Alexeï Navalny
Alexeï Anatolievitch Navalny (en russe : Алексей Анатольевич Навальный, /ɐlʲɪkˈsʲej ɐnɐˈtolʲjɪvʲɪtɕ nɐˈvalʲnɨj/), né le dans l'oblast de Moscou, est un avocat et militant politique russe.
Fondateur de la Fondation anti-corruption (FBK), il est connu pour son opposition au régime du président Vladimir Poutine.
En , après avoir perdu connaissance, il est transféré dans une unité de soins intensifs en Allemagne, où des tests détectent des traces d'inhibiteurs de la cholinestérase (substances pouvant faire partie du groupe d'agents neurotoxiques « Novitchok »). Il revient ensuite en Russie, où il est condamné à deux ans et demi de prison en , et placé en détention dans un camp de travail. Les pays occidentaux dénoncent son emprisonnement.
Situation personnelle
Origines et famille
Ses parents dirigeaient une manufacture de vannerie dans la banlieue ouest de Moscou[1]. Son père, Anatoli Navalny, est né dans le village de Zalissya dans le raïon de Tchernobyl de la RSS d'Ukraine. Après avoir été diplômé de l'École militaire de Kiev, il est envoyé dans la banlieue moscovite. Sa mère, Lioudmila, est née dans les environs de Zelenograd et étudie à l'université d'État de gestion de Moscou après quoi elle travaille en tant qu'économiste[2]. Alexeï Navalny a un frère cadet, Oleg, né en 1983[3]. Sa cousine, Marina Navalna (uk), est une femme politique ukrainienne.
Enfance
Alexeï Navalny grandit dans le village militaire de Kalininets en banlieue moscovite, où son père est stationné, mais passe aussi une importante partie de ses vacances dans le village natal de son père en Ukraine jusqu'au moment de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl qui oblige sa famille à abandonner le village, la centrale nucléaire de Tchernobyl se trouvant à 600 m[4].
Études et mariage
En 1998, il est diplômé en droit de l'université russe de l'Amitié des Peuples et en 2001 de l'université des finances du gouvernement russe[5].
En 2009, il étudie à l'université Yale grâce au « Yale World Fellow »[6], après avoir été recommandé par le joueur d'échecs Garry Kasparov, par la rédactrice en chef du New Times Evguenia Albats (en) ou encore l'économiste Sergueï Gouriev[7].
Alexeï Navalny est marié à Ioulia Navalnaïa et le couple a deux enfants[5].
Il habite à Marino, dans le district administratif sud-est de Moscou[8].
Activité politique
Blogue Navalny
En 2009, il est conseiller du gouverneur de l'oblast de Kirov[9].
Il est connu pour être l’auteur du blogue Navalny sur LiveJournal et du site Rospil, où il dénonce des faits de corruption en Russie. En , il accuse l’entreprise d’énergie Transneft de détournement de fonds à hauteur de 2,9 milliards d’euros lors de la construction d’un oléoduc en Sibérie[10]. Il est surnommé par le magazine Time « l’Erin Brockovich russe »[11] et est désigné personnalité de l’année 2009 par le quotidien économique russe Vedomosti[12].
Législatives russes de 2011
Alexeï Navalny s’oppose au pouvoir en place en Russie et à Vladimir Poutine en particulier, qualifiant en son parti, Russie unie, de « parti des voleurs et des escrocs »[10]. Lors de la contestation des élections législatives russes de 2011, à laquelle il participe activement, il est emprisonné le [13]. À sa sortie de prison le , il appelle les Russes à s’unir contre Poutine, afin que celui-ci ne gagne pas l’élection présidentielle de 2012, à laquelle il se dit prêt à participer[14]. En 2011, la BBC décrit Navalny comme étant « probablement le seul réel opposant politique à avoir émergé en Russie ces cinq dernières années »[15]. Fin , il participe à l’organisation d’une manifestation qui rassemble 120 000 personnes selon l’opposition[16].
En 2011, Navalny établit la Fondation anti-corruption[17].
En , il participe à une manifestation qui dégénère en heurts avec la police. Il est arrêté avec le dirigeant du Front de gauche Sergueï Oudaltsov et condamné à quinze jours de détention administrative pour désobéissance aux forces de l'ordre[18].
De à , il siège au conseil d'administration d'Aeroflot sur la proposition d'Alexandre Lebedev (qui détient 15 % des actions)[19].
Candidature à la mairie de Moscou
En , sa condamnation à cinq ans de camp avec sursis pour détournement de fonds d'une société forestière est dénoncée comme un procès politique par les États-Unis et l'Union européenne.
Candidat aux élections municipales à Moscou, il axe sa campagne sur la dénonciation des migrants, qu'il décrit comme des délinquants[20].
