Jean Marais

Jean Alfred Villain-Marais, dit Jean Marais, né le à Cherbourg, (Manche) et mort le à Cannes (Alpes-Maritimes), est un acteur français. Actif au théâtre comme au cinéma, il est aussi metteur en scène, écrivain, peintre, sculpteur, potier et réalise la plupart de ses cascades. Il reçoit en 1993 un César d'honneur[1].

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Jean Marais
Jean Marais en 1991.
Nom de naissance Jean Alfred Villain-Marais
Naissance
Cherbourg, France
Nationalité Française
Décès
Cannes, France
Profession Acteur
Films notables L'Éternel Retour
La Belle et la Bête
Le Bossu
Le Capitan
Le Capitaine Fracasse
Fantômas (trilogie)

Biographie

Signature de Jean Marais.

Enfance et adolescence perturbées

Jean Alfred Villain-Marais est officiellement[2] le fils d'Alfred Villain-Marais (1882-1959) et d'Aline Marie Louise Vassord (1887-1973), selon l'extrait de l'acte de naissance no 756/163, ville de Cherbourg.

Biographe de l’acteur, Sandro Cassati[3] précise que la mère de Jean, d’origine alsacienne, fut recueillie par sa tante et prit le nom d’Henriette Bezon, nom officiel qu’elle utilisa pour son mariage en 1906, à Neuilly-sur-Seine.

Il n'a que cinq ans lorsque sa mère décide de quitter son mari, vétérinaire à Cherbourg, à son retour de guerre. Elle part vivre en région parisienne avec ses deux fils (Henri et Jean), en banlieue ouest : au Vésinet, puis à Chatou. Comme elle est souvent absente, le petit Jean lui écrit alors des lettres d'amour mais c'est sa tante Joséphine qui inscrit l'adresse sur l'enveloppe. Il comprendra plus tard le secret de sa mère : kleptomane, elle effectuait des séjours en prison. Se faisant appeler Morel, elle adopte le prénom d'Henriette puis de Rosalie. La relation mère-fils complexe, passionnée et intense, va se faire plus forte encore du fait de l’absence du père. Jean Marais ne le reverra que près de quarante ans plus tard ; sa mère lui avouera alors que son vrai père était en fait son parrain, présenté comme étant son oncle, Eugène Houdaille[4], version par la suite contredite par un ami médecin de son père, le docteur Hervé.

Très jeune, il va souvent au cinéma, entraîné par sa mère, et il tombe en admiration de l’actrice américaine Pearl White pour ses chevauchées fantastiques et ses qualités de cascadeuse. Mais, lui rendant visite plus tard, il sera très déçu en apprenant par elle-même qu’elle était toujours doublée dans ses films. « En somme, déclara-t-il, toute ma carrière est partie de mon admiration pour cette femme qui ne faisait pas ce qu’on voyait à l’écran. » Douglas Fairbanks, le Zorro du cinéma muet, et Mary Pickford, pour sa grâce juvénile, sont aussi ses stars préférées.

Enfant de chœur, il est un élève très médiocre, sauf en récitation et en gymnastique au collège de Saint-Germain-en-Laye, où il devient chef de bande et bagarreur. Mauvaises notes, conduite dissipée : il est renvoyé. Inscrit au collège du Petit-Condorcet, puis interne à Janson-de-Sailly, avant son retour à Saint-Germain où il intercepte la lettre d’exclusion de l’établissement. Après un séjour en pensionnat religieux réputé pour sa sévérité, il quitte la scolarité en classe de seconde, âgé de seize ans, pour entrer dans la vie active. Il est apprenti chez un fabricant d’appareils de radio, puis à l’usine Pathé de Chatou. C’est dans un atelier de photographie qu’il fait la connaissance d’Henri Manuel, un photographe portraitiste, qui lui donne ses premiers conseils de lecture, car Jean est alors totalement inculte, et l’aide à réaliser ses rêves de théâtre en lui indiquant un cours d’art dramatique à Montmartre. En 1932, il quitte la dernière habitation commune avec sa mère, rue des Petits-Hôtels (10e arrondissement de Paris) et part au service militaire âgé de dix-neuf ans.

Débuts au théâtre et au cinéma

Il démarre comme figurant en 1933 dans les films de Marcel L'Herbier. Celui-ci cependant ne lui donne jamais sa chance en tant qu'acteur, desservi, il est vrai, par sa voix de fausset.

Après avoir échoué au concours d'entrée au Conservatoire, en 1936, il étudie chez Charles Dullin, au théâtre de l'Atelier. Il y découvre les pièces classiques, où il tient des rôles de figuration durant trois ans, payé dix francs par jour qui lui permettent de financer ses cours.

Rencontre avec Jean Cocteau

Jean Marais en 1942, photographie du studio Harcourt.

En 1937, il fait la connaissance de Jean Cocteau lors d'une audition pour la mise en scène de sa réécriture d'Œdipe Roi. Cette rencontre marque le véritable lancement de sa carrière : « Je suis né deux fois, le et ce jour de 1937 quand j’ai rencontré Jean Cocteau. » Le cinéaste et dramaturge tombe amoureux du jeune acteur, qui devient son amant, mais sera pour lui son mentor, s’occupant de son instruction littéraire et artistique, ne se moquant jamais de son inculture. De son côté Marais ne cessera jamais d’aider Cocteau à lutter contre son intoxication à l’opium. Marais « refusa d’entrer dans le cercle infernal de la drogue, révélant ainsi un trait constant de son caractère, son indépendance totale à l’égard de tous et de tout », écrit Carole Weisweiller[5], auteure d’une biographie de l’acteur.

En 1937, Cocteau lui donne un premier rôle muet dans Œdipe Roi : il y joue le rôle du Chœur. Son rôle est muet car Jean ne maîtrise pas encore assez sa voix pour le théâtre, la cigarette l'aide à la transformer, au risque d'altérer sa santé. Dans cette pièce, il apparaît vêtu de bandelettes, costume créé par Coco Chanel, amie de Cocteau, et cela fait jaser. Quasiment nu, couché devant la scène, regardant droit dans les yeux des spectateurs, il impose le silence à ceux qui chuchotent ou ricanent. La photographie de Marais, dans cette tenue scandaleuse est publiée dans de nombreux journaux à cette époque.

Puis la même année, chanceux, il obtient, en remplacement de Jean-Pierre Aumont, le double rôle de Galaad et du faux Galaad dans Les Chevaliers de la Table ronde de Jean Cocteau. Les critiques n’épargnent pas le jeune acteur : « Quant à Jean Marais, il est beau, un point c’est tout », écrit Pierre Brisson dans Le Figaro. Reconnaissant qu’il manque de métier, il se résout à travailler dur pour remplacer son physique par le talent. Il gagne à présent 60 francs par jour, une fortune lui permettant d’aider financièrement sa mère.

