Bernard Arnault
Bernard Arnault, né le à Roubaix, est un homme d'affaires français. Il est l'actionnaire majoritaire et le président-directeur général du groupe de luxe LVMH.
Pour les articles ayant des titres homophones, voir Arnaud-Bernard et Bernard Arnaud.
Pour les articles homonymes, voir Arnault.
Selon le classement 2021 du magazine Forbes, Bernard Arnault est le deuxième homme le plus riche du monde, avec des actifs évalués à 186,4 milliards de dollars américains[1],[2],[3].
Situation personnelle
Origines
Bernard Jean Étienne Arnault naît à Roubaix, dans le département du Nord, le . Il est le fils de Jean Léon Arnault, dirigeant d'entreprise diplômé de l’École centrale, descendant d’une lignée de militaires alsaciens, et de Marie-Josèphe Savinel, auvergnate, fille du fondateur de Ferret-Savinel, une société de travaux publics créée en 1926. Les futurs époux se rencontrent alors que Jean Arnault est ingénieur dans cette entreprise ; ils se marient le [4]. En 1950, Étienne Savinel, père de Marie-Josèphe, confie à son gendre la direction de son entreprise[5]. Le couple a aussi une fille, Dominique, née en 1950, mariée à Marc Watine ; après une carrière de commissaire-priseur, elle dirige Fred Joaillier[4]. Bernard Arnault reçoit une éducation bourgeoise, entre leçons de piano, leçons d'équitation et de tennis[5]. Il serait devenu un pianiste émérite grâce à sa mère, tandis que sa grand-mère — qui l'a en partie élevé — lui aurait appris à être économe[5],[6].
Formation
Bernard Arnault est scolarisé au lycée de Roubaix. Il effectue ses études secondaires au lycée Maxence-Van-der-Meersch de Roubaix, puis étudie en classes préparatoires au lycée Faidherbe de Lille[7]. Il est déclaré admissible à l'École polytechnique en 1968, mais il ne peut pas se présenter aux épreuves physiques à cause d'un bras cassé[8]. Bien qu'admis second à l'École des mines, il choisit de repasser les concours l'année suivante[9]; il intègre alors Polytechnique en 1969[10]. Il est diplômé en 1971. À sa sortie de Polytechnique, il décide de rejoindre l'entreprise familiale de travaux publics Ferret-Savinel[11].
Vie privée
Le , Bernard Arnault épouse en premières noces Anne Dewavrin (née en 1950, qui épousera en secondes noces en 2001 le gestionnaire de patrimoines Patrice de Maistre), dont il a deux enfants : Delphine (née en 1975), administratrice du groupe LVMH depuis 2004, et Antoine (né en 1977), directeur général de Berluti[12],[13].
Il divorce en 1990 et se remarie le avec Hélène Mercier (née en 1960, pianiste canadienne), dont il a trois fils : Alexandre (né en 1992), directeur général de Rimowa[14], Frédéric (né en 1995), PDG de Tag Heuer[15] et Jean (né en 1998)[4],[13].
Depuis 2010, Bernard Arnault est le beau-père de Xavier Niel, fondateur et vice-président d'Iliad, qui a épousé sa fille Delphine[16].
Carrière
Férinel
En 1971, Bernard Arnault rejoint l'entreprise familiale et convainc son père de vendre les activités BTP de l'entreprise pour 40 millions de francs, puis de reconvertir la société dans la promotion immobilière. Sous le nom commercial de Férinel, la nouvelle société se spécialise dans les appartements de tourisme avec un slogan « Férinel, propriétaire à la mer ». Nommé directeur de la construction de l'entreprise en 1974, il en devient le directeur général en 1977 avant de succéder à son père à la tête de la société en 1978.
En 1981, en réaction à l'élection de François Mitterrand - dont il redoute le programme économique socialiste[17] - il s'expatrie aux États-Unis et fonde Férinel Inc. Férinel est racheté en 1995 par la Générale des eaux, renommé Nexity[18]. Bernard Arnault revient en France en 1984 après avoir réalisé un projet immobilier, The Princess, en front de mer, à Palm Beach en Floride. Bien qu’il affirme que ce projet est un succès, le journaliste Airy Routier soutient que son entreprise aux États-Unis fut un échec[17].
Christian Dior
En 1984, Bernard Arnault investit 90 millions de francs, soit l'essentiel de sa fortune familiale, dans le rachat de la Financière Agache (Société fiduciaire et financière Agache Willot) avec l'appui de la banque Lazard en la personne d'Antoine Bernheim. Il en devient le PDG et prend ainsi les rênes du groupe Boussac, qui possède aussi Christian Dior (sauf les parfums, séparés depuis les années 1970), le grand magasin Le Bon Marché, l'enseigne de distribution Conforama ou encore le fabricant de couches Peaudouce[19].
