Histoire LGBT en France

L'histoire LGBT en France est l'histoire sociale, politique et culture des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, trans et intersexes de France et de la manière dont les institutions et la société françaises interagissent avec elles.

Pour des articles plus généraux, voir LGBT en France et Histoire de la France.

D'abord marquée par une forte condamnation juridique et religieuse pouvant aller jusqu'à la mort, qui affecte plus les personnes du Tiers-Etat que de l'aristocratie, la révolution française met fin à la criminalisation des pratiques homosexuelles. Mais sous les Empires, la répression prend une autre forme : policière et discrète sous le règle Napoléon Ier, elle se double d'une condamnation médicale sous celui de Napoléon III. Cette répression n'empêche pas l'émergence d'une sociabilité et d'une culture homosexuelle et travestie dès la fin du XIXème siècle, en particulier à Paris. Cette relative liberté ne s'étend pas aux colonies, où la France maintient un ordre sexuel au service de l'ordre colonial.

Durant la seconde guerre mondiale, l'Alsace-Moselle est annexée par l'Allemagne nazie ; il en suit discrimination et déportation des homosexuels de ce territoire. La communauté LGBT française se structure tout au long du XXe siècle, avec la distinction entre travestissement et transsexualité dans les années 1960 accompagnée de la création d'associations transidentitaires et les premières revendications et manifestations politiques dans les années 1970. Celles-ci aboutiront à la fois à la création de la marche des fiertés en France ainsi qu'à des apports théoriques de premier plan au féminisme lesbien international grâce à la pensée de Monique Wittig.

Si les LGBT de France conquièrent la fin du fichage des homosexuels et de la discrimination sur la majorité sexuelle en 1982, la fin du XXème siècle est surtout marquée par l'épidémie de SIDA et il faut attendre 1999 pour la création du PACS puis 2013 pour l'ouverture du mariage entre personnes de même sexe.

Histoire générale

Moyen Âge

Enluminure de la bible moralisée de Vienne 2554 réalisée au début du XIIIe siècle pour un membre de la famille royale de France.

La première partie du Moyen Âge est marquée par une conception chrétienne de l'amour et de la sexualité : celle-ci place l'amour comme valeur et la sexualité comme péché, où l'idéal est d'être vierge ou chaste et où la continence, c'est-à-dire une pratique restreinte de la sexualité au sein du mariage hétérosexuel, un moindre mal[u 1]. L'affection entre femmes ou entre hommes est valorisée, et les poètes qui en parlent, tels que Baudri de Bourgueil et Marbode, où la rhétorique érotique vient souligner la vertu des personnages[u 1]. Mais un double tournant s'effectue aux XIIe et XIIIe siècle.

C'est à cette époque que l'accusation de « sodomie », au sens large de pratique sexuelle non-reproductive incluant les rapports entre deux hommes, émerge comme arme de déligitimisation politique[u 1]. L'exemple le plus ancien est la campagne de dénigrement réalisée contre Jean, évêque d'Orléans, et accusé de relations avec Philippe Ier : Yves de Chartres affirmera par exemple une lettre à Urbain II : « certains de ses amants qui l’appellent Flora ont composé des chansons rythmées à son sujet que de jeunes dépravés, qui sont, vous le savez, la plaie de cette région, chantent dans les villes de France, sur les places et les carrefours »[u 1]. Ces accusations prennent de la force car la société médiévale délaisse de plus en plus la célébration de l'affection entre hommes : si ce lien était valorisé entre seigneur et vassal dans un contexte de pouvoir peu centralisé, car permettant une fluidification des rapports sociaux, il est au contraire critiqué dans un contexte de monarchie renforcée, l’aristocratie voyant dans des relations trop intimes entre le souverain et un autre homme une marque de favoritisme politique, tandis qu'à l'inverse le monarque peut se sentir menacé par des relations trop fortes entre ses sujets[u 1].

Il s'agit aussi de la période où l'amour vrai et la sexualité convergent, d'abord dans la littérature des troubadours, puis au sein de l'église, qui fixe le mariage hétérosexuel parmi la liste des sacrements au concile de Latran IV en 1215[u 1]. Cela aboutit à ce que l'affection et la sexualité se retrouvent bornées au mariage, excluant par contrecoup l'affectivité homosexuelle[u 1]. Dès lors, l'homosexualité n'est plus perçue dans sa dimension affective ou sociale, mais uniquement sous le prisme sexuel[u 1]. C'est entre autres ce renversement qui rend le catharisme si hérétique aux yeux de la papauté, qui invoque d'ailleurs des accusations d'homosexualité, aussi appelé bougrerie, face au mouvement albigeois[o 1]. La condamnation de l'hérésie par une homosexualité hypersexualisée connaît son apogée dans le procès de l'ordre du Temple, au début du XIVe siècle, où les accusations envers les Templiers listent notamment la fellation et l'annulingus[o 2].

L'Époque moderne

Plaque située rue Montorgueil en hommage à Jean Diot et Bruno Lenoir, dernières personnes exécutées en France pour homosexualité en 1750.

La répression légale des comportements homosexuels diminue progressivement. Au début du XVIIIe siècle, ceux-ci ne sont punis que de quelques heures à quelques jours de prison[p 1]. En 1725, éclate l'affaire Deschauffours, un réseau d'enlèvement de jeunes garçons destinés à être vendus à des aristocrates et membres haut placés du clergé[o 3]. Celle-ci rabaissera l'homosexualité dans l'opinion publique, au point que, pour une banale affaire de rapport sexuel dans la rue, Jean Diot et Bruno Lenoir furent exécutés en 1750, devenant les derniers condamnés à mort pour homosexualité en France[p 1]. Si cinq autres « sodomites » sont exécutés entre 1714 et 1783, leur homosexualité n'est alors qu'une circonstance aggravante d'autres crimes, tels que le meurtre ou le viol[p 2].