En 1938, Cocteau lui écrit rapidement une pièce sur mesure : Les Parents terribles, qui devait sceller son destin théâtral lui donnant la reconnaissance de la profession. Il y interprète le rôle de Michel, un jeune homme moderne âgé de vingt-deux ans aux sentiments extrêmes, qui rit, pleure, crie, se roule par terre. La pièce connaît à plusieurs reprises la censure pour immoralité et incitation à la débauche. Les censeurs y voient un inceste entre la mère et le fils. Dix ans plus tard, en 1948, Cocteau donna une version cinématographique de la pièce avec un Jean Marais déjà âgé de trente-cinq ans dans le rôle du fils, et dans le rôle de la mère Yvonne de Bray pour laquelle Marais avait une admiration débordante. Après la disparition de Cocteau en 1963, Jean Marais assurera à son tour la continuité et la fidélité de ce couple devenu mythique. Le 17 janvier 1977, au théâtre Antoine à Paris, Marais mettra en scène Les parents terribles et interprétera, cette fois à l’âge de 64 ans, le rôle de Georges, le père de Michel.

Été 1939 : il est mobilisé, affecté à la base de Versailles puis transféré dans la Somme. Durant la « drôle de guerre », il a pour mission de guetter l’arrivée des avions allemands du haut d’un clocher à Roye ; il y sera oublié par sa compagnie jusqu’à la débâcle et l’armistice.

Idole et résistant malgré lui

En 1941, au théâtre des Bouffes-Parisiens, il se lance pour la première fois dans la mise en scène de Britannicus, la tragédie de Racine, réalisant les décors et costumes. Il s’attribue le rôle de Néron, tandis que Serge Reggiani joue celui de Britannicus. Esprit frondeur, n’obéissant qu’à sa propre loi, il demande aux acteurs de jouer d’abord la situation et de ne pas ajouter de la musique aux vers comme c’était la mode à l’époque. Ce fut un succès mais la pièce ne se joue que dix fois.

Puis il interprète le double rôle de Maxime et Pascal dans la nouvelle pièce de Cocteau La Machine à écrire créée dans une mise en scène de Raymond Rouleau le 29 avril 1941 au théâtre Hébertot. D’abord refusée par la censure allemande, qui y voit une critique de l’Occupation, puis autorisée après suppression d’une scène, la pièce va provoquer des remous. En effet, elle est à l’origine de l’un des plus grands scandales que connut Cocteau. L’attaque vient de la presse collaborationniste, et particulièrement du journal Je suis partout. Le 12 mai 1941 François Vinneuil, alias Lucien Rebatet, auteur antisémite, signe un article intitulé « Marais et marécage » affirmant que cette pièce « est le type même du théâtre d’invertis ». Alain Laubreaux, le , poursuit dans le même journal ce travail de destruction, accusant la pièce de décadence et de perversité. Selon lui, La Machine à écrire, avec ses lettres anonymes prétendant faire justice, à une époque où le régime de Vichy appelle quotidiennement à la délation, représente l’exemple caractéristique du théâtre de l’anti-France. La suite du scandale est proprement spectaculaire, décrite dans la biographie d’Henry-Jean Servat  : Jean Marais, croisant Alain Laubreaux le soir du dans un restaurant au 80, boulevard des Batignolles (Paris), « lui cassa la figure » comme il l’avait annoncé[6].

En 1941, il entre à la Comédie-Française mais n’y joue pas, à la suite de ses démêlés de contrat avec « le Français », provoqués par son engagement illicite pour un film de Marcel Carné Juliette ou la Clé des songes, qui ne sera réalisé qu’en 1950 avec Gérard Philipe.

Ayant raté son entrée dans le monde du cinéma, il se reprend en partant à Rome en 1942, dans une Italie mussolinienne sinistre, pour jouer dans l'adaptation par Christian-Jaque de Carmen, avec Viviane Romance. Pour son premier grand rôle au cinéma il est Don José, apprenant à monter à cheval et à effectuer ses premières cascades. Mais le film ne sortira sur les écrans qu'en 1945.

Toujours en conflit avec la Comédie-Française, il ne peut pas jouer Renaud et Armide de Jean Cocteau ; ce dernier est à nouveau victime d'une cabale, vraisemblablement menée par les collaborationnistes, et les représentations sont rapidement annulées.

En 1943, il joue un Tristan moderne dans L'Éternel Retour de Jean Delannoy. Le film connaît un triomphe. Jean Marais et Madeleine Sologne, deux blondeurs éthérées, forment pour l’époque une sorte d’idéal romantique, les icônes d'une jeunesse qui veut se reconnaître en eux. Devenu une star, il lance la mode du pull Jacquard qu’il porte dans le film. Cependant il n'est pas épargné par la critique d'Alain Laubreaux qui le qualifie de « L'homme au Cocteau entre les dents » et affirme qu'il ne doit son statut qu'aux hautes relations de Cocteau.

Le , il met en scène Andromaque de Racine au Théâtre Édouard VII, avec Alain Cuny, mais la pièce est interdite dès le par le secrétaire d'État à l'Information et à la Propagande du gouvernement de Vichy, Philippe Henriot, qui déclare au micro de Radio-Paris que « les poses plastiques prises par messieurs Marais et Cuny dans Andromaque nuisent plus à la France que les bombes anglaises. » Jean Guehenno donne dans son Journal des années noires une note d'un journal dont il tait le nom sur cette interdiction : « La milice française est soucieuse de la protection intellectuelle de la France ainsi que de la moralité publique. C'est pourquoi le chef régional de la milice française pour l'Ile-de-France a prévenu le préfet de police qu'elle allait s'opposer à la représentation de la pièce scandaleuse de MM. Jean Marais et Alain Cuny, jouée actuellement au théâtre Édouard VII. M. le préfet de police a pris un arrêté interdisant immédiatement la pièce »[7]. Idole d'une génération, Marais gagne encore en popularité et devient un symbole de résistance à l'occupant.

Après la Libération de Paris, durant laquelle il se joint aux combats en , il s'engage dans l'armée française et rejoint la 2e DB du général Leclerc. Il y sert, accompagné de son chien Moulouk [8], au sein du 501e régiment de chars de combat, ravitaille les équipages de chars en vivres et carburant, et y conduit une jeep baptisée Célimène, puis des camions. On salue sa bravoure après qu'il a été un des seuls conducteurs restés au volant de leur véhicule lors du bombardement de leur colonne à Marckolsheim en Alsace (modestement, dans ses interviews ultérieures il tiendra à relativiser cette attitude courageuse, l'expliquant par une volonté à ce moment d'être tranquille au chaud pour déguster des confitures de cerises)[9]. Il reste sous les drapeaux jusqu'en .

