Vladimir Poutine
Vladimir Vladimirovitch Poutine (en russe : Влади́мир Влади́мирович Пу́тин [vɫɐˈdʲimʲɪr vɫɐˈdʲimʲɪrəvʲɪt͡ɕ ˈputʲɪn][1] ), né le à Léningrad (aujourd'hui Saint-Pétersbourg), est un homme d'État russe. Depuis 1999, il est la figure centrale de l’exécutif, alternativement comme président du gouvernement (1999-2000 et 2008-2012) et président de la fédération de Russie (par intérim de 1999 à 2000, et de plein exercice de 2000 à 2008 et depuis 2012).
Pour les articles homonymes, voir Poutine.
Vladimir Poutine (ru) Владимир Путин | ||
Vladimir Poutine en 2021. | ||
Fonctions | ||
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Président de la fédération de Russie | ||
En fonction depuis le (9 ans, 4 mois et 13 jours) |
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Élection | 4 mars 2012 | |
Réélection | 18 mars 2018 | |
Président du gouvernement | Viktor Zoubkov (intérim) Dmitri Medvedev Mikhaïl Michoustine |
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Prédécesseur | Dmitri Medvedev | |
– [N 1] (8 ans, 4 mois et 6 jours) |
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Élection | 26 mars 2000 | |
Réélection | 14 mars 2004 | |
Président du gouvernement | Mikhaïl Kassianov Mikhaïl Fradkov Viktor Zoubkov |
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Prédécesseur | Boris Eltsine | |
Successeur | Dmitri Medvedev | |
Président du gouvernement russe | ||
– (3 ans, 11 mois et 29 jours) |
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Président | Dmitri Medvedev | |
Gouvernement | Poutine II | |
Législature | 5e et 6e | |
Prédécesseur | Viktor Zoubkov | |
Successeur | Viktor Zoubkov (intérim) Dmitri Medvedev |
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– [N 2] (8 mois et 21 jours) |
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Président | Boris Eltsine Lui-même (intérim) |
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Gouvernement | Poutine I | |
Législature | 3e | |
Prédécesseur | Sergueï Stepachine | |
Successeur | Mikhaïl Kassianov | |
Président de Russie unie | ||
– (3 ans, 11 mois et 18 jours) |
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Prédécesseur | Boris Gryzlov | |
Successeur | Dmitri Medvedev | |
Directeur du Service fédéral de sécurité de la fédération de Russie | ||
– (1 an et 15 jours) |
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Président | Boris Eltsine | |
Prédécesseur | Nikolaï Dmitrievitch Kovalev | |
Successeur | Nikolaï Patrouchev | |
Biographie | ||
Nom de naissance | Vladimir Vladimirovitch Poutine | |
Date de naissance | ||
Lieu de naissance | Léningrad (URSS) | |
Nationalité | Soviétique puis russe | |
Parti politique | Russie unie (2008-2012) | |
Conjoint | Lioudmila Chkrebneva (1983-2013) |
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Enfants | Maria Poutina Katerina Poutina |
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Diplômé de | Université de Léningrad | |
Profession | Officier du KGB | |
Religion | Christianisme orthodoxe russe | |
Résidence | Kremlin (Moscou) | |
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Présidents du gouvernement russe Présidents de la fédération de Russie |
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Officier du KGB, principal service de renseignement de l'URSS post-stalinienne, il est en poste à Dresde au moment de la chute du mur. Il commence sa carrière politique à la mairie de Saint-Pétersbourg, puis devient l'un des plus proches conseillers du président Boris Eltsine, qui fait de lui le directeur du Service fédéral de sécurité en 1998, puis le président du gouvernement de la Russie l'année suivante.
À partir du , à la suite de la démission de Boris Eltsine, il assure les fonctions de président de la fédération de Russie par intérim. Il devient président de plein exercice le , après avoir remporté l'élection présidentielle anticipée dès le premier tour. Au cours de son premier mandat présidentiel, il lance une série de réformes importantes pour restaurer la puissance d'un pays en crise économique qui a perdu de son influence dans le monde. Il mène un redressement de l'économie nationale et une politique institutionnelle tournée vers une concentration des pouvoirs présidentiels. Il est largement réélu en 2004.
En 2008, il se refuse à demander un changement de la Constitution, qui lui interdit de concourir pour un troisième mandat consécutif, et soutient la candidature à la présidence de son premier vice-président du gouvernement, Dmitri Medvedev. Une fois élu, ce dernier le nomme président du gouvernement et, dans la foulée, Vladimir Poutine prend la direction du parti Russie unie. Fréquemment accusé d'autoritarisme dans son exercice du pouvoir, il est pour la première fois significativement contesté à la suite des élections législatives de 2011.
Candidat à l'élection présidentielle de 2012 avec le soutien du président Medvedev, il l'emporte au premier tour et retrouve la fonction de président de la fédération de Russie pour un mandat allongé de deux ans en vertu d'un amendement adopté en 2008. Au cours de cette période, il s'efforce de restaurer l'influence russe sur la scène internationale. D'une part, dans le cadre de la guerre du Donbass, à la suite d'un référendum contesté, il permet le rattachement de la péninsule de Crimée à la Russie, acte souvent perçu comme une violation du droit international. D'autre part, il implique militairement la Russie dans la guerre civile syrienne, en soutien au régime de Bachar el-Assad.
Il brigue un nouveau mandat lors de l'élection présidentielle de 2018, qu'il remporte dès le premier tour avec un score jamais atteint par un candidat lors d'un scrutin présidentiel de l'après-communisme (76,7 % des suffrages exprimés). En 2020, il fait approuver par référendum un changement constitutionnel lui permettant notamment d'effectuer deux autres mandats présidentiels.
Situation personnelle
Enfance et adolescence
Le nom « Poutine » vient du russe « pout' » (путь), qui signifie le « chemin »[2]. Le suffixe « in » (ин) est la marque du génitif singulier des noms propres qui correspond aux prépositions françaises « de » et « du »[3]. Son nom pourrait donc se traduire par « Duchemin »[4].
Vladimir Poutine est issu d'une famille ouvrière dont il est le troisième enfant. Ses parents, Vladimir Spiridonovitch Poutine (1911-1999) et Maria Ivanovna Poutina, née Chelomova (1911-1998), avaient auparavant eu deux fils, Viktor Poutine et Oleg Poutine, nés dans les années 1930, mais décédés en bas âge. Vladimir Spiridonovitch Poutine était soldat de l'Armée rouge dès 1941 et fut chargé durant la Seconde Guerre mondiale avec sa division de défendre Leningrad le long de la Neva, il fut alors gravement blessé à la jambe gauche. Maria Ivanovna Poutina survécut aux 872 jours du siège de Léningrad durant la guerre, bien qu'un temps laissée pour morte et sauvée par son mari de retour de l'hôpital[5]. Après la guerre, le couple travailla à l'usine ferroviaire de Leningrad.
Ses grands-parents paternels étaient des paysans du hameau de Pominovo, appartenant au village de Tourguinovo (oblast de Tver), au nord de Moscou, installés là depuis la fondation du village au XVIIe siècle. Selon un biographe de Vladimir Poutine, le grand-père, Spiridon Poutine, fut le premier de la lignée à naître après l'abolition du servage dans l'empire tsariste. Spiridon, dont Vladimir Poutine a dit qu'il était le membre de sa famille qu'il admirait le plus, aurait été cuisinier des Romanov, puis de Lénine et de Staline[6],[7],[8].
Quelques jours après sa naissance, la mère de Vladimir Poutine demande secrètement que son fils soit baptisé dans la cathédrale de la Transfiguration[9], alors que le baptême peut être sévèrement puni en Union soviétique, État athéiste. Il est un élève médiocre et bagarreur[10][source insuffisante], ce jusqu'à sa rencontre avec une institutrice qui le guide vers la découverte de la culture et des arts, le promenant dans les musées de Leningrad. Cela modifia son ouverture vers le monde. Vladimir Poutine pratique dans sa jeunesse la lutte russe, le sambo et le judo dès l'âge de 11 ans (il est plusieurs fois champion de sambo de Leningrad ; en 1973, il s'est vu conférer le titre de maître des sports de sambo, et en 1975 de judo). Il aime jouer au tennis, faire du ski alpin, de l'équitation et de la natation.
Poutine suit des études de droit à l’université de Léningrad (aujourd'hui l'université d'État de Saint-Pétersbourg), où il étudie, entre autres, Thomas Hobbes, John Locke et Emmanuel Kant[10]. Il obtient son diplôme en 1975 avec un mémoire sur « Le principe du commerce de la nation la plus favorisée en droit international »[11]. Anatoli Sobtchak, à l’époque professeur à l’université, était son superviseur académique[12].
Poutine parle couramment l'allemand, ayant habité et travaillé plusieurs années dans la République démocratique allemande, mais maîtrise très peu l'anglais et préfère utiliser des interprètes en conversant avec des anglophones[N 3].
Carrière d'officier du KGB
D'après son propre récit, Poutine essaie sans succès de se faire embaucher au KGB à l'âge de 16 ans[10]. Après une formation initiale sommaire dont on ne sait pas grand-chose, il entre au service territorial déconcentré du KGB – la Direction du KGB pour la ville de Léningrad et sa région, où il sert pendant plusieurs années d'abord comme subalterne, ensuite comme officier opérationnel dans le service du contre-espionnage local, chargé en particulier de la lutte de la police politique contre les dissidents et autres « éléments antisoviétiques » (sous le patronage de la cinquième direction du KGB).
Comme tous les autres services spéciaux européens de l'époque, le KGB n'envoie en poste extérieur que des hommes mariés, condition destinée en principe à écarter les homosexuels et à éviter les liaisons avec des étrangères. Poutine se marie en 1983.
Avec le grade militaire de commandant, il est envoyé en 1984 suivre un cours annuel de formation continue à l’Institut Andropov (ou institut du Drapeau rouge, Krasnoznamenny Institoute - KI) du KGB à Moscou, en principe pour devenir espion. Lors de ses études supérieures à Moscou, il porte le nom de code « Platov » et exerce les fonctions de chef bénévole de son unité d’élèves-officiers.
À la sortie du KI du KGB, Poutine n’entre pas dans le personnel de l’appareil central du KGB à Moscou, mais revient à Léningrad où une partie de son service se passe dans l’unité locale sous la tutelle de la première direction générale du KGB, le service de renseignements extérieurs. Il passe dans la « réserve active » du KGB pour se préparer à une mission opérationnelle en République démocratique allemande (RDA)[13].
À partir d'août 1985, il officie, pour son premier poste à l'étranger, à Dresde en RDA, officiellement comme employé consulaire, en fait pour recruter des espions en tant que major des services secrets russes[14]. Il cherche notamment à contraindre un professeur de médecine à lui donner accès à une étude sur des poisons mortels qui ne laissent presque aucune trace, en le faisant chanter avec des éléments pornographiques[14]. Après la chute du mur de Berlin, il empêche des Allemands d'entrer dans les bureaux du KGB afin de les mettre à sac et de piller les dossiers, détruisant lui-même ces documents ensuite[15]. Il est rappelé en février 1990, dans le contexte de la réunification allemande. D'après le média allemand Correctiv, il doit son retour au fait que Werner Grossmann, dernier dirigeant des services d’espionnage à l’étranger de RDA, révèle à ses collègues du KGB que Poutine recrute des agents de RDA dont la couverture a été cassée, ce qui engendre un risque important pour le KGB[14].
