Guerres de Religion (France)

En France, on appelle guerres de Religion une série de huit conflits (guerres civiles, guerres de religion et opérations militaires) qui ont ravagé le royaume de France dans la seconde moitié du XVIe siècle et où se sont opposés catholiques et protestants (ceux-ci sont parfois appelés huguenots).

Pour les articles homonymes, voir Guerre de religion.

Guerres de Religion
Informations générales
Date 1562 - 1598
Lieu France

Une procession de la Ligue pendant le siège de Paris (1590),
musée Carnavalet, Paris.
Territoires contrôlés par les protestants lors des guerres de Religion (1562-1598) sur les frontières en 1685.
  • huguenots (calvinistes/réformés)
  • zone contestée
  • catholiques
  • luthériens (Alsace)

À partir du XVIe siècle, un schisme provoqué par les idéaux de la réforme protestante (souvent appelée simplement « la Réforme ») conduit à une opposition entre protestants et catholiques sous la forme d'une sanglante guerre civile. Les premières persécutions contre ceux qui adhèrent aux idées nouvelles commencent dans les années 1520[alpha 1]. Mais il faut attendre les années 1540 et 1550 pour voir les clivages s'affirmer. À la fin du règne d'Henri II (en 1559), le conflit se politise. Les guerres de Religion commencent en 1562 et se poursuivent, entrecoupées de périodes de paix, jusqu'en 1598, quand est promulgué l'édit de Nantes. Les guerres de Religion se prolongeront aux XVIIe (siège de La Rochelle, révocation de l'édit de Nantes) et XVIIIe siècles (guerre des Camisards), jusqu'à l’arrêt des persécutions sous Louis XVI (édit de Versailles en 1787).

Les causes du conflit

L'affaiblissement du pouvoir royal

Ces troubles coïncident avec un affaiblissement de l’autorité royale. Les rois François Ier et Henri II n'ont permis aucune contestation de leur pouvoir. Mais lorsqu'Henri II meurt accidentellement le , ses successeurs François II, puis Charles IX, sont trop jeunes pour pouvoir imposer leur autorité ; ils ne peuvent empêcher les Français de s’entre-déchirer. Entre les deux camps belligérants, la très influente reine-mère Catherine de Médicis hésite entre tolérance religieuse et répression, ce qui ne fait qu'accentuer les tensions.

Le caractère féodal du pays apparaît nettement avec l'indépendance croissante des princes et des partis qui augmentent dangereusement le réseau de leurs clientèles. La réunion des États généraux, effectuée par trois fois durant les guerres de Religion, est le témoin de cet affaiblissement de l'autorité royale : le roi a donc besoin de l'appui de ses sujets pour pouvoir faire respecter ses décisions. À cette occasion, le pouvoir royal est remis en cause par des hommes de loi et des lettrés qui aspirent à une plus grande subordination du roi à l'égard de ces assemblées.

Les clans nobiliaires

Les rois étant trop jeunes pour gouverner, différents camps politiques tentent de s’imposer pour contrôler le pouvoir royal. Trois grands clans nobiliaires, par ailleurs tous liés par divers liens familiaux, vont ainsi s'opposer.

  • Les Montmorency : il s'agit d'une ancienne et puissante famille qui tire sa fortune de la formidable ascension politique du connétable Anne de Montmorency sous le règne de François Ier. Dans cette famille s'illustrent les deux fils du connétable, François de Montmorency et Henri de Damville ainsi que leurs cousins germains, les trois frères Châtillon (Gaspard de Coligny, François d'Andelot et Odet, cardinal de Châtillon). Bien que partagés entre catholiques et protestants, les Montmorency-Châtillon s'unissent à l'occasion pour contrer l'influence croissante des Guise, leurs rivaux. Sans réduire les guerres de Religion à un conflit privé entre ces deux familles[alpha 2], leur concurrence dans la course au pouvoir mobilise leur immense clientèle respective, répartie sur l'ensemble du royaume et jusqu'aux Pays-Bas espagnols, le comte de Hornes, mis à mort à Bruxelles pour avoir participé à la révolte des Gueux, étant un Montmorency.
  • Les Guise : ce sont les meneurs du parti catholique. Cousins du duc de Lorraine, ils connaissent leur ascension politique grâce à Claude de Lorraine et à son fils François, les deux premiers ducs de Guise. Grâce au mariage de Marie Stuart (petite-fille de Claude et nièce de François) avec l'héritier du trône (futur François II), les lorrains renforcent les liens entre leur maison et la dynastie des Valois. Dans leur famille s'illustrent également Charles, cardinal de Lorraine, Henri Ier, duc de Guise et Charles, duc de Mayenne. Si l'hostilité manifestée par les Guise à l'encontre de la politique de tolérance religieuse de Catherine de Médicis cause parfois leur mise à l'écart sous le règne de Charles IX, cette intransigeance catholique leur permet de cultiver une grande popularité auprès du peuple. Loués pour leur rôle de champions de la foi, ils reviennent triomphalement sur le devant de la scène sous Henri III grâce à la Ligue. En 1588, les ligueurs parisiens parviennent à chasser Henri III de la capitale, ce qui renforce considérablement l'influence des Lorrains. Catherine de Médicis elle-même finit par « prier » son fils de « rendre content »[alpha 3] le duc de Guise. L'année suivante, la Ligue destitue le roi à la suite de l'assassinat des deux chefs de la maison ; leur frère survivant, Charles, duc de Mayenne, devient le principal opposant à l'avènement du roi protestant Henri IV.
  • Les Bourbons : descendants de saint Louis en ligne directe, ce sont des princes du sang. Les membres de cette maison ont donc la préséance sur tous les autres gentilshommes du royaume et siègent non loin du roi dans les cérémonies. En dépit des indécisions et volte-face politiques et religieuses du chef de famille Antoine de Bourbon, les Bourbons se distinguent comme meneurs du parti protestant durant les guerres de Religion grâce au frère cadet d'Antoine, Louis de Condé, puis au fils de ce dernier, Henri de Condé. Mais c'est le fils d'Antoine de Bourbon et de Jeanne d'Albret, Henri de Navarre, qui finit par s'imposer progressivement à la tête des huguenots malgré une conversion forcée et temporaire au catholicisme après le massacre de la Saint-Barthélemy.

L'ingérence des pays voisins

En 1572, la reine d'Angleterre Élisabeth Ire s'allie à la France contre l'Espagne.

Les guerres de Religion ont également pour cause l'ingérence des pays voisins qui entretiennent le feu des troubles pour mieux affaiblir la France. Après avoir perdu la bataille de Saint-Quentin en 1557 et signé le traité du Cateau-Cambrésis en 1559, la France assiste à l'affaiblissement de sa suprématie au profit du roi d'Espagne Philippe II. Du fait de la guerre civile, elle connaît, dans la seconde moitié du XVIe siècle, un recul dont profitent l'Espagne et l'Angleterre. Mais en dépit de la montée de ces deux pays, la France demeure une très grande puissance en Europe de par sa démographie, sa richesse et son prestige.

Pour abaisser la France, l'Espagne et l'Angleterre ne cessent de prêter main-forte aux sujets rebelles. La reine d'Angleterre Élisabeth Ire intervient en soutenant les protestants et le roi d'Espagne en soutenant le clan des Guise, partisan du catholicisme intransigeant. Pendant les guerres de Religion, la France est ainsi divisée en deux factions soutenues financièrement et militairement par des pays étrangers. Durant les années 1580, la France semble même devenir un terrain de combat où s'affrontent Espagne et Angleterre par partis interposés.

