisme » (voir la liste des auteurs).
Annexes
Bibliographie
- Principaux ouvrages de référence
- Jean Baubérot, Histoire du protestantisme, Puf, 2007
- Jean Baubérot, Marianne Carbonnier-Burkard, Histoire des Protestants. Une Minorité en France (XVIe-XXIe Siècle), Ellipses Marketing, 2016
- Ybes Bizeul, Anne-Laure Zwilling, "Les protestantismes", in Anne-Laure Zwilling et al. (dir.), Les minorités religieuses en France. Panorama de la diversité contemporaine, Paris, Bayard, 2019.
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- Divers
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- La vie intellectuelle aux refuges protestants. Tome I. Actes de la Table ronde de Münster du , réunis par Jens Häseler et Antony McKenna. Éditions Honoré Champion, 1999. 368 p. (ISBN 978-2-7453-0008-9).
- La vie intellectuelle aux refuges protestants. Tome II. Huguenots traducteurs. Actes de la Table ronde de Dublin, , édités par Jens Häseler et Antony McKenna. Éditions Honoré Champion, 2002. 192 p., (ISBN 978-2-7453-0530-5).
- Refuge et désert. L’évolution théologique des huguenots de la Révocation à la Révolution française. Actes du colloque du Centre d’étude du XVIIIe siècle, Montpellier, 18-. Édité par Hubert Bost et Claude Lauriol. Éditions Honoré Champion, 2003. 320 p., (ISBN 978-2-7453-0751-4).
- Texte Paul Louis Rinuy avec la collaboration de Joseph Abram, Antoine Le Bas, Clair Vignes-Dumas ; Photographies Pascal Lemaître, Patrimoine sacré XXe et XXIe siècles. Les lieux de culte en France depuis 1905, Paris, Éditions du patrimoine, Centre des monuments nationaux, , 232 p. (ISBN 978-2-7577-0344-1)Collection Patrimoines en perspective, sous la responsabilité de Pascal Liévaux (MCC, DGP) Architecture protestante des XXe et XXIe siècles, par Jérôme Cottin, Professeur à la faculté de théologie protestante, université de Strasbourg; Ermont-Taverny (Val-D'Oise), Temple protestant Cap espérances, 2006-2008
- Séverin Canal, Documents relatifs à l'histoire du protestantisme en Poitou, dans Bulletin de la Société historique et scientifique des Deux-Sèvres, 1912-1913,tome 1, p. 130-143 (lire en ligne)
Articles connexes
- Camisards
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- Protestantisme en Alsace
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