Touva

Le Touva ou république de Touva (en russe : Респу́блика Тыва́ ; en touvain : Тыва Республика) est une république de la fédération de Russie. Sa capitale est la ville de Kyzyl.

République de Touva
(ru) Республика Тыва
(tyv) Тыва Республика

Armoiries de la République de Touva

Drapeau de la République de Touva
Administration
Pays Russie
Région économique Sibérie orientale
District fédéral Sibérien
Statut politique République
Création 11 octobre 1944
Capitale Kyzyl
Chef du gouvernement Vladislav Khovalyg (intérim)
Démographie
Population 315 637 hab. (2016)
Densité 1,9 hab./km2
Géographie
Superficie 168 604 km2
Autres informations
Langue(s) officielle(s) Russe, touvain
Fuseau horaire UTC+8
Code OKATO 93
Code ISO 3166 RU-TY
Hymne Depuis 2011: Je suis Touvain
Мен Тыва мен

1993 - 2011: Tooruktug dolgay Tangdym
Тооруктуг долгай Тандым

Immatriculation 17
Liens
Site web http://gov.tuva.ru

     Géographie

    Carte du Touva

    La république de Touva est située dans l'extrême sud de la Sibérie. C'est le vingt-quatrième sujet fédéral de Russie en superficie, avec 168 604 km2.

    Elle est limitée au nord par le kraï de Krasnoïarsk et l'oblast d'Irkoutsk, à l'est par les républiques de Khakassie et Bouriatie, au sud par la Mongolie et à l'ouest par la république de l'Altaï.

    Histoire

    La région fait partie de différents khanats turcs jusqu'en 1207, lors de son annexion par l'Empire mongol.

    Au XVIIIe siècle, la région est intégrée à l'Empire mandchou de la dynastie Qing sous le nom de Tannu Uriankhai (traduit en chinois : 唐努乌梁海 ; pinyin : tángnǔ wūliánghǎi). Elle conserve toujours aujourd'hui une division administrative en bannière (kozhuun) issu du régime des ligues et bannières, mis en place par les Mandchous à partir de 1649.

    1911-1990 : Domination russe

    En 1911, au moment de l'implosion de l'Empire mandchou liée à la révolution Xinhai, elle devient un protectorat de l'Empire russe sous le nom de Kraï ouriankhaï (russe : Урянхайский край).

    À la suite de la révolution d'Octobre, en 1917, le territoire de Touva est occupé de à par les troupes de l'amiral Koltchak.

    En 1921, les Touvains, peuple turcophone[1] de culture mongole de l'Altaï se proclament indépendants en créant une république populaire de Tannou-Touva. Cette indépendance est toutefois très relative, puisque la République est officiellement placée sous la protection de l'Union soviétique. Ainsi, le pouvoir soviétique fait interdire le chamanisme à Touva en 1931. Dans les faits, toutes les décisions importantes passent par l'aval de son protecteur.

    En 1944, le Tannou-Touva intègre l'Union soviétique comme oblast autonome de Touva, puis, en 1961, celui-ci devient une république autonome au sein de la république socialiste fédérative soviétique de Russie, appelée république socialiste soviétique autonome de Touva.

    Fédération de Russie depuis 1990

    À la fin de la guerre froide, Touva accède à plus d'autonomie et c'est ainsi qu'en 1990, le pays déclare sa souveraineté, tout en faisant partie de la fédération de Russie.

    Timbre du Tannou Touva indépendant (1927).
    Revendications territoriales de la République de Chine (Taïwan)

    Du fait de son passé au sein de la république de Chine avant 1921, le Touva fait encore aujourd'hui l'objet, comme l'ensemble de la Chine, d'une revendication territoriale de Taïwan[2][source insuffisante], revendication qui n'est toutefois pas poursuivie activement depuis plusieurs décennies.

    La Chine reconnaît la pleine souveraineté de l'URSS sur Touva en 1989, quand les deux puissances se réconcilient, après une longue rupture de presque trente ans. En réponse, l'URSS ne reconnaît que la république populaire de Chine, et rompt toutes ses relations avec Taïwan.

    Économie

    L'industrie principale est l'exploitation minière, fondée sur les dépôts des métaux non ferreux, les mines d'amiante, de charbon, d'or et des autres ressources naturelles. Les industries agroalimentaires, l'exploitation forestière et l'industrie de la transformation du bois sont aussi assez bien développés[3].