Les voisins limitrophes de la France ont également des ambitions territoriales. L'Angleterre entend récupérer la ville de Calais dont elle n'a pas accepté la perte en 1558. L'Espagne espère recouvrer la partie septentrionale de la Navarre. La Savoie, alliée à l'Espagne, entend récupérer les places italiennes occupées par la France depuis les guerres d'Italie.

Les guerres de Religion sont en France très dépendantes du contexte européen. Cela est particulièrement le cas à l'égard des Pays-Bas espagnols où les troubles politico-religieux sévissent depuis 1566. La guerre aux Pays-Bas espagnols se répercute automatiquement sur les conflits français et vice-versa.

Le roi de France fait également appel à des mercenaires étrangers pour l'aider à rétablir son autorité. Il fait ainsi venir des Suisses, et des troupes italiennes envoyées par le pape. Les reîtres et les lansquenets allemands sont largement utilisés dans le conflit par les deux partis. Les Espagnols utilisent des troupes flamandes.

Les causes proprement religieuses

L'historiographie récente tend à insister sur les causes proprement religieuses des guerres de Religion. Denis Crouzet (Les Guerriers de Dieu, Champ Vallon, 1990), s'attache à montrer comment les peurs eschatologiques, liées à la croyance en une fin proche du monde, ont pu mener dans les années 1560 à une « violence de la possession divine » cherchant à réinstaurer la pureté du royaume. C'est ainsi qu'on observe de nombreux rituels de violence ayant pour but de mettre au grand jour la corruption des hérétiques : mises en scène macabres, mutilations des cadavres... Les calvinistes auraient quant à eux tenté de désenchanter ce monde plein des signes divins en démontrant la rationalité de la religion du Verbe, d'où une violence plus modérée dans un premier temps, avant d'adopter cependant par la suite une tactique terroriste cherchant à intimider l'adversaire. Selon l'analyse de Denis Crouzet, le massacre de la Saint-Barthélemy, loin de casser simplement la dynamique du parti huguenot, a mené paradoxalement à un recul de la violence catholique : après le rêve de l'unité en Dieu, les catholiques auraient sombré dans la mélancolie avec la prise de conscience de l'inutilité de la violence. La Ligue, qui marque la dernière phase des guerres de Religion de son empreinte, a ainsi cherché à limiter la violence prophétique et eschatologique des débuts des troubles religieux, pour adopter une attitude de pénitence dans l'attente de la venue du Christ.

Plus récemment, William T. Cavanaugh, dans son livre le Mythe de la violence religieuse, a montré comment la dimension « religieuse » des guerres du XVIe siècle avait été instrumentalisée par les historiens et les politiques des siècles suivants. Par une étude serrée de l'histoire du mot « religion », il met en évidence que le terme n'apparaît dans son acception actuelle qu'après le XVIIe siècle. Auparavant, religion signifie « piété », et l'idée qu'il puisse exister des « religions » différentes, y compris l'islam ou le judaïsme, est impensable pour l'homme médiéval, car il n'existe pour lui qu'une seule connaissance de Dieu, avec des variantes et des hérésies (voir par exemple Thomas d'Aquin, Somme contre les Gentils, livre 1, question 6). Les conflits que nous qualifions aujourd'hui de « religieux » sont, au XVIe siècle, essentiellement d'ordre politique car le contenu théologique des oppositions reste secondaire par rapport aux intérêts politiques ou économiques en jeu. Dès le XVIIe siècle, mais plus encore à partir du XVIIIe, la référence religieuse pour caractériser un parti construit le mythe d'une violence religieuse que le politique a charge de contenir, ce qui permet de légitimer la puissance de l'État moderne et de ceux qui en détiennent le contrôle sur la société[3].

Vers la guerre civile

L'exécution du magistrat Anne du Bourg, qui avait vivement critiqué Henri II pour sa répression religieuse en 1559.

Le développement du protestantisme français

Les premiers troubles religieux apparaissent sous le règne de François Ier (1515-1547). Malgré son inclination pour l'humanisme, le roi considère la Réforme comme néfaste à son autorité. En 1529 Berquin, ami d'Érasme, est exécuté. À partir de l'affaire des Placards (1534), le roi se met à persécuter les protestants. En 1545, 3 000 Vaudois du Luberon sont massacrés à Mérindol sur l'ordre du parlement d'Aix et avec l'assentiment du roi[4].

C'est sous le règne de son fils Henri II (1547-1559) que les tensions religieuses augmentent dangereusement. Le roi met en place une législation antiprotestante. Il multiplie les édits répressifs. L'édit de Compiègne de 1557 réserve aux tribunaux laïcs le jugement des protestants dès lors qu'il y a scandale public. L’édit d'Écouen de 1559 demande d'abattre sans jugement tout protestant en fuite ou révolté[4]. Il donne aussi la mission à certains notables de se rendre en province pour réprimer l'hérésie[5]. Enfin la « chambre ardente » créée en 1547 au parlement de Paris pour condamner au bûcher les « hérétiques » fait exécuter en deux ans trente-sept personnes[alpha 4].

Malgré cette persécution, le protestantisme connaît un essor considérable. La répression voulue par le roi reste limitée par la faiblesse de ses institutions. Le roi ne dispose pas d'un encadrement judiciaire suffisamment important pour mettre en œuvre sa politique[7]. Les édits sont mal appliqués du fait qu’une partie non négligeable de ses officiers éprouve des sympathies pour la Réforme. Le protestantisme se diffuse surtout en milieu urbain parmi les gens qui ont accès à la culture : bourgeois, artisans, gens d'Église, érudits, écrivains et officiers de justice[8]. Le roi réagit. L'édit de Châteaubriant, en 1551, précise minutieusement les modalités de la répression. On augmente les peines qui frappent les libraires, éditeurs et diffuseurs de livres interdits[9].

La noblesse française vient à la Réforme à partir de 1555. De grands personnages de la cour, tels que le prince de Condé et François d'Andelot, contribuent à son développement. À la fin du règne d'Henri II, le protestantisme réalise de tels progrès que les premières églises se forment.

La réaction du roi est brutale, à l'image de l'arrestation de six conseillers au parlement de Paris, dont Anne du Bourg, lors de la séance du . Le roi meurt un mois plus tard, blessé mortellement dans un duel. Sa disparition ouvre une période d'incertitude. En outre, le traité du Cateau-Cambrésis, signé au mois d' de cette même année, a laissé la noblesse sans emploi et disponible pour des guerres intérieures.

Les tensions s'exacerbent

En 1560, différents partis s'opposent pour contrôler le pouvoir royal placé depuis entre les mains du jeune roi François II, âgé de 15 ans et de santé fragile. Celui-ci confie le gouvernement aux oncles de son épouse, le duc de Guise et le cardinal de Lorraine, partisans catholiques de la fermeté à l'égard des protestants[10]. La légitimité de leur présence au pouvoir est remise en cause par les protestants, dont le prince de Condé.

