Champ-de-Mars (Paris)

Le Champ-de-Mars est un vaste jardin public, entièrement ouvert et situé à Paris dans le 7e arrondissement, entre la tour Eiffel au nord-ouest et l'École militaire au sud-est. Avec ses 24,5 ha, le jardin du Champ-de-Mars est l'un des plus grands espaces verts de Paris.

Pour les articles homonymes, voir Champ de Mars.

Champ-de-Mars

Vue du Champ-de-Mars depuis le haut de la tour Eiffel.
Géographie
Pays France
Commune Paris
Arrondissement 7e
Quartier Gros-Caillou
Superficie 24,3 ha
Histoire
Création 1908
Accès et transport
Gare Champ de Mars - Tour Eiffel
Métro École Militaire

Bir-Hakeim, Dupleix.

Localisation
Coordonnées 48° 51′ 22″ nord, 2° 17′ 54″ est

Origine du nom

Son nom vient du Champ de Mars romain (et donc du dieu romain de la guerre, Mars, en écho avec l'École militaire voisine). « Champ de Mars » désignait à l'origine, dans une ville, un vaste espace dédié aux manœuvres et aux parades militaires ; c'est pourquoi on trouvait un champ de Mars dans beaucoup de villes de garnison.

Historique

Le 14 juillet 1790 eut lieu la fête de la Fédération. Le s'y produisit la fusillade du Champ-de-Mars. Jean Sylvain Bailly y fut guillotiné le . On y célébra la fête de l'Être suprême, le . Au centre de l'esplanade était dressé l'autel de la Patrie.

Avant la Révolution

C'était un espace de campagne. En 1730, dans le marais de la Grenouillère, la comédienne Adrienne Lecouvreur y est enterrée[1].

La plaine de Grenelle était consacrée à la culture maraîchère. La construction de l'École militaire, par Gabriel, entraîne en 1765 sa destination. On veut y voir un champ de manœuvre d'abord prévu au sud de l'École, à l'emplacement actuel de la place de Fontenoy. Le choix de l'esplanade au nord entraîne l'édification de la noble façade qui ferme aujourd'hui le Champ-de-Mars et qui fut témoin et cadre d'apparat de quelques-unes des plus grandes fêtes de la Révolution.

On nivela le sol, l'entourant d'un vaste fossé et d'une longue allée d'ormes et on ferma l'esplanade par une belle grille. L'île des Cygnes, qui se trouvait à l'emplacement du pied nord-est de la tour Eiffel, fut ensuite rattachée à la rive gauche par le pont des Cygnes[2].

Sous la Révolution

Le Champ-de-Mars prit le nom de « Champ-de-la-Fédération », puis celui de « Champ-de-la-Réunion[3] ».

À cet endroit, le , eut lieu la cérémonie funèbre relative au massacre de Nancy du 31 août où André Désilles perd la vie.

Fête de la Fédération

100 000 fédérés de province parmi entre 400 000 et 600 000 Parisiens[4],[5] au Champ-de-Mars pour la fête de la Fédération.

La fête de la Fédération, le 14 juillet 1790, fut une grande fête révolutionnaire. Elle fut peut-être le seul moment où la foule eut le sentiment de constituer un corps uni, une nation « une, indivisible ». Devant 300 000 spectateurs, Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord officia, entouré d'une myriade de prêtres et d'une cohorte de soldats. Louis XVI de France prêta serment sur la Constitution et La Fayette lut celle-ci. On y bénit, on y discourut et on y glorifia la Nation.

Fusillade du Champ-de-Mars

Un massacre y eut lieu pendant la Révolution française, le . La pétition des Cordeliers du 15 juillet 1791 est portée sur l'autel de la Patrie qui fut élevé pour le . Une foule s'y était rassemblée pour y signer une pétition. Elle fut d'abord rédigée pour revenir sur les décrets du 15 et 16 juillet qui redonnent au roi tous ses droits car elle n'exigeait pas formellement la fin de la monarchie. L'Assemblée constituante ordonne de la disperser. Bailly, maire de Paris, décrète la loi martiale dont la mise en vigueur est signalée par le drapeau rouge. Cette loi permet aux forces de l'ordre de faire usage de leurs armes après sommation. Alors que La Fayette tentait vainement de disperser la foule, Bailly donne l'ordre de tirer sur le peuple, ce qui fit 50 morts et des centaines de blessés. Une charge de cavalerie dispersa la foule.

