Henri Grégoire
L’abbé Henri Jean-Baptiste Grégoire, né le à Vého et mort le [1] à Paris, est un prêtre catholique, évêque constitutionnel et homme politique français, l'une des principales figures de la Révolution française[2]. L'abbé Grégoire se rallie au tiers état et, à l'Assemblée constituante, il réclame non seulement l'abolition totale des privilèges et de l'esclavage mais prône aussi le suffrage universel masculin. Fondateur[3] du Conservatoire national des arts et métiers et du Bureau des longitudes, il participe à la création de l'Institut de France, dont il devient membre.
Pour les articles homonymes, voir Grégoire.
Ne doit pas être confondu avec Henri Grégoire (byzantiniste).
Biographie
Enfance et formation
Henri Grégoire est né le à Vého, près de Lunéville. Il naît français, puisque sa paroisse fait partie de la province des Trois-Évêchés, et non du duché de Lorraine[4].
Son père, Bastien Grégoire[5], est un tailleur d'habits respecté, ayant eu un temps un office d'échevin, et sa mère Marguerite Thiébaut, est une femme unanimement décrite comme d'une grande piété et ayant un souci constant des choses de la religion en cette époque marquée par la ruralisation du bas clergé qui reste alors un moyen d'ascension sociale[6].
Henri Grégoire commence ses études avec le curé de son village qui remarque ses dispositions intellectuelles dès l'âge de cinq ans. Lorsque celui-ci n'a plus rien à lui apprendre, il rejoint l'abbé Cherrier dans le village voisin d'Emberménil, paroisse dont dépend Vého. Il a alors huit ans. Il étudie, en compagnie de fils de hauts fonctionnaires au service du duc de Lorraine Stanislas Leszczyński, sur des livres de Jean Racine, de Virgile, mais aussi à partir de la Grammaire générale de Port-Royal[7].
Grégoire est ensuite orienté par l'abbé Cherrier pour suivre des études au collège jésuite de Nancy de 1763 à 1768. Il s'y lie avec un de ses professeurs, M. de Solignac, ancien secrétaire de Stanislas Leszczyński, qui semble avoir eu une influence intellectuelle importante sur son élève, lui faisant découvrir les idées des Lumières et lui ouvrant les portes des milieux intellectuels lorrains. Grégoire conserve un excellent souvenir de ses études chez les Jésuites, même s'il a des reproches à leur faire : « J'étudiais chez les Jésuites de Nancy où je ne recueillis que de bons exemples et d'utiles instructions. […] Je conserverai jusqu'au tombeau un respectueux attachement envers mes professeurs, quoique je n'aime pas l'esprit de la défunte société dont la renaissance présagerait peut-être à l'Europe de nouveaux malheurs »[8]. Après le collège des Jésuites, il est orienté vers l'université de Pont-à-Mousson. Lorsque la Compagnie de Jésus est bannie de France en 1763, l'enseignement est réorganisé par le diocèse et Grégoire rejoint la toute neuve Université de Nancy où il a comme professeur Antoine-Adrien Lamourette, futur évêque constitutionnel de Lyon. De 1769 à 1771 il y étudie la philosophie et la théologie, pour faire suite aux humanités et à la rhétorique qu'il avait étudiées auparavant. Parallèlement, il suit des cours au séminaire de Metz tenu par les Lazaristes[9].
Alors qu'il passe une année comme régent de collège hors du séminaire, Grégoire commence à se lancer dans le monde. Il consacre notamment une grande partie de son temps à la poésie. Son premier succès public est le prix de l'Académie de Nancy, décerné en 1773 pour son Éloge de la poésie (il a alors 23 ans). Voyageant constamment entre Nancy et Metz, il doit à l'automne de 1774, rentrer au séminaire de Metz, comme il est prescrit, pour la préparation à son ordination sacerdotale : il est finalement ordonné prêtre le [10]. on lui confie la paroisse d'Emberménil[5]
Durant ses années de formation, Henri Grégoire est passé par une phase de doute sur sa foi et sa vocation religieuse. S'il rend hommage au milieu profondément croyant de son enfance, il ne cache pas dans ses Mémoires avoir goûté aux philosophes des Lumières et être revenu à la foi après d'intenses réflexions : « Après avoir été dévoré de doutes par la lecture des ouvrages prétendus philosophiques, j'ai ramené tout à l'examen et je suis catholique non parce que mes pères le furent, mais parce que la raison aidée de la grâce divine m'a conduit à la révélation[11]. »
Portrait d'Henri Grégoire
Les sources concernant l'abbé Grégoire sont assez abondantes. Elles décrivent aussi bien l'homme que ses idées et permettent d'avoir une bonne idée de son allure physique. Grégoire a laissé le souvenir d'un homme de caractère fortement trempé et d'une certaine prestance.
Ses camarades d'enfance ont laissé de lui la description d'un enfant au « front large, élevé, au regard profond », décrivant « la fierté de sa démarche », mais aussi son penchant contemplatif[12].
Du Grégoire adulte, outre les portraits, on a beaucoup de descriptions, doublées des interprétations de ces descriptions. L'engouement pour la physiognomonie à la fin du XVIIIe siècle avait conduit Grégoire à demander à son ami le pasteur Jean-Frédéric Oberlin de dresser par écrit son portrait détaillé, en 1787 : « Le front, le nez : très heureux, très productif, très ingénieux ; le front : haut et renversé, avec ce petit enfoncement : un jugement mâle, beaucoup d'esprit, point ou guère d'entêtement, prêt à écouter son adversaire ; idées claires et désir d'en avoir de tout ; le nez : witzig… spirituel, plein de bonnes réparties et de saillies heureuses, mais bien impérieux : la bouche : talent admirable d'un beau parleur, fin, moqueur, excellent satirique… c'est une bouche qui ne reste en dette avec personne et paye argent comptant ; le menton : hardi, actif, entreprenant »[13]. Outre ce portrait amical (certainement flatteur), fait avant la Révolution et donc dans la jeunesse de Grégoire, on dispose d'un portrait minimal pour son passeport en 1820, lui attribuant une taille de 1,77 mètre[14], des cheveux châtains et les yeux bruns, mais également du témoignage d'une lady anglaise, qui fréquente Henri Grégoire sous la Restauration, donc dans ses vieux jours : « dans son air, dans ses manières, jusque dans ses expressions une sorte d'originalité, un je ne sais quoi qui sortait de la ligne d'un caractère ordinaire. […] on remarque peu de vieillesse dans l'évêque de Blois, quoiqu'il approche de 70 ans. Ses manières vives et animées, son esprit actif et vigoureux, son extérieur intéressant et portant un grand caractère, tout en lui semble défier les ravages du temps et être inébranlable aux chocs de l'adversité »[15]. « Un grand caractère » : de son vivant déjà, mais également dans l'historiographie, Grégoire est vu comme ayant un caractère très affirmé. Ses amis mêmes le reconnaissent, comme Hippolyte Carnot qui note la ténacité, mais aussi la vive irritabilité de Grégoire[16]. Oberlin note que « l'acquisition de la profonde et cordiale humilité évangélique vous fera un peu de peine », façon aimable de signaler la dualité que Charles-Augustin Sainte-Beuve exprime plus clairement : « l'homme de bien, homme de colère, et souvent si loin du pardon »[17].
Le caractère vif et parfois emporté de Grégoire est donc souligné, mais on met en valeur également son ouverture d'esprit (« Nous le verrons faire preuve d'un certain éclectisme », dit de lui Augustin Gazier[18]) et sa carrière est marquée par une extrême diversité.
Le curé de campagne « éclairé »
Après son ordination et comme la majorité des jeunes prêtres à l'époque, Henri Grégoire devient vicaire de paroisse, d'abord à Château-Salins puis à Marimont-lès-Bénestroff. Ce n'est qu'en 1782 que l'abbé Cherrier, son ancien professeur à Emberménil, le désigne pour prendre la charge de ses deux paroisses d'Emberménil et de Vaucourt[19].
L'abbé Grégoire est alors très préoccupé par l'éducation de ses paroissiens. Selon lui, le curé est la pierre d'angle de l'Église mais aussi de toute la société. Il est le directeur spirituel et le guide temporel de ses paroissiens[20]. Il souhaite combattre un certain nombre de leurs préjugés, notamment en matière d'agronomie. Il aide les agriculteurs à rationaliser leur production et à l'augmenter. Il lutte également contre les almanachs, qui selon lui pérennisent de fausses méthodes de culture :
« Pour huit sols, chaque paysan se nantit de cette collection chiromantique, astrologique, dictée par le mauvais goût et le délire. Le débit, à la vérité, en est moindre depuis quelques années, parce que, grâce au clergé du second ordre, des idées plus saines de toutes espèces, pénètrent jusque dans les hameaux[21]. »
L'éducation morale et hygiénique de ses ouailles est également importante pour lui. Il a dans sa cure une bibliothèque mise à la disposition des habitants du village, et qui contient 78 ouvrages pratiques qu'il leur laissera à la fin de sa charge[22] :
« J'avais une bibliothèque uniquement destinée aux habitants des campagnes ; elle se composait de livres ascétiques bien choisis et d'ouvrages relatifs à l'agriculture, à l'hygiène et aux arts mécaniques[23]. »
Le village d'Emberménil compte alors seulement 340 communiants, ce qui permet à Grégoire d'avoir des activités annexes à sa charge pastorale. Il est connu localement comme un bon prédicateur et est souvent invité à prêcher dans les paroisses voisines. Son désir de faire sortir ses paroissiens de ce qu'il appelle l'« obscurantisme » l'amène à aller chercher ailleurs des exemples de bons pasteurs, y compris lorsque ceux-ci sont protestants. C'est ainsi qu'il rencontre le pasteur Jean-Frédéric Oberlin, considéré comme un modèle, mais qui habite assez loin d'Emberménil. Oberlin vient visiter Grégoire en 1785, et celui-ci se rend chez son ami protestant au Ban de la Roche en 1787 pour voir sur place les résultats de la méthode d'éducation des campagnes mise en place par Oberlin[24].