Le , il est battu par le maire de Moscou sortant, Sergueï Sobianine (nommé par Vladimir Poutine par décret en 2010) par 52 % des voix contre 30 % mais conteste les résultats. Le taux de participation est de 30 %. Navalny affirme avoir récolté 35,6 % des voix, contre 46 % à son adversaire et réclame un second tour. Les ONG indépendantes qui ont surveillé le scrutin n'ont pas observé de « graves violations ». Selon le journaliste Pierre Avril, ce scrutin a permis à Navalny de s'affirmer comme l'un des principaux opposants à Vladimir Poutine[réf. nécessaire]. Dès lors, poursuivre les procédures judiciaires intentées contre lui reviendrait à en faire un martyr pour l'opposition[21]. Une manifestation de soutien de 9 000 personnes a lieu le lendemain. L'opposition à Poutine sort toutefois requinquée de ces élections municipales, notamment par la victoire d’Evgueni Roïzman à Iekaterinbourg, quatrième ville du pays et d'une candidate qui avait notamment le soutien du parti Iabloko à Petrozavodsk[22].
Placement en résidence surveillée
En , il est placé en résidence surveillée pour une durée de 2 mois par un tribunal de Moscou pour avoir quitté la capitale ce qui est en infraction avec un jugement rendu précédemment[23]. L'assignation à résidence est prolongée de six mois en [24].
En , il est reconnu coupable de diffamation à l'encontre d'un député qu'il aurait qualifié de toxicomane. Il est condamné à une amende de 300 000 roubles (6 000 euros au cours moyen de 50 roubles pour 1 euro à l'époque)[25].
Il est libéré début , mais se voit refuser de participer aux obsèques de son ami Boris Nemtsov, opposant à Vladimir Poutine assassiné le à proximité du Kremlin. Il déclare par la suite : « Je n'ai pas peur et mes associés non plus. Nous ne céderons sur rien »[26].
Tentative de candidature à élection présidentielle russe de 2018
En , Alexeï Navalny annonce sa candidature à l'élection présidentielle russe de 2018[27].
Navalny est arrêté le lors de manifestations anti-corruption à Moscou[28]. Le , il est condamné à 15 jours de détention et à une amende de 20 000 roubles (325 euros) par le tribunal du district Tverskoï de Moscou[29].
Un sondage du Centre analytique Levada effectué en en vue de l'élection présidentielle de 2018 montre que 63 % des Russes voteraient pour Vladimir Poutine et 2 % pour Alexeï Navalny[30].
Le , la commission électorale centrale annonce, qu'en raison de sa condamnation à cinq ans de prison avec sursis dans l'affaire Kirovles, Navalny est inéligible pour la prochaine élection présidentielle. Cette décision est aussitôt contestée par l'équipe de campagne de Navalny[31],[32], mais elle est confirmée le par la commission électorale centrale, après le dépôt de la candidature de l'opposant.
En , il organise à Moscou une manifestation contre la corruption, mais en change le lieu à la dernière minute pour la faire à proximité du Kremlin. Il est arrêté comme d'autres manifestants et est condamné à 30 jours de prison pour avoir violé les règles encadrant l'organisation de manifestations. Navalny est libéré au bout de 25 jours de détention[33],[32].
Le , il est à nouveau arrêté par la police à la sortie de son domicile[34]. Le , le tribunal de Moscou le condamne à 20 jours de détention pour « appels à la participation à un événement public non autorisé »[35]. Il sort de prison le [36].
Exclu de l'élection présidentielle, Navalny en conteste la légitimité, considérant que les candidats n'ont aucune intention de battre Vladimir Poutine, et appelle à son boycott. Son mouvement organise des manifestations dans le pays et Navalny est arrêté avec d'autres membres de son mouvement lors de la manifestation moscovite le , au motif que celle-ci n'est pas autorisée par la ville. Il est relâché peu après[37],[38].
Alexeï Navalny souhaite que la Russie rejoigne l'Union européenne et se rapproche de l'OTAN. Parmi ses priorités s'il arrive au pouvoir, Navalny cite la réforme de l'institution judiciaire et le changement constitutionnel d'un régime présidentiel à un régime parlementaire. Toutefois, il refuse de décrire ses convictions idéologiques, déclarant chercher à unir les Russes dans une coalition contre le régime de Poutine[38].
En , quelques jours avant l'investiture de Vladimir Poutine pour un quatrième mandat présidentiel, Alexeï Navalny appelle les Russes à manifester dans les principales villes du pays. Lors de la manifestation à Moscou qui rassemble 1500 personnes, Alexeï Navalny est arrêté. Amnesty International réagit à cette arrestation et reproche notamment une utilisation « disproportionnée » de la force par la police[39]. Le tribunal du district Tverskoï de Moscou le condamne à trente jours de détention pour l'organisation d'une manifestation non autorisée contre Vladimir Poutine le [40].
La presse nationale ne relate pas les actions de Navalny et de ses partisans sauf pour les critiquer, et ne donne pas à Navalny l'occasion de s'exprimer. Son nom même est rarement prononcé dans les médias nationaux. En 2018, lors de la Coupe du monde de football, Leonid Sloutsky, ancien entraîneur de l'équipe nationale et commentateur d'un match en direct sur la chaîne publique Pierviy Kanal, mentionne le nom d'Alexeï Navalny. Cette mention inattendue de Alexeï Navalny sur une télévision publique crée un mème parmi les internautes russes. Deux jours plus tard, Leonid Sloutsky annonce qu'il quitte son poste de commentateur[41],[42],[43].