Le massacre du Champ-de-Mars aggrave la scission entre républicains et mouvement populaire et monarchistes.

À la suite de ce massacre, les sans-culottes vouèrent une haine tenace à Jean Sylvain Bailly, qui le paya de sa vie. L’exécution était prévue sur le Champ-de-Mars, avant que le caractère sacré du lieu ne soit mis en avant.

Fête de l'Être suprême

Le 20 prairial an II (8 juin 1794), Jacques-Louis David organisa la fête de l'Être suprême au Champ-de-Mars. Cette fête marque l'apothéose de la Révolution. On y élève pour l'occasion une sorte de rocher artificiel au sommet duquel s’élèvent un arbre de la Liberté, symbole de l’unité et de l’adhésion collective à la Révolution, ainsi qu'une colonne antique surmontée d’une statue qui brandit un flambeau. Maximilien de Robespierre présida cette fête, qui avait débuté au jardin des Tuileries. Sa chute intervient moins de deux mois plus tard.

Directoire

Olympiade de la République le 22 septembre 1796, (musée de la Révolution française).

Sous le Directoire, d'autres fêtes, qualifiées de ridicules[3], se donnèrent au Champ-de-Mars, dont la fête de l'Agriculture du 14 juillet et du 9 thermidor, la fête du 10 août, la fête de la vieillesse…

Le 30 décembre 1793, la fête des Victoires en l'honneur de la prise de Toulon.

L'anniversaire de la fondation de la République fut solennisé le 22 septembre 1796 par la première fête de l'Olympiade de la République qui devait se reproduire en 1797 et 1798. Ces fêtes étaient accompagnées de courses à pied, à cheval, en chars, de luttes, de joutes et des dizaines d'orchestres faisaient danser les citoyens.

Le 1er vendémiaire an VII, on y fit la première exposition des produits de l'industrie française[3].

Empire

Le , le lendemain du couronnement de Napoléon Ier, l'Empereur fit au Champ-de-Mars la « distribution des aigles ».

Le , on y proclame l'acte additionnel aux constitutions de l'Empire. Dans cette cérémonie connue sous le nom de « Champ-de-mai », Napoléon y passe en revue toute sa Garde et environ 60 000 hommes de la Garde nationale de Paris.

Au XIXe siècle

Les 27 mars et , le roi Louis-Philippe y distribue solennellement les drapeaux et étendards tricolores aux troupes de ligne et à la garde nationale parisienne.

En juin 1837, pour célébrer le mariage du duc d'Orléans, le Champ-de-Mars sert de scène pour représenter le simulacre de la prise de la citadelle d'Anvers de 1832. Le 15 juin 1837, à la suite d'un mouvement de foule, 24 personnes périssent, pressées, foulées, écrasées contre des grilles.

Le 21 mai 1848, le Champ-de-Mars accueille la Fête de la Concorde.

C'est là que se tinrent les Expositions universelles de Paris des années 1867, 1878, 1889, 1900 et 1937.

Lors de l'Exposition universelle de Paris de 1889 – et pour commémorer le centenaire de la Révolution française –, Gustave Eiffel érigea la tour Eiffel sur l'esplanade du Champ-de-Mars. Pendant l'Exposition universelle de 1900, il accueille sur sa partie sud le palais de l'Électricité[6].

Les architectes Ferdinand Dutert et Charles Léon Stephen Sauvestre construisirent à la même occasion, au fond du Champ-de-Mars, devant l'École militaire, la galerie des Machines, grand monument parisien qui fut très célèbre. Il fut démoli en 1909.