    En 2005, Courrier international publiait un article selon lequel à la suite de la fermeture de nombreux sites industriels dans les années 1990, la culture du cannabis est arrivée en Touva et y est devenue très importante, alors qu'elle est officiellement interdite. Les estimations concernant la superficie des champs de cannabis sont très vagues et vont de 26 000 à 84 000 hectares. En 2005, le bihebdomadaire moscovite Novaïa Gazeta la considère comme la « Colombie russe, où même les enfants gagnent leur vie grâce au cannabis et où les forces de l'ordre défendent les producteurs… ». Toujours selon Novaïa Gazeta, le cannabis est devenu dans certaines régions une monnaie d'échange, permettant d'obtenir « des produits alimentaires, des voitures, des motos, des chevaux ou de l'alcool »[4].

    Population et société

    Démographie

    Évolution démographique
    2002 2010 2016 - -
    305 510307 930315 637--
    Indice de fécondité et taux de natalité
    AnnéeFéconditéFécondité urbaineFécondité rurale
    19903,222,643,85
    19912,972,343,73
    19922,682,063,46
    19932,501,863,32
    19942,461,843,25
    19952,461,953,09
    19962,251,862,72
    19971,911,562,30
    19982,021,692,39
    19991,861,572,18
    20001,831,532,17
    20011,851,582,17
    20022,101,772,52
    20032,291,962,73
    20042,211,892,65
    20052,151,832,57
    20062,121,792,52
    20072,692,333,11
    20082,802,313,37
    20092,962,393,65
    20103,032,343,99
    20113,252,384,90
    20123,352,315,95
    20133,422,306,43
    20143,482,346,78
    20153,392,615,72
    20163,352,336,14
    20173,192,305,88

    Quelques données démographiques

    L’accroissement naturel de la population pour 2010 est de 14 ‰, au troisième rang des régions russes, après la Tchétchénie (23,3 ‰) et l'Ingouchie (17,8 ‰).

    Composition ethnique

    En 2009, Touva comptait 77 % de Touvains, 20,1 % de Russes et 0,4 % de Khakasses. La population urbaine représentait 51,5 % de la population totale, bien en dessous de la moyenne fédérale qui est de 73,1 %.

    Population active

    En 2014, la population en âge de travailler représente 55,9 %, de la population totale, soit un niveau inférieur à la moyenne fédérale, alors que le pourcentage de la population ayant atteint l'âge de la retraite est de seulement 10,1 %, beaucoup moins que la moyenne fédérale qui est de 24 %[5]. Une telle faible proportion de personnes âgées est due non seulement au taux de natalité élevé, mais aussi à une mortalité élevée, au bas niveau des soins de santé et de la qualité de vie, auxquels s'ajoutent les maux sociaux que sont l'alcoolisme et la toxicomanie, mis en exergue dans un rapport de l'Académie des sciences de 2004[6]. Parmi les régions de Russie, Touva se situe en avant-dernière position quant à l'espérance de vie, qui est de 61,8 ans, alors que pour l'ensemble de la fédération de Russie, elle est de 70,9 ans en 2014[7].

    Culture

    L'ensemble Alash, groupe pratiquant le « khöömei »

    Le Khüresh (touvain : Хүреш) est la lutte traditionnelle touvaine, similaire à la lutte mongole.

    Littérature

    Les Touvains ont une longue tradition de transmission orale.

    Musique

    La république de Touva appartient à une région du monde célèbre pour ses chants traditionnels diphoniques (chants de gorge) appelés khöömei[8],[9].

    Religion

    Un chaman pendant une cérémonie en l'honneur du feu près de Kyzyl.

    La majorité des Touvains pratiquent le bouddhisme tibétain mâtiné de chamanisme[10]. Une minorité pratique le christianisme orthodoxe russe.

    Chamanisme

    Touva est connu de par le monde de par le khöömei, des chants de gorges chamaniques de l'Altaï[11].