Vie intellectuelle et philanthropie
En dehors de sa paroisse, et dans la lignée de son Éloge de la poésie, Grégoire mène une vie intellectuelle active. Il parle l'anglais, l'italien et l'espagnol, et dans une moindre mesure l'allemand, ce qui lui permet d'être au courant des nouveautés intellectuelles[25].
Il s'intéresse notamment au fonctionnement démocratique de la Confédération suisse. Il se rend en Suisse où il rencontre Johann Kaspar Lavater et Johannes Gessner, qui l'aident également dans ses travaux d'agronomie.
Depuis 1776 il est membre de la Société philanthropique et charitable de Nancy. Cette appartenance a souvent fait dire de lui qu'il avait appartenu à la franc-maçonnerie. Il apparaît cependant qu'il n'a pas été membre d'une quelconque loge, même si les francs-maçons lui ont souvent rendu hommage et qu'une loge porte son nom[26]. L'amalgame viendrait des liens entre le philanthropisme allemand, mouvement d'origine piétiste, et la franc-maçonnerie politique française, volontiers gallicane et anti-vaticaniste.
Grégoire est également membre de la Société des philanthropes de Strasbourg, fondée par Jean de Turckheim vers 1776[27]. Ouverte à toutes les confessions, cette société a des membres à travers toute l’Europe, dont de nombreuses autorités maçonniques allemandes, françaises et suédoises. Elle s’inspire du piétisme allemand et du philanthropisme développé notamment par Basedow. Outre la pratique de la charité, on s’y intéresse à l’agronomie, à l’économie, à la géographie, à la pédagogie et on y prône la tolérance[28]. En 1778, cette société lance un concours sur l’amélioration du sort des juifs, pour lequel Grégoire rédige un mémoire, qui sert de base pour celui qui remporte le prix du concours lancé par l'Académie Royale de Metz quelques années plus tard ; un exemplaire de ce mémoire est conservé au Musée Lorrain de Nancy. Faute d’argent, le prix n'est jamais versé, mais le curé d’Emberménil dira plus tard avoir remporté ce prix. L’intérêt de Grégoire pour la question juive pourrait trouver son origine dans un philanthropisme d’inspiration piétiste[27] mais aussi du fait de l'importance de la communauté juive en Lorraine — et notamment dans le Saulnois où il avait exercé.
Quoi qu'il en soit, cet intérêt pour la philanthropie lui a permis de rencontrer de nombreuses personnalités, notamment protestantes. Ses activités sont principalement tournées vers le perfectionnement de l'agriculture et l'instruction des pauvres. Il revient sur ce thème lors du concours de l'Académie de Metz en 1787, pour lequel il reprend son premier mémoire en le remaniant. C'est son Essai sur la régénération physique, morale et politique des juifs. Il partage le prix avec deux autres candidats, un juif d'origine polonaise, Zalkind Hourwitz, et l'avocat Nancéien protestant Thiéry.
Dans cet essai, Grégoire affirme qu'il tient une partie de sa documentation de ses relations dans le milieu des érudits juifs, et notamment d'Isaac Berr Bing et Simon de Gueldres, deux rabbins qui le conseillent et lui font connaître la presse juive éclairée de Berlin[29]. Il fustige l'attitude des gouvernements européens, qu'il accuse de cruauté et d'injustice envers les Israélites. Il considère que la discrimination qui frappe les juifs est contraire à l'utilité sociale. Il plaide également pour une « tolérance » religieuse, qui se comprend non comme un relativisme religieux, mais comme une humanité dans les rapports avec les juifs, à l'image du discours des Évangiles. Si pour lui le peuple juif est un « peuple témoin » dont la dispersion a été un événement fondamental de l'histoire humaine, son but est cependant la conversion des juifs. L'essai est un succès, et il est traduit dès l'année suivante en Angleterre.
Dans le même esprit, il avait déjà prononcé un sermon dans l'église Saint-Jacques de Lunéville en 1785, à l'occasion de l'inauguration de la synagogue de la ville. Il y développe le thème de la conversion des juifs dans une vision figuriste qui tend à le rapprocher dès cette époque du mode de pensée janséniste[30]. Le texte de ce sermon a été perdu, mais Grégoire en parle dans plusieurs courriers et dans son Histoire des sectes religieuses en 1810.
Le prêtre citoyen et richériste
Les prémices de la Révolution française se font sentir avec acuité dans le clergé lorrain. En 1787, une assemblée provinciale réunissant le clergé et contrôlée entièrement par l'évêque cristallise le mécontentement des curés. L'un d'eux, Guilbert, curé de la paroisse Saint-Sébastien de Nancy, appelle ses confrères à former un syndicat de curés qui se bat pour que les prêtres aient de meilleurs revenus au détriment des évêques et des chanoines qui concentrent les richesses du clergé[31]. Il est secondé dans sa tâche par Grégoire. Ils participent à la fin de l'année 1788 à une réunion avec le tiers état à l'hôtel de ville de Nancy, où est prise la décision de dépêcher deux députés au roi pour lui demander la confirmation de la tenue des États et leur mode d'organisation. En vue de cette démarche, ils font signer une pétition aux curés, qui recueille près de 400 signatures[32].
L'action des curés lorrains a plusieurs buts : qu'ils aient des députés aux États provinciaux et généraux, mais aussi que des avancées soient faites dans le mode d'organisation de ces États. Ils demandent notamment, en totale adéquation avec le tiers état, que le vote soit fait par tête et non par ordre aux États généraux. Ils renoncent également à tout privilège fiscal, solidairement avec la noblesse.
Dans cette organisation syndicale, Grégoire a le rôle de « commissaire du clergé », qu'il partage avec onze autres confrères. Il diffuse le procès-verbal de la réunion du qui a fixé les buts du clergé auprès des curés et des vicaires lorrains, en élargissant le débat : il demande à ses confrères « des observations et des mémoires sur tous les objets à traiter dans ces États », sortant clairement des simples doléances du bas-clergé. Il acquiert à cette occasion une expérience parlementaire et développe ses talents d'orateur[33].
Le mouvement des curés lorrains s'enlise ensuite dans des querelles de personnes, mais l'abbé Grégoire s'en tient prudemment éloigné, ce qui lui permet d'être élu député du clergé aux États généraux de 1789.
Il part donc pour Versailles le , accompagnant son évêque monseigneur de la Fare. Son mandat va bien plus loin qu'une simple représentation de son ordre, il considère qu'il a un « ministère sacré » à remplir.
En ce sens il s'inscrit parfaitement dans cette « insurrection des curés » (selon l'expression du temps) qui agite la France pré-révolutionnaire. Mais il la pousse plus loin qu'un simple mécontentement et, à l'instar de ses confrères lorrains dont la réflexion va plus loin que dans les autres provinces, lui donne une « expression doctrinaire »[34]. René Taveneaux, comme avant lui Edmond Préclin[35], y voit une mise en pratique des idées richéristes et d'une démocratie inspirée par Pasquier Quesnel.
En effet, les curés remettent en cause l'ordre traditionnel à l'intérieur de l'Église, fondé sur la hiérarchie. Ils appliquent un « janséno-richérisme »[36], qui souligne le rôle spirituel fondamental des curés et leur institution divine, tout en proclamant par conséquent des revendications politiques et sociales novatrices.
Dans un contexte lorrain marqué pendant toute la seconde moitié du XVIIIe siècle par une lutte entre, d'une part, l'évêque et les curés, et, d'autre part, le clergé régulier et le clergé séculier, les idées quesnelliennes sur l'importance des curés comme conseils de leur évêque ont fait florès. Les mauvaises conditions économiques de la décennie pré-révolutionnaire touchent de plein fouet les curés des paroisses modestes et accentuent une aigreur qui se fait plus grande encore quand la réaction nobiliaire ferme l'accès aux évêchés et même aux chapitres cathédraux (celui de Metz est anobli en 1780)[37].
C'est là l'analyse d'Edmond Préclin et de René Taveneaux, qui expliquent la colère des curés par une individualisation du jansénisme et une rencontre profonde avec le richérisme, formant un corps de pensée politique et moins religieux. Cette analyse est cependant combattue par l'historien américain William H. Williams : il considère que cette tendance au corporatisme, doublée d'une nostalgie de l'Église primitive, n'est pas véritablement janséniste mais plutôt une exaltation de l'utilité sociale du curé. Il nomme l'ensemble « parochisme », en ce sens que pour les curés de l'époque pré-révolutionnaire, la paroisse est l'unité de base de la vie religieuse, fer de lance de la lutte contre des Lumières anticléricales. Il pense que, si jansénisme il y a, celui-ci est profondément religieux et verserait plutôt vers le conservatisme anti-révolutionnaire[38].