Jean Marais en 1947, photographié par Carl Van Vechten.

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, Cocteau lui écrit son grand rôle de La Belle et la Bête. Dans son Journal d'un film, Cocteau mentionne que le tournage de son film, auquel personne ne croit, démarre à Rochecorbon en août 1945, pour se terminer en janvier 1946. Le tournage a été très difficile à réaliser. Cocteau, souffrant d’une grave maladie de peau, est hospitalisé à Pasteur, dans une cage de verre stérile, et n'est sauvé de l'eczéma que grâce à un nouveau médicament provenant des États-Unis, la pénicilline. Avec ce film, où il interprète un triple rôle, Marais entre alors dans la légende.

En 1946, il abandonne son rôle dans Les Parents terribles à Daniel Gélin, pour jouer sur scène Stanislas, l'anarchiste amoureux de la Reine (Edwige Feuillère) dans la nouvelle pièce que Cocteau a écrite pour lui : L'Aigle à deux têtes. La pièce se joue durant un an à guichets fermés. La critique est dure pour l’auteur et cruelle pour son acteur : « C’est un acrobate, un point c’est tout », en parlant de la scène finale où chaque soir Marais meurt en tombant à la renverse du haut d’un escalier dans une chute spectaculaire, après avoir tué la reine. La pièce est jouée au théâtre de la Fenice de Venise pour la Biennale du théâtre. Après la version filmique de la pièce l’année suivante, le couple Marais-Feuillère ne se reformera qu’en 1980 pour la pièce de G B Shaw Cher menteur, adaptée par Cocteau.

En 1947-1948, il tourne au cinéma auprès de certaines des plus grandes vedettes féminines françaises de l'époque : Les Chouans avec Madeleine Robinson, Ruy Blas avec Danielle Darrieux, Aux yeux du souvenir avec Michèle Morgan, film qui scelle ses retrouvailles avec Jean Delannoy ; ce dernier l'engagera à nouveau, plus tard, au cinéma dans La Princesse de Clèves avec Marina Vlady.

Changement de registre : L'émancipation

Marnes-la-Coquette (Hauts-de-Seine) où résida Jean Marais de 1954 à 1971.

En 1948, il quitte l’appartement de Cocteau au 36, rue de Montpensier, sous les arcades du Palais-Royal, pour la péniche Le Nomade au 78, boulevard Koening à Neuilly-sur-Seine, avant d'habiter en 1954 dans sa maison de Marnes-la-Coquette. Avec l’éloignement de l’un et de l’autre, les rapports Cocteau-Marais se transforment en rapports mentor-disciple. Mais si son amour pour Cocteau se change en amitié, c'est une amitié à laquelle Marais restera toujours fidèle jusqu’au dernier jour du poète, mort le dans sa maison de Milly-la-Forêt.

En 1948, il joue avec succès au théâtre dans Chéri, une pièce de Colette avec Valentine Tessier, mais refuse d’interpréter le même rôle dans la version filmique de 1950, le laissant au profit de Jean Desailly, par solidarité avec sa partenaire de scène, évincée de son rôle à l’écran.

En 1950, il est Orphée dans l'un des plus célèbres films de Jean Cocteau, Orphée avec Maria Casarès et François Périer. « Tourner Orphée était pour moi une tâche plus glorieuse : c’était la plus belle récompense que j’aie jamais rêvée », déclara-t-il par la suite. Le film est récompensé par le Grand Prix international de la Critique à la Mostra de Venise. C’est la dernière fois que Marais tourne avec Cocteau, exceptée une courte apparition dans l’ultime film du poète Le Testament d’Orphée en 1959, où Cocteau dans le rôle d’Orphée âgé croise, sans le voir, Marais jouant Œdipe aveugle.

En 1950, il fait la connaissance du danseur américain George Reich. Ils resteront ensemble neuf ans.

En 1951, il est de retour pensionnaire de la Comédie-Française. Il y est à la fois comédien, metteur en scène et décorateur. C'est la première fois qu'une telle fonction est donnée à un comédien aussi jeune (il a moins de quarante ans). Pour la deuxième fois il met en scène Britannicus avec les comédiens de la salle Richelieu, s'attribuant le rôle de Néron. Son parti pris est de casser la déclamation, de ne pas faire « donner de la voix » comme c’est la règle dans la maison : « Les vers de Racine sont si beaux et si riches qu’il n’y a pas besoin de rajouter du chant : le vers est là, la rime est là », déclare-t-il dans son entretien avec Carole Weisweiller. Côté scandale, il est servi : huées, cris, sifflets avant qu’il ouvre la bouche. Chaque séance se termine par des bravos frénétiques mêlés aux vociférations outrageantes. On parle d’une nouvelle « Querelle des Anciens et des Modernes », d’une nouvelle « bataille d’Hernani ». C’est une véritable cabale organisée contre ce jeune présomptueux, vedette de l’écran venue s’exhiber dans le temple du répertoire classique. Étant pensionnaire du Français, il ne peut tenir le rôle d’Hans, le jeune paysan, dans Bacchus, la nouvelle pièce de Cocteau, montée par la compagnie Renaud-Barrault. En 1988, il aura à cœur de mettre en scène la pièce, mais en interprétant le rôle de son âge, celui du Duc.

En 1952, il interprète consciencieusement Salle Richelieu le rôle de Xipharès dans Mithridate, et obtient un congé de trois mois pour aller tourner à Venise L'Appel du destin en jouant le rôle du père du jeune prodige Roberto Benzi. À son retour d'Italie en 1953, exaspéré par les tracasseries, il quitte définitivement la Comédie-Française, après une altercation avec l'administrateur Pierre-Aymé Touchard, lequel voulait l’obliger à jouer le rôle de Roméo dans une adaptation de « Roméo et Juliette » qu'il n'aimait pas.

En 1954, Albert Willemetz, directeur du Théâtre des Bouffes-Parisiens, le nomme au poste de directeur artistique. Il met en scène et joue aux côtés de Jeanne Moreau dans la pièce de Cocteau, créée en 1934, La Machine infernale. Et en 1955, dans le même théâtre, il met en scène, en réalisant les décors et costumes, la pièce de George Bernard Shaw Pygmalion avec Jeanne Moreau, remarquable dans le rôle d’Élisa.