Les plus extrémistes d'entre eux font un procès secret aux Guise. Un gentilhomme français, réfugié en Suisse, La Renaudie, se charge d'exécuter la sentence[réf. nécessaire]. Cela aboutit à la conjuration d'Amboise. La Renaudie recrute cinq cents gentilshommes ; il veut surprendre la Cour à Blois. Mais les Guise sont prévenus, et transfèrent la Cour à Amboise le . Les conjurés, qui veulent s'introduire clandestinement dans le château d'Amboise, sont trahis. L'attaque a cependant lieu le  ; mal organisée, elle échoue[11]. La répression est féroce. Les conjurés faits prisonniers sont pendus sur la terrasse du château[12]. De nombreux protestants sont révoltés par cette répression qui leur inspire des sentiments de haine. À la Cour, la conjuration d'Amboise fragilise la position des Guise et renforce celle de la reine-mère Catherine de Médicis plus disposée qu'eux à une politique de conciliation. Entourée de conseillers modérés et proches de la Réforme, elle obtient du roi l'amnistie des « crimes d'hérésie », la convocation des États généraux et la préparation d'un concile national[13].

Les plus déterminés des protestants tentent des coups de force. Des églises sont occupées. La répression reprend de plus belle en [14]. Le prince de Condé est arrêté sur l'ordre personnel du roi[15]. Certains évêques et présidents de parlement appellent l'armée royale à l'aide. En Languedoc, le comte de Villars met en fuite les ministres protestants et rend les églises au culte catholique[16].

À la mort de François II en , Catherine de Médicis ouvre la Régence au nom du tout jeune Charles IX, âgé de 10 ans. Elle écarte les Guise du pouvoir et cherche avec le chancelier Michel de L'Hospital un terrain d'entente entre catholiques et protestants. Le débat religieux donne alors naissance à un intense débat politique. D'un côté, les catholiques veulent faire l'unité religieuse autour du roi au nom du vieil adage unitaire : « Une foi, une loi, un roi », inscrit sur la façade de l'hôtel de ville de Paris[17]. De l'autre, un courant s'efforce de disjoindre les problèmes politiques et les problèmes religieux afin de maintenir, avant tout, la cohésion de l'État ; les tenants de ce courant considèrent qu'en matière de religion, il faut définir les points essentiels sur lesquels s'entendre. Les protestants et les catholiques qui leur sont opposés les désignent sous le terme de moyenneurs pour les premiers et de politiques pour les seconds[alpha 5].

Les États généraux qui se déroulent en [19] voient deux points de vue s'opposer : ceux qui veulent extirper l'hérésie par la force d'une part, et ceux qui, d'autre part, craignent que la répression ne ruine le royaume. L'ordonnance d'Orléans de 1560 est prise au nom du roi peu après la fin des États généraux. Elle donne à certaines prescriptions religieuses la caution de l'autorité publique. Ainsi, il devient obligatoire de chômer le dimanche, interdit de se moquer de la religion[16]… Au printemps 1561, les tensions montent. Les prédicateurs catholiques enflamment les foules. Les protestants se sentant menacés commencent à s'armer, à fortifier les villes sous leur contrôle et même à y interdire le culte catholique. Le synode de Sainte-Foy () crée une organisation militaire protestante et désigne les chefs de guerre[16].

La régente autorise le colloque de Poissy pour essayer de maintenir l'unité religieuse et éviter la guerre. Douze ministres protestants, dont Théodore de Bèze, exposent leur doctrine face à un parterre de clercs catholiques. Mais la confrontation se solde par un échec[12] après l'intervention du général des Jésuites Lainez, qui explique qu'on ne peut discuter des vérités établies par l'Église catholique avec des excommuniés[20].

L'année 1561 est l'apogée du protestantisme en France : il y a environ deux millions de protestants dans le pays. Fin 1561, il y a plus de six cent soixante-dix Églises réformées dans le royaume. On estime qu'à ce moment, près du dixième de la population du royaume est huguenote[21]. L'animosité devient extrême à la fin de l'année. Le protestantisme français, cessant d'être exclusivement une Église, est devenu un parti.

Le pays est au bord de la crise religieuse. En fonction du clientélisme nobiliaire, les gentilshommes choisissent le parti protestant autour de Condé et des Châtillons ou celui catholique autour des Guise et des Montmorency, chefs de file des catholiques intransigeants. Le , Catherine de Médicis promulgue l'édit de janvier 1562 qui constitue une véritable révolution puisqu'il autorise la liberté de conscience et la liberté de culte pour les protestants, à la condition que ceux-ci restituent tous les lieux de culte dont ils s'étaient emparés et que les offices se déroulent en dehors des villes closes. La tolérance civile instaurée par la reine va produire l'effet contraire à celui recherché[12]. Entre le et le , un nouveau colloque se réunit, sans résultat. Dans beaucoup d'endroits, les protestants détruisent les chapelles et les églises, plutôt que de les rendre. Ils pratiquent ainsi ce qu'ils appellent le vandalisme pédagogique. En détruisant les images, les croix, ils font remarquer que Dieu reste muet devant ces profanations[20].

Le conflit

On peut distinguer huit guerres de Religion : 1562-1563, 1567-1568, 1568-1570, 1572-1573, 1574-1576, 1576-1577, 1579-1580, 1585-1598, la dernière se transformant en guerre classique contre le roi d'Espagne qui a soutenu la ligue[22]. En fait, la France connaît 36 années de troubles avec seulement deux périodes d'accalmie relative[22].

Première guerre de Religion (1562-1563)

Antoine de Bourbon, roi de Navarre.

La marche à la guerre est déclenchée le par le massacre de Wassy. François de Guise, revenant de Lorraine, se rend compte que les protestants de Wassy, ville close, célèbrent leur culte dans la ville et non en dehors comme le veut l'édit de Janvier. Il charge avec ses troupes et tue 74 protestants, en blesse une centaine parmi les quelque 1 200 regroupés dans une grange[12]. À son retour à Paris, Guise est accueilli en héros et le peuple réclame une croisade contre les huguenots. Le massacre de Wassy déclenche une première « Saint-Barthélemy ». Des protestants sont massacrés à Sens, à Tours, dans le Maine et en Anjou. Les protestants prennent les armes sous la direction du prince Louis de Condé qui occupe Orléans. Ils s'emparent par surprise de plusieurs grandes villes situées sur la Loire[12]. La lutte s'organise pour le contrôle de l'espace urbain. En un mois, les protestants parviennent à s'emparer d'un grand nombre de villes dont de très importantes comme Lyon, Poitiers ou encore Rouen, à l'époque la deuxième ville du pays. Les massacres se multiplient des deux côtés. Le pays s'installe dans la guerre civile.

Prise au dépourvu par la précipitation des événements, Catherine de Médicis tente une ultime démarche pour maintenir la paix entre les deux partis, mais le duc de Guise entreprend un coup de force en surgissant avec ses troupes à Fontainebleau où la famille royale se trouve. Il contraint le jeune roi et sa mère à le suivre à Paris sous le prétexte de les protéger des protestants, les obligeant par ce moyen à prendre le parti des catholiques.

Le conflit se répartit sur trois principales zones de combat. La plus importante est celle qui se déploie en Normandie et sur la Loire, où l'armée royale tente de reprendre Orléans qui sert de point de ralliement des protestants. La deuxième zone de combat se situe dans le Sud-Est, en particulier en Languedoc abandonné presque entièrement aux protestants, et la troisième dans le Sud-Ouest où Burie (Charles de Coucis), Lieutenant général en Guyenne, aidé de Blaise de Monluc sauve Bordeaux et bat les protestants à la bataille de Vergt. C'est une troupe réduite qui rejoint Condé à Orléans.