Dale Van Kley, dans sa somme sur Les Origines religieuses de la Révolution française, reprend cependant l'analyse de Taveneaux en soulignant le profond lien entre théologie et politique dans la jansénisation des curés Français à la fin du XVIIIe siècle. Il montre comment le jansénisme de cette époque, nourri de gallicanisme, de richérisme et de « patriotisme » (au sens de l'époque) mène à la fois vers un engagement révolutionnaire, comme pour Grégoire, et parfois à l'engagement inverse (c'est le cas d'Henri Jabineau)[39].
L'intégration d'Henri Grégoire dans le personnel révolutionnaire dès le début des événements n'est donc pas un hasard. Il part à Versailles soutenu par ses confrères et nourri par des années de réflexion théologico-politique. Il retrouve également à Versailles un certain nombre de confrères imprégnés des mêmes idées.
Député à la Constituante
Élu député du Premier Ordre (le Clergé qui avait 291 élus) en 1789 par le clergé du bailliage de Nancy aux États généraux, Henri Grégoire se fait rapidement connaître en s'efforçant, dès les premières sessions de l’Assemblée, d’entraîner dans le camp des réformistes ses collègues ecclésiastiques et de les amener à s'unir avec le tiers état.
À l'Assemblée constituante, l'abbé Grégoire réclame l'abolition totale des privilèges, propose le premier la motion formelle d'abolir le droit d’aînesse, et combat le cens du marc d'argent, exigeant l'instauration du suffrage universel masculin[40].
Nommé l’un des secrétaires de l'Assemblée, il fut l'un des premiers membres du clergé à rejoindre le tiers état, et se joignit constamment à la partie la plus démocratique de ce corps. Il présida la session qui dura 62 heures pendant que le peuple prenait la Bastille en 1789, et tint à cette occasion un discours véhément contre les ennemis de la Nation. Il proposa que la Déclaration des droits de l'homme soit accompagnée de celle des Devoirs[41].
Il contribue à la rédaction de la Constitution civile du clergé et parvient, par son exemple et par ses écrits, à entraîner un grand nombre d’ecclésiastiques hésitants. Il est ainsi considéré comme le chef de l'Église constitutionnelle de France. Il prête serment, devenant ainsi un prêtre jureur ou assermenté. Il restera toute sa vie fidèle à son serment, se refusant même à le renier à son lit de mort en . Jusqu'à la fin de ses jours également il œuvre à la création d'une église constitutionnelle gallicane. Il plaide chaleureusement la cause des juifs, multiplie les écrits favorables aux Noirs[40]. Lui qui était fils unique se fit curieusement accuser en 1790 par des membres du club Massiac d'agir pour les métis parce qu'il serait le beau-frère d'une femme de couleur. Cette erreur s'explique peut-être par une confusion avec un collègue homonyme, également jureur, l'abbé Louis Chrysostome Grégoire, vicaire de Villers-Cotterêts, qu'a connu dans son enfance Alexandre Dumas[42]. Henri Grégoire contribua au vote le aboutissant à la première abolition de l'esclavage (qui sera rétabli par Napoléon Bonaparte à la suite de la loi du 20 mai 1802, puis à nouveau aboli par le décret du 27 avril 1848 de Victor Schœlcher). Il est un des principaux artisans de la reconnaissance des droits civiques et politiques accordés aux juifs (décret du ). Pendant la période de l’Assemblée législative, dont il ne pouvait faire partie puisque les membres de l'Assemblée constituante avaient été déclarés inéligibles, il donna tous ses soins à son diocèse de Blois. En effet, premier prêtre à avoir prêté serment à la Constitution civile du clergé, il fut élu évêque constitutionnel à la fois par deux des départements nouvellement créés : la Sarthe et le Loir-et-Cher (1791). Il opta pour ce dernier et fut consacré évêque, le , par Talleyrand, Gobel et Miroudot. Il administra ce diocèse pendant dix ans avec un zèle exemplaire. Après la fuite de Louis XVI et son arrestation à Varennes en Argonne, dans le débat sur la question de l’inviolabilité de la personne du roi qui s'ensuivit, Grégoire se prononça vivement contre le monarque, et demanda qu’il fût jugé par une Convention.
Anti-esclavagiste et émancipateur
En , en relation avec la publication de son premier mémoire sur la question des hommes de couleur, il adhère à la Société des amis des Noirs de Brissot de Warville qui milite pour l'égalité des droits des blancs et des hommes de couleur libres (des mulâtres propriétaires d'esclaves pour la plupart), l'abrogation immédiate de la traite des Noirs et la suppression progressive de l’esclavage dans les Antilles. La publication de deux autres mémoires s'ensuit en et . Il prononce également un discours longtemps inédit au club des Jacobins le , contre la prochaine révocation par le comité des colonies de l'assemblée constituante — dominé par Barnave — des droits des mulâtres apparemment acquis le [43]. Mais comme il le craignait ces droits furent abrogés par l'assemblée constituante le . Ils ne seront rétablis que par l'assemblée législative en .
Le à la Convention, il soutient une délégation sans-culotte, dirigée par Chaumette, qui accompagne une vieille femme de couleur dans le but de faire abolir l'esclavage. Son intervention est soutenue par des Montagnards tels que Robespierre et Jeanbon Saint-André[44]. A nouveau soutenu par Jeanbon Saint-André sous la présidence de Danton) il demande et obtient le 27 juillet 1793 (jour où Robespierre entre au comité de salut public) l'abrogation des primes accordées aux négriers. Les 4 et , il participa aux débats sur la promulgation de l'abolition de l'esclavage des Noirs dans les colonies, se faisant le porte-voix à la Convention avec Levasseur, Danton et Jean-François Delacroix des partisans les plus radicaux du décret abolitionniste (avec également certains déchristianisateurs de base, comme le journal, Le Sans-Culotte Observateur, qui l'avait attaqué en ). Également à l'opposé de ce qu'il écrivit en 1807 dans ses mémoires quand il affirma avoir jugé — en tant qu'ancien membre de la Société des Amis des Noirs — comme une catastrophe ce décret d'abolition immédiate, il saisit l'occasion du rapport sur l'extirpation des patois pour demander le 16 Prairial an II- l'instruction des anciens esclaves :
« Les nègres de nos colonies dont vous avez fait des hommes, ont une espèce d'idiome pauvre comme celui des Hottentots, comme la langue franque qui dans tous les verbes ne connaît guère que l'infinitif[45] »
Sous le Directoire, le 7 germinal an IV- il salue le décret du 16 pluviôse an II comme une victoire de la Raison :
« Le doute méthodique en déblayant les idées reçues a émoussé le glaive de l'intolérance, éteint les bûchers de l'inquisition et affranchi les nègres[46] »
La restauration de l'esclavage, devenue officielle avec la loi du 20 mai 1802 ne l'empêcha pas de continuer à militer pour son abolition, comme en témoignent les nombreux ouvrages qu'il consacra à ce sujet.
Ainsi, en 1808, l’abbé Grégoire publie l’un de ses textes les plus importants, De la littérature des nègres, manifeste contre le rétablissement de l’esclavage et de la traite négrière, mais aussi gage de la fidélité aux combats abolitionnistes menés au sein des Sociétés des Amis des Noirs. Le fondement philosophique de la position de Grégoire est l’unité du genre humain, qui lui permet de concilier la proclamation révolutionnaire des droits de l’homme et le message évangélique. L’ouvrage reçut un accueil discret, mais provoqua des réactions indignées du parti colonial qui le présenta comme un manifeste du nigrophilisme, un néologisme alors très péjoratif. Le livre est dédié « à tous les hommes courageux qui ont plaidé la cause des malheureux noirs et sang-mêlé, soit par leurs ouvrages, soit par leurs discours dans les assemblées politiques, pour l’abolition de la traite, le soulagement et la liberté des esclaves ». Le livre connut un large succès d’estime à l’étranger. Il fut traduit d’abord en allemand, puis en anglais.
Puis l'appel qu'il lança au congrès de Vienne (1815) : De la traite et de l’esclavage des Noirs. À l'approche de la mesure, il édita une apologie de Las Casas abordant indirectement le problème : blanchir l'évêque du Chiapas de l'accusation d'avoir défendu les droits des Indiens en plaidant la mise en esclavage des Noirs. Sous la Restauration, cette notice fera débat chez ses co-religionnaires antiesclavagistes[47].
Dans un virulent pamphlet publié en 1822 sous le titre Des peines infamantes à infliger aux négriers, il lance sa fameuse apostrophe[48]
« J’appelle négrier, non seulement le capitaine du navire qui vole, achète, enchaîne, encaque et vend des Noirs, ou sang-mêlés, qui même les jette à la mer pour faire disparaître le corps du délit, mais encore tout individu qui, par une coopération directe ou indirecte, est complice de ces crimes. Ainsi, la dénomination de négriers comprend les armateurs, affréteurs, actionnaires, commanditaires, assureurs, colons-planteurs, gérants, capitaines, contre-maîtres, et jusqu’au dernier des matelots, participant à ce trafic honteux. »
Une place porte le nom de l'abbé Grégoire à Fort-de-France en Martinique, inaugurée le par son maire Aimé Césaire.
Député à la Convention
Le département de Loir-et-Cher l’élut député à la Convention nationale. Dès la première séance, le , fidèle à ses prises de position antérieures, il monta à la tribune pour défendre avec vigueur la motion sur l’abolition de la royauté proposée par Collot d’Herbois, et contribua à son adoption. C'est dans ce discours que l'on retrouve cette phrase mémorable : « les rois sont dans l'ordre moral ce que les monstres sont dans l'ordre naturel ».