Dans les années 1950, il est à l’apogée de sa gloire, enchainant film sur film. Il retrouve celle avec qui il forme « le couple idéal du cinéma français », Michèle Morgan, dans un film de René Clément. Il tourne avec Alida Valli, Dany Robin, Jeanne Moreau, Danièle Delorme, Danielle Darrieux et la jeune Brigitte Bardot. Il tourne pour de grands cinéastes, dont Marc Allégret, Pabst, Sacha Guitry, Jean Renoir dans Elena et les Hommes, où il partage la vedette avec Ingrid Bergman.

1954 est l'année de son plus grand succès au cinéma avec Le Comte de Monte Cristo, seconde adaptation, par Robert Vernay, en couleur, du roman d'Alexandre Dumas.

Jean Marais, photographié au milieu de la troupe des Blue Bell Girls du Lido de Paris, arrivant à l'aéroport d'Amsterdam-Schiphol le .

En 1957, Luchino Visconti l'engage pour son film Nuits blanches avec un trio international d’acteurs : lui français, l’Autrichienne Maria Schell et l’Italien Marcello Mastroianni. Le film reçoit le Lion d'argent à la Mostra de Venise. L'année suivante, en 1959, Visconti le reprend dans la pièce Deux sur la balançoire, avec Annie Girardot.

Les films de cape et d'épée

En mars 1957, pour le Gala de l'Union des artistes au Cirque d'Hiver (Paris), il présente un dangereux numéro de haute voltige, sans harnais de sécurité, au sommet d'une perche flexible à dix-huit mètres du sol, pour prouver que « les artistes peuvent ne pas tricher ». Le réalisateur André Hunebelle, présent dans la salle, remarque sa performance et lui propose de mettre à profit son sens de la cascade. De poétique, sa carrière devient athlétique. Avec Le Bossu, son premier grand film de cape et d’épée, tourné en 1959, avec la complicité de Bourvil, il escalade, galope, ferraille, tenant avec panache un double rôle. C'est le début d'une nouvelle destinée, à 46 ans. Il est toujours aussi populaire, et ce nouveau registre, plus familial, lui permet de séduire un nouveau public encore plus important.

En 1960, il retrouve à nouveau Bourvil et André Hunebelle dans Le Capitan, puis enchaîne une série de films de cape et d'épée dont Le Capitaine Fracasse en 1961 ou encore Le Masque de Fer d'Henri Decoin en 1962, son dernier film du genre, où il interprète, à presque cinquante ans, le rôle de d’Artagnan vieillissant.

Les films d’aventure et d’espionnage

Descendu de son cheval, il change de registre en s’essayant dans le film d’espionnage, interprétant un agent secret dans le doublé Stanislas en 1963 et 1965. Mais dans ce genre cinématographique la concurrence est redoutable avec l’arrivée de la série des James Bond.

En perte d’audience, il change encore de registre et connaît cette fois un nouveau triomphe au cinéma avec la trilogie Fantômas (1964-1967), dans laquelle il joue le double rôle du journaliste Fandor et de Fantômas. Il y effectue souvent ses propres cascades. Mais bien que le public afflue dans les salles et que le nombre d'entrées explose, il estime que ces films n'ont pas le prestige des précédents. De plus, après avoir dû partager, dans une bonne entente, la vedette avec Bourvil, le voilà désormais presque relégué au rang de premier second rôle par Louis de Funès qui interprète le rôle du commissaire Juve. Un quatrième opus (Fantômas à Moscou) était prévu. Mais les deux acteurs, en compétition, ne s'entendaient pas et refusèrent de retravailler ensemble.

La série des films d’aventure n’est pas terminée mais l’étoile du cinéma commence à perdre de son éclat. Il est toujours demandé mais dans ce genre il ne convaincra pas entièrement et le succès lui sera mesuré. L’audience baisse de plus en plus. Après les films de cape et d’épée où il fit merveille, le voici en costume moderne voué aux rôles de gentleman aventurier dont Le Gentleman de Cocody (1965) et Le Saint prend l’affût (1966) marqué par l’accident mortel du cascadeur Gil Delamare en plein tournage.

À cette époque il aurait dû interpréter le père du tout jeune Alain Delon dans un film de Christian-Jaque sur l’histoire de Marco Polo. Le film, La Fabuleuse Aventure de Marco Polo, se fera plus tard mais sans eux, à cause d'une production financière inadéquate.

Retour au théâtre / Sauvetage d'une vie

Jean Marais en 1993, à la 18e cérémonie des César.

En 1968, il semble délaisser pour un temps le grand écran et privilégie dès lors le théâtre où il met en scène, en réalisant les décors et costumes, Le Disciple du Diable de George Bernard Shaw, par fidélité à Cocteau qui avait écrit l’adaptation en français en 1962.

En 1969, quelle ne fut pas sa joie lorsque Marcel Cravenne lui demande enfin d’être l’interprète du rôle de Renaud dans la version télévisée de la tragédie de Cocteau Renaud et Armide, rôle dont il avait été privé en 1943. C'est sa 1re expérience d’interprétation à la télévision. Le 8 avril 1969, Jacques Chancel l’interviewe dans Radioscopie. Au théâtre, il joue et met en scène Œdipe-Roi en assurant les décors et costumes et l’année suivante il est Cyrano de Bergerac à Lyon puis en tournée à travers la France.

Au cinéma, les propositions se font rares. Il espère jouer le rôle principal du film de Visconti Mort à Venise mais c’est Dirk Bogarde qui est retenu. Le même Visconti envisage de porter à l’écran À la recherche du temps perdu avec Marais dans le rôle du prince de Guermantes. Projet abandonné. Autres déceptions, faute d’accords de producteurs, il doit renoncer à ses ambitions d’adapter le roman de Victor Hugo Les Travailleurs de la mer et de réaliser un film musical, Mila, selon un scenario tiré d’un de ses contes. Son rêve de jouer dans un vrai western américain ne se réalisa jamais car ce genre cinématographique était passé de mode.

Lot de consolation, en 1970, Jacques Demy lui offre dans Peau d'âne son dernier grand rôle au cinéma, celui de ce roi amoureux de sa fille, interprétée par Catherine Deneuve.

En 1973, sur le petit écran, il retrouve le succès pour sa huitième et ultime collaboration avec André Hunebelle dans le téléfilm en sept épisodes : Joseph Balsamo. La même année, il apparaît dans l'émission de télévision littéraire Italiques [10] pour parler de la rencontre de Cocteau - Moretti[11].

Pendant les quinze années suivantes il disparait totalement des écrans pour ne se consacrer qu’au théâtre.  