Le , Navalny est de nouveau condamné à 30 jours de détention pour l'organisation de manifestations en janvier pour le boycott de l'élection présidentielle de mars. Il ne peut ainsi prendre part aux manifestations du dans les principales villes du pays. Ces manifestations visent à critiquer l'augmentation de l'âge de départ à la retraite, une réforme gouvernementale annoncée en juin et qui est impopulaire en Russie[44]. La peine de Navalny prend fin le , mais il est à nouveau arrêté au moment de franchir les portes de la prison pour être jugé pour son appel à manifester le , une manifestation non autorisée ; il est condamné à 20 jours de détention[45],[46].
Ces nombreux séjours en prison sont considérés comme une stratégie délibérée des autorités russes pour isoler Navalny et l'empêcher de s'exprimer publiquement[46].
Arrestation et emprisonnement en 2019
Le , son ONG est classée « agent de l'étranger » par le ministère de la Justice[47].
En , la Cour européenne des droits de l'homme condamne la Russie pour l'assignation à résidence de Navalny en 2014. Cette assignation est jugée injustifiée et « visait à restreindre ses activités publiques [de Navalny] » et à « étouffer le pluralisme politique »[48].
Le , il est arrêté, en même temps qu'une centaine de manifestants participant à une marche de soutien au journaliste d'investigation Ivan Golounov, arrêté quelques jours auparavant, relâché et assigné à résidence, et finalement innocenté le , après une forte mobilisation de la société civile[49]. Le , Navalny est condamné à 10 jours de prison et incarcéré pour sa participation à la marche non autorisée en soutien à Golounov[50].
Toujours en , Alexeï Navalny et d'autres membres de l'opposition appellent à des manifestations contre l'exclusion par la commission électorale de certains candidats notamment l'avocate Lioubov Sobol à l'élection municipale à Moscou se déroulant en septembre[51]. Le , il est condamné à 30 jours de prison pour son appel à des manifestations non autorisées et incarcéré[52]. Le , il est hospitalisé pour un œdème de Quincke. Son médecin personnel Anastasia Vassilieva se dit « catégoriquement opposée » au fait de remettre Alexeï Navalny dans la même cellule, car cela lui fait encourir le risque d’une « intoxication et une sensibilisation répétées, qui peuvent réellement conduire à une maladie grave »[53]. Il sort de prison le [54].
Réforme constitutionnelle de 2020
En juillet 2020, Alexeï Navalny fait campagne contre le référendum constitutionnel russe, le qualifiant ouvertement de « coup d'état » et de « violation de la constitution », estimant que les modifications constitutionnelles portées par ce référendum permettraient à Vladimir Poutine de devenir « président à vie ». Les réformes sont approuvées à 77,9 % des voix le 1er juillet. Après l'annonce des résultats, Navalny qualifie le référendum de « farce », estimant qu'il ne reflétait pas l'opinion du public. Ces réformes permettront à Vladimir Poutine d'effectuer deux autres mandats après l'élection présidentielle de 2024, rendant possible son maintien au pouvoir jusqu'en 2036[55].
Hospitalisation, diagnostic et suspicions
Le , il est hospitalisé d'urgence dans une unité de soins intensifs de l’hôpital d’Omsk en Sibérie après une aggravation de son état de santé l'ayant plongé dans le coma pendant un vol reliant Tomsk à Moscou. L'avion est dérouté à Omsk et se pose en urgence[56]. Son entourage suspecte fortement un empoisonnement après l'absorption d'un thé à l'aéroport[57],[58].
Selon les médecins russes de l’hôpital d’Omsk : « lors de son admission à l'hôpital, Alexeï Navalny a fait l'objet de tests sur un large éventail de stupéfiants, substances synthétiques, psychodésiques et médicinales, y compris les inhibiteurs de la cholinestérase. Les résultats ont été négatifs », a déclaré pour sa part aux agences russes Alexandre Sabaïev, toxicologue en chef de l'hôpital des urgences no 1 d'Omsk, où était hospitalisé Alexeï Navalny avant son transfert en Allemagne, excluant ainsi l'hypothèse de l'empoisonnement.
Le , n'ayant toujours pas repris connaissance, il arrive à Berlin à bord d'un avion médicalisé affrété par l’ONG allemande Cinema for Peace (en) pour subir des soins à l'hôpital de la Charité[59],[60].
Selon les médecins de l'hôpital de la Charité, des traces d'inhibiteurs de la cholinestérase ont été détectées par les tests effectués sur le patient[61],[62]. À la suite de ce constat, la chancelière allemande, Angela Merkel, et le haut représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, appellent Moscou à enquêter « dans les moindres détails » et « en toute transparence » sur l'empoisonnement présumé de l'opposant et à traduire les responsables de cet acte en justice[63],[64]. Leurs déclarations sont mal reçues par le président de la Douma russe, Viatcheslav Volodine, qui annonce saisir le Comité de la Douma pour la sécurité afin de savoir si Navalny n'a pas été victime d'une « provocation de l'Allemagne et d'autres pays de l'Union européenne » qui auraient tenté de « nuire à la santé d'un citoyen russe pour créer les tensions en Russie »[65]. Moscou regrette par ailleurs que Berlin n'ait toujours pas répondu à la demande d'aide judiciaire adressée le aux autorités allemandes par le parquet national de Russie afin de pouvoir lancer une enquête sur l'affaire Alexeï Navalny[66],[67].