Depuis les années 1970, le groupe (racheté en par les frères Willot) faisait face, comme l'ensemble de la filière textile européenne, à de grandes difficultés économiques[20]. Cette situation économique précaire dissuade les investisseurs. Les gouvernements français successifs souhaitant trouver une solution industrielle à cette impasse et, connaissant l'importance des enjeux en termes d'emploi, avaient accordé 999,9 millions de francs d'aides et subventions entre 1982 et 1985 au groupe Boussac[21]. En 1987, la Commission européenne estime que les aides accordées par l’État français ont faussé le jeu de la concurrence au sein des États membres et exige du groupe de Bernard Arnault le remboursement de 338,56 millions de francs y compris des aides datant d'avant le rachat par Bernard Arnault, lorsque l'entreprise était une société à capitaux publics[22].
Bernard Arnault restructure les activités du groupe, notamment le textile revendu au groupe Prouvost et Conforama à son rival PPR. Avec un investissement personnel de 40 millions de francs, Bernard Arnault a ainsi pris le contrôle du groupe Boussac qui vaut en 1987 huit milliards en bourse, ce qui en fait un des hommes les plus riches de France et lui permet de prendre le contrôle du groupe de luxe LVMH[23].
Bernard Arnault devient PDG de Dior en 1985 et réunit, en 1989, les parfums et la couture au sein de la holding Christian Dior SA. Cette holding a pour filiales Christian Dior Couture, et LVMH qui possède la marque Parfums Christian Dior, anciennement propriété de Moët-Hennessy[24]. Avec les Parfums Christian Dior, le groupe conçoit J'adore, le parfum féminin le plus vendu en France en 2013 (second plus vendu en 2014 et 2015)[25] et conçoit en 2017, Sauvage, qui devient en 2019 l'un des trois parfums masculins les plus vendus dans le monde[26].
Années 1980
À la suite du krach d'octobre 1987, Bernard Arnault fait l'acquisition d'actions LVMH, le tout nouveau groupe de luxe issu de la fusion le de deux groupes français : Moët Hennessy (Champagne Moët & Chandon, Champagne Ruinart, Champagne Mercier, Champagne Canard-Duchêne, cognac Hennessy) d'une part, et Louis Vuitton (Louis Vuitton Malletier, Givenchy, Champagne Veuve Clicquot Ponsardin) d'autre part. L'année suivante, en 1988, le groupe est à la recherche d'investisseurs. Le PDG de Louis Vuitton, Henry Racamier, et les actionnaires demandent à Bernard Arnault de prendre une participation plus importante dans la société. Avec plus de 25 % des actions, Bernard Arnault devient un des actionnaires principaux du groupe.
À la même période, la direction du groupe connaît de fortes difficultés : outre la mésentente entre les familles, les deux coprésidents issus de la fusion (Henry Racamier pour Vuitton et Alain Chevalier pour les vins et spiritueux) divergent quant aux choix stratégiques du groupe, paralysant ainsi le développement de LVMH. Alain Chevalier souhaitait revendre les activités vins et spiritueux à d'autres groupes, tandis qu'Henry Racamier, devenu minoritaire dans le nouveau groupe, voulait retrouver l'indépendance de Louis Vuitton. Dans ce contexte, Bernard Arnault considère que le groupe ne doit pas être démantelé et[27] doit retrouver une direction unique et cherche à prendre la tête du groupe. Il profite des dissensions entre les deux hommes et s'affirme comme l'actionnaire pivot pour l'avenir du groupe, passant des alliances successives avec les deux parties en présence.
Pour prendre le contrôle définitif du groupe, Bernard Arnault lance une OPA. Profitant de la pagaille boursière et actionnariale, il devient, en , premier actionnaire de LVMH et actionnaire majoritaire le , avec l'aide de la banque Lazard et du Crédit lyonnais. Il évince alors Alain Chevalier. Le , Bernard Arnault est élu président du directoire de LVMH à l'unanimité. Henry Racamier cherche par tous les moyens à annuler l'OPA de Bernard Arnault[28], mais le , la Commission des opérations de bourse considère qu'aucune irrégularité n'a été commise. L'OPA est de facto validée et Bernard Arnault est confirmé à la tête du groupe à l'âge de 39 ans. La structure financière du groupe LVMH fait de lui un manager actionnaire. Il dirige opérationnellement le groupe tout en étant son actionnaire de contrôle[29].