Globalement, le XVIIIe siècle en France se caractérise par un traitement différencié de l'homosexualité masculine : l'aristocratie bénéficie de la clémence des juges lors des jugements aux tribunaux pour « délit de sodomie » tandis que le tiers état exécutait ses peines[u 2].

Des philosophes des Lumières prennent position contre la pénalisation de l'homosexualité, tels que Voltaire, Condorcet ou Montesquieu ; cet appel à la dépénalisation s'accompagne toutefois d'une condamnation morale, la réponse pénale n'étant critiquée que parce qu'elle serait inefficace[o 4].

Portrait du chevalier d'Eon réalisé vers 1775

C'est vers 1775 que le chevalier d'Éon, diplomate de Louis XV auprès de la couronne d'Angleterre qui a vécu 49 ans en homme, décide de s'habiller en femme jusqu'à sa mort en 1810 ; le regard du XXIe siècle en fait soit un homme travesti, soit une personne intersexe[o 5].

De la période révolutionnaire à 1890

Sans que cela fasse l'objet d'un débat spécifique, le délit de sodomie est retiré du Code pénal de 1791 ; pour François Atreyu, cela s'explique moins par une plus grande tolérance de la société française à l'homosexualité qu'à une sécularisation et une influence de la philosophie des Lumières et des idéaux de la Révolution française sur le droit ; en effet, la sodomie est retirée en même temps que le blasphème, le sacrilège, l'hérésie ou la magie[p 2]. Juste après cette dépénalisation est établi le Code de police municipale et de police correctionnelle, qui crée deux autres délits utilisés pour réprimer l'homosexualité de manière plus discrète et ainsi la reléguer à la sphère privée, l'atteinte à la pudeur et l'incitation de la jeunesse à la débauche[p 2].

Si le code pénal de 1810 ne rétablit pas le délit d'homosexualité, il reprend ceux d'atteinte à la pudeur et d'incitation de la jeunesse à la débauche et crée aussi celui d'outrage public à la pudeur[p 2]. La politique de Napoléon vis-à-vis des relations entre hommes est globalement répressive : s'il ordonne à son ministre de la Justice de ne pas poursuivre deux « pédérastes » victimes d'une agression en 1805, c'est parce qu'il estime que la réponse pénale serait contre-productive en publicisant les relations entre hommes ; il préfère laisser la police d'agir discrètement et efficacement contre eux[o 6]. De plus, il ordonne à son archichancelier, Jean-Jacques-Régis de Cambacérès, d'entretenir publiquement une maîtresse afin de faire taire les rumeurs de son homosexualité[o 7] et il se réjouit de la faible présence d'homosexuels en France, qu'il attribue à la beauté des femmes françaises[p 2].

Permission de travestissement délivrée par la préfecture de police de Paris, 1862.

Sous les règnes de Louis XVIII et Charles X évolue une mademoiselle Jenny Savalette de Lange ; si les informations récoltées lors de sa toilette mortuaire en font pour certains un homme travesti toute sa vie ou « homme-femme »[o 8], un autre regard en fait une des premières femmes trans de l'histoire de France[o 9].

Sous le Second Empire, la répression effective de l'homosexualité, justifiée par un ordre moral, prend deux formes : outre le renforcement de l'autorité policière, notamment de la police des mœurs, se développe pendant cette période la condamnation de l'homosexualité par l'autorité médicale, qui procède à des internements de « pédérastes »[o 10]. En 1863, la Française Marie-Antoinette Lix participe héroïquement à l'Insurrection de Janvier en se travestissant en homme, prenant le nom de Tony[o 11].

Avant 1920

Henri de Toulouse-Lautrec, La clown Cha-U-Kao au moulin rouge, 1895.

À la fin du XIXe siècle, Oscar Wilde incarne un exemple pour les personnes homosexuelles en France, en particulier André Gide[o 12]. C'est une période où sont produites de nombreuses photographies homoérotiques, féminines comme masculines[o 12].

Marcel Proust, à l'origine du roman homosexuel en France, sera l'un des premiers littérateurs de son époque à évoquer le tabou de l'homosexualité dans la littérature[p 3].

Au cours des années 1890 sont produites de nombreuses œuvres ayant pour thème l'homosexualité féminine, réelle ou fantasmée : Georges Barbier publie les chansons de Bilitis, recueil de poèmes prétendument traduits du grec, tandis qu'Henri de Toulouse-Lautrec réalise de nombreuses peintures en prenant pour modèle Cha-U-Kao, artiste clown ouvertement lesbienne.

La première revue homosexuelle française, Akademos, est créée en 1909 par l'écrivain Jacques d'Adelswärd-Fersen ; elle s'arrête au bout de 11 numéros en raison de difficultés financières[o 12].

La Première Guerre mondiale, qui éloigne de nombreux hommes de leurs foyers, constitue un moment particulier dans l'acceptation et l'expression des couples lesbiens[o 12]. Si la France d'alors ne condamne pas explicitement l'homosexualité, ce n'est pas le cas de l'Empire allemand, qui contrôle le territoire de l'Alsace-Moselle de 1871 jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale et réprime les « actes sexuels contre-nature » masculins[note 1],[o 13]. 144 inculpations et 114 condamnations sont ainsi proclamées entre 1902 et 1913[o 13].

Années 1920 et 1930

Colette en compagnie de son amante Mathilde de Morny.