Alexeï Navalny est maintenu dans un coma artificiel, le , son état est considéré comme « grave, mais sa vie n'est pas immédiatement menacée »[68],[69]. Le , son état s'améliore selon l’hôpital berlinois, « néanmoins, les médecins se gardent toujours de tout pronostic [sur les conséquences] de ce grave empoisonnement »[70].
Le , le gouvernement allemand déclare détenir la « preuve sans équivoque » de l'utilisation d'un agent neurotoxique de type Novitchok contre l'opposant russe[71],[72], affirmation confirmée le par deux laboratoires de référence de l’OIAC français et suédois[73]. À l’inverse, les autorités russes affirment que leurs analyses n’ont décelé la présence d'aucune substance toxique[73].
Le , dans son entretien téléphonique avec Emmanuel Macron, Vladimir Poutine n'exclut pas que Navalny ait pu s'empoisonner lui-même, une hypothèse rejetée par le président français, tout comme une autre piste évoquée par Poutine et qui mène en Lettonie, où habite l'un des concepteurs du Novitchok[74],[75].
Le , une semaine après la sortie du coma artificiel, Alexeï Navalny s'exprime publiquement pour une première fois depuis son compte Instagram. Il écrit « Je ne sais encore presque rien faire, mais hier [lundi] j’ai pu respirer par moi-même toute une journée. Ça m’a beaucoup plu, c’est un procédé étonnant et sous-estimé par beaucoup. Je le recommande. Vous me manquez. ». Interrogée quant à un éventuel retour en Russie après son rétablissement, sa porte-parole répond qu’« il n’avait jamais été question d’autre chose. Je comprends pourquoi on se pose la question, mais je trouve néanmoins étrange qu’on puisse penser » qu’il choisisse l’exil[76],[77].
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, déclare pour sa part que tout le monde serait heureux si Navalny se rétablissait et qu'il était libre de rentrer en Russie depuis l'Allemagne. Mais il a également déclaré que Moscou ne comprenait pas pourquoi, si les laboratoires français et suédois avaient pu tester ses échantillons médicaux, la Russie n'avait pas le même accès[78].
Convalescence et enquête
Le , Navalny sort de l'hôpital. Les médecins considèrent qu’un rétablissement complet est possible[79].
Le , le ministère des Affaires étrangères russe a suggéré qu'on faisait face à « une nouvelle mise en scène ayant pour thème l'utilisation imaginaire de l'arme chimique, cette fois non pas en Syrie ou en Grande-Bretagne, mais chez nous, en Russie »[80],[81]. Le , la chancellerie russe prétendra avoir « toutes les raisons » de croire que la « pénétration d'agents de guerre chimique » dans le corps de Navalny a pu avoir lieu « en Allemagne ou dans l'avion » le transportant à l'hôpital de la Charité[82], mais elle ne précise pas quelles sont exactement ces raisons[83]. Le site d'investigation russe The Insider relève d'ailleurs que « le Kremlin s'est embrouillé dans ses versions sur l'empoisonnement de Navalny ». En énumérant certaines de ces versions dans un article du , le site titre ironiquement : « Il n'y a pas eu de poison ! Il y en a eu mais pas le Novitchok ! C'était le Novitchok mais pas le nôtre ! C'était le nôtre mais il l'a bu lui-même ! »[84].
Le , la Mission permanente de la Fédération de Russie auprès de l'OIAC soumet à l’organisation une proposition d'envoyer des experts en Russie pour travailler à l’élucidation du cas Navalny avec les spécialistes russes en la matière[85]. Le même jour Alexeï Navalny dénonce l'inaction de la justice russe qui rechigne à ouvrir une enquête et fait part de sa conviction que Vladimir Poutine est l'instigateur de son empoisonnement dans un entretien avec des journalistes de l'hebdomadaire Der Spiegel[86].
Le , l'OIAC confirme qu'une substance de type Novitchok a été retrouvée dans l'organisme de Navalny[87].
Le , le site d'investigation Bellingcat publie un rapport d'enquête sur l’empoisonnement d'Alexeï Navalny, réalisé en collaboration avec des journalistes de CNN, Der Spiegel et The Insider. Le rapport indique que Navalny a été suivi depuis 2017 et lors de son voyage jusqu'à Tomsk, par des agents du FSB spécialisés dans les produits chimiques[88],[89],[90],[91]. Dans le cadre de cette enquête, le média Bellingcat révèle le qu'Alexeï Navalny ayant piégé Konstantin Kudryavtsev, un agent du FSB, est parvenu à lui faire avouer à son insu qu'une tentative d'assassinat avait eu lieu contre lui[92],[93],[94]. Les détails cliniques de l'empoisonnement, exigés par Moscou, sont publiés dans The Lancet fin 2020[95],[96].