Bernard Arnault conduit alors un plan de développement du groupe qui permet à LVMH de devenir le premier groupe de luxe au monde. En onze ans, la valeur du groupe est multipliée par quinze, tandis que le chiffre d'affaires et le bénéfice progressent de 500 %. Pour parvenir à ces résultats, Bernard Arnault dit s'appuyer sur deux règles de gouvernance[30] :
- Favoriser la décentralisation des prises de décision concernant les marques du groupe. Il considère que la gestion de marques de luxe ne peut fonctionner que dans le cadre d'une organisation décentralisée. Chaque entreprise fonctionne donc indépendamment des autres.
- Acquérir les marques challengers ou émergentes. Les marques les plus solides du groupe permettent de financer celles qui sont en croissance. Cette stratégie permet de renforcer et développer le groupe.
En , Bernard Arnault rachète Céline d'abord à titre personnel, avant de l'intégrer plus tard à son groupe.
Années 1990
En 1993, LVMH rachète Berluti et Kenzo. La même année, Bernard Arnault rachète le quotidien économique La Tribune sans parvenir à redresser ses ventes, malgré des investissements qui s'élèvent à près de 150 millions d'euros[31]. Il décide en novembre 2007 de revendre le titre pour acquérir l'autre quotidien économique français, Les Échos, pour 240 millions d’euros[32].
Les acquisitions s'enchaînent. En 1994, LVMH rachète la maison de parfum Guerlain. En 1996, Arnault rachète Loewe, puis Marc Jacobs et Sephora en 1997, Thomas Pink et Make Up For Ever en 1999, Emilio Pucci en 2000, Fendi, DKNY et La Samaritaine en 2001.
Durant la période 1990, il rachète 21% des parts de Guinness et entre au conseil d'administration[5]. En 1997, il échoue à bloquer la fusion entre Guiness et GrandMet qui aboutit à la création de "Diageo" en 1998[33],[34].
À la fin des années 1990, Bernard Arnault fait de l'art le pilier de la stratégie de communication de son groupe en achetant Phillips, le numéro trois mondial de la vente aux enchères pour 125 millions d'euros[35][réf. obsolète], et le premier français de ce même secteur Tajan[36].
En 1996, le groupe de Bernard Arnault acquiert 38 % du capital de Château d'Yquem, grand cru classé de Sauternes, dans le vignoble bordelais. En 1998, il devient majoritaire avec 64 % des actions.
Entre 1998 et 2001, il se passionne pour la nouvelle économie et investit notamment dans boo.com, Liberty Surf et Zebank au travers de sa holding spécialisée Europ@web. Le krach des valeurs Internet à partir de , et plus encore les attentats du 11 septembre 2001, le convainquent d'accélérer sa sortie de ce secteur par cession au groupe Suez. Liberty Surf est vendue à Telecom Italia alors que Zebank est vendue à Egg plc. Bernard Arnault investit également dans Betfair[37] et Netflix dont il est le premier investisseur[38][source insuffisante].
Pour symboliser la croissance et la force du groupe LVMH aux États-Unis, Bernard Arnault décide dans les années 1990 de regrouper ses activités au sein d'une même tour à New York, la LVMH Tower (en). Il choisit l'architecte Christian de Portzamparc pour réaliser ce projet[39], dans lequel il s’implique personnellement[40]. Le , la tour LVMH est inaugurée en présence de Hillary Clinton[41].
Années 2000
En 2001, il trouve un accord avec François Pinault dans la bataille qui les opposait pour la maison de couture Gucci, en vendant les 20 % de titres Gucci détenus par LVMH pour 2,13 milliards d'euros[42].
En association avec Colony Capital, Groupe Arnault entre dans le capital de Carrefour le , et siège donc au conseil d'administration du groupe français de grande distribution[43].
En 2008, il se lance sur le marché du yacht en s'offrant le constructeur britannique Princess Yachts (en) pour un total de 253 millions d'euros puis en prenant le contrôle de Royal van Lent pour un montant quasiment équivalent[44]. En 2012, le Groupe acquiert Bulgari puis Loro Piana en 2013.
