Yves Rocher
Yves Rocher, né le à La Gacilly dans le Morbihan et mort le à Paris 10e, est une personnalité française d’origine bretonne, avec un parcours à la fois d'entrepreneur et d'homme politique. Comme entrepreneur, il a créé et pérennisé une société, le groupe Rocher, sur un concept original, le soin et la beauté par les plantes. Il s'est employé à conserver le caractère indépendant et familial du groupe, et a préparé son petit-fils à la transmission de la présidence. Son parcours politique est une autre facette de son attachement à son village natal, à son département et à la région Bretagne.
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Biographie
Origines
Yves Rocher naît et grandit dans le village de La Gacilly, dans le Morbihan. Il passe son enfance aux côtés de son père Joseph, chapelier teinturier, dont il partage l’amour pour la nature, et est fasciné par un herbier constitué par l'un de ses aïeux[1],[2]. Il entre au lycée Saint-Sauveur à Redon, mais est contraint de quitter l’école en cours d’année en raison de problèmes de santé. Il se passionne pour le monde végétal, avec son cousin et parrain, Joseph-Pierre Ricaud, un médecin, qui lui fait découvrir leurs vertus médicinales[2].
Parcours d’entrepreneur
À la mort de son père, alors qu'il n'a que 14 ans[3], il aide sa mère dans l’exploitation d’un commerce familial d’articles textiles. Le groupe Rocher aime raconter que c'est à cet âge qu'il rencontre une guérisseuse qui lui confie la recette d’une pommade hémostatique à base de Ficaire. Il décide de fabriquer artisanalement cette pommade dans le grenier familial. Comme il n'a pas les moyens d'acheter un magasin, il développe la vente par correspondance, proposant sa pommade anti-hémorroïdaire directement aux utilisateurs, par l'intermédiaire de petites annonces dans Ici Paris[4], avec quelques procès pour exercice illégal de pharmacie[5]. Bientôt, il s'associe avec un pharmacien et se lance dans la fabrication artisanale de crèmes, onguents et tisanes[6].
Il fonde son entreprise de produits cosmétiques en 1959, pour confectionner et vendre ses produits de beauté et de soins par les plantes. Il saisit ainsi l'engouement de ses clients pour la nature, qu’il partage, et ouvrant la gamme de produits à des lotions, des savons, etc., juridiquement moins sensibles que la préparation initiale[1],[5]. Très tôt, il privilégie l'agriculture biologique et une démarche éco-citoyenne[1]. Son choix, en outre, est de maintenir des prix raisonnables, et de continuer à vendre ses produits hors pharmacie[7]. La société ne cesse de croître. Dix ans plus tard, il ouvre son premier magasin[4], développe différentes marques, réutilisant pour les dénommer des patronymes familiaux (Jouvance, Ricaud) puis se développe à l'étranger[1]. Certains de ses coups d'éclat marquent les esprits, dans les années 1980 et 1990 ; notamment lorsqu'il entre en conflit contre une grande banque de la place de Paris, la BNP. Il la soupçonne d'avoir enjolivé les comptes dans une vente de société où elle était à la fois l'intermédiaire sur la transaction et un des actionnaires et des créanciers de la société vendue[8].
En 1982, Yves Rocher fonde aux Fougerêts, dans le Morbihan, la société Françoise Saget, nommée après l'un de ses ancêtres, qui vend des produits textiles comme du linge de maison par internet et par catalogue. La société faisait partie du groupe Yves Rocher jusqu'en 2006, où elle est cédée au groupe Activa Capital[9],[10]. En 2007, Françoise Saget et Linvosges opèrent un rapprochement, puis un nouveau rapprochement, avec Envie de Fraise est opéré en 2017. En 2016, Françoise Saget réalise un chiffre d'affaires de 100 M €[11]. Elle référence 2 000 produits et a environ un million de clients en Europe, notamment en Suisse et en Belgique[10]. Elle se lance sur le marché allemand en modifiant le nom de l'entreprise, qui devient pour ce marché Franziska Sager[11]. Aujourd'hui, la société Françoise Saget fait partie du groupe MK Direct qui détient également Linvosges (fondée en 1923 à Gerardmer) et Envie de Fraise, spécialisé dans les vêtements de grossesse[12],[13].
Cette entreprise obtient en 2017, le prix national de prévention des TMS (Troubles musculosquelettiques) pour ses actions de prévention[14]
Ses trois enfants travaillent au sein du groupe Rocher. Yves Rocher confie la présidence de la société qu’il a créée à son fils aîné Didier en 1992 pour s'occuper, lui, du développement économique régional avec l'association Agir pour l'emploi dans le Morbihan. Daniel crée la marque Daniel Jouvance et Jacques suit les questions environnementales. Mais Yves Rocher doit revenir à la tête de son groupe à la suite de la mort accidentelle de son fils Didier, en 1994[15]. Son petit-fils Bris est nommé directeur général du groupe en 2006, et hérite de la présidence de l’entreprise familiale à sa mort en 2009[16]. En 2013, le groupe emploie plus de 15 000 salariés[4].
Engagement politique et citoyen
Parallèlement à ses activités professionnelles, Yves Rocher s'intéresse à la vie locale de la région de son enfance. Il devient le maire de La Gacilly en 1962, et le reste jusqu’en 2008 sous l'étiquette divers droite[17]. Il est également élu conseiller général du Morbihan pour le canton de La Gacilly, de 1982 à 2001, puis conseiller régional de 1992 à 1998, élu sur une liste Bouger le Morbihan[18].