Convocation dans le cadre de l'affaire Yves Rocher
En raison de sa convalescence en Allemagne, Navalny ne peut satisfaire aux exigences de sa libération conditionnelle qui exige qu'il se rende à Moscou. Plus précisément, alors que sa période de probation se termine le , une convocation lui est adressée le 28 exigeant sa présence le lendemain matin à 9 h. Ce manquement entraîne la levée de celle-ci. Il pourrait donc effectuer, lors de son retour à Moscou, les 3 ans et demi de prison reçus lors de son procès en 2014. Pour The Economist, cette convocation est de toute évidence un prétexte pour l'empêcher de rentrer librement en Russie[97],[98].
Retour en Russie et nouvelle arrestation
Dans une vidéo postée sur son compte Instagram le , Navalny annonce avoir acheté des billets d'avion pour un retour en Russie[99],[100]. Le , il embarque ainsi à bord d'un avion de la compagnie Pobeda[note 1] pour un décollage depuis l'aéroport de Berlin-Brandebourg. L’atterrissage de l'avion étant initialement prévu à l'aéroport de Vnoukovo, il est finalement dérouté vers l'aéroport de Cheremetievo, autre aéroport de Moscou situé plus au nord. Le pilote et le personnel aérien ont justifié cette manœuvre par un « problème technique » en précisant qu'« un avion est sorti de piste »[101],[102]. À son arrivée au poste de douane, il est interpellé par les agents du service fédéral des pénitenciers (en)[103],[104].
Enquête et documentaire sur le palais de Poutine
Dans une vidéo publiée sur YouTube le [105], résultat d'une enquête menée par sa Fondation contre la corruption (FBK), Alexeï Navalny dénonce le faste et les financements du « palais de Poutine », une immense demeure dotée de nombreux équipements (héliport, patinoire, casino, piscine, spa, aquadiscothèque, etc.). L'opposant prête notamment au président Poutine un goût « pathologique » pour le luxe et détaille des montages financiers dont le but serait de « créer comme un tampon autour du palais » par rapport à son véritable propriétaire. Trois jours après sa publication, la vidéo de près de deux heures avait été visionnée plus de 53 millions de fois[106]. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, réagit en affirmant ne pas l'avoir vue mais indique en même temps que rien de ce qu'elle dit n'est vrai[107],[106].
Le , le milliardaire russe Arkadi Rotenberg déclare être le propriétaire du domaine[108].
Procès et condamnation
Le , Navalny est condamné à trois ans et demi de prison par un tribunal de Moscou, après avoir été reconnu coupable d'avoir violé son contrôle judiciaire alors qu'il était en Allemagne depuis le mois d'août 2020, à la suite d'ennuis de santé[109]. L'avocate de Navalny annonce qu'il ferait appel[110]. En cas d'entrée en vigueur de la condamnation, Navalny purgera une peine effective de deux ans et huit mois : son temps déjà passé sous résidence surveillée en 2014 étant décompté du temps total, à ce temps sont ensuite décomptées les deux semaines passées en centre de détention depuis son arrestation le [111].
Les soutiens de l'opposant appellent à manifester, et des chefs d’État occidentaux dont Joe Biden, ou encore le président français Emmanuel Macron, jugent « inacceptable » la condamnation de Navalny et exigent sa libération « immédiate »[112]. Au Congrès américain, une large majorité d'élus, tant républicains que démocrates, appelle au renforcement des sanctions contre la Russie[113].
Le 23 janvier, près de 100 000 personnes manifestent en Russie contre son arrestation, mais leur nombre diminue nettement dès le week-end suivant, en partie à cause de la répression. Ces manifestations provoquent des remous au sein de l'opposition russe. Les dirigeants du parti libéral Iabloko, Grigori Iavlinski et Nikolaï Rybakov, refusent tout soutien à Navalny, voyant en lui un « nationaliste xénophobe et autoritaire » ; cette position est dénoncée par l'ancien maire de Iekaterinbourg Evgueni Roïzman, qui décide de rompre avec son parti[114]. Le secrétaire général du Parti communiste (KPRF, premier parti d'opposition du pays), Guennadi Ziouganov, qualifie Alexeï Navalny « d’agent de l’étranger », tandis que des députés communistes rejoignent les manifestations[115]. Ces dernières restent cependant globalement peu populaires auprès de la population russe d’après les enquêtes d'opinion nationales : selon l’ONG russe Centre analytique Levada, le mouvement de contestation recueille ainsi 22 % d’opinions favorables, tandis que la popularité d'Alexeï Navalny stagnerait autour de 20 % depuis l'été 2020, soit trois fois moins que celle de Poutine[115].
Le 17 février, en raison de « l’ampleur du risque pour la vie » de Navalny, la Cour européenne des droits de l'homme exige sa libération immédiate[116],[117].
Amnesty International déclare fin février ne pas reconnaître Alexeï Navalny comme un « prisonnier d'opinion » en raison de ses « propos haineux ». Le militant avait notamment comparé en 2007 les Tchétchènes à des cafards et suggérait de les molester dans une vidéo qu'il n'a depuis jamais désavouée ou retirée de sa chaîne YouTube. L'ONG continue toutefois de militer pour sa libération, jugeant qu'il n'est incarcéré que pour son activisme anti-Poutine[118].