L'armée protestante est encadrée par des réseaux nobiliaires expérimentés, mais doit faire appel à des mercenaires allemands. Avec le traité d'Hampton Court, signé en , elle a le soutien financier de la reine d'Angleterre à qui les réformés livrent Le Havre. Les protestants échouent cependant à réunir leurs trois armées (sud-ouest, sud-est, vallée de la Loire). Ils mènent plusieurs assauts sur les faubourgs de Paris, mais doivent se replier faute de pouvoir s'imposer.

Après la prise de Rouen où le roi de Navarre a trouvé la mort, l'armée royale commandée par les triumvirs[alpha 6] se porte sur la Loire pour empêcher la jonction de l'armée de Condé avec la ville du Havre qui venait d'être livrée par les protestants aux Anglais. La rencontre a lieu à Dreux, le . Les protestants sont battus et le prince de Condé est capturé, mais le camp catholique souffre également de plusieurs pertes ; le maréchal de Saint-André est tué et le connétable Anne de Montmorency fait prisonnier par les protestants.

François de Lorraine, duc de Guise.

La mort de François de Guise au siège d'Orléans dans une embuscade à Saint-Mesmin permet à Catherine de Médicis de proposer la paix. Elle lance des négociations avec le prince de Condé qui aboutissent le à la Paix d'Amboise. L'édit autorise le culte protestant dans certains lieux réservés (chapelle des châteaux, une ville par bailliage) et rouvre une période de tolérance civile. Il précise que personne ne doit être inquiété pour ses opinions religieuses.

Si les villes de Rouen, Orléans et Lyon sont rendues au roi, la guerre y a laissé de lourdes plaies (la première guerre de Religion a été très destructrice). Les églises et les cathédrales prises par les protestants ont été extrêmement endommagées. La fin de la guerre amène beaucoup de catholiques à se venger des protestants et durant l'année 1563, de nombreux procès sont intentés pour condamner les protestants qui ont pillé les églises[23].

Finalement, la paix imposée par la reine-mère reste précaire. Le parlement de Paris renâcle à enregistrer le nouvel édit de paix qu'il juge trop tolérant. Profitant de la paix, Le Havre est repris aux Anglais par les catholiques et les protestants réconciliés. Catherine de Médicis entame en 1564 un tour de France royal, afin de montrer le jeune Charles IX à son peuple. Partout, il est accueilli triomphalement, et les manifestations de loyauté, aussi bien des catholiques que des protestants, sont générales[24]. Au cours de ce périple, le jeune roi rencontre sa sœur Élisabeth de Valois qui a épousé Philippe II d'Espagne. Elle est accompagnée du duc d'Albe. Tous deux conseillent la fermeté (1565)[25].

Deuxième guerre de Religion (1567-1568)

Le massacre de la Michelade.

Après avoir connu la paix pendant quatre ans, le royaume de France est de nouveau la proie des armes. La reprise des hostilités en 1567 s'explique par trois raisons : l'échec de l'édit d'Amboise qui ne laisse la liberté de culte qu’aux nobles, le contexte international orageux et la rivalité de cour entre le prince de Condé et le jeune frère du roi, Henri duc d'Anjou. L'ambitieux Condé prend ombrage de l'ascension politique du jeune prince à peine âgé de seize ans et quitte la cour pour manifester sa contrariété[alpha 7].

En 1567, le roi d'Espagne Philippe II expédie une armée pour punir la révolte iconoclaste des protestants flamands, appelée révolte des Gueux aux Pays-Bas. Les protestants français et flamands ne cessent alors de s'entraider[27]. L'armée espagnole envoyée depuis le Milanais se dirige vers les Pays-Bas en longeant la frontière française. L'approche ennemie ravive les craintes du roi de France qui décide de lever plusieurs bataillons suisses pour prévenir une éventuelle attaque espagnole sur la France. Cette levée suscite l’inquiétude des protestants français restés méfiants depuis l’entrevue de Bayonne, dont l’issue est restée secrète. De nouveaux incidents éclatent en province (le massacre de la Michelade).

La deuxième guerre éclate précisément le lorsque le prince de Condé tente de s'emparer de la famille royale par la force (surprise de Meaux) pour « le libérer des influences étrangères néfastes ». L'échec du complot fait craindre aux protestants des représailles. Ils s'emparent du pouvoir dans les villes où ils sont puissants[25]. Catherine de Médicis abandonne sa politique de tolérance. Michel de l'Hospital est disgracié[27]. Les villes protestantes du Midi se soulèvent à nouveau et les deux armées s'affrontent à nouveau. À la tête de l'armée protestante, Condé s'établit à Saint-Denis, en vue d'affamer Paris. Mais le il est repoussé lors de la bataille de Saint-Denis quoiqu'indécise, notamment à cause de la mort du connétable de Montmorency.

Le reste de la campagne se déroule dans le Sud-Est de la région parisienne, entre Loire et Meuse dans un face à face sans affrontements. De à , le duc d’Anjou s’efforce de poursuivre l’armée protestante. Mais Condé et Coligny refusent de livrer bataille avant leur jonction avec les reîtres allemands du prince palatin Jean-Casimir. Ils quittent les bords de la Seine pour la Lorraine où doit s’opérer la jonction. De son côté, l’armée royale attend les troupes allemandes du duc de Saxe et les troupes italiennes du Piémont[alpha 8]. Mis à part quelques escarmouches, rien ne se passe.

Les protestants descendent en Bourgogne, traversent la Loire à La Charité, remontent vers Paris et prennent Blois et Chartres. Le manque de moyens financiers, de part et d’autre, conduit à la signature d'une trêve, dite la paix de Longjumeau le [29] qui remet en place les clauses de l'édit d'Amboise.

Troisième guerre de Religion (1568-1570)

La paix de Longjumeau est fragile car le pouvoir royal ne fait plus confiance au prince de Condé, et l’idée d’une coordination internationale des catholiques pour la répression du protestantisme s’accrédite[30] par exemple avec l’exécution de François de Cocqueville. La paix de Longjumeau permet surtout aux belligérants d'organiser leurs armées. Quelques mois après la signature de la paix, la guerre reprend. Les catholiques tentent de capturer par surprise le prince de Condé, au château de Noyers, près de Sens en Bourgogne, et l’amiral de Coligny, au château de Tanlay, dans l'Yonne également, le .

Le projet échoue et les chefs protestants se rassemblent avec leurs armées à La Rochelle où Coligny et Condé ont trouvé refuge ainsi que Jeanne d'Albret, son fils Henri de Navarre et Andelot. Les protestants craignent d'être exterminés. Le , une bulle de Pie V ordonnant la croisade contre les hérétiques est enregistrée au Parlement de Toulouse. Elle ne fait que confirmer les craintes des protestants[25].

L’ensemble de la campagne se déroule dans l’Ouest de la France, au Sud de la Loire. L’objectif de l’armée royale est de s’emparer des villes protestantes situées entre la Charente et la Dordogne. Les protestants retranchés dans La Rochelle et dans la ville de Sancerre, leurs places fortes à très forte majorité protestante, attendent le soutien militaire du prince d’Orange et du duc de Deux-Pont dont l’armée est financée par la reine d’Angleterre[31]. Guillaume de Nassau est battu et doit rebrousser chemin. De son côté, l’armée royale commandée par le duc d’Anjou attend les soutiens de l’Espagne et du pape.