    Le chamanisme est officiellement interdit après l’intégration de la république de Touva dans URSS en 1944, ce qui n'empêche pas cette pratique d'exister en secret. Après la dislocation de l'URSS, en 1992, sous impulsion de l'historien Kenin Lopsan, voit le jour la première association de chamans de Touva[12],[13]. Les chamans de la génération post-soviétique contrairement à leurs ancêtres ne vivent plus en sein de la nature, mais en ville, sont présents sur les réseaux sociaux et se servent des nouvelles technologies. Ayant pour la plupart exercé dans le temps les métiers socialement reconnus comme juristes, enseignants et autres, ils se disent tous avoir été touchés par ce qu'ils appellent la maladie du chamane, se manifestant par les visions et divers troubles physiques, leur révélant leur vocation. Regroupés dans les établissements appelés les cliniques ces chamans offrent chacun une prestation spécifique - prédiction, massages, soins par les plantes, rituels d'enterrement[12]. Certaines associations à côté d’une salle d’attente, d’espaces pour les consultations disposent même d’une yourte-hôtel pour accueillir les touristes[13]. Cette institutionnalisation des pratiques ancestrales, avec l'établissement d'une direction rituelle, des cartes d'identité et des règles pour l'acceptation de nouveaux membres ont amené certains chercheurs (Agnieszka Halemba, Ulla Johansen, Mihály Hoppál) à remettre en cause l’authenticité des pratiques contemporaines[14].

    Bouddhisme

    Il y a près d'un million de bouddhistes en Russie, principalement en Bouriatie, en Kalmoukie et à Touva.

    Tenzin Gyatso, 14e dalaï-lama a visité Touva en 1992[15]. C'est après cette visite que Jampel Ludoy, futur kamby-lama de Touva, se décida à devenir bouddhiste et se rendit en Inde pour étudier au monastère tibétain de Drepung Goman[16].

    Notes et références

    1. « Mongolie », Université Laval (consulté le ).
    2. (en) Frank Jacobs, « A Map of Greater China, Made in Taiwan », sur Big Think,
    3. Правительство Республики Тыва 2015
    4. Courrier international 2005
    5. (ru) « Composition par âge de la population par région », sur gks.ru, Rosstat (Service fédéral des statistiques de la fédération de Russie) (consulté le ).
    6. (ru) «Только Республика Тува попала в число территорий с низким уровнем здоровья» // «Демографические и этнокультурные аспекты здоровья в Российской Федерации» [« La république de Touva rentre au nombre des territoires avec un bas niveau de santé »], t. 74, ,° 5, Moscou, Вестник Российской Академии Наук, (lire en ligne [RTF]).
    7. (ru) « Espérance de vie à la naissance par région », sur gks.ru, Rosstat (Service fédéral des statistiques de la fédération de Russie) (consulté le ).
    8. (en) Jules Pretty, The Edge of Extinction : Travels with Enduring People in Vanishing Lands, Cornell University Press, , 240 p. (ISBN 978-0-8014-5503-2, lire en ligne), p. 50.
    9. (en) Garland Encyclopedia of World Music, The Concise Garland Encyclopedia of World Music, vol. II, Routledge, , 672 p. (ISBN 978-1-136-09594-8, lire en ligne), p. 1240.
    10. (en) Michael Buckley, Shangri-La: A Practical Guide to the Himalayan Dream, p. 131
    11. Hugo Zemp et Trân Quang Hai, « Recherches expérimentales sur le chant diphonique », Cahiers d'ethnomusicologie, no 4, 1991, p. 27-68 [lire en ligne (page consultée le 6 juillet 2017)]
    12. Patricia Chichmanov, envoyée spéciale, « Dans la clinique de l'âme », sur lepoint.fr, (consulté le )
    13. Olivier Tallès, envoyé spécial à Kyzyl (Russie), « Touva, la république des chamanes en Russie », sur la-croix.com, (consulté le )
    14. Charles Stépanoff, Chamanisme, rituel et cognition : Chez les Touvas de Sibérie du Sud, vol. 11, Éditions de la Maison des sciences de l'homme, Paris, coll. « Brasilia », , 416 p. (ISBN 978-2-7351-1726-0, lire en ligne), p. 46-47
    15. When will Dalai Lama next visit Tuva?
    16. (en) Yulia Zhironkina, Dalai-Lama Glad to Meet Delegation from Tuva in Mongolia, TuvaOnline, Russia, 25 août 2006

    Voir aussi

    Bibliographie

    • Courrier international, « La république de Touva survit grâce à l'herbe », Courrier international (en ligne), (lire en ligne, consulté le )

     : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

    • (en) D. Shurkhuu, « Similarities and Differences between Mongolia and Tuva in the Evolution of Bilateral Ties », Senri Ethnological Studies, vol. 86, , p. 127‐144 (DOI 10.15021/00002408, lire en ligne)
    • Diane Slëzkine, "Au delà des Saïan", 2019, Ed.Les Carnets de l'Aléatoire.

    Liens externes

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