Ascension politique
Avec la réunification allemande et le démantèlement des installations du KGB en RDA, le lieutenant-colonel Poutine retourne à Léningrad pour y reprendre son service opérationnel dans la Direction locale du KGB sous la couverture du poste du conseiller aux affaires internationales du recteur de l’Université de Léningrad Anatoli Sobtchak (qui a été son professeur à la faculté de droit)[réf. nécessaire].
Du KGB à la mairie de Saint-Pétersbourg (1991-1995)
En 1991, Sobtchak, démocratiquement élu à la tête du Soviet de Léningrad (la mairie de la ville), invite Poutine à devenir son conseiller aux affaires internationales. On dit[Qui ?] qu’en , Poutine joue un rôle dans les négociations délicates entre le KGB de Léningrad et les structures militaires liées aux putschistes du Kremlin. Poutine prétend avoir donné sa démission officielle du KGB le lors de ce coup d’État contre Gorbatchev, mais elle n'aurait pas été acceptée[réf. nécessaire].
C’est à sa propre initiative qu’il accepte alors la proposition d'Anatoli Sobtchak de passer dans son cabinet à la mairie, tout en restant officiellement officier opérationnel supérieur du KGB local. Sa démission du KGB au grade de lieutenant-colonel n’est acceptée que plus tard, mais il n’y a aucun élément officiel qui le prouve sans ambiguïté[réf. nécessaire].
De 1992 à 1996, Poutine est l’une des personnalités les plus influentes de la politique municipale, l'« éminence grise » du président du Conseil de la ville[réf. nécessaire]. Il est responsable des relations extérieures de la mairie de Saint-Pétersbourg, et, à partir de 1994, premier adjoint du maire Anatoli Sobtchak. Selon l'ancien enquêteur Andreï Zykov, « Anatoli Sobtchak et son adjoint Vladimir Poutine sont en quelque sorte devenus les chefs de la mafia de Saint-Pétersbourg » et c'est à cette époque que naît un « modèle de corruption » autour de Vladimir Poutine, dont l'entourage d'alors le suit par la suite jusqu'au Kremlin[16].
À l’automne 1995, ce dernier le nomme président de la section locale de Notre maison la Russie (Наш дом – Россия), parti du président du gouvernement Tchernomyrdine. Il est chargé de diriger la campagne des élections législatives dans la région pour le compte de NDR. Il reste fidèle à Sobtchak malgré la défaite de ce dernier à l’élection municipale de 1996, refusant de travailler avec Iakovlev. Il démissionne en 1996.[réf. nécessaire]
Au service du président Boris Eltsine (1996-1999)
En , il est nommé à Moscou adjoint au directeur des affaires de la Présidence (en russe : Управление делами Президента Российской Федерации), Pavel Borodine. En mars 1997, il entre dans l’administration présidentielle (Администрация Президента Российской Федерации) pour en devenir vice-président moins d’un an plus tard, chargé du Département principal de contrôle (Главное контрольное управление президента Российской Федерации) doté de pouvoirs étendus. Il devient ensuite (à partir de ) vice-directeur de l'administration présidentielle chargé de la gestion des relations avec les régions, toujours avec une importante influence dans le milieu des pouvoirs. En juillet 1998, il est nommé directeur du FSB, le Service fédéral de sécurité ; un poste qu'il occupera un peu plus d'un an, jusqu’à sa nomination à la fonction de président du gouvernement, le . Il occupe en parallèle, de mars à , un poste de secrétaire du Conseil de sécurité de la Russie (Совет безопасности Российской Федерации).[réf. nécessaire]
À cette période, Boris Eltsine fait face à de nombreuses difficultés : Yuri Skuratov, le procureur général de la fédération de Russie, enquête sur des actifs en Suisse qui lui appartiennent ainsi qu'à ses proches et qui ont été utilisés pour acheter des biens de luxe. Le , la télévision diffuse une vidéo sulfureuse sur laquelle on voit un homme ressemblant à Skuratov et ayant des relations sexuelles avec deux jeunes femmes. Celui-ci nie être l'homme en question mais Vladimir Poutine annonce dans une interview télévisée que ses experts ont établi définitivement qu'il s'agit bien de Skuratov. Ce dernier est alors remplacé par Vladimir Ustinov. D'après le média allemand Correctiv, ce scandale aurait été inventé de toutes pièces par Vladimir Poutine et lui aurait permis de mettre la main sur le système judiciaire russe[17].
Succession de Boris Eltsine (1999)
En 1999, commence une fulgurante ascension, qui va porter Vladimir Poutine, peu connu, au sommet du pouvoir en Russie. En août, il est nommé président du gouvernement par Boris Eltsine, Stepachine ayant été écarté. Il devient ainsi le deuxième personnage de l'État, et sa nomination est vue en Europe comme la désignation du successeur de Eltsine. Le média allemand CORRECT!V voit dans cette nomination un geste de reconnaissance de Boris Eltsine à l'égard de Vladimir Poutine pour avoir fait échouer l'enquête menée à son sujet par le procureur général[17].
Le , Vladimir Poutine autorise les services du procureur général de la Fédération de Russie à emprunter 30 millions de dollars à une banque étrangère pour l’acquisition d’un nouveau réseau informatique : Hewlett-Packard (HP) se voit octroyer le contrat en , bien que son offre ne soit pas la moins chère. En retour, HP destine 7,6 millions d’euros de pots-de-vin à des fonctionnaires russes, notamment des procureurs et des agents des services secrets, ce qui permet à Vladimir Poutine d'asseoir sa domination sur la justice russe. Cette transaction est couverte par une garantie d’exportation d’Euler Hermes, qui appartient au groupe allemand Allianz, et approuvée par le ministère allemand de l’Économie et du Travail[17].
Lors d'une conférence de presse dans la nouvelle capitale du Kazakhstan en septembre 1999, Astana, Vladimir Poutine déclare qu'il faudra « buter les terroristes jusque dans les chiottes »[18].
Au début du mois de septembre, des attentats contre des immeubles d'habitation font plusieurs centaines de victimes à Moscou et dans d'autres villes de Russie et sont attribués par les instances judiciaires russes à des terroristes tchétchènes du centre islamiste « Kavkaz »[19]. Ayant été hostile à la première guerre de Tchétchénie, l'opinion russe souhaite de nouvelles opérations militaires pour en finir avec les indépendantistes tchétchènes. Vladimir Poutine, qui bénéficie du soutien du président Eltsine et de l'état-major, ordonne, après ultimatum, la reprise des hostilités en Tchétchénie, pour y « restaurer l'ordre constitutionnel fédéral »[20]. La seconde guerre de Tchétchénie (officiellement appelée « opération antiterroriste ») commence le . Alors qu'il était crédité de seulement 3 % d'intentions de vote en vue de la présidentielle au début de ses fonctions, loin derrière Primakov, il voit les intentions de vote en sa faveur augmenter considérablement.
Président de la fédération de Russie et du gouvernement
Premier mandat présidentiel (2000-2004)
Le , après la démission surprise de Boris Eltsine, Poutine, en sa qualité de président du gouvernement, devient président par intérim. Son premier acte officiel est la signature d'un décret présidentiel assurant à son prédécesseur une immunité totale pour toute poursuite judiciaire possible le concernant, ainsi que les membres de sa famille[21].
Vladimir Poutine est officiellement élu président de la Fédération de Russie le dès le premier tour de l'élection présidentielle anticipée avec 52,52 % des suffrages contre 29,2 % à Guennadi Ziouganov (parti communiste) et 5,8 % à Grigori Iavlinski (parti Iabloko). Quant aux neuf autres candidats, ils recueillent chacun moins de 3 % des voix.
En , un compte-rendu de la campagne électorale de Vladimir Poutine, basé sur le travail d'investigation de six mois et paru dans le Moscow Times, mettait au jour des preuves de fraude électorale, incluant bourrages et destructions d'urnes et un million trois cent mille « âmes mortes » sur les listes d'émargement[22]. Pour Noam Chomsky et Edward Herman, « son succès électoral reposait en grande partie sur le fait que les puissantes radios et télévisions d'État firent furieusement campagne en sa faveur, dénigrant et privant d'antenne ses opposants »[23].
Deuxième mandat présidentiel (2004-2008)
Il entre officiellement en fonctions pour son premier mandat le . En , il est réélu à la tête de la Russie avec 71,22 % des suffrages.
Une pratique verticale du pouvoir
Vladimir Poutine, déterminé à restaurer ce qu'il appelle « la verticale du pouvoir », gouverne avec un style considéré par certains analystes comme autoritaire, qui aurait mis fin à une libéralisation politique introduite par Gorbatchev avec la perestroïka et la glasnost et qui s'était poursuivie sous Boris Eltsine ; certains médias occidentaux[24] et les opposants politiques[25] parlant à son sujet de néo-tsarisme[26].
La reprise en main du pays par l'administration de Poutine, après la période de troubles et de laissez-faire qui a prévalu sous Boris Eltsine, satisfait une grande partie de la population, lassée des soubresauts politiques et du capitalisme en transition (la « thérapie de choc ») apparu après la chute du communisme, ainsi que les nostalgiques de la puissance de l'ex-Union soviétique disparue en 1991. Cette reprise en main répond également au risque que fait peser sur l'unité de la Fédération de Russie la montée en puissance des nationalismes dans les républiques ethniquement non-russes et des gouverneurs locaux toujours plus autonomes : l'affaiblissement du pouvoir central et l'effondrement économique et social consécutif à la disparition de l'Union soviétique ont, en effet, contraint les grandes régions russes à chercher à s'auto-administrer au cours des années 1990.
Au cours de ses deux mandats, le président Poutine n'a cessé de renforcer le poids des services de renseignements dont il est issu, ainsi que ceux de la police et de l'armée, ceux qu'on appelle en russe les Siloviki (les hommes de force) par opposition aux libéraux partisans de l'état de droit et de la démocratie à l'occidentale[27],[28]. En effet, selon le politologue Viatcheslav Avioutskii, les « guébistes » (cadres du FSB (ex-KGB)) perdront provisoirement de leur influence durant la période Eltsine, qui restait très méfiant à l'égard du KGB, mais reviendront en force avec Poutine. D'après lui, ils ont utilisé un réformateur assez mou, Mikhaïl Gorbatchev, pour détruire un système devenu tout bonnement inefficace. Les guébistes se percevaient comme la seule force morale capable d'endiguer la corruption qui avait gagné l'ensemble des dirigeants soviétiques. À leurs yeux, le pouvoir devait rester entre les mains des militaires, au sens large, et dans celles de la sécurité nationale »[29] ». Les siloviki se voient avant tout comme des patriotes soucieux du redressement et du développement de leur pays, par opposition aux oligarques soutenus par l'Occident, animés avant tout par le désir de bâtir une fortune personnelle sur les décombres de l'Union soviétique et peu regardants sur les moyens pour y arriver. En réalité, les cas de prévarication ou de corruption concernent également des représentants des « organes ». Ces derniers et des personnalités influentes venues de Saint-Pétersbourg (les piterskiïé), ville natale de Poutine (et aussi la plus « européenne » des grandes villes russes), sont dorénavant bien présents dans la politique et l’administration présidentielle. Ensemble, ils forment, écrit Macha Lipman, analyste à la Fondation Carnegie pour la paix internationale, « un système vertical clos ». Le parrainage par Vladimir Poutine de Dmitri Medvedev au poste de chef de l'État (gagnant de l'élection présidentielle de ), un juriste de réputation libérale et non issu du milieu des siloviki, laisse cependant supposer que ce système politique conserve un certain degré d'ouverture.