Les années folles sont l'occasion d'une grande visibilité et liberté des modes de vie homosexuels, en particulier à Paris, structurée autour de nombreuses boîtes et bars à Montparnasse, Pigalle ou Montmartre, tels que le bar lesbien Le Fétiche, celui d'Eva Kotchever le Boudoir de l'Amour, ou le bar masculin le Magic City, ainsi qu'autres lieux de rencontres : maisons de passe, bains de vapeur et vespasiennes[o 12]. L'évènement majeur d'alors est le bal travesti de la mi-carême organisé par le Magic City[o 12].

Cette période est aussi effervescente quant à la production littéraire associée à l'homosexualité, avec la publication en 1911 des Fréquentations de Maurice par Xavier Boulestin, qui raconte les aventures d'un dandy androgyne, en 1922 du roman La Garçonne de Victor Margueritte, portrait violent des lesbiennes, de Corydon d'André Gide en 1924, du Troisième Sexe en 1927 de Willy, guide des établissements gays et lesbiens du Paris d'alors ou encore, en 1931, de Le Pur et l'Impur de Colette, portrait sans jugement du lesbianisme et Le Taciturne de Roger Martin du Gard, pièce où le héros se suicide lorsqu'il prend conscience de son homosexualité[o 12]. La revue Marges consacre d'ailleurs un dossier à la « préoccupation homosexuelle » en 1926[o 12]. C'est aussi à cette époque que l'écrivaine Natalie Clifford Barney, publiquement lesbienne, ouvre à la redécouverte de la poétesse Sappho, d'abord aux États-Unis puis dans le reste du monde occidental et notamment en France[o 12].

Cette visibilité n'empêche pas les violentes irruptions d'homophobie : l'assassinat d'Oscar Dufrenne, en 1933, aussi appelé « crime du Palace », est l'occasion d'un déferlement de propos homophobes ; deux hommes homosexuels sont accusés, le premier uniquement dans la presse, le second jusqu'au procès, où il est acquitté[p 4],[o 12].

Publicité pour le bal de la mi-carême 1920 du Magic City.

Si le terme homosexuel est connu dès son invention en 1869, il n'est que peu utilisé ; lui sont préférés les termes « uranien », « inverti », « pédéraste », « éphèbe », « homme dévoyé » pour les gays et l'expression « femmes damnées » pour les lesbiennes[p 4],[o 12]. Cette multiplicité des termes s'accompagne d'une absence d'unité des personnes LGBT d'alors, qui, même si elles fréquentes les lieux de rencontre, n'ont pas forcément le sentiment de partager une même culture et n'ont pas alors constitué de mouvement homosexuel accompagné d'une parole politique propre[o 12]. La revue Inversions, qui publie 4 numéros en 1924 et un seul en 1925, est ce qui s'en rapproche le plus, avec une focalisation sur l'histoire et la culture homosexuelle et la lutte contre les stéréotypes, mais elle fait l'objet de critiques internes (sous-représentation des lesbiennes, profession de foi peu clair et réciproquement titre trop explicite) et surtout d'une répression étatique, étant ainsi accusée d'être sous influence allemande car inspirée de la revue Die Freundschaft mais surtout d'« outrage aux bonnes mœurs et propagation de méthodes anticonceptionnelles », accusations pour lesquelles ses créateurs Gustave Beyria et Gaston Lestrade sont condamnés à 200 francs d'amende et 6 mois de prison[o 12].

La première série d'opérations d'affirmation de genre est réalisée en Allemagne au sein de l'Institut Hirschfeld dans les années 1920, au bénéfice de Dorchen Richter ; le chirurgien Felix Abraham, formé en partie en France, réalise et documente les opérations[o 14]. Dorchen Richter et d'autres personnes trans telle que la peintre danoise Lili Elbe ou le français Henri Accès font l'objet de portraits enthousiastes dans la presse française des années 1930[o 14]. La littérature s'empare de la transidentité avec les romains La Femme qui était en lui de Maurice Rostand et L'expérience du docteur Laboulette de Marcel Sherol ou la nouvelle Le Plaisir singulier de Pierre de la Batut[o 14].

En 1929, Violette Morris a recourt à une opération de masectomie ; ce changement, en plus de ses tenues masculines, font que la Fédération sportive féminine de France lui refuse une licence et l'invite à concourir avec les hommes, sans que rien n'indique dans ses écrits qu'elle ne se considérait pas femme[o 14].

L'opinion médicale est beaucoup plus critique ; Agnès Masson, psychiatre directrice d'asile, considère que les opérations de changement de sexe et les documents d'autorisation de travestissement qu'Hirschfeld fournit à ses patientes est une conséquence de la pénalisation de l'homosexualité en Allemagne : pour elle, ce n'est que l'homophobie allemande qui encourage Hirschfeld à séparer homosexualité et transidentité, dans le but de normaliser cette dernière[o 14]. Sous son influence, et celle des théories psychanalytiques, le consensus médical et psychiatrique français sera à la pathologisation de la transidentité[o 14].

Alsace-Moselle

Le territoire de l'Alsace-Moselle est annexé de facto par le Troisième Reich en . Le code pénal français cesse de s'y appliquer en 1942, progressivement remplacé par le code pénal allemand durant l'année 1941. Les habitants ont un statut particulier, puisqu'ils sont considérés comme « Allemands du sang » (Volksdeutsche) sans être citoyens (Reichsdeutsche). Une intense répression policière et administrative commence pourtant dès l'été 1940, les forces administratives et policières allemandes s'appuyant sur des dispositions extrajudiciaires pour agir[o 13]. Cette extrajudiciarité permet d'échapper aux contraintes du système légal et ainsi de réprimer plus brutalement l'homosexualité[o 13],[u 3]. Ainsi, un listage de tous les hommes homosexuels est effectué en novembre 1940 dans le Bas-Rhin, en en Moselle[o 13],[u 4],[o 15]. S'il n'existait pas alors de listage des homosexuels effectué par la police française, elle a tout de même joué un rôle, soit par la participation active de certains de ses membres, soit par la constitution d'archives des condamnations pour « atteinte à la pudeur »[o 13].