Dans les années soixante il a de gros problèmes avec les impôts :  il doit au fisc soixante-dix millions de centimes de franc.  « À cette époque j’avais la propriété de Marnes-la-Coquette et j’avais déjà celle de Cabris, qui n’était pas achevée. J’ai mis les deux propriétés en vente en me disant : la première qui se vendra me dira où je devrai finir ma vie. »[12] Comme la maison de Marnes était en bon état, c’est elle qui s’est vendu en premier[13].

Il se retire dans les Alpes-Maritimes, en sa maison à Cabris, dans les environs de Grasse, où meurt sa mère, âgée de 86 ans en 1973.

Pour occuper son temps de loisir, il décide de faire de la poterie, s’étant fait installer un four flambant neuf dans l’atelier de sa nouvelle demeure. Aidé seulement par des livres, ses débuts sont cocasses, sans succès et on lui conseille de prendre des cours de tournage. À Vallauris, il vient passer une commande de 200 kilos de terre glaise et fait la rencontre fortuite le 6 juin 1973 de Nini Pasquali (1927-2018) et de Jo son mari, potier dans cette commune, près de Cannes. Sa vie va changer. La suite, c'est une très belle amitié, une confiance absolue qui dura 25 ans jusqu’au décès de l’artiste.  Le couple prend l’acteur sous son aile. Jo l’aide à mieux maîtriser son art en lui apprenant à tourner. C’est d’ailleurs l’origine d’une plaisanterie : quand on lui demandait pourquoi il ne tournait plus (au cinéma), il répondait : « Je n’ai jamais autant tourné de ma vie ! » [14]

Des heures durant, derrière son tour, guidé par son technicien, il découvre de nouveaux gestes. Son audace et son courage le conduisent bientôt à ouvrir en 1975 une première galerie à Vallauris[15] avec l’aide de Jo et de sa femme Nini. « Je suis un artisan, pas un artiste. L’art m’attire, me fascine. J’aime m’en approcher, je respecte l’artiste, je l’aime, j’aimerais lui ressembler. Mais je place trop haut l’art pour me croire un artiste. » déclare-t-il à Gilles Durieux, auteur d’une biographie de l’acteur[16]. Avec humour, à une personne l'appelant maître, il lui dit : « Maître Non! 1m84 Oui! »

En 1976, il ouvre également une deuxième galerie où il vend ses poteries et ses peintures à Paris au 91 rue Saint-Honoré à l'enseigne Jean Marais, potier. La boutique est tenue par l'actrice Mila Parély qui joue le rôle de la sœur de la Belle dans La Belle et la Bête[17],[18].

Puis une 3ème galerie en 1981 à Megève sur la place du village et une 4ème à Biarritz.  La vente de ses œuvres est importante renforcée par le succès de son exposition à la Galerie La Cimaise de Montréal au Canada.

Ces galeries l’ont aidé à résoudre ses problèmes financiers, sa dette pour le fisc s’étant élevé jusqu’à 120 millions de centimes de franc (soit 18 millions €).

Pour le sortir de ce bourbier et sauver le naufragé définitivement, Nini veille sur ses finances en surveillant sa philanthropie trop naïve et son côté flambeur avec l’argent[19]. Elle arrive à le convaincre de vendre sa maison de Cabris[20]. Après avoir vécu dans un mobil-homme[21] blotti dans un petit bois près d’Antibes, il s’installe en 1981 dans une petite maison dans le haut Vallauris, 1196 chemin du Cannet « Le Préau »[22] avec un portail en fer forgé dessiné par Cocteau et trois ateliers de poterie, de peinture et de dessin.

Dès 1982, pour pallier les inutiles dépenses d’hôtellerie et restreindre son train de vie, Nini lui loue à Montmartre[23] un petit studio au 22 rue Norvins[24], voisin de son ami Jean-Pierre Aumont, au 4 allée des brouillards.

Chaque année, depuis 1986, il participe à la Fête de la Poterie de Vallauris en créant notamment l’affiche de l’évènement. Cet hôte de prestige fait bénéficier la commune de son enthousiasme et de son talent[25].

À cette époque, il connait des contretemps au cinéma. Ainsi, en 1981 il refuse le rôle d’un Jules César « un peu trop folle » à son goût (il est remplacé par Michel Serrault) dans le film de Jean Yanne : Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ, alors qu’il aurait souhaité tourner avec Jean-Jacques Annaud dans La guerre du feu. En 1985, Jean-Luc Godard le contacte pour jouer le rôle de Joseph dans son film Je vous salue Marie, mais en vain. En 1988, Anne Delbée (avec l’appui d’Isabelle Adjani) lui propose de tenir le rôle de Rodin, mais le projet est bloqué par les héritiers de Claudel.

Au cours des années 1980 et 1990, il poursuit son abondante carrière au théâtre et monte en 1983 le spectacle Cocteau-Marais qu’il interprète seul en scène pour faire revivre la mémoire de ce poète de génie. Il devient le gardien de l'œuvre de Cocteau, sans en avoir légalement les droits. Il interprète de grands rôles comme celui de Don Diègue dans Le Cid, et joue aussi dans des pièces telles que Le Roi Lear, L'Alcade de Zalamea, Du vent dans les branches de sassafras, Don Gomès dans Hernani, La Maison du Lac avec Edwige Feuillère et Les Monstres sacrés avec Michèle Morgan.

On le retrouve, plus discrètement, au cinéma, en particulier dans Parking de Jacques Demy et Les Misérables du XXe siècle de Claude Lelouch. Il tourne un dernier film, Beauté volée, de Bernardo Bertolucci en 1996.

Dans une interview accordée à Bernard Pivot, il précise n'avoir jamais fait de figuration dans Drôle de drame le film de Marcel Carné en 1937 mais avoir été remplacé à la dernière minute pour le rôle d'un passant habillé en costume et haut de forme qui se fait assommer par l'homme de main de l'hôtelier du quartier chinois, à la recherche de fleurs. Soit Marais avait oublié ce rôle, soit il ne voulait pas en parler.

Au cours d'un entretien télévisé pour Cinéma, Cinémas en 1987, après avoir évoqué sa violente altercation avec Alain Laubreaux, laquelle inspirera une scène du film Le Dernier Métro, il confie à Raoul Sangla sa surprise de n'avoir jamais été engagé par François Truffaut, réalisateur dudit long métrage, et cinéaste régulièrement présent à chacune des représentations de l'acteur sur scène[26].

En 1988, il enregistre la chanson On n'oublie rien[27], de François Valéry et Gilbert Sinoué, chez Franceval et joue, met en scène, réalise les décors et costumes de Bacchus, la pièce de Cocteau.

