Tour de Constance

La Tour de Constance est une fortification située dans la ville close d'Aigues-Mortes, dans le département du Gard, en région Occitanie, en France. La terrasse sommitale est surmontée d'une tourelle de guet qui servait du XIIIe au XVIe siècle de phare[1].

Historique

Construction pour la septième croisade

Jusque dans les années 1200, le lieu était une plaine littorale instable et insalubre où on trouvait de nombreux étangs dont certains étaient salés entre deux foyers commerciaux importants, Montpellier et Saint-Gilles-du-Gard. Progressivement, l'abbaye de Psalmody a acquis des terres et les a mises en valeur. Les Templiers implantés à Saint-Gilles avaient établi un mole sur le petit bras du Rhône à Albaron[2].

La Tour de Constance est érigée à partir de 1242 à Aigues-Mortes, par Saint Louis, sur l'ancien emplacement de la Tour Matafère, construite par Charlemagne vers 790, pour abriter la garnison du roi. Cette construction entre dans le cadre de la transformation d'Aigues-Mortes en un point stratégique avec un port ouvrant sur la Méditerranée. En effet, à cette époque, Marseille appartient à Charles Ier de Sicile, roi de Naples, Agde au Comte de Toulouse et Montpellier au roi d'Aragon.

Les travaux se terminent en 1254. Par deux fois, Aigues-Mortes fut le port de départ de Louis IX pour les Croisades : la septième croisade en 1248 et la huitième croisade en 1270 pour Tunis.

Utilisation comme prison

Prisonnières huguenotes à la Tour de Constance, par Michel Maximilien Leenhardt

Au début du XIVe siècle, Philippe le Bel utilisa le site fortifié pour y incarcérer les Templiers. Entre le 8 et le , quarante-cinq d'entre eux furent mis à la question, reconnus coupables et retenus prisonniers dans la Tour de Constance[3].

Après la révocation de l'Édit de Nantes, le protestantisme fut interdit dans le Languedoc comme dans le reste de la France, et la tour de Constance servit de prison pour les femmes « hérétiques » [4]. La plus connue d'entre elles, Marie Durand, sœur d'un pasteur clandestin, y fut détenue à l'âge de 19 ans et ne sera libérée que 38 ans plus tard[5].

Protection

La tour de Constance est classée au titre des monuments historiques le [6].

Description

La tour a un diamètre de 22 m la hauteur, au sommet de la lanterne, est de 33 m. L'épaisseur des murs, à la base, est de m et elle est ceinte par une douve.

Au rez-de-chaussée, on trouve la salle des gardes, avec son accès protégé par une herse. Au centre de la pièce, une ouverture circulaire permet d'accéder aux sous-sols qui servaient de garde-manger, de réserve à munitions et aussi de cachots. Ce lieu s'appelle les « culs-de-basse-fosse ».

Au premier étage, on accède à la salle des chevaliers. Elle ressemble, par sa structure, à la salle des gardes. C'est dans cette salle que furent emprisonnées au XVIIIe siècle des protestantes dont la plus connue est Marie Durand. On lui attribue la gravure sur la margelle du puits le mot REGISTER (résister). Ce mot est toujours visible de nos jours. Elle est emprisonnée à l'âge de 18 ans et libérée 38 ans plus tard, grâce aux efforts de M. de Canetta, lieutenant du roi à Aigues-Mortes, et du prince de Beauvau, gouverneur du Languedoc.

Le pont menant à la tour, de nuit.

Entre ces deux salles, un étroit chemin de ronde est construit dans l'épaisseur du mur pour surveiller la salle basse.

Après la salle des chevaliers, on accède à la terrasse qui offre un large panorama sur la région, représentant ainsi un poste de surveillance idéal. Les prisonnières y sont quelquefois autorisées à venir respirer l'air pur.

Sur la terrasse se dresse la tourelle, ancien phare qui guidait et surveillait les bateaux.

La tour est reliée au logis, lui-même fortifié, par un pont à trois arches.

La Tour de Constance fait l'objet d'un classement au titre des Monuments historiques depuis 1903[7].

Notes et références

  1. Jean-François Lemoine, Provence, Éditions Jean-Paul Gisserot, , p. 77.
  2. Robin 1999, p. 80
  3. Michel Melot, Guide de la mer mystérieuse, Éd. Tchou et Éditions Maritimes et d'Outre-Mer, Paris, 1970, p. 714.
  4. Les martyrs d'Aigues-Mortes par Charles Bost. 1922. Prisonniers et prisonnières protestantes enfermés dans les tours d'Aigues-Mortes, et particulièrement dans la tour de Constance
  5. Les Mystères du Moyen Âge du 28 juin 2016, Hors série no 7 p. 15
  6. « Remparts », notice no PA00102942, base Mérimée, ministère français de la Culture
  7. « Tour de Contance (Remparts) », notice no PA00102942, base Mérimée, ministère français de la Culture

Annexes

Bibliographie

  • [Bellet 1999] Michel-Édouard Bellet et Patrick Florençon, La cité d'Aigues-Mortes, Éditions du patrimoine, coll. « Itinéraires », , 56 p. (ISBN 978-2-85822-232-2)
  • [Chamson 1970] André Chamson, La Tour de Constance, Plon,
  • Lettres de Marie Durand
  • Journal de Samuel de Pechels, fut aussi enfermé dans la tour.
  • [Fliche 1950] Augustin Fliche, « Aigues-Mortes : La tour de Constance », dans Congrès archéologique de France. 108e session. Montpellier. 1950, Paris, Société française d'archéologie, , 357 p., p. 90-94
  • [Gras 2009] Pierre Gras, La cité d'Aigues-Mortes, Éditions du patrimoine, coll. « Regards », , 64 p. (ISBN 978-2-7577-0039-6)
  • [Pérouse 1996] Jean-Marie Pérouse de Montclos (sous la direction de), Bernard Sournia et Jean-Louis Vayssettes, « Aigues-Mortes : La tour de Constance et l'hôtel du gouvernement », dans Le guide du Patrimoine : Languedoc, Roussillon, Paris, Hachette, , sur (ISBN 2-01-242333-7), p. 113–116.
  • [Robin 1999] Françoise Robin, « Aigues-Mortes : La Tour de Constance », dans Midi gothique : de Béziers à Avignon, Paris, Picard éditeur, coll. « Les monuments de la France gothique », , 389 p. (ISBN 2-7084-0549-7), p. 80-87

Articles connexes

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