Années 2010
En septembre 2012, à la suite des révélations au sujet de sa demande de nationalité belge, Bernard Arnault se voit consacrer la une du quotidien Libération, avec ce titre « Casse-toi riche con ! », qui entraîne une polémique[45][réf. obsolète]. Cette demande est, selon plusieurs experts en droit fiscal[46][réf. obsolète], probablement liée à la création par Bernard Arnault en 2008 de Protectinvest, une fondation de droit privé en Belgique pour éviter la dislocation du groupe LVMH lors de son décès en cas de mésentente entre ses héritiers. En effet, une fondation belge permet de remplir trois objectifs pérennes : l'interdiction pendant dix ans de la vente des titres transmis, l'obligation de vote « indissociable », et le choix de l'héritier prenant la tête des affaires parmi les sept héritiers envisagés[47],[48] (cinq enfants et deux neveux). L'hypothèse d'organiser un montage fiscal évitant des droits de succession français sensiblement plus élevés qu'en Belgique[49] semble écartée, le pacte Dutreil mis en place en France permettant déjà de faire chuter les droits de successions à un niveau proche de celui de la Belgique[47]. En janvier 2013, la quasi-totalité de ses actifs du Groupe Arnault et du Groupe familial Arnault sont transférés en Belgique[50],[51], et Thierry Breton assure la présidence de cette fondation Protectinvest[47]. À la suite de la parution du numéro de Libération, les différentes sociétés dépendant du groupe LVMH retirent leurs publicités prévues jusqu'à la fin de l'année, entraînant un manque à gagner de 150 000 euros pour le quotidien[52].
En 2012 toujours, Bernard Arnault, victime d'un chantage, fait officieusement appel via Bernard Squarcini aux services de la Direction générale de la Sécurité intérieure (DCRI), qui met à disposition, aux frais de l'État français, un important dispositif d'espionnage, aboutissant au licenciement d'un employé de LVMH[53]. À son arrivée au pouvoir, François Hollande ne reconduit pas dans ses fonctions Bernard Squarcini que Nicolas Sarkozy avait nommé à la tête de la DCRI. Il est alors embauché chez LVMH[54].
Le , dans un entretien au Monde, Bernard Arnault annonce qu'il retire sa demande de nationalité belge et réaffirme son « attachement à la France »[55]. Il ajoute qu'il aurait dans tous les cas continué de résider en France et n'a pas souhaité échapper à l'impôt. Toutefois, en avril 2014, les journalistes de l'émission de France 2 Complément d'enquête retrouvent des documents montrant que Bernard Arnault avait rempli une déclaration fiscale belge en 2012 et qu'il avait commencé à y payer ses impôts (13 000 euros), avant de revenir en arrière[56].
Le , le jury des BFM Awards a décerné le prix du Manager BFM 2013, meilleur manager français de l'année, à Bernard Arnault[57],[58].
En , l’étude bisannuelle du cabinet VcomV positionne Bernard Arnault à la 9e place de son classement des patrons du CAC 40[59]. En , selon un sondage réalisé par l'institut d'études de marché et d'opinion BVA, Bernard Arnault arrive en tête du classement des entrepreneurs préférés des Français[60][réf. obsolète].
En 2016, alors que LVMH fait de l'origine française de ses produits un argument commercial[61], le documentaire satirique Merci Patron !, réalisé par François Ruffin, critique la gestion sociale de LVMH, révélant que de très nombreux produits sont en fait confectionnés en Pologne, à Madagascar ou en Asie, pendant que les usines françaises ferment[61]. Face à la controverse, Bernard Arnault tente de faire pression sur les médias dépendant de son groupe pour étouffer l'affaire, provoquant l'indignation des journalistes[62]. Bernard Arnault dénonce des attaques venues d' "observateurs d'extrême-gauche" et soutient, mettant en avant des créations d'emplois, que le groupe est un "contre exemple" pour des organisations politiques qui cherchent à le critiquer[63],[64],[65].
En , la Harvard Business Review classe Bernard Arnault septième dans le classement général des patrons les plus performants au monde et premier en France[66], grâce à la solidité des performances financières du groupe qu'il dirige (20e dans le classement financier, 257e dans le classement Sustainalytics, 236e dans le classement CSRHub)[67]. Un an plus tard, en , la Harvard Business Review le classe 5e dans le classement général des patrons les plus performants au monde[68],[69].
Le , Bernard Arnault finalise l'acquisition de la société Christian Dior Couture, filiale à 100 % de la holding Christian Dior SA. Cette simplification de la structure permet notamment d'unifier la marque Christian Dior au sein de LVMH[70],[71],[72].
Le , il inaugure un atelier de production Louis Vuitton au Texas en présence du président américain Donald Trump qu’il connaît depuis le début des années 1980[73],[74].
Années 2020
Mi-mars 2020, lors de la pandémie de Covid-19 en France, Bernard Arnault demande à l'ensemble des unités de production de parfums de plusieurs marques du groupe LVMH de produire à grande échelle des solutions hydro-alcooliques et de les mettre gratuitement à disposition des autorités sanitaires[75]. Quelques jours plus tard, le groupe annonce par ailleurs « [avoir] réussi, grâce à l'efficacité de son réseau mondial, à trouver un fournisseur industriel chinois capable de livrer dix millions de masques en France dans les prochains jours » ; Bernard Arnault demande à LVMH de financer la première semaine de production (environ cinq millions d'euros) pour accélérer la livraison[76].