En plus de ces listes, la condamnation des homosexuels se fait à partir de dénonciations, encouragées par le régime, des maires, ou celles, spontanées, des collègues de travail, voisins, parents[o 13].

Le statut particulier des alsaciens-mosellans, en particulier leur détention de la citoyenneté française fait que plusieurs centaines d'entre eux sont expulsés en France non occupée[o 13]. Ces expulsions s'inscrivent dans la politique nazie plus large de « purification » (Reinigung) des territoires annexés[o 13]. Elles concernent en particulier les homosexuels considérés comme « incurables » en raison de la récurrence de leurs pratiques ou de leur personnalité, les autres étant envoyés en camp de rééducation et/ou condamnés aux travaux forcés[o 13]. Le discours répressif s'appuie sur une représentation duale de l'homosexualité, qui peut être soit acquise (et donc jugée moins grave), soit innée, celle-ci étant associée à des traits et des manières efféminées et à la capacité de « corrompre la jeunesse »[o 13].

Plaques en mémoire des déportés du camp de Natzwiller-Struthof. L'une d'elle concerne spécifiquement les déportés pour motif d'homosexualité.

Cette répression touche tous les âges, le cadet des condamnés ayant 14 ans, le plus âge 74, et plus particulièrement les classes populaires, les classes supérieures ayant des socialités moins visibles[o 13]. Les condamnés expriment très peu de sentiment identitaire homosexuel ou bisexuel, contrairement à ceux de Bade, sans doute plus marqués par la littérature théorique homosexuelle allemande des années 1930[o 13],[o 16].

Après 1942, la répression s'incarne de moins en moins par des expulsions, celles-ci étant remplacées par les internements, en particulier dans le camp de sureté de Vorbruck-Schirmeck[o 13]. Ils y sont identifiés par un carré bleu ciel, comme les « asociaux », les prêtres ou les prostituées[o 13]. Certains meurent dans ce camp, d'autres sont ensuite expulsés en France, d'autres encore sont ensuite transférés dans les camps de concentration de Natzweiler-Struthof, Buchenwald ou Dachau[o 13]. Ces différences de parcours s'expliquent en partie par les dissensions internes du régime nazi, Heinrich Himmler étant partisan de l'envoi massif des Alsaciens en camp de concentration tandis que Robert Wagner s'y opposait[o 13]. Ainsi, la différence de politique d'administration entre l'Alsace et la Moselle fait que les homosexuels mosellans sont le plus souvent expulsés vers la France, tandis que les alsaciens sont envoyés en camp de concentration[o 13]. Ces répressions concernent plusieurs centaines d'hommes[o 13],[o 17].

Si certains homosexuels fuient la répression en France ou s'engagent dans la Résistance, la majorité reste sur place, prenant simplement plus de mesures de précautions comme la favorisation des relations anonymes ou l'échauffement d'une défense commune aux deux amants avant chaque rencontre[o 13]. Malgré la répression, de nombreux espaces homosexuels continuent d'être fréquentés, comme les toilettes publiques de la place du Corbeau de Strasbourg[o 13]. Les nouvelles structures apportées par la guerre et l'annexion, non-mixtes, comme les jeunesses hitlériennes, le service de protection aérienne, le service national du travail, l'armée allemande, la SS ou les usines, constituent des foyers de relations homosexuelles[o 13].

Reste du territoire français

Joséphine Baker, bisexuelle et résistante pour la France libre, posant en 1948 pour le studio Harcourt dans son costume de l'armée de l'air.

Les personnes homosexuelles et bisexuelles se retrouvent dans toutes les franges de la société française, que ce soit celle qui a collaboré ou celle qui a resisté (Abel Bonnard, Marcel Bucard, Robert Brasillach, Violette Morris) comme celle qui a résisté (Pascal Copeau, Édith Thomas, Daniel Cordier, Roger Stéphane, Joséphine Baker, Pierre Herbart, Marie-Thérèse Auffray, Ovida Delect, Thérèse Pierre, Andrée Jacob, Éveline Garnier, Rose Valland, Jean Desbordes, Claude Cahun, Marcel Moore)[o 17]. Herschel Grynszpan, Juif allemand d'origine polonaise devenu apatride vivant à Paris, tue fin 1938 le diplomate Ernst vom Rath ; la réaction du pouvoir nazi à cet évènement provoque en retour la nuit de Cristal.

Les pratiques homosexuelles, bien que peu documentées, ne sont pas rares dans l'armée française ou chez les prisonniers de guerre en Allemagne[o 17],[o 18],[u 5],[u 6]. De nombreuses relations homosexuelles avaient ainsi ouvertement lieu dans la légion étrangère[o 19].

À Paris, la vie homosexuelle n'est pas perturbée par l'occupation, Henry de Montherlant témoignant qu'il y est encore plus facile d'y « ramasser » des adolescents qu'avant la guerre et les lieux homosexuels, tels que le Liberty's, le Select, Chez Narcisse, Le Bœuf sur le toit, ou plus simplement les bosquets du Champ-de-Mars, la station de métro Strasbourg-Saint-Denis, le bois de Vincennes ou les vespasiennes sont toujours aussi fréquentés : au public habituel s'y ajoutant officiers allemands et prostitués[o 17],[a 1],[a 2],[o 20].

