Massacre de Mérindol

Le massacre de Mérindol est un événement dramatique ordonné par le Parlement d'Aix contre les Vaudois du Luberon, qui venaient de se rallier à la religion protestante. Précurseur des guerres de religion qui vont ensanglanter quinze ans plus tard le royaume de France, ce massacre de 3 000 personnes en cinq jours dévasta 24 villages du Luberon dont celui de Mérindol, au printemps 1545, tandis que 670 personnes étaient envoyées aux galères de Marseille[1]. Il est connu dans le détail grâce à l'enquête ordonnée quelques années plus tard et publiée par le roi Henri II de France.

Contexte politique

Jean Maynier Président du Parlement d'Aix organisateur du massacre, portrait réalisé en 1724.

Les Protestants de l'Église évangélique vaudoise développaient leur mission évangélique en Provence, dans le Luberon et dans le Piémont avec des relations suivies avec les Protestants de Bohème et de Suisse. En 1540, les Vaudois font l'objet d'une condamnation par l’édit de Mérindol. Ayant besoin de leur soutien contre l’empereur Charles Quint, François Ier expédie des lettres de grâce aux habitants persécutés en Provence pour cause de religion.

La retraite de Charles-Quint en 1545 change la donne. Le , François Ier fit promulguer l'Arrêt de Mérindol et commanda une croisade contre les Vaudois de Provence. En avril, Jean Maynier baron d’Oppède et premier président du Parlement d’Aix, déclenche la persécution, menée par Joseph d'Agoult et Antoine Escalin des Aimars (aussi appelé Paulin de La Garde), général des galères et ambassadeur du roi de France, qui était en partance, depuis le port de Marseille, pour lutter contre les Anglais du côté de Boulogne-sur-Mer.

Le massacre de la population

Le massacre de Mérindol.

Antoine Escalin des Aimars (1498c-1578) et ses troupes quittent Marseille pour éliminer les Vaudois protestants qui sont installés en Provence. Antoine Escalins marche sur Mérindol et les villages environnants à la tête de 2 000 combattants.

Les villages vaudois sont pillés, les hommes massacrés ou envoyés aux galères, les femmes violées avant d’être tuées. Certains sont vendus en esclavage[réf. nécessaire]. Les terres sont confisquées. Les biens pillés sont bradés au dixième de leur prix, pour payer les soldats. Les violences débordent, les villages alentour les subissent aussi.

Le chef de la résistance vaudoise Eustache Marron a son fief à Cabrières (actuel Cabrières-d'Avignon), qui est détruit le 19 avril, tout comme 23 autres villages vaudois du Luberon, massacrés par l'armée du baron (23 villages avec Mérindol et Cabrières, parmi lesquels Cabrierettes, Peypin, La Motte d'Aygues, Saint-Martin, Nyons, La Coste, Lourmarin, Villelaure, Tresemines, La Roque d'Anthéron, Janson). Celle-ci extermine 3 000 personnes en cinq jours et envoie aux galères 670 hommes, des deux côtés de la montagne du Luberon. De plus, le passage des soldats détruit les cultures, les troupeaux sont tués, et un nombre indéterminé de paysans meurent de faim.

Conséquences

Plaque en mémoire aux Vaudois massacrés à Mérindol.

À la suite de ce massacre, le pape Paul III reçoit avec tous les honneurs le président du Parlement de Provence, Jean Maynier.

Lorsque Henri II de France monte sur le trône, il fait ouvrir une enquête sur ce massacre. Le Parlement de Paris juge les principaux coupables de cet événement dramatique, mais les soudards comme les parlementaires qui se sont enrichis sont tous acquittés[2].

Les survivants vaudois de ce massacre rejoignent l'église calviniste. Certains gagnent des terres d'Empire luthériennes comme Montbéliard[3].

Nombreux s'exilent : Afrique du Sud, Colombie (Darién (province), actuellement au Panama...

Le , au tout début des guerres de religion, Paulon de Mauvans rallie les soixante églises protestantes de Provence à la conjuration d'Amboise : deux mille hommes sont promis au parti huguenot[4]. Mérindol est l’une des deux places de sûreté, avec Forcalquier, accordées par l’édit de Saint-Germain aux protestants de Provence[5].

Notes et références

  1. Pierre Miquel, Les Guerres de Religion, Paris, Fayard, , 596 p. (ISBN 978-2-21300-826-4, OCLC 299354152, lire en ligne)., p. 133.
  2. Pierre Miquel, Les Guerres de Religion, Paris, Fayard, , 596 p. (ISBN 978-2-21300-826-4, OCLC 299354152, lire en ligne)., p. 129-135.
  3. « Histoire de la famille Belfils », sur loubet.fr
  4. Pierre Miquel, Les Guerres de Religion, Paris, Fayard, , 596 p. (ISBN 978-2-21300-826-4, OCLC 299354152, lire en ligne)., p. 211-212
  5. Jean-Yves Royer, Forcalquier, auto-édition, 1986, p. 51.
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