Le 20 février, Navalny est condamné en appel à deux ans et demi de prison, et incarcéré dans une colonie pénitentiaire située à Pokrov, dans l'oblast de Vladimir[119],[120]. Le 31 mars, il annonce qu'il est en grève de la faim[121], pour protester contre l’absence d’accès à des soins et la « torture » qu’il subit par privation de sommeil[122]. Trois semaines plus tard, ses médecins l'exhortent à l'interrompre « immédiatement, […] afin de préserver sa vie et sa santé »[123]. Il s'exécute en disant avoir obtenu gain de cause pour être soigné par des médecins civils[124].
Projets
Le , Navalny lance le portail « RosIama » (РосЯма, soit littéralement RusNid-de-poule) pour permettre le signalement de chaussées détériorées et réclamer une réaction des autorités. En , il crée la Fondation anti-corruption.
En , il inspire le projet « RosVybory » (РосВыборы, soit littéralement RusÉlections) afin d'encourager la participation d'observateurs indépendants aux élections. Environ 12 000 participeront dans les bureaux de vote. Parallèlement, il lance l'« outil bienveillant de vérité » (Добрая машина правды) destiné à diffuser des informations sur la corruption institutionnelle vers un public ne s'informant pas sur internet. Le , il met en ligne le service « RosJKKh » (РосЖКХ, soit littéralement RusServicesCommunaux) permettant d'adresser des plaintes aux autorités locales concernant des dysfonctionnements des services communaux. Au cours de la première semaine, près de 96 000 plaintes sont envoyées.
En , Navalny propose une législation interdisant aux fonctionnaires et aux employés de sociétés publiques d'acquérir des voitures de fonction d'une valeur de plus d'un million et demi de roubles. La proposition reçoit le soutien de plus de 100 000 individus et doit ainsi être évaluée par un groupe d'experts du gouvernement qui la rejettent finalement.
Le , il lance le projet « vote intelligent » (Умное голосование) dont le but est de faire élire le candidat n'appartenant pas à Russie unie avec les meilleures chances. En s'attaquant au monopole de Russie unie dans les parlements régionaux, il contribue à faire entrer des députés critiques du pouvoir à la Douma de Moscou. Le « vote intelligent » doit également changer le paysage électoral lors des élections régionales de .
Controverses
Accusations d'influence américaine
En , sa correspondance électronique est rendue publique par un hacker dans le but de montrer que « Navalny est un ultranationaliste corrompu financé par les autorités américaines ». L'authenticité des mails n'est toutefois pas intégralement confirmée par Navalny[125].
D'après ces mails, en 2006, le mouvement politique DA!, à la création duquel Navalny a participé, aurait obtenu un financement de la fondation américaine National Endowment for Democracy[125].
En 2010, Alexeï Navalny part étudier à l'université Yale dans le cadre du programme « Yale World Fellows », qui vise à développer un réseau de leaders connectés à Yale et engagés pour rendre « [le monde] meilleur »[126]. Selon le média officiel russe, Russia Today, il y aurait été envoyé par l'ambassadeur américain en Russie, Michael McFaul, dans le but de préparer une révolution orange en Russie[127].
Plusieurs articles présentent Alexeï Navalny comme un agent américain : pour Alex Jones, Navalny est un « agent de la sédition financé par les États-Unis ». L'économiste et journaliste américain Paul Craig Roberts dit que « la Russie a toutes les raisons d'avoir des doutes sur l'opposition politique qui semble être réunie autour d'Alexeï Navalny. Tout comme les "révolutions de couleur" dans l'espace postsoviétique, l'opposition russe est financée avec des moyens américains. Washington ne veut pas que la Russie puisse contredire sa volonté »[128].
En , le parquet russe annonce que lors des vérifications des comptes de campagne pour l'élection du maire de Moscou, Alexeï Navalny a obtenu des financements étrangers émanant de plus de 300 personnes physiques et entités juridiques étrangères issues de 46 pays, dont les États-Unis, la Finlande, la Grande-Bretagne, la Suisse et le Canada[129],[130].
En , la Novaïa Gazeta accuse le parti au pouvoir, Russie unie, d'avoir budgété 10 millions de roubles pour une campagne visant à discréditer Alekseï Navalny en filmant un sosie dans des situations compromettantes[125].
Le même mois, un millier de pages de courriels privés de Navalny sont interceptées et publiées sur un blog russe anonyme. Selon The Moscow Times, les courriels contiennent des échanges entre le blogueur et des personnes politiques libérales et d'extrême droite telles qu’Aleksandr Belov, dirigeant antisémite et suprémaciste du Mouvement contre l'immigration illégale (DPNI), et avec des chiffres de l'ambassade des États-Unis en Russie[131].