Il remporte le prix de Manager de la décennie des BFM Awards 2020[77].
En janvier 2021, le groupe rachète le joaillier Tiffany[78]. Aux côtés de Jean-Pierre Mustier et de Tikehau Capital, Bernard Arnault lance également en février 2021 un SPAC, appelé Pegasus, et destiné à réaliser des acquisitions dans le secteur des services financiers[79].
Patrimoine
Fortune et revenus
En 2005, il devient l'homme le plus riche de France, devançant la famille Bettencourt, qui occupait cette place depuis plusieurs années[80].
En 2016, Bernard Arnault est rémunéré 7,8 millions d'euros pour ses fonctions de PDG du groupe LVMH[81].
En , le magazine Forbes estime sa fortune à 103,2 milliards de dollars américains (91,7 milliards d'euros), ce qui en fait la première fortune de France et d'Europe, ainsi que la 2e fortune mondiale[82].
En , le magazine Challenges estime qu'après le rachat par LVMH du bijoutier Tiffany & Co., Bernard Arnault est l'homme le plus riche du monde, avec des actifs valorisés à 109 milliards de dollars américains[83]. Dans un entretien accordé au Monde quelques semaines plus tôt, il indique : « Ce n’est pas du tout de l’argent que j’ai sur mon compte. C’est la valeur des actions du groupe. Si les actions montent, ça monte, si les actions baissent, ça baisse[84]. » En , le magazine Forbes classe à son tour Bernard Arnault no 1 des plus grandes fortunes mondiales, évaluant sa fortune à 117 milliards de dollars américains[85].
En 2020, selon le classement annuel du magazine Forbes, Bernard Arnault est le troisième homme le plus riche du monde, avec des actifs évalués à 76 milliards de dollars américains[86]. La même année, il décide de renoncer à ses rémunérations des mois d'avril et de mai, ainsi qu'à « toute rémunération variable au titre de l'année 2020 », du fait des conséquences de la pandémie de Covid-19 sur l'activité du groupe LVMH[87]. Toujours en 2020, selon le classement annuel du magazine Challenges répertoriant les 500 plus grandes fortunes de l'hexagone, le patrimoine de Bernard Arnault est estimé à 100 milliards d'euros, faisant de lui l'homme le plus fortuné de France[88].
En 2021, il redevient la deuxième fortune mondiale, devant Elon Musk, avec un patrimoine estimé à 161 milliards de dollars[89].
Biens
La résidence principale de Bernard Arnault est un hôtel particulier de 2 000 m2 situé rue Barbet-de-Jouy, dans le 7e arrondissement de Paris qu'il aurait acquis pour 25 millions d'euros[90]. Il s'agit de l'ancienne propriété de Jean-Luc Lagardère jusqu'en 2005[91]. Il possède également le château Saint-Rémy-des-Landes à Clairefontaine-en-Yvelines près de Rambouillet et une villa dans le Domaine des Parcs à Saint-Tropez[92].
En 2000, via sa société Bessington Investments Limited enregistrée à Jersey, il achète Nyn Park, un terrain de 129 hectares à une trentaine de kilomètres au nord de Londres. Il y fait bâtir une villa de luxe de 4 300 m2 achevée en 2011[93].
Il possède une île de 54 hectares aux Bahamas achetée pour l'équivalent de 4 millions d'euros en 1999[94]. Il a dépensé près de 30 millions de dollars supplémentaires pour l'aménager en construisant des bungalows, une piscine, une marina d'une capacité de 10 embarcations et un court de tennis. Bernard Arnault y vient avec sa famille à noël et à Pâques.
En 2014, Bernard Arnault acquiert le domaine des Lambrays (10 hectares) situé en Bourgogne pour 110 millions d'euros. Il possède par ailleurs 25 autres domaines viticoles dans le monde[91].
En 2018, il achète des terrains à Los Angeles sur les hauteurs de Beverly Hills (Trousdale Estate). Le coût de l'opération est d'environ 100 millions de dollars[95],[96].
Bernard Arnault est indirectement le propriétaire du yacht de luxe Symphony (en), long de 101,5 m et immatriculé aux îles Caïmans[97], estimé à 130 millions d'euros et dessiné par le cabinet Zuretti[98]. Mis à l’eau en 2015 par une société maltaise appartenant à LVMH (Sonata Yachting Limited), le bateau est doté d’une plate-forme hélicoptère, d’une piscine avec fond transparent, d’un practice de golf et de huit suites[91]. Le milliardaire possédait auparavant l'Amadeus, long de 69 m[97].