Outre l'instauration d'une plus grande stabilité, un certain nombre de dirigeants occidentaux apprécient le fait que Vladimir Poutine ait favorisé une économie ayant renoué avec la croissance, favorable aux échanges commerciaux et propice aux grands contrats.
Gestion de la question des oligarques
Dès le début de son mandat présidentiel, Vladimir Poutine afficha de façon déterminée son objectif d'instaurer la « dictature de la loi » et de lutter contre la mafia para-étatique et les fraudes fiscales des oligarques industriels et financiers, dont la mainmise sur l'économie russe devenait une préoccupation majeure de la population après une ère de laisser-faire et de complicité de Boris Eltsine dans la création de cette oligarchie.
- Plusieurs oligarques qui avaient accaparé les ressources et le patrimoine industriel en profitant des lacunes du droit des affaires en transition, ont été mis au pas ou poursuivis par la justice (par ex. le banquier Sergueï Mavrodi). L'exemple emblématique est celui de Mikhaïl Khodorkovski, ex-patron du groupe pétrolier Ioukos, condamné à huit ans de prison pour escroquerie et évasion fiscale à grande échelle, emprisonné en Sibérie[30]. Le groupe Ioukos est issu de l'époque soviétique. Il fut acquis dans des conditions douteuses par Khodorkovski au milieu des années 1990, pour 309 millions de dollars seulement, dans le cadre de privatisations qualifiées de « hold-up du siècle ». À la suite de l'acquisition de l'entreprise Sibneft, Youkos était en 2003 la première compagnie pétrolière de Russie et la quatrième au niveau international. Il semble que ce soit le projet de céder le groupe Ioukos à un groupe pétrolier nord-américain pour 40 milliards de dollars qui ait déclenché la campagne dirigée contre Khodorkovski. Des négociations étaient en cours avec Exxon-Mobil et Chevron-Texacos dans la perspective d'une fusion partielle avec Youkos-Sibneft et il semble que Khodorkovsky ait également noué des contacts avec Halliburton, l'entreprise énergétique dirigée par Dick Cheney jusqu'en 2000. D'après l'agence Vedomosti, des observateurs considèrent que Poutine pourrait voir en la personne de Mikhaïl Khodorkovski un adversaire politique : « Les autorités craignent une mise en liberté anticipée de M. Khodorkovski, une aggravation de la situation politique intérieure à l'approche des élections et, bien entendu, une multiplication des procès à l'étranger », ajoute le vice-président de l'Union russe des industriels et des entrepreneurs, Igor Iourguens[31]. La très faible popularité de Khodorkovski et de ses amis politiques en Russie est néanmoins peu susceptible d'en faire un concurrent politique sérieux.[source insuffisante]
- Quelques oligarques accusés de crimes et délits économiques et pénaux se sont soustraits à la justice en s'enfuyant à l'étranger, tels Boris Berezovski ou Vladimir Goussinski, dont le Parquet général de Russie demande l'extradition pour des cas avérés de fraudes et d'évasions fiscales.
- D'autres se sont rapprochés du pouvoir et ont obtenu des postes au sein de structures étatiques, en contrepartie de la mise au service du pays de leurs fortunes[réf. souhaitée] (souvent acquises dans des conditions aussi douteuses que celle de Khodorkovski). C'est le cas de Roman Abramovitch, d'Anatoli Tchoubaïs ou de Vladimir Potanine.
- Enfin, d'autres semblent jouir d'une certaine impunité, tel Pavel Fedoulev qui, en , s'est emparé du combinat métallurgique d'Ouralkhimmach, avec l'aide des OMON (les forces spéciales du Ministère de l'Intérieur). La longue série de privatisations contestées dans l'industrie métallurgique russe, commencée en 1991, continue sous le gouvernement du président Poutine[32][source insuffisante].
L'évincement de plusieurs oligarques des médias qu'ils possédaient (Berezovski, Goussinski et quelques autres) a renforcé le contrôle de l'État sur l'information de masse[33] et a induit une censure de fait nuisible au pluralisme politique en Russie, renforcée par des pressions indirectes sur le reste de la presse indépendante[34],[35]. Toutefois, à côté d'un large soutien de la population à la personne de Vladimir Poutine et malgré une omniprésence de l'appareil médiatique jugé parfois para-étatique, il existe en Russie des opposants déclarés à la politique présidentielle et une fraction des médias conserve un regard critique[36] (y compris des médias comme Kommersant qui fait pourtant, aujourd'hui, partie de la galaxie Gazprom). Mais la liberté de ton reste assez partielle, comme en témoigne le limogeage fin 2011 de deux responsables éditoriaux de Kommersant par l'oligarque Alicher Ousmanov[37]. L'internet russe reste très vivant et contestataire.
Redressement de l'économie
Une importante série de réformes
Dès le début de son mandat, Vladimir Poutine engage d'importantes réformes socio-économiques et politiques qui ont sensiblement transformé la Russie.
Dans le domaine économique[38] :
- réforme fiscale : mise en place d'un taux unique de 13 % pour l'impôt sur les revenus, introduction d'une taxe sociale unifiée, baisse du taux de la TVA, réduction du taux des impôts sur les sociétés de 35 % à 24 %, ce qui a permis de simplifier la fiscalité et de limiter la fraude et la corruption ;
- réforme foncière introduisant le droit de vendre les terres agricoles ;
- quatre lois de dérégulation étatique, visant à réduire le contrôle bureaucratique des entreprises ;
- ouverture à la concurrence du fret ferroviaire représentant 80 % du trafic des marchandises dans le pays.
Dans le domaine social[39] :
- réforme des retraites : mise en place d'un système à trois piliers avec capitalisation obligatoire et épargne volontaire, sans augmenter l'âge de la retraite ;
- mise en place des Projets de priorités nationales et de la politique démographique afin de réformer le secteur social et financer de grands projets dans le domaine de la santé, de l'éducation, de l'accessibilité des logements sociaux, du soutien au secteur agricole et à la hausse de la natalité.
Dans le domaine politique, les réformes ont été centrées sur la création d'une « verticale du pouvoir » afin de rendre ce dernier plus concentré et efficace (ce processus fut accéléré à la suite de la tragédie de Beslan le ) :
- réforme de la division territoriale avec la création de sept Districts fédéraux par le décret présidentiel no 849 du [40] ;
- réforme du Conseil de la Fédération de Russie (2000-2002), et l'arrêt des élections des gouverneurs par les sujets de la Fédération : les gouverneurs des districts sont dorénavant désignés par le président du pays (Kremlin) avec entérinement ultérieur par la législation locale ()[41] ;
- création d'organes consultatifs : d'un Conseil d'État (Gossoviet), constitué des gouverneurs et une Chambre de la société (Obchtchestvennaïa Palata), constituée de personnalités influentes et connues ;
- mise en place de mesures assurant une meilleure cohésion entre les ministères de l'ordre public dits siloviki (Intérieur, Armée, FSB) et le ministère des Situations d'urgence.
Le succès de ces réformes, couplé à des recettes fiscales extraordinaires issues de la vente des hydrocarbures, ont permis d'assurer selon le gouvernement une hausse substantielle du revenu réel des particuliers (+ 58,5 % entre 1999 et 2002, + 13,55 % en 2004). Cela a valu à Poutine le soutien d'une grande partie de la population russe, malgré quelques échecs comme un projet de loi controversé sur la monétisation des avantages en nature hérités de l'époque soviétique qui a soulevé, début 2005, un tollé populaire ou encore le naufrage du sous-marin Koursk K-141 sombré en 2000 avec 118 hommes d'équipage à bord et une libération difficile des otages des commandos tchétchènes du théâtre moscovite en [42][source insuffisante].
Continuité de la politique de rapprochement avec l'Occident
La politique étrangère lors de son premier mandat est dans la continuité de la politique de Elstine, il ira même plus loin vu qu'il proposera à l'UE la création d'un marché économique unique et aux États-Unis l'entrée de la Russie dans l'Otan[43], mais les États-Unis refuseront les deux offres. L'arrivée au pouvoir de Poutine est formellement décidée par Boris Eltsine. Elle a lieu à la faveur de la résolution rapide et militaire d'un conflit particulièrement meurtrier dans la république russe de Tchétchénie, elle est favorisée par un discours volontariste revendiquant la restauration de l'État, la lutte contre la corruption (cependant très loin d'être achevée fin 2007) et la renaissance, au moins partielle, du prestige aux yeux des Russes d'une superpuissance déchue.
Cette politique extérieure se veut le pendant d'une politique intérieure visant à lutter contre la décomposition du pays consécutive à l'effondrement politique, économique et social de 1991 (de 1991 à 1996 le PNB russe s'effondre de 40 %). Après le chaos des années Eltsine, considéré dans l'opinion comme le destructeur de l'ordre ancien et le principal artisan du démantèlement de l'Union soviétique, les succès économiques enregistrés après 1998 et une stabilisation de la vie politique donnent à la politique étrangère russe une nouvelle assurance.
À la suite de l'Opération Allied Force intervention de l'OTAN dans la République fédérale de Yougoslavie en 1999, qui est ressentie comme une agression par le pouvoir russe, une nouvelle doctrine militaire est élaborée : à l'instar de la doctrine militaire des États-Unis, l'utilisation d'armes nucléaires à des fins tactiques sur le champ de bataille est autorisée ; selon cette doctrine, le renforcement de l'appareil militaire russe doit servir les intérêts géostratégiques de l'État sans se préoccuper des « considérations occidentales ». Ce repositionnement russe présage du fait qu'une entente entre les États-Unis et la Russie ne serait pas parfaite.
L'attentat terroriste du 11 septembre 2001 a transformé, pour un temps, la donne géostratégique pour la Russie et a donné une impulsion à l'établissement de relations plus rapprochées avec les États-Unis. Le soutien affiché de Poutine à son homologue américain dans sa « lutte contre le terrorisme » établit au début un climat d'une certaine cordialité et une nouvelle entente entre les deux puissances. Une perception pragmatique et réaliste des enjeux internationaux, tant du côté russe que du côté américain, a permis à la Russie de revenir en force sur la scène internationale en jouant un rôle prédominant dans la lutte contre le terrorisme ou en étant associé dans des efforts de médiation dans des dossiers complexes comme ceux du conflit israélo-palestinien, de la Corée du Nord ou de l'Iran.
