Siège de La Rochelle (1627-1628)

Le siège de La Rochelle, ordonné par Louis XIII et commandé par le cardinal de Richelieu, principal ministre du roi, commence le et se termine par la capitulation de la cité protestante, le .

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Siège de La Rochelle
Informations générales
Date 10 septembre 1627 - 28 octobre 1628
Lieu La Rochelle, province d'Aunis
Issue Victoire de l'armée royale
Belligérants
 Royaume de FranceProtestants rochelais
Royaume d'Angleterre
Commandants
Cardinal de Richelieu
Louis XIII
Jean Guiton
George Villiers, duc de Buckingham
Benjamin de Rohan
Forces en présence
20 000 hommes28 000 Rochelais
8 000 Anglais
Pertes
inconnues22 500 morts (soldats et civils de La Rochelle)
5 000 morts (Angleterre)

Guerres de Religion

Batailles

Guerres de Religion en France


Prélude


Première guerre de Religion (1562–1563)


Deuxième guerre de Religion (1567–1568)


Troisième guerre de Religion (1568-1570)


Quatrième guerre de Religion (1572–1573)


Cinquième guerre de Religion (1574–1576)


Sixième guerre de Religion (1576–1577)
Paix de Bergerac


Septième guerre de Religion (1579–1580)
Traité du Fleix


Huitième guerre de Religion (1585–1598)
Guerre des Trois Henri


Rébellions huguenotes (1621-1629)


Révocation de l'édit de Nantes (1685)

Coordonnées 46° 10′ nord, 1° 09′ ouest
Géolocalisation sur la carte : Charente-Maritime
Géolocalisation sur la carte : France

Origines

Jean Guiton, armateur protestant élu maire de La Rochelle en 1628.

Grâce à l’édit d’Henri IV, La Rochelle, cité riche de 22 000 habitants dont près de 18 000 protestants[1], est devenue un haut lieu de la religion réformée en France. Ce port, dernière place de sûreté des huguenots, est en relation avec les Provinces-Unies des Pays-Bas qui sont devenues calvinistes, et reçoit de la mer l’aide de l'Angleterre.

Si l’édit de Nantes ramène la paix dans le royaume de France, il a aussi comme effet de transformer les cités protestantes en un « État dans l’État ». La menace vis-à-vis du pouvoir royal est bien réelle, et Richelieu entend bien la réduire à néant.

En effet, en , La Rochelle proclame son indépendance, et la constitution d’une « Nouvelle République de La Rochelle » est établie sur le modèle de la République des Provinces-Unies des Pays-Bas, sur le modèle de la République de Genève sous Jean Calvin. Le roi Louis XIII confie en au Duc d’Épernon le soin de faire le siège de la ville.

La principale crainte de Richelieu est que cette place forte devienne une sorte de bastion d’où les protestants, aidés financièrement par l’Angleterre et la Hollande, pourraient mettre en péril le pouvoir royal et étendre leur influence à l’ensemble du territoire. Il déclare : « il faut couper la tête du dragon ». Sa décision est donc prise : il faut reprendre sans tarder La Rochelle.

Le roi Louis XIII a fait de brillantes campagnes militaires, mais il est surtout à l'aise dans la guerre de mouvement. Il l'a montré en 1622, en prenant la tête de ses troupes lors de la victoire de l'île de Riez contre les protestants de Benjamin de Rohan (seigneur de Soubise), mais il a échoué en 1621 au siège de Montauban et n'a remporté qu'un demi-succès en 1622 devant Montpellier. Il n'est donc plus question d'engager le prestige royal dans un siège que l'on prévoit long et complexe. Le commandement militaire est confié au cardinal de Richelieu, qui va trouver l'occasion de renouer avec sa vocation militaire.

Ordre de bataille

L'armée de siège comprenait (à compléter) :

Début du siège

La Rochelle est soutenue par l'Angleterre en tant que ville protestante, mais aussi pour freiner le développement de la marine française. George Villiers, duc de Buckingham (orthographié en français de l'époque « Bouquingan ») quitte le port de Portsmouth (que le cardinal appelle « Porsemus » dans ses Mémoires) avec 110 vaisseaux et 8 000 hommes, et débarque sur l'île de Ré le . Informé, Richelieu réagit immédiatement. Il commence le siège de la ville et fait fortifier les îles de et Oléron. L’armée royale déploie quant à elle ses 20 000 hommes autour de la ville, coupant toutes les voies de communication terrestres. Le ravitaillement ne peut plus venir que de la mer[2].

Le commerce est alors bloqué.

La digue

Buckingham s’installe dans un premier temps dans l’île de Ré, le . Bien qu'étant elle aussi protestante, l'île n'a cependant pas rejoint la rébellion contre le roi. Le duc en est chassé par Henri de Schomberg et Toiras puis est battu en mer le 17 novembre. Il finit par rentrer sans gloire en Angleterre. Pour empêcher le ravitaillement par mer, Richelieu entreprend le 30 novembre la construction par 4 000 ouvriers d’une digue longue de 1 500 mètres et haute de vingt. Les fondations reposent sur des navires coulés et remblayés. Des canons pointés vers le large sont disposés en renfort[3].

Plan de H. Bachot, modifié et complété par Claude Masse relative à la construction de la digue de La Rochelle.

La flotte française, sous le commandement de l'amiral Marino Torre (it) a bloqué le port.

Les secours anglais

L'Angleterre a envoyé trois flottes.