Après une campagne hivernale sans gros accrochages, marquée par les désertions, le duc d’Anjou remporte le à Jarnac une victoire, où le prince de Condé trouve la mort. Coligny qui lui succède à la tête des calvinistes, nomme Henri de Navarre qui a alors 17 ans et Henri de Condé chefs de l’armée huguenote, mais demeure en réalité le seul chef véritable. Côté catholique, Anjou ne parvient pas à exploiter sa victoire, faute d’artillerie suffisante et ne réussit pas à prendre Cognac. Il n’a pas non plus de troupes suffisantes pour fournir en garnison les villes prises aux protestants.

Le roi se rend au camp d’Orléans tandis que Catherine de Médicis descend jusqu’au camp du duc d’Anjou. Le , Coligny bat les catholiques à La Roche-l'AbeilleStrozzi, colonel général de l’infanterie royale, est fait prisonnier. Il met ensuite le siège devant Poitiers où le duc de Guise s'est enfermé en hâte. Mais l'amiral de Coligny est battu le par le duc d’Anjou à la bataille de Moncontour, au nord-ouest de Poitiers, à la suite de la trahison des mercenaires allemands. Six à dix mille protestants sont tués ou faits prisonniers, mais les catholiques achèvent les prisonniers, en représailles de la bataille de La Roche-l'Abeille. C'est une très lourde défaite des protestants.

Les opérations militaires tournent à l’avantage de l’armée royale qui reprend une à une les villes protestantes du Poitou. Après Châtellerault, Niort et Lusignan, Anjou installe le siège devant Saint-Jean-d'Angély où le , le roi et la reine mère viennent le rejoindre[32]. La Rochelle est bloquée par mer, mais l’hiver s’installe et l’argent manque dans chaque camp. Les négociations reprennent et aboutissent à une trêve des armes par la capitulation de Saint-Jean-d’Angély, le .

Pendant les négociations, Coligny qui a réuni les lambeaux de l'armée, continue sa retraite par le Midi. Il passe en Languedoc et remonte ensuite le long de la vallée du Rhône. À la grande surprise des catholiques, il remporte sur Cossé la bataille d'Arnay-le-Duc le . Il s'établit ensuite à la Charité-sur-Loire, bloquant la route du Midi aux catholiques[33]. Cet évènement précipite la signature d'une nouvelle trêve, l'édit de Saint-Germain, le . Pour ce faire, il accorde aux protestants une liberté limitée de pratiquer leur culte dans les lieux où ils le pratiquaient auparavant ainsi que dans les faubourgs de 24 villes (deux par gouvernement). Ce traité garantit quatre places de sûreté aux protestants : La Rochelle, Cognac, Montauban et La Charité.

Quatrième guerre de Religion (1572-1573)

Pendant les festivités qui suivent le mariage de Marguerite de Valois avec le roi de Navarre Henri de Bourbon, l'amiral de Coligny est victime d'une tentative d'assassinat. Les protestants venus en grand nombre à Paris pour le mariage réclament vengeance. Aujourd'hui encore, les historiens n'ont pas obtenu de sources assez plausibles pour déterminer les raisons du massacre. L'hypothèse la plus remarquée reste celle-ci : des tensions se font sentir dans la capitale et de peur de recevoir des représailles violentes de la part des chefs huguenots (vis-à-vis de la situation de l'amiral de Coligny), les chefs catholiques, dont le duc de Guise, décident de supprimer purement les chefs protestants[34]. C'est ainsi que commence le massacre de la Saint-Barthélemy, à Paris, dans la nuit du au . La tuerie dégénère en massacre populaire les jours suivants et fait quelque trois mille morts à Paris. Les gardes suisses, les gardes du roi, les milices bourgeoises contribuent au massacre[35]. La tuerie s’étend à plusieurs villes en dépit de l'ordre royal d'arrêter l'effusion de sang[alpha 9], entre autres à Meaux (), Orléans (), Lyon ()[33]… Le culte protestant est interdit et les Réformés encouragés, voire forcés, à se convertir[37]. Le conflit est relancé.

L'essentiel de la guerre se déroule autour de deux villes protestantes : La Rochelle et Sancerre assiégées par les troupes royales. L'échec du siège de la Rochelle par l'armée royale et le manque de moyens du Trésor royal mettent un terme rapide aux opérations. Par l’édit de Boulogne[38] appelé aussi Paix de la Rochelle ()[39] Charles IX remet en vigueur les clauses d'Amboise et enlève aux protestants Cognac et La Rochelle. Mais les protestants du Sud de la France le rejettent et restent en armes[40].

Le massacre de la Saint-Barthélemy a creusé un fossé entre le pouvoir royal et les protestants. Le parti protestant qui n'a plus foi dans le roi s'organise encore plus fortement que par le passé[41]. Le pouvoir monarchique absolu commence à être remis en cause par la constitution de l’Union des protestants du Midi, véritable gouvernement parallèle, qui lève des impôts (sur les catholiques et les protestants), possède ses états (élus par les fidèles), établit un programme de négociation avec le roi et possède sa propre organisation militaire. Il y a donc en France une sorte de république protestante avec comme capitales Nîmes et Montauban et un grand port, celui de La Rochelle[41]. En 1574, les protestants se choisissent un gouverneur général et protecteur des Églises réformées en la personne du prince de Condé[42].

Cinquième guerre de Religion (1574-1576)

François d’Alençon.

Cette guerre s'ouvre par le complot des Malcontents au printemps 1574. Depuis le renforcement du pouvoir royal et la faveur accordée par le roi aux radicaux du parti catholique, un mouvement de fronde naît au sein même de la cour et de la famille royale. L'opposition est menée par François d’Alençon, le propre frère du roi contre le gouvernement de Catherine de Médicis et les partisans de Henri d'Anjou alors roi de Pologne. Il a le soutien du clan des Montmorency, des monarchomaques et de tous les déçus de la monarchie.

Les monarchomaques sont ceux qui contestent l'autorité royale. Ils lui opposent l'autorité du peuple qui, réuni en assemblée, est capable de faire la loi et de choisir le roi par élection[43]. Ils pensent même que la révolte est légitime si le roi ne gouverne pas pour le bien de tous et ne respecte pas les libertés et franchises du peuple. Ces théories qui ont d'abord circulé en Allemagne et en Angleterre sont propagées en France par les protestants François Hotman (Franco-Gallia), Théodore de Bèze (Du droit des magistrats sur leurs sujets), Languet et La Boétie.

La conjuration des Malcontents s'accompagne d'une prise d'armes des protestants[44]. Ils s'emparent de places en se déguisant de costumes carnavalesques. C'est la surprise du Mardi-gras[45]. Réfugié en Angleterre depuis la Saint-Barthélemy, le comte de Montgommery, chef huguenot échappé du massacre, lance une offensive sur la Normandie.

Gravement malade, Charles IX croit pouvoir maîtriser la situation en réprimant la fronde sévèrement. Le , les conjurés La Môle et Conconat sont exécutés. Le , le duc de Montmorency et le maréchal de Cossé sont embastillés. Devant la fermeté du roi, les Malcontents Condé, Thoré et Turenne prennent le parti de fuir en dehors de Paris ou à l'étranger et le gouverneur du Languedoc, Damville de s'allier avec les protestants.