En 1989, en présence d’Alain Juppé, premier adjoint à la Mairie de Paris, il assiste à l’inauguration de son bronze sortant d’un mur de la place Marcel-Aymé à Paris représentant l’auteur de Passe-muraille. En 1989, au théâtre, il réalise sa dernière mise en scène La Machine infernale de Cocteau en interprétant le rôle de Laïos.

Après écrit et illustré quelques livres, contes[28] et poèmes et rédigé ses Mémoires, Histoires de ma vie. Il est aussi l'auteur de L'Inconcevable Jean Cocteau en 1993.

Dernières années

En 1993, pour ses quatre-vingts ans, Jean-Claude Brialy lui organise une grande fête en présence des personnalités du Tout-Paris. Moment d'intense émotion, d’autant plus que sa santé se dégrade.

En 1994, il commence à se plaindre d’une mauvaise sciatique qui touchait le nerf crural, le clouant sur place comme paralysé. En fait, c’est le début de son myélome, un cancer hématologique de la moelle épinière, cette fameuse maladie de Kalher[29] qui avait emporté son ami André Bourvil en 1970. Mais comme il n’aurait pas supporté de se savoir condamné, cherchant à anticiper l’issue fatale, la vérité sur sa maladie lui sera cachée par son rhumatologue, le professeur Gérard Ziegler[30], prétextant que l’origine de ses douleurs dorsales provenait de l’abus de ses cascades au cinéma. Certes sa colonne vertébrale avait souffert au long de sa carrière mais ça n’était pas la cause de ses douleurs.

Le 2 mai 1996, le président Jacques Chirac remet à l'Elysée les insignes de chevalier de la Légion d'honneur à Gérard Depardieu et la cravate de Commandeur de la Légion d’honneur à Jean Marais, au cours d'une cérémonie de remise collective de décorations à des personnalités du cinéma et du théâtre[31] : « Çà été terrible de rester une heure debout, mais Chirac a été merveilleux. »

Le 15 décembre 1996, il écrit son testament[32]. Ses parents décédés ainsi que son frère Henri dans les années 1950, il n’a pratiquement plus de famille, hormis deux nièces oubliées. Il déclare faire de Nini et Jo Pasquali, ses légataires universels, pour la reconnaissance qu’il leur doit.

Dernier passage sur les planches au printemps 1997, il interprète le berger Balthazar dans L'Arlésienne, aux Folies Bergère, aux côtés de Bernadette Lafont.

À l'automne 1997, il prépare son interprétation pour le rôle de Prospéro dans La Tempête de Shakespeare, mais pour cause de maladie, il doit interrompre les répétitions alors que Paris était couvert des affiches de la pièce. Son vœu le plus cher aurait été de mourir sur scène car le théâtre c’était toute sa vie mais, personne ne voulant plus l’assurer, il ne remontera plus sur les planches.

Le 20 décembre 1997, autorisé par le professeur Ziegler à quitter l’hôpital de l’Archet à Nice, il peut assister au vernissage de sa dernière exposition à l’Art World Gallery, 12 rue des Belges à Cannes, en présence de ses amis dont Jean-Pierre Aumont. Malgré la difficulté qu'il éprouve à rester assis devant son chevalet, il confie à Nini Pasquali : « Je préfère le pinceau à la canne. »[33]

En mai 1998, Tony Curtis de passage à Cannes vient le voir pour lui faire part de son admiration réciproque. Cependant, ne croyant pas du tout à sa postérité, il dit à Jo Pasquali : « Tu sais, après ma mort, ils m’oublieront. »

Il meurt, un mois avant de fêter ses 85 ans, d'une insuffisance cardiaque à l’hôpital des Broussailles, à Cannes le .

Ses obsèques ont lieu le 13 novembre en présence de personnalités amies comme Jean-Pierre Aumont, Mylène Demengeot, Georges Descrières, Francis Perrin, Marthe Villalonga, Jacques François, Michou, son voisin de Montmartre et la ministre de la Culture, Catherine Trautmann : « Jean Marais était le capitaine de tant de rêves qu’il a su rester le plus familier des héros. Il est aujourd’hui au royaume des poètes et des monstres sacrés. »

Il est enterré dans le petit cimetière de Vallauris, la ville des potiers, où il a passé les dernières années de sa vie.

Sa tombe[34] y est profanée dans la nuit du 7 au [35].

Postérité

Plaque de la place Jean-Marais à Paris.

En , répondant à une interview de Denis Taranto, paru dans Paris Match du , Marais dit : « Je me fiche de la postérité […] ma postérité c’est Jean Cocteau ».

Pourtant, à la mort de Cocteau en 1963, n’étant pas un homme d’argent, il renonce à l’héritage au profit d’Édouard Dermit, le dernier compagnon du poète[36].

À Paris, l’exposition Hommage à Jean Marais, Héros romantique d’aujourd’hui a lieu du au au musée de la Vie romantique.

À Montmartre, près de la basilique du Sacré-Cœur, une place Jean-Marais est inaugurée le .

Une exposition Jean Marais, l'éternel retour lui est consacrée au musée de Montmartre, du au , afin de saluer sa mémoire, dix ans après sa mort.

Une vente aux enchères de ses souvenirs organisée le 28 avril 2009 à l'hôtel Drouot à Paris atteint une valeur globale de 600 000 €. Il y a là quelque 500 pièces parmi lesquelles sa correspondance avec Jean Cocteau, des toiles peintes par le comédien et des objets personnels[37].

Philatélie : Le 22 octobre 2012, un timbre-poste est édité en son honneur. Il est tiré à 2 millions d'exemplaires en héliogravure[38],[39].

Le a lieu la vente aux enchères[40]à Antibes de 300 lots de son patrimoine artistique au profit d’œuvres charitables en présence des Pasquali. Elle rapporte la somme de 275 000 euros, au profit d’œuvres caritatives[41],[42].

À L’Isle-Adam (Val-d'Oise), sa statue en bronze de Siaram (palindrome de « Marais »), représentant un sphinx portant des bois de cerf, a été installé par la municipalité en 1992 dans la perspective de l'allée Le Nôtre[43].

Plusieurs lieux portent son nom : la salle de cinéma du Vésinet (Yvelines), de même qu'un bateau-mouche à Paris, un boulevard à Cabris, une rue (ex-rue Victor-Hugo) à Cherbourg, sa ville natale, ainsi que le théâtre de la Mer de Golfe-Juan (Alpes-Maritimes) et ceux de Saint-Gratien (Val-d'Oise) et de Saint-Fons (Rhône).