Aujourd'hui, la géostratégie russe, telle qu'elle a été conçue par Vladimir Poutine, ne peut être appréhendée sans concevoir l'importance grandissante des fournitures d'énergie (pétrole et gaz naturel) sur le marché mondial compte tenu d'une demande structurellement en hausse pour une offre qui plafonne. Lors de son discours au peuple russe de décembre 2005, le président russe déclare : « Gazprom est un puissant levier d'influence économique et politique sur le reste du monde ». En effet, la Russie est le premier producteur mondial (600 milliards de m3 par an) et le premier exportateur mondial de gaz (200 milliards) et le deuxième producteur (380 millions de tonnes, 10 % de la production mondiale) et exportateur majeur de pétrole. Ses réserves gazières s'élèvent à plus de 25 % des réserves mondiales, ses réserves pétrolières sont les plus importantes exploitables hors OPEP. La Fédération de Russie est, de fait, le premier fournisseur de l'Union européenne (40 % du gaz consommé, 30 % du pétrole) dont la demande est en constante progression. Du fait de ses richesses en gaz et en pétrole (ainsi qu'en beaucoup d'autres matières premières stratégiques d'ailleurs), du contrôle d'un réseau immense et sans équivalent d'oléoducs et de gazoducs (150 000 km de gazoducs) qui irrigue tout le continent européen et dont elle a hérité en 1991, la Russie détient actuellement une position géopolitique de premier plan grâce à laquelle elle tente de renforcer sa place d'acteur majeur dans le « grand jeu » des superpuissances (géopolitique du pétrole).
Début 2007, face aux projets d'installation de systèmes d'armes balistiques américains en Pologne et en République tchèque (présentés par les États-Unis comme un « bouclier », une protection anti-missiles contre d'éventuelles attaques nucléaires iraniennes, mais qui de facto affaiblissent la dissuasion nucléaire russe face à l'arsenal américain et sont ressentis comme une menace par la population russe), Poutine hausse le ton dans ses relations avec les États-Unis et l'OTAN. Son discours, prononcé le devant la Conférence de Munich sur la sécurité, a expressément fustigé le rapprochement des bases de l'OTAN des frontières de la Russie en violation des promesses faites à Gorbatchev au début des années 1990, ainsi qu'un monde unipolaire avec « Washington pour centre de direction », qui imposerait ses lois intérieures et sa propre vision du monde à l'ensemble de la communauté internationale[44]. Le , à la veille du sommet du G8 à Rostock, Vladimir Poutine menace de pointer de nouveaux missiles Iskander vers l'Europe de l’Est (déploiement qui s'accompagnerait de l'installation d'armes nucléaires dans l'enclave russe de Kaliningrad) si les États-Unis déploient aux frontières russes leurs armes balistiques, reprenant ainsi au plus haut niveau des menaces voilées exprimées jusqu'ici par les chefs de l'armée russe.
Face aux changements de la donne géostratégique en Europe apportés par les États-Unis, la Russie suspend l'application du Traité sur les forces conventionnelles en Europe, le 12 décembre 2007, ce qui crée un remous au sein de l'OTAN et à Washington[45] (les dispositions du Traité n'étaient en fait appliquées jusqu'alors que par la Biélorussie, l'Ukraine et la Fédération de Russie mais non par les membres de l'OTAN).
Lors du sommet de l'OTAN à Bucarest en , alors qu'invité pour discuter de l'autorisation du transport logistique de matériel non militaire sur le sol russe, Vladimir Poutine a déclaré que l'élargissement de l'OTAN aux ex-républiques soviétiques d'Ukraine et de Géorgie constituait une menace pour la Russie. En parlant de l'Ukraine, il a notamment précisé que son éventuelle adhésion à l'OTAN ne va pas constituer une garantie pour sa démocratisation[46][source insuffisante].
Chef du gouvernement de Medvedev (2008-2012)
Alors qu'il approche du terme de son deuxième mandat présidentiel, Vladimir Poutine déclare à plusieurs reprises ne pas avoir l'intention de demander une modification de la Constitution afin de briguer un troisième mandat consécutif en mars 2008.
Il annonce alors sa volonté de prendre la tête de la campagne électorale de du parti Russie unie pour briguer la présidence du gouvernement, ce qui lui permettrait de conserver un certain pouvoir tout en respectant la Constitution. Le , Russie unie remporte les élections législatives avec 64 % des voix[47]. Il est à noter que le scrutin de 2007 est le premier à avoir eu lieu en Russie sur un mode totalement proportionnel. Cette victoire offre à Vladimir Poutine un « droit moral », selon ses propres propos, pour continuer à gouverner[48].
Le 10 décembre 2007, Vladimir Poutine soutient officiellement Dmitri Medvedev pour le remplacer à la présidence. Le même jour, Medvedev devient le candidat à l'élection présidentielle de 2008 désigné par quatre partis : Russie unie, Russie juste, le Parti agraire et Force civile. Dmitri Medvedev, vainqueur de la présidentielle russe du 2 mars 2008, demande à Vladimir Poutine d'occuper le poste de président du gouvernement après son départ du Kremlin. Celui-ci est investi dans ses fonctions à la tête du gouvernement le , le jour de la fin de son mandat présidentiel. Le 8 mai 2008, la Douma d'État entérine la nomination de Vladimir Poutine à la tête du gouvernement.
Vladimir Poutine accepte par ailleurs de prendre la tête de Russie unie, lors de son congrès du , sans toutefois y adhérer.
Crise économique de 2008
Selon la Banque mondiale, la crise en Russie commence dans le secteur privé en provoquant trois chocs : la baisse du commerce intérieur, le reflux des capitaux et le gel des emprunts[49]. Les prémices se déclarent en , lorsque la tendance de la bourse russe est à la baisse et que la cote s'écroule à la fin du mois de juillet. De plus, le conflit russo-géorgien d', les Américains soutenant mollement les Géorgiens, provoque une fuite des capitaux hors de Russie. C'est en septembre-octobre que les premières mesures gouvernementales sont prises, afin de renforcer le système financier russe, à l'instar de ce qui se fait dans les autres pays occidentaux: recapitalisation des banques, limitation du déficit de liquidités des banques en particulier, évitant ainsi la banqueroute. Vladimir Poutine déclare le que la responsabilité de la crise incombe au gouvernement et au système des États-Unis en soulignant que « tout ce qui se passe aujourd'hui dans la sphère économique et financière a commencé, comme on le sait, aux États-Unis[50] ».
Le , le chef du gouvernement annonce des réductions budgétaires des monopoles d'État et le fait que le soutien ultérieur au monde des affaires devra s'effectuer sans dépenses additionnelles au budget de l'État. Le 8 novembre 2008, il soutient les mesures présidentielles à l'égard du secteur financier et des secteurs touchés par la crise. Les taxes à l'importation de certains produits agricoles sont momentanément surélevées pour soutenir l'agriculture russe, à partir du 11 décembre 2008. Le 19 décembre 2008, le secteur automobile est aidé par la facilitation du crédit à l'achat de véhicules et l'apport de financements à la production. Le reflux des capitaux est estimé pour l'année 2008-2009 à 191,1 milliards de dollars[51]. Le 5 décembre 2008, les tarifs douaniers sont augmentés dans le secteur automobile pour les véhicules lourds et légers de marques étrangères, ce qui provoque des protestations dans les provinces de Russie d'extrême-orient, importatrices d'automobiles asiatiques.
En , Vladimir Poutine effectue une visite officielle à Paris et le partenariat entre la France et la Russie se traduit à cette occasion par la signature de nombreux accords commerciaux dans les domaines de l'énergie, de la défense et de l'automobile[N 4].
La Banque mondiale fait savoir, en , que les pertes russes ont été moindres qu'il ne l'avait été prévu au début de la crise[52]. La croissance du premier trimestre 2010 est de 2,9 % et la croissance du secteur industriel est de 5,8 %, faisant de la Russie le second pays derrière le Japon dans le groupe des huit pays industrialisés[53]. Toutefois, pendant le premier trimestre 2010, des dizaines de milliers de personnes bravent les interdictions de manifester d'abord à Kaliningrad, puis dans une cinquantaine de villes, et réclament la démission de Poutine en raison de la hausse du coût de la vie[54],[55],[56].
Candidature contestée à un troisième mandat présidentiel
Le , lors du congrès de Russie unie, le président Dmitri Medvedev propose la candidature de Vladimir Poutine à l'élection présidentielle du 4 mars 2012. Le même jour, celui-ci confirme à la tribune sa candidature, Dmitri Medvedev devant prendre la tête du gouvernement après sa victoire. Vladimir Poutine est officiellement investi candidat de Russie unie le [57]. Il n'avait pas pu se représenter en 2008 car la Constitution russe impose une limite de deux mandats consécutifs ; en outre, une réforme constitutionnelle a entre-temps fait passer la durée du mandat présidentiel de quatre à six ans, ce qui lui permettrait de rester à la présidence jusqu'en 2024[58]. À la suite de cette annonce, le ministre des Finances Alexeï Koudrine, longtemps pressenti pour le poste de président du gouvernement dans le cas d'une candidature de Poutine, critique publiquement cette décision, ce qui l'amène à démissionner le [59].
Lors des élections législatives de décembre 2011, Russie unie obtient 49,32 % des voix, soit 15 points de moins qu'en 2007. Ce recul est, selon les observateurs, en partie imputable à ce qui est qualifié de « tour de passe-passe » avec Medvedev. Ces élections sont rapidement contestées en raison de fraudes présumées en faveur du parti en pouvoir. Alors que d'importantes manifestations ont lieu pour réclamer l'annulation du scrutin, la cote de popularité de Poutine diminue à des niveaux entre 42 et 51 % des sondés[60],[61].
Si Poutine reste le grand favori dans la course au Kremlin, il fait pourtant figure de dirigeant contesté au sein d'une partie de la population. Ainsi, plusieurs manifestations anti-Poutine ont lieu à Moscou et dans les grandes villes du pays et mobilisent plusieurs milliers, voire dizaine de milliers de personnes[62][source insuffisante].
Troisième mandat présidentiel (2012-2018)
Le , Vladimir Poutine est élu pour un mandat de six ans avec 63,6 % des voix au premier tour. Si le résultat est contesté par l'opposition, plusieurs chefs d'État, à l'image du président chinois Hu Jintao, ont félicité le président élu. Le soir même de l'élection, un concert de soutien au président du gouvernement, est organisé devant le Kremlin.
L'investiture présidentielle de Poutine se tint le , lors d'une cérémonie officielle ayant pour théâtre le Kremlin[63]. Le jour même, le nouveau président de la Fédération propose la candidature de son prédécesseur, Dmitri Medvedev, au titre de président du gouvernement ; la décision est étudiée puis approuvée par le Parlement[64].
Le , Vladimir Poutine, dans la salle des fêtes du Kremlin, prononce son premier discours à la Nation depuis son élection à la présidence. Au cours de cette longue intervention, le chef de l'État russe fait un grand nombre d'annonces, parmi lesquelles la création, notable et prochaine, d'un impôt sur les grandes fortunes ; une réforme annoncée parmi beaucoup d'autres, que Poutine souhaiterait mettre en place pour lutter contre les opérations illégales observées de plus en plus fréquemment dans l‘économie russe[65].
En 2013, la gestion habile de l'affaire d'écoutes révélée par Edward Snowden, puis les manœuvres diplomatiques de Poutine autour de la Syrie, permettant d'éviter une opération militaire occidentale qui s'annonçait imminente, montrent, selon les observateurs politiques, l'importance et le rôle accru de la Russie sur l’échiquier politique international. La venue des Jeux olympiques à Sotchi l'année suivante accroît également la pression médiatique sur la Russie.