Il possède également un jet privé Bombardier Global Express estimé à 52 millions de dollars[99].
Mécénat
Mécénat artistique
Bernard Arnault, amateur et collectionneur d’art, a entrepris de nombreuses actions de mécénat pour valoriser l’image du groupe LVMH et lui donner une dimension plus institutionnelle. Pour développer ses actions de mécénat, il a fait appel à Jean-Paul Claverie, ancien conseiller de Jack Lang au ministère de la Culture. Sous leur impulsion, le groupe LVMH est devenu un acteur important du mécénat en France[100].
Le groupe a apporté son soutien à plus d’une dizaine d’expositions, parmi lesquelles Le grand monde d’Andy Warhol[101], Picasso et les maîtres au Grand Palais[102], L’Atelier d’Alberto Giacometti, ou encore Yves Klein au centre Georges-Pompidou.
Par ailleurs, la fondation LVMH a créé le « prix LVMH des jeunes créateurs », un concours international ouvert aux étudiants des écoles des Beaux-Arts en France et dans le monde[103]. Tous les ans, six bourses d’études sont attribuées aux lauréats.
Le groupe met également à la disposition de jeunes musiciens des violons confectionnés par Stradivarius à Crémone. Maxim Vengerov et Laurent Korcia ont bénéficié de ce prêt d’instrument[réf. souhaitée].
Fondation Louis-Vuitton
En 2006, Bernard Arnault se lance dans le projet de construction de la fondation Louis-Vuitton pour la création et l'art contemporain[104]. Le bâtiment est conçu par Frank Gehry, l’architecte du musée Guggenheim de Bilbao. Ce projet est interrompu en janvier 2011 à la suite d’une plainte déposée par les riverains du bois de Boulogne[105]. Après la reprise des travaux en juin 2011, la dernière pierre du musée est posée le en présence de Bernard Arnault et de plus de 400 ouvriers. L'inauguration, présidée par le Président de la République, François Hollande[106],[107], a lieu le .
La collection d'art de la fondation met en valeur des artistes contemporains à travers ses 11 galeries, dont Gerhard Richter, Bertrand Lavier, Christian Boltanski, Olafur Eliasson, Thomas Schütte et Pierre Huyghe[108]. Pour Bernard Arnault, cette Fondation est « un espace nouveau qui ouvre le dialogue avec un large public et offre aux artistes et intellectuels une plateforme de débats et de réflexion »[109].
Le , Bernard Arnault reçoit le prix David-Rockefeller, décerné par le Musée d'art moderne de New York (MoMA), qui honore « une personne du monde des affaires, qui est un exemple de générosité éclairée et de promotion des efforts en matière de culture et de civisme »[110]. Bernard Arnault est le premier non-Américain à recevoir ce prix[111].
En , Bernard Arnault réunit la collection de Sergueï Chtchoukine à la fondation Louis-Vuitton, projet personnel qu'il définit comme « un bonheur rare », alors que « réunir la collection Chtchoukine était dit impossible »[112].
En 2018, dans un rapport sur le mécénat, la Cour des comptes souligne que les entreprises du groupe LVMH ont réduit leurs impôts de 518,1 millions d'euros entre 2007 et 2017 au titre de sommes versées à la fondation Louis-Vuitton, ce qui « représenterait environ 8,1 % de la dépense fiscale totale pour l'État au titre du mécénat des entreprises sur la période »[113]. Selon ce rapport, « la véritable retombée est l’apport en termes d’image de la fondation au groupe et à sa principale marque »[114].
Reconstruction de Notre-Dame
Après l'incendie de Notre-Dame de Paris le , la famille Arnault et le groupe LVMH annoncent un don de 200 millions d'euros pour la reconstruction de « cette extraordinaire cathédrale, symbole de la France, de son patrimoine et de son unité »[115]. Le , Bernard Arnault signe une convention de mécénat avec la fondation Notre-Dame pour officialiser ce don[116].
Controverses
Affaire Boussac
En 1984, Bernard Arnault, qui souhaite s’emparer de Dior, rachète et empêche le groupe Boussac de se retrouver en liquidation judiciaire en promettant de maintenir "la survie du groupe en évitant son démantèlement" si l'Etat concède une aide de 750 millions de francs[5],[117]. Le groupe a cependant été partiellement démantelé, Bernard Arnault ne conservant que Christian Dior et Le Bon Marché et le groupe compte 8000 employés quelques années après le rachat[118]. Une partie des aides publiques a dû être remboursée dans les années 1990, y compris des aides datant d' avant le rachat par Bernard Arnault, ses aides ayant été jugées incompatibles avec les règles du Marché commun. Bernard Arnault avait refusé de rembourser ces subventions, affirmant que Boussac étant alors une société à capitaux publics, l'Etat se versait ces aides à lui-même[119].