Le Champ-de-Mars accueillit également les épreuves de fleuret et de sabre des Jeux olympiques d'été de 1900.

Ère contemporaine

Le 27 juin 1918, durant la Première Guerre mondiale, une bombe explose sur le Champ-de-Mars, à l'angle de l'avenue Silvestre-de-Sacy et de l'allée Adrienne-Lecouvreur lors d'un raid effectué par des avions allemands[7].

Le Champ-de-Mars est devenu un vaste jardin public, avec des allées centrales en pelouse. Il est le lieu de nombreuses représentations et activités que ce soit des concerts, des expositions ou des feux d'artifice, tous gratuits.

Du 21 décembre 1985 au 4 janvier 1986, Dorothée s'y produira pour sa comédie musicale On va faire du cinéma.

Le 14 juillet 1995, Jean Michel Jarre célèbre le cinquantenaire de l'UNESCO en faisant un « concert pour la tolérance » et attire 1,5 million de spectateurs, en rassemblant instruments et musiciens de cultures différentes.

Le Champ-de-Mars vu depuis la tour Eiffel.

Le 10 juin 2000, Johnny Hallyday y a réalisé un concert au pied de la tour Eiffel devant plus de 600 000 personnes et 10 millions de téléspectateurs.

Le 14 juillet 2007, le concert de la Fraternité, inauguré par le président de la République Nicolas Sarkozy, a rassemblé plus de 600 000 personnes. Y ont joué Michel Polnareff, Nelly Furtado, Bob Sinclar, Tokio Hotel et Laura Pausini. Deux ans plus tard, le 14 juillet 2009, 1 million de personnes assistent au concert de Johnny Hallyday, suivi d'un feu d'artifice réalisé par le Groupe F et célébrant les 120 ans de la Tour Eiffel. Le 14 juillet 2011, SOS Racisme donne un concert devant une assistance de plus d'un million de personnes.

L’association Les amis du Champ-de-Mars, créée le 9 novembre 1995 et dénommée « Association de défense des usagers et des riverains du Champ-de-Mars » jusqu'en 2005[8], a pour objectif de contribuer à la protection et à la promotion de ce site exceptionnel qu’est le Champ-de-Mars, non seulement en luttant contre toutes les nuisances qui concourent à sa dégradation, mais en proposant une vision pour son avenir[9].

Pour la première fois après les Expositions universelles de 1900 et 1937, l'espace situé directement au pied de la tour Eiffel a été utilisé à l'automne 2012 pour une manifestation de plusieurs semaines. À cet endroit fut commémorée la signature du traité de l'Élysée le 22 janvier 1963. L'exposition des United Buddy Bears en octobre et novembre 2012 à Paris a rappelé la pierre angulaire de l'amitié franco-allemande.

Le dimanche , La Manif pour tous organise sur le Champ-de-Mars un rassemblement de 1 000 000 personnes selon les organisateurs, 340 000 selon la police[10].

Le dimanche 15 juillet 2018, 90 000 personnes sont présentes pour assister à la finale de la Coupe du monde de football, qui voit la France s'imposer face à la Croatie[11].

Chaque année, le soir du 14 juillet, des milliers de personnes viennent assister au grand feu d'artifice de 23 h. Il est précédé depuis 2013 par un grand concert de musique classique, assisté par le chœur de Radio France et dont la retransmission est assurée sur France 2.

Grand Palais éphémère vu du Champ-de-Mars.

Au début des années 2020, le Grand Palais subit des travaux de rénovation. Une structure provisoire est donc bâtie au sud-est du Champ-de-Mars, un « Grand Palais éphémère », conçu par Jean-Michel Wilmotte et géré par GL Events, qui est inauguré début 2021[12]. Il accueillera plusieurs évènements, dont certaines épreuves des Jeux olympiques d'été de 2024[13].

Activités

Fréquentation

Le Champ-de-Mars est extrêmement fréquenté les week-ends toute l'année par les Parisiens et par les visiteurs.

