Œdipe roi (Cocteau)
Œdipe Roi est une tragédie en un acte de Jean Cocteau, créée le au Nouveau Théâtre Antoine à Paris.
Pour les articles homonymes, voir Œdipe roi (homonymie) et Œdipe (homonymie).
Œdipe Roi | |
Auteur | Jean Cocteau |
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Genre | Tragédie |
Nb. d'actes | 1 |
Date d'écriture | été 1925 |
Sources | Sophocle |
Date de création en français | 12 juillet 1937 |
Lieu de création en français | Théâtre Antoine à Paris |
Metteur en scène | Jean Cocteau |
Rôle principal | Michel Vitold,Jean Vernier, Jean Marais, Alain Nobis |
Argument
À l’époque de la Grèce antique, la peste s’abat sur la ville de Thèbes. Un prêtre accompagné d’enfants vient supplier le roi pour qu’il découvre l’origine de cette épidémie. Le roi c’est Œdipe qui est adoré par le peuple depuis qu’il a vaincu le terrible Sphinx qui désolait la ville en posant aux voyageurs des énigmes insolubles et en les dévorant lorsqu’ils étaient incapables d’y répondre. En triomphant du Sphinx, Œdipe a gagné le droit de montrer sur le trône, remplaçant le défunt roi Laïos, assassiné dans des circonstances inconnues, et d’épouser sa veuve, la reine de la ville, Jocaste.
L’enquête, qu’Œdipe mène afin de connaitre la cause de l’épidémie, va le conduire à découvrir que le responsable n’est autre que lui-même. Le devin Tirésias révèle la vérité avec l’aide du témoignage d’un vieux berger. Œdipe, se croyant fils de Polybe, roi de Corinthe et de son épouse Mérope, lesquels n’étaient que ses parents adoptifs, est coupable de parricide et d'inceste, car il a, sans le savoir, tué son propre père, le roi Laïos, et épousé sa propre mère, Jocaste dont il a eu deux garçons et deux filles.
Devant l’horrible nouvelle, Jocaste se donne la mort et Œdipe, après s’être crevé les yeux pour ne plus voir la lumière du jour, supplie le nouveau roi, Créon le frère de Jocaste, de le bannir et de lui permettre de parler une dernière fois avec ses filles, Antigone et Ismène, nées de son inceste.
De la genèse à la création de la pièce en 1937[1]
Le texte d’Œdipe roi, qui porte la mention finale : « Villefranche-sur-Mer, 27 octobre 1925 », a été rédigé pendant l’été 1925 par Jean Cocteau. C’est une adaptation libre qui s'inspire entièrement de la pièce du dramaturge grec Sophocle écrite au Ve siècle av. J.-C. Cette nouvelle adaptation souligne le goût prononcé de Cocteau à cette époque pour les sujets mythologiques car il avait déjà adapté pour son théâtre : Antigone en 1922 du même dramaturge grec, puis Orphée en 1926 et plus tard en 1932, La Machine infernale.
Dès janvier 1926, Cocteau travaille à un autre projet d’écriture d’un livret en français (traduit en latin par Jean Daniélou) et qui aboutira à Œdipus rex, l’opéra-oratorio d'Igor Stravinsky créé au théâtre Sarah-Bernhardt à Paris le , en version de concert puis le 23 février 1928 à l'Opéra d'État de Vienne, en version scénique.
Pour Cocteau les deux projets d’Œdipe roi et Œdipus rex, vont de pair. Mais si tout démarre en 1922, avec son Antigone, prend tournure en 1925-26 et se boucle en 1928, son Œdipe roi ne sera jouée que bien plus tard.
En 1937, Cocteau est en contact avec de jeunes comédiens du cours d’art dramatique de Raymond Rouleau. Il accepte de les mettre en scène dans l’adaptation de son Œdipe roi. Lors des répétitions, le jeune acteur, âgé de 23 ans, Michel Vitold (né Saianov ou Sayanoff) est fasciné par les indications de jeu données par Cocteau pour l’aider à interpréter au mieux le personnage d’Œdipe s’étant crevé les yeux : « Il faut que tu comprennes les aveugles pour jouer ça ». Le jeu poignant du poète laisse la troupe éblouie, muette d’admiration. C’est à l’occasion d’auditions visant à compléter la troupe que Cocteau, âgé de 48 ans, rencontre pour la première fois le jeune Jean Marais, âgé de 24 ans, simple figurant venu de l’atelier de Charles Dullin. Cocteau lui attribue le rôle du Chœur et pour Marais c’est là l’occasion du véritable lancement de sa carrière : « Je suis né deux fois, le 5 décembre 1913 et ce jour de 1937 quand j’ai rencontré Jean Cocteau[2] » aimait-t-il dire en parlant de son mentor, de son Pygmalion.