Soupçons de fraude à la domiciliation en Belgique
En 2012, le parquet de Bruxelles lance une enquête concernant une augmentation de capital de 2,9 milliards d’euros de sa société Pilinvest et une possible fausse domiciliation de Bernard Arnault dans la commune d'Uccle en Belgique, où il prétendait s'être installé dans le cadre de sa demande de naturalisation. Les poursuites sont interrompues en juin 2017 après qu'une transaction financière ne portant que sur le volet fausse domiciliation a eu lieu entre Bernard Arnault et le parquet[120]. Selon un documentaire diffusé par France 3[121], Bernard Arnault aurait payé 2,5 millions d'euros lors de cette transaction[122]. Les éléments d'évasion fiscale mis en évidence par l'enquête du parquet de Bruxelles ont été transmis aux autorités françaises. Bernard Arnault a contesté les faits[123].
Affaire de la naturalisation belge
En janvier 2013, le parquet de Bruxelles rend un avis négatif concernant la demande d'obtention de la nationalité belge introduite par Bernard Arnault. La première raison invoquée est que l'intéressé ne peut pas prouver qu'il a eu pendant trois ans sa résidence principale en Belgique, ce qui est un des critères pour obtenir la nationalité belge[124]. La seconde est que la justice belge a ouvert une enquête à son encontre concernant son réseau d'entreprises, boîtes aux lettres et fondations qu'il possède en Belgique[125][réf. obsolète],[126].
La révélation de cette demande de naturalisation provoque également une controverse médiatique en France, le quotidien Libération ayant titré en une : « Casse-toi riche con ! »[note 1] avec une photo de Bernard Arnault portant une valise en pleine page. Les différentes sociétés du groupe LVMH réagissent en retirant toutes les publicités prévues dans Libération jusqu'à fin 2012 et d'autres marques de luxe font de même en signe de solidarité, entraînant un manque à gagner total d'environ 700 000 euros pour le quotidien[127].
Optimisation fiscale
En 2014, le groupe LVMH compterait, selon une ONG, 202 filiales dans des paradis fiscaux[128].
En novembre 2017, dans le cadre de l'enquête des Paradise Papers, Le Monde et le Consortium international des journalistes d'investigation révèlent que Bernard Arnault a placé des actifs (deux yachts, une maison de 4 300 m2 et des fonds d'investissement) dans six paradis fiscaux (Malte, l'île de Jersey, le Luxembourg, les îles Vierges, l'île de Man, îles Caïmans) à l'aide de huit cabinets de conseil différents. Selon Le Monde, ces pratiques sont révélatrices, « chez la plupart des grandes fortunes mondiales », de « l’obsession de la discrétion et la volonté d’optimiser au maximum leur imposition, jusqu’aux frontières de la légalité »[129]. Bernard Arnault précise qu'il ne les dépasse pas et que « tous les actifs évoqués dans cet article ont été constitués de manière parfaitement légale et sont naturellement connus des autorités fiscales »[130].
Le Canard enchaîné affirme qu'à la suite de ces révélations, Bernard Arnault a fait retirer les publicités de son groupe LVMH des pages du Monde, grévant de 600 000 euros les recettes du quotidien ; LVMH dément toutefois un retrait total des publicités[131].
Influence dans les médias
Selon le journaliste Laurent Mauduit, beaucoup de directeurs de la rédaction de La Tribune affirmeraient en privé : « Bernard Arnault n'hésitait pas à décrocher son téléphone pour que son journal soit plus docile dans le traitement de l'actualité qui concerne son propre groupe[133]. »
Plusieurs signataires d'une pétition — qui s'offusquent du fait que le principal quotidien économique français Les Échos soit acheté par un actionnaire dont la presse n'est pas le métier — ont été appelés par Nicolas Bazire ou par un des collaborateurs de Bernard Arnault « leur enjoignant de retirer leur signature, sauf à risquer de ne plus jamais travailler avec LVMH »[134].
En 2016, les journalistes du Parisien reçoivent pour consigne de ne rien écrire sur Merci Patron !, le documentaire de François Ruffin qui épingle Bernard Arnault, malgré un succès public et critique. Les syndicats SNJ, FO, SNJ-CGT et la Société des journalistes (SDJ) dénoncent dans un communiqué un « acte d’autocensure » visant à ne pas fâcher Bernard Arnault, qui est propriétaire à travers le groupe LVMH du Parisien[135].