Malgré l'interdiction des autorités allemandes, de nombreux soldats allemands entretiennent des relations sexuelles avec des français[o 17]. Si certains comme Daniel Guérin condamnent moralement ces relations et s'en abstiennent pour eux-mêmes, mais d'autres, qu'ils soient de l'extrême droite comme Jacques de Ricaumont ou Juif résistant comme Robert Francès, n'ont pas ces scrupules[o 17]. Ces relations ont aussi lieu hors de Paris, et sont évoquées dans les romans plus ou moins autobiographiques d'après-guerre : Pompes funèbres de Jean Genet, Le monde inversé d'André du Dognon ou Les amours dissidentes de Boris Arnold[o 17]. Craignant qu'une interdiction totale provoque une augmentation des viols, l'occupant allemand décide de réquisitionner des maisons closes, dont une quarantaine à Paris, à l'usage exclusif de la Wehrmacht tout en surveillant les autres lieux de prostitution masculine et en condamnant les soldats allemands qui s'y rendent[o 17],[u 7],[u 8].

La défaite française est notamment analysée comme un défaut de virilité, une preuve des failles de la Troisième République décadente et féminisée[o 17],[a 1],[o 20],[o 21],[u 9]. Dans ce contexte, le régime de Vichy condamne l'homosexualité masculine et féminine comme contre-nature, revenant en 1942 sur l'avancée du code pénal de 1791 qui abrogeait le délit de « sodomie »[o 17]. Cette initiative vient purement du gouvernement français et pas de l'occupant allemand, car si celui-ci condamne l'homosexualité, il ne voit aucun intérêt à la combattre chez les occupés, y voyant au contraire une profitable faiblesse[o 17]. Si cette décision s'inscrit dans la politique nataliste et familiariste de Vichy, elle est aussi une réponse aux pressions politiques venue en particulier de juristes, de militaires et de policiers qui cherchent des outils pour pouvoir condamner les homosexuels accusés de « pervertir la jeunesse » et qui avaient failli obtenir gain de cause en 1939[o 17],[o 22],[o 23],[u 10]. Cette loi condamne les relations homosexuelles, féminines comme masculines, lorsque des mineurs de moins de 21 ans sont impliqués[o 17]. Cette loi est pourtant peu appliquée pendant la guerre, la police, en particulier de Paris préférant utiliser les lois sur l'outrage public à la pudeur pour condamner des homosexuels[o 17]. La police française transmet d'ailleurs ces condamnations à la police allemande, qui les renvoie sans les traiter[o 17].

Si la déportation est présente en Alsace-Moselle et envers les ressortissants français présents en Allemagne, elle est faible mais réelle dans le reste de la France, concernant au moins 38 Français dont 23 sont déportés outre-Rhin, 12 vers des prisons et 11 vers des camps de concentration comme Politischer Franzose où 6 d'entre eux meurent[o 17],[o 24]. Le plus célèbre de ces déportés est Pierre Seel, qui publiera un témoignage de son expérience en 1994[o 17],[a 3]. Ces arrestations ne concernent pas l'ensemble des homosexuels, mais uniquement ceux qui entretiennent des relations ou tentent de séduire des soldats allemands[o 17],[o 24]. À la Libération, plusieurs milliers de femmes ayant eu des relations avec des soldats allemands sont tondues ; si des rumeurs parlent de cas similaires pour des hommes, il n'en existe pas de preuve[o 17]. Il s'agit d'une époque effervescence de l'homosexualité masculine, l'établissement Le Bœuf sur le toit à Paris devenant un lieu de rassemblement de gays venus du monde entier : Américains, Polonais, Écossais, Algériens, Français, Russes[o 17],[o 25]. Mais la politique viriliste de la Résistance, de la France libérée et du gaullisme, mettent un terme à cette courte période, en affirmant dès le ne pas revenir sur la pénalisation de l'homosexualité mise en place par Vichy[o 17].

1945 à 1965

Roger Peyrefitte en 1947, studio Harcourt.

Une répression accrue

À cette période est souvent employé le terme « homophilie », qui parfois se confond, parfois est distingué de l'homosexualité[o 26].

La période d'après-guerre est marquée par un durcissement de la répression de l'homosexualité au niveau de l'État : plusieurs centaines de condamnations par an sont prononcées dans les années 1950 en vertu de la loi interdisant les relations homosexuelles avec les mineurs de moins de 21 ans[o 26]. En 1960, l'homosexualité est déclarée « fléau national », au même plan que l'alcoolisme et la prostitution et cette même année, le délit d'outrage à la pudeur est aggravé quand il concerne des relations homosexuelles[o 26]. En parallèle, femmes trans et travestis continuent à subir du harcèlement policier[o 27].

La répression s'étend à la culture : l'homosexualité n'existe quasiment plus dans les représentations artistiques[o 28] et la censure, exercée par le biais de son éditeur, Gallimard, oblige Violette Leduc à réécrire une partie de Ravages[o 26].

Une vie culturelle toujours présente

Malgré ce contexte difficile, la vie LGBT continue à exister, à travers les boîtes comme le Carroll's de Frede, lieux de dragues et rencontres, les publications, telles que Futur, Gioventù ou Juventus, ou la réappropriation de productions non pensées comme destinées à un public homosexuel, comme les revues de culturisme[o 26]. Le cœur de la vie LGBT, et surtout gay, de cette époque, est Arcadie, que ce soit la revue ou le club parisien[o 26]. En 1955, Daniel Guérin publie Kinsey et la sexualité, ouvrage où il détaille l'oppression spécifique subie en France par les homosexuels[a 4].