Le , Charles IX meurt sans héritier. Son frère, le roi de Pologne devient roi de France sous le nom d'Henri III. En attendant son retour, sa mère Catherine de Médicis assure la régence. Elle poursuit la lutte et tente de reprendre la situation en main. Le , Montgomery qui a été fait prisonnier par le gouverneur de Normandie Matignon, est exécuté[46]. En rentrant de Pologne, Henri III tente en vain de reconquérir les provinces du Sud.

Le conflit rebondit en faveur des révoltés quand un an plus tard, François d’Alençon s'enfuit de la cour et prend la tête d'une armée de malcontents[47]. Il a le soutien de Damville en Languedoc et du parti protestant. Revenu à sa foi originelle, le prince de Condé fait entrer dans le royaume les reîtres qu'il a recrutés dans le Palatinat. Malgré la victoire du duc de Guise, qui dirige les troupes royales le , à Dormans, la situation reste largement favorable aux révoltés. En , Jean-Casimir, fils du comte palatin, pénètre avec 25 000 hommes dans l'Est du royaume qu'il dévaste. En 1576, la fuite du roi de Navarre assigné à la cour depuis quatre ans, l'encerclement de Paris par les troupes coalisées et leur supériorité numérique contraignent Henri III à s'incliner. La paix est signée à Étigny.

Le , le roi accorde l'édit de Beaulieu qui répond favorablement aux revendications des malcontents. Il accorde aux protestants la liberté de culte et des places de sûreté (garanties militaires). Il crée dans les parlements des chambres mi-parties où les protestants et les catholiques sont représentés à parts égales. Le roi indemnise également toutes les victimes de la Saint-Barthélemy. Les dispositions nouvelles de cet édit sont à la base de l'édit de Nantes de 1598[48]. Par ailleurs, le roi s'engage à convoquer les États généraux[49]. Le frère du roi reçoit le duché d'Anjou en apanage et le prince allemand Jean Casimir repart avec une indemnité colossale, retenant quelque temps en otage le surintendant des finances du roi, Pomponne de Bellièvre[50].

Sixième guerre de Religion (mai 1577 - septembre 1577)

Les catholiques trouvent que les dispositions de la paix de Beaulieu sont excessives. Ils constituent des ligues locales unies entre elles par un serment et se préparent à la guerre. Les ligues sont importantes en Bretagne et dans la moitié nord du pays. Le roi apparaît de plus en plus isolé, entre les catholiques, les protestants et le groupe des « politiques » qui s'est constitué autour de la pensée de Jean Bodin et qui soutient une théorie de la souveraineté « qui fonde en droit l'autonomie de l'État par rapport au problème confessionnel, et rend légitime la liberté de conscience et de culte »[51]. La réunion des États généraux à Blois n'apporte aucune amélioration à la situation et la guerre recommence en . Les Politiques, soucieux de l'unité du royaume, rejoignent l'armée royale[52]. Leur chef, François d'Alençon, dirige les opérations. Après de rapides sièges, il prend les villes de la Charité sur Loire, en mai, puis celle d'Issoire, en . Le duc de Mayenne (ligue) opère en Poitou. Damville obéit aux ordres du roi et assiège Montpellier. Encore une fois, aucun parti n'est en mesure de l'emporter. La paix de Bergerac, concrétisée avec l'édit de Poitiers, met un terme provisoire au conflit. Elle restreint les conditions du culte protestant, limité à une seule ville par bailliage et seulement dans les faubourgs[53].

Septième guerre de Religion (1579-1580)

Catherine de Médicis entreprend un nouveau voyage dans tout le royaume. Elle rencontre les différents partis, les gouverneurs des provinces, les grands. Son objectif est d'établir une paix définitive. Le , elle signe au nom du roi le traité de Nérac, qui donne aux protestants quinze places de sûreté pour six mois. Six mois plus tard, les protestants refusent de rendre les places[53].

Henri de Navarre prend Cahors. La paix de Fleix (près de Bergerac) accorde le maintien de quinze places de sûreté pour six ans aux protestants. Cette guerre est aussi appelée guerre des Amoureux en raison des intrigues de galanterie qui y donnèrent lieu. En effet, le protestant Henri de Navarre et sa femme Marguerite de Valois (la reine Margot) menèrent joyeuse vie à Nérac au milieu d'une cour composée de jeunes seigneurs frivoles, et que leurs continuelles galanteries avaient fait surnommer les Amoureux.

Durant les guerres, l'autorité royale n'a cessé de se réduire face aux gouverneurs des provinces. Côté protestant, Henri, roi de Navarre, seigneur en Rouergue et en Quercy est en plus gouverneur de Guyenne. Condé est gouverneur de Picardie. Côté catholique, le parti des Guise contrôle les gouvernements de la Bretagne, de la Bourgogne, de la Champagne, la Normandie. Dans certaines régions, les deux partis se partagent le pouvoir comme en Provence[53].

Huitième guerre de Religion (1585-1598)

La fin du règne d'Henri III

Le , le duc d'Anjou, François d'Alençon, frère cadet du roi et héritier présomptif du trône meurt sans descendance. Henri III n'a pas lui-même d'enfant et il est douteux qu'il en ait un jour. La maison de Valois est menacée de disparaître. Depuis l'extinction des Capétiens directs, la règle de succession en vigueur en France est celle de la primogéniture mâle qui exclut les filles et leurs descendants de toute prétention au trône[54].

Le successeur légitime devient le chef du parti protestant de Navarre[41]. Le parti catholique ne veut en aucun cas d'un souverain protestant qui risquerait d'imposer sa religion à tout le royaume. Le [55], les Guise signent alors avec les Espagnols le traité de Joinville[22] : il est convenu que le successeur d'Henri III serait le cardinal Charles de Bourbon, oncle du futur Henri IV. Philippe II s'engage à verser 50 000 écus par mois pour payer les soldats de la Ligue[27]. Au printemps 1585, la Ligue revigorée prend le contrôle de nombreuses villes. Tentant de contrôler la Ligue, Henri III s'en déclare le chef le . Pour donner des gages à la Ligue, il publie l'édit de Nemours le qui interdit le culte protestant et déchoit Henri de Navarre et Condé de leurs droits. Il reçoit l'appui de Sixte V qui lui rappelle que le roi de Navarre est hérétique et relaps[27].

La guerre recommence. Condé affronte Mercœur près de La Rochelle et le roi de Navarre affronte Aumale en Guyenne. Guise est à l'est pour empêcher les troupes venues d'Allemagne d'intervenir. Le roi supervise le tout. Les diverses batailles ne sont pas décisives. Henri de Navarre inflige cependant de lourdes pertes aux royaux dirigés par Joyeuse lors de la bataille de Coutras le [27].

Guise bat les reîtres protestants allemands durant la bataille de Vimory (près de Montargis) le , puis à la Bataille d'Auneau le .

Grisé par sa victoire, Guise se fait acclamer par le peuple de Paris et humilie le roi, qui doit abandonner la capitale aux ligueurs après la journée des barricades du . La ville se déclare alors en faveur de la Ligue et se dote d'institutions nouvelles[56]. Le roi profite de la réunion des États généraux à Blois pour faire assassiner les chefs de la Ligue, le duc de Guise et son frère le cardinal Louis de Lorraine en [27]. Après ces deux meurtres, Henri III s'écrie : « À présent, je suis roi ! ».