Wikipédia
En mai 2020, une enquête menée par des administrateurs de l'encyclopédie collaborative Wikipédia soupçonne plusieurs comptes contributeurs d'être liés à des agences de communication[136]. Reprise par le journal Le Monde, l'enquête recense 61 contributions suspectes sur la page de Bernard Arnault depuis 2011, dont un compte qui a supprimé à plusieurs reprises la mention de l'enquête de France 3[121] évoquant un redressement fiscal[137].
Infiltration du journal Fakir
En 2013, des militants liés au journal Fakir prévoient de se rendre à l'assemblée générale du groupe LVMH et de la perturber, grâce à l'achat d'actions du groupe. Selon les écoutes judiciaires des appels entre Bernard Squarcini, ses contacts et LVMH, publiées par le site Mediapart, Bernard Arnault mis au courant de l'opération demande à celui-ci de faire infiltrer le journal Fakir, afin de se prémunir contre cette opération. Bernard Squarcini se charge de l'affaire en utilisant une société privée et en faisant jouer ses réseaux, notamment au sein des Renseignements généraux et de la police, et réussit à empêcher ces militants de s'exprimer lors de l'Assemblée générale[138],[139]. Entre mars 2015 et février 2016, alors que le directeur du journal, François Ruffin, est en plein tournage de Merci Patron !, une opération de surveillance permettant de recueillir de nombreuses informations personnelles aurait été pilotée par Bernard Squarcini, toujours à la demande de LVMH[140].
Relations avec le pouvoir politique
En 1996, Bernard Arnault est, avec Martin Bouygues, un des témoins du mariage de Nicolas Sarkozy avec Cécilia Sarkozy[141]. Il fait partie des invités au Fouquet's le soir de la victoire de Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle française de 2007[142].
Le , le président de la République, François Hollande, inaugure la fondation Louis-Vuitton pour la création[143].
Dans le cadre du développement du pôle de compétitivité Cosmetic Valley, Bernard Arnault inaugure « La Ruche », la nouvelle usine de Guerlain à Chartres, le , en présence du Premier ministre, Manuel Valls[144].
Au second tour de l'élection présidentielle française de 2017, il soutient Emmanuel Macron, jugeant son programme « raisonnable et courageux »[145]. Ses deux derniers fils, Frédéric et Jean, connaissent Brigitte Macron, qui a été leur professeur de français lorsqu'ils étaient élèves au lycée Saint-Louis-de-Gonzague, dans le 16e arrondissement de Paris[146]. Lors d'un déjeuner avec Xavier Bertrand, venu solliciter son appui pour l'élection présidentielle de 2022, il confirme son intention de soutenir à nouveau Emmanuel Macron[147].
Le , Bernard Arnault inaugure une usine Louis Vuitton au Texas en compagnie du président des États-Unis, Donald Trump, disant ainsi répondre aux attentes du dirigeant en matière de relocalisation industrielle sur le sol américain. Il se rend à l'inauguration à bord de l'avion présidentiel Air Force One, en compagnie de son fils Alexandre et de la fille du président, Ivanka Trump[148].
Décorations
Notes et références
Notes
- Ce titre faisait référence à la phrase « Casse-toi pauvre con ! » lancée par le président Nicolas Sarkozy en 2008 à une personne qui refusait de lui serrer la main au Salon de l'agriculture, à Paris. Le lendemain de cette une, Libération répond à Bernard Arnault en détournant en première page une autre phrase attribuée à Nicolas Sarkozy : « Bernard, si tu reviens, on annule tout ! » Ce titre reprenait les termes d'un SMS, par la suite démenti, que Nicolas Sarkozy aurait envoyé à son ex-épouse, juste avant d'épouser Carla Bruni : « si tu reviens, j'annule tout ».
Références
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Voir aussi
Bibliographie
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Documentaires
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- Bernard Arnault, un milliardaire Made in France, de Benoît Duquesne, 1re diff. le 11 décembre 2006 sur France 2, Inathèque no 3237149.001
- « Bernard Arnault, l'homme qui valait trente milliards », de Benoît Duquesne et Tristan Waleckx, Complément d'enquête. 1re diff. le 28 août 2014
- Merci Patron !, de François Ruffin, 90 min, sorti au cinéma le 24 février 2016
- « L' Interview : Bernard Arnault - Stupéfiant ! », de Léa Salamé, 21 min, Stupéfiant !. 1re diff. le 1er décembre 2016 sur France 2
Article connexe
Liens externes
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- WorldCat
- « Les petits secrets de Bernard Arnault, P-dg de LVMH », sur capital.fr,
- (en) « Being Bernard Arnault », sur wsj.com, Wall Street Journal Magazine,
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