Dans un même temps, en s'appuyant sur les valeurs chrétiennes et familiales traditionnelles auxquelles la population russe est encore largement fidèle, Vladimir Poutine fustige la légalisation du mariage homosexuel dans plusieurs pays occidentaux. Sous son impulsion, une loi prohibant la « propagande homosexuelle auprès des mineurs »[66],[67] est instaurée. Toutefois, le président Poutine rappelle à plusieurs reprises que l'homosexualité est dépénalisée en Russie depuis 1991 et que la discrimination selon l'orientation sexuelle n'est pas légale[68]. Plusieurs journalistes lui reprochent alors ses liens avec le chef de la République de Tchétchénie — membre de Russie unie, parti de Poutine — Ramzan Kadyrov : ce dernier est accusé d'avoir commandité plusieurs meurtres et d'inciter à la violence et la torture envers les homosexuels, emprisonnés et battus dans des camps[69].
En décembre 2013, il dissout l'agence de presse officielle RIA Novosti afin de donner naissance à un nouvel organisme, Rossia Segodnia[70]. Ce nouvel organisme diffuse par différents canaux dont l'agence de presse Sputnik et le câble télévisuel RT un point de vue largement pro-russe à l'étranger, non seulement sur les affaires internes à la Russie, mais également propres à d'autres pays.
L'opposant Boris Nemtsov, qui s'apprêtait à publier un rapport intitulé Poutine. La Guerre, est assassiné en 2015 devant le Kremlin, ce qui fait de nouveau descendre des gens dans la rue[71]. Ce rapport traitait de l'invasion de la Crimée par la Russie, illégale en vertu du droit international, et le rôle que joue le gouvernement russe dans la guerre du Donbass en Ukraine, en armant les rebelles de l'est du pays. Ces actions jugées bellicistes par les membres du Groupe des huit valent la suspension de la Russie du cercle économique.
Dès le début de la guerre civile syrienne, la Russie apporte son soutien militaire au régime syrien. Le , à la demande de Bachar el-Assad, affaibli par plusieurs revers, la Russie intervient directement en Syrie. L'aviation russe commence alors une campagne de frappes aériennes contre les rebelles et l'État islamique[72],[73]. Le , un Soukhoï Su-24 russe est abattu par l'aviation turque près de Lattaquié et un pilote tué, ce qui provoque une crise diplomatique entre la Russie et la Turquie, jusqu'à leur réconciliation à l'été 2016[74],[75],[76]. Cependant, l'intervention des Russes renverse la balance en faveur des loyalistes qui progressent à nouveau sur plusieurs fronts[77]. Des négociations sont menées entre les États-Unis et la Russie pour tenter d'obtenir un cessez-le-feu entre les rebelles et le régime et un règlement politique du conflit. Des trêves sont proclamées en Syrie en janvier, puis , mais elles ne durent à chaque fois que quelques jours[78],[79]. À la fin de l'année 2016, les interventions militaires russe et iranienne permettent la victoire du camp loyaliste lors de la bataille d'Alep. Cependant, les bombardements russes et syriens provoquent la mort de plusieurs milliers de civils dans les quartiers rebelles ; les hôpitaux et les casernes de la défense civile syrienne sont ciblés à plusieurs reprises jusqu'à leur destruction complète. Les forces aériennes russes utilisent également des bombes « Bunker buster », des bombes à sous-munitions et des bombes incendiaires[80],[81],[82],[83],[84],[85]. À l'automne 2016, le régime syrien et la Russie font alors l'objet d'accusations de crimes de guerre de la part des États-Unis, de la France, du Royaume-Uni, de l'Union européenne et d'Amnesty International[86],[87],[88]. Jean-Marc Ayrault condamne la « stratégie de guerre totale » de la Russie[89] alors que Boris Johnson estime que « la communauté internationale a le devoir de protéger » les populations syriennes face à l'« horreur » des frappes russes. Il affirme par ailleurs devant le Parlement britannique : « s'il faut pour cela affronter la puissance aérienne russe [...], alors il faut le faire »[90].
La mise en place sur le plan intérieur d'un projet visant à inciter plusieurs milliers d'étudiants étrangers à venir étudier en Russie gratuitement est proposée par Poutine[91]. Il annonce également la création d'une garde nationale composée de 400 000 soldats, qui sera notamment chargée de protéger les institutions, et d'assurer le maintien de l'ordre en cas de grands troubles intérieurs en remplacement de l'armée traditionnelle[92].
Son mandat est marqué par une vague de soutiens parmi les partis d'extrême droite européens[93], mais aussi dans certains partis de gauche ou d'extrême gauche[94].
Le , le président russe fait un discours à Sotchi, réfutant les affirmations de Barack Obama et Hillary Clinton, selon lesquelles des pirates russes à son ordre seraient les responsables du piratage des bases de données du Parti démocrate américain. Cependant, le président américain se base sur des recherches préliminaires amorcées par le Federal Bureau of Investigation, allant en ce sens. Poutine se déclare neutre quant à la finalité de l'élection présidentielle américaine de 2016 opposant Donald Trump à Hillary Clinton. Il aurait cependant une légère préférence pour une victoire de Trump, qui défendrait selon lui les intérêts des gens « ordinaires » aux États-Unis[95],[96].
En , la chaîne payante américaine Showtime diffuse un documentaire du réalisateur américain Oliver Stone, The Putin Interviews, dans le cadre duquel le chef du Kremlin met en garde contre une recrudescence de l’hostilité entre les États-Unis et la Russie et déclare penser que « personne ne survivrait à un épisode de conflit armé » entre les deux pays. Il ajoute que malgré les tensions actuelles, il « ne désespérait pas d'une restauration des relations avec Washington »[97]. En réaction aux remous causés par l'affaire du Russiagate il a estimé que l'ancien directeur du FBI, James Comey, « n'avait fourni aucune preuve que la Russie avait interféré dans les élections américaines » lors de son témoignage au Sénat[98].
Quatrième mandat présidentiel (depuis 2018)
Vladimir Poutine prête serment pour son nouveau mandat à la présidence de la Russie le [99]. Il propose le jour-même la reconduction de Medvedev à la tête du gouvernement[100].
En , sa popularité atteint l'un de ses plus faibles niveaux, principalement en raison d'une très impopulaire réforme prévoyant un relèvement de cinq ans de l'âge de départ à la retraite[101].
Le , Vladimir Poutine propose une réforme de la Constitution russe renforçant les pouvoirs du Parlement au détriment du pouvoir présidentiel. Le suivant, il annonce un amendement de la Constitution, dans le but d'y mentionner « Dieu » et d'y inscrire qu'un mariage n'est possible « qu'entre un homme et une femme »[102]. Le , la Douma vote un amendement du projet de révision constitutionnelle qui permettrait à Vladimir Poutine ainsi qu'à l'ancien président Dmitri Medvedev de briguer deux nouveaux mandats consécutifs après 2024, ouvrant la voie à la possibilité du maintien au pouvoir du président russe jusqu’en 2036[103]. Le suivant, Vladimir Poutine signe l'amendement de la Constitution lui permettant de briguer deux mandats supplémentaires. Après validation du texte par la Cour constitutionnelle, le président annonce qu'un vote par référendum se tiendra le si la « situation sanitaire » — liée à la pandémie de Covid-19 — le permet. Ce n’est pas le cas et Vladimir Poutine annonce le que, finalement, le référendum se tiendra au début du mois suivant[104],[105]. Le , la révision constitutionnelle est adoptée avec 77,9 % des suffrages exprimés[106]. Le suivant, Vladimir Poutine signe un décret qui donne désormais jusqu'en 2030 pour réduire de moitié la pauvreté dans le pays, voulant mener à leur terme « les objectifs de développement de la Russie » d’ici à cette date[107]. Le , il fait adopter une loi donnant l'immunité judiciaire à vie aux anciens présidents, ainsi qu'à leurs proches : ce nouveau texte dispose qu’un ex-président russe « ne peut être poursuivi pénalement ou administrativement » ; il ne peut pas, par ailleurs, être arrêté par la police, subir un interrogatoire ou être perquisitionné[108].
En novembre, Vladimir Poutine joue un rôle clé dans l'obtention d'une déclaration de cessez-le-feu, mettant fin à la guerre au Haut-Karabagh.
Dans une vidéo publiée sur YouTube le [109] et qu'il présente comme le résultat d'une enquête menée par sa Fondation anti-corruption (FBK), l'opposant Alexeï Navalny dénonce le faste et les financements du « palais de Poutine », une immense demeure dotée de nombreux équipements (héliport, patinoire, casino, piscine, spa, aquadiscothèque, etc.). L'opposant prête notamment au président Poutine un goût « pathologique » pour le luxe et détaille des montages financiers dont le but serait de « créer comme un tampon autour du palais » par rapport à son véritable propriétaire. Trois jours après sa publication, la vidéo de près de deux heures avait été visionnée plus de 53 millions de fois[110]. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, réagit en affirmant ne pas l'avoir vue mais indique en même temps que rien de ce qu'elle dit n'est vrai[111],[110]. Dans le pays, des manifestations éclatent alors en soutien à Navalny, emprisonné depuis son retour en Russie le 13 janvier, et contre le président Vladimir Poutine, alors accusé d'être un « voleur » par les manifestants. En réaction, Vladimir Poutine accuse l'Occident d'utiliser Navalny pour « tenter d'endiguer la Russie »[112].
Le 20 mai 2021, lors d'une réunion sur les dernières armes de défenses russes portant notamment sur le super-missile Avangard, Vladimir Poutine estime que de nombreuses puissances occidentales « n'acceptent pas l'immensité de la Russie »[113]. Moscou se félicite cependant de « signaux positifs » dans l'avancée des relations russo-américaines, Washington ayant annoncé l'abandon de certaines sanctions contre le gazoduc stratégique Nord Stream 2[114].
Le 4 juin 2021, Vladimir Poutine promulgue une loi, adoptée en mai par la Douma, qui interdit aux collaborateurs d'organisations qualifiées par la justice d’« extrémistes » de participer aux élections. Une grande partie de l’opposition y voit un moyen de limiter le nombre de candidats hostiles au pouvoir en place[115].
Le parti présidentiel, Russie unie, arrive en tête des élections législatives de septembre 2021 avec 49,85% des suffrages exprimés. Sans aucune preuve à l'appui, l'opposition accuse le pouvoir de fraude électorale, parlant de « bourrages d'urnes » et de « manipulation du vote en ligne ». L'Union européenne dénonce un « climat d'intimidation », tandis que les États-Unis estiment que « Les russes ont été empêchés d'exercer leurs droits civiques ». Le Royaume-Uni déplore un "grave recul des libertés démocratiques"[116]. Dans un communiqué, Vladimir Poutine remercie les russes pour « leur confiance » suite à cette victoire qui le renforce d'une nouvelle majorité à la Douma, deux ans avant l'élection présidentielle de 2024[117].
Vie privée
En 1982, Poutine rencontre Lioudmila Alexandrovna Chkrebneva, une jeune hôtesse de l'air, qu'il épouse l'année suivante. Ils ont ensuite deux filles, Maria, née en 1985 à Léningrad, et Ekaterina, née en 1986 à Dresde.
Le , confirmant de nombreuses rumeurs sur leur séparation, démentie à plusieurs reprises par le couple présidentiel, Vladimir et Lioudmila Poutine annoncent leur divorce lors d'un entretien accordé à la chaîne Rossiya 24[118],[119].