Élu président de la Convention, l'abbé Grégoire la présida en tenue épiscopale. Il ne participa pas au vote sur la mort de Louis XVI : il est alors en mission à l'occasion de la réunion de la Savoie à la France.
Après la révolution, jusqu'à sa mort il se défendra de l'accusation portée par des royalistes ou des épiscopaux au second concile de Synode de 1801 (peut-être même au premier de 1797) de régicide. Ses dénégations ont été validées sur parole par de nombreux historiens au nom de sa religion ou de sa philosophie abolitionniste qui lui interdiraient de verser le sang. Quoi qu'on puisse penser en bien ou en mal des votes de qui aboutirent à l'exécution du roi, ses multiples positions s'inscrivent en faux contre cette légende.
Il se prononça une première fois avant son départ en Savoie le . Certes, il s'exprime en faveur de l'abolition de la peine de mort (mais pas du pardon chrétien, du fait même de sa volonté de juger et de punir Louis XVI). Mais loin de demander que Louis XVI bénéficie le premier d'une abolition, dans le cadre d'une peinture au vitriol de la royauté, il entend a priori mettre le roi à égalité avec tous les autres repris de justice et se demande même s'il ne faut pas faire une exception :
« Et moi aussi je réprouve la peine de mort ; je l'espère ce reste de barbarie disparaîtra de nos lois. Il suffit à la société que le coupable ne puisse plus nuire : assimilé en tout aux autres criminels, Louis partagera le bienfait de la loi si vous abrogez la peine de mort, vous le condamnerez alors à l'existence afin que l'horreur de ses forfaits l'assiège sans cesse et le poursuive dans le silence de la solitude… Mais le repentir est-il fait pour les rois[49] ? »
De nombreux conventionnels abolitionnistes (Robespierre, Saint-Just, Jeanbon Saint-André, Marat, Lequinio, Lepelletier de Saint-Fargeau) voteront inconditionnellement la mort du roi, considérant que de toute façon en la peine de mort étant encore dans la loi, la république ne pouvait faire d'exception pour Louis XVI. Le problème se posera aussi pour Grégoire ce fameux . Selon ses allégations post-révolutionnaires il écrivit ce jour-la avec Hérault de Séchelles, Simond et Jagot, à Chambéry une lettre pour demander « la condamnation de Louis Capet par la Convention nationale sans appel au peuple », mais en n'y mettant pas contrairement au premier vœu de ses trois collègues le mot « mort ». La réalité est tout autre. Le -matin, un journal jacobin bi-quotidien, le Créole Patriote, publia avec un mot d'accompagnement de Jeanbon Saint-André, une note de Grégoire et de ses trois collègues. Elle indiquait le « vœu formel » des quatre commissaires, censé dissiper l'ambiguïté des termes « pour la condamnation de Louis Capet sans appel au peuple » (et dénoncée à ce titre au club des jacobins) : « pour la mort de Louis sans appel au peuple ». Dans ses mémoires en 1808 tout en niant avoir voulu la mort du roi, Grégoire reconnut l'existence d'une intervention en faveur des 4 députés missionnaires de Jeanbon Saint-André au club des jacobins[50], en même temps qu'il se refusa « à émettre une opinion sur ses collègues régicides qui ont suivi la voix de leur conscience »[51]. De surcroît, à l'annonce de la mort de Louis XVI, Grégoire écrivit dans une adresse aux habitants du Mont-Blanc : « Grâce au ciel, on ne jurera plus fidélité à un roi, puisque le fléau de la Monarchie a été anéanti ainsi que le tyran qui en était revêtu »[52]. Il ne manqua pas davantage dans l'année qui suivit (et dans deux écrits successifs) de glorifier la décapitation de Louis XVI, la comparant à l'exécution de « Pisistrate, le Capet d'Athènes qui avait à peu près l'âge et la scélératesse de celui que nous avons exterminé »[53]. Entretemps, le il reprocha aux « législateurs » d'avoir « royalisé » ces contrées : « par la longueur de vos discussions sur le compte d'un tyran qu'il fallait se hâter d'envoyer à l'échafaud » (soit l'appel au peuple, l'amendement Mailhe, le sursis)[54]. Toutefois, à partir d'attaques dont il fit l'objet au club des Jacobins et du fait que son avis ne fut pas pris en compte par la Convention, A Goldstien Sepinwall jette le doute sur l'authenticité de la signature de Grégoire dans la note publiée par le Créole Patriote. Au vu des regrets embarrassés qu'il exprima à propos des déclarations régicides de et d' il aurait pu par des déclarations ambiguës (la lettre officielle à la Convention ne portant ni la mention condamnation à mort ni la mention condamnation à vie) garder de bonnes relations avec les patriotes du moment, et rester en paix avec ses convictions chrétiennes[55]. D'après Louis Maggiollo les termes assez violents de la lettre officielle contre « ce roi parjure » laissaient difficilement croire à une interprétation clémente du mot condamnation, et toujours d'après lui ses discours ultérieurs « lui donnèrent durant la Terreur le bénéfice et la sécurité du régicide »[56].
Il s'inscrivait ainsi dans les doubles concepts religieux et antiques du « tyrannicide ». Certains analystes tels que Rita-Hermon -Belot et Mona Ozouf ont distingué sa haine viscérale de la monarchie, ses appels au meurtre des rois étrangers d'une aspiration à la clémence pour Louis XVI ou d'une hésitation sur le sujet[57]. Il a été pourtant relevé une opinion clairement assumée en l'an II, sur la journée du : il soutint « les chansons triomphales » par lesquelles « nous célébrons l'époque où le tyran monta sur l'échafaud »[58].
Parallèlement il s'occupa de la réorganisation de l'instruction publique en étant un des membres les plus actifs du Comité de l'Instruction publique. Dans le cadre de ce comité, il entreprit une grande enquête sur les « patois » pour favoriser l'usage du français.
Grégoire contribua aussi à la création, en 1794, du Conservatoire national des arts et métiers pour « perfectionner l'industrie nationale », du Bureau des longitudes et de l'Institut de France.
Il participe également à la sauvegarde contre les pillages de certains lieux, comme la Basilique de Saint-Denis, au motif qu'ils font partie de l'histoire de France. À ce titre, il invente le terme « vandalisme », en précisant : « J'ai créé le mot pour tuer la chose[59]. » Cet engagement préfigure la création du statut de monument historique, qui sera effective à partir de 1840. Cependant, là non plus, il ne faut pas prendre à la lettre ses déclarations post-thermidoriennes – comme l'ont montré James Guillaume[60] puis Serge Bianchi[61]. D'après le premier, notamment, en l'an II il a toujours agi en osmose avec le comité de salut public qu'il a accusé par la suite d'avoir organisé le vandalisme: protection des monuments patrimoniaux, exigée par le comité et destruction de toutes les pièces royales ; sous réserve qu'elles ne symbolisent pas un acte régicide. Ainsi le 14 fructidor an II- (donc après la chute de Robespierre) il qualifie d'agents de l'Angleterre des vandales qui avaient détruit une estampe de l'exécution de Charles Ier en 1649. Et de regretter l'absence d'estampes de ce type pour chacun des rois de France.
Malgré la Terreur, il ne cesse de siéger à la Convention en habit ecclésiastique et n'hésita pas à condamner vigoureusement la déchristianisation des années 1793 et 1794. Plusieurs fois, il faillit être arrêté. Il ne continue pas moins de se promener dans les rues en tenue épiscopale et à célébrer tous les jours la messe chez lui. Sans doute est-il soutenu à la Convention montagnarde par Robespierre et par Danton qui prononcent chacun en l'an II, le 1er frimaire-21 novembre et le 6 frimaire-26 novembre, un discours en faveur de la liberté des cultes. Mais après la chute de Robespierre en 1794, il acquiert l'hôtel particulier de Robespierre à la rue du Pot de Fer dite du Verger (actuelle rue Bonaparte) et maintient cette pratique. Plutôt en contradiction avec ses autojustifications ultérieures d'un homme qui n'aurait pas voulu verser le sang d'un homme, le 13 thermidor an II/31 juillet 1794 il se félicite auprès de ses administrés des journées des 9 et 10 thermidor, des exécutions des frères Robespierre, de Saint-Just, de Couthon et de Lebas [62]. Ensuite, le , devant la Convention, Grégoire prononce sous les huées son Discours sur la liberté des cultes où il demande la liberté pour les cultes et la réouverture des églises.