Proximité avec l'extrême droite
Sa participation à l'organisation Narod (dont il est cofondateur) déclenche une controverse, celle-ci alliant des positions d'extrême gauche et d'extrême droite[132],[133]. Le mouvement Narod est critiqué pour ses positions xénophobes, comme lorsque, dans une vidéo de l'organisation, Navalny lui-même comparait les islamistes du Caucase, à la peau sombre, à des cafards, affirmant que si les cafards peuvent être tués à la pelle, pour les humains on conseillait d'utiliser des armes à feu[134],[135],[136]. Dans une autre vidéo, Navalny semble soutenir l'idée d'un nettoyage ethnique non violent par la déportation. Habillé en dentiste, alors que défilent des clips vidéo de travailleurs immigrés[137],[138], il dit à l'écran : « Personne ne doit être battu. Tout ce qui nous dérange doit être soigneusement mais implacablement enlevé par la déportation... Une dent sans racine est considérée morte. Un nationaliste est quelqu'un qui ne veut pas que la racine 'russe' soit supprimée du mot 'Russie'. Nous avons le droit d'être russe en Russie et nous protégerons ce droit [...] Pensez à l'avenir, devenez un nationaliste[139],[140],[141],[142] ». En juillet 2008, Narod rejoint deux partis nationalistes et xénophobes, Grande Russie (Velikaja Rossija) et le Mouvement contre l'immigration illégale (DPNI)[32],[143],[144], interdit en 2011 par la justice pour « extrémisme »[132], afin de former le Mouvement national russe (Russkoje nacional'noe dviženie), dont Navalny est coprésident[145].
À partir de 2006, Alexeï Navalny participe à la Marche russe, un défilé annuel réunissant des groupes nationalistes russes[146],[147],[148], dont de nombreux néonazis[149] ; il est l'un des co-organisateurs de la marche 2011[150],[151],[147]. Sa participation à la Marche russe lui vaut d'être expulsé en 2007 du parti d'opposition Iabloko, dont il était membre[152]. Au cours de la marche russe de novembre 2008, il est également témoin de l'arrestation de Dimitri Demouchkine, chef de l'organisation néonazie Union slave, et déclare être prêt à le défendre devant le tribunal[153].
En 2013, dans le quartier de Moscou Biriouliovo Zapadnoïe, à la suite d'un meurtre commis par un Azerbaïdjanais, des raids punitifs de néonazis russes ont lieu contre des magasins appartenant à des personnes d'ethnie caucasienne[154]. Sur son blog, Alexeï Navalny défend les assaillants, arguant du fait qu'ils ont affronté des « hordes d'immigrants légaux et illégaux » et que « s'il n'y a pas de moyen équitable de résoudre les conflits et les problèmes, les gens penseront par eux-mêmes, avec des mesures primitives et désespoir »[155],[156]. En juillet de la même année, dans la ville de Pougatchev, au cours d'une bagarre, un homme est tué d'un coup de couteau par un Tchétchène. Après les funérailles du défunt, plusieurs personnes se rassemblent et organisent une manifestation demandant que tous les Tchétchènes soient expulsés de la ville. La manifestation conduit à des affrontements et plusieurs blessés seront signalés[157]. Navalny, ainsi que plusieurs membres nationalistes connus du Conseil de coordination, votent pour une déclaration légitimant la protestation de la population locale contre des personnes d'autres régions « contraires aux traditions et normes morales locales »[158],[159].
En , lors de la campagne électorale pour l'élection à la mairie de Moscou, Navalny présente son programme s'articulant surtout autour de la lutte contre la corruption et l'immigration[160]. Il a notamment déclaré : « J'ai regardé les statistiques. Savez-vous que près de 50 % des crimes et délits sont commis par des étrangers[161] ? » Ces statistiques ne reflètent cependant pas la réalité, car c'est environ 2 % des crimes et délits enregistrés en Russie qui sont imputables aux étrangers et apatrides, selon les rapports annuels officiels du ministère de l'Intérieur russe[162],[163].
En , Alexeï Navalny publie sur son blog et diffusé par la radio Écho de Moscou : « Jamais je ne soutiendrai la position selon laquelle en Russie le nationalisme est une chose terrible qu’il faut interdire. En France, en ce moment, le Front national connaît une période de poussée frénétique de sa popularité. Vous parlez d’une horreur, Alain Delon soutient Marine Le Pen ! Et des processus analogues ont cours dans toute l’Europe. Et alors, allons-nous boycotter les croissants français ? Ou bien dire carrément que les Français ont le droit de faire ça, et pas les Russes[164] ? »
En , Alexeï Navalny déclare que « le problème de l'immigration illégale en Russie était cent fois plus important que l'Ukraine »? et ajoute qu'il ne rendrait pas la Crimée à l'Ukraine s'il en avait le pouvoir[165].
Certaines de ses vidéos où il professe des positions contre l'immigration en Russie et son nationalisme font polémique[166],[167],[168],[169].
Deuxième guerre d'Ossétie du Sud
Au début de la guerre russo-géorgienne de 2008, Navalny se prononce contre l'envoi de troupes russes en Ossétie du Sud, mais déclare que la Russie doit faire pression sur la Géorgie pour qu'elle mette fin à la guerre. Parmi ses mesures proposées figurent l'armement et le financement de la faction séparatiste ou encore l’expulsion des citoyens géorgiens de la fédération de Russie[170],[171],[172],[173],[174], qualifiant ceux-ci de « rongeurs »[175],[176].