Au début des années 1950, il avait fait l'acquisition d'une grande propriété à Marnes-la-Coquette, mitoyenne du parc de Saint-Cloud, où il fit édifier un long pavillon encadré de deux courtes ailes, « subtil mariage de classique français et de colonial anglais », et aménager un atelier dans un ancien pavillon de musique du XVIIIe siècle[44]. Plus tard, il acquiert une maison à Vallauris dans l'arrière-pays provençal[45].

Entre 1942 et 1944, il a une liaison avec l'actrice Mila Parély, qu'il manque d’épouser ; Cocteau, compagnon de l'acteur, était d'ailleurs d'accord avec cette union décrite par Marais dans deux de ses livres, Histoires de ma vie (ses Mémoires) et L'Inconcevable Jean Cocteau.

Croyant mais non pratiquant, Jean Marais n'a jamais caché son homosexualité[46],[47].

Jean Marais a eu un fils adoptif, Serge Ayala (1942-2012), qui mena une carrière de chanteur de 1965 à 1966[48]. Dans l'émission L'Invité du jeudi présentée par Alain Cances diffusée le sur Antenne 2, il conteste cette information et annonce qu'il a reconnu cet enfant[49]. D'abord jockey, Serge Ayala se lance dans la chanson en 1966, avant de jouer aux côtés de Jean Marais dans le film Sept hommes et une garce (1967)[50]. Regrettant le manque de marque d’affection de son fils, Marais formula dans son testament en 1996 son désaveu de reconnaissance.

Distinctions

Récompenses

Nominations

Théâtre

Comédien

Metteur en scène

Disques

  • Jean Marais chante et dit Jean Cocteau, Disque Columbia, 1965.
  • David et Goliath, Disque le petit ménestrel, 1968.
  • Le Capitan, Disque Festival, 1971.
  • On n'oublie rien, Disque Franceval, 1988.
  • Cocteau Envisagé, enregistrements audio, 1992 (ISBN 2-909770-001)

Bibliographie

  • Collectif, Jean Marais, album photos, Paris, Éditions PAC, 1984 (ISBN 2853362337 et 9782853362337)
  • Jean Cocteau, Lettres à Jean Marais, Paris, Éditions Albin Michel, 1987 (ISBN 9782226029867)
  • Serge Tardy, Jacqueline Peycelon et Sylvie Midoux Jean Marais, L'œuvre Plastique, Edisud, 1987. (ISBN 978-2-85744-356-8)
  • Jean-Jacques Jelot-Blanc, Jean Marais Biographie, Éditions Anne Carrière, 1994  (ISBN 2-910188-33-7)
  • Hommage à Jean Marais, héros romantique d'aujourd'hui, sous la direction de Daniel Marchesseau, cat. exp. Musée de la Vie romantique, Paris, 1999.
  • Henri-Jean Servat, Jean Marais, l'enfant terrible, Éditions Albin Michel, 1999 (ISBN 2-226-10924-2)
  • Christian Soleil, Jean Marais, la voix brisée, Éditions Arts graphiques, 2000 (ISBN 2-910868-42-7)
  • Nini Pasquali, Jean Marais sans masque, Éditions De la Loupe, 2004 (ISBN 978-2-84868-032-3)
  • Gilles Durieux, Jean Marais : Biographie , Paris, Éditions Flammarion, 2005 (ISBN 9782080684325)
  • Jacqueline Dellatana, Jean Marais, le gentleman du Midi, Éditions Autres temps, 2008 (ISBN 978-2-84521-329-6)
  • Romain Leray, Jean Marais, l’éternel retour, Éditions Arts’Talents, 2008 (ISBN 978-2-9532901-0-3)
  • Bertrand Meyer-Stabley, Cocteau-Marais, les amants terribles, Paris, Éditions Pygmalion, 2009.
  • Christian Dureau, Jean Marais, l’éternelle présence, Éditions Didier Carpentier, 2010   (ISBN 978-2-84167-645-3)
  • Bernard Splindler, Cocteau-Marais, un si joli mensonge, Éditions du Rocher, 2011 (ISBN 2268004414 et 9782268004419)
  • Carole Weisweiller et Patrick Renaudot, Jean Marais, le bien-aimé, Éditions de La Maule – 2013  (ISBN 978-2-87623-317-1)
  • Sandro Cassati, Jean Marais, une histoire vraie, City Éditions 2013 (ISBN 978-2-8246-0377-3)
  • Christian Soleil, Jean Marais, le Dernier héros, Paris, Éditions Édilivre, 2014 (ISBN 9782332674272)
  • Michel Mourlet, "Une visite à Jean Marais", chapitre d'Une Vie en liberté, Éditions Séguier, 2016.

Box-office France

Box-office français en millions de spectateurs (films ayant dépassé les 2 millions de spectateurs en salles) :

Prix et décorations

Publications

  • Mes quatre vérités, Éditions de Paris, 1957
  • Histoires de ma vie, Éditions Albin Michel, 1975 (ISBN 2226001530)
  • Contes, Éditions Albin Michel, 1978 (ISBN 978-2-226-00733-9)
  • L'inconcevable Jean Cocteau, Éditions du Rocher, 1993 (ISBN 978-2-268-01425-8)
  • Mes métamorphoses, 60 ans de théâtre et de cinéma, Éditions de la Martinière, 1996 (ISBN 978-2-7324-2267-1)