- « Pendant de longues années, je fus calomnié pour avoir défendu les mulâtres et les nègres, pour avoir réclamé la tolérance en faveur des juifs, des protestants, des anabaptistes. J’ai décidé de poursuivre tous les oppresseurs, tous les intolérants ; or je ne connais pas d’êtres plus intolérants que ceux qui, après avoir applaudi aux déclarations d’athéisme faites à la tribune de la Convention nationale, ne pardonnent pas à un homme d’avoir les mêmes principes religieux que Pascal et Fénelon[63]. »
Universaliser l'usage de la langue française et éradiquer les langues dites régionales ou minoritaires
Dès le , l'abbé Grégoire, membre de la Constituante, lance une importante enquête relative « aux patois et aux mœurs des gens de la campagne »[64]. Puis, à partir de 1793, pendant la Convention, au sein du Comité d'instruction publique où il se montre très actif, il lutte pour l'éradication de ces patois. L'universalisation de la langue française par l'anéantissement, non seulement des patois, mais des langues des communautés minoritaires (yiddish, créoles) est pour lui le meilleur moyen de répandre dans la masse les connaissances utiles, de lutter contre les superstitions et de « fondre tous les citoyens dans la masse nationale », de « créer un peuple ». En ce sens, le combat de Grégoire pour la généralisation (et l'enseignement) de la langue française est dans le droit fil de sa lutte pour l'émancipation des minorités[65]. En 1794 l'abbé Grégoire présente à la Convention son « Rapport sur la Nécessité et les Moyens d'anéantir les Patois et d'universaliser l'Usage de la Langue française », dit Rapport Grégoire, dans lequel il écrit :
« […] on peut uniformiser le langage d’une grande nation […]. Cette entreprise qui ne fut pleinement exécutée chez aucun peuple, est digne du peuple français, qui centralise toutes les branches de l’organisation sociale et qui doit être jaloux de consacrer au plus tôt, dans une République une et indivisible, l’usage unique et invariable de la langue de la liberté. »
La réorganisation de l'Église constitutionnelle
Fin 1794, il constitue avec Royer, Desbois et Saurine le groupe des « Évêques réunis à Paris » qui se donne pour mission de régénérer l’Église de France gravement affaiblie par la campagne de déchristianisation et les démissions d’évêques et de prêtres. En 1795, il crée avec les évêques constitutionnels Saurine et Debertier, ainsi qu'avec des laïcs, la Société libre de philosophie chrétienne, qui a pour but de reprendre les études théologiques arrêtées à cause de la Révolution, de lutter contre la déchristianisation et contre la théophilanthropie et le culte de la Raison et de l'Être suprême. L'organe de cette société, les Annales de la religion, est un journal gallican et virulent, supprimé par Bonaparte à la suite du Concordat.
Sous le Directoire, il s'efforce de réorganiser l'Église constitutionnelle. Il organise avec les évêques constitutionnels deux conciles nationaux, en 1797 et 1801, pour tenter de mettre sur pied une véritable Église gallicane.
Il tente de s'opposer à la signature du Concordat de 1801. Contraint à la démission, avec les autres évêques constitutionnels, l'homme à la « tête de fer » (comme le définit l'historien Jules Michelet) fera toujours suivre son nom de la mention « évêque constitutionnel de Blois ».
Il publie en 1799 un Projet de réunion de l'Église russe à l'Église latine. Il œuvre aussi à la réhabilitation de Port-Royal des Champs en publiant, en 1801 puis en 1809, Les Ruines de Port Royal des Champs, qui mettent en valeur les vertus des religieuses jansénistes et des Solitaires. Cet écrit contribue à la naissance du mythe de Port-Royal comme foyer intellectuel et comme foyer de résistance à l'absolutisme.
La constitution de l'an III le fit entrer au conseil des Cinq-Cents (député de l'Hérault) ; le coup d'État du 18 Brumaire le porta au Corps législatif (député de Loir-et-Cher).
Présenté par le Corps législatif, le Tribunat et le Sénat conservateur, pour faire partie de ce dernier corps, ce ne fut qu'après une assez longue hésitation qu'il accepta ces hautes fonctions (4 nivose an X : ). Il fut nommé membre de la Légion d'honneur le 9 vendémiaire an XII et commandant de l'Ordre le 25 prairial suivant. Il devint comte de l'Empire en 1808.
La résistance à la censure et au rétablissement de l'esclavage
Il s'engage contre le rétablissement de l'esclavage par Napoléon après son coup d'Etat de 1799, quand « la censure et la propagande officielle »[66] du nouveau régime « imposent une idéologie massivement inégalitaire »[66], à une opinion publique souvent hostile, selon les rapports de police, via de nombreux articles de presse, brochures et gros ouvrages souhaitant rejeter l'apport des Lumières, « ouvertement au profit de théories pseudoscientifiques visant à classer et hiérarchiser »[66] les « races » humaines, « tout en proclamant hautement la vocation » des « êtres supérieurs » à « civiliser » les autres hommes[66], selon les analyses détaillées des publications de l'époque réunies par l'historien Yves Benot dans un livre de 1992[67]. Au même moment se manifeste la persistance de « pôles de résistance »[66],[67] à la censure, émanant d'anti-esclavagistes, pas seulement les plus connus comme l'abbé Grégoire mais aussi d'autres libéraux plus modérés incluant aussi Amaury Duval, Pierre-Louis Ginguené, Jean-Baptiste Say, Joseph-Marie de Gérando, Dominique Dufour de Pradt et Antoine Destutt de Tracy[66],[67].
Vers la fin de l'Empire
Pendant l'Empire et sous la Restauration, il écrit de nombreux ouvrages, notamment une Histoire des sectes en deux volumes (1810). Il fait partie, au Sénat conservateur, des rares opposants irréductibles à Napoléon Ier. Il est l'un des cinq sénateurs qui s'opposent à la proclamation de l'Empire. Il s'oppose de même à la création de la nouvelle noblesse puis au divorce de Napoléon Ier et de Joséphine.
Le , Grégoire est l’un des 64 sénateurs qui répondent à la convocation de Talleyrand pour proclamer la déchéance de Napoléon. Depuis le mois de janvier, il participe régulièrement à des réunions avec Lanjuinais, Garat et Lambrechts pour préparer un plan : ils envisagent la création d’un gouvernement provisoire et la réunion d’une assemblée constituante en cas de défaite de l'Empereur[68].
Restauration
À la première Restauration, Grégoire voulait que le Sénat déclarât que la nation française choisissait pour chef un membre de l'ancienne dynastie, et qu'elle se réservait de présenter une constitution libérale à l'acceptation et au serment du roi élu par lui. Sa proposition fut rejetée[69] et son auteur ne fut pas compris dans la liste des nouveaux pairs.
L'ordonnance d'épuration de l'Institut de France qui frappait Carnot, Monge et quelques autres, ne pouvait pas épargner Grégoire. Sa pension même d'ancien sénateur fut quelque temps suspendue, et il dut s'en prendre à ses livres pour fournir à ses besoins.
Élections de 1819
Il était retiré à Auteuil[Où ?], lorsqu'à l’occasion des élections partielles du , qui constituent une victoire pour les libéraux (35 sièges remportés sur 55 à pourvoir), Henri Grégoire est élu député de l’Isère. Sa candidature est soutenue par le journal Le Censeur, et par le comité directeur du parti libéral. Mais il doit son élection au report des voix ultraroyalistes, contre Rogniat, le candidat soutenu par le ministère. Par cette manœuvre, les ultras montrent à la fois leur opposition au gouvernement, et leur rejet de la loi électorale[70].
Chateaubriand écrit dans Le Conservateur : « Le mal est dans la loi qui couronne, non le candidat régicide, mais l’opinion de ce candidat, dans la loi qui peut créer ou trouver cinq cent douze électeurs décidés à envoyer à Louis XVIII le juge de Louis XVI »[71]. À l'autre bord, c'est bien « l'ancien juge de Louis XVI » déterminé dans les grandes occasions à verser le sang, que Stendhal vient soutenir à Grenoble quand il le qualifia de « plus honnête homme de France ». Car dans sa correspondance avec Adolphe Mareste, le il écrivit : « Le bon entre amis c'est d'être francs ; comme cela on se donne le plaisir de l'originalité. Donc à l'âge près, je voudrais être Grégoire. Je ne trouve rien de plus utile qu'un twenty one j(anvier).(sic) Sans cela on n'aurait peut-être (sic) la const(itut)ion. Mon seul défaut est de ne pas aimer the Blood. »[72],[73],[74]
Cette élection crée un choc, d’autant plus que Grégoire conserve une réputation, méritée ou non, de régicide. Elle va provoquer un retournement d’alliance au gouvernement, obligeant le centre alors aux affaires à s’allier à la droite. L’historien Benoît Yvert écrit : « L’élection de Grégoire annonce par conséquent la fin de la Restauration libérale »[75]. Ouverte le , la nouvelle session parlementaire va dès le s’enliser dans un débat sur la manière d’exclure Grégoire de l’assemblée. Les libéraux, qui l’avaient soutenu, essaient d’obtenir de lui sa démission, qu’il leur refuse. Une commission formée pour l’occasion découvre un vice de forme, mais on renonce à l’employer car il s’appliquerait de même à un grand nombre de députés. Finalement, le député Ravez propose de statuer sur l’exclusion en renonçant à lui donner un sens acceptable par tous les partis : elle est votée à l’unanimité moins une voix, celle du député du Nord Lambretcht[76],[70].
Dernières années et décès
Il vit dès lors dans la retraite mais, toute pension lui ayant été supprimée, il est contraint de vendre sa bibliothèque. À la fin de sa vie, il demande les secours de la religion. L'archevêque de Paris – le très légitimiste Monseigneur de Quélen – y met pour condition que Grégoire renonce au serment qu’il avait prêté à la Constitution civile du clergé. L'ex-évêque, fidèle à ses convictions, refuse tout net. L'archevêque lui refuse donc l’assistance d’un prêtre et toute messe funéraire.