En 1964, les critiques envers le tournage du film Les Amitiés particulières, adapté du roman du même nom de Roger Peyrefitte, fait l'objet de vives critiques, qui aboutissent en retour à la publication de Lettre ouverte à Monsieur François Mauriac, membre de l'Académie française, prix Nobel par Peyrefitte, pour qui l'homophobie de Mauriac s'explique par une homosexualité refoulée, en particulier sa relation avec Jean Cocteau[o 26].

Si des cabarets, tels que le Carroll's, proposent des spectacles lesbiens sadomasochistes, ceux-ci ne sont pas destinés à un public de femmes lesbiennes ou bisexuelles, qui les évitent[u 11]. À cet époque, il n'y a pas de milieu lesbien, les bars homosexuels étant fréquentés par des hommes ; la découverte de son lesbianisme se fait alors dans la solitude, puis un petit cercle restreint se constitue petit à petit[u 11].

La formation de la communauté trans

La communauté trans commence à se faire connaître et à se structurer. En 1954, la peintre Michel-Marie Poulain publie son autobiographie J'ai choisi mon sexe ; ce témoignage participe fortement à la connaissance de la transidentité par le grand public[o 29]. En 1959, le photographe Christer Strömholm réalise un reportage sur la communauté trans de la place Blanche, mettant en évidence la forte solidarité entre ces femmes et le harcèlement policier dont elles font l'objet[o 30]. Marie-Andrée Schwindenhammer, elle-même trans, met en relation des femmes trans travaillant pour le cabaret transgenre parisien Le Carrousel, avec sa collocatrice, Madame Bonnet, experte en en épilation définitive par électrolyse[o 29]. Des dissensions apparaissent : Marie-Andrée Schwindenhammer reproche en effet à Michel-Marie Poulain de donner une mauvaise image de la transidentité en laissant sa fille l'appeler papa en public et en restant avec son épouse d'avant transition, c'est-à-dire en s'affichant en relation lesbienne[o 29].

C'est aussi à cette époque que l'artiste Coccinelle révolutionne le genre du cabaret travesti/trans : ses spectacles ne reposent en effet non pas sur l'effet comique d'un travestissement absurde car ne pouvant être crédible, mais au contraire sur la fascination éprouvée à voir une transformation d'homme vers femme réussie[o 27]. Sa célébrité prend un tournant international lorsque la presse apprend sa vaginoplastie et de nombreuses femmes trans effectuent alors la même opération[o 27]. Cela suscite la réaction de l'Ordre des médecins, pour qui seules les autorités médicales, en particulier endocrinologues et neuropsychiatres, ne peuvent décider de la validité ou non d'opération de changement de sexe, et que celles-ci doivent se limiter aux personnes intersexes[o 27]. Elle se marie à l'église en 1962, après avoir obtenu son changement d'état civil, mais le scandale provoqué pousse les autorités française à ne plus les autoriser pour les femmes trans jusqu'à la fin des années 1970[o 27]. Cet âge d'or du cabaret transgenre ainsi que la notoriété de Coccinelle et de ses photos de nu, contribuent à associer dans l'esprit français l'association entre les femmes trans et à la fois le spectacle et l'érotisme, bien que la transidentité était alors déjà présente dans de nombreuses couches de la société[note 2],[o 27].

1965 à 1982

En 1965 Marie-Andrée Schwindenhammer fonde l'AMAHO, la première association transidentitaire française[o 30]. L'association, qui compte en 1981 1500 adhérentes, dont de nombreuses travailleuses du sexe, propose de l'aide à la transition, comme l'épilation définitive ou l'accès à une thérapie hormonale, du mentorat et des activités sociales[o 30].

En mai 1968 se forme à la Sorbonne le Comité d'action pédérastique révolutionnaire, organisation étudiante vantant la liberté sexuelle des « minorités érotiques » : homosexuels, voyeurs, masochistes, partouzeurs[o 30]. Mais le véritable moment fondateur du mouvement homosexuel est l'interruption, le , d'une émission de radio par un groupe issu du mouvement de libération des femmes comportant notamment Maffra, Christine Delphy, Monique Wittig, Elisabeth Salvaresi, Antoinette Fouque et Anne de Bascher[o 30]. Celles-ci forment le soir-même le Front homosexuel d'action révolutionnaire[o 30]. Rejointes par des hommes, les fondatrices se retrouvent en minorité dans leur propre groupe[o 30]. Elles fondent alors les gouines rouges et théorisent le lesbianisme politique[o 30]. En 1975 est fondé Les Mirabelles, groupe de théâtre travesti qui accompagne les actions du FHAR[o 30].

En 1972 est fondée David et Jonathan, l'une des plus anciennes associations LGBT française, issue du mouvement chrétien[o 30].

En 1979 Yves Navarre remporte le Goncourt pour Le Jardin d'acclimatation, roman où un jeune homosexuel subit une lobotomie afin de se conformer à une vie familiale hétérosexuelle, conformément aux attentes de ses parents[o 30]. La même année, Jean Le Bitoux fonde le magazine Le Gai Pied, mensuel puis hebdomadaire qui atteindra les 50 000 exemplaires vendus[o 30].