Notes et références

  1. Remise du César d’honneur : https://vimeo.com/77402508 [archive]
  2. Dans sa dernière biographie, Jean Marais révèle qu'il est né d'une liaison de sa mère avec un homme marié, de la bourgeoisie cherbourgeoise.
  3. Sandro Cassati, Jean Marais, une histoire vraie, City Éditions 2013
  4. Jean Marais, Histoires de ma vie, page 228.
  5. Carole Weisweiller et Patrick Renaudot, Jean Marais, le bien-aimé, Éditions de La Maule, 2013.
  6. Cette violente altercation a été reprise par François Truffaut dans son film Le Dernier Métro en 1980 et dans la fiction radiophonique Jean Cocteau et Jean Marais, le couple terrible de l'Occupation réalisée par Pascal Deux sur un texte de Pascale Mémery, diffusée le sur France-Inter dans le cadre de l'émission Autant en emporte l'histoire de Stéphanie Duncan
  7. Jean Guehenno, Journal des années noires, Folio Gallimard, no 517, 2002, p. 410
  8. Moulouk, chien que Marais a trouvé attaché en forêt de Compiègne en 1940 et a adopté, et que l'on voit dans le film L'Éternel Retour)
  9. Sandro Cassati, Jean Marais une histoire vraie, , 240 p. (ISBN 978-2-8246-4999-3, lire en ligne), p. 99.
  10. Italiques, deuxième chaîne de l'ORTF, le 28 septembre 1973.
  11. En 1962, aux Studios de la Victorine à Nice, en duo avec Jean Cocteau, Raymond Moretti peint de nombreuses gouaches et une huile sur le thème de « L'Âge du Verseau », comme le relate Louis Nucera ("l'Âge du Verseau, Cocteau - Moretti")
  12. Nini Pasquali, Jean Marais sans masque, Éditions De la Loupe, 2004 page 30
  13. En 1970, Christiane Minazzoli avait racheté à Jean Marais sa maison de Marnes-la-Coquette. En conséquence, lors de ses séjours à Paris, Marais descendait à l'Hôtel Château Frontenac, 54 rue Pierre-Charron, propriété du mari de Christiane Minazzoli - Nini Pasquali, Jean Marais sans masque, Éditions De la Loupe, 2004 page 41
  14. Nini Pasquali, Jean Marais sans masque, Éditions De la Loupe, 2004, page 25
  15. La galerie de Vallauris est inaugurée le 28 février 1975, 3 rue des Martyres de la Résistance - Nini Pasquali, Jean Marais sans masque, Éditions De la Loupe, 2004, page 46
  16. Gilles Durieux, Jean Marais : Biographie , Paris, Éditions Flammarion, 2005, page 265
  17. Nini Pasquali, Jean Marais sans masque, Éditions De la Loupe, 2004, page 48
  18. Télé 7 Jours no 838, semaine du 5 au 11 juin 1976, pages 52 et 53, article de Georges Hilleret : "Parce qu'il ne joue plus assez, Jean Marais ouvre, à Paris, un magasin de poteries".
  19. Nini Pasquali, Jean Marais sans masque, Éditions De la Loupe, 2004, page 123
  20. Jean-Paul Belmondo, ami de Marais, s’est tout de suite porté acquéreur de la maison de Cabris mais renonça à cause du viager - Nini Pasquali, Jean Marais sans masque, Éditions De la Loupe, 2004, page 36
  21. Ici Paris à l’époque titrait : « Jean Marais habite dans une cabane. » - Nini Pasquali, Jean Marais sans masque, Éditions De la Loupe, 2004, page 77
  22. Nini Pasquali, Jean Marais sans masque, Éditions De la Loupe, 2004, page 80
  23. Nini Pasquali, Jean Marais sans masque, Éditions De la Loupe, 2004, page 42
  24. La folie Sandrin : https://www.montmartre-secret.com/2015/02/la-folie-sandrin-montmartre-rue-du-mont-cenis.html
  25. Dans le bas de Vallauris se dresse une statue La Rebellissière offerte à la commune en 1991 - https://cotedazurfrance.fr/offres/statue-la-rebelissiere-de-jean-marais-vallauris-fr-3001080/
  26. Thomas Boujut, « Cinéma Cinémas - Jean Marais - 1987 », (consulté le ).
  27. La chanson : On n'oublie rien - https://www.youtube.com/watch?v=y8IJ-yTLqLo
  28. Les 4 contes de Jean Marais sur une musique de Jean-Pierre Stora : https://www.jeanpierrestora.com/disque.php?currentpage=disque&idsubtype=12&id=49.
  29. Nini Pasquali, Jean Marais sans masque, Éditions De la Loupe, 2004, page 182
  30. https://sfr.larhumatologie.fr/actualites/hommage-au-professeur-gerard-ziegler
  31. Remise de la légion d’honneur, le 2 mai 1996, à Gérard Depardieu et Jean Marais des mains du président Jacques Chirac : https://www.youtube.com/watch?v=13nma_c_jdE [archive]
  32. Intégralité de son testament du 15 / 12 / 1996 : Nini Pasquali, Jean Marais sans masque, Éditions De la Loupe, 2004, pages 231 à 233
  33. Nini Pasquali, Jean Marais sans masque, Éditions De la Loupe, 2004, page 172
  34. La tombe de Jean Marais à Vallauris : https://www.youtube.com/watch?v=nII0wAmjqfg [archive]
  35. « La tombe de Jean Marais pillée au cimetière de Vallauris - France 3 Provence-Alpes-Côte d'Azur », France 3 Provence-Alpes-Côte d'Azur, (lire en ligne, consulté le ).
  36. Nini Pasquali, Jean Marais sans masque, Éditions De la Loupe, 2004, p. 89.
  37. article paru dans Ouest-France, 29 avril 2009
  38. https://www.philatelie-francaise.com/timbre_affiche/timbre.php?lig=5052
  39. https://www.wikitimbres.fr/timbres/8744/jean-marais-1913-1998
  40. « La succession de Jean Marais s'arrache aux enchères », Le Figaro, 26 mars 2017
  41. francetvinfo.fr.
  42. youtube.com.
  43. ville-isle-adam.fr.
  44. « Demeures et jardins de vacances. Du côté de Marnes-La-Coquette », Plaisir de France, no 201, , pp. 12-13.
  45. Françoise de Valence, « Une maison à cœur ouvert », Maison et Jardin, no 320, , pp. 110 à 114 ; une des photographies de l'intérieur par Gérard Martinet montre dans la bibliothèque un grand portrait en pied de Jean Cocteau peint par André Quellier.
  46. Jean Marais, Histoires de ma vie, Albin Michel, 1975.
  47. En introduction de l’émission Grand bien vous fasse ! de France Inter du sur le thème de l’homophobie, Ali Rebeihi a rediffusé les propos tenus par le philosophe et sociologue Didier Eribon déclarant avoir été choqué, durant son enfance dans les années 1960, en entendant son père, ouvrier à Reims, déverser toute son aversion à propos de l’homosexualité lorsqu’il voyait apparaître l’acteur Jean Marais sur le petit écran de la télévision.
  48. « Serge Ayala », sur Discogs (consulté le )
  49. Photographie de Serge Villain-Marais. Il peut y avoir eu confusion entre « adoption » et « reconnaissance ». Par facilité de langage, les termes « fils adoptif » ont pu être utilisés au lieu de « fils reconnu », mais dans les deux cas, adoption ou reconnaissance, cela a créé un lien de filiation entre Jean Marais et Serge Ayala
  50. L'Écho républicain de la Beauce et du Perche,  : « Serge Ayala débute dans la chanson et le cinéma et n'aime pas que l'on dise qu'il est le fils adoptif de Jean Marais ».
  51. inamediapro site de l'INA, consulté le 19 février 2010

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