Âgé de 80 ans, l'abbé Grégoire meurt à Paris à l'emplacement actuel du 44 de la rue du Cherche-Midi, le . Passant outre les ordres de l’archevêché, l'abbé Guillon[77], lui délivre néanmoins les derniers sacrements[78], dont l’extrème onction, et une messe de funérailles est célébrée dans l’église de l’Abbaye-aux-Bois. Le corps de l’évêque humaniste et gallican est ensuite conduit au cimetière du Montparnasse, accompagné par deux mille personnes, dont La Fayette. Toutefois, ces sacrements et célébration étaient susceptibles d'illicéité, car administrés et célébrée en violation du droit canonique et de l'interdit prononcé par la hiérarchie de l'Église.
En 1989, à l'occasion du bicentenaire de la Révolution française, les cendres de l'abbé Grégoire ont été transférées au Panthéon.
Le protecteur des biens de la Nation
La notion de vandalisme est démocratisée par les écrits de l'Abbé Grégoire dans un rapport adressé à la Convention nationale en , en pleine Révolution Française, après thermidor an II. Il met en avant la destruction massive et impunie des monuments et objets qu'il considère de « nationaux ». L'abbé Grégoire va jouer un grand rôle dans la prise de conscience patrimoniale et demander la conservation des monuments de l'ancienne France monarchique, pourtant cibles des émeutes. Cette notion de vandalisme puise ses origines sémantiques et étymologiques dans le mot vandales, un peuple germanique acteur des grandes invasions du Ve siècle, considéré depuis le Haut Moyen Âge comme un peuple barbare. Dans ses Mémoires, l'abbé Grégoire reconnaît la paternité de ce néologisme, et déclare l'objectif de sa démarche :
« Je créai le mot pour tuer la chose »
— Henri Grégoire, "Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois", 1837[79].
Œuvres
- Henri Grégoire, Essai sur la régénération physique, morale et politique des juifs : Ouvrage couronné par la Société royale des sciences et des arts de Metz, le 23 août 1788 (français), Metz, Devilly, , 284 p. (notice BnF no FRBNF30538362, lire sur Wikisource) et Henri Grégoire, « Observations nouvelles sur les juifs, et spécialement sur ceux d'Amsterdam et de Francfort », Revue Philosophique, Littéraire et Politique, Paris, (ISSN 1967-4279 et 2540-5039, notice BnF no FRBNF36347773, lire en ligne)
- Rapport et projet de décret sur les moyens d’améliorer l’agriculture en France, par l’établissement d’une maison d’économie rurale dans chaque département, présentés à la séance du 13 du 1er mois de l'an IIe de la république française, () au nom des comités d'aliénation et d'instruction publique, par le citoyen Grégoire. Imprimés par ordre de la Convention nationale, Paris : Impr. nationale, 1793, in-8°, 30 p.
- Henri Grégoire, De la littérature des Nègres, ou, recherches sur leurs facultés intellectueles, leurs qualités morales et leur littérature : suivies des notices sur la vie et les ouvrages des Nègres qui se sont distingués dans les sciences, les lettres et les arts, Maradan Editeur, , 288 p. (notice BnF no FRBNF30538410, lire sur Wikisource)
- Henri Grégoire, De la traite et de l’esclavage des Noirs et des Blancs, Adrien Égron, , 84 p. (notice BnF no FRBNF30538447, lire sur Wikisource, lire en ligne)
- Rapport sur la nécessité et les moyens d'anéantir les patois et d'universaliser l'usage de la langue française, séance du 16 prairial de l'an deuxième ().
- Rapport sur l'établissement d'un Conservatoire des Arts et Métiers, séance du 8 vendémiaire de l'an III (), Paris, Imprimerie nationale 1794. (Lire en ligne)
- Mémoire en faveur des gens de couleur ou sang-mêlés de Saint-Domingue & des autres iles françaises de l'Amérique, adressé à l'Assemblée nationaleparis, Belin, .
- Lettre aux philanthropes sur les droits, les réclamations des gens de couleur de Saint-Domingue et des autres iles françaises de l'Amérique, . (Lire en ligne)
- Henri Grégoire, Lettre aux citoyens de couleur et nègres libres de Saint-Domingue et des autres isles françoises de l'Amérique, Paris, Imprimerie du Patriote français, , 15 p. (notice BnF no FRBNF30538390, lire sur Wikisource, lire en ligne)
- 1800 - Henri Grégoire, Apologie de Barthélemy de Las Casas, évêque de Chiappa, par le citoyen Grégoire, lu à l'Institut national le 22 floréal an VIII (lundi 12 mai 1800), Paris, Institut de France et François-Jean Baudouin, (OCLC 83534745, lire en ligne)
- Histoire des sectes, 1810, deux volumes
- Histoire des sectes religieuses, 1828-1829, cinq volumes chez Baudoin Frères, Paris.
- Recherches historiques sur les congrégations hospitalières des frères pontifes ou constructeurs de ponts, Éd. Baudoin frères libraires, Paris, 1818. Lire en ligne.
- Opinion du citoyen Grégoire…, concernant le jugement de Louis XVI, séance du , l'an premier de la République française. Paris : imprimerie nationale, 1792.
- Adresse aux citoyens des campagnes du département du Mont-Blanc par le citoyen Grégoire, député à la Convention nationale, .
- Convention Nationale : Rapport présenté à la Convention nationale au nom des commissaires envoyés par elle pour organiser les départements du Mont-Blanc et des Alpes-Maritimes, par Grégoire représentant nommé par le département de Loir-et-Cher, Paris, 1793.
- Convention Nationale. Système de dénominations topographiques pour les places, rues, quais, etc. de toutes les communes de la République, 7 pluviôse an II-.
- Essai historique et patriotique sur les arbres de la liberté, 12 germinal an II-.
- Adresse aux Français, présentée par Grégoire à la Convention, 16 prairial an II-.
- Convention nationale. Instruction publique. Rapport sur les destructions opérées par le Vandalisme, et sur les moyens de le réprimer, séance du 14 fructidor l'an second ().
- 'Des peines infamantes à infliger aux négriers, Paris, Baudouin frères, , 48 p. (lire en ligne)
- Du préjugé des blancs contre la couleur des Africains et celle de leurs descendants noirs et sang-mêlé (1826).
- Mémoires de Grégoire, éd. Jean-Michel Leniaud, Paris, Éditions de Santé, 1989 (écrit en 1807 et 1808 et édité une première fois en 1837 avec une notice d'Hippolyte Carnot).
Colloques et collectifs
- « L'abbé Grégoire, défenseur des droits de l'Homme »[80]
- « L'abbé Grégoire et la séparation de l'Église et de l'État »[81]
- « L'abbé Grégoire et le patrimoine »[82]
- « L'abbé Grégoire, pionnier de la formation continue »[83]
- « L'abbé Grégoire, l'ami des hommes de toutes les couleurs », Europe : Revue mensuelle, numéros 128-129, 1956.
- Yves Bénot et Marcel Dorigny (dir)
- Grégoire et la cause des Noirs, combats et projets, (1789-1831), publication de La Revue d'Histoire d'Outre Mer, Saint-Denis, 2000 (contributions de Lucien-René Abénon, Yves Bénot, Amady Aly Dieng, Marcel Dorigny, Anne Girollet, Rita Hermon-Belot, Bernard Plongeron, Allyssa Goldtein Sepinwall, Ann Thomson, Duraciné Vaval).
- Grégoire et la cause des Noirs, combats et projets, (1789-1831), publication de la Revue d'Histoire d'Outre Mer Saint-Denis, 2005 (mêmes contributions avec en plus deux textes inédits de Duraciné Duval et de l'abbé Grégoire lui-même.
- Jeremy D. Popkin et Richard H. Pokin (dir), the Abbé Grégoire and his World, (archives internationales d'histoire des idées) Kluwer Academic Publishers, 2000 ; contributions de David Bell, Marcel Dorigny, Rita Hermon-Belot, H.J. Lusesbring, Jeremy D. Popkin, Richard H. Popkin, Alyssa Goldstein Sepinwall, Dale Van Kley, Anthony Vilder.
Hommages
- En 1950 en France à l'occasion des deux cents ans de sa naissance, René Cassin prononce un discours-hommage à l'abbé Grégoire.
- En 1950, en Indochine, le Viet-Minh commémore également les deux cents ans de sa naissance, le considérant comme "l'homme de la liberté des peuples" [84].
- Plus de 150 ans après son décès, le , les cendres de l'abbé Grégoire sont transférées au Panthéon en même temps que celles de Monge et de Condorcet, à l'occasion de la célébration du bicentenaire de la Révolution française.
- Son nom fut donné à une rue du 6e arrondissement de Paris.
- Une rue porté également le nom de l'abbé Grégoire à Grenoble.
- Émission d'un timbre à l'effigie de l'abbé Grégoire[85].
- Au Conservatoire national des arts et métiers, le plus prestigieux des amphithéâtres porte le nom d'abbé-Grégoire.
- Un portrait de l'abbé Grégoire orne la station Arts et Métiers à Paris.
- À Blois, la grande bibliothèque municipale construite et inaugurée dans les années 1990 porte le nom de bibliothèque abbé-Grégoire.
- Franc-maçon, l'abbé Grégoire aurait appartenu à la loge parisienne des Neuf Sœurs[réf. à confirmer][86].