Il s'agit d'une période d'effervescence politique, influencée par le Gay Liberation Front dont les productions circulent en France grâce au travail de diffusion et de traduction de François Lasquin : le FHAR multiplie les actions conjointes avec le mouvement féministe et la gauche révolutionnaire, telles que manifestations ou happenings[o 30]. Mais il s'agit aussi d'une période marquée par de nombreuses lignes de rupture : entre lesbiennes et hommes homosexuels, entre féministes hétérosexuelles et féministes lesbiennes qui aboutit à la publication de La Pensée straight, œuvre majeure du lesbianisme politique et entre la gauche révolutionnaire hétérosexuelle et le mouvement homosexuel, entre les groupes homosexuels de gauche révolutionnaire et ceux de droite, entre les femmes trans et les hommes homosexuels, en particulier travestis[o 30]. C'est à cette époque que s'expriment publiquement des critiques du racisme du milieu homosexuel envers les hommes maghrébins, accusé de nourrir des clichés orientalistes et d'instrumentaliser l'image de l'« homme arabe » sans s'intéresser à leurs préoccupations réelles[o 30].

La fin des années 1970 voit l'arrivée de candidatures homosexuelles aux élections, telle que la liste Différence homosexuelle pour les législatives de 1978, qui recueille un très faible nombre de voix[o 30]. Il s'agit aussi d'une période où les urinoirs publics, lieux de drague, sont progressivement remplacés, rendant les rencontres plus difficiles[o 30].

Dans cette période, les termes « pédés » et « homosexuels » coexistent, bien que le terme « gay », venu des États-Unis, gagne en popularité[o 30].

Cette grande visibilité s'accompagne de violents mouvements de répression. Ainsi, lors du Festival du film homosexuel de 1978, une vingtaine de militants d'extrême-droite interrompent la projection du Droit du plus fort, blessent des spectateurs, saccagent les locaux et volent la caisse[o 30].

À partir de 1982 : vers l'égalité des droits

La fin des années 1970 et le début des années 1980 est une période de forte augmentation de la visibilité lesbienne et homosexuelle, avec la multiplication de revues et publications : Masques, Homophonies, Quand les femmes s'aiment, Madivine, Clit 007 (revue publiée à Genève), Nouvelles questions féministes, Amazones d'hier, Lesbiennes d'aujourd'hui, Interlopes[o 30]... Ces revues parlent politique, culture, littérature, avec une large place laissée aux petites annonces[o 30]. L'association archives recherches et cultures lesbiennes est fondée en 1983, avec pour but de réunir en un seul lieu la production foisonnante et éparse de la mémoire lesbienne[o 30].

La visibilité bisexuelle devient également un enjeu. En 1995, un groupe de quatre femmes, dont Catherine Deschamps, issues du mouvement d'Act Up-Paris ou provenant d'associations lesbiennes, se réunit au Centre gay et lesbien (CGL) de Paris afin de travailler sur la rédaction d'un article consacré à la bisexualité dans le journal Le 3 Keller. Dans la foulée, elles créent un groupe mixte au CGL, et en 1997 ce groupe fonde l'association Bi'Cause, la première association en pour défendre les droits des personnes bisexuelles et pansexuelles en France[a 5],[u 12].

En 2007 est créé une Journée de la bisexualité, le 23 septembre.

En 2013, pour la première fois en France, l'association SOS Homophobie publie dans son rapport annuel une rubrique sur la biphobie[a 6].

Pendant la crise du covid-19, les restrictions sanitaires provoquent une chute de revenus des personnes LGBT, en particulier trans. Si la société civile, notamment le STRASS, organisent des distributions alimentaires, elle ne bénéfice pas de soutien institutionnel ; les demandes adressées notamment au ministère de l'Égalité restent lettre morte[a 7].

Mémoire et rapport à l'histoire

La recherche en histoire LGBT en France est peu active comparée à ce qui est produit dans d'autres pays, en particulier le Royaume-Uni et les États-Unis. Si elle se développe peu à peu, elle est marquée par deux caractéristiques : d'abord, une invisibilisation de l'histoire lesbienne, plus reconnue par les associations féministes et lesbiennes françaises et européennes que par le milieu universitaire[u 13] ; cette invisibilisation découle de la minorisation de l’identité lesbienne, que ce soit dans les mouvements LGBT ou féministes[u 14],[u 15] ; d'autre part, une focalisation sur l'histoire littéraire au détriment d'autres points de vue et sujets[u 16]. La recherche historique est aussi moindre sur les périodes où l'homosexualité est la plus sanctionnée : ainsi, la période 1945-1970 est peu étudiée relativement aux périodes précédentes et suivantes[u 15].

La représentation de l'histoire LGBT française est aussi sujette à évolution et est marquée par un mouvement d'interprétation homophobe de l'histoire mais aussi par une réappropriation d'époques passées pour servir les revendications politiques LGBT d'une autre.

Cortège d'Act Up-Paris à l'Existrans 2017. Fondée en 1985, l'association reprend le triangle rose comme symbole des luttes LGBT.

Ainsi, les années 1970 amènent à une redécouverte de l'homosexualité du temps des années 1920, au point de devenir alors une sorte de mythe fondateur idéalisé[o 12]. C'est aussi à cette période que la discrimination et déportation des homosexuels sous l'Allemagne nazie commence à être étudiée, sous l'impulsion des militants gays et lesbiens américains repris par le Front homosexuel d'action révolutionnaire dès 1971, qui se réapproprient le triangle rose comme emblème communautaire et outil de sensibilisation de l'opinion publique[o 17],[o 31],[u 17]. La participation des associations LGBT à la journée nationale du souvenir de la déportation est une revendication qui émerge dès 1975 et n'est reconnue qu'en 2001 par le premier ministre Lionel Jospin[o 17]. Pierre Seel, déporté homosexuel, prendra publiquement la parole sur son vécu en 1982 et publiera en 1994 Moi, Pierre Seel, déporté homosexuel[o 30]. Entre temps, l'opposition est forte, parfois violente, de la part des associations de déportés politiques ou juifs[o 17].