Son village natal, ainsi que les villages alentour, bénéficient de l’activité économique créée par sa société[19], et des infrastructures mises en place sous son impulsion, avec un jardin botanique comprenant une collection unique d'armoises et de sauges, un végétarium et le lancement d'un festival photographique[1]. Préoccupé par l'exode rural, il s'oblige à créer de l'emploi localement et un courant touristique[19].
On lui a reproché son cumul des fonctions publiques et privées, étant élu et dans le même temps principal acteur économique du territoire qu'il représente[20],[21].
Il meurt le à l'hôpital Lariboisière de Paris, d'un accident vasculaire cérébral[3]. Ses obsèques religieuses ont lieu à La Gacilly le en présence d'environ 3000 personnes. Il est inhumé dans le cimetière du village[19].
Il a été décrit comme un précurseur[1] en raison de son intérêt pour la nature et de ses positions écologiques dès la création de la société. Il s’est attaché à garder une activité de culture des plantes, avec 55 hectares de champs biologiques appartenant au groupe, sur son village natal de La Gacilly[22].
- Camomille romaine
- Camomille matricaire
- Mauve
Notoriété et distinctions
Il est promu commandeur de la Légion d'honneur en , après avoir été nommé officier en 1992[23].
En 1977, le mensuel Armor Magazine le désigne « Breton de l'année »[24]. Il est en outre récompensé par un ordre de l'Hermine (associatif)[24].
Fondation Yves Rocher
La fondation a vu le jour en 1991 sous l’impulsion de Jacques Rocher, fils d’Yves Rocher[25]. Placée sous l’égide de l'Institut de France en 2001, le but de cette fondation est la protection de la nature. Toujours en 2001, cette fondation crée le prix Terre de Femmes, qui récompense les femmes engagées dans la protection de l’environnement[26].
Elle encourage diverses actions dont la plantation d'arbres. Plus d’une trentaine de projets de plantation ont vu le jour dans 26 pays différents. Par exemple en Éthiopie, la fondation, aidée de ses donateurs, a planté plus de 17 millions d’arbres. Le bilan attendu pour la fin d'année 2015 est de près de 50 millions d'arbres plantés à travers le monde[27]. L’objectif en 2020 est de planter 100 millions d’arbres à travers le monde[28].
Cette fondation soutient également l'organisation du Festival Photo annuel Peuples & Natures à La Gacilly[29],[30].
Publications
Notes et références
- Nicole Vulser, « Yves Rocher », Le Monde, (lire en ligne)
- « Yves Rocher. Disparition d'un pionnier », Le Journal des entreprises, (lire en ligne)
- « Yves Rocher : la mort d'un pionnier », Paris Match,, (lire en ligne)
- Frédéric Thérin, « Saga. Yves Rocher, la beauté pour tous », L'Express, (lire en ligne)
- Maïté Turonnet, « Un rocher dans un jardin », Libération, (lire en ligne)
- Gabriel Milési, Les dynasties du pouvoir de l'argent, Michel de Maule, , p. 97.
- « La mort d'Yves Rocher à 79 ans dont 50 de cosmétique végétale », France Info, (lire en ligne)
- Sophie Lécluse, « Les petits secrets de la famille Yves Rocher », Capital, (lire en ligne)
- « Activa Capital acquiert Françoise Saget », Fusacq, (lire en ligne, consulté le ).
- Activa Capital
- Ségolène Mahias, « Morbihan. Cap sur l'Allemagne pour Françoise Saget », Le Journal des entreprises, (lire en ligne, consulté le ).
- Flore Fauconnier, « MK Direct rachète le site de vêtements de grossesse Envie de Fraise », LSA Textile connecté, (lire en ligne, consulté le ).
- Envie de Fraise rachetée par le propriétaire de Françoise Saget
- Prix national de prévention des TMS
- « Yves Rocher devrait reprendre la direction de son entreprise de cosmétologie « verte » », Le Monde, (lire en ligne)
- « Héritier malgré lui », Le Point, (lire en ligne)
- « Le créateur des cosmétiques Yves Rocher est mort », Le Parisien, (lire en ligne)
- « L’élection des présidents des conseils régionaux Bretagne », Le Monde, (lire en ligne)
- Christine Baucherel., « Yves Rocher laisse une empreinte « indélébile » », Ouest-France, (lire en ligne)
- « L'Ouest en mémoire (Ina) - Yves Rocher à La Gacilly 1977 (vidéo) », Institut national de l'audiovisuel, (lire en ligne)
- « La Gacilly, fief breton du géant de la beauté », Le Point, (lire en ligne)
- Benoist Simmat, « Les fleurs bio se ramassent à la pelle », Libération, (lire en ligne)
- « Tout savoir sur Yves Rocher, fondateur du groupe Yves Rocher », sur Libre Service Actualités (consulté le )
- Philippe Argouarch, « L'industriel breton Yves Rocher est décédé », Agence Bretagne Presse, (lire en ligne)
- Thierry Dussard, « Jacques Rocher. Planteur d'arbres », Le Télégramme, (lire en ligne)
- « Prix Terre de femmes Fondation Yves Rocher », sur Aufeminin.com (consulté le )
- Romain Clergeat, « Nous avons mis 7 ans pour planter 50 millions d'arbres », Paris Match, (lire en ligne)
- « Jacques Rocher l'entrepreneur Green planteur d'arbre », sur unitedfashionforpeace.com,
- Rédaction du Fig., « Succès confirmé pour l'édition 2012 du Festival Photo La Gacilly », Le Figaro, (lire en ligne)
- « Festival de La Gacilly 2016 : le Japon et les océans en Bretagne », Focus Numérique, (lire en ligne)
Crédits
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Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
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