- En 1814, Grégoire fut nommé, parmi vingt-huit personnes « distinguées pour leur savoir », membre honoraire de l'université de Kazan (Russie). Mais cette nomination fut annulée en 1821, le conseil de l'université ayant trouvé qu'il était « contraire non seulement à la justice mais à la simple décence d'avoir en son sein un homme qui s'était rendu coupable d'un crime odieux » (la mort de Louis XVI) (voir l'Encyclopédie de Brockhaus et Efron (https://ru.wikisource.org/wiki/%D0%AD%D0%A1%D0%91%D0%95/%D0%93%D1%80%D0%B5%D0%B3%D1%83%D0%B0%D1%80,_%D0%90%D0%BD%D1%80%D0%B8).)
La littérature et l'abbé Grégoire
- Victor Hugo, Les Misérables, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », (lire en ligne), p. 38-49.
- Anne Villemin Sicherman, L'Abbé Grégoire s'en mêle, 10 18, coll. « les grands détectives », .
Titres
Distinctions
- Légion d'honneur[88],[89] :
- Légionnaire (9 vendémiaire an XII : ), puis,
- Commandeur de la Légion d'honneur (25 prairial an XII : ).
Armoiries
Figure | Blasonnement |
|
Armes du comte Grégoire et de l'Empire
* Ces armes emploient le terme « cousu » dans le seul but de contrevenir à la règle de contrariété des couleurs : elles sont fautives : chapeau de sinople sur champ de gueules. |
Annexes
Ouvrages
- Robert Badinter, Libres et égaux : l'émancipation des juifs, 1789-1791, Paris, Fayard, 1989.
- Marc Belissa, Fraternité universelle et intérêt national, 1713-1795 : les cosmopolitiques du droit des gens, Paris, Éditions Kimé, 1998.
- Yves Bénot :
- La Révolution française et la fin des colonies, Paris, La Découverte, 1987.
- La Démence coloniale sous Napoléon, Paris, La Découverte, 1991.
- Josiane Boulad-Ayoub, L'Abbé Grégoire, apologète de la République, Paris, Honoré Champion, 2005.
- Aimé Césaire, présentation de Grégoire, Henri Baptiste (dit Abbé), 1815. De la traite et de l'esclavage des noirs, Paris, rééd. Arléa,
- Michel de Certeau, Dominique Julia et Jacques Revel, Une politique de la langue : la Révolution française et les patois : l'enquête de Grégoire, Paris, Gallimard, 1975.
- Caroline Chopelin-Blanc et Paul Chopelin, L'Obscurantisme et les Lumières : itinéraire de l'abbé Grégoire, évêque révolutionnaire, Paris, Vendémiaire, 2013 ; préface de Bernard Plongeron.
- Rodney J. Dean :
- L'Abbé Grégoire et l'Église constitutionnelle après la Terreur 1794-1797, Paris, Picard, 2008, 364 p., préface de Jean Dubray. (ISBN 978-2-7084-0823-4)
- L'Église constitutionnelle, Napoléon et le Concordat de 1801, Paris, Picard, 2004, 737 pages (édition française).
- Antonin Debidour, L'abbé Grégoire, Nancy, Imprimerie Paul Sordoillet, , 15 p. (lire en ligne)
- Jean Dubray,
- La Pensée de l’abbé Grégoire : despotisme et liberté, Oxford, Voltaire Foundation, 2008.
- Lettres à l'abbé Grégoire . Texte établi et annoté par Jean Dubray avec la collaboration de Caroline Carnot. Vol 1, a à j. Phénix éditions, 2013
- Maurice Ezran, L'abbé Grégoire, défenseur des juifs et des Noirs, révolution et tolérance, Paris, L'Harmattan, 1992.
- Pierre Fauchon, L'abbé Grégoire, le prêtre-citoyen, Tours, Éditions de la Nouvelle République, 1989.
- David Feuerwerker, L'émancipation des juifs en France : de l'Ancien Régime à la fin du Second Empire, Paris, éditions Albin Michel, 1976 (ISBN 2-226-00316-9)
- Florence Gauthier, Triomphe et mort du droit naturel en révolution (1789-1795-1802), Paris, PUF, 1992.
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Pour la jeunesse :
Articles
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- Serge Bianchi :
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- Bulletin de la Société archéologique, scientifique et littéraire du Vendômois :
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- Pierre Fauchon, « Commentaire de la lettre de H. Grégoire », 1995, p. 49-50,
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- « La prétendue belle-sœur de couleur de l'abbé Grégoire, une homonymie cause de la bourde du club Massiac ? », Revue d'Histoire et de Philosophie Religieuses, tome 79-no 4-octobre-, p. 463-474.
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- « L'abbé Grégoire, ou l'universalisme jacobin d'une déclaration des droits et des devoirs des hommes de toutes les couleurs », Annales de l'Est, 6e série, 52e année, no 1-2002,(janvier-), p. 269-291.
- « Controverses sur l'apologie de Las Casas lue par l'abbé Grégoire », Revue d'Histoire et de Philosophie Religieuses, tome 82-no 3-juillet-, p. 283-306.(revue numérisée depuis 2002 en format PDF)
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Colloques du CNAM
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Notices de dictionnaires
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- Bernard Plongeron,
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- « Yves Benot, Marcel Dorigny (dir), Grégoire et la cause des Noirs, (1789-1831) combats et projets, Saint-Denis, 2005 », Annales historiques de la Révolution française, juillet-, p. 181-185.
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- « Jean Dubray, Lettres à l'abbé Grégoire. Texte établi et annoté par Jean Dubray avec la collaboration de Caroline Carnot. Vol 1, a à j. Phénix éditions, 2013 », Annales historiques de la Révolution française, juillet-.
- Jacques Guilhaumou, « Rita Hermon‑Belot, L’abbé Grégoire. La politique et la vérité », Annales historiques de la Révolution française, no 325, 3/2001 Texte en ligne
- Rita Hermon-Belot, « L'abbé Grégoire et la République des savants, introduction de Bernard Plongeron, Paris, CTHS, 2001, 302 p. », Annales historiques de la Révolution française, no 331, 1/2003 Texte en ligne
- Jean-Daniel Piquet, « Rita Hermon-Belot, L’abbé Grégoire, la politique et la vérité, préface de Mona Ozouf », Cahiers d'histoire. Revue d'histoire critique [En ligne], 87 | 2002,p. 141-145.
Littérature
- Royaliste sous la Restauration, Victor Hugo lui consacra quelques vers pamphlétaires :
Je le hais libéral, je le plains régicide<ref>dans Le Télégraphe que Victor Hugo écrivit à dix-sept ans, cité par Théodore Anne dans Mémoires: souvenirs et anecdotes sur l'intérieur du Palais de Charles X, et les événements de 1815 à 1830, Paris, Werdet, 1831, p. 418.</ref>
- Beaucoup plus tard, dans son grand roman Les Misérables, il en aurait fait un personnage de fiction « Le conventionnel G. » auquel rend visite au seuil de sa mort Monseigneur Myriel. Mais ce n'est pas un prêtre. C'est un très vieil homme, vivant retiré du monde en 1814 pour cause de réputation d'ancien régicide, alors que selon Monseigneur Myriel, il n'avait pas voté la mort du roi. Il fait évoluer idéologiquement l'évêque assez conservateur, en lui mettant en parallèle les crimes de la Révolution avec ceux de l'Ancien Régime (révocation de l'Edit de Nantes par Louis Le Grand, exécution de la toute la famille du hors-la-loi Cartouche par Louis XV) et en mettant en relief ses efforts passés pour combattre le pire des despotismes : l'ignorance.
- L'Abbé Grégoire est l'un des personnages principaux du roman policier historique d'Anne Villemin Sicherman "l'Abbé Grégoire s'en mêle", dont l'intrigue se noue alors que l'Académie Royale de Metz vient de lancer son célèbre concours sur "les moyens de rendre les juifs plus heureux et plus utiles en France".
Sources
- Les papiers personnels de l'Abbé Grégoire sont conservés aux Archives nationales sous la cote 510 AP[93].
Notes et références
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- Serge Van Den Broucke, « Les origines de la préservation des monuments en France et en Normandie », Patrimoine normand, no 107, octobre-novembre-décembre 2018, p. 34.
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- Louis Maggiolo, La Vie et les œuvres de l'abbé Grégoire, p. 7.
- Document autographe conservé au musée Oberlin du Ban de la Roche, cité dans Rita Hermon-Belot, p. 39. Ce portrait n'a bien sûr pas de valeur scientifique mais permet de décrire précisément Grégoire
- Donc plutôt grand pour l'époque.
- Lady Morgan, témoignage cité par Pierre Grunebaum-Ballin, « Éloge de Grégoire », in Europe, no 128-129, août-septembre 1956.
- Mémoires de Grégoire, suivies de la notice historique sur Grégoire, Éditions de la Santé, 1989, p. 202. La notice historique est faite par Hippolythe Carnot
- Sainte-Beuve, Port-Royal, livre deuxième, Paris, 1867, p. 28.
- Augustin Gazier, Histoire générale du mouvement janséniste, tome II, Paris, Honoré Champion 1924, p. 148.
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- Rita Hermon-Belot, L'Abbé Grégoire…, p. 42-43.
- Rita Hermon-Belot, L'Abbé Grégoire…, p. 43.
- Rita Hermon-Belot, L'Abbé Grégoire…, p. 43; Alain Bauer et Roger Dachez, Les rites maçonniques anglo-saxons, Paris, Presses universitaires de France, 2011, p. 50 Certains auteurs considèrent qu'il a été membre de la loge l'Harmonie à l'Orient de Paris, sans apporter de preuves, ni donner de dates. Cf. Daniel Ligou, Dictionnaire de la franc-maçonnerie, 3e éd., Paris, Presses universitaires de France, 1991, p. 550.