Poutine, encore marié, aurait eu une liaison avec Svetlana Krivonogikh (qui donne naissance à leur fille en 2003)[120][source insuffisante] puis avec la gymnaste Alina Kabaeva, de trente ans sa cadette, et l'aurait aidée à se faire élire à la Douma d'État en 2007. Ils auraient ensuite eu ensemble trois enfants[réf. nécessaire].
Prises de position
Économie
En 1999, il annonce sa volonté de structurer l'économie russe par un réseau de PME-PMI : « L'État doit agir où et quand on a besoin de lui ; la liberté doit exister où et quand elle est requise ». Le journaliste Frédéric Pons affirme que Vladimir Poutine est « libéral en économie ». Durant ses deux premiers mandats présidentiels, Poutine s'entoure de ministres et de conseillers libéraux, dont Andreï Illarionov.[réf. nécessaire]
Ce dernier estime toutefois que Vladimir Poutine ne peut pas être qualifié de libéral ni sur le plan économique — « il a adopté à l'époque une forme économique neutre, répandue en Occident, ni de gauche ni libérale au sens classique » —, ni sur le plan politique — « ayant développé ses vues au sein du KGB, il a initié une politique qui n'a absolument rien à voir avec le libéralisme » ; il résume le projet de Vladimir Poutine dans la volonté de « construire un système impérial efficace et contemporain, fondé sur une économie de marché ». Pour Alexandre Morozov, « il ne promeut [à cette époque] aucune « voie russe » spécifique, mais une philosophie politique tout à fait européenne ». Plus globalement, il juge que « la philosophie fondamentale de Poutine demeure économico-centriste. Il veut gagner des ressources pour participer au capitalisme mondial avec de nouvelles forces. Mais il ne propose pas de doctrine alternative par rapport au capitalisme financier global. Il ne veut pas le détruire ni proposer autre chose »[121].
Durant ses deux premiers mandats, le gouvernement russe replace des secteurs économiques stratégiques accaparés par des oligarques, notamment les hydrocarbures, sous le contrôle de l'État[réf. nécessaire]. Il entreprend par ailleurs de réduire les dépenses sociales et d'instaurer une fiscalité favorable aux entreprises et aux hauts revenus ; un taux unique d'imposition sur le revenu (13 %) est mis en place en 2001, et un nouveau code du travail plus favorable au patronat est adopté en 2002[réf. nécessaire]. Les autorités ajoutent au système de retraite un système par capitalisation obligatoire ; 6 % des cotisations retraite sont ainsi dirigées non vers le financement des retraites en cours, mais vers des intermédiaires financiers ou des fonds de pension privés[122].
En 2005, à la suite d'un mouvement de protestation sans précédent depuis le début des années 1990 , le gouvernement est amené à introduire certaines réformes sociales, dont notamment le renforcement des allocations familiales. Après la crise économique de 2008, puis les sanctions imposées par les Etats-Unis et l'Union européenne en 2014 qui font entrer la Russie en récession, le gouvernement relance sa politique d'austérité en réduisant certaines dépenses sociales. En matière fiscale, les autorités choisissent d'augmenter les taxes et impôts sur le travail (élévation du taux de l’impôt sur le revenu et de la TVA) et de réduire ceux sur le capital. De nombreuses aides et crédits d’impôt sont octroyés aux grandes entreprises, y compris les plus rentables. D'après la Cour des comptes, ces avantages fiscaux se sont traduits par un manque à gagner de 11 000 milliards de roubles (145 milliards d'euros) pour le budget de l'État[122].
Attitude à l'égard de l'URSS
Dès son arrivée à la présidence, Vladimir Poutine rétablit l'hymne de l'Union soviétique, contre l'opinion d'une partie significative de son administration, en faisant changer les paroles. En 2005, il déclare que la « désintégration de l'URSS a été la plus grande catastrophe géopolitique du XXe siècle »[10], mais également : « Celui qui ne regrette pas la dissolution de l’Union soviétique n’a pas de cœur ; celui qui veut ressusciter l’Union soviétique n’a pas de cerveau »[123]. Lors de son discours du 18 mars 2014, prononcé à l'occasion de l'annexion de la Crimée, il persiste : « Ce qui semblait impensable, malheureusement, est devenu réel. L'URSS s'est désintégrée », soutenant ainsi la reconquête de l'ancien territoire soviétique[10].
En janvier 2016, il accuse Lénine d'avoir fait « exploser la Russie » : « Il faut que les idées aboutissent à de bons résultats, et non pas comme cela a été le cas avec Vladimir Ilitch. »[124]. Partisan d'un État fort, il lui reproche d'avoir imposé le fédéralisme ayant conduit plus de 80 ans après à la dislocation de l'ensemble[125].
D'après Alexander Morozov, rédacteur en chef du quotidien en ligne Russki Journal, le « schéma cognitif du soviétisme tardif est manifeste dans sa manière d'envisager l'Occident, de mépriser les organisations internationales, d'avoir une attitude méprisante à l'endroit des « petits peuples » voisins de la Russie »[10].
Slavophilisme
Également inspiré par Ivan Iline, Vladimir Poutine se veut résolument slavophile après son retour à la présidence en 2012. Lors de son discours de victoire, il déclare : « La politique d'endiguement de la Russie, qui a continué au XVIIIe siècle, XIXe siècle et au XXe siècle, se poursuit aujourd'hui. On essaie toujours de nous repousser dans un coin parce que nous avons une position indépendante ». Alexandre Morozov souligne que depuis cette date sont apparues dans le langage de Vladimir Poutine les expressions de « civilisation russe » et de « code civilisationnel ». Alexandre Prokhanov, journaliste et écrivain russe d'extrême droite et anti-occidental, considère quant à lui, en 2014, que ses idées « commencent à avoir de l'effectivité » parmi les conseillers de Vladimir Poutine, et que ce dernier « restaure, en lui rendant sa forme impériale originelle, l'État sabordé par Boris Eltsine après la chute de l'URSS »[126].
Conservatisme
Les journalistes Vincent Jauvert et Frédéric Pons sont en désaccord sur le fait que Vladimir Poutine aurait renforcé son positionnement conservateur après son retour à la présidence en 2012[127]. Le , Vladimir Poutine appelle, devant l'ensemble des représentants de la nation, à la « défense des valeurs traditionnelles », et qualifie sa position de « conservatrice ». Par ailleurs, il mobilise régulièrement la pensée d'Ivan Iline, dont il a fait rapatrier les restes[128]. Dans cette perspective, l'État russe a implanté à New York et à Paris des « Instituts de la démocratie et de la coopération ». Après des premiers contacts noués par l'Église orthodoxe via les groupes anti-avortement en Europe[127], il tisse également des liens étroits avec des mouvements populistes de droite, dont le Front national en France[129], notamment, selon Le Nouvel Observateur, dans la perspective de « déstabiliser la scène politique européenne » et d'« affaiblir le lien transatlantique »[127].
Lors du sommet du G20 de 2019, Vladimir Poutine déclare que « le libéralisme est obsolète » et que les valeurs libérales entrent « en conflit avec l'intérêt de la majorité écrasante de la population », développant son propos en particulier sur le thème des migrants.[130],[131]
Eurasisme
À la fin des années 1990, Vladimir Poutine fréquente un cercle d'études consacré à Lev Goumilev, l'un des derniers représentants historiques de l'eurasisme[132]. S'il tente de se rapprocher de l'Otan dans les années 2000, proposant notamment une grande alliance aux États-Unis au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, l’intégration dans l'OTAN de pays de l'ancien bloc de l'Est le pousse à abandonner cette intention et explique notamment sa réaction face aux tentatives d'intégrer la Géorgie et l'Ukraine dans l'Otan[133]. Lors de son discours du , il cite Lev Goumilev en évoquant son concept de « passionarité » ou « énergie intérieure » du peuple russe, et qualifie le développement de la Sibérie et de l'Extrême-Orient russe de « priorité nationale pour tout le XXIe siècle ». Le projet d'« Union économique eurasiatique », qui naîtra en 2015, s'inscrit dans cette perspective[132]. Il s'explique également par le désintérêt de l'Europe occidentale pour sa proposition d’une « Europe de Lisbonne à Vladivostok ». Pour Frédéric Pons, « ces immenses marchés offrent à la Russie des relais de croissance et une intéressante profondeur stratégique ». D'après Alexandre Terletzski, « le nouveau Tsar, comme on aime à l’appeler, se veut le grand défenseur d’un monde multipolaire encore rejeté par les États-Unis »[123].
Popularité et influence
En Russie
Sa cote de popularité atteint près de 60 % en 2008, au plus fort de la guerre avec la Géorgie[134]. En , elle tombe à 39 %, mais il reste l'homme politique le plus populaire du pays, selon une enquête du Centre analytique Levada, qui souligne que « les gens ont tendance à tenir Medvedev responsable des problèmes du pays [alors que] Poutine est plutôt considéré comme le leader national qui résout les crises »[134].
La crise de Crimée augmente nettement sa cote de confiance, qui atteint 87 % en d'après Levada[135],[136]. En , selon un sondage publié au Washington Post, 83 % des Russes approuvent son action[137]. RTL explique cette popularité par le « patriotisme qui anime la Nation russe »[138]. Le patriotisme qui anime la Nation russe selon RTL est considéré comme une des raisons de la popularité de Vladimir Poutine. D’après l’analyse faite par RTL, il représente le retour de la puissante Russie, imposante forte et impitoyable. Il est comme « un second père pour eux »[139]. Il représente le changement et le progrès pour eux. C’est pour cette raison que les jeunes l’admirent autant. Ils le considèrent comme le flambeau qui représente la Russie aux yeux du monde entier et qu’ils peuvent brandir[139]. Comme lui-même le dit dans sa campagne électorale de 2018, « strong president [means] strong Russia. »[140]. D’une certaine manière, c’est donc l’imagerie que Poutine renvoie en Russie qui lui permet de faire croître sa popularité. Par son image d’homme fort et sportif, il forge ce personnage charismatique et imposant. Pour se faire connaître et aimer de tous, il mit entre autres, des portraits et des peintures de lui dans les établissements scolaires[141]. De cette manière, il est arrivé à se faire aimer particulièrement des jeunes. Quant aux personnes qui ne l’admirent pas, il a utilisé le moyen de la crainte pour obtenir le respect. L’imagerie, ainsi que l’histoire de Poutine a aussi tendance à installer la crainte vis-à-vis de l'ancien responsable du KGB. C’est notamment le cas parce que certains citoyens anti-Kremlin ou anti-Poutine ont été assassinés[142], qu’il s’agisse de crimes organisés par les services d’intelligences russes comme le pense Sergey Markov[143] ou par Poutine lui-même selon certains opposants[143]. De plus, beaucoup de médias font objet de censure, en particulier les médias sociaux qui servent de moyen de diffusion pour l’opposition[144]. En Russie, « les médias demeurent fortement surveillés par l’État par divers moyens » selon l’universitaire Tina Burrett[145].