À la nouvelle de l'assassinat des chefs de la Ligue, la Ligue rompt tout contact avec le roi déclaré tyran et traître à la cause catholique. Le duc Charles de Mayenne, frère des deux victimes et nouveau chef de la Ligue, prend alors le contrôle de Paris[27]. En , s'installe à Paris un conseil général d'Union auquel se rallient plusieurs gouverneurs. Les docteurs de la faculté de théologie de Paris déclarent les sujets français déliés de leur serment de fidélité[56]. Henri III n'a plus d'autre solution pour sauver son trône que de s'allier aux protestants. Il se réconcilie avec le roi de Navarre. Ils unissent leurs forces pour assiéger Paris. Henri III est assassiné à Saint-Cloud le par le dominicain Jacques Clément, faisant ainsi de Henri de Navarre, chef des protestants, le nouveau roi de France. Les politiques catholiques comme protestants reconnaissent la légitimité du nouveau roi. De plus, dès le , Henri IV, influencé en ce sens par Michel de Montaigne, proclame son intention de se faire instruire dans la religion catholique. Les protestants intransigeants quittent alors le nouveau roi. Ils craignent son éventuelle conversion qui pourrait, selon eux, déboucher sur de nouvelles persécutions des protestants[56]. Les parlements sont divisés entre ligueurs et royalistes.

Henri IV, à la conquête du pouvoir

Henri IV, portrait des années 1590.

La Ligue, qui tient toute la France du Nord et peut compter sur le soutien de Philippe II d'Espagne, refuse de reconnaître un roi protestant. Dès le mois d', les ligueurs parisiens proclament le cardinal de Bourbon comme nouveau roi de France. Mais celui-ci meurt en , laissant un vide politique parmi les ligueurs. Des soldats espagnols s'installent alors en Bretagne et en Languedoc. Philippe II donne l'ordre par deux fois, aux troupes d'Alexandre Farnèse stationnées aux Pays-Bas de se rendre en France. Le duc de Savoie intervient en Provence et en Dauphiné. Du côté des protestants, Élisabeth Ire envoie de l'argent et les princes allemands des troupes[56].

En 1589 et 1590, Henri IV multiplie les opérations près de Paris et en Normandie. Après la victoire d'Arques, il vient mettre le siège devant Paris. Après la brillante victoire d'Ivry, il tente un troisième siège sur Paris. Au bout de plusieurs semaines de siège, Henri IV se voit contraint de lever le camp, à cause d'une armée espagnole envoyée par Alexandre Farnèse pour débloquer Paris. Dans la nuit du au , il tente à nouveau d'investir Paris par la ruse en envoyant ses hommes de troupe déguisés en marchands de farine. Cette tentative se solde par un nouvel échec et gardera le nom de Journée des Farines.

Il assiège Rouen, envoie une armée tenir ouverte la route vers les Pays-Bas protestants et une autre empêcher le duc de Mercœur déboucher de Bretagne[57]. Sur le front sud, le duc de Montmorency parvient à battre la famille de Joyeuse à laquelle les Montmorency disputent le Languedoc et menace désormais la ville de Toulouse d'appartenance ligueuse.

En 1593, les États généraux de la Ligue se réunissent à Paris. Ils demandent un souverain catholique. Ils refusent cependant de donner la couronne de France à l'infante Isabelle, la fille de Philippe II d'Espagne et d'Élisabeth de Valois. Le duc de Savoie, le duc de Lorraine, un Guise sont aussi sur les rangs ainsi que deux Bourbons catholiques. Henri IV comprend de son côté qu'il ne sera jamais accepté s'il reste protestant[27]. Des conférences de négociation ont lieu à ce sujet à Suresnes entre fin avril et fin mai 1593[58]. Il annonce sa conversion au catholicisme et abjure à la cathédrale de Saint-Denis le . Cette conversion lui ouvre les portes de Paris en 1594. Il est sacré à Chartres le . Le , le pape reconnaît la légitimité de la succession[57]. Les ralliements au roi légitime s'accélèrent.

Durablement installé dans sa capitale, Henri IV peut songer à finir la reconquête de son royaume. Il déclare officiellement la guerre à l'Espagne et entame une campagne en Bourgogne dont le tournant est la mise en déroute des dernières forces armées de la Ligue, le , à la bataille de Fontaine-Française. Mayenne vaincu, la Ligue nobiliaire cesse peu à peu d'exister. En 1596, le jeune duc de Guise qui s'est rallié au roi assiège la ville de Marseille. Henri IV peut faire son entrée royale dans la ville de Lyon qui contrairement à Paris, l'accueille avec beaucoup de pompe. Si Mayenne et le cardinal de Joyeuse font leur soumission au roi, il n'en va pas de même du gouverneur de Bretagne, le duc de Mercœur qui maintient la coupe ligueuse sur la Bretagne où Philippe II fait débarquer une troupe espagnole.

L'est reconquis, Henri IV songe à protéger sa frontière nord attaquée par les Espagnols. Les affrontements à Laon rétablissent la situation en sa faveur, mais la prise inattendue de la ville d'Amiens par les Espagnols remet tout en question. Délaissé par les protestants qui s'estiment lésés par le roi, Henri IV tente tant bien que mal de reprendre Amiens où il déploie des moyens militaires considérables. Une armée de secours espagnole vient assiéger l'armée assiégeante, mais au bout de multiples sacrifices, la ville est reprise.

La pacification

En 1598, la France et l'Espagne sont à bout de force : la guerre franco-espagnole se conclut à Vervins.

Henri IV se déplace à Angers pour préparer un nouvel édit de pacification et soumettre à Nantes, le duc de Mercœur. Il règle le problème protestant par l'adoption d'un édit de tolérance, l'édit de Nantes. Il s'inspire des différents édits pris au cours des guerres de Religion. Les réformés obtiennent la liberté de conscience, une liberté de culte limitée et l'égalité civile avec les catholiques. Les protestants doivent payer la dîme, mais le roi finance la formation des pasteurs et les synodes. Ce financement est toutefois irrégulier et s'arrête avec la mort du roi en 1610.

Des garanties judiciaires leur sont assurées par la constitution de « tribunaux mi-parties » dans quatre villes. Enfin pour se protéger ils disposent de 144 « places de sûreté » pour huit ans, privilège renouvelé en 1606[59] puis supprimé en 1629 par la paix d'Alès, clôturant le soulèvement du Midi protestant qui verra la destruction de 38 places fortes. Mais le nombre de protestants a fortement diminué. À la fin des guerres de Religion, ils ne sont plus qu'un million en France[60].

La question protestante après 1598

Louis XIII et le cardinal de Richelieu, devant La Rochelle, capitale du protestantisme français.

L'édit de Nantes instaure en France, pour 87 ans, une situation considérée souvent comme profondément originale et souvent célébrée comme la naissance de la tolérance en Europe. En fait, l'édit n'est pas une paix de religion bien exceptionnelle si l'on garde en tête les règlements de la coexistence religieuse en Pologne, Hongrie, Transylvanie, voire dans l'Empire. Il instaure un État catholique dans lequel le protestantisme est toléré, mais reste défavorisé. En effet, l'édit proclame le rétablissement de la religion romaine partout où elle avait cessé de s'exercer et des églises et biens ecclésiastiques à leurs premiers possesseurs alors que le culte protestant ne peut s'exercer librement partout[59]. La recatholicisation du royaume devient alors possible. C'est ainsi qu'à partir du début du XVIIe siècle Henri IV poursuit une politique favorisant clairement la réforme catholique, comme le montre son soutien aux jésuites[alpha 10].