Les représentations commencent le 12 juillet 1937, au Nouveau théâtre Antoine et durent trois semaines, au lieu d’une seule prévue. La réception du spectacle par la critique n’est pas enthousiaste. Mais Œdipe roi suscite quand même un vrai mouvement de curiosité, dû sans doute à Cocteau et son amie Chanel qui participe à l’élaboration des costumes. Cette représentation très moderne agace et séduit à la fois. Le dispositif scénique étonne ; les membres du Chœur sont installés dans la salle de part et d’autre de la scène. Jean Marais, apparaissant à demi-nu, dans un costume créé par Coco Chanel fait de bandelettes, sanglé comme une momie, créé la surprise et cela fait jaser : « Le spectacle était d’une extraordinaire beauté, si singulier cependant que certains spectateurs restaient insensibles, voire scandalisés. Des spectateurs chuchotaient, d’autres ricanaient. De mon socle, je livrais bataille ; je tournais brusquement ma tête vers les rieurs et les regardais, l’œil fixe. Cette statue vivante, méchante, les statufiait à leur tour2 ». Cocteau lui avait donné un rôle muet car Jean Marais ne maîtrisait pas encore assez sa voix trop fluette, pour le théâtre. Par la suite, la cigarette l'aida à la transformer, au risque d'altérer sa santé.
Mise en scène de la pièce en 1937
- Metteur en scène et costumes : Jean Cocteau
- Décors : Guillaume Monin, d'après les dessins de Jean Cocteau
- Distribution
- Le prologue : Dina Guermal
- Chœur : Lucien Meyrel, Jean Marais, Alain Nobis
- Œdipe : Michel Vitold
- Créon : Jean Vernier
- Tirésias : Ivan Brémond
- Jocaste : Iya Abdy
- Le messager : Raymond Faure
- Le berger : Richard Després
- Antigone : Simone Berger
- Ismène : Betty Beardmore
Évolution de la pièce après 1937
Par la suite, Cocteau a écrit : « Les mythes ne vivent que si on les recharge de sang neuf. Il est dangereux de les croire intouchables ; Antigone, Œdipe, La Machine infernale, Œdipus rex, autant d’efforts pour mettre ce chef d’œuvre au rythme de notre époque. Et si le musicien s’en mêle le chef d’œuvre aptère (sans ailes) retrouve ses forces de vol.»
C’est ce que fit Maurice Thiriet en composant une fresque musicale avec chœur d’hommes et orchestre et fera d’Œdipe Roi un oratorio, joué le 11 janvier 1942, à Paris, sous la direction d’orchestre de Charles Munch et avec Jean Cocteau dans le rôle du récitant : « Je remercie Maurice Thiriet d’avoir donné à mon Œdipe Roi sa véritable langue. »
Par la suite, Maurice Thiriet ajoutera à l’œuvre de Cocteau un prélude musicale pour la partie chorégraphique.
C'est sous cette forme définitive, pour le Festival de Lyon le 18 juin 1962, dans les arènes du Théâtre antique de Lyon à Fourvière, qu'Œdipe-Roi fut monté sur scène par Louis Erlo, avec un Chœur d’hommes et orchestre, les danseurs du ballet de Paris, les comédiens de la Comédie-Française : Maurice Escande (Créon), Michel Etcheverry (Tirésias), Paula Dehelly (Jocaste) et Jean Marais dans le rôle principal d'Œdipe.
Ce même spectacle fut repris le 11 octobre 1969, à Paris, au Théâtre de l'Alliance française dans une mise en scène, décors et costumes de Jean Marais avec Madeleine Sologne dans le rôle de Jocaste
Source : Les Archives du spectacle
Notes et références
- Jean Cocteau. Théâtre complet, éditions Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2003 (ISBN 2-07-011540-2 et 2-07-011540-2).
- Histoires de ma vie, Albin Michel, 1973
Liens externes
- https://data.bnf.fr/39459238/oedipe-roi_spectacle_1937/ création 1937
- https://data.bnf.fr/39461651/oedipe-roi_spectacle_1962/ reprise 1962
- https://data.bnf.fr/39467222/oedipe-roi_spectacle_1969/ reprise 1969
- https://www.lesarchivesduspectacle.net/?IDX_Spectacle=42042
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