En 2017, sa cote de popularité en Russie se situe autour de 85 %. Mais en 2018, sa popularité chute de vingt points, principalement en raison de la réforme contestée des retraites et de la baisse du pouvoir d’achat[146].Au début de la carrière politique de Poutine, en particulier après son élection à la présidence de la Russie en 2000[145], Poutine est admiré par plusieurs. Après près de 19 années au commandement de la Russie, la popularité de Poutine commence à baisser. Après des années au pouvoir, malgré les contestations et les théories du complot présentés par l’opposition, Vladimir avait jusqu’à présent réussi à se maintenir dans une bonne position par rapport à l’avis des russes. En 2019, il entreprend des reformes pour reporter l’âge de la retraite[147] qui ne seront pas appréciés des citoyens. Le Centre analytique Levada annonce que 40 % de citoyens russes sont insatisfaits de Poutine. Il est donc passé de 80 % d’approbation en février 2010 à 64 % en [148].
Dans le reste du monde
En , d'après une étude du Pew Research Center, les pays étrangers qui plébiscitent le plus Vladimir Poutine sont le Viêt Nam (70 %) et la Chine (54 %)[149],[150]. En , à la suite de l'intervention russe en Syrie, la popularité de Vladimir Poutine explose en Irak[151],[152]. D'une manière ou d’une autre, Poutine a réussi à se faire respecter en Russie. Néanmoins, pour consolider son image, il a besoin de se présenter dans le monde entier. Poutine a toujours tenu à préserver son image d'homme fort et indépendant, en un seul mot un homme capable. Pour préserver cette image qui est sa marque de fabrique, il doit donc prendre en main certaines situations. L'image de Vladimir Poutine est mitigée dans le monde. En se positionnant fermement dans un conflit ou aidant certains pays, la Russie a réussi à former des alliances et Poutine à accroître sa popularité. Grâce à l'intervention de la Russie en Syrie en 2015, les pays du Moyen-Orient et/ou les pays communistes ont vu la Russie comme une alliée. Mohammed Karim Nihaya, un peintre irakien affirme que « les Russes obtiennent des résultats »[153] contrairement aux « États-Unis et leurs alliés [qui] eux bombardent depuis un an sans parvenir à quoi que ce soit »[153]. Cette situation par exemple, est un des phénomènes qui contribuent à la perception de Vladimir Poutine comme un homme d'action. La popularité de Poutine continue de s'accroître dans ces pays tandis qu'elle reste mitigée dans les pays européens et d'Amérique du Nord. Nina Bachkatov dira donc à ce sujet que Poutine est « l’homme que l’occident aime haïr »[154]
Les Allemands sont seulement 12 % à faire plus confiance à Vladimir Poutine qu'à Angela Merkel, mais ils sont 23 % dans les Länder qui composent l'ex-RDA[155]. En France, un sondage BVA réalisé en 2014 indique que 84 % des Français ont une mauvaise opinion de Vladimir Poutine et que 14 % en ont une bonne[156]. Selon l'Ifop, Vladimir Poutine recueille parmi les Français 20 % d'opinions positives et 80 % d'opinions négatives en 2013 et 27 % d'opinions positives et 73 % d'opinions négatives en 2018[157]. C'est parmi les sympathisants d'extrême gauche, de la droite et d'extrême droite, qu'il recueille le plus d'opinions favorables[157],[158]. En 2017, l’Ifop indique que 53 % des Français sondés préfèrent Vladimir Poutine, contre 25 % qui préfèrent Donald Trump[159].
Selon un sondage Gallup, sa cote de popularité auprès des électeurs républicains américains a triplé entre 2015 et 2017[160].
Vladimir Poutine a su dès ses débuts cultiver cette image forte. Il a basé sa carrière politique sur son image en se servant du culte de la personnalité. Que ce soit les simples apparitions dans les magazines où s'il n’est pas présenté comme un président puissant, l'est comme un sportif invétéré. Du judo au karaté, en passant par le ski[161], il s’assure toujours d'avoir une image héroïque en public[162]. En plus de son image sévère, les différentes couvertures de magazines le mettant en valeur ont permis de renforcer son image outre-mer.
Il est l'homme le plus influent du monde selon le classement 2008 du magazine Vanity Fair[163], mais également la personnalité de l'année 2008 pour Time Magazine. Selon la liste des personnalités les plus puissantes du monde par Forbes, Selon la liste des personnalités les plus puissantes du monde par Forbes, Vladimir Poutine est l'homme le plus puissant du monde des années 2013, 2014, 2015 et 2016. Il est aussi la seule personnalité à être continuellement dans le top 5 annuel depuis la création de ce classement en 2009. Il est également élu homme le plus puissant du monde par le classement 2012 de Foreign Policy[164][source insuffisante].
Critiques
Gouvernance
Outre les accusations de fraudes électorales lors des élections de 2000[165], de 2008[166], de 2011[N 5],[167], de 2012[168], de 2016[169], de 2018[170], certains analystes considèrent qu'il existe une dérive autoritaire du pouvoir de Vladimir Poutine. En , Marie Mendras, chercheuse au CERI et enseignante à l'Institut d'études politiques de Paris connue pour son opposition à Vladimir Poutine, jugeait qu'en Russie, « il n'y a plus ni Parlement ni Cour constitutionnelle dignes de ce nom, le gouvernement est court-circuité par l'administration présidentielle, les juges sont soumis au pouvoir politique dès qu'une affaire devient délicate. Cela nous ramène au problème de la violence et de l'impunité [...]. Désinstitutionalisation du régime, opacité des décisions, montée de l'arbitraire et des méthodes expéditives : tout cela traduit une agitation croissante des cercles dirigeants »[171].
Cependant, plusieurs acteurs publics et experts ont une opinion plus favorable. L'ancien chancelier allemand Gerhard Schröder, actuellement président du Conseil de surveillance du consortium gazier germano-russe North-European Gas Pipeline Co (détenu à 51 % par Gazprom), met en garde, le , contre « les erreurs typiques commises dans l'appréciation de la Russie et de son président en Occident ». Selon lui, « le président russe a réussi à élever substantiellement le niveau de vie dans le pays et à rétablir l’État », et il aurait « le mérite historique d'avoir engagé la Russie sur la voie de la stabilité et de la fiabilité en tant que partenaire ». Reconnaissant que, dans de nombreux domaines, la Russie « n'est qu'au début d'un chemin long et difficile », Gerhard Schröder a invité les adversaires de la Russie à ne pas rechercher des défauts dans ses actions et des insuffisances du point de vue de la démocratie occidentale, mais à soutenir ses efforts déployés dans sa progression vers la démocratie. « Certes, la Russie a des insuffisances, mais nul ne les connaît mieux que les dirigeants russes et nul ne pourra les surmonter mieux qu'eux », a souligné l'ex-chancelier[172]. Interrogée par le Huffington Post, la journaliste et historienne Galia Ackerman affirme qu’ « Il a participé à la stabilisation du pays, c'est tout à fait vrai ». Concédant que « le niveau de vie a fortement augmenté », elle souligne cependant qu’il « en a profité pour améliorer davantage le niveau de vie des fonctionnaires et dans les secteurs proches de l'État comme la sécurité ou la justice. »[173].
Vladimir Poutine est nommé personnalité de l'année selon le Time en 2007[174], chose controversée du fait de l'assassinat en 2006 à Londres d'Alexandre Litvinenko, que plusieurs journalistes et enquêteurs britanniques imputent au pouvoir russe[175]. Le titre de l'édition en ligne du Time Magazine tente de synthétiser l'essence de la politique intérieure du président russe : « Choisir l'ordre avant la liberté »[176]. L'arrestation, le procès et l'emprisonnement des membres du groupe féministe militant Pussy Riot est donné en exemple.
Pour le journal Vedomosti, « le niveau croissant de la criminalité et du nombre de verdicts bizarres et étrangement cléments ne font que renforcer le sentiment d'injustice au sein de la société russe[177] ». Cependant, le taux d'homicides volontaires a diminué sous la présidence de Vladimir Poutine[178],[179]. Sous Boris Eltsine, environ 19 personnes sur 100 000 habitants décèdent de mort violente, contre 10,2 pour 100 000 en 2010. Les associations de défense des droits de l'homme, dont, en Russie, Memorial, fondée par Andreï Sakharov, de même qu'une minorité d'opposants, estiment que l'État de droit est menacé dans le pays et dénoncent l'autocensure des médias. Plusieurs titres de presse indépendants, ainsi que la chaine de télévision NTV, rachetés par Gazprom et par d'autres structures contrôlées par l'État, semblent avoir réduit leur regard critique[réf. nécessaire].
À partir de 2005, une partie de l'opposition se regroupe à plusieurs reprises pour organiser des manifestations, telles que La Marche du désaccord, Stratégie-31, Poutine doit partir, auxquelles cependant les partis les plus importants de l'opposition à la Douma (Parti Communiste, Rodina, LDPR), ne participent pas. Ce mouvement regroupe des courants politiques hétéroclites, dont des libéraux, L'Autre Russie ou jusque 2006 le Parti national-bolchevique. Parmi ses chefs de file, on retrouve le champion d'échecs Garry Kasparov, le dissident Édouard Limonov, l'ancien premier-ministre Mikhaïl Kassianov, l'avocat Alexeï Navalny, le militant Sergueï Oudaltsov ou l'homme d'état Boris Nemtsov. Ces manifestations sont souvent interdites pour diverses raisons par les autorités, les militants sont arrêtés, emprisonnés ou subissent des pressions[180],[181],[182]. La candidature de opposants ces opposants est fréquemment rejetée pour des motifs divers[183]. Certains militants anti-Poutine notables ont été assassinés, comme Iouri Tchervotchkine ou Boris Nemtsov[184], d'autres ont subi des tentatives d'assassinat, comme Vladimir Vladimirovich Kara-Murza[185],[186],[187],[188].
Alors que la chute de l'URSS permet l'avènement de la liberté de la presse, les présidences de Vladimir Poutine auraient réintégré certaines formes de censure — à l'image des œuvres de l'artiste Konstantin Altounine, qui expose en 2013 une peinture représentant Poutine en sous-vêtements féminins, ce qui provoque la fermeture du musée et la fuite d'Altounine — et la propagande. Les chaînes officielles diffusent ainsi un discours antiaméricain prononcé, en discréditant, selon Pierre Avril du Figaro, avec l'aide de vidéos fournies par les services secrets, les adversaires du pouvoir, alors que le Kremlin, selon le même journaliste, paie des internautes afin de poster à la chaîne des commentaires dithyrambiques pro-Poutine et des attaques contre les membres de l'opposition. De nombreux journalistes critiques du régime et de son président ont été assassinés, sans que leur assassinat soit clairement élucidé, tels que Paul Klebnikov, Anna Politkovskaïa, Stanislav Markelov ou Natalia Estemirova. Enfin, plusieurs médias indépendants créés dans les années 1990, tels que ceux de Vladimir Goussinski et Boris Berezovsky, sont sanctionnés, jusqu'à devoir être cédés au pouvoir ou fermer[189], tendance qui perdure[190].
Fortune
Plusieurs allégations ou accusations sont portées à l'encontre de Vladimir Poutine concernant une immense fortune personnelle clandestine qui aurait été amassée par le biais de proches ou d'anciens camarades ; toutefois, « il y a peu de preuves solides, sinon aucune, pour soutenir ces rumeurs et spéculations[191] » affirme le journaliste Peter Baker, du New York Times - ce qui ne permet pas d'évaluer précisément sa fortune. L'affaire des « Panama Papers » a tout de même permis de déterminer que l'entourage proche de Poutine a pu amasser plusieurs centaines de millions d'euros puisés dans l'argent public[192].