Louis XIII doit faire face à de nouvelles rébellions protestantes. Elles s'expliquent facilement par le réflexe de peur d'une minorité craignant la réalisation d'un grand « dessein royal » à ses dépens. Ces révoltes touchent seulement l'Ouest et le Midi. Le Dauphiné, la Normandie et la région parisienne restent calmes. En 1615, l'assemblée de Nîmes décide de soutenir les nobles qui s'opposent au mariage de Louis XIII avec Anne d'Autriche. En 1620, le roi se rend dans le Béarn, province majoritairement acquise à la Réforme, avec une armée. Il y rétablit le culte catholique selon les termes de l'édit de Nantes. La conséquence en est le soulèvement des protestants en par la première des rébellions huguenotes. Le conflit est marqué par deux campagnes de Louis XIII dans le Midi, en 1621 et 1622. Les protestants perdent 80 places fortes : Montpellier, Millau, Nîmes, Castres et Uzès perdent la moitié de leurs fortifications[59]. En 1625, Benjamin de Rohan, frère du chef des protestants, Henri II de Rohan, prend l'initiative d'un nouveau soulèvement, que le Languedoc suit sans enthousiasme. Il se termine par le traité de Paris signé en qui reconduit la paix précédente. Charles Ier d'Angleterre pousse ensuite les huguenots à leur dernière grande révolte (1627-1629). Les troupes royales assiègent La Rochelle d' à ). Le souverain lui-même se rend en Languedoc où il prend Privas en . L'édit de grâce d'Alès de pardonne la révolte, laisse aux protestants les libertés religieuses prévues par l'édit de Nantes, mais ordonne la destruction de toutes les fortifications adverses. Les assemblées politiques huguenotes sont désormais interdites[59]. Dès lors, l'édit est interprété de manière plus restrictive : tout ce qu'il n'autorise pas est interdit. En 1680, ne subsiste que la moitié des temples de 1598, moins du tiers en 1683, le quart fin 1684.

À partir de 1678, particulièrement hostile au protestantisme, Louis XIV met en place (ou laisse s'installer, malgré quelques rappels à l'ordre de serviteurs trop zélés) une politique de conversion puis de vexation, voire de persécution. En 1681, Marillac, intendant du Poitou envoie les dragonnades forcer les familles protestantes à se convertir. En , il est désavoué et rappelé par Louvois qui craint un relâchement de la discipline militaire. Cette politique est critiquée par l'Europe protestante qui propose d'accueillir les huguenots. Enfin, en , Louis XIV fait paraître l'édit de Fontainebleau qui révoque l'édit de Nantes sauf dans la partie conquise de l'Alsace. Les protestants, déjà réduits en nombre depuis un siècle, sont obligés de se convertir ou de s'exiler. Des troubles éclatent au début du XVIIIe siècle dans les Cévennes où la population, connue sous le nom de « camisards » se révolte contre le gouvernement.

Il faut attendre les critiques des Lumières pour voir enfin l'instauration d'une véritable tolérance religieuse. En 1787, le roi Louis XVI par l'édit de Versailles accorde un état-civil aux protestants, ce qui instaure le mariage civil en France. C'est seulement avec la déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 que les protestants sont pleinement réintégrés dans leurs droits civiques au sein du royaume de France. À la fin du XVIIIe siècle, on compte entre 500 000 et 650 000 réformés dans le royaume, guidés par quelque 150 pasteurs.

Notes et références

Notes

  1. Première condamnation au bûcher pour fait de religion[1].
  2. Schématisation historiographique courante au début de la IIIe République, notamment dans Jean-Hyppolyte Mariéjol, La Réforme, la Ligue, l'édit de Nantes (1559-1598), t. VI d'Ernest Lavisse (dir.), Histoire de France des origines à la Révolution, Paris, 1884, nouv. éd. 1983. Pour une remise en cause de cette interprétation traditionnelle : Jean-Marie Constant, « La noblesse protestante en France pendant les guerres de Religion : un ferment d'innovation dans un monde traditionnel » in La Noblesse en liberté (XVIe – XVIIe siècles), p. 191 et, du même auteur : « Clans, partis nobiliaires et politique des souverains au temps des guerres de Religion » in Genèse de l'État moderne, CNRS-Éditions, 1987, p. 221-226.
  3. Déposition de Péricard, secrétaire du duc de Guise, et déposition de Pierre d'Épinac. Information faite par P.Michaud et J. Courtin, conseiller en la cour de Parlement pour raison des massacres commis à Blois sur les personnes du duc de Guise et de son frère le cardinal à la requête de la duchesse de Guise[2].
  4. La chambre ardente n'a duré que deux ans[6].
  5. À l'origine, le terme politique n'est appliqué que de manière individuelle. À partir de 1568, il est utilisé au pluriel[18].
  6. Nom donné par les protestants au groupe de trois personnes formé par François de Guise, le connétable de Montmorency et le maréchal de Saint-André en référence au Second triumvirat, qui avait réuni Octave, Marc Antoine et Lépide en 43 av. J.-C.
  7. Anjou s'était permis de faire quelques remontrances à Condé[26].
  8. L'armée est commandée par Anjou, Montpensier, Cossé, Nemours et Nevers. De Corbeil, l'armée passe à Nemours, Montereau puis Vitry avant de se rabattre de nouveau sur la région parisienne. Les Italiens prennent Mâcon au passage et affrontent les reîtres allemands sur les abords de la Seine[28].
  9. L’historiographie a récemment démontré que le roi n’a pas ordonné les tueries et qu’il a plutôt cherché à les empêcher. Le roi porterait la responsabilité de la mort des seuls chefs[36].
  10. John Viénot, dans son Histoire de la Réforme française, t. II (1934), p. 6, représente Henri IV comme un simple instrument entre les mains du pape, des jésuites et des catholiques zélés. Cependant ce point de vue est contesté ; cf. Joseph Dedieu, Henri de Rohan et les guerres de Religion in : Revue d'histoire de l'Église de France, t. 22, no 95, 1936, p. 145-168.

Références

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  38. Texte intégral de l'édit de Boulogne.
  39. Eugène Haag et Émile Haag : La France protestante, Volume 1 page 110
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  59. Delumeau (E.U.).
  60. Delumeau (Larousse), p. 510.

Chronologie des chefs d'État de France, de Navarre, des Pays-Bas, d'Espagne et d'Angleterre

Élisabeth Ire d'AngleterreMarie Ire d'AngleterrePhilippe II d'EspagneCharles QuintAlexandre Farnèse (1545-1592)Juan d'AutricheLuis de Zúñiga y RequesensFerdinand Alvare de TolèdeMarguerite de ParmeEmmanuel-Philibert de Savoie (1528-1580)Marie de Hongrie (1505-1558)Henri IV (roi de France)Jeanne d'AlbretHenri II (roi de Navarre)Henri IV (roi de France)Henri III (roi de France)Charles IX (roi de France)François II (roi de France)Henri II (roi de France)

Annexes

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

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