Première expédition de La Rochelle

Pour la première expédition, le roi d'Angleterre Charles Ier envoie une flotte de 80 navires, sous le commandement de George Villiers (1er duc de Buckingham), qui débarque sur l'île de Ré le avec comme objectif de maîtriser les approches de La Rochelle, et d'encourager la rébellion huguenote de La Rochelle.

C'est le début de la guerre anglo-française.

Deuxième expédition de La Rochelle

La seconde expédition, dirigée par William Feilding, 1er comte de Denbigh (en), part d'Angleterre en , et arrive à proximité de la ville assiégée en mai. Elle était composée de 60 navires et 6 ramberges. La flotte anglaise repart pour Portsmouth sans avoir combattu, le comte de Denbigh déclarant qu'il n'avait pas voulu mettre en danger les vaisseaux du roi dans un combat incertain[4].

Troisième expédition de La Rochelle

Une troisième flotte, qui appareille en , est envoyée, sous le commandement de l'amiral Robert Bertie, 1er comte de Lindsey (en), pour essayer de soulager et ravitailler la ville. Cette flotte, composée de 29 navires de guerre et 31 navires marchands, arrive en vue de La Rochelle en . Après avoir bombardé des positions françaises pour essayer de forcer la digue en vain, la flotte anglaise est contrainte de se retirer. À la suite de cette dernière attaque, qui échoue à nouveau, la ville, réduite à la famine, capitule sans condition le . Elle ne compte plus que 5 400 habitants[5].

Les affres du siège

Le siège de La Rochelle, d'après une gravure de Jacques Callot

Les vivres commencent à s’épuiser, et les navires anglais venus en soutien sont contraints de rebrousser chemin. La décision est alors prise, comme à Alésia, de faire sortir de la ville les « bouches inutiles ». Sont ainsi expulsés femmes, enfants et vieillards. Tenus à distance par les troupes royales, qui n’hésitent pas à faire feu sur eux, ils errent pendant des jours sans ressources et décèdent de privation. Une deuxième, puis une troisième expédition anglaise échouent, malgré des tirs nourris. Les Rochelais sont contraints de manger chevaux, chiens, chats… Lorsque la ville finit par se rendre, il ne reste que 5 400 survivants sur les 28 000 habitants. Louis XIII leur accorde son pardon. Ils doivent néanmoins fournir leur certificat de baptême, sacrement commun aux catholiques et réformés, les murailles sont rasées[6].

La capitulation est inconditionnelle. Par les termes de la paix d'Alès du , les huguenots perdront leurs droits politiques, militaires et territoriaux, mais conserveront la liberté de culte garantie par l'édit de Nantes.

Conditions de la capitulation

Par un édit royal, daté de La Rochelle du , Louis XIII règle le sort de la ville : réautorisation de l'exercice libre et public du culte catholique et maintien du culte réformé (les églises devant être rebâties aux frais des Rochelais et restituées à leurs anciens possesseurs avec les cimetières) ; une croix sera dressée sur la place du château avec une inscription commémorant la reddition ; chaque année, le 1er novembre, une procession solennelle aura lieu en action de grâce ; le temple principal de la ville sera érigé en cathédrale et siège d'évêque ; les rebelles sont pardonnés[7].

Louis XIII et Richelieu font leur entrée à La Rochelle par Pierre Courtilleau.

Littérature

Alexandre Dumas s’empare de cet épisode de l’histoire de France pour en faire un des chapitres de son célèbre roman Les Trois Mousquetaires. Il prend cependant quelques libertés avec la vérité : il n’hésite pas à déplacer certains personnages dans le temps et fait ainsi participer d'Artagnan (le véritable d’Artagnan, âgé d’une quinzaine d’années en 1627, n’a jamais pris part aux faits ; en réalité, ce dernier a dévolu sa carrière à servir Louis XIV, et non Louis XIII sous le règne duquel s'est déroulé le siège de La Rochelle). D'autre part, cet ouvrage — s'il introduit bien le contexte historique — se concentre sur les épisodes de bravoure des principaux protagonistes sans pour autant décrire les événements qui conduisirent à la victoire royale.

Robert Merle dépeint également ce siège dans La Gloire et les Périls, onzième tome de la série Fortune de France. Malgré quelques aménagements narratifs, le siège y est dépeint de façon beaucoup plus réaliste, tant par les détails historiques que par l'esprit général du siège, qui fut long et difficile, et dépendant en outre des capacités d'organisation de Richelieu.

Articles connexes

Le siège de La Rochelle, Claude Lorrain, 1631.

Liens externes

Notes sources et références

  1. Jean-Pierre Poussou, Les sociétés urbaines au XVIIe siècle, Presses Paris Sorbonne, , p. 32.
  2. Nicole Vray, La Rochelle et les protestants : du XVIe au XXe siècle, Geste éditions, , p. 54.
  3. Marcel Delafosse, Histoire de La Rochelle, Privat, , p. 151.
  4. Archives départementales de la Vendée ; registres de Saint-Martin-des-Tilleuls, Vendée, mariages-sépultures ; 1624-juin 1629 ; cote AC 247 ; page 02/003, en bas à droite.
  5. Jean Vermeil, L'autre histoire de France, Éditions du Félin, , p. 105.
  6. Pierre Miquel, Les Guerres de Religion, Paris, Fayard, , 596 p. (ISBN 978-2-21300-826-4, OCLC 299354152, lire en ligne)., p. 433.
  7. Pierre Blet, Richelieu et l'Église, éditions Via Romana, p. 102.


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