Poursuites judiciaires
Navalny a été arrêté, accusé et condamné à plusieurs reprises en Russie. Les États-Unis, l'Union européenne ainsi que le Conseil de l'Europe considèrent qu'il est victime de procès politiques[177],[178],[179].
Détournements de fonds d'une société forestière
Le , Navalny est inculpé par la Commission fédérale d'enquête de vol à grande échelle à cause des lourdes pertes financières de Kirovles, une société publique d'exploitation forestière. Il encourt jusqu'à dix ans de prison[180]. Il est accusé du détournement de seize millions de roubles (377 000 euros) au détriment de cette exploitation forestière, à l'époque où il était conseiller du gouverneur de l'oblast de Kirov, Nikita Bielykh. Le , il est reconnu coupable de détournement de fonds et condamné à cinq ans de camp[181],[182],[183] pour avoir détourné 400 000 euros au détriment de la société forestière[184]. En appel, la peine est réduite à du sursis[27].
En , la Cour européenne des droits de l'homme condamne la Russie à verser 79 000 euros à Navalny et à son associé Piotr Ofitserov, car le procès n'a pas été équitable[27].
En , la Cour suprême de Russie (en) annule le premier jugement et ordonne qu'un nouveau procès ait lieu. Celui-ci se déroule en et et Navalny est de nouveau condamné à cinq ans de prison avec sursis pour détournement de fonds et à 500 000 roubles d'amende[27],[185].
Financement de campagne électorale
En , Vladimir Jirinovski, président du Parti libéral-démocrate, demande au ministère de l'Intérieur l'ouverture d'une enquête sur le financement de la campagne électorale de Navalny sur la base d'adresses IP (signalant le lieu de la transaction et non la nationalité du donneur)[186]. Navalny nie ces accusations, affirmant que les magistrats du parquet étaient des « benêts »[187]. L'accusation resta sans suite.
Détournement de fonds d'Yves Rocher
En 2008, pour faire face aux défaillances de la poste russe et alors que la vente par correspondance de leurs produits correspond à 4 millions de colis livrés annuellement, la filiale russe du groupe Yves Rocher, Yves Rocher Vostok fait appel à Glavpodpiska, une société de logistique détenue par les frères Oleg et Alexeï Navalny[188]. Le , Bruno Leproux, directeur général d’Yves Rocher Vostok demande au comité d’enquête russe d’établir si Glavpodpiska a fait de la surfacturation[189]. Le , Alexeï Navalny est condamné dans cette affaire à trois ans et demi de prison avec sursis par le tribunal de Moscou pour avoir détourné selon l’accusation, près de 26 millions de roubles (400 000 euros) appartenant à Yves Rocher Vostok[184]. Son frère Oleg est, lui, condamné à trois ans et demi[190],[191]. Oleg Navalny purge sa peine dans une colonie pénitentiaire de l'oblast d'Orel et est libéré en [192].
En , la Cour européenne des droits de l'homme estime que « les services [qu'a fournis la société des frères Navalny] correspondaient à ceux qui étaient dans les contrats », que « les juridictions nationales n'ont pas indiqué de méthode qui aurait permis d'identifier un motif d'enrichissement personnel répréhensible », que « les décisions rendues par les juridictions internes ont été arbitraires et manifestement déraisonnables », et que « l'équité de la procédure pénale (...) a été compromise ». En conséquence, elle condamne la Russie à verser 10 000 euros à chacun des frères Navalny[193],[192].
En , Oleg et Alexeï Navalny déposent une plainte en France contre Yves Rocher pour « dénonciation calomnieuse » considérant que la plainte déposée contre eux par Yves Rocher Vostok en 2012 était en fait une attaque du gouvernement russe à leur encontre avec le soutien d'Yves Rocher Vostok. Ils sont représentés par l'avocat William Bourdon et sont entendus par un juge d'instruction du tribunal de Vannes le [188].
Escroquerie au sein de la Fondation anti-corruption
En , le Comité d'enquête de la Fédération de Russie ouvre une enquête pour « escroquerie » à l'encontre de Navalny. Il lui est reproché d'avoir utilisé une partie des dons de particuliers faits principalement à la Fondation anti-corruption pour ses besoins personnels. Le montant de l'escroquerie supposée est estimé à 356 millions de roubles, soit environ 4 millions d'euros[194],[195]. Selon Navalny, l'ouverture de cette enquête, survenue la veille de la fin de sa période de libération conditionnelle, n'a que pour objet de le dissuader de rentrer en Russie[98].
Accusation d'incitation à commettre des actes illicites
En , le Comité d'enquête de la Fédération de Russie inculpe Navalny pour avoir « incité les citoyens à commettre des actes illicites ». Il est reproché à la Fondation anti-corruption d'avoir appelé publiquement à manifester en (des manifestations en soutien à Navalny) en sachant que ces manifestations étaient interdites. Ce délit est passible de trois ans de prison[196].
Notes et références
Notes
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