À l'inverse, il perdure jusqu'aux années 1980 au moins la vision d'une communauté homosexuelle masculine particulièrement collabo, sans que cela ne corresponde à une réalité historique[o 17]. Selon cette vision, l'occupant nazi serait hyper-viril, attirant ainsi les lesbiennes elles-aussi virilisées telles que Violette Morris, ou les hommes homosexuels acceptant avec joie le rôle passif-occupé[o 17]. Une réaction opposée amène Marie-Josèphe Bonnet à remettre en cause toute accusation de collaboration envers la sportive dans Violette Morris, histoire d’une scandaleuse, paru en 2011, au point de troquer l'enquête historique pour un plaidoyer[u 18].

Histoires thématiques

Histoire coloniale

Dès sa conquête par la France, l'Algérie subit le regard orientalisant des Français ; en particulier, le pays subit le stéréotype de la prétendue hypersexualité des hommes arabes[u 19]. Pour contrer le risque du développement de relations homosexuelles parmi les colons français, que ce soit entre eux ou, pire selon l'administration coloniale, avec les Algériens, le général Tlemben met en place un grand marché du sexe alimenté par des Françaises déplacées dans la colonie pour s'y prostituer[u 19].

Dans les années 1950 et 1960, Casablanca est pour la communauté trans française le lieu idéal où pratiquer une opération de réattribution sexuelle ; cela en raison de l'interdiction faite de pratiquer ces opérations sur le sol métropolitain[o 30],[o 27].

Histoire lesbienne

Pour un article plus général, voir Lesbianisme.

L'histoire lesbienne française est marquée par la dépossession des lesbiennes des lieux, organisations et médias LGBT, que ceux-ci aient été fondés par des femmes ou pas[o 32]. Ainsi, le Front homosexuel d'action révolutionnaire, créé par des lesbiennes, devient de plus en plus majoritairement gai à mesure que ses évènements sont identifiés comme des lieux de rencontre sexuelle ; cette minorisation en nombre s'accompagne d'une domination symbolique, où les lesbiennes ne sont pas écoutées lors des réunions[o 32].

Histoire de la pensée LGBT française

Monique Wittig, avec La Pensée straight, fonde la pensée lesbienne radicale et plus généralement, révolutionne la manière de pensée le lesbianisme et l'hétérosexualité. Héritière de Simone de Beauvoir, qui pose que la catégorie « femme » n'est pas naturelle mais construite, Wittig montre que l'hétérosexualité n'est pas non plus naturelle, mais un régime politique dans lequel s'exerce la domination des hommes sur les femmes, et que le seul espace de liberté des femmes, tant que les classes de sexe ne sont pas abolies, est le lesbianisme[o 32].

Le VIH

Pour un article plus général, voir Sida en Europe.

Daniel Defert, fondateur, à la mort de son compagnon Michel Foucault, de l'association de lutte contre le SIDA AIDES.

Le syndrome d'immunodéficience acquise (SIDA) est reconnu par la communauté médicale dès 1981 et le virus qui le provoque, le virus de l'immunodéficience humaine (VIH), est identifié à l'été 1983[o 33]. En France, on associe alors le SIDA à quatre communautés, appelés les 4H : homosexuels, héroïnomanes, Haïtiens et hémophiles, voire uniquement aux hommes homosexuels, surnommant la maladie le « cancer gay » ; malades et homosexuels subissent ostracisme et discrimination, résumée sous le terme « sérophobie »[o 33]. Cette mise à l'écart sociale s'accompagne de la disparition symbolique des malades à leur mort, notamment par la destruction de leurs affaires, en raison d'une peur irrationnelle de la contamination[o 33].

La réponse communautaire s'articule alors autour d'associations : la plus ancienne, Vaincre le sida (VSL), est créée en août 1983 lors de l'université d’été euroméditerranéenne des homosexualités par le médecin Patrice Meyer et propose aide aux malades, brochures informatives et lignes d'écoute[o 33]. La seconde, AIDES, est créée en 1984 par Daniel Defert à la mort du philosophe Michel Foucault, son compagnon[o 33]. Si elle comporte de nombreux membres homosexuels, dans sa communication, AIDES distingue ses bénévoles, les malades du sida et les homosexuels comme trois groupes distincts[o 33]. Enfin, Arcat-Sida est créé en 1985, la même année qu'Act-Up Paris, fondée par Didier Lestrade, Pascal Loubet et Luc Coulavin, sur le modèle d'Act-Up New York[o 33].

Outre l'information sur la maladie, le soutien des malades et l'accès aux thérapies, les actions de ces associations permet des avancées sur l'accès au dépistage d̠ès 1985 ainsi que sur la disponibilité des modes de prévention, en particulier des publicités pour l'usage du préservatif et la vente libre de seringues à partir de 1987[o 33].

En 1992, le film autobiographique Les Nuits fauves, réalisé par le bisexuel Cyril Collard, remporte le César du meilleur film trois jours après le décès de ce dernier des suites du Sida ; ce film participera fortement à la visibilité de la maladie, en particulier chez un public jeune.

Notes

  1. paragraphe 175 du code pénal allemand condamnant les « widernatürliche Unzucht »
  2. Coccinelle a ainsi entendu parler pour la première fois de la possibilité d'effectuer une vaginoplastie de la part d'une femme électricienne.

Références

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Voir aussi

  • Portail de l'Histoire de France
  • Portail LGBT
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