- Alysaa Goldstein Sepinwall, « L’abbé Grégoire and the Metz Contest : The view from new Documents », Revue des études juives, 2007, no 166, p. 243-258.
- Jürgen Voss, « Die Strassburger 'Société des Philanthropes' und ihre Mitglieder im Jahre 1777 », Revue d'Alsace 1982, no 108, p. 65-80. Grégoire n’apparaît pas encore sur la liste de juillet 1777.
- Essai sur la régénération physique, morale et politique des juifs…, p. 118 et 186.
- Rita Hermon-Belot, L'Abbé Grégoire…, p. 446-447.
- Michel Lagrée et Francis Orhant, Grégoire et Cathelineau ou la Déchirure, Éditions de l'Atelier, , p. 35
- René Taveneaux, « L'abbé Grégoire et la démocratie cléricale », in Jansénisme et Réforme catholique, Nancy, Presses universitaires de Nancy, 1992, p. 141 et 144.
- Rita Hermon-Belot, L'Abbé Grégoire… p. 46-47.
- L'expression est de René Taveneaux, Jansénisme et Réforme catholique, p. 140.
- Edmond Préclin, Les Jansénistes du XVIIIe siècle et la Constitution civile du clergé, Paris, 1928.
- L'expression est de René Taveneaux.
- Rita Hermon-Belot, L'Abbé Grégoire…, p. 50.
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- Opinion du citoyen Grégoire…, concernant le jugement de Louis XVI, séance du 15 novembre 1792, l'an premier de la République française. Paris : imprimerie nationale, 1792.
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- Louis MAGGIOLLO, L’abbé Grégoire sa vie ses œuvres 1750-1831, Paris, 1884 tome 1, p. 62
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- Allyssa Goldstein SEPINWALL, L'abbé Grégoire et la Révolution française ; Les origines de l'universalisme moderne, Becherel, Éditions Les Perseides, 2005 p. 189-192
- Louis MAGGIOLO, L’abbé Grégoire sa vie ses œuvres 1750-1831, Paris, 1884 tome 1, p. 61-62
- Rita Hermon-Belot, L'abbé Grégoire, la politique et la vérité, Paris, 2000, préface de Mona Ozouf
- (Essai sur historique et patriotique sur les arbres de la liberté 12 germinal an II- 1er avril 1794cité par Eugène Welvert, "L'abbé Grégoire fut-il régicide ?" dans Eugène Welvert, lendemains révolutionnaires, les régicides, Paris, Calman-Levy 1907 ; Jean-Daniel Piquet, L'abbé Grégoire, un régicide panthéonisé, Cahiers d'Histoire Espace Marx, no 63,2e trimestre 1996.
- Sur l'histoire du mot et les prétentions de Lakanal qui en réclame également la paternité, voir Cecilia Hurley, Monuments for the people: Aubin-Louis Millin's 'Antiquités nationales', Turnhout (Belgique) 2013, p. 162, no 47.
- James Guillaume, Grégoire et le vandalisme, Révolution française 1902
- Serge Bianchi, Grégoire et le concept de vandalisme
- Pierre Fauchon, "l'abbé Grégoire, le prêtre citoyen", Editions de la Nouvelle République, Tours, 1989, p.104 ; Georges Hourdin, l'abbé Grégoire, évêque et démocrate, Paris, 1989 p. 105 ; Jean-Daniel Piquet, "L'abbé Grégoire, un régicide panthéonisé", Cahiers d'histoire, n° 63-2ème trimestre 1996, p. 71
- Préface de la publication du Discours sur la liberté des cultes.
- Michel Baris, Langue d'oïl contre langue d'oc, Lyon, Fédérop, , 148 p., Page 30
- Michèle Perret La langue de la liberté, éloge de l'abbé Grégoire, Mémoire de la société néophilologique de Helsinki (LXXVII), Du côté des langues romanes, mélanges en l'honneur de Juhani Härmä, 2009, 221-232
- "La démence coloniale sous Napoléon", par Yves Benot en 1992, aux Editions La Découverte, compte-rendu de lecture par l'historien Marcel Dorigny dans la revue scientifique des Annales historiques de la Révolution française en 1993
- "La démence coloniale sous Napoléon", par Yves Benot en 1992, aux Editions La Découverte
- Emmanuel de Waresquiel, Benoît Yvert, Histoire de la Restauration, 1814-1830, Naissance de la France moderne, Perrin, 2002, p. 36-37.
- C'est à cette époque qu'il publia sa brochure, intitulée : De la constitution française, 1814.
- Jean-François Lemaire, « L'élection de l'Abbé Grégoire », La Revue des deux Mondes, , p. 192-205 (lire en ligne)
- François-René de Chateaubriand, Le Conservateur : le roi, la charte, et les honnêtes gens, Le Normant, (lire en ligne), p. 631
- Henri-François Imbert, Les métamorphoses de la liberté, ou, Stendhal devant la Restauration et le Risorgimento, Slatkine, , 670 p. (ISBN 978-2-05-101076-4, lire en ligne)
- Jacques Félix-Faure, Un Compagnon de Stendhal : Félix-Faure, Pair de France, Librairie Droz, , 217 p. (ISBN 978-2-600-04339-7, lire en ligne), p. 107
- Albert Collignon, L'art et la vie de Stendhal, G. Baillière, (lire en ligne), p. 226
- Emmanuel de Waresquiel, Benoît Yvert, Histoire de la Restauration, 1814-1830, Naissance de la France moderne, Perrin, 2002, p. 274-276.
- Emmanuel de Waresquiel, Benoît Yvert, Histoire de la Restauration, 1814-1830, Naissance de la France moderne, Perrin, 2002, p. 284.
- Prêtre réfractaire, l'abbé Guillon a milité contre la « Constitution civile du clergé » ; il est l'auteur de l'Épître catholique sur le nouveau serment.
- Confession par l'abbé Evrard de Saint-Séverin, viatique par l'abbé Baradère.Encyclopedia Britannica-1911.
- Voir les Mémoires de Grégoire sur Wikisource
- L'Abbé Grégoire, défenseur des Droits de l'Homme
- L'Abbé Grégoire et la séparation de l'Église et de l'État
- L'abbé Grégoire et le patrimoine
- L'abbé Grégoire, pionnier de la formation continue
- Bernard Plongeron, "Grégoire Henri", Dictionnaire d'histoire et de géographie ecclésiastique ; Dictionnaire Napoléon
- Timbre abbé Grégoire.
- P. David, « Hommage à l'abbé Grégoire », Indomptable, révolutionnaire et humaniste, sur www.temoignages.re, Témoignages, (consulté le )
- « BB/29/974 page 119. », Titre de comte accordé à Henri Grégoire. Bayonne ()., sur chan.archivesnationales.culture.gouv.fr, Centre historique des Archives nationales (France) (consulté le )
- « Cote LH/1195/40 », base Léonore, ministère français de la Culture
- « Grégoire (Henri) », dans A. Lievyns, Jean Maurice Verdot, Pierre Bégat, Fastes de la Légion d'honneur, biographie de tous les décorés accompagnée de l'histoire législative et réglementaire de l'ordre, vol. I, [détail de l’édition] (notice BnF no FRBNF37273876, lire en ligne), p. 349-349 lire en ligne
- Alcide Georgel, Armorial de l'Empire français : L'Institut, L'Université, Les Écoles publiques, (lire en ligne)
- Source : www.heraldique-europeenne.org
- Nicolas Roret, Nouveau manuel complet du blason ou code héraldique, archéologique et historique : avec un armorial de l'Empire, une généalogie de la dynastie impériale des Bonaparte jusqu'à nos jours, etc..., Encyclopédie Roret, , 340 p. (lire en ligne)
- Description du fonds en salle des inventaires virtuelle, Archives nationales
Voir aussi
Bibliographie
- Jean-Jacques Salomon, « L'abbé Grégoire », dans sous la direction de Michel Le Moël et Raymond Saint-Paul 1794-1994. Le Conservatoire national des Arts et Métiers au cœur de Paris, Délégation à l'action artistique de la Ville de Paris, Paris, 1994, p. 57-59, (ISBN 978-2-905118-77-6).
- Catherine Laurence Maire, « L'abbé Grégoire devant les prophétesses », in Rivista di Storia del Cristianesimo, IV, no 2, 2007, p. 411-429, [lire en ligne] sur le site HAL-SHS (Hyper Article en Ligne - Sciences de l'Homme et de la Société).
Articles connexes
Liens externes
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- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Site internet officiel d'Henri Grégoire et son musée d'Emberménil
- Biographie de l'abbé Grégoire
- « Biographie de l'abbé Grégoire », sur roglo.eu (consulté le )
- Une conduite révolutionnaire, ou Action et réflexion chez Henri Grégoire de 1789 à 1831, thèse de doctorat d'État
- L'Abbé Grégoire. Conférence donnée à la Grande Loge de France (5 mai 1981) par Gaston Monerville
- « Cote LH/1195/40 », base Léonore, ministère français de la Culture
- L'Abri du Pèlerin, proche d'Emberménil et érigé en hommage à l'Abbé Grégoire, en visite virtuelle gratuite (mode plein écran et aide à la navigation).
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