Structures

Plan du Champ-de-Mars.

Le Champ-de-Mars est traversé par plusieurs voies, la plupart étant piétonnes (voir la carte ci-haut) :

Événements

Le site de la tour Eiffel et du Champ-de-Mars a été sélectionné pour accueillir une fan zone lors du championnat d'Europe de football 2016, d'une capacité de 92 000 places[14].

Pour le 14 Juillet, le Champ-de-Mars accueille chaque année depuis 2013 Le Concert de Paris, concert de musique classique qui s'ensuit du traditionnel tir de feux d'artifice.

Dimensions

Entre l'avenue Gustave-Eiffel, qui sépare le parc de la tour Eiffel au nord-ouest et l'avenue de La Motte-Picquet qui le borde au sud-est, le Champ-de-Mars mesure 780 mètres de long. En largeur, il y a 220 mètres entre l'allée Thomy-Thierry au sud-ouest et l'allée Adrienne-Lecouvreur au nord-est.

Les nombreux coureurs qui s'entraînent autour du Champ-de-Mars font donc 2 kilomètres à chaque tour.

Étymologies populaires

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La popularité du nom « Champ-de-Mars » suscite de nombreuses étymologies populaires, reconstructions a posteriori qui ne reposent sur aucune référence attestée. Ces spéculations intellectuelles relèvent davantage de ces rumeurs contemporaines qu'on nomme légendes urbaines. En voici un exemple :

  • À la fin du XVIe siècle, les conquistadors ramènent la pomme de terre des Amériques. L'Europe, à cette époque, connaît une importante famine. Il faudra attendre 1748 pour que le Parlement autorise la culture de ce tubercule pour combler les besoins alimentaires de la France. Les premiers lieux de culture auraient été situés sur l'actuel emplacement du Champ-de-Mars, les pommes de terre étant plantées aux alentours du mois de mars.
  • Une théorie confirmée a aussi été émise : à l'époque gallo-romaine, les troupes romaines écrasèrent des résistants gaulois sur la plaine de Garanella (plaine de Grenelle) qu'ils rebaptisèrent Champ-de-Mars en l'honneur de cette victoire.

Dans la culture

Notes et références

  1. Marie Laurence Netter : Du Théâtre à la Liberté: Dans les coulisses des Lumières.
  2. Pierre Thomas Nicolas Hurtaut, Dictionnaire historique de la ville de Paris et de ses environs, 1779 (en collaboration avec Pierre Magny).
  3. Julien De Gaulle, Nouvelle histoire de Paris et de ses environs, 1839, p. 392 et suiv.
  4. « Les 100 000 fédérés », www.histoire-en-questions.fr.
  5. Max Gallo, « La Fête de la Fédération », Le Figaro, 1er janvier 1970, www.lefigaro.fr.
  6. « Palais de l'Electricité et le Château d'Eau », sur worldfairs.info (consulté le )
  7. Excelsior du 8 janvier 1919 : Carte et liste officielles des bombes d'avions et de zeppelins lancées sur Paris et la banlieue et numérotées suivant leur ordre et leur date de chute
  8. « annonces publiées au JO Associations », sur www.journal-officiel.gouv.fr, (consulté le ).
  9. « Accueil », sur www.amisduchampdemars.fr, (consulté le ).
  10. « Le préfet de police défend son comptage de la Manif pour tous », Libération, 18 janvier 2013.
  11. BFMTV, « Coupe du monde: à Paris, la fan zone du Champ-de-Mars déjà pleine », sur BFMTV (consulté le )
  12. Page de présentation du projet sur le site du Grand Palais. Consulté le .
  13. Éric Le Mitouard, « Paris : voici à quoi ressemblera le Grand Palais éphémère », sur Le Parisien, (consulté le ).
  14. Louis Boy, « Cartes. Où se trouvent les “fan zones” et les stades de l'Euro 2016 ? », sur franceinfo.fr, (consulté le ).

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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