Sergueï Kolesnikov est un homme d'affaires qui est chargé par Poutine, alors adjoint du maire de Saint-Pétersbourg, de codiriger une société de matériel médical Petromed. Kolesnikov soutient que Poutine, une fois arrivé au Kremlin, aurait proposé de gros contrats à Petromed, à condition de verser en retour 35 % des recettes à Lirus, une société basée au Luxembourg et dont Poutine détiendrait 90 % des parts[réf. nécessaire]. Cinq cents millions de dollars auraient ainsi atterri sur les comptes de Lirus et auraient permis à Poutine de faire construire un complexe immobilier, dit « palais de Poutine », de 12 000 m2 sur les bords de la mer Noire[193]. Aujourd'hui cette résidence appartient à un proche de Poutine, l'homme d'affaires Alexandre Ponomarenko[194]. L'opposant Alexeï Navalny sort une enquête au sujet de cette fastueuse demeure en janvier 2021, prêtant notamment au président Poutine un goût « pathologique » pour le luxe[195].
Le politologue russe Stanislav Belkovski affirme en 2007 que Poutine est l'homme le plus riche d'Europe, qu'il possède quarante milliards de dollars en actions de compagnies de gaz (4,5 % de Gazprom) et de pétrole (50 % de Gunvor)[196].
Boris Nemtsov, ancien ministre de Boris Eltsine, affirme dans un rapport de 2012 que Poutine détiendrait des palais, des villas, des dizaines d'avions et d'hélicoptères d'une valeur totale d'un milliard de dollars ainsi que des yachts, des centaines d'automobiles et une collection de montres. Le porte-parole de Poutine a déclaré que tout est propriété de l’État et que Poutine en a seulement l'usage[197]. Boris Nemtsov ajoute que deux cents milliards de dollars d'actifs de compagnies du secteur gazier auraient été détournés vers des holdings détenues par des hommes de paille au service de Poutine tels Youri Kovaltchuk, les frères Arcadi et Boris Rotenberg ou Guennadi Timchenko[193]. Cependant, selon le Washington Post, il n'y a pas l'ombre d'une preuve pour appuyer ces accusations[198].
Officiellement, Vladimir Poutine possède un appartement de soixante-quinze mètres carrés, un studio à Moscou, deux voitures Volga et une somme de cent trente-cinq mille euros[193]. En 2012, Vladimir Poutine a déclaré cent mille euros de revenus[199].
En , dans le cadre de sanctions financières prises contre des personnalités russes en représailles au référendum de 2014 en Crimée qui la voit rattachée à la Russie, un communiqué du gouvernement américain affirme que « Poutine a des investissements dans Gunvor et pourrait avoir accès à des fonds de Gunvor »[200],[201].
Cependant, selon le Washington Post, ces allégations sont dénuées de tout fondement. Dans son édition du , le journal indique qu’ « il n’y a même pas l’ombre d’un indice pour étayer ces estimations de la fortune de Poutine »[202].
En 2016, dans le dossier Panama Papers, Sergueï Roldouguine, un proche du président Vladimir Poutine[203], est directement cité[192]. En réaction à ces révélations, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, considère qu'« il s'agit de déstabiliser le pays. [...] Je sais qu'il y a d'autres noms — incriminés dans l'enquête — mais il est clair que la cible principale de ces attaques est notre pays et son président [...] Il n'y a rien de concret ou de nouveau sur Poutine, il n'y a pas de détails, et tout le reste se fonde sur des spéculations »[204].
Le 14 avril, Vladimir Poutine admet publiquement que les informations des Panama Papers concernant ses proches sont vraies mais ajoute qu'elles ne contiennent rien d'illégal. Il accuse les États-Unis d'être à l'origine de ces provocations et défend Roldouguine en expliquant que ce dernier a « dépensé tout l'argent qu'il a gagné pour acheter des instruments de musique » et s'est « endetté auprès des fonds par lesquels il les a achetés[205] ». Le lendemain, il rend publique sa déclaration de revenus selon laquelle il a gagné 8,9 millions de roubles, soit 118 200 euros, en 2015. Il possèderait un appartement de 77 mètres carrés, un garage, trois voitures datant de l'époque soviétique et une caravane[206].
Lors d'une déclaration faite le devant le Comité judiciaire du Sénat des États-Unis Bill Browder, cofondateur de Hermitage Capital Management, affirme que Vladimir Poutine serait à la tête d'une fortune de deux cents milliards de dollars qu'il aurait obtenue en forçant les oligarques russes à lui céder une partie de leurs avoirs[207]. Cette somme, qui ne représente pas moins de 10 % du PIB de la Russie, se trouverait en Suisse, où elle constituerait ainsi 10 % du montant total des dépôts bancaires étrangers.
Dans son documentaire de près de deux heures publié sur YouTube au lendemain de son arrestation, Alexei Navalny expose en détail ce que la journaliste Veronika Dorman décrit comme un véritable système mafieux qui aurait permis à Vladimir Poutine de s'enrichir et d'enrichir ses proches en prélevant de l'argent sur les grands groupes industriels du pays dont beaucoup sont aux mains de ses amis[208].
Distinctions
Vladimir Poutine est récipiendaire de nombreuses décorations et ordres étrangers. Il est notamment titulaire de l'ordre du Libérateur du Venezuela[209], de l'ordre de l'Aigle d'or du Kazakhstan[163], de l'ordre de Zayed des Émirats arabes unis, de la médaille d'or du Sénat et du Congrès du Royaume d'Espagne[210], de l'ordre du roi Abdul-Aziz d'Arabie saoudite[211], de l'ordre de Ho Chi Minh du Viêt Nam, de la médaille de l'Amitié (Chine)[212] entre autres. Il est également grand-croix de la Légion d'honneur, remise personnellement par Jacques Chirac en 2006[213].
Autres distinctions
- Docteur honoris causa de plusieurs universités russes et étrangères, parmi lesquelles l'université indienne Nehru, l'université d'État turkmène[163], l'université d'Athènes[163], l'université de Belgrade[214].
- Personnalité de l'année en 2007 selon le Time Magazine (ce titre, qui distingue la personnalité ayant le plus influencé l'actualité, en bien ou en mal, n'est pas considéré comme honorifique).
- Personnalité de l'année 2007 par le magazine russe Expert.
- Lauréat du prix national russe « Pierre Le Grand »[215].
- Lauréat du prix Confucius de la paix 2011[216].
- Citoyen d'honneur de plusieurs villes de Serbie, dont Sombor, Požarevac et Apatin[163]. Également décoré en de l'ordre de la république de Serbie par son président Tomislav Nikolić[217].
- Grand-croix de l'Ordre de national du Mérite de la République de Guinée[218].
Distinctions à caractère sportif
- Judo, grade : ceinture « blanche et rouge » 8e dan au ; il est également président honoraire de la Fédération internationale de judo[219].
Notes et références
Notes
- Par intérim du au .
- Par intérim du au .
- Poutine a parlé anglais en public pour la première fois lors de son discours aux délégués de la Commission olympique internationale (CIO) du Guatemala, les remerciant d'avoir choisi Sotchi pour les Jeux d'hiver 2014. Il a prononcé aussi quelques mots en français à cette occasion (vidéo)
- La France et la Russie ont pu afficher hier la densité de leur coopération, à l’occasion de la visite à Paris de Vladimir Poutine, en annonçant des avancées importantes sur l’énergie et en discutant de l’achat par Moscou du puissant navire de guerre, le Mistral : ouverture du XIVe séminaire bilatéral, Jean-Pierre Thiollet, France-Soir, 28 novembre 2009. Rencontre Fillon-Poutine : une puissante dynamique franco-russe.
- voir Contestation des élections législatives russes de 2011
Références
- Prononciation en russe retranscrite selon la norme API.
- Cette racine indo-européenne se retrouve dans le mot anglais « path » ainsi qu'en français dans le mot « pont »
- On retrouve ce suffixe dans de nombreux mots français en ain ou ien. Exemples : Parisien (« de Paris »), châtelain (« du château »).
- Cette origine est confirmée dans Le Petit Robert des noms propres. Cf. Paul Robert et Alain Rey, Le Petit Robert des noms propres : dictionnaire illustré, Paris, Le Robert, , 2 470 p. (ISBN 978-2-84902-740-0 et 978-2-849-02888-9, OCLC 685056133), p. 1 837.
- Alexeï Timoféïtchev, « La guerre vue par les parents de Vladimir Poutine », sur fr.rbth.com, .
- Simon Sebag Montefiore, Les Romanov, Librairie générale française (Hachette), , 1369 p., "L'un des cuisiniers chargés de préparer les repas de Raspoutine durant la Grande Guerre était chef au luxueux hôtel Astoria de Petrograd. Il passerait au service de Lénine et Staline après la Révolution. Son nom : Spiridon Poutine - le grand-père du président Vladimir Poutine.".
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Annexes
Publications de Vladimir Poutine
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- Michel Eltchaninoff, « Dans la tête de Vladimir Poutine », Philosophie Magazine, , p. 34-41 (lire en ligne)
- Nicolas Tonev, « La fortune cachée de Poutine », Temps présent, Radio télévision suisse, (lire en ligne [vidéo]) « Les Jeux de Sotchi, c’est sa vitrine, la démonstration de sa toute-puissance. Vladimir Poutine offre au monde les Jeux les plus chers de l’histoire, comme si rien n’était trop beau. Mais sait-on que l’homme qui s’affiche en modeste Lada et revendique un salaire de 15 000 francs est parmi les hommes les plus riches d’Europe, avec une fortune personnelle estimée à 50 milliards de francs ? Enquête sur le système de détournement mafieux du régime russe. »
- Michel Eltchaninoff, Dans la tête de Vladimir Poutine : essai, Arles, Solin/Actes Sud, , 171 p. (ISBN 978-2-330-03972-1)
- Jacques Sapir, Le Chaos russe - Désordres économiques, conflits politiques, décomposition militaire, La Découverte, 1996.
- Viatcheslav Avioutskii, Les révolutions de velours, Paris, A. Colin, , 235 p. (ISBN 978-2-200-34540-2, OCLC 77236088).
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- Frédéric Pons, Poutine, Paris, Calmann-Lévy, coll. « Documents, Actualités, Société », , 374 p. (ISBN 978-2-7021-5517-2)
- Héléna Perroud, Un Russe nommé Poutine, Paris, Editions du Rocher, , 320 p. (ISBN 978-2-268-09637-7)
- Nina Bachkatov, Poutine, l'homme que l'occident aime haïr, Bruxelles-Paris, Editions Jourdan, , 200 p. (ISBN 978-2-87466-481-6)
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Articles connexes
- Politique et géostratégie de la Russie
- Le Système Poutine, film documentaire de Jean-Michel Carré
- Poiouchtchie vmeste, groupe musical pro-Poutine
- Poutine. Corruption, un rapport sur la corruption dans l'entourage de Poutine
- Hiver, va-t-en !, film documentaire russe sorti en 2012, produit par Marina Razbejkina et réalisé par dix de ses élèves
Liens externes
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